PHARE t R À (hz ti ). Carquois Ce nom grec, que les Romains ont fait passer dans leur langue, dérive de YDf,7.(r, porc I' : le carquois sert a porter les flèches. Aussi Homère lui donne-t-il' l'épithète d'io8dr.os 5 il retint plus tard les noms d oPxr,', Po oôôxr~x et Il est
avec l'are I"attribut d'Apollon et de Diane, d'Hercule, de l'Amour, de Philoctète, de Paris, etc. On le voit souvent, sur les vases peints, porté par les Amazones (fl;, 247) ". Tous les peuples asiatiques, et chez les Grecs les Crétois, en font usage [sel.cs]. Cest un étui de bois léger, de cuir ou de métal, rond (fig. 390, 1167t, 2362, 2377,
5621)5, ou carré plus ou moins aplati (fig. 5622 27
Son ouverture était tantôt libre (fig. 6621), tan'"', 1 ô
soit par un couvercle ollcreuliun) (fig.
soit par une peau flottante, quelquefois .,-,: r gin aide pour le couvrir tout entier (fig. 5622) '. Le car lu ois tait suspendu ordinairement derrière l'épaule droite', de façon que les flèches fussent à portée de la
main qui tend l'arc (fig. 2347, 2377, 1936), quelquefois en avant t0. Souvent aussi on le voit porté u gauche, touchant la cuisse de l'archer (fig. 562:; et 247 "). Parfois enfin, il
était attaché ù une ceineeni. Lure dite a h.aretrczdo0iunt '~.
Le carquois doit être dis
tingué de l'étui (yooputio„ POrgtus, zo;obfi'..'t) où l'arc était. placé avec les flèches ou séparément rARCOs, p. 3901, quand il n'était pas attaché au dehors par des courroies contournant l'étui (fig. 5622) "
Pas plus que chez les Grecs de l'époque classique, chez les Romains, les troupes régulières ne sescrvaient de 1 r et du carquoisOn les voit fig. 5t623)surlacolonneTrti 411e. par les sogiilarii auxiliaires fig. 17 I , C. ,r et ;;nitr;;;.
PHARES (h(ooç). Pour guider les 011" rt en mer pendant la nuitlesanciens seservaient d'abord 10 signaux. lumineux qu'ils allumaient au sommet des montagnes ou des collines du littoral'. Plus tard on construisit des édifices spéciaux en forme de tour, sur lr~ mels brûlaient des feux qui annonçaient aux
l'approche de la terre etl'entice desports. Le e
était celui d'Alexandrie, btlti dans File de ?'haro .ussi leur donna-t-on à tous le nom de phare (i300; 10/101' u s" .
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On a retrouvé' à l'extrémité sud-ouest de la presqu'île du Pirée, près du tombeau de Thémistocle, et sur la rive opposée quelques ruines du ve siècle av. J.-C. marquant l'emplacement de petits édifices qui tenaient lieu de phares 2. Des ruines analogues ont été découvertes aussi en avant de Munychie 3. Malgré le silence des textes, on a le droit d'affirmer que de véritables phares se dressaient, dès le temps de Périclès, à l'entrée des ports d'Athènes.
Le phare d'Alexandrie est le premier dont les documents littéraires et les monuments figurés nous attestent l'existence 4 ; la plupart de ceux qu'on a fondés ensuite ont été faits sur son modèle et à son imitation. La petite île étroite de Pharos est située sur la côte d'Égypte, en face d'Alexandrie, dont elle limite et abrite les ports'. Homère la mentionnait déjà, mais il la croyait en pleine mer, à un jour de route du fleuve Aegyptos'. Le mot axpos dans l'Iliade et dans l'Odyssée désigne une pièce du costume masculin, quelquefois un simple morceau d'étoffe
M. Studniczka suppose que ?poç vient de l'égyptien p(h)aar ou p(h)àdr, toile : les Grecs auront donné le nom de Pharos à l'île où ils venaient acheter l'étoffe appelée p(h)aar, dont ils fabriquaient des vêtements de luxe 3. A l'époque classique, entre l'île et le continent s'étendait un chenal large de sept stades, à travers lequel Alexandre jeta une digue pour rattacher définitivement Pharos à la ville nouvelle qu'il créait 9. Le phare s'élevait à la pointe nord-est de Pile, en face du cap Lochias 10 ; il marquait l'entrée du grand port. Sur l'emplacement qu'il occupait jadis se dresse depuis le xve siècle (1477-14;9) une forteresse turque, oeuvre du sultan Qâyt-Bây ; le cartouche de cet édifice, le nom de Pharillon qu'on lui donnait assez souvent, les textes des auteurs arabes et des anciens voyageurs européens attestent que le château fort a succédé au phare antique11. Le donjon est bâti au-dessus des fondations mêmes du phare 22.
La construction du phare d'Alexandrie aurait coûté, d'après Pline l'Ancien, huit cents talents ". Eusèbe la place au début du règne de Ptolémée Philadelphe, vers l'année 280 av. J-C. 14. On a prétendu qu'il convenait de la rapporter plutôt au règne précédent. Strabon et Lucien nous ont conservé l'inscription dédicatoire du monument ; il était voué par l'architecte Sostrate de Cnide,
fils de Dexiphane, aux dieux sauveurs, dans l'intérêt des navigateurs '', c'est-à-dire, peut-être, à Ptolémée Soter et Bérénice divinisés '6, ou plutôt aux Dioscures, dont la flamme du phare passait pour la manifestation sensible". D'après l'historien arabe Magrîzi, l'inscription était gravée sur le côté nord de l'édifice, en lettres de plomb encastrées dans le mur, hautes chacune d'une coudée1°. Sostrate était un personnage considérable, ingénieur et architecte, familier du roi d'Égypte, comme le dit Strabon, chargé par lui de missions diplomatiques et auteur de travaux célèbres". Le phare d'Alexandrie, que l'on comptait quelquefois au nombre des sept merveilles du monde, devait être son chef-d'oeuvre.
Nous ne savons presque rien des destinées du monument dans l'antiquité. Lors des guerres civiles, l'île était habitée et fortifiée ; César s'en empara20 et, s'il faut en croire Pline, il y établit des colons V1. Ammien Marcellin voit dans le phare une création
de Cléopâtre" ; peut-être la dernière reine d'Égypte l'a-t-elle fait restaurer. A l'époque de Strabon et à la suite sans doute des dommages qu'avaient causés les guerres civiles, l'île n'était plus occupée que par quelques familles de pêcheurs23. Le phare tenait une grande place dans la
vie d'Alexandrie. Sous la domination romaine, l'épithète de Pharia est fréquemment décernée à Isis, l'une des principales divinités nationales de l'Égypte [Isis, p. 580, et les textes cités à la note 12] ; les monnaies associent l'image de la déesse à celle du phare24 (fig. 5624); il est probable qu'elle avait un sanctuaire tout auprès, dans l'île même : elle apparaissait comme la protectrice de la navigation et du commerce qui enrichissaient le pays 2'. Des affranchis impériaux étaient préposés à la garde et à l'entretien du phare : une inscription funéraire de Rome concerne un Augusli libertus procurator fari Alexandriae ad Aegyptum 26. Procope de Gaza raconte que l'empereur Anastase Ie° fit réparer les substructions ébranlées par les eaux27. Le monument de Sostrate de Cnide n'a été détruit qu'au xive siècle de l'ère chrétienne. On suit dans les auteurs arabes, d'époque en époque, l'histoire de sa
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ruine lente et progressive, achevée par un tremblement de terre en 1303'.
Il est possible de se faire une idée assez précise de ce qu'était primitivement le phare d'Alexandrie Les anciens donnent à son sujet quelques indications sommaires 3, que complètent les descriptions plus détaillées des Arabes `. Son effigie, plus ou moins modifiée et idéalisée, est représentée sur un certain nombre de monnaies grecques et romaines 5 ; au revers des pièces les plus intéressantes, il apparaît comme une tour plus large à la base qu'au sommet, percée de deux rangées verticales d'ouvertures; on y accède par une porte précédée de plusieurs marches; en haut une petite
construction, percée aussi d'ouvertures, sert de piédestal à une statue ou à une figure allégorique ; à droite et à gauche des tritons soufflent dans des trompettes (fig. 5625). Une petite veilleuse en terre cuite, trouvée à Alexandrie, reproduit grossièrement l'image du phare 6 ; on le rencontre aussi à la face anté
rieure d'un sarcophage de Rome orné des portraits de la ville d'Alexandrie et de l'île de Pharos personnifiées 7. Sur la Table de Peutinger le phare est figuré par une tour à deux étages rectangulaires, que surmonte un disque. Il comprenait en réalité trois étages, qui allaient en diminuant et se trouvaient en retrait l'un sur l'autre. Strabon l'appelle 'ico)eudpotpoç, à plusieurs degrés. D'après les auteurs arabes, le premier étage, de forme carrée, en bel appareil de pierres blanches, s'élevait jusqu'à la moitié de la hauteur totale ; il avait environ trente et un mètres de longueur à la base sur chaque côté, comme le donjon de Qâyt-Bây ; le second étage était octogonal, en briques et en plâtre, et le troisième cylindrique 8 ; les minarets du Caire jusqu'au xvle siècle reproduisent exactement cette ordonnance : le phare a exercé une influence indéniable sur l'architecture musulmane de l'Égypte au moyen âge'. A l'époque de Ya'qûbi et de Mas'udi il n'avait plus que 85 mètres de haut. Mais Flavius Josèphe, qui le compare ailleurs aux grandes tours bâties par
Hérode à Jérusalem 10, déclare que ses feux avaient au large une portée de 300 stades " ; si l'on calcule d'après cette donnée ses dimensions probables, en se fondant sur le rayon de courbure de la terre, il semble qu'il faille lui reconnaître à l'origine une hauteur de 120 mètres1L. L'intérieur du monument renfermait le logement des gardiens et des magasins pour les combustibles. Un escalier conduisait à la dernière plate-forme, où se trouvait la lanterne; on y brûlait dia bois résineux f3
dont la flamme annonçait pendant la nuit l'approche de la terrei0; pendant le jour la fumée servait de signal. Parmi les instruments placés au sommet du phare, les légendes arabes mentionnent un miroir énorme d'acier poli, qui réfléchissait dans la journée l'image des navires dès qu'ils paraissaient à l'horizon, et un groupe de statues en métal dont l'une, par un mécanisme compliqué, se mouvait sur son axe pour suivre la marche du soleil dans le ciel 16. Les mêmes sources orientales nous rapportent que les fondations de l'édifice étaient constituées par des arcs et des voûtes de verre, qui reposaient en sous-sol sur quatre pièces de métal auxquelles elles donnent le nom de crabes ou d'écrevisses, en latin cancri16. Peutêtre avait-on ménagé sous les voûtes un espace vide pour laisser passer les eaux de la mer et diminuer par conséquent la pression des vagues sur la base du phare i7,
Aucun phare antique n'avait la même importance que celui d'Alexandrie. On en connaît cependant un certain nombre dans le monde gréco-romain, soit par les textes qui les mentionnent, soit par les documents figurés qui les représentent ou les ruines qu'ils ont laissées 18. Comme on l'a fait observer justement, s'il n'y avait eu dans l'antiquité d'autres phares que ceux dont nous savons les noms et l'emplacement, la navigation aurait été bien peu sûre f9. En Orient 20, sur le littoral occidental du PontEuxin, la tour dite de Néoptolème, à l'embouchure du Tyras (Dniester) était peut-être un signal ou un phare 2'. Sur la côte européenne du Bosphore de Thrace, près de l'embouchure du Chrysorrhoas, se dressait la tour Timée, que nomme Denys de Byzance 22 ; Philostrate l'a vue représentée sur l'un des tableaux de Naples qu'il décrit23; Pierre Gilles, auxvle siècle, en a retrouvé des vestiges 24. Strabon note la présence sur l'Helfespont de deux tours qui servaient d'amers pendant le jour pour faciliter la traversée du détroit, l'une, la tour d'Héro, près de Sestos en Europe, l'autre en Asie,
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près d'Abydos' ; il est probable qu'on y allumait la nuit, des signaux lumineux ; à. ces monuments se rattache la légende bien connue d'Héro et de Léandre M. Babelon3 reconnaît l'image du phare de Corinthe (fig. 5626) an revers d'une monnaie de cette ville, à l'effigie de Marc-Aurèle jeune, où. Mionnet voulait voir à tort un obélisque de cirque 4. i.e port de Chrysopolis de Bi thynie, en face de Byzance, st indiqué sur la Table de Peutinger, comme celui d'Alexandrie, par une tour à deux étages que sure monte une lanterne figurée par un disque.Une monnaie d'une autre ville de Bithynie, Caesarea Germanica, située sur la côte entre Apalnée et )ascylium, nous donne une vue de son port : la tour que l'on distingue e l'entrée servait sans doute de
phare ". Deux épigrammes (le ("Anthologie, de basse
époque, concernent le phare de Smyrne '. Bien que la ville de Perga en Pamphylie ne soit pas sur le bord de la mer, il semble qu'une de ses monnaies porte l'image d'un phare jointe à celle d'un navire '. C'est encore par une monnaie que l'on connaitle phare d'Aegae, en Cilicie'.
Lespri ncipaux ports de l'Italie àl'époque impériale possédaient des tours lumineuses à l'image de celle d'Alexandrie'. Pline, dansle passage même où ilparle du monument de Sostrate, déclare que des édifices analogues ont été construits à Garenne, à Ostie et ailleurs 10. Du côté de l'Adriatique il faut citer, outre le phare de Ravenne, connu seulement par ce texte de Pline, celui d'Aquilée, indiqué peut-être par une tour sur la Table de Peutinger, et celui de Brindisi, irrité d'Alexandrie au témoignage de Poirlponius Méta, et bâti dans une petite île 11. L'un des basreliefs de la colonne Trajane nous montre, parmi d'autres édifices, un phare12 où l'on a voulu voir celui d'Ancône" ; Trajan a fait dans cette ville de grands travaux 14 ,toute une série de bas-reliefs mettrait sous nos yeux l'embarquement des troupes partant pour la Dacie. Mais il est plus probable qu'il faut distinguer les scènes de l'embarquement de l'empereur et de ses soldats d'Ancône et celles du débarquement de Trajan à Jacter (%ara) en Lihurnie, qui fait face à Ancône ; le phare serait celui qui se trouvait près de Jader,surl'étroit chenalreliant.les deux golfes de Sebenico et de Scardona i°. Sur la côte de la nier Tyrrhénienne, le port de Centumcellae (Civitavecchia), création de Trajan, était fermé par une 'de artificielle qui ressemblait à celle de Pharos devant Alexandrie ; les tours qui marquaient l'entrée du bassin intérieur devaient jouer le rôle de phares 1".Lephared'Ostiefutconstruit sous le règne de Claude on avait coulé àl'entrée du port un lourd navire de charge
qui supportait la tour lumineuse . La Table de Peutinger nous montre qu'en effet; ce phare était isolé en avant des ,jetées; de forme carrée, il comprenait plusieurs étages. Juvénal y fait allusion "il] est représenté sur un bas-relief de la collection Torlonia : il apparaît à l'arrière-plan, au centre de la scène ; une flamme s'échappe du sommet (fig. 5627) ; dans le même
bas-relief, en haut àgauche, 1'Annone personnifiée a sur ta tètc',en guise de couronne l'image réduite du phare, avec trois étages superposés. Plusieurs monnaies de Néron portent au revers une vue du port d'Ostie LXAVALmA, p. 18, fig. 5261;. ; on y aperçoit le phare, isolé devant l'extrémité des quais et surmonté d'une statue 2° C'est aussi à Ostie qu'il faut rapporter plusieursmédailIons de Commode dont l'interprétation a été très discutée. Deux petits personnages, debout sur le rivage, près d'un autel, immolentun taureau ; derrière eux, sur un soubassement carré, est une tour à plusieurs étages,qui diminuent d'importance à mesure qu'ils s'élèvent; deux navires et trois barques se dirigent vers la côte ; on lit dans le d'amples mots votis Minibus 21. M. Frmhner
croit que ces médaillons ont été frappés en 186, lors de
l'institution de la classis afl'icana, qui amenait en Italie
pour' l'annone leblé d Afrique et suppléait aubesoinlacla.s
'mARIUS, NAVICULABILs : la flotte jette l'ancre heureusement devant Ostie et l einpereur offre aux dieux un sacrifice de remerciement 22. Un médaillon de Dioclétien, imité de ceux de Commode, reproduit la même scène, avec quelques différences dans la forme des vaisseaux et le nombre des rameurs ; en outre, deux enseignes militaires y sont figurées : il dut être frappé à l'occasion d'une expédition de Maximien, qui partit d'Ostie pour aller en Afrique combattre les Maures (297 ap. J.-C.; =h Le phare de Baies n'est pas cité dans les textes et il n'en reste aucune trace
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sur le terrain ; mais un vase de verre trouvé aux environs de Rome nous donne la vue en relief d'une série d'édifices et de localités situés entre Baies et Pouzzoles; des inscriptions les désignent; l'un des monuments est appelé farcis 1; d'après l'ordre suivi dans l'énumération des divers points de la côte ce ne petit être que le phare de Baies 2, et non, comme on l'avait cru d'abord, celui de Pouzzoles. Ce dernier non plus n'est pas mentionné explicitement par les auteurs anciens 3 ; cependant Capitolin, dans sa vie d'Antonin, raconte que l'on doit à cet empereur, entre autres travaux, un phare restauré, le port de Gaète, etc. 4 ; on sait qu'Antonin a fait entreprendre des constructions importantes à Pouzzoles 0 ; le phare mentionné par Capitolin est très probablement celui de cette ville. Celui de l'île de Caprées était assez ancien : un tremblement de terre le renversa à la fin du règne de Tibère r ; il fut relevé par la suite, car le poète Stace, au temps de Domitien, le cite"; les fouilles de Hadrawa en 1804 ont permis d'en retrouver quelques ruines au sud de la villa de Santa Maria del Soccorso; le soubassement était fait en briques de la bonne époque, fin
Fig. 5628. Monnaie de la République ou règne d'Au
de Sextus Pompée. guste 8. Enfin, sur deux monnaies de
Sextus Pompée on peut reconnaître le phare de Messine, surmonté d'une statue de Neptune tenant le trident (fig. 5628) ".
Du phare de Forum Julii (Fréjus), dans la Gaule Narbonnaise, il reste encore des vestiges importants, sur une hauteur de près de 25 mètres ; c'était une grande tour à plusieurs étages, avec un escalier extérieur, située à la jonction de la citadelle et de la jetée qui fermait le port à l'ouest; plus loin, adossé à la jetée même, existe un autre édifice beaucoup plus petit, en forme de prisme hexagonal, reposant sur une base demi-circulaire et couronné d'une pyramide; il faut y voir, non pas, ainsi qu'on l'a supposé quelquefois, un second phare, mais un signal qui indiquait de jour l'entrée aux petites barques et dont les faces portaient peut-être des cadrans solaires 10. Sur le cours inférieur du Rhône, Marius avait fait creuser un canal, les Fosses Mariennes, à l'entrée duquel, nous dit Strabon, les Marseillais élevèrent des tours-signaux" ; il est possible que ces tours fussent éclairées la nuit et utilisées comme phares. En Espagne 12, Strabon et Pomponius Méla mentionnent la tour de Cépion, imitée du phare d'Alexandrie, construite par Q. Servilius Caepio sur un îlot rocheux devant l'embouchure du Baetis ' 3.
l'extrémité nord-ouest de la péninsule ibérique le port de Brigantium (La Corogne) avait un phare carré de 40 mètres de hauteur, à plusieurs étages, desservi par un escalier extérieur; ce phare, transformé en forteresse au moyen âge, fut restauré à la fin du xvule siècle et entouré d'un revêtement de granit sur lequel un bourrelet en saillie marque le tracé de l'ancien escalier ; on l'appelle
la tour d'Hercule'; une inscription latine, recueillie auprès du monument, nous apprend qu'il avait été élevé en ex-voto par l'architecte C. Sevius Lupus, originaire d'Aemina en Lusitanie, et dédié à Mars Auguste'. Le phare bâti par Caligula à Gesoriacum (Boulogne), en 44 ap. J.-C., pour commémorer son expédition projetée contre les Bretons et ses victoires prétendues, est le plus considérable de toute l'antiquité, après celui d'Alexandrie 19. Suétone en parle, mais sans dire où il était situe
Réparé sous Charlemagne, les Anglais au temps de leur domination en firent une forteresse ; il s'écroula en plusieurs fois, de 1640 à 1644". On le connaît par les descriptions manuscrites des anciens historiens de Boulogne, Lequien et Luto, que Montfaucon avait eues déjà à sa disposition 1", et par une série de plans, de dessins et de gravures des xv", xvie et xvne siècles, parmi lesquels les gravures de Châtillon, topographe de Henri IV, méritent surtout d'être remarquées (fig. 5629). Il s'élevait sur la pointe qui domine le port de Boulogne ; il avait la forme
d'une pyramide octogonale à douze étages, en retrait l'un sur l'autre, entourés de galeries extérieures et percés chacun d'une grande ouverture du côté nord, sa hauteur totale était de 200 pieds et son diamètre de 64 pieds à la base ; l'intérieur renfermait plusieurs chambres voûtées ; nous savons par le détail comment étaient disposées les diverses assises alternées de pierres blanches, de pierres jaunes et de briques rouges qui le composaient. En face de la tour de Caligula, de l'autre côté du détroit qui séparait la Gaule de la Bretagne, se dressaient au Portus Dubris (Douvres) deux phares, oeuvre sans doute des lieutenants de Claude en cette région 20. L'un d'eux se trouvait à l'ouest de Douvres; depuis le xvIe siècle il n'en subsiste plus qu'un soubassement haut de 3 mètres 31 , l'autre, à l'est, mesure encore 10 mètres de hauteur et comprend trois étages : c'est une pyramide octogonale ; l'espace
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laissé vide à l'intérieur est carré ; chaque face est percée d'ouvertures inégales, dyssymétriquement disposées'.
En dehors des monuments qui viennent d'être énumérés et dont l'emplacement est établi par les textes ou les ruines, plusieurs documents figurés représentent des phares. Il faut citer notamment : une lampe en terre cuite publiée par Bartoli [BFCCiONOM, fig. 885] 2, une pierre gravée reproduite par Montfaucon 3, une mosaïque du musée du Capitole 4. [NAvis, fig. 5294], un sarcophage du musée de Ny-Karlsborg et un bas-relief du musée Charamonti au Vatican'. Dans l'art chrétien primitif le phare, soit seul soit accompagné du navire cinglant vers lui à pleines voiles 7 , est l'image de la foi qui éclaire et du salut promis à l'âme fidèle.
Le système d'éclairage employé par les anciens était très simple : ils allumaient de grands feux de bois ou dressaient en l'air de longues torches résineuses e; on peut croire aussi qu'ils faisaient brûler dans de grands récipients des huiles minérales°. Peut-être avaient-ils imaginé les feux à éclipse ; Pline remarque que la continuité de la lumière induirait facilement les navigateurs en erreur et leur ferait prendre les phares pour des étoiles f0. C'est probablement afin d'empêcher les confusions toujours possibles entre les différents phares, même pendant le jour, que l'on variait leur physionomie extérieure et la disposition de leurs ouvertures sur les faces, si remarquable à Boulogne. MAURICE BESMER.