Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article PEREGRINI

PEREGRINI. On trouve mentionnés dans certaines inscriptions trouvées à Rome, des castra peregrinorum'. des princeps ou subprinceps peregrinorum des optio peregrinorum°; il semblerait donc qu'il a existé une milice urbaine désignée sous le nom de peregrini. Mais comme il n'est jamais question de peregrini isolés, la chose paraît peu probable. D'autre part, presque tous les textes où figure le mot de peregrini font aussi mention des frumentarii; les dédicaces au génie des castra peregrinorum sont faites par des frumentarii' ; sur le Caelius un centurie frumentariorum vice princeps peregrinorum embellit un temple de Jupiter redux castrorum peregrinorum° ; au troisième mille de la voie Appienne, un subprinceps peregrinorum ° restaure à ses frais une station de frumentarii, etc. On en a conclu que les frumentarii et les peregrini étaient une seule et même chose. S'ils ont été appelés de ce dernier nom, ce n'est point à cause de leur condition politique et pour les opposer, soit aux citoyens romains dont se composaient les cohortes prétoriennes et auxiliaires, soit aux equites singulares ou aux vigiles qui étaient de droit latin car les frumentarii, étant des légionnaires eux-mêmes, étaient certainement aussi citoyens romains. Mais on sait que ce genre de soldats n'étaient que des hommes détachés des légions provinciales et formant à Rome un corps à la disposition de l'empereur, qui les employait soit dans la capitale, soit en dehors de l'Italie et même dans d'autres légions que celles dont ils portaient le numéro [FHDMENTARIII. Ils étaient donc, sinon en droit, du moins en fait, des étrangers à Rome, des pérégrins. Peut-être cette désignation ne fut-elle pas tout d'abord officielle, et passa-t-elle du langage courant dans la langue des inscriptions pour indiquer non point les soldats désignés séparément, mais l'ensemble du corps. L'institution des soldats frumentarii date, on le sait, du ne siècle; mais on ne trouve l'expression de 1, 13. Tertullien (De anim. 46) appelle par archaïsme les meurtriers de César per. distinguant différents délits, trahison, désertion (2, t0; 3, 30; 8, 80). Le texte de Gloss. 2, 146 (éd. COI) est une périphrase vague. En tout cas le texte de Gains ne le dit pas nettement (Dig. 50, 16, 234). Dig. 48, 4, 3 pr. 6 Par exemple la mauvaise foi du patron à l'égard du client, punie, d'après Denys (2, 10), par la loi sur la trahison attribuée à Romulus. 7 Liv. 8, 20, 39. 8 Archelaüs de Judée en 6 ap. J.-C. (Joseph. 17, 13, 2) ; Archelaüs de Cappadoce (Tac. Ann. 2, 42; Dio Cass. 57, 17). l,es.iocanpu,e, Voir celle de l'article unzesrns. PER 389 --PER pereyrini qu'au 111e. On en a conclu que la caserne dite des pérégrins ne datait que du règne de l'empereur Septime-Sévère, le premier sous lequel se rencontre la mention de castra ou de princeps peregrinoruin 1. Dès lors les frumentarii furent cantonnés dans ce camp; le commandant de place se nomma princeps castrorum peregrinoruin, ou par abréviation, princeps peregrinoruin ; son second reçut le titre de subprinceps. Le princeps était assimilé aux premiers centurions de la légion2; quand il recevait de l'avancement, il devenait primipile 3. On a retrouvé sur le Caelius les castra peregrinoruin à la suite de fouilles faites à la fin du xvlr° siècle, sous le pontificat d'Innocent X et de Clément X ; ils étaient situés entre l'aqueduc de Néron, S. Stefano Rotondo et la Navicella, en particulier à l'endroit oti s'élève aujourd'hui l'hôpital militaire. On découvrit une suite de chambres, de grandes pièces et des cours entourées de colonnades ; puis des statues (bustes et têtes) et différents ornements de métal`. La présence au milieu des ruines d'un piédestal dédié au génie du camp, prouve qu'on est bien là sur l'emplacement de la caserne. Dans l'intérieur existait un temple ou une chapelle de Jupiter Redux 5. Marquardt supposes que les centuriones deputati et les supernumerarii logeaient aussi dans cette caserne, ces deux catégories de militaires s'étant, dans une certaine occasion, réunis aux frumentarii pour élever un monument'. « Si les frumentarii avaient seuls occupé les castra, ajoute-t-il, on devrait s'attendre à ce que leur caserne fût désignée par leur nom ». R. GAGNÂT.