PAGANI, PAGUS. -Les anciens ne connaissaient pas avec certitude l'étymologie ni le sens primitif du
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mot pages. Les historiographes et les grammairiens de l'époque romaine expliquaient ce mot par les mots grecs semblables. Festus le rapprochait du grec 7t'ty ,, en dialecte dorique ravi Pour Denys d'Halicarnasse, le mot latin pagus n'était autre chose que le grec ,7iyoc, colline, rocher 1, Plusieurs savants modernes ont voulu trouver l'indication d'une étymologie dans les lignes que Festus consacre au mot pagina: «Paginae dictae, quod in libris suam quacque obtineant r'egionem, ut pagi; vel a pangendo, _quod in illis versus panguntur, id est figuntur',» D'après Mommsen. les deux mots pages et pagina doivent être rapportés au tracé des lignes de séparation nécessaire pour les champs comme pour les carrés du rouleau de papyrus 4. SchuIten pense que l'idée essentielle exprimée par le mot pagus est l'idée de division : « le mot pagus ne désigne par lui-même rien autre qu'une partie de pays 3 » . En réalité, la théorie qui fait dériver pagus de pangere ne satisfait nullement l'esprit; le sens primitif de pangere est : enfoncer, ficher, planter (un clou) : on ne voit pas bien quel rapport il y a entre ces actes et un pagus. La racine grecque raY (71.yoç, 1t '(»gt, etc.) ne nous paraît pas fournir d'indication plus précise. D'ailleurs, il importe moins de connaître l'étymologie et la signification primitive du mot que de • savoir ce qu'était un pagus à l'époque historique.
De tous les textes, littéraires et épigraphiques, qui nomment ou mentionnent des pagi, ii résulte que dès i'époque royale et jusqu'à la fin de l'Empire, le mot pagus a toujours désigné une certaine étendue de territoire rural. En dehors de l'arx ou oppidum des âges les plus anciens, autour de I erbs des périodes plus récentes, te territoire auquel rarx, l'oppidum ou l'urbs servait de centre politique, était divisé en un certain nombre de circonscriptions : ces circonscriptions étaient les pagi, et ceux qui les habitaient portaient le nom de pagani. Cicéron distinguait encore, au dernier siècle de la République, parmi les habitants de Rome, les montani et les pagani'. Il n'est point douteux que les montani ne fussent les habitants des plus anciens quartiers de la ville [MCNTAN_). Les pagani étaient au contraire les habitants des quartiers qui étaient demeures longtemps en dehors de turbo primitive ries plus anciens pagi romains, on connaît le pagus Sucesanus, voisin. de la Subura, le pagus Montanus, proche de la porte Esquilines, le pagus Aventa,:(ensis)9, le pagus Janieolensis 1°, le pagus Lee o' . ue la voie Latine traversait au delà de la porte 1 +.pèrie". L'organisation des tribus dites serviennes ne supprima pas, dans les limites du territoire de Rome, les anciens pagi. En effet, les textes épigraphiques, où sont mentionnés le pagus Montanus, le pagus Aventinensis, le pagus ,panic olensis, sont postérieurs saris aucun doute à la création des tribus. Seul le pagus Sucusanus fut atteint par la réforme serv1enne; il fut alors englobé dans ta ville ; la tribu Sucusana ou Iuburaxta était une des quatre tribus urbaines 12. Il y a d'ailleurs, à l'époque historique, une différence fonda
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mentale entre la tribu et le pagus. La tribu nous apparaît comme une circonscription administrative; c'est un cadre artificiel ; le pagus, au contraire, est toujours constitué par une certaine étendue de territoire : c'est une réalité concrète. A l'origine, il y eut, semble-t-il, certains rapports, au moins de noms, entre tribus et pagi ; la tribu Lemonia, par exemple, emprunta son nom au pagus Lemonius; la tribu Sueusana ou Suburana, au pagus Sucusanus ". Quant à la tribu Claudia, il n'est pas exact, comme Marquardt l'affirme i', que son nom dérive d'un pagus Claudius ; il n'est question d'un pagus Claudius ni dans Tite-Live, ni dans Denys d'Halicarnasse"; la tribu Claudia fut ainsi appelée, parce qu'elle fut créée lorsque le Sabin Appius Claudius (Atta Clausus) vint s'établir avec toute sa familia et ses nombreux partisans sur le territoire romain. Il n'y a point autre chose dans les textes antiques.
Hors de rager Romanos proprement dit, l'existence de pagi nous est révélée par de nombreux documents pour les diverses régions de l'Italie. C'est ainsi que nous connaissons, à Ficulea (Latium), le pagus Ulmanus et le pagus Transulmanus Pelecianus 16; près de Capoue, le pagus Herculaneus23 ; à Casinum, le pagus Lapillanus 18 ; à Nola, les pagi Agrifanus, Capriculanus, Lanita, Myttianus'9 ; à Pompéi, le pagus Augustes Felix Suburbanus2° ; dans la région de Bénévent, le pagus Lucul(lius ?) 21, le pagus Veianus 22, et les nombreux pagi mentionnés sur l'inscription alimentaire des Ligures Baebiani23 ; le pagus (Ur)banus entre Juvanum et Anxanum24 ; le pagus Betifulus et lè pagus Lavernae dans les environs de Sulmo 2s ; le pagus Fabianus, dans la même région 26 ; le pagus Interprominus, à Interprominum27; le pagus Boedinus et le pagus Vecellanus sur le territoire de Superaequum2` ; le pagus Septaquae (I) aux environs de Reate29 ; dans le Picenum, les pagi Tolentinensis (Tolentinum) et Veheianus (Copra Mon.tana)3°; le pagus Stellatinus à Polimartiumu; le pagus Lucretius à Saturnia 32; le pagus Paetïnianus, près de Perusia 33 ; les pagi des territoires de Veleia, Lucia, Libarna, Placentia et Parma, cités sur les fameuses Tabulae de Veleia5 : le pagus Laebacte, entre Opitergium et Bellunum'° ; le pagus Misquilen(sis?) entre Feltria et Tarvisium 26 ; le pagus Arusnas et le pagus Verat., aux environs de Verona" ; le pagus _4,gaminus (?) près de Novaria"; le pagus Ligirrns près de Cemenelum 39, L'existence d'autres pagi, dont nous ne connaissons pas les noms, nous est démontrée par des inscriptions à Ulubrae4°, à 4lrumentum", à Furfo 42, à Corfinium Y3, à Uscosium't, à Nepete". M. Schulten a fait très justement remarquer que l'existence des pagi dans les diverses régions de l'Italie devait être antérieure à la conquête romaine ; en effet, parmi les pagi nommés sur les Tables de Veleia, il en est plusieurs qui s'étendent sur les territoires de deux cités voisines : le pagus Salutaris (Veleia, Placentia, peut-être même Parma) ; le pagus Sala lus (Veleia, Parma) ; le pagus Valerius
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(Veleia, Placentia) ; le pagus Venerius, le pagus Lucas (Veleia, Placentia) ; le pagus llfoninas (Veleia, Libarna) ; le pagus IlI6nervius (Placentia, Luca). Ces pagi formaient donc des circonscriptions rurales avant que la région ne fût divisée entre les cités de Veleia, Placentia, Parma, Libarna et Luca 1. De même, dans la Tabula des Ligures Baebiani, on remarque que deux pagi, le pagus Aeguanus et le pagus Romanos, font partie à la fois du territoire de Bénévent (pertica Beneventana, fines Beneventanorum) et du territoire des Ligures Baebiani (Ligustinum) 2. L'exemple peut-être le plus frappant est celui du pagus Farraticanus, qui semble s'être étendu sur les territoires de trois cités, appartenant à trois régions différentes : Placentia (Reg. VIII : Aemilîa), Clastidium (Reg. IX, Liguria), Cremona (Reg. XI : Tran_spadana) 3.
Hors de l'Italie, le terme pagus se rencontre dans la. plupart des provinces latines de l'empire ; par exemple en Espagne 4, en Dalmatie en Dacie en Gaule et en Afrique. Dans ces deux dernières régions, les pagi présentent des caractères particuliers. Le mot pagus fut d'abord employé par certains écrivains latins, tels que César et Tite-Live, pour désigner non point des subdivisions territoriales de la Gaule, mais des parties de tribu. De même qu'ils appelaient les tribus des civitates, de même, par analogie, ils attribuèrent le nom de pagi aux divers groupes qu'ils distinguèrent dans les tribus, Dans Tite-Live, Ies Insubres qui fondèrent Milan (Mediolanum) sont un pagus Aeduorum 7p Les pagi Heleetiorum, pagus Tigorinus s, pagus Verbigenus 9, cités par César, sont des groupes d'hommes et non des circonscriptions territoriales. Même à l'époque impériale, ce caractère des pagi gaulois n'était ni ignoré, ni effacé; Pline emploie le terme pagus dans le même sens que Tite-Live et que César, lorsqu'il rapporte que iyovaria fut fondée par les Vertacamacori, Vocontiorum pagus 10, Sur deux inscriptions trouvées en Bretagne, et qui datent au plus tôt du fi' siècle ap. J.-C., le pagus Condrustis et le pagus reliants, qui sont dits l'un et l'autre militare in cota, II Tungror-um, ne peuvent désigner que des groupes de soldats".
Il n'est donc pas douteux que, appliqué aux provinces gauloises, le mot pagus n'avait pas exactement, du moins à l'origine, le même sens qu'en Italie. Sous l'Empire, à mesure que l'organisation des peuples gaulois se rapproche de l'organisation municipale romaine,, les pagi gaulois tendirent de plus en plus à devenir des circonscriptions territoriales. Ceux que nous connaissons ont, en grande majorité, ce caractère : tels les pagi de la cité des Voconces, pagus Aletanus, pagus Epotius, pagus Junius, pagus Deobensis 12 ; le pagus Juvenalis d'Aquae Sextiaci3. le pagus Lucretius d'Arelatei4 ; le pagus Vordensis d'Apta" ; le pagus iIatavonius de la cité des Reii 1fi; le pagus Beritinus de Vintium " ; le pagus Minervius d'Arausio 18 ; le pagus Condate ou Condatensis de la cité des Segusiaves"; le pagus Toutactus de la cité des Senones 20 ; le pagus Vennectis de la
cité des Reines"; le pagus Cessa/ locus de la cite des talorini 22; les pagi de la, cité des Redons, pagus Matantes, pagus Sertanmaduus, pagus Carnutenus 23, etc.
De même, en Afrique, il parait certain que le mot pagus a été employé, au moins quelquefois, pour désigner un vaste territoire qui, loin de dépendre d'une ville, pouvait en renfermer une ou plusieurs. On ne peut interpréter autrement le mot pagus dans le contrat de patronage trouvé au nord--ouest d'Hadrurnète et où on
: Senatus populusque civitatiutn stipendiariorutn pago Gurrenses (lisons Gurren,si)2°, D'autre part des formules telles que : pagus et civitas, utraque pars civitatis, fréquentes sur des inscriptions trouvées à Agbia, 1i'umlulis, Thignica, Thugga, autorisent à croire que le territoire de ces villes africaines, tant qu'elles restèrent des communes pérégrines, se composa de deux parties : le centre bàti, la ville proprement dite, civitas et la campagne ou encore le « plat pays n, pagus. Cette dualité ne cessa qu'au moment où ces villes acquirent le titre de municipes 25. Le terme pagus signifie ici l'ensemble du territoire rural, et s'oppose au terme Cuitas qui désigne spécialement le centre bàti, continentia urbîs aedi f cia 26. Sur d'autres textes africains, le mot pagus est employé isolément : pagus Thuhigabensis, pagus Thac(ensis), pagus Trisipen(sis), pagus Thigillavensiuni"; il est possible qu'il désigne alors des subdivisions rurales d'une commune organisée sur le modèle romain. Le pagus Tllunigabensis a pu être rattaché à Vaga; le pagus TTiacensis à Agbia, le pagus Thigillaven.siuna à Novar ou à Cuicul; le pagus Trisipen(si.s) à Thabraca, Toutefois il est possible que ces pagi africains aient constitué des organismes ruraux indépendants des communes voisines, comme l'étaient certains fundi, praedia ou saillis d'étendue considérableG3. Mais peu à peu la notion du pagus italique s'introduisit en Afrique : la fessera pagi JIltiervi2B, trouvéedans'les environs d'Hippo Diarrhytus, est analogue aux tesserae du pagus Paetinianus voisin de Pérouse et du pagus Tolerainensis en Picenum". Le pagus JJinervius dépendait probablement d'Hippo Diarrhytus ; de même Aubuzza était un pagus de la colon in Sicca Veiceria " ; de même encore Phua était un pagus rattaché à Cirta32
Ii ressort, à nos yeux, de tous les exemples précités. que le sens du mot payas a varié entre certaines limites suivant les pays et suivant les époques. Il est évident que ce terme n'a pas exactement la même valeur dans les expressions: pagus Janicolensis (Rome), pagus Tigorines (Helvètes), Insubres pagus Aeduorum, civitates stipendiarïae pago Gurzensi, pagus et civitas Thuggensis, etc. Quelle que soit l'élasticité de sa signification, ce mot, partout oû on le rencontre, emporte toujours plus ou moins nettement avec lui l'idée d'un élément rural ; il s'oppose aux mots ci.eitas, airs, oppidum".
Dans la langue administrative officielle, pagus signifiait une subdivision rurale d'un territoire urbain : pour désigner un fondus, il faut indiquer, suivant la fore
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mule d'Llpien, in qua civitate et in quo pago sit'. Il est d'ailleurs évident que ce dernier sens devint, de beaucoup le plus général, à mesure que l'organisation municipale romaine se répandit dans les diverses provinces.
Le pagus peut donc être ainsi défini ; une circonscription rurale. Les habitants de cette circonscription s'appellent pagani, pagani communes, compagani2.
Ces pagani peuvent habiter des fermes dispersées ou au contraire être groupés en un ou plusieurs hameaux, vici ; sur le territoire de Veleia, dans le pagus Dagiennus, les Tabulae alimentariae citent deux vici, le vices Ivanelius et le virus Nitelius ; elles en mentionnent trois dans le pagus Albensis, le virus Seceniae, le virus Dlondelia, le vices Lubelius; elles en mentionnent un seul, le vices Gaturniacus, dans le pagus Domitius ; un seul également dans le pagus Salvius, le virus Irvaccus, et dans le pagus Velleius, le vices Ucciae3.
Groupés ou non en un ou plusieurs vici, les pagani de chaque pagus forment un groupe religieux, social, administratif. Ils célèbrent des fêtes particulières, les PAGANALIA, dont la principale semble être la lustratio pagi, qu'accompagne un sacrifice 4 ; ces fêtes remontent probablement, au moins en Italie, à la plus haute antiquité. Le pagus forme par lui-même un organisme distinct et vivant : il a un Genius qui le protège et qu'on invoque ; il possède des monuments, portiques 6, temples théâtre 8, ponderarium 9, des autels 10, une horloge " ; il peut dédier des statues" ; il a des protecteurs, patroni13. Les pagani de chaque pagus peuvent prendre des résolutions ayant force de loi; on trouve dans les documents épigraphiques les formules : ex lege pagani", pagi decreto, ex pagi decretoi6, ex scitu pagus. Les documents ne nous permettent pas de décider si les pagani d'Italie se réunissaient en assemblée générale ou s'ils avaient à leur tête une sorte de conseil, de curie de village ; pour l'Afrique, nous savons qu'il y avait, au moins dans certains pagi, des decuriones 17. Le pagus était administré le plus souvent par des magistri, dont le nombre paraît avoir varié suivant les pays et les époques : nous en trouvons quatre dans le pagus Lavernae, entre Sulmo et Corfinium; nous en trouvons deux à Polimartium (Étrurie), sous Auguste"; à. Septaquae, près de Reate, les textes nous font connaître un surnmus magister"'. Quelquefois à la tête du pagus est placé un praefectus31 ou un curator L2 ; des aediles sont aussi mentionnés dans quelques pagi d'Italie et de Gaule, à Snperaequum23, dans la cité des Voconces"; citons enfin le titre unique de praefectus vigintivirorum pagi Deobensis, près de Vasio, en Gaule". Le pagus avait aussi ses prêtres et ses prêtresses : telle Octavia M. f. Magna, flaminica pagi Arusnatium, près de Vérone". Nous ne savons point comment ces divers fonctionnaires
ou dignitaires étaient désignés. Festus nous apprend seulement que les magistri pagorum étaient annuels", Le pagus pouvait recevoir des legs et des donations 28, les tesserae paganicae ou tesserae pagi étaient vraisemblablement, suivant l'opinion de M. Héron de Villefosse, des plaques commémoratives destinées à rappeler ces donations, ainsi que les noms et qualités des personnages qui les avaient faites '9. Il était propriétaire des édifices dont il décidait la construction30. J. louTAl1V.
un grand nombre de cités grecques, de la surveillance des enfants. Lycurgue en avait fait, à Sparte, le chef de la jeunesse. Il était choisi parmi les citoyens de noble naissance', parmi ceux qui pouvaient prétendre aux plus hautes fonctions dans l'État'. Il veillait uniquement à la bonne conduite des enfants, secondé par des ti.a6Ttyo fopol pris parmi les adolescents (ileeiuvrsç)3. A Magnésie du Méandre, i1 y avait plusieurs pëdonomes4 ; de même à Smyrne, où un texte épigraphique les distingue du gymnasiarque, qui commande aux vioc, et d'un magistrat appelé béa! 'r ç Eûxoeiz(aç, auquel appartient la direction des jeunes filles (capé€vol) 5. Le pédonome, en général, n'avait affaire qu'aux aatiEç. Aussi, bien qu'une inscription de Théra le nomme avant le gymnasiarque 6, ce fonctionnaire lui est-il partout hiérarchiquement supérieur. C'est ce qu'indique notamment le cursus honorum d'un citoyen de Milet qui, entre autres magistratures, a d'abord exercé celle de rsiiovégoç, puis celle de
l'éphébarque passe avant le pédonome'. Pourtant, le pédonome avait parfois des pouvoirs assez étendus. A Ériza, en Carie, où il était élu par le procédé de la yetpTOVta, il avait la haute main sur les professeurs des enfants (aatlEUTaO, à la fois dans les écoles et au gymnase 9. A Iasos, il s'occupait de l'éducation (âywy'i), de l'instruction (aailE(a), instituait des concours, proposait des prix, organisait des théories 10. A Stratonicée, on le voit prendre une part active à la célébration de la fête de Zeus Panémérios et d'Hécate. Aidé des aatlopôXazeç, il conduit au ou)teuTrlptov, vêtus de blanc et couronnés d'olivier, les trente enfants de bonne famille (eu yeyov6TEç) qui doivent chanter l'hymne en l'honneur des deux divinités. Si l'un de ces enfants vient à passer dans le collège éphébique ou à mourir, c'est sur le rapport écrit du pédonome, fortifié, semble-t-il, du témoignage des aatôo f7dzxEç, qu'on pourvoit à son remplacement. En cas de négligence, le pédonome est poursuivi pour àai ea, tandis que les 1oz lopé)xxeç, simples esclaves publics (Syµseiot), sont passibles de la prison (Sear.6ç). C'est encore le pédonome qui reçoit, par l'intermédiaire du Conseil, la plainte écrite du prêtre d'Hécate et de l'eunuque sacré, quand l'un des enfants a manqué à la réunion qui se
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tient chaque année dans le sanctuaire de la déesse 1. A Téos,le pédonome ne devait pas avoir moins de quarante ans. C'est lui qui répartissait les enfants, selon leur tige, dans les diverses classes, surveillait leurs études, tranchait les différends entre les professeurs au sujet du nombre des élèves dans chaque classe 2. Il avait dans ses attributions. en dehors de la direction des iraGeç, celle des jeunes filles '. La .7ca.;iiovo,a:a. 4 a probablement varié avec les temps et les lieux. Ce qui la caractérise, c'est l'autorité morale qui y était attachée ; suivant les termes d'une inscription d'Astypalée', la fonction principale du pédono
PAIDOTRIBES (IIatôoTî Geç)'. Maître de palestre, chargé de l'instruction physique des enfants et des
Comme son nom l'indique 2, en principe, ses attributions sont restreintes à l'instruction pratique des enfants dans les exercices du corps. Les méthodes de la gymnastique scientifique, fondées sur l'anatomie, la physiologie et l'hygiène, dépassent sa compétence et rentrent dans celle du GYMNASTES, qui est plus particulièrement chargé de l'éducation des athlètes professionnels et de la préparation des adultes aux concours gymniques. Toutefois la distinction très nette des attributions du pédotribe et de celles du gymnastes n'apparaît guère que chez Galien
d'après cet auteur, le pédotribe est subordonné au gymnastès comme le cuisinier au médecin' ; il ne possède que la connaissance pratique et la routine des exercices de la palestre 4, mais il n'a pas à en suivre les effets sur la santé, à prescrire de régime ni d'entraînement spécial suivant le tempérament de chacun de ses élèves
Platon ne semble pas avoir connu cette hiérarchie de son temps, les termes de pédotribe et de gymnaste,
presque synonymes 6, et Galien lui-même en fait la remarque 7. C'est dans la première moitié du ve siècle, que les plus intelligents des pédotribes aperçurent des rapports entre l'hygiène et les exercices de la palestre"
ainsi naquit la gymnastique thérapeutique et médicale, créée, au dire de Platon, par les pédotribes-médecins de l'école de Tarente, Ikkos de Tarente °, un des maîtres d'Hippocrate, et Hérodicos de Selymbriaf°. Ces préoccupations médicales étaient moins nécessaires à l'enseignement élémentaire de la gymnastique générale pour les enfants qu'à la préparation des athlètes. Platon et Aristote " rapprochent maintes fois le rôle du médecin et celui du maître de gymnastique, encore plus souvent cité
par eux sous le nom de pédotribe que sous celui de gymnaste. Pour Isocrate 12, la gymnastique est encore une partie de la pédotribique, celle-ci étant un enseignement général, l'autre un enseignement spécial". Mais Aristote déjà distingue ces deux sciences, disant que la première confère une certaine aptitude, tandis que la deuxième enseigne les exercices, c'est-à-dire qu'il considère la gymnastique comme un enseignement fondé sur des principes, la pédotribique comme un enseignement pratique. Cette conception devait aboutir, au temps de Galien, à la subordination du pédotribe, simple praticien, par rapport au gymnaste, théoricien, capable de donner. une direction rationnelle à tous les exercices du corps età l'enseignement des spécialistes, tels que hoplomaques, acontistes, sphéristiques, etc. 1°.
En principe donc, l'enseignement du pédotribe reste confiné dans la palestre et s'adresse aux enfants à partir de sept ansto, puis aux éphèbes de dix-huit à vingt ans [EPHEBI]. Aucun gymnaste ne figure parmi les fonctionnaires des collèges éphébiques. Mais, en fait, rien n'empêchait un pédotribe ambitieux et capable de s'occuper aussi de la préparation aux concours gymniques même des athlètes professionnelsi7. Inversement, il arrivait aussi, quoique plus rarement, que des gymnastes intervinssent dans l'instruction des éphèbes'".
La palestre était le domaine propre du pédotribe. Mais il y a lieu de distinguer les palestres privées de celles de l'l:tat ! GYMNASIUM], par suite les pédotribes particuliers des pédotribes fonctionnaires.
Les directeurs des palestres privées portaient d'ordinaire le titre de pédotribes, et l'établissement, dont ils étaient propriétaires, était désigné par leur nom f9. Ils étaient soumis à certains règlements et responsables devant les autorités2°; ils habitaient probablement la palestre même. Dans les petites palestres, on peut supposer que le pédotribe était le professeur unique, enseignant lui-même tous les exercices du OUIEQUERTIUM de la gymnastique grecque, lutte, saut, course, jet du disque et du javelot, auxquels pouvaient s'ajouter le pugilat", l'escrime, la danse, etc. Suivant l'importance de l'établissement, le pédotribe directeur pouvait s'adjoindre soit d'autres pédotribes placés sous ses ordresL2, soit des professeurs spéciaux, hoplomaque, acontiste, toxote, etc. Il conduisait, semble-t-il, ses élèves au gymnase, pour surveiller les exercices, tels que le tir au javelot et à l'arc, qui exigeaient des stands dont la palestre était dépourvue ",Il lui fallait également un personnel de gai:
cons (v-nrip€rtxt), de masseurs (a'-Âe(rtxat), de gardiens (7ea?ataep0pûaa) 1 A l'origine, comme le nom l'indique, et même plus tard dans certains cas, le pédotribe se chargeait lui-même de l'onction et du massage des élèves avant la lutte 2, La palestre était, par définition, l'endroit oh Ibn lutte (ni),a(ety) ; l'apprentissage de la lutte y tenait le premier rang' : Socrate, dans Platon, emploie le mot 7:a),a(. v pour désigner, en gros, l'enseignement du pédotrihe
Les monuments figurés reproduits aux articles EDUCArlo, EPHEBI, GYMNASTICA, nous montrent les pédotribes dans l'exercice de leurs fonctions. Ils sont vêtus d'un long lrimation (couleur pourpre, au temps de Lucien) 5 ; leur attribut distinctif était la baguette fourchue(i ,lfoç)
dont ils se servaient pour marquer les places, tenir à distance les combattants, corriger les lutteurs trop engagés, et surtout pour châtier les fautifs et stimuler les paresseux h il semble que les pédotribes en aient un peu abusé '. Le fouet ou le bâton, attributs des gymnasiarques
LUM] étaient admis pour châtier les athlètes eux-mêmes et maintenir l'ordre dans les jeux gymniques [CERTAMINA], D'autre part, les textes et les monuments nous montrent le pédotribe usant d'autres moyens pédagogiques, payant de sa personne et prêchant d'exemple auprès des débutants pour leur apprendre les mouvements qu'ils devront ensuite exécuter au commandement °, rentrant lui-même en joute"° et nu comme les élèves dont il dirige et partage les exercices". Le pédotribe préparait ses élèves aux concours d'enfants dont les fêtes de la palestre et celles du gymnase éphiébique étaient l'occasion, les RERMATA notamment", et aussi aux concours publies des enfants, même aux jeux olympiques'', 11 accomplissait alors les cérémonies religieuses'`, Les dédicaces reconnaissantes des élèves qu'il avait dressés et conduits au succès prouvent que ceux-ci pouvaient nourrir à l'égard de leur maître d'autres sentiments que la rancune". Pausanias cite un jeune olympionique qui avait obtenu de consacrer dans l'Altis la statue de son pédotribe à côté de la sienne". Certains pédotribes essayaient aussi de faire contribuer la gymnastique à la formation du caractère et à l'éducation morale Ils donnaient aux jeunes gens des levons de tenue. leur apprenaient une démarche martiale et harmonieuse et une attitude décente" : les conseils du pédotribe pouvaient être autant d'un psychologue que d'un gymnaste 1s.
Le pédotribe recevait des honoraires de ses élèves ou de leurs parents 40. La question de sa responsabilité en cas d'accident survenu en sa présence au cours des exercices reste douteuse2i.
Le. situation des pédotribes publies, attachés comme fonctionnaires aux gymnases éphébiques de l'État, a été
sommairement étudiée à l'article EPHEB), p. 62'7. Placés sous l'autorité du magistrat directeur de l'éphébie, cosmète à Athènes, gym.nasiarque à Délos", à Téos 23, etc., ils présidaient, en partie comme professeurs, en partie comme préfets des études, à l'enseignement de la gymnastique°. Dans la hiérarchie des dignitaires de l'éphébie attique, ils viennent après le cosmète, avant les professeurs spéciaux; à Téos, après le gyrnnasiarque, le pédonome et les graramatistes 2''. A Athènes, ils restaient en fonctions plusieurs années et pouvaient être nommés à vie2b, A Téos, leur nomination parle peuple avait lieu, semble-t-iI, tous les ans, dans la séance des âpzatpee(«t ; sans doute, les mêmes pouvaient être confirmés dans leurs fonctions ; ils touchaient un traitement annuel de 500 drachmes, égal à celui des graramatistes. Les pédotribes de l'éphébie étaient chefs de palestres qui portaient leur nom 27 ; il y en avait parfois plusieurs dans le même collège, soit que le pédotribe titulaire fût doublé d'un hypapédotribe, comme à Athènes, sous l'Empire L8, soit qu'il y eût plusieurs palestres éphébiques: à Téos, le règlement de l'éphébie prévoit deux pédotribes : à Délos, clérouchie athénienne, il est fait mention de deux pédotribes, exerçant à la fois soit dans la même palestre. soit dans deux palestres concurrentes28, A Athènes, des frères ou des personnages d'un même dème s'associent pour l'exercice du pédotribat30. Nous possédons peu de renseignements sur la gestion intérieure des palestres"; l'éphébie, étant obligatoire, devait être gratuite, au moins pour les fils de citoyens; l'État était propriétaire des gymnases et des palestres éphéhiques, et payait les pédotribes et les professeurs.
Les pédotribes de l'éphébie, à Athènes et à Délos, sont donnés comme maîtres c v Eacu6Éprav na(Swv 32. Il est probable que les fils d'esclaves étaient instruits dans des palestres spéciales, l'entrée du gymnase public leur étant interdite". Albert Dumont a supposé que l'autorité du pédotribe de l'éphébie attique finit par s'étendre, en dehors des éphèbes, sur tous les enfants libres qui s'exerçaient dans les palestres, par conséquent sur les pédotribes prives 'r. Certains pédotribes de l'éphébie attique devenaient, dans la cité, des personnages vénérés, honorés par les décrets du peuple st par les éphèbes; teI fut Abascantos, qui durant une carrière de trente-cinq ans, de 138 à 272 ap. -C., fut honoré d'une statue et de nombreux témoignages d'affections°, Les marbres louent souvent les pédotribes de leur bonne administration et de leur sollicitude pour les éphèbes 36. En dehors de l'éphébie attique, des pédotribes sont mentionnés à Délos, Téos, Lampsaque, Ilion, Smyrne 37, Sicyone 33, G. FocGÈacs.
PAIDNIA (Hlaaoivta). Fête athénienne dont un texte
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