Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article PLAGIUM

PLAGIUM. Ce mot, qui paraît venir du mot grec rc),xy:o' (oblique, tortueux, astucieux), désigne en droit romain le crime spécial qui consiste à tenir un homme libre en servitude de fait, contre sa volonté, ou à s'approprier l'esclave d'autrui. Le coupable s'appelle plagiarius ou plagiator 2. A l'origine l'homme libre, traité comme esclave, n'avait sans doute comme recours que le procès de liberté devant les décemvirs, et le propriétaire de l'esclave que l'action furti. Mais à la fin de la République, les vols d'hommes libres et d'esclaves s'étaient PLA 503 PLÀ tellement multipliés au milieu du désordre et de l'anarchie de l'Italie, surtout au profit des grands propriétaires qui remplissaient ainsi leurs ergastula, et probablement aussi des compagnies de publicains 2, qu'une répression spéciale devint nécessaire. Ce fut l'oeuvre de la loi Fabia de plagiariis, de date inconnue 3. D'après le premier chef, il y avait plagium dans le fait de celui qui tenait sciemment caché ou enchaîné, ou qui avait vendu, acheté, donné en dot ou échangé un citoyen romain, ingénu ou affranchi La loi ne s'appliquait alors qu'à l'Italie, et encore au me siècle ap. J,-C. elle ne protégeait dans les provinces ni les pérégrins ingénus, ni leurs esclaves ou affranchis. Elle punissait le maître qui avait permis à son esclave de commettre le plagium, l'esclave s'il avait agi à l'insu de son maître 6e Le deuxième chef de la loi atteignait celui qui engageait à fuir l'esclave d'autrui ou qui favorisait sa fuite ou qui l'avait sciemment caché, emprisonné, enchaîné'. Plus tard, pour supprimer les nombreux abus amenés par la réception des esclaves fugitifs, on interdit absolument tout changement de propriété, tout contrat relatif à un esclave tant qu'il était fugitif, sous la peine du plagium pour les deux contractants Les complices étaient dans les deux chefs assimilés à l'auteur principal. La mainmise 6 sur l'homme libre ou l'esclave était punissable quel que fût le mode employé, ruse, violence, ventes ; mais il fallait qu'il y eût Bolus, intention de s'approprier la personne S0. La loi Fabia établissait une action populaire et comme peine une amende de 50000 sesterces qui, après déduction de la part de l'accusateur, revenait à l'aerarium, plus tard au fisc 1t. L'esclave qui avait commis le crime par l'ordre de son maître ne pouvait être affranchi avant dix ans 12. Sous l'Empire, peut-être à partir de Caracalla", le délit principal fut soumis à la procédure criminelle et la peine fut pour les humiliores la condamnation aux mines ou la mort, pour les houestiores la relégation avec la confiscation de la moitié des biens ; les amendes subsistèrent pour la vente et l'achat de l'esclave fugitif, et pour le vol de l'esclave on pouvait employer l'action de vol civil et l'action criminelle 54. Le plagium pouvait concourir avec le fait donnant lieu à l'interdit de /inuline libero exhibendo, ou avec la corruption d'esclave, donnant l'action servi corrupti ; en cas de violence, l'accusateur pouvait aussi utiliser l'action de vi 1'. La vente des enfants par le père, si fréquente jusqu'à la fin de l'Empire, malgré les lois qui l'interdisaient1t, ne constituait pas un plagium. CB, LÉCItiVAIN. jouet de la première enfance [CREPITACULUMj 1. Le même mot désignait un jeu qui se pratique aujourd'hui sous le nom de o claquette ». Il est décrit de la manière la plus claire par Pollux. On fermait la main gauche et sur les deux premiers doigts réunis en cercle on posait à plat un pétale de pavot, qu'on frappait d'un coup sec avec la main droite; il s'agissait de le faire claquer bruyamment par la compression de l'air ; on y réussissait aussi bien en posant le pétale sur son bras ou sur son front. Une variété du jeu consistait à gonfler une fleur de lis en soufflant dans le calice après l'avoir serré au bout; on le faisait ensuite éclater par le même moyen 2. Pollux mentionne encore un jeu qu'il rattache aux précédents : on pressait avec force entre le pouce et l'index un pépin de pomme encore humide, de manière qu'il allât frapper le plafond; on pouvait, à force d'exercice, faire de ce jeu un jeu d'adresse et on conçoit aisément qu'à la fin des banquets un peu libres il donnât matière à des paris entre des convives excités par la bonne chère 3. Les différentes formes du nna'cx°; oivtov servaient aux amants à interroger le sort ; ils tiraient de là des inductions sur les dispositions de l'objet aimé et sur l'avenir réservé à leurs entreprises galantes. Comme le remarque Pollux lui-même, c'est une superstition analogue quia fait le succès du cottabe [IioTTAnos[ 4. G. LAFAYE. PLAUSTRARIUS. 1° Charron. On peut comprendre ici sous le nom de plaustrarii tous les fabricants de véhicules, quoiqu'il ne leur convienne pas également bien. Il y aurait lieu en effet de distinguer parmi eux ceux qui fabriquaient surtout les chars de guerre et les proprement dits, à qui on achetait les chariots de transport, principalement nécessaires aux agriculteurs, et les carrossiers voués à une besogne plus délicate (&(xxnc le nom générique de plaustrarii embrassait à la fois tous les ouvriers appelés, suivant leur spécialité, carpelt tarii t, cisiarii 5, essedarii 6, rttedarii 7.... Déjà chez les Grecs le métier devait être lucratif ; car la fabrication pait un grand nombre de bras. Thèbes, Sicyone, Cyrène avaient dans ce genre d'habiles ouvriers 10 et jusque sous l'Empire on vantait les ateliers de carrosserie (fabricaecarpentariae) de l'Élide et de la Laconie". On y employait une très grande variété de bois : le chêne, l'orme, le frêne, le sapin, le figuier, le buis, etc. 13 PLA 504, PLA Une des principales opérations consistait à leur donner la courbure en les soumettant à l'action du feu 1. On les assemblait avec des clous (yoj.eooù) et de la colle (xo),)(âv) 2. Le fer, le bronze et le cuir suffisaient ensuite, dans la plupart des cas, à compléter l'ouvrage; mais avec les progrès du luxe la carrosserie mit aussi en oeuvre l'argent, l'ivoire, la soie. Une inscription mentionne un peintre de voitures (pictor quadrigularius) 3. A Pompéi les charrons (lignarii plostrarii) formaient une corporation; elle avait probablement son siège dans un faubourg, près de la porte et le long de la voie de Nole par où le peuple des campagnes pénétrait dans la ville et où se trouvaient les relais de poste. 2e Charretier, voiturier [voir muLlo et PLAUSTRUM] On comprend aisément que plaustrarius ait été pris aussi dans ce sens, si l'on songe qu'aujourd'hui encore le carrossier, dans beaucoup de petites villes, est en même temps loueur de voitures et à l'occasion cocher. C'est ce qui explique qu'on ait également attaché le double sens de fabricant et de conducteur de voitures aux termes plus spéciaux de carpentarius, cisiarius, essedarius et rhe