Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article PLUMBUM

PLUMBUM, p.6~uGSos, Le plomb était appelé par les Grecs p.éXub os ', quelquefois pàatbios 2, p.i)Aséoç ° ou µ4tto;4, et par les Romains plumbum, ou plus exactement plumbum nigrum5 ; le plumbum album n'était autre que l'étain ou STANNUM, xaaa(rEpoç, Origines. De très bonne heure les anciens ont connu le plomb. Des haches votives en plomb, de l'époque préhistorique, ont été recueillies dans les stations lacustres de la Suisse 6, en Italie dans la province d'Arezzo en France dans le Morbihan', en Angleterre ", en Suède 10, dans la Russie méridionale ". Les hiéroglyphes de l'Égypte" et les inscriptions cunéiformes de l'Assyrief3 font mention du plomb. Schliemann a découvert à Troie, à Mycènes et à Tirynthe, de nombreux objets faits avec ce métal 14, que les hommes de l'âge mycénien utilisaient déjà pour souder les vases et sceller les pierres 16. Pline l'Ancien raconte que le plomb aurait été apporté des îles Cassitérides par un certain Midacritus f6; il ne dit pas s'il s'agit du plumbum album ou du plumbum nigrum ; Hygin attribue expressément l'introduction de l'un et de l'autre dans le monde antique à Midas de Phrygie t6 ; peut-être doit-on lire dans le texte même de Pline Midas p/tryx au lieu de Midacritus'". La tradition faisait donc descendre jusqu'au temps de la thalassocratie phrygienne !deuxième moitié du x' siècle avant l'ère chrétienne`,, sinon la découverte première du plomb et de l'étain, du moins la propagation de leur emploi à travers les pays riverains de la Méditerranée orientale. Le plomb est mentionné deux fois par Homère dans l'Iliade, à titre de comparaison 19. Gisements (voir la carte des mines et carrières de l'antiquité grecque et romaine, à l'article MI'TALLA, p. 1846, fig. 4971, et les cartes particulières du Laurion, p. 1850 fig. 4977 ; du groupe égéen, p. 1849, fig. 4976 ; de l'Espagne, p. 1848, fig. 4975).-Ungrand nombre de contrées possèdent des gisements de plomb que les anciens ont exploités. On connaît ces mines par les écrivains grecs et latins qui les nomment, par les estampilles que portent quelques lingots conservés et surtout par les vestiges encore visibles des travaux d'extraction 2e. Celles de plomb argentifère" étaient naturellement les plus appréciées et c est d'elles surtout que s'occupent les auteurs, mais il en existait aussi oit le métal commun n'était pas accom pagné d'argent. Les expressions v.Me.leio, a vv),aa 22 et plugnbaria 2" ou plumbaria metalla 2'r s'appliquaient en particulier à ces dernières, tandis qu'on désignait de pré férence les premières par des appellations dérivées du nom de l'argent, telles que âpyupEïce '. rsè'ja 20 ou onetal/a argentaria 26. Des unes et des autres on tirait, en outre, divers produits secondaires qui servaient à des usages industriels ou médicinaux 27 : la litharge ou protoxyde de plomb, ;.I@xeryupoç23, spuma argenti ; l'oxyde rouge de plomb, .Haros 3°, xtvn itlxFn " ouminium" ; le molybdène, sulfate ou carbonate de plomb, p.oaulivtva31, molybdaetta ou yalena3'' ou encore pluntbago70; l'ocre, il1ypa3" ou sil3'; la cadmie, xaâ1.e)v38, cadmea ou cadmiai", oxyde de zinc ; la Q720ô4 00 ou spodos ~', acide antimonique. Les principaux centres de production du plomb, les seuls probablement qui pussent donner lieu à un commerce d'exportation en mème temps qu'ils satisfaisaient à la consommation locale, étaient dans l'Europe orientale l'Attique, dans l'Europe occidentale l'Espagne du sud, la Gaule etia Bretagne 12, Les mines de plomb argentifère du Laurion, en Attique, sont les plus célèbres':' Dans le monde hellénique il y avait aussi des gisements en Macédoine i4, sans doute aux mines d'argent du mont PLU 512 PLU Pangée, à Sériphos, Siphnos el Anaphè', à Rhodes', à Chypre' ; le meilleur minium était celui (le Céos En Asie, les écrivains anciens citent. les mines de plomb d'Ergastéria de Mysie, entre Cyzique et Pergame, le molybdène de Cilicie, à Sébaste, au mont korykos et au cap Léphyrion 6, le minium de Cappadoce et de Carmanie s. Dans l'Afrique du nord des traces d'exploitation romaine et peut-être même punique ont été relevées au Djebel-er-Reeas près de Tunis et à Djebba dans la vallée du Bagradas ° ; les Romains ont travaillé aux gisements du cap Negro en Tunisie, prolongements de ceux de l'OumTeboul, en Algérie au Djebel Skikda près de Philippeville, chez les »ail du Nador et sans doute aussi au Djebel Medjana près de Tébessa, où, au moyen âge, Ibn Ilaoukal et El Bekri mentionnent de l'argent 10. La partie de l'Italie la plus riche en mines était la côte d'Etrurie, avec lite d'Elbe ; dès ('époque de la domination étrusque on exploitait dans ces parages le fer, le cuivre et le plomb argentifère" ; les Romains, sous la République, défendirent que l'on continuât à mettre en valeur les gisements d'Italie" ; cependant il est encore question du 1`19xpyupos de Pouzzoles et de Sicile dans Dioscoride13 et du molybdène de Pouzzoles dans Pline'''. Solin" et Sidoine Apollinaire16 parlent des mines de plomb argentifère de la Sardaigne ; on a retrouvé dans la province d'Iglésias une grande quantité de scories de toutes les époques" ; des monnaies carthaginoises étaient mêlées aux plus anciennes 18; deux pains de plomb estampillés, sortant de mines impériales, proviennent aussi de la même région 13 ; une petite île de la côte sudouest s'appelait Mol1édè 720, c'est-à-dire Plumbaria. Aucune contrée du monde antique ne pouvait rivaliser avec l'Espagne pour l'abondance et la variété des produits minéraux 2t. C'est là que s'approvisionnaient les Phéniciens22. Au temps des Romains, le plomb argentifère d'Espagne était très réputé". On le recueillait: dans File Capraria, l'une des Baléares et dans la petite ile de Msoutxêmp(l25, en face des Baléares, au sud de Dianium ; dans toute la région montagneuse du sud-ouest de la Tarraconnaise et en Bétique (Carthagène26, Baebulo27, Castulo "3,Can,jajar prèsd'Illiberris "0, Lombas de la hrracaprès de Malaga", Carteia 31. Ilipa et Sisapon 32); en Lusitanie près de Merobriga 33 ; chez les Cantabres à Ovetum 34. La Gaule entière, d'après Pline, produisait duplumbum nigruén ', et en effet des veati gIs incontestables d'exploitations antiques ont été découverts en beaucoup de points de la France, surtout aux environs du Massif central 31; Strabon citait spécialement les mines d'argent, c'est-à-dire de plomb argentifère, des liulènes et des Gabales (Rouergue et Gévaudan)'', L'existence de gisements considérables en Bretagne est indiquée par Strabon 33 et par Tacite 30; Pline assure que dans ce pays le plumbuna nigrum était si répandu que la loi avait chi intervenir pour en limiter l'extraction e0; ici encore les trouvailles faites sur le terrain ont confirmé son dire'. Sans parler même des traces de travaux romains relevées en Ecosse 42, en Cumberland' et en Northumberland, on a recueilli en Angleterre un grand nombre de lingots estampillés, portant une vingtaine d'inscriptions caractéristiques'' ; le pays des Bri,ganles ", celui des Ceangi 46, identiques sans doute aux Cangide Tacite '", et les metalla Luludaren)s(in) dans le Derbyshire 18 sont désignés par quelques-uns de ces textes comme lieux d'origine. Le plomb était apporté sur la côte pour qu'on l'y embarquait à destination du continent, Gaule 49 et Italie. Les îles Cassitérides, dont les habitants échangeaient du plomb, de l'étain et des peaux de bêtes contre des vases, des bronzes et du sel", expédiaient au dehors les métaux de la Bretagne sans peut-être en produire sur leur propre sol : par leur position et leur nom elles rappellent les deux îles Plumbaria de Sardaigne et d'Espagne. En Germanie Tacite parle de filons assez pauvres chez les Mattiaci " et quelques vestiges de mines antiques existent dans tes vallées de la Lahn et de la Sieg, dans l'Eifel, près de Cull et près de Ileidelberg o2 ~1Tétallui'gie. L'extraction du plomb se faisait par les mêmes procédés et dans les mêmes conditions que celle des autres métaux. On trouvera à l'article METALLA (p. 185'24873) tout ce qui intéresse l'exploitation des mines en général, la situation du personnel qu'on y employait, le régime légal auquel elles étaient soumises. Il faut seulement rappeler ici les particularités que présentait le traitement métallurgique du plomb. Les auteurs nous donnent à ce sujet quelques indications'', que (sn v. x(ri.eh.,i). Vil. 65 PLU 513 -PLU l'exploration des gisements anciens a permis de préciser et de compléter 1. Le plomb se présente sous forme de sulfure ou galène et de carbonate ou minerai oxydé, accompagnés de substances étrangères qu'on doit éliminer pour l'avoir pur ; le travail de préparation est compliqué en outre par le fait que les sulfures et carbonates contiennent souvent une quantité notable d'argent. Il était nécessaire, avant tout, de débarrasser le minerai de la gangue qui l'enveloppait ; pour y parvenir on le broyait dans des moulins et on le lavait ensuite à grande eau ; le courant entraînait les matières légères, laissant au fond des cuves les grains plombifères. Une seconde série d'opérations avait pour but de séparer le plomb des substances étrangères qui s'y mêlaient et, s'il y avait lieu, de l'argent qu'il renfermait. Le minerai était porté à une haute température dans des fours de fusion largement ventilés (fig. 5709) 2 ; le soufre, l'acide carbonique, le fer, etc., se dégageaient ; le plomb au contraire se déposait. La coupellation permettait de recueillir l'argent ; à la suite d'une seconde fusion dans un autre four, au-dessus du fond poreux d'une coupelle sur laquelle un courant d'air amenait une forte quantité d'oxygène, l'argent filtrait tandis que le plomb s'oxydait et se transformait en litharge. On n'avait enfin, pour obtenir le plomb marchand, qu'à revivifier les litharges par une dernière fusion qui permettait à l'oxygène de s'échapper. L'examen des déblais restés en place a permis de constater que les anciens ne tiraient pas du minerai tout le plomb qui s'y trouvait. Les scories du Laurion à la belle époque contiennent 10 p. 100 de plomb celles d'Espagne et de Sardaigne 25 et 30 p. 1004. Mais il faut ajouter qu'au Laurion même, lorsque les mines commencèrent à s'épuiser, on reprit les scories des siècles précédents 5 et l'on sut en extraire encore du plomb et de l'argent; la teneur en plomb des déblais les plus récents est seulement de 3 et 2 p. 100; la forte proportion de métaux que renferment en général les scories antiques tient donc moins à l'imperfection réelle de l'outillage qu'au désir de se procurer du plomb très pur, au risque d'en perdre une certaine quantité". Le plomb marchand était mis dans le commerce sous la forme de lingots ou de saumons, massae, que les fabricants frappaient d'estampilles à leur marque. Les saumons du Laurion pesaient environ 15 kilos ; ils ne portaient pas d'inscriptions, mais seulement des signes ou emblèmes distinctifs [METALLA, p. 1865, fig. 5015]; ceux de Sardaigne d'Espagne a et de Bretagne avaient un poids variable et souvent assez élevé : un lingot de Cartha gène pèse 72 livres, un lingot de Bretagne 127; en dehors des images d'objets ou d'animaux qu'on y voit souvent figurées , on peut y lire aussi des inscriptions contenant le nom d'un empereur ou d'un procurateur impérial, ou le nom des simples particuliers pour le compte desquels les gisements métalliques étaient exploités (fig. 571070). Usages. L'extraction de l'argent dans les mines de plomb argentifère mettait à la disposition des anciens une masse énorme de plomb, qu'ils ne pouvaient pas utiliser entièrement". Aussi a-t-on trouvé en abondance au Laurion des litharges non revivifiées 12 et les Romains avaient-ils limité par une loi la production du plumbunt nigrum en Bretagne13. Le plomb était un métal très commun et de peu de valeur. Nous avons des indications précises sur son prix de vente à différentes époques. Les comptes du temple d'Athéna Poliade sur l'Acropole nous apprennent qu'en 408 av. J.-C. il coûtait 5 drachmes le talent (ce qui revient à 13 centimes le kilo)" ; en 259 il ne coûtait plus que 2 drachmes 4 oboles (soit 7 centimes le kilo)13. Au temps de Démosthène, Pythoclès proposa aux Athéniens d'établir le monopole d'état du plomb : on l'aurait acheté au prix courant de deux drachmes (soit 5 centimes le kilo) pour le revendre six 1G. Le plomb valait donc à Athènes, vers le milieu du Ive siècle, de 5 à 7 centimes le kilo ; l'élévation des prix en 408 doit s'expliquer par des circonstances exceptionnelles : les défaites de la guerre du Péloponnèse, le soulèvement des esclaves en 413 et l'occupation de Décélie par les Spartiates". Dans le monde romain, au temps de Pline, le plumbum nigrum valait environ 6 centimes la livre'". Ce métal n'était pas assez précieux pour qu'on fût tenté de le faire servir à la fabrication d'oeuvres d'art. D'ailleurs il se prêtait mal, par sa nature même, au travail de la toreutique [GAELATURA] ; il n'a guère de consistance ; si l'on peut facilement le fondre et imprimer des PLU --M4 PLU caractères ou des images à sa surface, il est malaisé de le graver et de le ciseler. Les anciens n'ont fabriqué que rarement et par exception des objets artistiques en plomb. Il faut citer, à titre de curiosité, une plaque trouvée à Metz dans l'amphitheâtre , sur laquelle on voit un buste de Rome que couronne une Victoire', une coupe du British Museum provenant de Rome et ornée de dessins «fig. 5711), un vase de la collection Blacas 3, et deux vases cylindriques de Pompéi, décorés le premier d'une bande d'ornements et de figures égyptisantes le second de motifs géométriques et d'une double rangée de médaillons représentant des personnages mythologiques et des animaux «fig. 5712). En général, les sta tuettes antiques de plomb, comme l'Eros' et le Persée' du musée d'Athènes, par exemple, l'Hermès de Marzabotto près de Bologne' ou les grossières figurines de Constantine, trouvées dans le Rummel °, n'étaient que des ex-voto iiIDDDod ©e t° c° o ©© de petites gens. On a dé couvert sur l'emplacement anciens du pays de Sparte, le Ménélaion10 et I'Amyclaion ", de minces plaques de plomb découpées, imprimées d'un seul côté, portant l'image de divinités, d'hommes et de femmes, d'animaux, d'objets symboliques 72; ce sont aussi des offrandes, d'un caractère archaïque, datant du vie siècle avant l'ère chrétienne. Les figurines d'Amélia d'Ombrie, entrées dans la collection de Ravestein 13, paraissent avoir servi de jouets d'enfants; il en est de même pour des figures et objets de diverses provenances conservés à 1'Antiquarium de Berlin 14 ; pour d'autres signalés en Angleterre'' et peut-être aussi pour des vases minuscules recueillis dans des tombeaux chrétiens 16. Les anciens, non plus que les modernes, n'ont guère songé à employer le plomb pour la fabrication des mon haies. On a cependant quelques exemples de plombs monnayés, particulièrement en Gaule, avec l'image du Mercure gaulois et une légende, en Afrique, avec l'effigie des rois de Numidie, et en Egypte, avec l'image du Nil'". Le Cabinet des médailles possède un statère archaïque en plomb au type du lion et une becté archaïque de Milet, dont l'âme est en même métal, recouvert extérieurement d'électrum'd. Le plomb est surtout connu en numismatique par l'usage qu'on en faisait pour altérer les monnaies 19. Polycrate, tyran de Samos, acheta la retraite des Spartiates qui l'attaquaient en leur livrant des statères de plomb doré, qu'ils prirent pour de l'or°9. Il y a au Cabinet des médailles plusieurs anciennes monnaies fourrées d'Asie Mineure, dont il ne reste plus que le plomb 2f. A l'époque romaine la frappe des monnaies de plomb était interdite par la loi 22. Mais le métal entrait dans la composition des alliages monétai res23, et on l'utilisait aussi pour exécuter des modèles de médaillons d'or, comme celui du Cabinet des médailles qui représente Dioclétien et Maximien Hercule à Mayence (fig. 5713) 2Æ. Les tesserae plumbeae jouaient un très grand rôle dans l'antiquité; ce n'étaient pas des monnaies, mais de petits disques ou des lamelles rectangulaires ornés de sujets figurés et d'inscriptions; elles tenaient lieu de plombs de douanes, de cachets de commerce, de bons de distributions, de billets d'entrée aux jeux, de jetons de présence dans les collèges, etc. 25 ; elles seront étudiées dans un article spécial [TESSERAj. Les médailles de dévotion de l'époque chrétienne, en plomb elles aussi très souvent, dérivent de ces tessères20. Deux catégories d'objets de plomb méritent, comme les tesserae, une attention particulière : ce sont d'une part les tabellae de/lxionum, tablettes sur lesquelles on lit des formules magiques d'invocation et d'exécration ', d'autre part les balles de fronde, glandes plumbeae =CLANS, qui portent assez souvent des noms de chefs militaires, des numéros de légions ou des apostrophes2". Les emplois techniques et industriels du plomb étaient les plus nombreux et les plus importants. Beaucoup PLU -515 PLU d'objets antiques de bronze contenaient, à titre d'alliage, une quantité assez forte de plomb 1. Les Grecs maintenaient en place les pierres des édifices [muruus, p. 2055 et 2056], les tambours des colonnes, les dalles des voies à l'aide de crampons de fer scellés au plomb ; c'est ainsi qu'ils avaient procédé au Pirée, à l'Acropole, à Délos, etc2• Dans certaines maisons de Pompéi des plaques de plomb sont apposées sur les murs, en dessous du stuc, et fixées par des clous pour préserver les surfaces décorées de peintures 3. Sous le Bas-Empire et à l'époque byzantine on recouvrait les monuments de toits en plomb"`. Pendant toute l'antiquité les fabricants de statues et de vases soudaient ou rajustaient au plomb les différentes parties de leurs ouvrages de bronze, de marbre ou d'argile 6p Dans le langage de la toreu ptumbare ou adplumbare paraît avoir eu, selon les cas, plusieurs sens très précis : il désignait l'opération par laquelle on remplit avec du métal fondu les cavités des reliefs en métal repoussé, ou celle par laquelle on fixe les tiges de fer dans la pierre et le métal, ou encore l'application des emblemata sur les vases d'argent'. Beaucoup d'objets usuels, sans valeur artistique, étaient faits en plomb : des poids des cachets $, des tablettes pour écrire et des crayons pour tracer des lignes 9, des lampes10 des hameçons", des boîtes à parfums ou à remèdes 12, des vases 13, notamment des urnes cinéraires" «fig. 5714), des cercueils et des sarcophages 15, etc. On appelait plumbuin 16 ou plumbatae 17 un fouet avec lequel on frappait les esclaves ou les condamnés [FLAGELLUM] ; il se composait de lanières ou de chaînettes terminées par des boules de plomb ; de là venait l'expression plumbei ictus". Dans les villes romaines des conduites de plomb, fistulae plumbeae, distribuaient l'eau à travers les quar tiers; on y inscrivait les noms des personnages (empereurs, procurateurs impériaux, simples particuliers propriétaires des terrains traversés) ou des municipes qui avaient ordonné le travail et ceux des ouvriers qui l'avaient effectué 19 [FISTULAl. Ces ouvriers, esclaves ou affranchis, se nommaient plumbarii ou artifices plumbarii20 et leurs ateliers officinae plumbariae21. Les épitaphes d'un certain nombre d'entre eux ont été retrouvées à Rome 22, à Pouzzoles 23, à Tarragone en Espagne ", ainsi que celle d'une plumbaria à Salone2'. Un pluinbarius est nommé sur une fistula d'Ostie 96, un autre consacre une dédicace au Jupiter Heliopolitanus de Baalbeck 27. Peut-être le mot fistulator qu'on lit sur une inscription funéraire de Rome s'appliquait-il pareillement à un artisan qui fondait et plaçait des f stulae plumbeae 28. Sous le Bas-Empire les plumbarii faisaient partie des corps de métiers privilégiés, que les empereurs avaient exemptés des charges municipales 29. Il suffit de rappeler d'un mot la place que tenait le plomb dans la thérapeutique des anciens ; on l'employait en guise d'astringent, d'antiaphrodisiaque, etc. 3°; on s'en servait également pour fabriquer du blanc de céruse, lol(i.éOtov, cerussa, utilisé à la fois comme produit colorant