Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

PHRYGIO

PIIRYGIO. Brodeur.PHRYGIUM OPUS. La broderie. Les Phrygiens passaient dans l'antiquité pour avoir inventé la broderie'. La Phrygie était célèbre par ses pâturages et l'on y faisait en grand l'élevage des moutons 2; l'abondance et la qualité des laines phrygiennes 3 expliquent le discloppement que prit en ce pays l'une des branches les plus délicates de l'art d'orner les tissus. La broderie et la tapisserie ont pour caractère commun de mêler des fils de couleur, en laine, en soie ou en or, à la trame des étoffes, de manière à produire des combinaisons diverses de lignes et de tons. Mais dans la tapisserie le dessin est ouvré en même temps que le fond; les figures sont partie intégrante du tissu. Dans la broderie, au contraire, on applique les fils de couleur sur un fond préalablement ouvré ; les figures sont superposées avec l'aiguille au tissu déjà existant. Les textes anciens ne distinguent pas toujours très nettement ces deux arts ; faute de termes assez précis et clairs, il peut être malaisé de reconnaître si les descriptions des auteurs s'appliquent à des broderies ou à des tapisseries'. D'autre part, la broderie paraît souvent confondue avec le tissage et le brochage des étoffes artistiques à dessin, imaginés eux aussi en Orient'. Elle repose cependant sur un principe tout différent: les broderies se font à la main, tandis que le tissage et le brochage sont exécutés mécaniquement, à l'aide d'un métier qui répète indéfiniment les mêmes motifs 6. L'art de la broderie était connu de toute antiquité dans la plupart des pays orientaux'. Rien n'autorise à rapporter aux seuls Phrygiens le mérite de l'avoir découvert. Les vêtements des Pharaons sur les monuments figurés de l'Égypte sont bordés de palmettes, de feuillages, de dessins d'animaux ou de divinités qui devaient être appliqués à l'aiguille sur l'étoffe ; on a retrouvé à Deirel-Bahari, dans le sarcophage d'une princesse de la xxle dynastie, une étoffe ornée d'un cartouche brodé en fil rose pâle '1 Le roi d'Égypte Amasis avait envoyé à Sparte et à Lindos, pour être déposées en offrande dans les temples, deux cuirasses de lin avec des images d'animaux en fils d'or et de pourpre d'une extrême finesses. Sur les anciens cylindres chaldéens et sur les bas-reliefs d'albâtre des palais de Ninive sont reproduits les dessins à l'aiguille qui décoraient les robes des monarques asiatiques10. Les étoffes peintes et les tissus brodés de la Babylonie ont toujours été réputés : le livre de Josué célèbre déjà les couvertures et les tapis babyloniens aux couleurs variées ii Les vêtements traînants des Perses étaient chargés de broderies 12 ; Philostrate, à propos du costume des Babyloniens, parle des figures d'animaux que brodent les Barbares 1', L'Ancien Testament fait mention à maintes reprises des étoffes brodées dont se servait le peuple hébreu 14. C'est par l'intermédiaire des Phéniciens que les héros de l'épopée homérique ont été initiés à cet art difficile" : des esclaves sidoniennes, ramenées par Pâris de ses voyages, fabriquaient dans le palais troyen les plus beaux 7Cé7iXot notx01ot du trésor de Priam 36 PHR -/ 7 PHD Les adjectifs aotxi).oç 1 et 7cv c otx( sç 2, brodé, le mot -totxlOg.«'ra 3, ornements en broderie, reviennent assez fréquemment dans les descriptions de vêtements que contiennent l'Iliade et l'Odyssée. Le voile aux couleurs variées qu'Hécube offre à Athéna celui qu'Hélène donne à Télémaque 3, la diplax à fond pourpre qu'Andromaque décore de fleurs et d'ornements géométriques, ®priva irs,e(Àa celle où Hélène avait représenté les combats des Troyens et des Achéens le héanos d'Athéna qu'embellissaient de nombreuses figures, ôa:«),a. 7 6),aa 8, étaient sans doute des ouvrages de broderie, exécutés à l'aiguille 9. Le costume des Grecs à l'époque homérique et pendant les premiers siècles qui suivirent se ressentait de l'influence orientale ; il contraste par la richesse de sa décoration avec la simplicité voulue de l'âge classique10. Les vases peints et les plus anciennes statues témoignent du goût qu'on avait primitivement pour les parures somptueuses. Sur un vase à figures noires, au milieu du chiton de Léto apparaissent des lions et des sphinx ailés" ; les vêtements de plusieurs personnages du vase F'rancois (fig. 5558) sont couverts de motifs divers et de figures, parmi lesquelles dominent les chevaux ailés 12. Sur le costume des statues archaïques de l'Acropole on distingue des palmettes, des feuilles de lotus et même une course de chars 13. Il est probable que la plupart des dessins qui rehaussaient alors le costume des Grecs étaient faits à l'aiguille ; les étoffes tombaient droites sur le dos, formant un large champ où les broderies venaient tout naturellement prendre place''. La nature des thèmes traités atteste leur provenance orientale. A partir du ve siècle la mode change [PALLIi sil.Les Grecs de l'époque classique emploient de préférence désormais des étoffes d'une seule couleur, qui font valoir les formes du corps; aucun dessin surajouté ne vient rompre l'harmonie des lignes naturelles ''. Pour les vêtements de dessous, on supprime en général tous les ornements, sauf lorsqu'il s'agit d'étoffes raides qui ne se modèlent pas sur les contours du corps humain. Pour les vêtements de dessus, on se permet tout au plus de les encadrer d'étroites bordures coloriées ; quelques auteurs parient encore d'tµlxta. bigarrés, mais ce sont des objets de luxe et peu répandus 16. La broderie, comme le brochage, parait avoir joué un rôle beaucoup moins considérable aux ve et Ive siècles qu'aux âges précédents 17. C'est surtout dans les temples et pour les cérémonies du culte que l'on reste fidèle, par esprit conservateur et par scrupule religieux, à l'ancien usage des vêtements ornés. Sur une coupe d'Hiéron (fig. 2,629), Déméter est revêtue d'un riche manteau où l'on distingue des conducteurs de chars, des che vaux ailés, des oiseaux et des dauphins une autre coupe d'Hiéron nous montre une imago de Dion m ets 67) recouverte d'un manteau flue décorent des chevaux et des dauphins 19; il est vraisemblable que ces vêtements servaient à Éleusis pour le cula: des Grandes Déesses 20. Dans la fête des 1-anatliénées, un offrait à Athéna le péplos sacré, eauvre des rréphores, que la procession portait en pompe rHEnArA; c'était une grande puce carrée oit l'on voxait figurés en couleur, sur un fond safran, les travaux et les combats de la déesse"; les tapissera es appendues aux murs intérieurs du Parthénon reproduisaient en plusieurs exemplaires les sujets brodés du péplos2'; elles sont décrites semble-t-il, dans tin passage de l'Ion d'Euripide où il est question d'une tente dressée par Ion à Delphes ;le poète parle de Delphes, ruais il ne pense qu'à Athènes 2a. Le péplos d'Athéna est représenté, sous une forme schématique, sur une coupe à figures rouges, trouvée dans les fouilles de l'Acropole, et qu'ornent des scènes de lutte, de course et de danse' Il est toujours difficile de distinguer sur les vasespeints les étoffes brodées et les tissus brochés. Cependant le doute ne paraît guère possible quand les dessins sontreprésentés chevauchant, et non pas alignés régulièrement comme ils le seraient par le travail mécanique du métier : c'est ainsi par exemple qu'une couronne de feuillage se détachant sur le devant du vêtement et une guirlande courant à travers la tunique ou le long des bras étaient vraisemblablement ajoutées à l'aiguille D'autre part, ii est bien probable que ce sont des broderies qui ornent les costumes caractéristiques de certains personnages originaires de Phrygie, patrie présumée de cet art : il suffit de citer le Pétris du vase de Carlsruhe 36 (fig. l t: ttiï` celui de la pyxis de Copenhague 2'. Jamais les Grecs ne cessèrent tout à fait de b se verbe7fout1lGns ou sp.,cotx(liw29, broder, avec ses o nymes arâaaw, lyrrAGaw, y0:pw'0, le substantif zc0ixd.024 o11 n0:m1x' ç31, brodeur, les mots notx;),tan'rn32, étoffes brodées, 7totx:),G 3'3 7rotxl},na" et ieotx.idüd;3 qui désignent l'activité du brodeur, 7rotxt),atxen ou encore 7rotxttia l7, l'art de la broderie, enfin 7rotx;)oç 38, brodé se rencontrent souvent dans les textes des auteurs de toutes les époques 34; Hesych s. r. ,iststlie. 32 Aesch. Choeph. 1013: Plat. liipp. nui. p. 298 A; s4 Poil. VH, 34. 33 Plut. De Is, et Os. 77, p. 382 C. 36 Poll L. . Agam. 921 Ptah Bau l'ffit p. c. PHR -448PHR Iltna('i,o; et ses composés peuvent désigner aussi, il est vrai, des étoffesbrocliées. Mais le doute n'est plus permis quand les mots employés donnent à entendre clairement qu'il était fait usage de l'aiguille ; tel est le cas pour aTtxrdç coussin brodé y. A Athènes comme dans le monde homérique la broderie était essentiellement une industrie féminine et domestique; c'étaient presque toujours des femmes, à l'intérieur du gynécée, qui travaillaient à décorer les vête sacrées. Athéna devait aux Arréphores son péplos. Une peinture de vase nous montre une Athénienne à l'ouvrage, assise devant son métier et brodant à l'aiguille (fig. 5637)9. Les victoires d'Alexandre et les rapports nouveaux des Grecs avec l'Orient conquis provoquèrent un retour aux usages des premiers siècles 6. On se plut comme autrefois à surcharger le costume d'ornements complexes et somptueux, imités de ceux que portaient les vêtements ordinaires des Asiatiques. Alexandre possédait un manteau magnifique et multicolore, oeuvre, disait-on, de cet Hélikon de Chypre 7 qui passait pour avoir inventé jadis, en même temps que son compatriote Akésas et l'Égyptien Pathymias 3, le tissage en fils de couleur. Pollux parle des habits précieux et richement travaillés que les Macédoniens tiraient de la Perse 9. Démocrite d'Éphèse vante le luxe des vêtements qu'on faisait dans sa patrie10. Avec les siècles la technique s'était perfectionnée; une va piété plus grande s'introduisait à la fois dans les procédés de fabrication et dans le choix des sujets reproduits. Con fragment de sculpture du le siècle avant l'ère chrétienne, découvert à Lycosura, représente le manteau de Déméter; on y voit des ornements en relief, imitant d'épaisses broderies et dont le style atteste l'influence de l'art hellénistique; des guirlandes de feuillages encadrent plusieurs zones superposées de personnages aux attitudes variées : femmes à tètes d'animaux jouant des instruments de musique, Victoires tenant des candélabres, divinités des eaux à cheval sur des animaux marins" (fig. 5638). C'est à l'époque hellénistique, d'après Pline, qu'auraient été imaginés par les artisans alexandrins le tissage, sur les métiers à plusieurs lices, des étoffes brochées appelées polymita, et par le roi Attale de Pergame les tissus brochés d'or 12. En réalité, les uns et les autres étaient connus très anciennement en Orientt3. On ne saurait nier du moins que les successeurs d'Alexandre aient favorisé de tout leur pouvoir l'essor des industries de luxe : les vases peints 1'° et les peintures murales de Campanie" en témoignent. La broderie, comme tous les arts voisins, a profité de ces encouragements et des progrès accomplis. Aussi n'est-il pas surprenant qu'au temps de la domination romaine, l'Occident soit encore tributaire en ces matières de l'Orient hellénisé. Trois régions surtout, la Phrygie, la Babylonie et l'Égypte, paraissent avoir contribué à approvisionner d'étoffes brodées Rome, l'Italie et tout le monde occidental10. La Phrygie devait donner son nom à un genre particulier de broderie 17. Laodicée était un centre important du commerce des tissus ; on venait y acheter les étoffes fabriquées dans la région13 et celles qu'apportaient de plus loin les caravanes de l'intérieur 19; là se tenait le grand marché des broderies d'Orient. Les Babyloniens excellaient à la fois dans la tapisserie20, le brochage 21 et la broderie : Martial22 et Flavius Josèphe23 parlent expressément des tissus bigarrés de Babylone, travaillés à l'aiguille. L'Égypte, enfin, rivalisait avec la Chaldée : Martial oppose le pecten des Égyptiens à l'acus des Babyloniens 24, c'est-àdire le tissage à la broderie, mais Lucain nous montre l'aiguille et le peigne concourant à la fois à embellir le voile de Sidon que porte Cléopâtre 2j. L'art du brodeur devait rester longtemps en faveur sur les bords du Nil : les tombes coptes de l'époque byzantine, découvertes notamment dans le Fayoum, renferment un grand nombre de linceuls luxueusement brodés" Les Romains considéraient la broderie comme une véritable peinture, apposée avec l'aiguille (ACUS] sur la trame des tissus L'expression acu pingere ou même le seul verbe pingere voulait dire broder 2a, et les broderies étaient appelées poétiquement picturae 29, les brodeurs pictores30. On rencontre dans plusieurs inscriptions funéraires d'esclaves le mot ornatrix" , qui s'applique dans certains cas à des brodeuses 32 : en Italie, aussi bien qu'en Grèce, la fabrication des étoffes décorées de dessins à l'aiguille était confiée fréquemment à des femmes de condition servile. Les noms qu'on donnait le plus souvent aux brodeurs étaient ceux de phrygiones 33 PHR f449 PIIR et de plumarii' ; les auteurs ne les emploient pas indifféremment l'un pour l'autre : ils désignent deux genres différents de travaux. Selon toute apparence, les Romains entendaient par phrygium opus la broderie à point croisé, originaire de Phrygie, correspondant au dessin en pointillé, et par plumarium opus la broderie à point plat, originaire peut-être de Babylonie2, correspondant au dessin au traita. Les vestes phrygiae4, phrygianaes ou phrygioniae 0 étaient les étoffes et les vêtements ornés à la mode phrygienne, en point croisé. Le sens du mot plumarius et de tous ceux qui s'y rattachent, plumare7, plumatile8, indumenta plumea9, ventis plurnaria10, ars plumariall ou 7CÀOUtJl.xptat,'2, a été très discuté. Il est certain en tout cas que le plumarius était un brodeur et non un tisserand l2; on sait, par l'Édit de Dioclétien sur le maximum, qu'il décorait les vêtements et les tapis déjà tissés 74 ; si Vitruve appelle textrina les ateliers des plumarii, qu'il recommande de placer, comme ceux des peintres, face au nord", c'est par simple analogie et faute d'un terme plus exact spécialement réservé à ce corps d'artisans. D'après Semper, la broderie plate dériverait de l'emploi des barbes de plumes disposées sur un fond de manière à y dessiner des figures, comme on le fait encore aujourd'hui chez les Tyroliens et certains indigènes de l'Amérique septentrionale ; de là viendrait son nom". Rock1' et Marquardt18 estiment, avec plus de raison, que l'expression plumarium opus fut inventée à cause de la ressemblance que présentent des fils de couleurs parallèles et symétriquement disposés avec les fibres des de plumes d'oiseaux 19; une broderie dessinée sur le diptyque du consul Basilius donne l'impression de plumes superposées symétriquement comme des écailles 20 Les phrygiones et les plumarii étaient tantôt des esclaves travaillant pour leur maître dans sa maison21, tantôt des ouvriers indépendants établis à leur compte2''. Pour exécuter des broderies d'or, à l'aide de fils dorés apposés sur les fonds23, on avait recours à fars plumaria 2'' et non à l'opus phrygium. Les BARBARICAffit avaient pour spécialité d'imiter les étoffes barbares en appliquant sur les objets de fer ou de bronze des ornements d'or et d'argent; l'Édit de Dioclétien les nomme aussitôt après les plumarii" et le commentaire de Donat sur l'Enéide, ainsi que les lexicographes de basse époque, paraît les tenir pour des fabricants de broderies d'or 26. Les broderies servaient chez les Romains à orner différents objets du mobilier domestique. Les textes littéraires nous parlent d'oreillers et de coussins (pulvinaria) VII. brodés`", de housses (slragula) "23 et de lits (lecti acclrbitorii) 29 recouverts de peintures, c'est-à-dire de dessins en couleur faits à l'aiguille ; l'Édit de Dioclétien fait mention de couvertures de cheval ornées ab acu'J0. Mais, en Italie comme en Grèce, c'est surtout pour décorer les vétements que l'on utilisait le travail des brodeurs. D'après la tradition,les étoffes brodées auraient été introduites dans le Latium par les Etrusques. Tarquin l'Ancien avait reçu d'eux, disait-on, un manteau brodé d'or et de pourpre 3t. Sur l'une des peintures murales qui décoraient les tombes étrusques de Vulci apparaît un personnage couvert d'un riche manteau (fig. 5639); les figures de son vêtement ne pouvaient être que brodées 32. A l'époque républicaine, la toua pista et la tunica palmata [TOGA, TUNICA], rehaussées de broderies et d'applications de pourpre et d'or, sont les vêtements officiels des triomphateurs; sous l'Empire, elles devien nent le costume de cérémonie des empereurs [IMPERATOB, p. 426-427] et des consuls à leur entrée en charge 33 costume féminin était brodé 34. A partir du ute et du Ive siècle de l'ère chrétienne, le luxe du vêtement se développa prodigieusement dans tout l'Empire. Aurélien mit officiellement à la mode l'usage des étoffes dorées et des bijoux rares : il paraissait en public avec la pompe d'un despote d'A siea'; l'exemple qu'il donnait devait - être suivi par Dioclétien et tous ses bradéManteau successeurs. Les particuliers imitaient les princes : sous le règne de Carin, des étoffes magnifiques de Tyr et de Sidon, aux broderies délicates, étaient distribuées par Junius Messala aux comédiens de la capitale 36. L'Édit de Dioclétien contient un certain nombre de prescriptions relatives au salaire des plumarii31 et au prix de vente maximum des couvertures de cheval'', des vêtements 39 et des tapis iG décôrés de dessins à l'aiguille. Les monuments figurés du Bas-Empire confirment ce que les écrivains nous disent de l'essor excessif du luxe. La toge [TOGA] et la chlamyde [COLAMYs, p. 1116 et fig. 1420] du Bas-Empire étaient chargées de pièces d'application brodées d'or [SEGMENTA[''. Les sujets représentés sur les broderies étaient souvent assez compliqués. On aimait à reproduire le tracé des caractères de l'alphabet 42. Le terme de sigillata vestitaenta désignait les vêtements ornés de broderies à 57 PM _s 4,50 P1-11` figures et peutêtre. ri-Rime en relief, plus ou moins analogues à celles du manteau de Déméter retrouvé à Lycosura. Claudieu, dans son Enléeelnent de Proserpn e, décrit un grand ouvrage brodé, par la d~-e : on y voyait les éléments de la nature, les difi'é r!~ s ri''«ions de la terre, le séjour des Mânes, l'Océan2. L'i1•t de la broderie, depuis ses lointaines origines dans les pays d'Orient, s'était profondément transformé. L'aiguille agile des artisans de l'antiquité finissante savait se plier à tous les caprices du goût et se jouer des difficultés ; elle osait dessiner sur la trame des tissus de vastes tableaux aux vives couleurs, aux personnages multiples. Par l'ampleur des motifs choisis, qui nuisait d'ailleurs à l'harmonie des proportions et aux qualités techniques du travail, la broderie s'efforçait de rivaliser avec la peinture même et de justifier ainsi le nom de pictur'a que lui donnaient quelquefois les Romains. Elle devait se perpétuer dans les divers pays de culture gréco-latine aussi bien qu'en Orient ° ; à Constantinople en particulier on continua pendant tout le moyen âge à pratiquer simultanément l'opus phrygiuln et l'opus pluntarïurn selon les procédés des anciens 4. Notre vieux mot français orf'roi n'est que la transcription littérale du latin auruni frisiuln, pour phrygium. PH VLÈ (49;à:,). I. Évolution. La tribu n'a pas été une division universelle ni nécessaire des villes grecques'. Elle ni ce caractère à, l'époque primitive que chez les Doriens, dans leurs colonies et chez les Ioniens de l'Attique. Nous ne savons pas à quelle époque elle remonte`, si elle est antérieure aux migrations; en tout cas elle existe au moment de l'établissement dans la Grèce des Doriens et des Ioniens, puisque l'Iliade et l'Odyssée connaissent sûrement les quatre tribus ioniennes et les trois tribus doriennes et qu'elles y paraissent déjà être le principal cadre administratif au moins pour la marine'. Composées peut-être à l'origine de familles parentes', les tribus ne désignent certainement dans la première période ni des castes ni des races différentes s, mais simplement des divisions d'une même race, établies chacune dans un district déterminé ; elles sont territoriales ; mais naturellement et fatalement elles deviennent très vite personnelles et cette évolution parait déjà accomplie à l'époque de la deuxième colonisation. Dans une deuxième période, à la suite de révolutions tiques, ou, surtout dans les colonies ioniennes, de l'adjonction de races étrangères, les anciennes tribus sont souvent complétées ou même totalement remplacées par de nouvelles tribus, d'abord locales, mais qui ne tardent pas non plus à devenir personnelles. Enfin dans une troisième période, depuis Alexandre et sous l'Empire romain, surtout dans l'Asie mineure, on établit presque partout, pour les besoins administratifs, à l'imitation des anciennes tribus, des tribus nouvelles, plus nombreuses, soit genlilices, soit territoriales, appelées de noms de différente nature, de dieux, de héros, de princes, d'empereurs, de localités, de peuples, fondées sur une fiction de parenté originelle, et tout à fait artificielles. H. Les tribus doriennes' . -Nous les trouvons d'abord, depuis les origines à Sparte. Ce sont les `Y naaiç, les Auutxveç, les IIâ1.yvaoi. Elles furent remplacées de bonne heure, comme organe administratif, par des tribus locales, en nombre inconnu, peut-être neuf, appelées des noms de quartiers de Sparte, parmi lesquelles on connaît Limnai, kynosura, Mesoa, Pitane, peut-être Dyme 8. Ces nouvelles tribus avaient chacune leur lieu de réunion, €ay'r, et probablement des divisions dont nous ne savons pas exactement le rapport avec les groupes locaux, dits tiiexi ° ; c'étaient probablement les vingt-sept phratries dont parle un texte postérieur f0. D'après la législation dite de Lycurgue, la tribu décidait si les nouveau-nés devaient être nourris ou exposés 11. 2° Dans les villes doriennes ou ayant subi l'influence dorienne de la Crète 1t. Les tribus y avaient comme subdivision, au moins dans plusieurs villes, le CTéyrori qui parait analogue à la phratrie. On tonnait cinq noms de ces groupes secondaires": ils élisaient probablement les cosmes, pris pour l'année dans des familles des trois tribus et divisés en trois sections qui fonctionnaient à tour de rôle. Dans la loi de Gortyne la tribu (erv), x) a des droits sur la fille épiclère ]EPISLEROS, p. 664] ; on présente peut-être la fille légitime à son assemblée 1 t ; à Lyttos des distributions d'argent se font par tribus°.30 A Épidaure 7G, où le sénat est divisé en portions correspondant aux tribus et qui ont le pouvoir à tour de rôle. Mais il y a quatre tribus, les Hylleis, les Dymaneis, et deux autres qui sontfes `Yaylvn Txt et tantôt les Aixxztoi, tantôt les 'AvTtoi. 4° A Argos, otl elles ont été sûrement d'abord localest1. On y ajoute plus tard la tribu des Hyrnathioife qui comprit probablement les habitants non doriens. 5° A Sicyone l', où on P HY --151PHY ajouta plus tard aussi une quatrième tribu locale. appelée sous Clisthène 'Ap;t=)'.aot, après lui 'Atyta)c e-'. 6° A Corinthe 2, où elles furent de bonne heure, peutêtre sous les Cypsélides 3, remplacées par huit tribus, sans doute d'abord locales. 7° A Mégare, où sous l'Empire fut ajoutée la tribu des `Aôctaviôa., et à côté d'une autre division locale ancienne en cinq cônes'`. 8° A Trézène où fut créée plus tard une quatrième tribu, la Scheliadas8. 9° Probablement à Dyme, où elles eurent plus tard les noms nouveaux de Auua(a, ToxT(ç, OrrN.ta(a'. 10° A Théra 6. 11° A Halicarnasse'. 12° A Corcyre eL à Corcyre la Noire 50, 13° A Cos, où elles se maintinrent avec leurs phratries et leurs cultes spéciaux (cultes d'Apollon et d'Héraclès à Ilalasarna) à côté de nouvelles divisions, tantôt en TptaxüÂEç et en 7rEVTAxoaTtiEç, tantôt en 14' A Calymna 12, oit elles paraissent, probablement à la suite d'un remaniement administratif qui les fit redevenir locales, avoir pris les noms nouveaux de KuôornEtot, l~EUyEVE~at, 'I'raafèat ; lorsque Calymna tomba sous la dépendance de Cos, ces tribus devinrent sans doute de simples ou yyévutxt, 15° A Héraclée du Pont, où elles furent remplacées à une époque inconnue par les tribus ioniennes et où elles avaient comme subdivisions soixante sxzTOoTdsç (centaines) sans doute empruntées à Byzance 1'. 16° Probablement Rhodes. Les trois tribus peuvent avoir correspondu primitivement aux trois villes de Ialysos, Kameiros, Lindos ii ; ces noms prirent le dessus et les villes se séparèrent ; mais après le synoecisme il est encore question d'une tribu Pianreiris; avant le syncrcisme chaque ville avait peut-être ses tribus; ainsi on connaît une Altlzairnenis; comme divisions secondaires, il y avait des ouyyésEtat et des 7réopai 1217° A Agrigente, où chacune parait présider à tour de rôle l'assemblée du peuple '10, et peut-être à Syracuse". 18° A Cyrène, où c'est probablement sur le modèle des tribus anciennes que Démonax établit trois tribus gentilices, une pour les anciens citoyens originaires de Théra, et pour les périèques, l'autre pour les citoyens venus du Péloponnèse et de la Crète, la troisième pour ceux venus des ïles1° III. Les t'i1 us ioniennes dams l'Attique. Les quatre tribus ioniennes que la légende attribue à ion, la personnification de I'Ionie, ou à ses fils, ou à Thésée'-9, portaient les noms de PEÀéovTE0, 'Orr),rITEç, 'Apylt ç, Aiytxopais. Ces noms désignaient-ils primitivement des castes dans la race ionienne? Se rapportaient-ils au caractère et aux différentes occupations des gens de l'Attique, ou à trois anciens peuples de ce pays fondus avec les Ioniens 20 ? Aucune de ces hypothèses n'est satisfaisante, non plus que les étymologies qui font des r!igileoreis les chevriers, des il rgadeis les ouvriers oules laboureurs21, desflopletes tes soldats 70, des Ge/eontes les brillants, les laboureurs ou les nobles ou les prêtres''. I1 n'y a aucune preuve de l'existence de castes; l'égalité des tribus exclut l'hypothèse d'une différence de races. Leurs noms viennent plutôt des noms de divinités propres à chacune des tribus, divisions artificielles d'une même race''. L'épopée homérique indique la division en quatre parties non seulement dans des villes ioniennes, mais encore dans d'autres pays tels quePÉlide'Dans l'Attique, les quatre tribus paraissent avoir été locales; c'est ainsi que se les représentaient les anciens, puisque d'après Aristote26, à l'époque de Solon, chaque tribu était divisée en trois trittyes et comprenait douze naucraries, et que la naucrarie était une division territoriale NALcRARIAj. Elles avaient à Ieur tète les quatre huÀ!aosÀEïç que plusieurs auteurs modernes" identifient avec les prytanes des naucrares et qui dans cette hypothèse auraient joué un rôle capital, comme magistrats chargés du pouvoir exécutif dans l'affaire de Cylon et comme juges au prytanée". On peut admettre que les tribus comprenaient toute la population, nobles et non nobles, mais que leurs rois devaient être pris alors, comme dans la suite, parlai les Eupatrides" [EUPA'rRIDES, p.854]. Nous ignorons complètement quel fut le rapport des tribus avec la division ultérieure, attribuée par la légende à Thésée, en trois classes, les Eupatrides, les Ouvriers, les Laboureurs'''. Épargnées par la réforme de Solon, les tribus ioniennes furent remplacées, comme rouage administratif, par les dix tribus locales établies par Clisthène en 508", mais elles se maintinrent sans doute comme corporations sacrées, car on trouve encore plus tard les .iAsàzE¢ç i Eû7tu-cet de, dont la caisse fournit de l'argent pour des sacrifices 32 et qui jugent auPrytaneion 33 iEPI3E'lAI,p, €i'18 1, Les noms des tribus de Clisthène, choisis par l'oracle de Delphes sur une liste de cent noms de héros indigènes'', PHY 452 PHY sont les suivants : 'EptyO-lç, Ai'-fç, Hxvôtov(ç, AEwvT(ç, 'Axap.âvrtç, Oheç, KExpo71(ç, '17[7COQwv'(ç,AiavT(ç, 'AvTtoyiç, dans un ordre hiérarchique qui fut maintenu dans la suite'. Ils ont été appliqués aux membres mêmes des tribus, aux pua-rai, sous la forme 'EpszOEïôal, AEwvTtix( 2. Clisthène mélangea dans ses dix tribus toute la population en y ajoutant un grand nombre de nouveaux citoyens qui étaient soit des étrangers libres et des affranchis devenus métèques 3, soit, dans une autre hypothèse, des travailleurs agricoles qui n'avaient pas encore le droit de cité'. Les trente trittyes créées par Clisthène étaient réparties dix par dix en trois districts b, le district urbain embrassant la ville, les faubourgs et le territoire environnant, et ayant pour limites l'Aigaleos, la crête de 1'Hymette et la mer ; le district côtier comprenant la côte de l'est, la péninsule du sud, la côte du sud-ouest et le territoire d'Eleusis depuis la mer jusqu'aux collines entre le Parnès et le Cithéron; le district intérieur ayant la Diacrie, sauf la côte, le haut Cephise et la région au sud du Pentélique et à l'est de l'Hymette'. Chaque tribu comprit trois trittyes tirées au sort, c'est-à-dire une portion de chacun des trois districts 7, et un certain nombre de dèmes que nous ne connaissons pas exactement' et qui dut d'ailleurs varier dans la suite par la création de nouveaux dèmes'. Les dèmes de chaque tribu formaient ainsi, sauf quelques exceptions, trois groupes compacts [DEMOS, TBITTYS]. Sans jouer de rôle politique, les dix tribus furent cependant un organe important de la constitution athénienne. Chaque tribu avait son héros éponyme dont la statue s'élevait au côté sud de l'Agora, devant le sénat, près des prytanes, sans doute à un endroit un peu élevé qui servait à des publications de toutes sortes, où les euthynes s'asseyaient pour recevoir les plaintes10. Chaque éponyme avait son prêtre, son sanctuaire qui servait en même temps d'archives, de trésor et de local des fêtes ", sa part de biens fonciers dans les clérouquiesi2. La tribu avait ses fonctionnaires électifs, un trésorier (Txii.(aç), des épimélètes, chargés de convoquer l'assemblée qui se tenait à la ville 13, de rédiger les décrets, surtout les éloges, de gérer, d'affermer les biens des tribus'", de lever certaines contributionsf5 [EPIMELETAI, p. 690]. Son assemblée faisait des décrets sur l'administration des biens 16 , sur les honneurs à décerner et sur d'autres objets, choisissait ses fonctionnaires, les commissions de Tety077CO1o(, de Tatppo7toto(f7. Quelques 554 b, 550, 58, 492, 393, 559, 567 b ; Bull. de torr. hell. 1889, 257, '259 ; Pausant liturgies étaient réparties par tribus", ainsi la gymna sia.rchie [GYMNASIAHCHIA, p. 1675] 1°, l'hestiasis [HESTIASIS]. Pour la chorégie, nous renvoyons à l'article cnoaEGIA ; ajoutons seulement ici que dans les choeurs lyriques les dix chorèges étaient élus par les tribus longtemps avant la fête, pour que l'archonte, dès son entrée en charge, pût examiner leurs excuses" ; aux Thargélies, cinq tribus seulement choisissaient chacune un chorège auquel était adjointe une seconde tribu pour compléter le choeur; les choeurs devaient être recrutés dans la tribu ; c'est la tribu du chorège qui triomphait"; mais dès le ve siècle, le chorège fut appelé le vainqueur ; il recevait de l'archonte au nom de la tribu la couronne et le trépied 22 ; les plus anciennes inscriptions qui servaient de bases à ces trépieds nomment la tribu, le chorège, le didaskalos, et aussi l'archonte ; pour celles des Thargélies le chorège est nommé en première place 23 ; pour les choeurs dramatiques pendant longtemps on ne tint pas compte des tribus; les chorèges fonctionnaient plutôt en leur propre nom et étaient choisis par l'archonte; cependant, à l'époque d'Aristote, les tribus fournissaient les cinq chorèges pour les choeurs comiques 21. On répartissait souvent les travaux publics entre les tribus qui nommaient alors chacune un ou plusieurs commissaires spéciaux, des xetyonoto( et des Tafpp07COtOi pour les murailles et les fossés, des Tptr po7rollxoi pour les navires 25. Sur les tribus reposait aussi en partie l'organisation militaire; chaque tribu fournissait une Ta;tç ou une csua7] d'hoplites et une tpu),r de cavalerie; l'hoplite servait dans la tribu où il était citoyen2" ; aux ve et ive siècles av. J.-C., les jeunes citoyens étaient inscrits à la sortie de l'éphébie sur le registre de chaque tribu. On élisait un taxiarque et un phylarque dans chaque tribu27; les stratèges furent également choisis par tribu, tant qu'ils commandèrent le contingent de la tribu ; plus tard, à une date inconnue, avant 441 av. J.-C., ils furent choisis dans tout le peuple28, mais on tint toujours compte des tribus dans une certaine mesure [STRATEGOS] ; il y eut rarement deux stratèges d'une tribu, jamais plus 29. C'est la tribu qui était victorieuse dans les concours collectifs d'Eilavip(«, d'Ebo7),(« et d's Tai;(a pour les cavaliers [EQOITES, p. 758]. Sur la tribu reposait en partie l'organisation de l'éphébie [EPHEBI, p. 626-627]. Pour plusieurs collèges de dix fonctionnaires, le sort fournissait un membre par tribu, ainsi pour les tréso Aesch. 3, 27). 14 C. i. ait. 2, 553, 564, 565, 558, 559, 872, 1179, 1181, 1209, 17 C. i. att. 2, 553-555, 557-559, 562, 554 b, 567, 830, 833; Bull. de corn 20 Dem. 20, 30 ; 21, 13; 39, 7 ; 4, 36 ; Aristot. Ath. pot. 56. 21 C. i. att. 2. 971, a, 7 ; 8, 8 ; c, 4 ; e, 10, 15, 17 ; 1234, 1235, 1238, 1239, 1212, 1243, 1215, 1246, 1217, 1249, 1250, 1258, 1259, 1262, 1265, 1266, 1270, 1274; Antiph. 6, 11. -22 Xen. d'Aristote. 2e Herod. 6, 111; Thuc. 6, 98, 101; 8, 92, 4; 3, 87 ; Xen. Bell. 4, 2, 19 ; Bipparch. 3, 11 ; Lys. 13, 79, 82 ; 16, 16 ; Is. 2, 42 ; Plut. 61, 1; 22, 2; Pollux, 8, 87; Dem. 23, 171; Plat. Comic. fragni. 185; Plut. p. 27-28, PHY 453 PHY riers de la déesse, les polètes, les apodektes, les athlothètes'. Depuis le milieu du Ive siècle, le secrétaire annuel était désigné dans l'ordre réglementaire des tribus2. Pour les archontes, il y eut de nombreux changements : à l'époque de Solon chaque tribu choisissait dix candidats sur lesquels le sort donnait les neuf magistrats; peu après Solon, sous Pisistrate et ses fils, ce mode d'élection fut remplacé par le choix direct ; puis en 487 il y eut un nouveau système, le choix par les dèmes de 500 candidats et un tirage au sort qui donnait un représentant à chaque tribu, le scribe des thesmothètes à la dixième 4 ; enfin, probablement après Euclide, les dèmes furent éliminés et le sort donna les candidats pour toute la tribu, sans doute en tout cent' ; et chaque tribu eut probablement à tour de rôle un des différents archontes. Au sénat des Cinq-Cents, chaque tribu fournissait cinquante membres, répartis sans doute entre les dèmes proportionnellement à leur grandeur6; on sait que les cinquante représentants de chaque tribu formaient dans un ordre tiré au sort chaque année la commission permanente des prytanes, présidée par l'épistate des prytanes; et que plus tard, sans doute entre 402 et 378, l'épistate des prytanes tira au sort pour présider le sénat et l'assemblée neuf proèdres, un dans chaque tribu, excepté celle qui avait la prytanie, et parmi eux l'épistate Le sénat fournissait pour certaines fêtes dix hiéropes, pris tantôt par tribu parmi tous les sénateurs, tantôt seulement parmi les prytanes'. Parmi les magistrats judiciaires, les Quarante étaient tirés au sort quatre par tribu et les cinq Eisagogeis un pour deux tribus 3. La Politique des Athéniens d'Aristote' a prouvé que les arbitres publics n'étaient pas choisis par tribu, mais que c'étaient tous les citoyens se trouvant dans leur soixantième année. La section des Quarante qui correspondait à la tribu du défendeur transmettait le procès à un arbitre tiré au sort; ce tirage au sort avait-il lieu parmi tous les arbitres du collège ou dans une section correspondant à la même tribu ? Il y a doute sur ce point10. II y avait des liens de solidarité entre les membres des tribus ". Les listes des citoyens morts à la guerre étaient gravées par tribus, dans l'ordre hiérarchique, et il y avait pour leurs restes un cercueil par tribu". Sous Démétrius Poliorcète, en 306/5, furent créées les deux nouvelles tribus Antigonis et Demetrias, et le Sénat eut alors 600 membres 13 ; ces tribus disparurent soit en 265, soit plutôt en 200; entre 229 et 221 fut créée la tribu Ptolemais, ainsi nommée de Ptolémée Philadelphe 14; en 200, il y eut de nouveau douze tribus par la création de l'Attalis, en l'honneur d'Attale let 13 Hadrien, entre 121 et125, donna son nom àun dème et à une treizième tribu et le Sénat fut ramené à 500 membres 16 ; il en eut 750 au nit et 300 au 1v° siècle ". IV. Les tribus ioniennes en. dehors de l'Attique. Le système ionien a montré dans les colonies ioniennes plus de souplesse que le système dorien. Il comporte tantôt les quatre tribus, tantôt davantage, tantôt moins, tantôt d'autres tribus tout à fait différentes ou imitées de celles de Clisthène. Nos renseignements sont, du reste, incomplets. Nous ne savons rien sur Thasos 78, Paros, Nasos, Syphnos, Seriphos, Ios. Nous ignorons la nature des tribus de Ceos, Carthaea, Andros, Chalcis et Histiaea d'Eubée", Syros 20, Chies 21; d'Amorgos on ne connaît qu'une tribu, non ionienne, d'origine postérieure 22 ; d'Érythrée que trois tribus, dont une appelée Chalkisn . On trouve les quatre tribus ioniennes : à Délos qui les tient d'Athènes 24; à Téos où nous ignorons leur rapport avec les 7t6pyot, districts locaux, et les eup.uop(at, groupes gentilices 27. Cyzique a eu probablement à une certaine époque six tribus, dont les quatre ioniennes, plus les Bnpa!ç et les Oïvcàltsç et plus tard neuf tribus 26; Istropolis 27 Tomoi2' ont eu les six mêmes tribus; Milet paraît les avoir eues aussi d'abord, plus l'Asopis ; puis à l'imitation d'Athènes elle eut sous l'Empire douze tribus2S, avec des dèmes, des phratries et des patries. Éphèse paraît être le point de départ d'une division en chiliastyes qu'on retrouve à Samos, Cos, Lesbos; à l'époque historique elle a eu cinq tribus, Bt tveïç, T-eot, 'E' oaeîç hxpr)vaiot, EêaSvuu..ot, et des chilyastyes dont trois ont des noms de tribus ioniennes (Argadeis, Boreis, Oinopes) 30; nous ne savons donc pas si elle a eu à l'origine les tribus ioniennes, devenues ensuite simples chiliastyes, ou ces cinq tribus locales qui indiquent évidemment des éléments nouveaux. On connaît de Samos trois tribus, tyes, des hécatostyes et des y€vii 3' : on ignore si elles ont remplacé des tribus ioniennes. Les noms des sept tribus de Périnthe, colonie de Samos, Macédoniens, Acarnaniens, Podagroi, Geleontes, Boreis, Aigikoroi, Kastaleis, sont de formations différentes, pris à différentes villes, à des colons de diverses races 32. Kallatis, colonie d'Héraclée, a eu la tribu des Aigilcoreis33 ; PHY -45c PIA Primc.au iur siècle av. J.-C., une Pandionis . L':Arcadie, l'Élide, la Messénie, la Béotie, la Thessalie, la race dite éolienne ne paraissent pas avoir eu de tribus primitives. C'est seulement après le synœcisme que nous trouvons à Élis, en rapport avec le nombre des liellanodices, des tribus locales, d'abord dix, puis douze, puis !luit après la perte d'une partie du territoire, et de nouveau dix'. On connaît, polir la Messénie, à Thm•ia et à Messène, les deux tribus 1)aïphontis et Aristomachis, sans doute de l'époque macédonienne"; à Mantinée cinq tribus, avec des noms de divinités, qui correspondent sans doute aux cinq dèmes antérieurs au syncecisrne, Enyalia.s, Anakisias, Epaleas, Posoidlias, Oplodmias à Tégée, quatre tribus locales postérieures à la réunion des neuf dèmes', kxt"AOavaiav, Rpa.otitïtai, I eOo)tai, 'Axo?.nw•tiâtai; à Mégalopolis des tribus locales postérieures au synucisme, d'abord six, puis sans doute après la bataille de Sellasie neuf 6 ; des tribus à Andania oit elles fournissent chacune des t0poi pour les Mystères 7, à Phigaleia, Larissa, Phaytes 8, Methymna 0 ; pour la Béotie, à Orchomène les deux tribus peu certaines Eteokleis et Kaphisiasiè; à Ténos, douze tribus locales, à l'imitation des douze tribus d'Athènes, avec des noms de formation diverse 11 ; à Chalcédoine, sept ou peut-être quinze tribus dont la première est la Politisa'-; à Thurii, les dix tribus qui représentent les divers éléments de la. colonie, Ancus, Aches, Eleia, I3oiotia, Amphietyonis, douze tribus : Aeolis, Aselepias, Attalis, Eubois, pis, Te/eph.is ; à Magnésie du Méandre, de nombreuses tribus, dont on connaît dix noms, qui exercent tour à tour la proédrie, ont des fonctionnaires dits Asipoxpftai, présidés sans doute par un proboule 1' ; en Carie, à Mylasa, trois tribus dont on connaît deux noms cariens, les Otorcondes et les Farbesytes, qui ont chacune des biens, deux trésoriers, deux économes, des subdivisions, dÈimes et rto yy€valu{, qui n'englobent sans doute pas les nouveaux citoyens et confirment les décrets du peuple h"; à Olvmos aussi trois tribus locales, à noms cariens, qui € (1 „ 1873, p. 225). On ignore le sens d'abréviations dinscriptions d'Os 302 th. ,1lilih. L3, 346; Fans. 2, 19, 1. Aristomaclios et Daiphontès, héros héraclides. 1Le Bas, L. e 2, 352 p. -la Z 238 b, e; Strab. 337 l'ans. ° 5, 1; 8, 53, 6. Les métèques y sont inscrits. E Les six premières ont des ries de dieux : Mcadia, Apollonia, neraeleia, lierais, Pallia, Panathenaia; les cn'rts de peuples, I,ycaieus, Méualiens, Parrhasiens (Le Bas, 2, 331 b; Gardner,. Ives 0e tribu a un phy'arclue et des 'Es,N.t,,a, sacrés.10 Pans. 9, 34, 5; Drill Mus. 3,376. Au-dessous des tribus ii y a des sortes de dèmes. -12 C. ins. iv On connaît trois noms, Alexandris, Attalis, I anchois (C. i. gr. 3596, 3599. :;I'I -i7; Dittenberger, 479, 13). 31 Une Artémisias et une Ammonias (C. i. {lof e 2, p. 208. 23 Une Théséis dans une ville inconnue pris d'Odessa (Ath. .111. Manie. 12, 182 (Uémeii tau. Ama!;trirs, Dioscurias). après la sympolitie entre Olymos et Mylasa, devinrent de simples auyysvc-:ai au nombre de quatre '° ; à lasos, peutêtre six d'après le nombre des prytanes 1'; des tribus à Télos, Phocée, Cassandreia (Potidée), Thessalonique, Philippopoiis 18, Lampsaque", Ilion 20, Smyrne", Périnthe, Nicopolis, Carthaea2L. A l'intérieur de l'Asie mineure prédominent les noms de princes et surtout de dieux et de héros, Apollon, Alluma, Poseidon, Artémis, Tarente, Héraclès, Dionysios, Asklépios 23 ; les tribus sont quelquefois numérotées, généralement territoriales. On connaît des tribus : dans la Bithynie, à Nicomédie, Prusias ad Ilypium, Iladrianopolis, Prusa, Rios'''; dans la Paphlagonie, à Amastris; dans la Galatie, à Ancyre21; dans la Mysie, à Elaia, Aegae '1; dans la Phrygie à Aizanoi, Eulnenia, Dorylée, Akmonia2B; dans la Lydie à Sardes 20 ; dans la Carie à Stratonicée, Aphrodisias, Caryanda, Kys, Tralles 30, Laodicée''`, Nysa"; dans la Lycie, Pisidie, Pamphylie, Lycaonie à Kadyanda, Termessos, Side, Perge, Sillyon 31, Kibyra3' ; enfin à Palmyre 3', Panorme, Messine 76. Pour Tauromenium, Tarente, Héraclée du Siris, nous ne savons pas si des abréviations mises après des listes de noms indiquent des tribus ou d'autres groupes". Les tribus ont, en général, des assemblées, des fonctionnaires, des phylarques, des économes 35, possèdent des biens, font des décrets, fournissent des commissaires à l'État pour différentes affaires 30, servent pour les distributions publiques " ; presque partout les nouveaux citoyens sont inscrits dans une tribu et dans les autres divisions du corps social" [DEMOPOIETOS]. A l'époque postérieure, dans quelques villes, à Philadelphie, à Rhodes, des groupes d'artisans ont formé des corporations", Ce. LECRIISIN, PLACULUiM. -La distinction nécessaire entre la lustratio et le piaculurn a été faite à l'article lA ariATio. Le terme piaculurn a toujours gardé dans la langue latine un double sens. Il signifiait à la fois la faute commise, c'est-à-dire l'acte à expier', et l'expiation elle-même, c'est-à-dire l'acte par lequel la faute était expiée'. Dans le premier sens du mot, Ies piaeula consistaient essentiellement en dérogations aux règles si minutieuses du Apollonias). 32 C. i. gr. 2947-48 (doubles noms, l'un ancien, l'autre récent). 34 Petersen-Luschan, Reisen, 2, no 242 (cinq tribus avec les noms de leurs chefs). 33 Le Bas, 2578-79, Aussi a Sels, Nainara en Syrie. Antinoé en Égypte (1,e Leipzig 1885-1803;A. Martin, Les cavaliers athéniens, Paris 1886; Hermana-Thumscr, Lehrbuch der griech. Antiq. Fribourg 1889,68 éd. 1, 1, p, 287-290, 400403; RusoiL, Griech, Geschichte, Gotha, 2e éd. 1895, 11, § 15, p, 98-108; Szanto, Grie Liebenam, Stddterertuaitung ira r1ni, Kaiserreiche, Leipzig 1600, p. 220-222. PY.4CDLL'Ri, 1 Serv, Ad Aen. IV, 646; Gell N. Ait. X, 1). -= Cat. De re rituel. 011 sait qu'à home, dans toutes lei, cérémonies soit purement religieuses, soit revêtues d'un caractère religieux plus ou moins accentué, les moindres détails étaient fixés avec une précision impeccable. 11 suffisait d'un oubli en apparence insignifiant, de la plus légère erreur, pour qu'il y eût piaculum'. Dans les sacri fices, un mot mal prononcé, une libation mal répandue, un gâteau mal placé, un instrument tourné de travers, constituaient autant de piacula. Dans les jeux, des incidents presque imperceptibles, la faiblesse ou la paresse d'un des chevaux attelés aux chars, l'interruption d'une danse, l'emploi d'un histrion dans un rôle qui ne devait pas lui être dévolu : piacula 2. Les piacula étaient particulièrement nombreux et graves dans les rites funéraires et dans le culte des dieux Mânes. Nous connaissons d'autre part certains cas spéciaux : ainsi il y avait piaculum, quand un soldat romain, dévoué aux dieux infernaux par son général pour assurer la victoire aux légions, ne périssait pas dans la bataille 3; il y avait piaculum, quand on mettait en culture un lutes, quand on y faisait des travaux de terrassement ou de fouille 1; il y avait piaculum, lorsqu'on frappait de verges un condamné qui avait pu se jeter aux pieds du Flamen Dialis, tandis qu'on le conduisait au lieu du supplice Dans le sens d'expiations, actes expiatoires, les piacula n'étaient pas moins variés. On peut d'abord considérer comme piaculum la réitération de la cérémonie ou de l'acte que Pon a jugé nul et non avenu. Plutarque affirme que de son temps on recommençait les sacrifices jusqu'à trente fois 6. Il en était de même des processions et des jeux. D'après Tite-Live, les féries latines furent recommencées en 189 et en 190''; Dion Cassius rapporte qu'après le sacrilège commis paf' le tribun Clodius, on procéda à une nouvelle célébration des mystères de la Bona Deae. Le plus souvent, l'acte expiatoire consistait en un sacrifice: et, dans un grand nombre de cas, la victime était, un porc ou une truie', Certains sacrifices expiatoires avaient un caractère général : le sacrifice de la porta praecrdanea, que chaque année on offrait à Cérès avant de toucher aux fruits nouveaux, était destiné à expier les dérogations au rituel funéraire qui auraient pu être commises depuis la précédente récolte 70. Le sacrifice du ponces propudrranus, particulier à la gens Claudia, passait pour être valut piamentum et exsolutio mais contractae religionis 11 y avait même des piacula préventifs, d'après le sens attribué par M. BouchéLeclercq aux sacrifices des victimes dites praecidaneae, que l'on immolait la veille des sacrifices solennels 12. II n'était pas toujours possible de racheter par un acte expiatoire une faute commise contre le rituel ou une violation du jus sacrum En thèse générale, l'expiation n'était pas admise quand la faute avait été commise ou la violation perpétrée volontairement. Le coupable alors demeurait impiesr2. Les piacula qui se rapportaient à. la religion nationale étaient de la compétence du collège des Pontifes; ceux au contraire qui concernaient les cultes exotiques étaient de PICTURA. -Avant d'aborder l'histoire de la peinture, quelques observations générales sont nécessaires. Ni. les Grecs ni les Romains n'ont, de longtemps, considéré la peinture comme un art indépendant, se suffisant à Lui-même. Elle n'était, è leurs yeux qu'un des éléments du décor en architecture et en sculpture. A l'exemple des Égyptiens, qui la mettaient partout, les Grecs en paraient, notamment, leurs temples et leurs statues ; et quand ils connurent le tableau de chevalet, qui ne semble pas remonter chez eux plus haut que la, fin du ve siècle, ils n'en continuèrent pas moins à enluminer de tons vifs leur plastique, surtout celle que produisait, sous la forme de bas-reliefs, l'art industriel. La peinture, en Grèce, s'est donc dégagée lentement de l'espèce de sujétion ois la tenaient les antres arts. E t cependant, elle a été plus d'une fois en avance sur ces arts plus d'une fois elle a montré le chemin à la sculpture, moins libre de ses mouvements, plus gênée par le difficultés d'exécution qu'elle rencontrait', Quand on étudie parallèlement, en Grèce, ',e développement de la sculpture et celui de la peinture, on constate que des attitudes, des gestes trouvés parcelle-ci, n'ont été reproduits par celle-là que plus Lard, et que, s'il est de grandes oeuvres sculpturales qui se sont imposées à l'imitation des peintres, le plus souvent ce sont les peintres qui ont agi sur les sculpteurs en leur enseignant des hardiesses que ceux-ci, sans eux, n'eussent point imaginées de si tôt. Pourtant la peinture est longtemps restée chez les Grecs un art subalterne, incapable de se passer du statuaire ou de l'architecte. Ce double caractère tient à ce que longtemps elle se borna à n'être qu'un dessin. Procédant par teintes plates, sans souci de la perspective, occupée presque uniquement de lignes et de contours, tout lui était. facile, tandis que la sculpture, obligée de compter avec la matière, avait à vaincre des obstacles qui devaient nécessairement en retarder les progrès. En revanche, la simplicité relative de l'art de peindre devait longtemps le réduire à n'être qu'un art décoratif. Il ne sortit de ce rôle que le jour oit il se compliqua, prit de l'importance, serra de plus près la :réalité en essayant de rendre le modelé des corps, où, en un mot, appelant sur lui 1`altentiou, il parut digne d'être cultivé pour lui-même, en dehors I des objets qu'il avait auparavant pour mission de faire valoir. Jusque-là, il vécut dans une sorte de dépendance. La peinture antique n'en pas moins,, d'assez bonne heure, produit des oeuvres dignes d'attention. Les Grecs surtout ont eu une grande peinture, qui semble avoir égalé en mérite et en int êt leu sculpture et leur architecture. Mais cet art, à cause de sa fragilité, a été particulièrement maltraité par le temps. Alors que, grâce à des monuments plus ou moins intacts, nous pouvons nous faire une idée de la science et, le l'habileté d' la sculpture grecque à partir du vie siècle axant notre ère, pas un fragment de bois, de pierre ou de stuc, portant la trace certaine du talent d'un tolvgnot,d'un Zeuvis, d'un Parrhaeios, d'un :!épelle, n'est venu jus:-lu'_ nous. Ce serait, cependant, une erreur de croire que, de ce côté, PIC 156 -PIC tout secours nous fait défaut. Grâce aux stèles peintes, peu nombreuses et qui ont beaucoup souffert, mais qui nous reportent au v' et même au vit siècle av. J.-C.', grâce aux peintures décoratives que nous ont conservées les sépultures étrusques grâce aux fresques de Pompéi, aux panneaux ornés de paysages ou de vues d'édifices, de scènes mythologiques ou familières, tels que ceux qu'on a trouvés dans ces dernières années à Boscoreale', grâce aux portraits gréco-égyptiens du Fayoum '°, nous pouvons nous représenter, dans une certaine mesure, ce que fut la peinture en Grèce aux différentes époques de son développement. A côté de ces monuments, qui sont de la peinture proprement dite, sinon de la grande peinture, il en est d'autres qui sont seulement apparentés à l'art du peintre, c'est-à-dire qui l'imitent, qui s'en inspirent, qui en reproduisent la composition et, en partie, la technique, mais librement : ce sont les innombrables spécimens de la céramique que possèdent aujourd'hui tous les grands musées, ainsi que les monuments qui ont plus ou moins d'affinité avec cette industrie, tels que les sarcophages de Clazomène °, tels encore que ces tablettes votives fabriquées à Corinthe, si instructives dans leur état fragmentaires, ou la série peu riche, mais si importante, des plaques funéraires d'argile peinte7. Ces divers objets sont décorés suivant les procédés usités pour les vases, mais ils ont sur ceux-ci l'avantage d'offrir des surfaces planes, qui les rapprochent des oeuvres de la grande peinture, celles notamment qui concouraient à l'ornementation de certains édifices. D'une manière générale, la céramique tout entière [matiNUM opus], si l'on entend par ce mot l'industrie de l'argile, quels qu'en soient les produits, contribue à nous éclairer sur la peinture à proprement parler; si les scènes qu'elle reproduit sont une source inépuisable d'enseignements pour la connaissance de la mythologie et des croyances et pour celle des moeurs, elles sont aussi « les documents les plus sûrs et les plus nombreux qui soient parvenus jusqu'à nous pour reconstituer l'histoire de la peinture en Grèce»), Il faut enfin, à ces sources monumentales, ajouter les nombreux textes qui se rapportent aux peintres ou à leurs oeuvres. Pline l'Ancien, Pausanias, Lucien, Élien, Athénée, etc., nous ont laissé sur ce sujet de précieux témoignages, dont nous devons tenir grand compte 9. On voit par ce rapide aperçu qu'il est possible de suppléer à l'absence des originaux, et que, si nous nous trouvons, à l'égard de la peinture antique, dans une infériorité documentaire où nous ne sommes pas à l'égard des autres arts, il est faux de prétendre que nous n'avons aucun moyen de nous figurer ce qu'elle fut. en Grèce, ou, si l'on veut, dans le inonde gréco-oriental, remonte, comme on sait, beaucoup plus haut aujourd'hui qu'il y a trente ans, par suite des découvertes retentissantes faites à Troie, à Santorin, à Tirynthe, à Mycènes, en Béotie, en Thessalie, en Crète, etc. Ces découvertes ont révélé l'existence d'une civilisation très brillante, à laquelle on ne sait encore quel nom donner. Faut-il l'appeler carienne, phénicienne, ou la désigner du nom vague de mycénienne, en souvenir des fouilles qui en ont livré les premiers spécimens vraiment surprenants'? Doit-on la qualifier d'égéenne ou de crétoise, comme quelques archéologues l'ont proposé? Nous n'avons pas ici à trancher la question. Ce qui paraît certain, c'est que la race ou les races auxquelles il semble qu'on doive la rapporter, n'étaient pas grecques 10; du moins l'élément grec paraît n'y avoir été mêlé que faiblement. Or ces peuples préhistoriques avaient une peinture, qui n'est assurément pas morte avec eux, mais qui est si différente de celle de l'époque proprement hellénique, qu'on doit la regarder plutôt comme une préface que comme la forme primitive d'un art qui se serait développé après elle, suivant les principes dont elle l'aurait pénétré. Quelques mots sur cette peinture que, faute de mieux, nous nommerons mycénienne, nous serviront d'introduction au tableau des étapes successives de la peinture grecque. La peinture mycénienne. Il se trouve que, par suite des fouilles récentes, nous possédons sur la peinture mycénienne des documents assez nombreux. La couleur, chez ces peuples d'une culture très avancée, jouait son rôle dans la décoration des édifices. On a découvert, dans une maison préhistorique de Santorin, les restes d'un enduit peint qui revêtait les parois intérieures et, semble-t-il, aussi le plafond ; un des motifs qui y figurent est cette fleur en volute, au feuillage lancéolé, qui décore certains vases également trouvés dans l'île". A Mycènes, le palais était orné de peintures dont les unes paraissent avoir été des frises d'un effet purement décoratif (bandes parallèles semées de losanges, de Lignes courbes ou PIC 457 PIC ondulées, de représentations de coquillages, etc.), tandis que d'autres étaient de véritables tableaux : telle est la fresque qu'on voyait à l'intérieur de la salle des hommes (zvôp(.v), et où des têtes et des jambes de chevaux, des torses d'hommes armés, la figure d'un monstre, indiquent une grande composition d'intention pathétique '. Un tombeau mycénien a livré une curieuse stèle de pierre poreuse, portant, superposées, trois zones de peintures: l'a zone supérieure, très endommagée, ne laisse apercevoir que le bas d'un large siège sur lequel était assis un personnage drapé; la seconde zone montre cinq combattants tournés à droite : ils sont armés du bouclier et brandissent la lance; dans la troisième sont représentés quatre animaux au long col, cerfs ou biches, et un porc-épic 2. Le palais de Tirynthe avait aussi sa polychromie artificielle, à côté de la polychromie naturelle qu'y formaient la variété des matériaux, les incrustations de pâte de verre, etc. Les murs y étaient enduits à l'intérieur d'une couche d'argile recouverte d'un mince crépi de chaux, sur lequel courait une enluminure multicolore dont nous avons des spécimens assez nombreux, stries, enroulements, feuilles, ro VII. saces, etc. De vrais tableaux, comme à Mycènes, ornaient certaines parois; c'est ce que prouve la célèbre Fresque au taureau (fig 5640) 4. Peut-être, après avoir reconnu dans ce fragment une scène de chasse, analogue à celle que figure un des gobelets de Vaphio, doit-on revenir è l'interprétation première, qui y voyait l'image d'un acrobate : c'est à quoi ferait songer une très intéressante représentation récemment découverte dans les fouilles de linossos '. Des ruines moins intactes, qui nous reportent aux mêmes époques, ont également fourni des traces de peinture. Le colossal palais minyen qui s'élevait dans File de Uha, sur le lac Copaïs, était, intérieurement, décoré de motifs peints rappelant ceux de Tirynthe et des maisons préhistoriques de Santorin Mais c'est surtout la Crète qui nous a fait connaitre la peinture mycénienne. Jamais jusqu'à ce jour cette peinture ne s'était révélée à nous avec la grâce et la per fection d'exécution qui apparaissent dans la fresque du Porteur de vase, trouvée parmi les ruines du palais de Iinossos (fig. 5641) C'est le portrait d'un jeune garçon qui n'a pour tout vêtement qu'une sorte de pagne semé de rosaces. « Il porte au bras un anneau, au poignet un bracelet, et près de l'oreille un ornement de métal bleu.... La tète, avec des cheveux noirs un peu bouclés, largement massés sur le crâne, a le type franchement européen; l'ceil, exécuté à la façon archaïque et de face, n'est pas très grand. Le visage imberbe et le corps sont peints en brun rouge, par un procédé de teinte plate qui est tout à fait conforme à celui des fresques égyptiennes » Cette fresque ornait un corridor. Dans l'appartement des femmes se déroulaient des scènes féminines, aux personnages hauts tout au plus de dix centimètres, mais curieux par le costume et par l'expression, bien qu'il faille nous mettre en garde contre la tendance qui consiste à apercevoir sur ces visages si modernes d'apparence, mais vieux, en réalité, de 3500 ans, des intentions dont on n'a sans doute jamais songé à les animer. Le fragment que nous donnons (fig. 564?) fera mieux comprendre qu'une description la liberté et le sentiment profond de la vie avec lesquels était traitée, dans ces peintures, la figure hu 58 'naine 1. L'habitation des hommes était de même ornée de fresques dont quelques-unes sont, par malheur, en fort mauvais état. elles offraient, semble-t.-il, des représentations de paysages, un genre, comme on Va remarqué, devenu étranger à la Grèce classique bis Mycéniens n'employaient pas seulement la couleur à. décorer leurs édifices. Comme le prouve la Stèle des J u a t ieas, comme parait l'attester certain tableau religieux qui reproduit peut-être l'adoration du Pilier, et lui a été trouvé dams une maison de Mycènes a, ils connaissaient aussi fa composition isolée, peinte sur pierre ou sur enduit. Mais c'est surtout comme auxiliaire et comme parure de l'architecture qu'ils ont pratiqué la peinture' Les tons employés étaient des tons franes,ie bleu, le rouge, le jaune, le noir, et, à ce qu'il semble, un gris bleuté qui' ne doit pas être confondu avec le noir. Ces couleur, étaient appliquées d'une manière conventionnelle : sur le Stèle des giuet i'iea's, le premier cerf à gauche est entièrement bleu, avec la cuisse droite peinte en rouge ; devantlui, un autre étai t complètement rouge, avec la cuisse gauche peinte en bleu. S'agit-i1 d'une tentative pour rendre, les effets d'ombre et d.i ' r mère? On peut tout croire d'un peuple assez hardi pour avoir osé reproduire l'aspect du ciel et les nuages (le Pointeau de vase; cf. peut-être les gobelets de Vaphio) '`. Il est très peu probable que l'encaustique ait été déjà connue des décorateurs mycéniens ". Au contraire, il est certain qu'ils usaient du pinceau : des traînées laissées par le pinceau de poils sont encore visu les sur quelques fragments provenant de Mycènes La ±reitat ire rrecgue. -Les origines en sont obscures. Si l'on excepte 13oularchos, qui avait peint un Coethef de M'agnèles acheté très cher par le roi de Lydie Candaule', aucun nom de peintre s'étant signalé par une ouvre digne d'attention ou par un progrès notable dans la technique, ne s'offre à nous jusqu'au siècle. Encore ignorons-nous l'aspect que pouvait présenter ce tableau célèbre de Bouiarchos et le fait précis qui l'avait inspiré. La céramique du Dipylon (sue-s-'nrr siècles av. J. C.), et, en Asie Mineure, les sarcophages de CIazcn PU'., ufin quelques textes plus ou moins énigma L1 , I Pline l'Ancien en particulier, sont nos princi pille i. i t..., s pour la connaissance des développements de ra peinture entre l'invasion dorienne et l'époque de Solon. La céramique du Dipylon nous montre la reproduction de la figure humaine par des silhouettes noires opaque (fig. 33383314, bèb'-3269), où l'on remarque deus-r une convention très singulière dans le dessin des figures et, dans la composition, les attitudes, I, .sentiment parfois très juste de la vie s. Quel pouvait Litre le rapport de la grande peinture avec cette céramique " M. Pottier a prouvé que, à partir du vil' siècle, c'est-à--dire du moment où l'Égypte s'ouvre largement aux Grès, la t'acon de peindre qui consistait à cerner d'un trait l'ombre projetée sur un écran blanc et à remplir d.' un ton uniforme l'espace ainsi limité, devint courante en Grèce, sous l'influence de l'art égyptien '. West à quoi fait allusion un passage de Pline d'après lequel il semble qu'on doive attribuer l'invention de 1a. peinture inonoc/aroane à un certain Philoclès l'Égyptien, sans doute un Grec de Naucratis, qui, ayant appris Tart de peindre en Égypte, l'enseigna à ses compatriotes, particulièrement aux Corinthiens; de là le nom de Cléanthès de Corinthe associé par Pline à celui de Philoclés. Et cet auteur ajoute que c'est à Corinthe et à Sicyone que ce genre fut cultivé d'abord et se développa, grtlce au Corinthien Aridicès et au SicyonienTéléphanès'0. l1 ne paraît pas, en effet, qu'il faille ne mettre au compte de Philoclès et de ses imitateurs que la peinture l'indu /ire, celle qui se contentait de dessiner le contour de. l'objet projeté, et qui, suivant Pline, aurait précédé le monochrome.Si Philoclès avait étudié,au vit" siècle, dans les ateliers d'Égypte, ce n'est pas ce procédé rudimentaire qu'il en avait rapporté, pour le transmettre à ses successeurs. Quoi qu'il en soit, la peinture par ombre portée a été, sinon le procédé unique, du moins l'un des procédés qu'ont employés les peintres grecs à dater du var siècle ; mais ce silhouettage d'importation égyptienne, pratiqué plus spécialement d'abord par les Sicyoniens et les Corinthiens, comportait, ou comporta de bonne heure des retouches destinées à accuser certains détails. Ces retouches étaient peut-être des lignes incisées comme celles que nous vouons en usage dans la céramique: phis vraisemblablement, celaient des lignes de couleur qui tranchaient sur le fond uniforme de la silhouette spat',gendo limas infus, dit déjà Pline en parlant d'hridicès et de Téléphauès''), et dès lors la question se pose de savoir de quelle couleur était ce fond. Noua, renvoyons sur ce point aux détails techniques qu'on trouvera plus basDisons tout de suite que le parti pris de silhouetter en noir doit être considéré comme propre à la céramique. La grande peinture procédait autrement, et tout porte à croire que les chairs des personnages, en particulier, étaient peintes, à l'époque archaïque, et: rouge brun, suivant une technique constante clans la peinture égyptienne' Cela concorderait avec le témoignage de Pline, qui fait honneur au CorinthienEcphantos de l'invention de la poudre de brique pour rendre ce ton". Le rouge ainsi obtenu ne servait donc pas seulement pour les retouches : c'était le ton de la silhouette entière, dans laquelle les détails internes étaient indiqués à l'aide de tons différents. La céramique ellemême, si attachée au noir, offre des exemples de figures exécutées en rouge brun, ou dans lesquelles les parties claires ont été rendues conventionnellement par cette couleur". A. ce point de vue, les métopes peintes sur argile du temple de Thermos, édifice construit vers le milieu du vi" siècle, sont très instructives. Celle que reproduit la figure 5G43, et qui représente un chasseur portant sur l'épaule le produit de sa chasse, nous fait voir le rouge brun appliqué, non seulement sur les parties nues du personnage, mais sur tout le corps d'une biche ou d'un faon suspendu à l'une des extrémités de sa perche ". Au PIC !59 -¢ PIC contraire, le sanglier qui pend à l'autre extrémité est peint en noir rougeàtre; un noir plus franc souligne la barbe et les cheveux du chasseur, ainsi que certaines parties de son costume, lequel admet aussi le rouge vineux et le jaune clair. Un champ à peine teinté d'ocre sert de fond à la figure. C'est déjà, malgré la médiocrité des ressources, une polychromie véritable. Les stèles peintes, en marbre, et certaines plaques d'argile révèlent un art analogue. La stèle de Lyséas (fig. à644) ', celle d'Antiphanès ie gracieux portrait d'éphèbe trouvé aux environs du cap Sunium la plaque d'argile provenant de l'Acropole et qui représente un combattant aux chairs coloriées en jaune foncé, d'un intérêt capital pour l'histoire de la peinture (hg. 3646) le disque de marbre qui porte l'effigie du médecin Aineios (fig. 39611) attestent l'emploi universel, dans la grande peinture, des silhouettes claires. Un peu avant l'époque à laquelle appartiennent les monuments que nous venons de citer, un sensible progrès avait été accompli : il consistait à peindre en blanc la chair des femmes, pour marquer plus nettement la différence entre elles et les hommes. C'était encore une technique égyptienne, dont on rapporte l'introduction en Grèce au peintre Eumarès d'Athènes, qui vivait dans la première moitié du vl' siècle r,e Mais le grand rénovateur archaïque de la peinture est Cimon de Cléonai. Avec lui diminue d'importance le procédé du silhouettage; il observe directement la nature, et, vivant à une époque d'athlétisme, contemporain de Pisistrate et de la réorganisation des Panathénées, ou les exercices du corps tiennent une si grande place, il étudie particulièrement le nu, imagine les raccourcis (x«tiâypap4 marque les articulations, fait saillir les veines, donne au cou plus de souplesse, à la tète plus d'expression ; en même temps. dans les figures drapées, il indique avec soin les plis de la draperie Le véritable essor de la peinture date du premier tiers du siècle. Après la seconde guerre médique, Athènes devient la capitale intellectuelle de la Grèce; tous les arts y fleurissent, la peinture au premier rang. Poly gnote, contemporain de Cimon, l'homme d'État y perfectionne les inventions de Cimon de Cl' Inai, tout en y apportant sans doute la technique rie l'école de Thasos, sa patrie, où semblent, comme dans les îlesi en général, s'être conservées certaines pratiques de la peinture mycénienne. Il reproduit dans le vêtement la transparence des étoffe , coiffe les figures de femmes de bandeaux multicolores; surtout il varie l'expression des visages, ouvre les bouches, y laisse apercevoir t' dents, marque sur les traits l'épouvante, la douleur 9. En même terni il peint de grands ensembles décoratifs, qui témoignent d'une audace et d'une habileté singulière dans la composition. Il exécute dans le portique de Peisianax, qui devient le Portique peint on P rile, une Ilioupers'isJO. En collaboration avec, Micon, il orne de peintures l'intérieur du Théseion, ainsi que le sanctuaire des Dioscures". Il travaille aussi pour d'autres vils qu'Athènes : à Delphes, il peint dans la Lesché des Cnidiens une Pliou persis et une il ékgiu que Pausanias, qui les vit encore intactes au ue siècle de notre ère, décrit en détail'". Il représente, dans le temple d'Athéna Areia à Platée, Ulysse de retour à Ithaque, au milieu des prétendants morts ou expirants' i. Il exécute pour Thespies de grandes fresques décoratives dont le sujet nous est inconnu, et qui furent plus tard maladroitement restaurées par Pausias' 1 Miron et Panainos inaugurent la peinture d'histoire ' Ils peignent ensemble dans le Ptcile la Bataille de e rathonL6. Micon, dans le mème portique, représente Thésée combattant les Am anones ". Il collabore à la décoration du Théseion en y reproduisant quelques-uns des exploits du héros national des Athéniens, notamment la Visite de Thésée à Amphitrite et à Poseido_tt 1'. II contribue avec Polygnote à orner de tableaux le temple des Dioscures''. Au point de vue technique, on lui doit un usage plus libre et plus hardi des lignes de terrain servant à PIC --1460-. PIC dissimuler les trois quarts d'un personnage. Sous ce rapport, le Boutés de son Amattonomachie du Poecile était resté célèbre '. Quant à Panainos, en dehors de ses travaux en collaboration avec Micon, on citait de lui surtout sa décoration peinte du trône de Zeus à Olympie 2. Pauson, qui vivait à peu près dans le même temps, marque peu dans l'histoire de la peinture ". Il n'en est pas de même d'Agatharque de Samos, le plus ancien peintre en renom de décors pour le théâtre, et qui semble, un des premiers, avoir tenté de rendre la perspective 4. Mais celui qui, dans cette voie, fit faire à la peinture les plus grands progrès est Apollodore d'A thènes, à qui l'on doit l'invention du clair-obscur A la fin du v° siècle, l'art de peindre est en possession de presque toutes ses ressources ; nous le devinons aux sujets que traitent Zeuxis et Parrhasios, et à la facon dont ils les traitent. Zeuxis d'Héraclée , qui , avant de s'établir pour de longues années à Éphèse, vit à Athènes, où il connaît Socrate, rajeunit les scènes mythiques en y introduisant plus d'humanité : son hercule enfant, sa Famille de Centaures, sont d'une inspiration déjà alexandrine G. Obéissant à une loi du temps, il se complaît dans la représentation de la femme : Pénélope, Hélène à sa toilette, peinte pour les Crotoniates, comptent parmi ses chefs-d'oeuvre II ne dédaigne pas le tableau de genre (la Vieille femme, l'Enfant aux raisins, l'Amour couronné de roses, etc.) Comme technicien, il perfectionne les procédés d'Apollodore et revient, en curieux, à une pratique ancienne, celle du Htonochronae, sans toutefois retomber dans la teinte plate : il exprime le modelé des corps à l'aide d'une seule couleur additionnée de blanc en quantité variable, suivant les besoins '. On a cru pouvoir assimiler ces peintures à des espèces de grisailles. Parrhasios subit l'influence du théâtre ; plusieurs des sujets traités par lui le prouvent. Il cultive également le genre familier (le Prêtre et l'enfant, le Navarque, les Deux hoplites) 10 et l'allégorie ; à ce dernier genre appartient son fameux portrait du Peuple athénien". 11 est surtout intéressant comme technicien. In linis extremis laalniam adeptes, dit Pline en parlant de lui, ce qui signifie qu'il porta beaucoup plus loin que ses prédécesseurs l'art de faire tourner les corps L2. Un de ses contemporains, Timanthe, auteur du Sacrifice d'Iphigénie, si admiré de l'antiquité tout entière, parait avoir excellé dans l'expression des sentiments. Sa peinture était suggestive. « Il donnait à entendre, écrit Pline, plus qu'il n'avait peint, et quoique le plus grand art se manifestât dans ses ouvrages, on sentait que son génie allait encore au delà de son art''. L'école de Sicyone, qui fleurit dans la première moitié du ut siècle, représente une curieuse étape de l'histoire dela.peinturc. Fondée par Eupompos, illustrée par Pamphilos , Mélanthios , Pausias, elle personnifie la peinture savante, qui perfectionne le métier, excelle dans l'art de grouper les figures, s'ingénie, par des procédés nouveaux, à rendre les raccourcis, trouve le moyen de reproduire la transparence du verre i4. Pausias, le premier qui cultiva avec succès l'encaustique, inaugure en même temps le petit tableau de chevalet et s'acquiert un renom mérité dans lareprésentation des enfants n, Ce qui distingue cette école, c'est l'étendue etlavariété des connaissances, et l'application raisonnée de certaines règles tirées d'une observation précise de la réalité ". Vers la même époque, se forme en Béotie une école dont la durée exacte est difficile à déterminer; elle semble, après une période d'indépendance, s'être confondue avec la nouvelle école athénienne. Le peintre qui la représente avec le plus d'éclat est Aristide, instruit par son père Nicomachos et par un certain Euxénidas, contemporain de Parrhasios et de Timanthe Il se rendit célèbre par le caractère pathétique de ses compositions : Alexandre, ayant trouvé à Thèbes, en 334, son tableau de la Mère mourante, le fittransporterà Pella13. On citait d'un de ses élèves, Euphranor, un Combat de cavalerie qui décorait à Athènes le Portique Royal19. A ce groupe appartient encore Nicias, auteur d'une Nékyia inspirée d'Homère 20. Fig. 5646. Portrait sur panneau PIC -461 ® PIC C'est Apelle qui marque en Grèce l'apogée de la peinturc. Originaire de Colophon, il apparaît comme un artiste voyageur, qui s'attache aux meilleurs maîtres de son temps, et plus tard fréquente les rois, surtout Alexandre, dont il fit plusieurs portraits '. Le portrait, voilà, sinon la nouveauté, du moins la spécialité où il porte une curiosité et une recherche de la ressemblance que n'a connues aucun de ses devanciers 2. Il ne néglige pas la mythologie, et son Aphrodite anadyomène, qui décorait à Cos le temple d'Esculape, fut un des tableaux les plus renommés de l'antiquité Ilmanifesle une sorte de prédilection pour les abstractions divinisées et pour les personnifications de phénomènes de la nature. A cette dernière catégorie appartiennent les figures de Brontè, d'Astrapè, de Ke'raunobolia 4. Son tableau de la Calomnie, dont Lucien nous a laissé une description minutieuse, surpassait de beaucoup en psychologie savante les oeuvres de ce genre `'. Il eut toujours un extrême souci du dessin ; pas un seul jour ne sécoulait qu'il ne s'exerçât la main à tracer de ces lignes souples et ténues dont il laissa un jour un si admirable spécimen dans l'atelier de Protogène 6. L'anecdote est trop connue pour être rapportée ici Notons que ce fut Apelle qui mit en lumière la valeur de ce rival demeuré longtemps inconnu. Aujourd'hui les documents nous font défaut pour apprécier comme il conviendrait le talent de Protogène. Son Ialysos, auquel il travailla sept ans, peutêtre davantage, passait pour un chef-d'oeuvre. C'était Rhodes qui le possédait, ainsi que le Satyre au repos du même artiste 8. On admirait encore de Protogène la Paralos et l'Ammonias, deux des galères sacrées des Athéniens, et le Collège des Thesmothètes,qu'il avait peint pour la salle de délibération du Conseil des Cinq-Cents à Athènes °. C'était un praticien consciencieux, méticuleux, dont la lenteur laborieuse contrastait avec la brillante facilité d'Apelle. Il peignait à quatre couches, pour soustraire le plus possible ses oeuvres aux injures du temps 10. D'autres peintres méritent encore une brève mention, tels qu'Aêtion et Théon de Samos". La peinture, à l'époque hellénistique, continue d'être en honneur, mais elle semble avoir acquis tout ce qu'elle pouvait acquérir, et si elle produit beaucoup, ce qu'elle produit reste banal comme sujet et comme procédé. Signalons en Égypte, sous Ptolémée Soter, Antiphilos, ennemi et détracteur d'Apelle12, dont le Satyre aposlcopeuon (dansant avec la main levée à la hauteur des yeux) excita en Italie, oit il passa plus tard, une admiration qui paraît légitime'3. Antiphilos cultiva aussi la caricature, qui remonte bien au delà des successeurs d'Alexandre, et dont l'histoire reste à écrire, malgré tous les travaux dont elle a été l'objet ". Ayant fait le portrait d'un certain Gryllos, dont l'extérieur prêtait à rire, ce tableau eut un tel succès, nous dit Pline, que les peintures de ce genre et, pourl'ensemble de l'oeuvre du maître, Nustmann, Apelles' Leben und Werke, furent désormais connues sous le nom de grylli L1 Si l'on veut avoir une idée, non pas précisément de la peinture hellénistique, mais d'un art qui s'y rattache assez directement, il faut examiner les portraits, généralement sur tablette de syco more, découverts à différentes reprises en Égypte, dans le Fayoum. Ils étaient encastrés à la partie supérieure de la momie et figuraient les traits du mort dont elle conservait les restes. Le spécimen que nous en reproduisons (fig. 5646) en montre la valeur pour l'histoire de la peinture à l'époque grécoromaine ". Technique de la peinture grecque. I'olychroinie de l'architecture et de la sculpture. S'il est vrai que les vases peints sont une aide précieuse pour nous aider à comprendre les originaux perdus, il est essentiel de poser au préalable ce principe : la technique du décor céramique est, en général, bien différente de celle des tableaux. Ni les vases à figures noires ni les vases à figures rouges ne rendent l'aspect réel des fresques et des panneaux de marbre ou de bois peints, quand même les sujets y seraient identiques". En effet, on n'a jamais dît peindre en figures noires comme on l'a fait si longtemps sur les poteries. Le noir s'est imposé au céramiste comme un élément essentiel et il a tout envahi, à. cause de ses qualités à la cuisson, mais les peintres n'avaient aucune raison de lui accorder cette place prépondérante. De leur côté, les vases à figures rouges ont gardé, par la tonalité générale de l'argile rouge et la sobriété du dessin au trait noir, employé presque sans retouches, une physionomie fort éloignée de celle d'un tableau véritable. Mais, comme l'art industriel est toujours ramené vers le grand art qui est son modèle et son guide, certaines catégories de vases ont, dans le cours des temps, cherché à imiter de plus près la technique des peintres, par exemple dans le système du décor à fond blanc qui se fait jour dès le vue siècle 18 et qui s'épanouit au ve avec la magnifique floraison des coupes et des lécythes polychromes 1°. Devant ces vases bariolés de vives couleurs, de rouge, de bleu, de jaune, de brun, de noir, où l'on reconnaît en somme les « quattuor colores » dont parle Cicéron 2e et la tonalité simple, « simplex no/or », que loue Quintilien 21 chez les maîtres anciens 22, on a l'impression d'une véritable fresque, mais la technique est tout autre que celle des vases ordinaires : le noir même y diffère et les couleurs, comme le fond, sont beaucoup plus friables qu'ailleurs. ces portraits la bibliographie donnée par P. Girard, Peint. tint. p. 352, et Jahrb. Woch. 1894, p. 112 ; Fortwaengler-Reiehhold, Griech, Vemenmal. I, p. 152 ; Potier contraire a inspiré k tort diverses restaurations de monuments antiques, comme celle de Laloux-Monceaux, la Restaur. d'Olympie, planches aux pages 92, 94, 98 , p. 499, 501, 19 Voir la liste des coupes donnée par Ilartwig, Ifeistersch. p. 499, la plus `.elle pér art :Lunaire la collection l'oi .tn latq Ub rteSérié on Soura -a , gUelgi.. porains de P tiagnote parois des temples ou i, LlalreS d. Le, ne des cil.:. ais PIC hnidarir ,II ris permettent. iii ïa peinture •Prao ni de modelés, Utes funéraires 1, au Musée des coupes ti h5'0 ornes I hldia: n a l; 1fr les vota p' '.~ _. desane fica.,e igtlelherlig i l sur la compost et sur la aveu igue. Ils 'r que. l'art des ii roupements s'est nuodil dlient al cours dl L isolcé »;. , , ni Maties tO lt , lé,slii . t t L dflSiii onnage: eiiser, , die perspecid, , lt.vf.a pik te'_6n. igilr-.7, ;;-t trirï' _1f,'.~oui. tl,,. r, !mit rigueur s'adoucit aveu ivres du ~nres se groupent 2C a L at, la aonlpodi' st r scerri et r,'-n ifie, au point de .e-alises parfois une ,e i rit le comme dans le drame l legs gestes et les attitude deviennent pathétiques sous 1 influence du tIt€''tire Enfin, lac personnages appara.i,-' lt parfois disposes su. 'tes plans différents, rénine. .1 ns sorte dt indiqué lésines .simiens( des tieu pi`: t .ionSuaies sont plus les ai ;es quarts se multiplient, r pannes r de bois reconvec' d'un endn1 e ate. ;Mon. Li Pl. ut et loir les remarques de la p, s_. 5 Cf. Pot 1033. IO Id. p. , ,v .edouna t'e de_ eo nleositieus polYg to.Ecines et leurs ule étudiées d'après le sages point' par 1. 'vIlreSter, PIC la rtialité On comprendra aussi la composition et Lors do un i01 e générale d'us tableau de cette époque, I sure ttl tique que nous admirons dans la sculpture du même temps, dans la frise du .Parthénon ou dans les bas-reliefs du. Céramique tig.: 6 ) Ces uses mis à part comme les plus prtcicnx. nous '0X0115 nous servir aussi des autres pour en tirer des et Fou ne peut se soustraire à l'idée que cette révolution peintre du v" siècle, à Pi legnote n, On a Inèllle tentai de. reconstituer des peintures entières du maure, combe I'[ii'ïtapFi.si. t la en se servant uniquement di, ligures et de groupes empruntés à i_Lu vases ' . R '.,n ne montre mieux cette union intime du. grand ad i or industriel, qui' a été l'honneur de la civilisation ii.i,ue et un de ses traits caractéristiques. Signalons encore les renseignements tIu'on Cire de l'étude des vases pour la connaissance de certains pro exemple, 1'esqui_. .. tracée sur le fond avec une pointe dure, y esl visible"; nous n'avons pas de raison de croire que celle mise en place si commode irait. pas pratiquée par torrs les artistes. Les pinceaux eux 1807. La I mère perte seule. a ,ru. il ' p 1.e ;ase lplus in.po:lant dans la série dite polygnotéetide est 1c cratère. des iPi bides, Loutre, polit é dans les Mouton. aell' 1st. ll, pi. sr.e t 'Ouche par d Robert dans Arnold. 18s,. p. 273, et dari A icgta p. 't , L. c. gr. KM-07, p.. i8 avec la bibliogr. Vole aussi sur influence polvgn te dans co _trois dissertations de C. Robert _\ i_ j t dus Poli/,und" i upereis ._5 ifs, 17 It-,C'ina. ' . halle. Voir aussi L. at.tr i' ,5,y, ,'s ('c sacIde in der Lest 15. pompe, Cal-.l. p. III tiie. t Irii,'rn r i _~po temporaires. nad t nI`i r+?.al,lir° d formes fuyantes tteS olite I PiC :4. traits et des touches de corrleu .Iiqu(es star vile On demandera si lep usé 'I un bric' uni Ire' qui servait aux Mies it;nt ténues?, , c tait e.; i ' N a, pouvons t'affirmer., mais le' C" rto i're, r la'alistrut :r qui la montre rien fil iii irtui xeinait `tu même genre die difficulies. Anus p i,avans moire aussi que le pinceau était manié par eux (rumine on le voit sur quelques vases ' "fig. i6 iii;, non pas d bout. ;l mais en tenant la hampe ïi poignra , à la aluni-ce i nais 'a Tiarés i'exécuti. riiriresd,' u fontncore 11, tous le pr .. qui furent. cours -ci sit, q~..'ri-;.dreirsri 2 v de la Minets re humaine. 1. nie des race unis occupa plusieurs générations.. et la découverte die Ch-non de Cléones ne fut que le point de départ de longues recherches. On suit d'années en cannées sur les vases peints les perfectionnements apportés au dessin de 'tæil pour r, mettre de profil, li l'oreille pour en détailler les cartilages, aux jambes et aux pieds pour les représenter de face ou vus par derrière ou par eu dessous, les études de dos, les visages de trois quarts remplaçant les visages de face c, attitude plus favorable aux jeux de physionomie qu'avaient fait n itre tes imitations de Polygnote (fig. 5649} i. Enfin le modelé et le clair-obscur, dernière et suprême con •te de l'art, inconnue aux civilisations antérieures, ri art aussi un éclaircissement dans le décor des us volons que la révolution mise sous le dii dessin tel que nt 'iratigilo7-s petit, en 'comme, cette p fonds de science ptr'urate sur', On a vu plu haut que Irai'nt r, de r,riiitra. :',,,ii Mélos). 'aune i elle noir tenante) Pelles posait lbof gnite ; if s il tau variés qu'il obtenait par ie mélange des long exclure de sa palette le bleu, ou un ,'taire hl produisait avec du noir Pline parie ai. qui fabriquait. avec de la lie de -.. tn et qui avait ir: ton de l'indi ;o". Pend.,,,L peinture eut. cette simplicité de coloris dais ' r, siienis suivant. le coloris se romllig'a, grz`a-c .i l'indu 9i9 lise. curiosité ri 1.pelle. de Protogène et de leurs contenu. porains''. et c'est sans ''ut,' a , ite période qu'il faut rapporter le :srin particulier ais aa, rendre aven i,on,tr -. ses nuances l„ (couleur de chair .t..,: -'' r PIC 464 PIC Les fonds sur lesquels étaient exécutées les oeuvres de la grande peinture étaient en général des fonds de bois. C'est sur des panneaux de bois (aavGe;) que Polygnote avait peint son Ilioupersis du Poecile ' Les décors d'Agatharque paraissent de même avoir été exécutés sur bois. Au temps de Néron, l'usage existait sans doute depuis longtemps de peindre sur toile 2, et à la fin de l'Empire, cet usage devient courant'. C'est d'ailleurs une question qui a été longtemps débattue, que celle de savoir à quel moment précis les Grecs ont conçu et pratiqué le tableau indépendant, se suffisant à lui-même (ru)va';, tabula) Il semble que d'assez bonne heure ils aient eu l'habitude de consacrer dans les temples des 7c(vaxaç votifs qui n'étaient autres que de petits tableaux peints; Aristote fait allusion à un de ces tableaux qui nous reporte vers le milieu du ve siècle, et qu'on voyait sans doute dans le temple de Dionysos à Athènes : il représentait un chorège entouré de son choeur 3. Ce qui paraît certain, c'est que, du jour où la peinture cessa de servir uniquement à la décoration, le tableau indépendant fut de plus en plus en faveur. Ce moment paraît coïncider avec le temps où florissaient Zeuxis et Parrhasios. Les Grecs ont connu l'emploi du chevalet (ôcp)Paç, xt),))(gaç) (fig. 5654, 5656, 5661) qui permet de placer, pour l'exécution, à la hauteur voulue les tableaux de dimension restreinte °. Le panneau tout préparé dans l'atelier de Pro togène, sur lequel Apelle trace une ligne si délicate, a bien l'air d'être posé sur un chevalet'. L'artiste, pour juger des effets produits, se reculait à quelque distance 3. Les anciens ont également pratiqué le cadre probablement dès le Ive siècle av. J.-C. Un portrait sur bois, peint à la cire, trouvé clans un tombeau du Fayoum est encadré dans quatre montants de bois munis intérieurement de deux rainures; dans la première à partir du fond s'engage le bord, taillé en biseau, du châssis qui retient le portrait. Les peintures de Pompéi f0, quelques-unes aussi de celles qui ont été conservées à Rome f 1, offrent des représentations de cadre ; on y trouve même le cadre à volets, c'est-à-dire garni de battants à charnières qui pouvaient se rabattre sur le tableau pour le protéger (fig. 5651 et 5652). On ne saurait dire si les Grecs ont connu la fresque telle que l'ont exécutée les modernes, c'est-à-dire le procédé d'après lequel on peint au pinceau de poils sur l'enduit encore frais d'une paroi (xov(ap.a) Mais ils semblent, d'assez bonne heure, avoir pratiqué la détrempe, qui consiste à délayer les couleurs dans une substance qui les lie, et à les étendre sur une surface prépa rée avec la même substance 13. L'anecdote de Protogène figurant par hasard l'écume qui devait sortir de la gueule du chien d'Ialysos, en jetant de dépit sur son tableau une éponge imprégnée de différentes couleurs, peut être considérée comme un sérieux témoignage en faveur de cette conjecture ". Mais le procédé le plus usité pour les tableaux de petite dimension était l'encaustique. L'invention en était attribuée à Polygnote t5. Il est probable qu'elle date de plus tard. Quelques-uns en faisaient honneur à Aristide '°. C'est Pamphilos d'Amphipolis qui le premier s'illustra dans ce genret4. Le procédé consistait à liquéfier sur une palette en métal, préalablement chauffée, des pains de cire de différentes couleurs, puis à étaler, à l'aide d'un pinceau, la cire ainsi fondue. Mais comme, en refroidissant, elle se figeait rapidement, on reprenait, avec un fer chauffé, les touches déposées, et on les liait soigneusement. C'était l'opération difficile par excellence, à laquelle on donnait le nom de xaûstç. Les fers qui y étaient employés (xauTtilpta) avaient des formes diverses. Un de ceux qui rendaient le plus de services, le xéatipcv, se composait d'une tige terminée par une spatule très propre à étaler les cires colorées et à en marier les différents tons. Ce qui fait le principal intérêt des portraits du Fayoum (fig. 5646), c'est que la plupart ont été peints à l'encaustique, et que, beaucoup mieux que ne peuvent le faire les textes, ils nous instruisent du détail de ce procédé 18. La plupart, d'ailleurs, présentent un mélange de l'encaustique et de la détrempe; les visages, en général, y sont peints à l'encaustique à l'aide du xEarpov, quelquefois avec des reprises au pinceau; les vêtements y sont, le plus souvent, exécutés à la détrempe Nous connaissons fort mal l'attirail d'un peintre grec. En dehors des xau'n pta, de l'éponge (s tutov) et du pinceau (ypatptç, ypapstov, chez les Latinspenicillus) 20, sur la nature duquel, comme on l'a vu plus haut, règne une grande incertitude, nous ne savons à peu près rien des instruments qu'il employait. Nous ignorons même s'il avait recours à la palette, du moins telle que nous la connaissons. Ce qui porterait à le croire, ce sont les représentations de palettes que contiennent quelques peintures grécoromaines (fig. 5653)21. Ces palettes sont sans trou; elles PIC -4.65PIC ont la forme d'un plat oval qu'on tenait par le bord ou qu'on posait sur la paume de la main gauche, tandis que la main droite maniait le pinceau ; c'est sur ce plateau oblong, de dimensions restreintes, qu'étaient mélangées les couleurs, enfermées dans de petits pots ou etalées sur une table basse, placée près du peintre (fig. 5653, 5654) 1. On a trouvé à Saint-Médard-des-Prés, en Vendée, dans un tombeau gallo-romain, un certain nombre d'objets se rapportant au travail du peintre (fig. 5655)2. Les plus curieux sont une boîte à couleurs en bronze, un mortier de bronze servant à broyer les couleurs, un autre en albâtre, destiné au même usage, des molettes, des spatules rappelant par leur forme le x.c 9ov 3. Une autre boîte àcouleurs, avec couvercle à charnières, est figurée au pied d'un chevalet sur un bas-relief jadis trouvé dans la campagne de Rome (fig.5656)4.Ces objets, par malheur, appartiennent à une époque très postérieure à celle de la grande peinture grecque. Nous avons dit que la couleur, chez les Grecs, servit de tout temps à rehausser les édifices et les statues. Sans nous étendre ici sur une partie de ce sujet qui trouvera plus naturellement sa place à l'article SCULPTURA, donnons quelques renseignements essentiels. La vieille architecture en bois était certainement peinte; la peinture y était à la fois une décoration et une préservation. Les parties de terre cuite qui entraient dans la construction des anciens temples, chéneaux, gargouilles, antéfixes, métopes (Vo y. plus haut la fig. 5643), étaient décorées d'orne VII. ments en couleur, grecques, losanges, palmettes, rais de coeur, etc. Les nombreux débris trouvés il y a quelques années sur l'A cropole d'Athènes, prouvent qu'au vie siècle les édifices religieux y étaient entièrement peints Sur la persistance de cette décoration peinte dans l'or dre ionique , nous sommes fort mal renseignés ; il est cependant question, dans les comptes relatifs à la construction de l'lrechtheion, de peinturesà l'encaus tique Mais c'est surtout l'ordre dorique qui semble avoir gardé longtemps le goût de la peinture. Les traces mêmes de couleur qu'on recueille encore, ou qu'on recueillait autrefois, sur les innombrables fragments d'architecture qui jonchent l'Acropole, en sont la preuve. Les mutules et les triglyphes étaient peints en bleu, les gouttes des mutules en rouge ; des ornements rouges et bleus, des grecques, des feuilles d'eau, paraient les chapiteaux d'ante. Mais nous ne saurions dire si le fond des métopes et celui des frontons étaient revêtus d'un ton uniforme sur lequel se seraient détachées les sculptures Ces différentes peintures étaient exécutées à l'encaustique s. Vitruve et Pline décrivent en détail la pratique de l'encaustique des murs s. Nous ne savons pas si les temples grecs étaient 59 P€t". nen peinlr^,. ct,nl lés :_aïs l r.ea rsticiue i était, selon toute r,; privées, dès 'la. fin ne,i particuliers Ornent. eïnl ores. Alcibiade tient c trois mois Agal.barque de Sa la. vl le ,.r Tanagra, "rl Béotie, afrtr le vestibules dis maisons y chient ornés de tes l'encaustique '. Pal r"s de Sicyone, air rrle fort 1, calier qui imagina de peindre les pl.atonem-'. ul ttj-e, c'est un fait ajournt retour, à la couleur. archaïque (tri" siècle -riels se voient encore ,_,, soit trop nombreux pour que le r,t permis Lorsque la pierre tendre, succède t€. mari, dans les vdifice' et dans les statues ou les bas-reliefs pl dcoreni, fa ptrtychnomie se fait plus sobre; 11e °~ ? t is^"nc oine . avec le conventions qui l'ont irl€,er titude devient Pur' -n présence 'hroPiaton s) ntes, durai. luge l liu'.et a la. taon de I. les le p.r. éiraa;. , antres, employer ieurLaient rt un procédé ana, , les statues d main:, d'un Praxitèle Les bas-reliefs industrie '. .ont également peints . cet usage, :tiquôlee nece.salamais, tient de "véritables oeuvres t phar, , de Sidoni0. l'are_; les Bar moues, on le peuple, dont, t er•s_ no' le. ci',ti aeu' ait imbreux x,ml.. .nl, de grandes n! .,h,. _ et, ~n ~a l -mois de . salie r s d .ii-ers-e,_ spi,-; u quelles se sujets "lui y sont 's appartiennent i d. entes époques. 3,es plus •:l en date (première moitié du vie siècle av, les sujets et par le dessin la céra elilo et la céramique corinthienne, riment subi -t:icience des produits itidus Miels de la Grèce qui "'claie t. alors ! 1 ruri e Un pipi plus tard, apparaît un art plus libre qui, tout en conservant la raideur de forme et la siinpliei1 1,' coloris dla peinture archaïque s'inspire de ta lie et €d ioi I' tr,.ticnales. Drin:,t;e classe, il faut ri,ngoe• ' d'argile peint t de Pervetri, M+u1 t e du. Louvre 't. Ces hommes dont les chai, oioriées en rouge brun, ces femmes peintes •en blanc, 's étoffes légères, au;: plissés minutieux, ces autres plus lourdes, et qui moulent les corps, donnent une idée aussi exacte que possible de ce que pouitcit être la grande peinture grecque contemporaine de pisistr,-,. lins 1.r' même temps, à ce qu'il semble, les mythes héroïques grecs s'introdui -cent en k,trurie dans la peinture ?r corative.La beP , fresque repr'érent,ant l'épisode chiite et de'1`r°eilos, trouvée dans ane tombe de Corneto. rein est fa preuve ,:. les proportions massives des per sonna , dont, les chairs sont peintes en rouge clair, sans souci de la distinction à établir par la couleur entre les hommes et les femmes, la profusion des or nements, l'abus du décor végétal, invitent à rattacha-r ce tableau à l'art ionien `. (in en peut dire autant de l'une des pentures qui décorent une autre tombe de Cornet o., la tombe dite aulx l ,nases, bien que là le rouge barra soit employé pour rendre la carnation masculine ' tan détail de technique à noter dans cette fresque est l'esquisse a.u trait rouge l'aide de laquelle _'artiste e post` se,, personnages. Il a repris ensuite le silhouettes ainsi. tracées et tes a définitivement arrêtées avec un pinceau fin, chargé de couleur noire; le même pinceau lui a servi à indiquer l'anatomie de ses figures et le détail de leur= costume. C'est là un procédé essentiellement grec, comparable pour le principe, tout au moins, à celui dont les vases attiques de la première moitié du vr siècle offrent tant de spécimens 1E. On peut, se rendre compte, par la femme dansant que nous détachons de la composition principale (fig. 5657), des phases sui-eessir-es de ce ara.. vain i'. Mais les plus intéressantes des peintures tombales étrusques, celles qui se rapprochaient le plus, sans au grecque s'est rait sentir. Leurs 'œ des Grecs . tels Gorgaso:; et. De.1,_:ophi du r' siècle, ornèrent de peintures L ri pl de (d. Jusque-là, ajoute Pline. d'après fiennoiignage Varron, tout, dans les temples, était étrusque . » C'est là une tradition qui, loin de s'affaiblir, se fer fera t t fur et à. mesure que les rapports entr ° E,r ri'' et la. Grèce seront plus directs et plus suivis '. I1 +,. aussi à Rohe tes peintres renais, ancien qui, art Geint; L'un doute, de la grande peinture grecque de la belle époque, sont celles dont le style autorise à les rapporter au Indien du v« siècle. A ce titre, il faux appeler l'attention sur une fresque de Corneto encore, la fresque cz la petite pille fig. 56è8 1. Si les lourdes et riches draperies qui recouvrent les lits de cette scène de banquet, si l'ajustement compliqué des femmes, si les arbustes qui oc cupent 1.e fond du tableau, décèlent l'Étrurie, on reconnaît au des sin et à la coloration des corps, à la façon dont sont traités les yeux et les ctlevelu:es,à.laCOnstru.rlion des profils, l'in fluence (lit le grande p a re atti', u. telle que nous La devinons fq travers les couvres du potier Eu phronios et de son école, et cela s'explique quand on Songe aux relations eommercia. les suivies que l'Étrurie entretenait à ce moment avec Athè nes'. La peinture étrusque n'a pas cessé de produire jusqu'au ut siècle avant notre ère r. Dans les. sujets plus particulièrement mythologiques qui marquent les dernières périodes de son histoire, elle atteint à une souplesse de procédé qui aide à imaginer la peinture grecque du Ive siècle '°. Mais elle reste un art purement industriel; du moins, aucun témoignage ne permet d'affirmer qu'elle ait jamais dépassé cette limite. Elle n'en est pas mains précieuse pour nous, d'abord par ce qu'elle nous révèle du peuple qui l'a pratiquée, ensuite et surtout par les nombreux documents qu'elle nous fournit pour la connaissance de l'art supérieur dont elle s'est. inspirée en grande partie '. nome n'a pas été un art original. Les Romains semblent l'avoir héritée de la Grèce, et plus encore chez eux que chez les Étrusques l'influence de la grande peinture .ent décoOuf .rouvre' tombeau suri'13stfutiin qu'on croit porter au n: siècle avant notre ère e, Ce qui est un fait, c'est le e goum des Romains pour la peinture Jih" 1iStnl € . lift l go Messala exposa pour la première foie, la ,, iris. ilostilia, un tacieau retraçant un épisode d_ l'histoire nationale, la Victoire que lui-même-, venait de remarier en Sicile sur Hiéron e-t les Carthaginois Dès lors, dans les triomphes, figurent des peintures qui font connattre au peuple les hauts faits du triomphateur '. Un genre plus délicat que cette grossière imager i titrait. le portrait. Rome semble l'avoir connu assez tard. Cependant, l'usage ancien des imaginais t f',co, p. rit,iiit sq.] avait do de bonne heure orienter de ce côté fes efforts des artistes. Quelques peintres, de portraits acquirent à Rome une certaine réputation, comme Dionysios, qui devait., semble-t-il, à cette spc a.ii€é son surnom d'vnfttaopogrc€pitosii_ ou comme cette Laie-, ori ginaire de Cyzrclue, qr., travailla à Riom et ci t . . PIC -468 PIC se rendit célèbre en son temps pour ses portraits de femmes, peints sur ivoire ; elle-même avait reproduit ses traits d'après le miroir. Son nom mérite d'être retenu parce qu'il représente à cette époque (te' siècle av. J.-C.) une forme non méprisable de l'art, la miniature [unit] 1, cultivée aussi avec succès par un grand personnage, ancien préteur, ancien proconsul de la Narbonnaise, Titidius Labeo Quelques portraits anonymes, dans les dimensions ordinaires, sont venus jusqu'à nous; bien qu'appartenant à l'art industriel, ils témoignent de l'es prit d'observation que les Romains, ou les artistes qu'ils employaient, savaient porter dans ce genre difficile (fig. 5659) Mais c'est surtout dans la peinture décorative que les Romains ont excellé. Déjà vers la fin du ne siècle av. J.-C. Sérapion avait introduit chez eux le décor de théâtre `. Plus tard, au temps d'Auguste, Ludius inaugure la décoration murale ,dont les maisons de Pompéi nous ont conservé de si précieux spécimens. C'est lui qui imagine de couvrir les murs des habitations privées de villas, de portiques, de paysages, de marines, de scènes retraçant les travaux des champs 5. De fausses perspectives sont ménagées, des fenêtres feintes, par lesquelles or, aperçoit la campagne ou la mer, ou des rues de ville, des enchevêtrements d'édifices comme ceux que présentent certaines parois de la maison de Livie au Palatin [DoMus, fig. 2517]. Des scènes de genre ou des tableaux mythologiques sont insérés dans ces enluminures. Pour la mythologie, on a recours à la Grèce; on reproduit les combats livrés sous les murs de Troie ou les voyages d'Ulysse ° ; on s'inspire des légendes mises à la scène par les poètes tragiques ou traitées en tableau par les grands peintres grecs (fig. 2355, 4879). Même les sujets romains, comme l'admirable composition des Noces Aldobrandines, trahissent l'influence de l'art grec 7. Enfin les procédés sont grecs, témoin les beaux dessins de la Farnésine, à Rome, tracés en bistre, en rouge ou en noir sur fond blanc, et qui rappellent de si près les lécythes blancs d'Athènes 8. Mais Rome elle-même sous l'Empire, au temps de son plus grand luxe, n'est pas le lieu où la peinture est le plus intéressante à étudier pour nous, d'abord faute de documents, ensuite parce que toute la peinture qu'elle renferme, ou peu s'en faut, y est venue de Grèce, par la conquête ou par la folie des collectionneurs. Si nous voulons nous rendre compte, par des exemplaires nombreux et variés, de ce que fut la peinture dans l'Italie antique, c'est surtout à l'Italie méridionale qu'il faut nous adresser. Là, deux sortes d'art s'offrent à nous : un art italiote d'inspiration et de sujets, mais absolument grec de procédés, et grec de l'époque la plus pure, présentant les caractères de la grande peinture grecque décorative du v°siècle : absence de modelé, teintes plates, tons francs et peu nombreux (bleu, rouge, jaune, noir, blanc, avec une teinte rosée sur les chairs). Les monuments de cet art sont malheureusement en très petit nombre : il faut citer principalement les peintures funéraires de Paestum les danses funèbres découvertes à Ruvo, dont le Musée de Naples possède quelques fragments très détériorés 10, enfin toute une frise de guerriers et de cavaliers d'époque plus basse, provenant également de Paestum ; nous en donnons un spécimen (fig. 5660)11. L'autre peinture dont nous voulons parler est la peinture pompéienne, celle que nous ont révélée les ruines d'Herculanum et de Pompéi, ainsi que les restes d'habitations privées plus récemment découverts, comme ceux qui ont été mis au jour dans ces dernières années à Boscoreale f2. C'est de l'art hellénistique, qui reflète, sans aucun doute, la peinture de la période alexandrine ; c'est encore, par conséquent, de l'art grec, approprié aux moeurs romaines ou grécoromaines de la Campanie. Les peintures de Pompéi ont été l'objet de travaux nombreux et considérables. Ce qui en fait l'unité, c'est leur destination : toutes ont pour but d'embellir des édifices; le rôle que jouent dans nos intérieurs le papier peint ou les étoffes tendues, la peinture le jouait dans les maisons de Pompéi. Cette décoration a eu son histoire, dont il faut très brièvement rappeler les phases principales. Une étude attentive des peintures pompéiennes y a fait reconnaître différents styles. Le plus ancien est le style à incrustation, dont le principe est la reproduction, à l'aide de la couleur, d'une polychromie naturelle qui serait formée par le rapprochement de divers marbres. Une pareille polychromie était pratiquée en Égypte, dans cette riche Alexandrie où affluaient les marbres de toutes les parties du monde. Elle aurait été, d'après Pline, introduite à Rome pour la première fois par un favori de César, Mamurra13. Un procédé économique consista, dans les maisons de Pompéi, à substituer au marbre, matière coûteuse, des surfaces stuquées, sur lesquelles on imitait ces mosaïques multicolores. De semblables mosaïques se rencontrent dans une centaine de maisons appartenant au u° ou au i siècle avant notre ère. Mais en même temps ce mode de décoration comportait des éléments architectoniques, colonnes engagées PIC 469 PIC ou indépendantes, pilastres, entablements, etc., qu'on y voit prendre une importance de plus en plus grande, figurant autant de motifs qui semblent s'éloigner toujours davantage du fond, laisser entre eux et lui plus d'espace, plus d'air. En d'autres termes, ce qui d'abord avait tenté les peintres, c'était la richesse et la variété des matières dont étaient incrustées les parois. Maintenant ils sont plus ambitieux, ils veulent simuler par la couleur l'architecture intérieure des palais hellénistiques, les colonnades qui en supportent le plafond, les jours sur le dehors qui s'y ouvrent à. une certaine hauteur. Ce style architectonique marque un pas décisif vers l'emploi des fausses perspectives comme élément essentiel du décor. Une dégénérescence fatale de ce style devait créer celui qu'on est convenu d'appeler le style ornemental, dans lequel les éléments architectoniques perdent leur réalisme, s'amincissent, se compliquent. se parent, empruntant leur parure à la faune et à la flore, reprodui sant l'élégance grêle du métal, s'élançant en l'air pour ne rien soutenir, véritable architecture de rêve, spirituelle et maniérée, avec un fond de bon sens qui trahit laGrèce'. Un des grands mérites des peintures pompéiennes consiste dans les tableaux qui y sont répandus. Beaucoup de ces parois des intérieurs ont reçu, en dehors de leur décoration linéaire, des compositions qu'on a essayé de classer suivant leur tendance. Quel qu'en soit le sujet, scènes mythologiques, historiques, se rapportant à la vie de chaque jour, les unes sont traitées avec un certain idéalisme, les autres se rapprochent beaucoup plus de la nature '. Et si nous regardons aux sujets, rien n'est plus intéressant pour nous que leur variété. Certains grands tableaux de l'époque grecque, tels que le Sacrifice d'Iphigénie, Achille à Skyros, Persée délivrant Andromède, Hercule étouffant les serpents, etc., nous sont surtout connus par les imitations, les copies lointaines, les interprétations que nous en trouvons à Pompéi'. Tout un genre, le paysage, qui se développe si tardivement chez les anciens, est représenté, dans l'art pompéien, par d'innombrables spécimens, qui permettent d'en étudier de très près l'esprit. Il en est de même de la caricature ; pour ne citer que quelques exemples, on connaît l'image d'Énée sauvant son père Anchise', les Combats de Pygmées contre des grues ou des coqs etc. Ces travestissements atteignaient la vie privée ; on en jugera par ce tableau (fig. 6661) de l'atelier d'un peintre (officina) devant lequel pose son modèle'. Et non seulement il y a là, au point de vue l'art, une source d'enseignements singulièrement féconde, mais au point de vue de l'histoire proprement dite, les peintures de Pompéi sont on ne peut plus instructives : elles reflètent tout un côté de l'esprit alexandrin, la mièvrerie, le sentimentalisme, le romanesque de cet esprit, son goût des petites gens, sa préférence pour les scènes familières delavie, etc. C'est une mine inépuisable d'observations concernant la période hellénistique. Les opinions ont beaucoup varié sur la technique des peintures pompéiennes. Voici, d'après le long et minutieux examen qu'en a fait 0, Donner, les conclusions les plus probables : le l'immense majorité de ces peintures a été exécutée par le procédé de la fresque, et cette constatation s'applique aussi bien aux fonds, qu'aux ornements peints sur ces fonds, aux figures isolées, aux tableaux ; 2e les peintures à la colle et à la détrempe sont extrêmement rares à Pompéi ; 3e on n'y trouve pas trace d'encaustique'. l'éducation d'un certain nombre de peintres nous sont connues. Il existait des familles d'artistes, où la pratique de l'art se transmettait de génération en génération. C'est le père qui était le premier maître ; on allait ensuite pic lt conseils , d'ar•tists'S titi s... t:: s.. plus etc .°enfile'' ''P p?T 5Gn 1 ;t d UUit au.. l' ,t7e1n fls, 1tI allie aI peut être fils un second A.glaol,non, peintre= qui visait hu v ;déifie '. Le premier mitre de rios avait. „té son père IUvéni3:' fausias de -1t .'édéve de son père ilryès '. Nicoïnachos de son père Aristide '1 ; à son tour" il forma so e rist,u et son fils Aristide ', lequel fut, le mai deux fils, Ariston et Niltéros s. Des sculpteurs Tans des familles de peintres : Eumarès 1 enlumineur du vie siècle, était le père t'anainosavait pour frère Phidias i0, la uphranor, Protogène, A.étion, sont riant pratiqué la sculpture 11, peintre contait cher, quand elle était dir iétranger. Iramphilosnesefaisait paspayer en t . telle est du moins la somme qu'il i m. d, M ianthios'2, Selon toute vraisem un forfait. Ce fut du reste un érudit que Pa ( lnphrpolis, et, par excellence, un profes seur, -, runais.'ancim en littérature étaient très éten eut l avait fait une :tacle approfondie de la science de nombres et de ht `trie, sans lesquelles il pré tendait qu'il ar'Sr a pas peinture". C'est gri ce à lui que à Sicyone ,l'abord; ensuite dans toute le Grèce, la 1 tr bois, proprement sur tablettes de buis ie Imam dit Pline), fut, enseignée aux enfants ne savons pas s'il avait écrit quelque tr'l r faine son art. Pour d'autres nous sommes , ro,;élcnti:ios avait laissé des conseils -accepta -9lfrnaactr'1ir°Zdt 1 Euphrand ur. star les proportions et sur las couleurs'. n'.tts avaient débuté par la philosophie : Menééémes, qui ne semblent pas d'ailleurs Ia. .é de trace profonde dans l'art, sont cités parmi les disciples de Platon t°Enfin, n'oublions pas pu'Euri nt été peintre 'Luis sa jeunesse 'peux. de „ sata'e, ascïples des u rouit'-. p..a.rait leurs conte nmporains, :dent ciao i, net, Protogène fut, ong-te ips uvr , et les critiques ancienne lui c!onna.l;sscnt pas dt martre. fine légende voulait que, jusqu'à l'fige de cinquante ans, il eut peint des navires 1e. ï1 n'en fut pas moins le grand 'artiste tue l'on sait:, et un tl,éo III e tiih t' . oniavait. de lui un traité sur la peinture et sue les £',-rty,es ( ~ i Bir d^~uvji en deux livres". Un certain L :gonos, qui broyait les couleurs dans l'atelier de ° devint lui-même un peintre si éminent, iii élève célèbre, Pasia.s20. activèrent la peinture. Hélène, fille de Timolr iglpte , as'ci peint la Bataille d'Issus, qu'on vit plus tl:d à Rome dans le t! n ,'e de la Paix, sous Vespasîen' . \ea!l;zs de Sicyone avait appris ta peinture aï. sa fille _t_naaandra `, etc.(cf,. fig. 56h3,.:è6b6). Les (arecs ont con',€ les cour: mirs de peintuire Peutl'habitude. de signer le'.. al"r's ,.,s 7p selle lt'jà courante è 't moment. Sous t , as quand 5'établit et usage L'ilioupersi,• de Pole ,ucdé', i Itejc,ho' partait une épigramme attribuée. à. `^imuni,ie qui comine,irzitpar ces mots , flcl .. aro.e'2. Plus tard, les peintres à l'encaustique signèrent leurs tableaux en employant la formule I èn'vx esétiauee, dont Nicias le premier parait s'être servi 24. En ce qui concerne les concours, ils avaient lieu dans les grands jeux de la Grèce; du moins les plus anciens furent institués 1 Corinthe r'l a Delphes. et les premiers concurrents qui _ prirent part furent Panainos et Timagoras de Chalcis Panaints fut vaincu par son rival à Delphes Un concours plus célèbre est celui oùParrhasiosl'emporta surleuiis'3.Vers l même temps, sans doute, il faut placerl'échec infligé dans File de Samos par Timantlle à Parr`Iaslns, qui avait représenté les chefs achéens refusant à Ajax les armes P Idrille''.11résulte des textes, notamment d'un texte d'Ebert`s,queTimantiie avait traité le même sujet, ce qui ferait supposer que dans cers tains cas, sinon toujours, on donnait a développer un thème. C'est, semble-t-il, dans ces conditions que Timanthe encore et Colotès de Téos se trouvèrent concurrents, et que Timanthe fut déclaré vainqueur une seconde fois pour la facon pathétique dont il avait traduit la douleur d'Agamemnon dans le tableau du Sacrifice (l'Iphigénie". Quelques peintres se plaisaient à soumettre librement leurs oeuvres au jugement du publlic. Ainsi faisait Apelle, et l'on connaît l'histoire de ce cordonnier qui, passant devant an tableau exposé par le ma,ltre, critiqua la manière dont s'y trouvait rendue une chaussure, Apelle, caché près ,ie Li, entendit l'observation et corrigea son erreur ; niais le lendemain, le cordonnier s'ét ant permis de critiquer la jambe, il sortit de sa cachette et l'apostropha rudement. Quelle que soit la valeur de cette anecdote, c'est d'elle qu'est né le proverbe 1'e sa rat' supra camp idam". II était naturel qu'un art qui avait cette importance aux yeux. du public, rapportât à ceux qui le cultivaient. Et de fait, d'assez bonne heure nous € .nstatons que la peinture coite crier. II est difficile de ne pas voir une exagération, on quelque erreur d'interprétation, dans le témoignage de Pline affirmant que le roi Candaule avait payé son poids d'or le tableau de Boulai-chus qui représentait le Combat chas ,liooi,ètes ", Mais il parait certain que Cimon de Cléonai, par les progrès qu'il. fit faire e son art, lui donna pins de prix, et gagna avec sa peinture plus que ses devanciers n'avaient pu faire avec la leur s1 . Les fresques de Micon au. Poecile lui furent payées, tandis que Polygnote, pour sa part dans la décoration du même portique, ne voulut rien recevoir 31. Plus tard, nous voyons un véritable traité passé par le tyran d'Élatée, Mnason, avec Aristide : un Combat contra les Perses, commandé par le tyran, devra contenir cent figures, et chaque figure sera payée dix mines, ". Un Attale achète cent talents un tableau du même peintre dont le sujet nous est inconnu'. Nicias refuse de vendre te groupe des génies ele vs ,11, lira g des listes nt Mis rois fond PIC Athènes. une 1 ries, pair ' las, et la. et. la L' 'fimornaehoe nr ,, don il r•r:ele temple 1:orsit'A tinte du L 1(i1O ait. de la p(..t tüi,-. L'idée le former des uv en devait , ire la cor et gaence. , au sl. l.-Ii., il existait it sthènes, sur I'a mole, i cane' d 4 t'£opxlees,une collection dont la composition, lao .r ; st obscure, niais qui semble avoir compris l ir Lenanos, l'Enlèvement du lyr ine, Achille r ASIi,, os, la /enaonïre d'I'lzusse et de ,G °-, peut-être un tableau commémoratif de la tDire hippique (ï i 'ti Rade à émée, Persée vais. Iyédt 11 y v'it à Pergame une colleeti., de peint tas et nouas voyons Attale II envoyer à. Delphes trois 1 . 1(1, copiez les fresques célébres (Sui s" trou e.£t Certain temples, avec le temps, d7evinrelit I s pin acotl.`ques : tel fui le cas die I"I4eraeoil de =l., ] I epogue 5a écrivait Strabon Mais c'est à houe surtout que les sanctuaires furent transformés, â date:' d'une certaine époque, en véritables m.u.seles de peinture. Il en était de même de quelques per tiques, comme ceux. de Philippe et de .Pompée, et les maisons privées rivalisaient avec li o monuments publics , il n'y avait pas d'ha`Ji.ation un pesa luxueuse; qui n'eût sa pinacothèque Y, Le même goût régnait 'an les autres grandes illea, et Naples contenait une galerie tt iésl.re, que décrit le rhétc l; I ' ilostrate Sur les moeurs des peintres, soit en Grèce, ,AOit (.Ia Italie, nous savons fort peu de chose. L'orgueil de quellues-uns était proverbial: l'arrhasios se faisait passer pour descendant d'Apollon ; i'. aimait à se vêtir de tiao°.£lpre et à orner sa tète d'une couronne d'or 4 Rome, il est remarquable quepiusieurs peintres indigènes appar tenaient. à de nobles fa1(11dcs : Turp dont on vo:ait ouvre a vc,a'o01', au temps de Pain, . --nit de la d ~e e rs, 0, pedius était d'une famille consumai obtenu les honneurs du triomphe e eri e:' peintre rU.tïe n , 'I Pi" tenait t 'astres lainil es "de la. Rien ne taiel point la. peinture était considérée Cette p cation lis ii tl-un sic «lins au Joli I' élis:. Tirées est à mettre ers .a ipag fie de Mar;, de kat i Latinus auxquels il est d'ailleurs apparenté par hl légende. Mais tandis que les Romains mettaient la qua i au point de départ pour entrer celle de dieu pal l'apothéose et celle d'oisea,u par la métamorphose Risi mythologues .modernes pl£^;tavela l~s(,F3 cdieai et. roi. par I (n s"i,o pivert, (r,gir ment consacr , Ma:'s, tl. raison :.e ses allures :mes , mises Nous le trouvons, en effet, mêlé .r➢.culte de ` dieu sur un lis (iI ciC i'.w r Onum..ens de l'histoire iv11, ';ace du Pli sur la table d'lpu-liarn,sous le vocable de . tradition tout eau, , 'éné a.l)le t'eut qr, dur l'étendard ié' ntes rdal du i '(ii s'étab' Motiena, dan I'. pays des Arque, th, d'une colonne en buis rendait des oracles vas., l'oiseau. était :symbolique de la r identifié l'origirt: avec pelle, ensuite d' ;cnu i' de ses farté ja . t flues Ci est Poile I elItn .ar£ts ]n et e leur suite les poèt d'Auguste, firent de Pieus un augure ils faisaient de lui u roi fat un guet avec l'oiseau :s explig-1erent. par :e' pro, dés de i morphose : allant de Pomone au de la nymphe Cam. ii inspire une vive passion zt la niagic ienn Circé qui, ignée, le change en pivert, Ovide s. tiré. de cette nde des dl t'eloppeiuoits dont on imagination peut. la. meilleure part 33ala ; rieolri, 1 u' I9d It ci, Rï nus, f ;me pour hues --ilaii(('1. Tous pur i ':_ i d e mariage : naissance d'un. 12S les cru'rau:e PIE 1472 PIG des champs. Picumnus avait inventé les engrais pour l'amélioration du sol; Pilumnus (rad. pilum) avait appris aux hommes à écraser le grain dans urs mortier à l'aide du pilon'. Les attributions stercoraires de Picus paraissent avoir été dérivées de la nature de la huppe, oiseau fréquemment confondu avec le pivert et qui se plaît sur les fumiers 2. C'est à ce titre que l'on expliquait son apothéose par des services rendus à l'agriculture et qu'on le mettait en relations généalogiques avec Sterces, Sterculius, le dieu des engrais ' Dans la religion politique, Picus anobli devient roi des Aborigènes, fils de Saturne, père de Faunus qui passait lui-même pour le père de Latinus 4. Sous cette forme, il possède toutes les qualités du souverain primitif; il est agriculteur, dompteur de chevaux, chasseur, guerrier et doué de la science augurale Virgile et Ovide, qui l'ont surtout chanté, lui donnent l'allure héroïque, en y mêlant un fort élément de rusticité. L'un lui assigne pour demeure les montagnes et les bois et raconte ses amours avec sa métamorphose ; l'autre décrit un palais de Picus, à Laurente, la métropole religieuse des Latins a ; c'est un monument auguste, abrité dans un bois touffu au point culminant de la ville et orné des images d'anciens héros topiques, Italus, Sabinus, et des dieux Saturnus et Janus. Picus y figurait avec le lituus, vêtu de la tunique courte et portant au bras gauche le bouclier échancré des Saliens (ancile) '. Ce que l'on sait des scrupules archéologiques du poète permet d'affirmer que ce n'est pas là un tableau de fantaisie, mais qu'il a été composé sur des documents et sans doute des monuments