Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article PERIRRANTERION

PERIRRANTERION [CHEIRONIPTRON, p 1101; LUSTRATIO, p. 1408, 14741. ff puptov). 1. Parmi les bijoux préférés des Grecs, aussi bien des hommes que des femmes, il faut faire une large place aux anneaux de toute sorte dont ils paraient leur cou, leurs mains, leurs bras, leurs chevilles et même leurs mollets et leurs cuisses. Ces derniers portent le nom général de 7LEptoxEaGeg, bien que l'étymologie du mot semble le réserver particulièrement aux anneaux qui encerclaient les cuisses. La mode des anneaux passés aux chevilles est aussi antique que les plus antiques civilisations orientales et ne s'est jamais perdue. Chez les Grecs, cette mode fut usitée surtout à partir du ve siècle. L'anneau de jambe ne servit pas seulement d'ornement, mais il eut un caractère prophylactique. Un simple lien de couleur, noué autour de la cheville ou autour du bras, était considéré comme un préservatif contre le malheur 2. Transformer ce lien en bijou était une idée naturelle. Sur les monuments, il est souvent difficile de reconnaître si l'on a affaire à un simple ruban ou à un cercle de métal ; mais, au fond, l'intention étant la même, nous pouvons les étudier dans leur ensemble Sur les vases à figures rouges de style sévère, les exemples en sont assez fréquents (fig. 5570) 3. Non seulement les mortels et les héros se parent de ces ornements, mais il n'est pas rare de les voir portés par des dieu x. C'est Zeuslui-même ',c'est 1-léphaistos 6 qui ont des anneaux à l'un ou à l'autre pied, ou à tous les deux ensemble. Mais surtout, comme il est naturel, Éros aime ces bijoux et en charge ou surcharge le bas de ses jambes (fig. 114, 2147) ; il en porte un, deux, trois, quatre et cinq même, tantôt à droite, tantôt à gauche, tantôt à droite et à gauche 6. Et ce n'est pas seulement Éros-Cupidon qui a de ces coquetteries, mais encore l'Éros funèbre (fig. 5148). Les satyres suivent cet exemple', et avec eux non pas seulement les jeunes hommes, les éphèbes (fig. 114, 4052, 4877, 4972) 8 et, par exemple, les danseurs 9, et aussi les enfants (fig. 834, 2604, 4877) t0, mais même les guerriers, fantassins ou cavaliers 11. Enfin est-il besoin de dire que les femmes, déesses, héroïnes ou simples mortelles ne sont pas en reste'? Celles qu'ont figurées les sculpteurs ou les peintres de vases sont innombrables, toutes les élégantes et les amoureuses et surtout les courtisanes (fig. 5571)12. Tous les anneaux dont elles agrémentent la fine nudité de leurs pieds sont d'ailleurs aussi simples que ceux des dieux ou des hommes, de minces fils d'argent ou d'or sans doute j3, rarement une bandelette assez large, mais assez souvent une spirale dans le genre de celles qui formaient un modèle favori de bracelet et qu'on appelait ÉatxEç ". Fig. 5571. Les périscélides que de très nombreuses représentations figurées d'hommes ou de femmes nous montrent encerclant les cuisses nous étonnent davantage. A s'en tenir au témoignage des peintures de vases, on pourraitcroire que ces bijoux n'existaient guère que dans l'imagination des artistes ayant à représenter des divinités, ou qu'ils étaient réservés dans la vie réelle au déshabillé galant des courtisanes. En effet, sur des vases peints, nous voyons Dionysos figuré nu avec un rang de perles enroulé autour de sa cuisse gauche lI ; des satyres, compagnons de Dionysos, portent comme lui des périscélides à l'une ou l'autre jambe 16. Éros se pare à profusion de cet ornement plus ou moins riche (fig. 5572)17. Bien que le fait semble pa radoxal, les femmes portant des périscélides de ce genre sont assez rares, et exclusivement, semble-t-il, des hétaïres (fig. 5573; cf. fig. 4304)'8. PER 397 PER L'aspect des périscélides varie ; on en voit que forme un simple fil ou un ruban très étroit ' ; à ce fil ou à ce ruban est attachée parfois une petite boule, une perle sans doute (fig. 4304) 2, parfois toute une rangée de boules Un modèle assez fréquent consiste en un unique ou un double chapelet de perles plus ou moins grosses, que d'ordinaire les décorateurs de vases peignent en blanc ou en jaune 4. Nous avons noté un Éros qui au milieu de la cuisse gauche porte une périscélide en hélice, et par-dessus un rang de perles et un satyre ayant à la cuisse droite deux périscélides formées de feuilles enfilées en chapelet °. Le type de forme serpentine était fréquent, comme pour les bracelets (fig. 55'74) [ARMILLA] 7. L'usage des anneaux ornant les mollets est plus rare ; nous citerons, par exemple, un Éros que nous avons déjà signalé comme ayant une riche périscélide à la cuisse droite 8, et qui en porte une toute semblable au mollet gauche, et un jeune homme qui apparaît nu dans une scène d'amour avec les deux mollets ceints de deux cercles à pendeloques (fig. 102) 9. Il y a lieu de remarquer que presque toujours les personnages qui sont figurés avec des périscélides portent en travers de la poitrine, faisant écharpe d'une épaule à l'autre, de longs chapelets de boules, et souvent même deux bijoux de ce genre en sautoir ; il semble que cet ornement du torse et celui des jambes soient le complément d'une même parure (fig. 5572 et 5574)10 Les textes relatifs aux périscélides sont rares et nous apprennent seulement qu'il y avait de ces bijoux en or 11 qu'ils affectaient souvent la forme de serpents 22 et qu'ils faisaient partie du yuvatxsïoç xou!. dç 93 ; cela semble indiquer que les femmes honnêtes et non pas seulement les courtisanes s'en paraient. On trouve dans les inventaires sacrés plusieurs mentions de périscélides offertes en ex-voto à des divinités 14. Les Étrusques ont connu, comme les Grecs, l'usage des périscélides, mais seulement, semble-t-il, sous forme d'anneaux de chevilles. On sait combien ils aimaient les bijoux de toute sorte, et en particulier les longues chaînes en écharpe [CATENA], les colliers et les bracelets ; il n'est donc pas étonnant qu'ils aient donné des périscéiides à Éros, ainsi qu'on le voit sur un miroir bien connu 16. Quant aux Romains, nous ne connaissons ni textes ni monuments autorisant à dire que les hommes en faisaient usage ; ils réservaient ce bijou aux femmes et plus spécialement aux courtisanes`°, sans qu'il nous soit permis d'affirmer qu'ils entendaient sous ces mots autre chose que des anneaux de chevilles. C'est ce qui semble résulter d'un passage de Pline où il emploie le mot colnpedes pour les désigner" [COMPES, fig. 1885]. II. Les auteurs nous font connaître un autre emploi du mot 'noptax€1,tç. Il désignait pour les Romains une sorte de caleçon de lin 18, plus ou moins long 19, qui pouvait être teint en jaune; le terme est alors employé à peu près comme synonyme de feminale, bhaca ou Athènes, accomplissait les cérémonies de purification, notamment celles que l'on faisait en ouvrant les séances des assemblées populaires. Le mot se rencontre pour la première fois dans l'Assemblée des femmes d' Aristophane t. L'atthidographe Istros 2, dans un passage conservé par Suidas', paraît l'avoir expliqué et le fait dériver de 7rEplaTta, synonyme de xaOipata. C'est à cette source qu'auront puisé sans doute les scoliastes d'Aristo phane 4, ainsi que les Iexicographes Pollux Harpo cration Hésychius 7 et Photius 8, qui n'ajoutent rien aux renseignements d'Istros. Celui-ci nous apprend que la victime immolée par le péristiarchos était un porc 9, suivant un usage que l'on retrouve à Cos 90 et ailleurs 11. Un scoliaste d'Eschine 12 ajoute qu'après la cérémonie de purification la victime était jetée à la mer. Cu. MiCREL. suspendu au bout d'un fil, dont se servent les maçons et les charpentiers pour établir une ligne verticale, ou, s'il fait partie d'un niveau [LIBELLA], pour vérifier un plan horizontal 1. Le nom grec de cet objet suffit à prouver PER _.__ 398 PER que dans l'antiquité comme aujourd'hui il était le plus souvent en plomb. La forme n'en a pas varié non plus depuis le temps très lointain où on l'a in venté; c'était ordinairement un cône qu'on suspendait pas le centre de sa base. Il esl représenté avec le niveau sur un nombre con sidérable de monuments funèbres. tantôt pour Fig 5575 rappeler la profession du défunt, tantôt comme un symbole de l'égalité des hommes devant la mort Celui de la figure 5575 est suspendu à un fil enroulé Jour d'une bobine 2. Des pesons en bronze ayant servi à des ouvriers du hùtiment sont assez communs dans nos collections; quelquefois ils sont ornés de moulures qui leur donnent un certain cachet d'élégance (Fig 5576) 9. Celui que reproduit la figure 5577 a été trouvé dans le midi de la France; la tige supérieure est creuse, de sorte qu'on y pouvait introduire l'extrémité du fil terminé par un noeud coulant; il venait se fixer autour d'un bâtonnet mobile passé dans un trou horizontal, perpendiculaire à la tige. Ce détail de eonstruetion, qui avait pour but de donner à l'instrument, si simple qu'il fût, une précision absolue, s'observe encore dans d'autres