Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article ORARIUM

ORARIUM (SilpiEtov). Mouchoir. -Dans le vocabulaire grec et latin, linge, serviette, mouchoir apparaissent comme réductions l'un de l'autre, sans différences essentielles, et les mots qui les désignent s'échangent perpétuellement dans les textes 'voir 111ANTEFE et MAPP.a,:. Par exemple, le mot très général linteum peut avoir le sens précis de « mouchoir »'. De même le grec Sous réserve de cette observation générale, orarl`um et son synonyme sudarium désignent plus spécialement le linge qui sert à essuyer la sueur et les impuretés du visage (os). Pollux" nous donne, rassemblés, divers équivalents grecs. Ce sont : rye.aar'nvtov. diminutif de SFddvauv ; dans un passage de Lucien 3, le mot, semble désigner plutôt une serviette pour le bain; mais IEtymodogicum lnayn±im le donne comme synonyme de wpzctav ; -y,u.ts'éiov : c'est le linge que, dans le Plutus d'Aristopllane', Asclépios applique sur les paupières du dieu aveugle; le scella,' identifie le mot à la transcription grecque du sut:, i ,;. latin, ovdxptov; a '. ,U'aT;ov, mot employé, au tér. gnage de Pollux, par les poètes de la comédie nouvelle; -enfin aoodâptov. En latin, sudarium se trouve déjà à plusieurs reprises chez Catulle'. Les textes qui mentionnent l'emploi dis OEA 224 ORA sudarium sont assez nombreux. Les orateurs, par exemple, s'en servent pour essuyer la sueur de leur front', les chanteurs le mettent devant leur bouche pour préserver leur voix2. Néron fuyant se cache le visage avec son sudarium '. Licinius Macer prévient sa condamnation en s'étranglant avec celui qu'iladans sa main Un texte de Martial nous le montre utilisé comme serviette de barbier 6. D'une manière générale, l'usage du mouchoir semble avoir été d'abord assez restreint, et réservé aux « gens du monde ». Ceux du commun se contentaient, pour le même office, du pan de leur vêtements. Il y avait dès le temps de Catulle des mouchoirs fins qui étaient des objets de valeur échangés à titre de présents et de souvenirs ; le poète nous parle de mouchoirs de Sétabis en Espagne (sudaria saetaba) dont les étoffes de lin étaient en effet renommées a , comme le furent aussi celles des fabriques de Syrie, dont l'Édit de Dioclétien mentionne les ' xtxata teints en pourpre de la plus belle qualité 9. Saint Jérôme parle des sudaria et oraria10 comme d'objets de luxe. Orarium apparaît pour la première fois dans un texte de l'Histoire Auguste11, où il désigne les mouchoirs qu'agitaient les spectateurs dans l'amphithéâtre pour faire montre de leur enthousiasme, ad favorem 12 (voir fig. 36, 1321, 3848). Ces manifestations de la faveur populaire ne se bornaient pas aux représentations théâtrales u. On trouve le mot fréquemment chez les écrivains chrétiens. Grâce à leurs témoignages, à l'aide aussi des monuments, de savants antiquaires ont pu faire l'histoire des transformations de l'orarium dans la liturgie''. En dehors de l'archéologie chrétienne, ni les monuments, ni les textes ne manquent non plus entièrement qui permettent de constater l'usage constant, sous des apparences et des noms variés, d'un linge répondant à ce que nous appelons un mouchoir et qui devient, comme chez nous, sui vant son emploi, mouchoir de tête ou mouchoir de cou. On ne doit pas compter trouver le mouchoir, dans la plus spéciale acception du mot, représenté par l'art', aussi longtemps que, loin de le montrer dans la réalité, on fit effort pour dérober aux regards le besoin qu'on en pouvait avoir 16. Mais on le portait sur soi, comme on l'a vu déjà ". Il n'était plus, dès le tee siècle de notre ère, réservé aux seuls riches 18. Ceux-ci en avaient sans doute de plus fins ou de plus ornés, ce qui amena à les mettre en évidence. Tel devait être le mouchoir que tient la princesse dont l'image est sculptée sur le diptyque de Monza (fig. 2458) ; tel celui que, sur un verre doré (fig. 3423), déploie la femme d'un préfet de l'annone 19. Une autre manière de s'en parer fut de le placer sur l'avantbras gauche; il est ainsi figuré sur le tombeau fig. 5424) d'une femme gallo-romaine du nom de Senobéna i0. C'est une sorte de bandeau plat, à bouts frangés ; il est ici assez large, ailleurs il est très étroit 21. De dème que la serviette [MANTELE) posée sur l'épaule gauche du canaillus ou du diacre est devenue l'étole , le sudarium prend la forme qu'aura le manipule chrétien. Au Bas-Empire, le mouchoir est un accessoire obligé du costume; les personnages qui avaient entrée au palais noms divers, d'un linge destiné à rendre (les textes sont précis à cet égard) tous les mêmes services que le mouchoir de nos jours 22. Mais l'orarium ou sudarium n'a pas toujours, avonsnous dit, cette destination; les auteurs le plus souvent n'en précisent pas l'usage : il pouvait servir à tout, à bander une blessure 23, à envelopper quelque objet précieux d9. Une peinture antique découverte à Rome sur le Coelius en 1887 26 représente le martyre de trois chrétiens agenouillés, les yeux couverts d'un linge blanc. Il est quelquefois question des oculi ligati des condamnés 2s Saint Cyprien se ceignit lui-même d'un bandeau, qui ORA 225 ORA dans le récit de sa mort est appelé manuarium '. Saint Alexandre allant au supplice rencontra une femme païenne dont il emprunta l'orarium pour s'en couvrir les yeux ; l'orarium fut rapporté à celle-ci, dit la légende, miraculeusement 2. Qu'était-ce que cet orarium porté d'une manière apparente ? Une sorte de fichu mis autour du cou comme le sudariuln de la femme de Trimalcion'? Une cravate semblable à celle des soldats qui faisaient campagne dans les pays du nord [FOCALE(, ou le vêtement plus épais posé sur la nuque, les bouts retombant sur la poitrine, dont on a un exemple dans une peinture du in' siècle (fig. 4813)? La mode semble s'ètre établie par la suite d'un orarium de ce genre à l'usage des deux sexes ; on le voit fréquemment représenté, particulièrement en Afrique, sur les tombeaux sculptés ou ornés de mosaïques 4. Celui que l'on voit (fig. 5425) paraît être du ve siècle. L'urarium y est blanc, brodé de rosaces et frangé à ses extrémités. Mais l'orarium pouvait encore être pour les femmes une sorte de châle enveloppant le haut du corps et se relevant sur la tête comme un voile : c'est peut-être la forme la plus ancienne et la plus générale. Elle doit être étudiée ailleurs [RICA, RICINHJM1. Eu. CABEN. Haut-Empire, les communications de tout genre, adressées par les empereurs au Sénat' soit en personne, soit par lettres, surtout l'exposition de leur programme politique au début des règnes 2, ont pu porter en général le titre d'oratio principes ad senatum. Beaucoup de ces documents étaient publiés, surtout dans les ACTA PUBLICA3. Ainsi pendant quelque temps on lut tous les ans au Sénat, au début de l'année, des discours d'Auguste et de Tibère, le premier discours prononcé par Caligula pour son premier consulat et le premier discours de Néron au Sénat Mais de très bonne heure le terme d'oratio prin VII. tipis a désigné particulièrement les projets de loi soumis par l'empereur au Sénat. En effet, soit comme consul, soit en vertu de sa puissance de tribun, soit comme Auguste, en vertu d'une prérogative spéciale', soit surtout en vertu d'une des clauses qui figurent dans la loi d'investiture de Vespasien, dite lex regias, l'empereur a le jus agendi cum senatu, c'est-à-dire la faculté de convoquer ou de faire convoquer le Sénat et de lui faire rédiger, avec sa collaboration, un sénatus-consulte. Il peut exercer ce pouvoir de deux manières. D'une part il a le droit de présider le Sénat et de lui soumettre des propositions orales en personne. C'est le procédé que suivent souvent les premiers empereurs, Auguste', Tibère, Claude 8; mais leurs successeurs ne président plus guère le Sénat et ne lui soumettent de propositions orales qu'étant consuls, pendant quelques jours', D'autre part l'empereur, absent du Sénat ou même, dans la suite, présent 'e, a le droit de lui présenter par écrit, à chaque séance, d'abord au moins une proposition", plus tard au moins jusqu'à quatre 12 et cinq 13, et, comme conséquence, d'autoriser ou d'empêcher un magistrat de faire une proposition jusqu'à ce qu'il ait épuisé Iuimême son ordre du jour. Cette prérogative figure sous le titre de jus quartae, quintae relationis, dans l'énumération des pouvoirs décernés par le Sénat à chaque empereur 1t. Ces propositions écrites 73 sont rédigées fictivement sous la forme d'un discours au Sénat (oratio)i8 qui dans la suite se rapproche de l'édit". Elles sont lues ordinairement par un des deux questeurs spéciaux18, chargés par l'empereur de ce service, les quaestores candidati principes ou Augusti 19, qu'on trouve jusqu'au début du me siècle 2° [Q[AESTOn], quelquefois par un préteur, un consul, un personnage de la famille impériale 21. Il se peut qu'il y ait eu un intervalle de quelques jours, peut-être aussi avec affichage, entre la lecture et le vote ; le vote a lieu selon les formes ordinaires; le sénatus-consulte a l'empereur pour auctor ; on y insère probablement le discours impérial qui en est la partie essentielle ; aussi les jurisconsultes citent tantôt l'oratio seule, tantôt, si elle a été complétée et modifiée, les deux parties. Après Hadrien il n'y a plus guère que l'empereur qui soumette au Sénat des projets de loi. CH. Lrcrlvxix. 29 ORD 2261 -0 RD