Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

PLÉIADES

PLÉIADES, HYADES (IlÀel«ôa„ `Y'Srç), noms donnés à deux groupes d'étoiles, faisant partie de la Constellation du Taureau. Les Pléiades (en latin Vergiliae)' avaient une grande importance aux yeux des Grecs et des Latins, parce que, avec leur apparition au mois de mai, commençait la saison de la navigation, la maturité des grains et l'approche de la récolte, tandis que leur coucher, à la fin d'octobre, coïncidait avec la période d'inactivité sur mer, le labour et les semailles d'automne C'est à ce titre qu'elles peuvent avoir place ici. L'imagination populaire avait créé plusieurs légendes au sujet des Pléiades et de leurs soeurs les Hyades. Les premières étaient filles d'Atlas et de Pléionê a, cette dernière fille elle-même d'Océanos et de Thétis. Inconsolables après la mort de leur père ou de leurs soeurs les Hyades, Zeus, pris de pitié pour elles, les avait transformées en étoiles'. D'après une tradition béotienne, Pleionê et ses filles, compagnes d'Artémis, traquées par le chasseur Orion, avaient imploré Zeus, qui pour les sauver les métamorphosa en étoiles '. Leur nom, confondu avec le mot 77s)vet,SEç, colombes, avait fait également supposer qu'elles avaient reçu la forme de cet oiseau 6. Elles auraient été chargées sous cette forme de porter l'ambroisie à Jupiter Suivant la version la plus répandue, les noms des Pléiades étaient : Electra, Maia, Taygète, Alcyonê, PLE Celaeno, Steropé, Méropé 8. Aimée de Zeus, Maia avait donné le jour à Ilermès sur le Cvllène arcadien ". De Zeus également, en Laconie, Taygète avait eu le roi I,acedaemon10. Electra était devenue mère de Dardanus, selon d'autres aussi de Iasion et d'llarmonia ". Les noms d'Electra et de Méropé semblent faire allusion à l'éclat de la constellation à son lever, tandis que ceux d'Alcyllllê et de Celaeno, amantes de Poseidon, rappelleraient les tempêtes qui accompagnent son coucher'". La dernière, Yléropè, rarement visible était considérée comme une mortelle, épouse de Sisyphe et mère de G1aukos". La généalogie, le nom et le nombre des Hyades 15 est très variable suivant les auteurs. On disait qu'elles avaient élevé Zeus à Dodone ", qu'elles avaient soustrait Bacchus à la ,jalousie de Junon, et l'avaient nourri sur la montagne de 9rysa. Puis elles l'auraient sauvé de la poursuite de Lycurgue, soit en se réfugiant chez Thétis, soit en remettant l'enfant aux mains d'Ino, à Thèbes. Zeus, par reconnaissance, les aurait métamorphosées en étoiles ". Quant à leur nom de Ilyades, il était diversement interprété. On l'expliquait par la forme de leur constellation, qui ressemble à la lettre 1 ". On le dérivait aussi de auaiaç'', traduit en latin par le mot suculae ", étymelogie qui donnerait à entendre qu'elles avaient été comparées à un troupeau de truies. Plus généralement on expliquait leur nom par le mot'sdJ, pleuvoir, parce que leur lever et leur coucher coïncidait avec une période de pluies21. Leur constellation était aussi appelée à Rougie Pariliciae, parce que leur coucher avait lieu au moment de la fête des PALILIA (2l avril)22. ANDRÉ Bu DRit1àR'r. PLÉMOCI-IOÉ, Ilkiu5/rra. -Vase servant à certaines libations dans le culte d'Éleusis [ELEEsINiA]. Le dernier jour des Mystères, nous dit Athénée', on remplissait deux de ces vases, on élevait, l'un vers l'Orient, l'autre vers l'Occident et on les renversait en pronom çant une parole mystique 2. Athénée nous apprend aussi quelle était la forme de la plénaochoé. C'est un vase d'argile en forme de toupie et bien ferme sur sa base (fig. à708)L PILE 510 PLI Dans plusieurs scènes de libations funéraires' on voit figurer un vase, de forme spéciale, qui répond bien à cette description, et nous pensons qu'on a eu raison d'y reconnaitre ïn plémochoé, bien que les avis soient partagés sur ce point', Dans l'article reisos (p. 824), L. Couve a démontré qu'on avait eu tort [ELEUSINI.1, p. 5741 de donner le nom de plémochoé au vase rituel des cérémonies d'Éleusis qui figure sur des monnaies et des bas-reliefs (fig. 2638, 2640, 468) et qu'on voit porté sur la tête des prêtresses dans la Kernophoria (fig. 4267). Mais si l'on regarde avec attention la forme du kernos ainsi déterminé, on constatera qu'il diffère, en réalité, du vase que nous cherchons ici à identifier. Le kernos est de structure plus ronde et plus courte ; le couvercle décrit une courbe qui accentue le galbe ovoïde du vase; les anses sont horizontales et un peu relevées. La plémochoé n'a pas d'anses; le couvercle est tout à fait plat et le pied plus élevé. L'ensemble répond bien à la comparaison avec e une toupie » que fait Athénée. Ce sont donc deux vases différents. On a fait diverses hypothèses sur la signification de ces libations au moyen de la plémochoé. Les uns y ont vu une offrande aux morts', les autres pensent qu'il s'agissait d'obtenir la faveur de Déméter pour les fruits de la terre4. Mais comme nous ne savons ni de quel liquide étaient remplis les vases en question ni quelles étaient les paroles prononcées en les renversant°, il parait bien difficile de trouver la solution du problème '. On pourrait faire valoir en faveur de la première hypothèse 8 les scènes de libations funéraires citées plus haut, si notre identification est exacte, et les vers du Peirithoos d'Euripide conservés par Athénée ", qui nous montrent des plémochoés employées en l'honneur de divinités chthoniennes. CH. MICHEL.