Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article PONDUS

PONDUS, raBµds• Poids. Le mot pondus, en latin, désigne tout objet pesant en tant que pesant. A la désinence ablative, pondo, il se joint volontiers à l'énoncé d'un poids pour préciser cette qualité de la pesanteur. Il s'ensuit encore que, l'unité de poids étant la livre, pondo sera souvent pris comme équivalent de « poids d'une livre ». La même signification, par extension, s'attachera aussi à pondus : dupondium a duobus ponderibas, quod unum pondus assipondium dicebatur, id ideo quia as erat librae pondus'. Le sens où nous avons à envisager pondus est à michemin de ces deux extrêmes. Nous ne nous occuperons, ni bien entendu de la pesanteur en elle-même, ni d'autre part de la livre à proprement parler, non plus que de l'unité ou plutôt des unités pondérales. L'étude en a trouvé ou en trouvera place sous les vocables qui dési TUM, UNCIA. Il s'agit ici, non des systèmes conformément auxquels les Grecs et les Romains, aux différentes périodes de l'histoire et dans les différentes régions, ont évalué les poids, mais des poids mêmes, en tant qu'objets matériels, qui leur ont servi à faire cette évaluation. Les théories métrologiques sont écartées ; à peine s'y reportera-t-on pour faire justement connaître et mettre à son vrai rang tel ou tel poids décrit. d'hui dominante, sinon unanimement acceptée, rattache tous les systèmes pondéraux de l'antiquité à l'Égypte ou à l'Assyrie comme point de départe : d'où la nécessité de consacrer quelques lignes d'entrée en matière aux poids égyptiens et orientaux. Les fouilles poursuivies à Naukratis et à Défenneh par M. Flinders Petrie3 ont précisément mis au jour un nombre très considérable de poids égyptiens et qui, par surcroît, ont été recueillis, décrits et commentés avec un soin et une rigueur auxquels ne s'astreignent pas toujours les archéologues. 874 poids à Naukratis, 3000 environ àDéfenneh, dont seuls les poids en pierre au nombre de 397 ont été retenus, sont par lui disposés en tableaux de la manière la plus scientifique4. Du nombre, plus de 500 sont des poids égyptiens au sens strict du mot, mut tiples ou divisions du kite'. M. Flinders Petrie a joint à ses tableaux les considérations les plus judicieuses sur les règles particulières qui doivent être appliquées aux poids en métal, en plomb notamment, dont le poids a pu diminuer par effritement de la couche oxydée de carbonate de plomb a. Tout intéressants, toutefois, que soient au point de vue métrologique les poids de Naukratis et de Défenneh, en tant que monuments mêmes, ils ne se signalent par rien de remarquable : ni emblèmes, ni inscriptions. Ils consistent en disques ou en rectangles, à faces bombées ou planes, de pierre ou de métal, surtout basalte et bronze : le plomb n'apparaît tout à fait qu'à l'état d'exception. Une première remarque, pourtant, doit dès maintenant être mise en lumière, qui, transportée au besoin de la forme proprement dite au type du poids, pourra être généralisée à tout l'ensemble des poids antiques : si, ne s'en tenant pas aux seuls poids du système égyptien, on parcourt toutes les différentes séries, shekels assyriens et phéniciens, sicles perses, drachmes éginétiques et attiques, on constate que certaines formes sont ou exclusivement propres à certaines séries ou du moins plus fréquentes chez elles, par exemple la forme à faces bombées pour les kites égyptiens Les poids de Naukratis et de Défenneh comprennent, nous venons de le dire, des poids du système métrolo_ gique assyrien, mais, et c'est une seconde remarque à noter, à qui étudie les poids en tant que monuments, leur origine géographique importe beaucoup plus que le système auquel ils se rattachent. Les poids assyriens d'Égypte, ni par la matière, sauf peut-être une fréquence un peu plus grande du bronze8, ni par leur caractère général, réserve faite de telle ou telle variante déjà signalée dans la forme, ne diffèrent pas des autres poids de même provenance. Il faut, si l'on veut se faire une idée exacte de ce qu'étaient les véritables poids assyriens se reporter à des exemplaires trouvés en Assyrie, tels que les poids de Nimroud et de Khorsabad conservés au British Museum 19 et au Louvre. Le plus célèbre est le magnifique poids de bronze en forme de lion, surmonté d'une poignée, rapporté de Khorsabad au Louvre par Botta", qui vaut un talent ou 60 mines lourdes (poids : 60 kg. 303)12. Toute une suite d'autres poids de même matière et de même forme, représentant des lions couchés, sont conservés au British Museum : ils valent depuis 15 mines jusqu'à l'unité et ses divisions 13. Une autre série est formée par des poids, généralement moins lourds, en forme d'oies ", non plus de bronze, mais de pierre75. PON 549 PON Lions et oies, sans toutefois que la règle soit observée d'une manière absolue, se rattachent à deux systèmes différents', dont l'un, par une tradition dont nous retrouverons la survivance en Grèce, est un étalon lourd double de l'autre. Les lions de Khorsabad et de Nimroud ont un pendant dans un lion de bronze trouvé à Abydos en Troade (poids : 25 kg. 657), qui porte une inscription araméenne de contrôle et dont on a fait tantôt un poids de 50 mines babyloniennes, tantôt un talent du système perse 2. Il semble aussi qu'on puisse regarder comme un poids du même type un petit lion de bronze provenant de Sidon avec inscription phénicienne (poids : 20 gr. 9) ; mais d'ordinaire les poids phéniciens de Syrie 4, les uns non localisés d'une manière précise, les autres trouvés à Tyr, consistent en épaisses plaques carrées de plomb, avec parfois un appendice formant oreille, et ne diffèrent des poids grecs que par les caractères phéniciens qu'ils portent, souvent accompagnés du symbole de la croix ansée 3. Il n'est pas sûr, d'autre part, qu'un prétendu poids carthaginois trouvé à Cherchel, qui a l'aspect d'une sorte de cymbale de bronze, avec légende phénicienne relative, semble-t-ii, à un contrôle et à une valeur, soit un poids, et plus incertain encore est le système auquel il devrait être rattaché (poids : 321 gram mes) a. cueilli dans les fouilles de ce que l'on peut appeler la Grèce préhistorique, Mycènes, Tyrinthe, Crète, Troie, plusieurs objets qui ont été considérés comme des poids. Le plus remarquable, à coup sûr, est un tronc de pyramide quadrangulaire en porphyre exhumé par M. Evans dans le palais de Cnossos '' : haut de 0 m. 42 et percé près du sommet d'un trou circulaire, il porte sur ses différentes faces un poulpe en relief (fig. 5722) 3. Au même usage servaient évidemment deux prétendus poids, sans ornements, 1 un de jaspe, l'autre de pierre verte, trouvés l'un à Mycènes l'autre à Proie 10. La même destination doit encore être attribuée à deux exemplaires, non plus en matière rare, mais en simple pierre siliceuse, provenant de Troie", et ceux-ci forment la transition naturelle avec d'autres exemplaires, toujours plus ou moins de même forme, en terre cuite, provenant également de Tyrinthe'2 et de Troie ". Il est remarquable que tous sans exception portent à la partie supérieure un trou devant servir à la suspension et, pour cette raison, plutôt que des poids proprement dits, il me semble que de tels objets rentrent dans la catégorie des poids de métiers ou pesons divers 14. L'étude d'ensemble des poids grecs, de ceux au moins de la Grèce propre, a fait l'objet d'un très remarquable travail de M. Pernice 1", qui non seulement a réuni un corpus des exemplaires conservés, mais fourni sur ces poids en général l'essentiel de ce que nous sommes en mesure d'en connaitre''. Le premier, en outre, M. Pernice est arrivé, surtout en ce qui concerne les poids attiques, à substituer à la multiplicité des systèmes proposés, encore admise par M. flultsctt 17, multiplicité à priori inacceptable, un classement logiquement satisfaisant. Nous n'aurons, dans ce qui suit, qu'à marcher sur ses traces. Le souci d'art qui caractérise toutes les productions des Grecs a parfois été porté à ce point que de véritables oeuvres d'art ont été destinées à servir de poids : tel un agoranome de Tégée, P. Memrnius Agathoclès, consacrant au sortir de sa charge un édifice destiné aux poids publics, y dépose une biche de 50 livres, une Atalante de 25 livres, un Eros, etc.'". Le poids de Sélinonte conservé au Musée de Palerme, en forme de cinq serpents entrelacés '9, s'il est bien établi que ce soit réellement un poids, correspond à un de ces caprices. Pompéi, oit l'influence grecque est dominante20. a fourni de même des poids en forme de chèvres 21 ou de porcs'', l'un avec PON 550 PON le nom grec AtoSoipou' ; un exemplaire de ce dernier type, de provenance non indiquée, est conservé au Musée grégorien du Vatican «fig. 57-23) 3. P. Memmius Agathoclès avait encore consacré un poids, non pas orné d'un osselet, mais en forme d'osselet 4, et des poids en forme d'osselets sont en effet conservés au Musée de Naples, provenant de Pompéi 5, au Musée grégorien du Vatican 5, au Cabinet des médailles 7, au British Museum 8 : on a pu même se demander, quoique cela soit peu probable si l'osselet colossal du temple d'Apollon Didyméen, enlevé par Xerxès et retrouvé à Suse, n'avait pas une valeur métrologique 10. Moins exagéré, le même caractère artistique se retrouve dans quelques poids en marbre, ou bien ornés de reliefs poids rectangulaire du Musée d'Athènes orné d'une figure d'homme, debout sur une base, portant sur ses épaules un fardeau1l, ou dont l'anse se rattache à deux protubérances en forme de seins" ou s'amortit en élégantes palmettes13. Il a enfin son expression la plus naturelle dans l'emblème que portent la très grande majorité des poids grecs de l'usage commun, qui, à la différence de ce que nous avons noté pour l'Égypte et l'Assyrie, de ce que nous noterons plus loin pour les poids romains où la pierre et le bronze reparaîtront, étaient faits de plaques de plomb d'épaisseur suffisante et le plus souvent de forme carrée 94. Attique. -Les types courants de poids attiques 15, sans parler de ceux qui n'interviennent qu'à titre plus ou moins exceptionnel et sur des exemplaires dont le classement est difficile ou incertain, ne sont pas en nombre moindre que cinq : l'osselet, l'amphore, la tortue, le dauphin, le croissant. Il ressort de l'étude de M. Pernice que les poids des trois premiers types doivent se rattacher à une mine lourde, double de la mine solonienne propre7 ment dite, c'est-à-dire du poids normal de 873 gr. 2 16 L'osselet 17 est porté le plus souvent par des poids représentant cette unité et parfois qualifiés de fi-cour-lie Viennent ensuite les poids à l'amphore 19, dont les plus gros, avec l'amphore entière 20, sont désignés comme des 1/3 de mine, Tprrrµdplov21, Le partage de l'amphore en demi-amphore" ou quart d'amphore 23 donnera des subdivisions de la moitié ou du quart de la division initiale, r`i(zvrplTOV24 ou i5 lso~µ(Tpivov 2", demi-tiers ou demi-demi tiers, soit des 1/6 ou des 1./12 de la mine. Un autre type 26, très fréquent 27, la tortue, est en principe affecté, avec la tortue entière 28, aux divisions en 1/4 de mine, TÉT«oTOV 29, ou avec la demi-tortue 30 (fig. 5724) 31 en demi-quarts, ' 1.lTé'r«pTOV 32 (fig. 5725) 33 ou 1 /8 de mine. Il y a pourtant quelques exemples de poids à l'amphore, non pour des t/3 de mine, mais pour des demi-mines, Ÿ (l tüv«COV 34 ; à la demiamphore, non pour des 1/6, mais pour des 1/435, TÉT«pTov 36, ou pour des 1/8 de mine 37, rp.tvu qui doit être entendu comme indiquant la moitié du TE«oTOV 38 , au quart d'amphore également pour des 1/839 ou pour des 1/16 de mine40. De même, et par une sorte de réciprocité, des poids avec la tortue entière pourront désigner exceptionnellement des 1/6 de mine 4', avec la demi-tortue des 1/12 de mine42, .tv.COV-rI2/'rpITOV'3, avec le quart de tortue des 1/24 de mine 44 PON 551 PON Il faut enfin mentionner quelques poids hors séries qui paraissent pouvoir être rapportés à ce même étalon de la mine lourde de 873 gr. 2 : d'abord quelques poids archaïques en bronze', dont un avec un dauphin d'un caractère particulier et l'indication partiellement effacée, une empreinte représentant une tête d'Hermès barbu (poids: 178 gr. 61) un enfin avec une chouette (poids: 71 gr. 42) 4, et en outre quelques poids ornés d'un bouclier 5 échancré 6 ou rond' et un poids marqué seulement d'un gros bouton bombé 8. La mine solonienne du poids normal de 436 gr. 6 est représentée par une série de poids au type du dauphin°, disposé soit de droite à gauche, soit de gauche à droite10 (fig. 5726)", et très souvent accompagné du mot u,vâ f2. Quelques poids au dauphin sont, non des mines, mais des demi-mines, i] nq vaiov f3. Les subdivisions, toutefois, dans ce système, au moins en ce qui concerne les plus fortes coupures, sont constituées par les poids au demicroissant 14 (fig. 5727) 15, nommément désignés comme des 1/8 de mine, ,yloov ou ôfôorµoptovf6, et les poids au croissant, qui sont tantôt des 1/417, '2oTapTrp.41ov f e, tantôt et plus souvent des 1/6 de mine19, i p. plov 20. La règle d'ailleurs est loin d'être absolue et, la mine solonienne avec ses fractions étant de tous les poids attiques le plus usité et par suite celui dont les exemplaires devaient être le plus nombreux, il n'y a pas trop à s'étonner21 de trouver des mines de types assez divers" : notamment deux mines de bronze avec une tête de taureau au Musée de Berlin (poids, 409 gr. 81) 23 et au Louvre (poids, 425 gr.)2'0; une autre en plomb avec un Eros chevauchant un dauphin (poids, 428 gr. 5)25 ; une mine de terre cuite en forme de tronc de pyramide hexagonale, aussi singu fière par sa matière que par sa forme, portant les lettres MN (poids, 429 gr.) 21 (fig. 5728) 27, et de même des 1/428, des 1/6 29 et surtout des 1/8 de mine 30 ayant, soit de simples lé gendes, soit des marques variées, cigale 31, porc 82, vase33,vase et couronne d'olivier 3r chouette 'S, etc. La nécessité de multiples, d'autre part, s'est imposée" et de là, outre des poids de 3" et 4 mines en plomb 38, un de ceux-ci, à la Bibliothèque nationale 39, est frappé d'un timbre décoré d'une tête d'Athéna et de l'inscription METPONOMf1N (poids, 1821 gr.) 4° (fig. 5729) 41, pour les exemplaires de 342 5 43 6", 8 45 9" et 10 mines 47, le recours au marbre et l'emploi de ces poids déjà mentionnés où se voient deux protubérances en forme de seins réunies par une anse. PON 552 PON Indispensables aussi étaient les petites divisions' : sur celles-ci 2 l'évaluation est faite, non d'après l'unité supérieure, la mine, mais d'après l'unité inférieure, la drachme : poids de 25 drachmes 3, rares puisque le 1/4 de mine était précisément équivalent`, de 205, 166, 127, 108, 89, 7", 6'1, 512, 4f3, 3 ", 2'S, enfin de 1 drachme 16 et moins 18. Les poids de ces différentes valeurs sont de petits carrés de plomb où, faute de place sans doute, les emblèmes sont rares et où, en revanche, la nécessité de désigner la valeur devenant d'autant plus urgente que la coupure diminuait, se lisent souvent les indications rAA, AA, Artou ri-A, W.+, à, rFiF, rl-i , rt-, r, I-F-F-F Il faut encore mentionner quelques poids qu'on rattache, soit à la mine de 138 drachmes que fait connaître un décret 19 souvent cité mais d'une interprétation toujours controversée 2°, qui ne serait autre que la mine présolonienne subsistante 21, µva 40roptxi, du poids normal de 602 gr. 6" poids de 10 mines avec la marque I M (poids, 5837 gr.)23, mine ornée d'une tête de taureau (poids, 589 gr. 60) 24, autre avec un dauphin (poids, 579 gr. 7) 23, poids divisionnaires 26, soit à cette autre unité, mentionnée par le même décret, qui à la mine précédente de 138 drachmes ajoutait encore une P0115Ÿ) de 12 drachmes 27, en tout 150 drachmes, mi yopa(a, équivalant ainsi à un poids normal de 654 gr. 9 28 : doubles mines à la tète de taureau29, S(µvouv yopaïov30, mines au dauphin 31, dont deux exemplaires au moins portent la mention µv yopa(a 32, et subdivisions en drachmes 33 La liste des poids attiques, enfin, ne serait pas complète si nous n'y donnions pas place à une série de poids d'époque romaine et taillés d'après la livre romaine 34, mais qui d'après leur provenance, laquelle en fait de poids est le premier élément à considérer, d'après leur matière, le plomb, et leur forme, sont vraiment des poids grecs 35 : un exemplaire porte expressément la mention AEITPA [I]TAA[I]KH (poids, 271 gr. 17) 3s un autre TPIOYN(xtov)[ITA]AIKON (poids, 64 gr. 72)37. D'ordinaire sans emblème, pourtant deux demilivres ont des empreintes avec l'image d'une divinité fluviale couchée 38 et la livre et le Tptoéyxlov une amphore accompagnée d'un caducée 38, les poids de cette série portent, sur les plus gros exemplaires quelquefois des monogrammes b0, sur les subdivisions des lettres faisant fonctions de chiffres qui indiquent leur valeur, non plus en drachmes, mais en onces de 12 à la livre u. Grèce continentale et Péloponnèse. Il est à noter que bon nombre de poids trouvés en dehors d'Athènes, en différents points de la Grèce etmêrne en Asie Mineure, à Smyrne, n'appartiennent pas en réalité aux villes où ils ont été rencontrés, mais sont des poids attiques transportés par les hasards ou les besoins du commerce 42. D'autres ne portent aucune marque qui permette de les assigner sûrement à telle ou telle ville. Nous ne nous arrêterons qu'aux exemplaires où cette attribution peut être faite avec quelque certitude 63 Olympie. Les nombreux poids recueillis à Olympie se distinguent du reste des poids grecs par leur matière, qui est presque exclusivement le bronze" : sans doute la raison en est-elle que les exemplaires, au nombre de 246, qui proviennent du sanctuairef5 sont, non de simples poids de commerce, mais des poids ayant un caractère religieux, qu'atteste d'ailleurs la dédicace à Zeus qui y est gravée. Les uns sont du modèle commun, plaques carrées" ou rectangulaires"; mais une forme affectionnée aussi est celle d'une sorte de socle à degrés, avec de un à quatre degrés b8. Un certain nombre portent un foudre 0.9 et quelques-uns l'aigle tenant un serpent dans ses serres qui se voit sur les monnaies d'Élis J0. Argos. Poids avec un carquois entre deux dauphins (poids, 64 gr. 2) 51, poids rond avec la tête d'Héra et un aigle (poids, 29 gr. 4) 02, types du revers et du droit des tétradrachmes d'Argos. Thyréa. M. de Longpérier a publié comme un poids de la ville de Thyréa en Argolide 63, sur les monnaies de laquelle figurent la chouette et un 0, un poids carré de bronze, du British Museum", portant dans un angle une chouette et les lettres T 0 AYA (poids, 155 gr. 44), qu'il interprétait sans doute à tort OuplâTwv Sicyone. Poids de bronze avec les initiales Il du nom de Sicyone et l'inscription AAMOY (poids, 379 gr. 52)" ; poids circulaire portant une colombe au centre d'une couronne et le nom IlMf2NOI, au Cabinet des médailles 57. Corinthe. Poids de bronze triangulaire avec Fins PON 553 PON cription archaïque KOPINOION AAM(datov) (poids, 73 gr. 5)' (fig. 5731)2. Egine. 11 y a peut-être lieu d'attribuer à Egine, à qui ont été retirés les poids au type ordinaire de la tortue, qui sont des poids attiques 3, un poids rond orné d'une tortue dans une couronne de laurier'. Eubée. Deux poids ornés d'une tète de Méduse archaïque, analogue à celle qui figure sur des monnaies regardées comme euboïques, ont été attribués à l'Eubée 6 : l'un est sans doute une demimine (poids, 215 gr. 4) 0, l'autre un poids de 1 simple drachme (poids, 4 gr. 9)3. Lébadée. Poids de bronze carré, muni d'un anneau à la partie supérieure, au British Museum, avec le nom d'un agoranome suivi de l'ethnique AEBAAEY(s) (poids, 296 gr. 15) 9. Chaleion (Locride). -Poids de bronze avec la légende Corcyre. Ici pourraient prendre place les poids de Corfou ", dont une collection réunie par l'Anglais Woodbouse a passé au British Museum"; mais, si la provenance, pour le plus grand nombre au moins, est établie, il est beaucoup moins certain que ces poids constituent des poids proprement corcyréens. Le plus caractéristique est peut-être un poids en bronze avec une tête de boeuf (poids, 121 gr. 24) t3, au sujet duquel M. Pernice remarque qu'une vache figure fréquemment sur les monnaies de Corcyre14. Thrace. Il faut d'abord signaler un poids provenant de Thrace, sans indication plus précise, et conservé à Athènes, qui est peut-être le plus gros poids grec de VII. plomb connu, portant sur ses deux faces l'inscription AEKAAITPON ITAAIKON (poids, 3210gr.)13 (fig. 5732)10. Aegos-Potamos. La chèvre comme emblème a fait attribuer, sans grande vraisemblance, à Aegos-Potamos'' un poids du British Museum (poids, 51 gr. 062)18. Bisanthe. Mine de bronze ornée d'un caducée avec la légende BRAN MNA (poids, 556 gr. 13) 19 ; poids de plomb avec un dauphin à gauche et BYZ M (poids, 260 gr.)20; autre avec un dauphin et 1TYZAN (poids, 228 gr.)2f. Tomi. Le Musée de Bucharest conserve une série assez nombreuse de poids de Tomi 22 ; deux appartiennent au Louvre23. Le plus grand nombre se rapportent au système de la livre romaine24 et quelques-uns portent que nous avons déjà relevée à Athènes. D'autres, plus caractéristiques, de forme triangulaire2 , avec une tête d'Hermès coiffée du pétase sauf la demi-mine où la tête paraît être une tète de Dioscure coiffé du pileus28 établissent une série continue depuis la mine (poids, 625 gr.)29, qui doit être la N.vâ âyopal«, jusqu'au 1/4 de mine représenté par deux exemplaires 3°, dont l'un marqué TETAPTH(is.dpov) (poids, 143 gr.) 31, en passant parlademi-mine HM(tiasuïov) (poids, 191 gr.8)32 et le 1/3 de mine TPITH(µdptov) (poids, 212 gr. 20) E3. Héraclée. De Tomi aussi proviennent, mais en réalité appartiennent à Héraclée (vraisemblablement Héraclée de Thrace), deux autres poids du Musée de Bucharest : poids circulaire d'une demi-mine, HMI(µvxiov), orné d'une tête d'Héraclès coiffé de la peau de lion (poids, 240 gr. 8) 34 ; poids triangulaire d'un 1/4 de mine TETAP (Tov) orné d'une tête de Dionysos couronné de lierre avec les initiales HPA (poids, 129 gr. 6)'-3. Iles de la mer Égée. Les seuls poids des îles qui puissent être localisés avec certitude sont les poids de Chios 3s et de Ténédos. Il est plus que douteux, en effet, que des rondelles de plomb, ornées de roues ou de rosaces 31, qu'on a attribuées à Mélos soient même des poids 3s. Mélos en outre a été indiqué 39, mais sans aucune preuve , comme la patrie d'un poids du Louvre ayant pour type une figure sphérique, avec la contremarque MAS ou YAK, où l'on a pensé voir quelque analogie avec la pomme de Mélos40 Chios. Sans parler d'un gros poids de marbre avec l'image d'une amphore pointue en relief conservé au Musée d'Athènes (poids, 779 gr. 80)61, ni même de quelques petits poids avec la même amphore 43 dont l'appartenance à Chios est attestée par un exemplaire au Louvre où l'amphore est accompagnée de l'inscription 70 PON --554 PON XIOI (poids, 107 gr.)', le sphinx assis sur l'amphore, caraelCristignr' de Chios, se retrouve sur au moins quatre poids: un ',nids de 2 mines au Cabinet des médailles (fig. 5733) 2, AYO MNAA (poids, 1 124 gr. 10) 3, deux poids de 1 mine, MNA, au Louvre (poids, 547 gr.)' et au Gymnase de Chios (poids, 416 gr.) ', un poids plus petit à légende indistincte au Musée de Berlin (poids 37 gr. 75)6. T(Médos, Deux demimines à la légende TENEAIf2N, avec la double hache et près du manche de celle-ci une grappe de raisins, au Musée de Berlin (poids, 272,1)' (fig. 5734) 8 et à la Bi bliothèque nationale (poids, 273 gr.) 9. Asie Mineure et Syrie. Les fouilles d'Asie Mineure et de Syrie ont rendu au jour d'assez nom breux poids. En ce qui concerne l'Asie Mineure, la métrolo gie de Smyrne est représentée par toute une série de poids au Musée de l'École évangélique de cette ville 10. De Syrie, ou tre les exemplaires conservés dans les musées, apparaissent tous les jours de nouveaux poids, malheureusement dispersés avec des collections éphémères" Héraclée du Pont. Poids de bronze carré, muni d'un anneau, au British Museum', portant une dédicace aux empereurs et une double mention agoranomique : au centre, tète d'Héraclès barbu de profil à droite (poids, 2686 gr. 42) L3. Poids carré, au Louvre, avec la tète d'Héraclès coiffé de la peau de lion : au revers la massue, le carquois et le nom MHAOY (poids, 155 gr.) ". Cyzique. -'Mine de plomb carrée ornée d'une torche, KYZI(xtvà) MNA, au British Museum '°. Poids monétaires de bronze16 triple statère, KYZI(xr,vbs)TP(t)C(TeT+1p), avec une torche, au British Museum (poids, 44 gr. 43)17 ; doubles statères avec un dauphin et la légende KyZ I (x t,vos) AIC(Tz'r p),dontun(fig.5735),à IaBibliothèque nationale (poids, 29 gr. 85)'8 ; statère avec une torche allumée et la légende KYZI(x-t,vos) CTA(Trp), également àla Bibliothèque national' (poids, 18 gr. 70)19. Nicée. Poids circulaire orné sur l'une de ses faces tonnée de globules, sur l'autre d'une corne d'abondance et de l'inscription NIK (poids, 172 gr.) 20. Lampsaque. Poids de bronze carré, sans doute une demi-mine H (gepvaïov), avec l'avant-corps d'un cheval ailé (poids, 262 gr.) 2' Ilium noz'utn. Poids carré, avec une tête de porc à droite, retiré par Schliemann d'un puits sur l'emplacement d'Ilium novum (poids, 510 gr.) 27. Alexandrie en 7'roade. Poids de 5 mines en bronze fourré de plomb : cheval paissant à gauche sur une ligne de terre, avec la légende AAEIAN et le nom de magistrat AIOKAEIOYI (poids, 2589 gr. 6)29. Poids de plomb carré, au Louvre : cheval paissant à droite avec la légende AAE (poids, 98 gr.) 04; poids semblable, plus petit, de bronze, également au Louvre (poids, 30 gr.) 2i. Pergame. Poids avec la légende TTEPrAMHNON, au Musée de Berlin2G_ Smyrne. Les poids de Smyrne, très nombreux, d'ordinaire sans emblème, portent seulement des noms de magistrats, agoranomes ou autres. Sur les suivants le nom de la ville est nommément indiqué : poids carré ayant pour toute légende 1MYPNAIf2N (poids, 910 gr.)2 autre, daté de l'an 5, à la Bibliothèque nationale, avec la mention de Nicomachos, agoranome IMYPNAIIIN poids, 69 gr.) 28 ; autres avec la légende ArOPAN(oµ~'t I AHMOI(tov) 1MYPNY au Louvre (poids 133 gr. 35)2° et à Smyrne (poids, 256 gr. 5) 30 ; autre avec le nom d'un agoranome et l'inscription 1MyP TB (liés), que l'on a interprétée comme signifiant agoranome pour le seconde fois 31. Un poids avec le nom et le monogramme PO1N 555 POIS d 'Aup~latos 1Tip epot présente la particularité d'être de forme circulaire' . Téos. Téos avait été regardé par M. de Longpérier comme la patrie de certains poids à l'amphore, notamment d'un exemplaire oit, à côté des lettres TPI, il lisait THI (poids, 127 gr. 22) '. Il faut lire simplement TPITH (!14e»: le poids appartient à la série attique signalée plus haut dlagnesie du Méandre. T-(oids du Musée de Berlin avec la légende MArNHTf2N poids, 944 gr.) . Éphèse. Poids carré portant la légende APTE et MNH autour d'un carquois et d'un arc° ; poids en forme d'olive aplatie portant d'un côté une abeille accostée des lettres de l'autre une tête de femme, sans doute Artémis (poids, 39 gr.) 7 ; poids de 2 onces 1/2 avec l'Artémis éphésienne (poids, 63 gr. 07)s. Antioche de Carie (?). Quart de mine en bronze : zébu marchant à droite, ANTIOXEION TETAPTON (poids, 122 gr.)9 (fig. 5736)". La présence du zébu a fait attribuer ce poids à Antioche de Carie", hais il se pourrait qu'il appartint, comme les poids suivants, à Antioche de Syrie". Cnide. On a regardé comme un poids et attribué à Cnide une plaque de plomb demi-ovale, portant une tête de lion, la gueule béante, dans une bordure perlée (poids, 16 gr.) ". Antioche de Syrie. Magnifique mine, âHMOIIA MNA, datée de l'an 7, portant sur chaque face un éléphant au cou duquel est suspendue une clochette et, Il outre une double mention agoranomique, l'inscription ANTIOXEfIN THI MHT[POTTOJAERn KM IEPAI KM AIYAOY KAI AYTONOMOY (poids, 1069 gr.) 15 (fig. 5737); minedu musée de Berlin, ANTIOXEIA MNA, ornée d'une ancre (poids, 498 gr. 6) 1' ; mine d'A ntiochus X Philopator, au Louvre, datée de l'an 220 de l'ère des Séleucides, ornée d'une ancre (poids, 614 gr.) 1®; demimine, AHMO1ION HMIMNAION, datée de l'an 2, portant sur l'une de ses faces une Fortune tenant une corne d'abondance et s'ap puyant sur la barre d'un gouvernail, sur l'autre face un bélier à, droite surmonté d'une étoile (poids, 535 gr.) 17; 1/4 de mine portant une ancre verticale et la légende ANTIOXEION TETAPTON (poids, 109 gr.96)10. ajouter une mine d'Antiochus IV Épiphane à la Bibliothèque nationale, ornée d'une Victoire tenant une palme et une couronne et marchant à gauche, entre deux étoiles (poids, 519 gr.) 19 (fig. 5738). PON 556 PON Séleucie. Double mine datée de l'an 126, ïEAEYKÉION AIMNOYN, au Louvre, avec un éléphant marchant à gauche (poids, 1143 gr.) '. Demi-mine de l'an 150, IELEVKEION HMIMNAION, également au Louvre, avec une corne d'abondance parée de bandelettes d'où s'échappent des fruits et des raisins (poids, 252 gr. 45)2. 1/4 de mine, IEAEYKEI.CÛN TETAPTON, zébu marchant à gauche (poids, 113 gr. 85) Laodicée. Mine datée de l'an 207, AAOAIKEf1N Tf1N rfPOI 0AAA1IHI MNA, à la Bibliothèque nationale, avec un croissant surmonté d'une étoile et l'indication de l'agoranome Philodamos (poids, 643 gr.) 4. Demi-mine, HMIMNAION, de la collection du D' J. Bouvier, avec les titres AAOAIKE[IA1] THI IEPAI KM AYTONOMOY et le nom de l'agoranome Polémon Beyrouth. Poids rectangulaire, à la Bibliothèque nationale, daté du 7e mois de l'année 161, orné d'un dauphin enlacé autour d'un trident (poids, 273 gr.) 6 ; mine, M(vd), de la collection du Dr J. Rouvier, datée de l'an 184, avec un trident et le nom de l'agoranome Nicon (poids, 55 gr. 80)'. Sidon. Il semble qu'on puisse attribuer à Sidon une double mine datée, de la Bibliothèque nationale', provenant de Syrie, AHMOIIA Al MNA, où se voient les deux cornes d'abondance opposées des monnaies de cette ville (poids, 681 gr.) 9. Un moule pour 1/4 de mine du même type, TETAPTON, appartient également à la Bibliothèque nationale i0 Gaza. --Quart de mine, à la Bibliothèque nationale, avec la légende KOAWNIAC rAZHC et un nom de magistrat, daté de l'an 15 (poids, 178 gr. 5)" ; poids carré, muni d'une bélière, avec le nom de l'agoranome Alexandros Alphios et la date de l'an 86, orné d'une figure de la Justice, AIKAIOïYNH, tenant de la main gauche une corne d'abondance et de la droite une balance (poids, 313 gr. 9)12; poids daté de l'an 164 avec le nom de l'agoranome Dikaios (poids, 144 gr.)'3. III. POIDS ROMAINS14. Les poids romains" trouvés en Italie et dans les provinces occidentales de l'Empire, notamment en Gaule ", offrent beaucoup moins de variété que les poids du monde grec, où le système municipal portait chaque cité à avoir son type pondéral. Il n'est guère qu'à Pompéi, où les trouvailles ont naturellement été très nombreuses ", qu'existent des types assez divers ; à Pompéi aussi presque exclusivement se rencontre le plomb comme matière employée : l'une et l'autre particularité tiennent à l'influence grecque. L'influence grecque se reconnaît, par exemple, dans les six poids pompéiens en forme de chèvres, mentionnés au début de cette étude, qui sont pourtant des poids du système romain de 1, 2, 3, 4, 5 et 10 livres". Elle explique, d'autre part, que parmi les poids pompéiens en plomb, plusieurs se rattachent, non au système pondéral de la livre romaine, mais au système grec de la mine": tels sont les poids de forme pyramidale avec les légendes diversement orthographiées FVR CAVE MALVM 20 ou EME ET HABEBIS21. Il est possible aussi que ce soit à proprement parler des poids grecs, et non romains2', qu'il faille voir dans un lot de neuf petits poids en plomb provenant de Lyon, c'est-à-dire d'une région très ouverte aux influences grecques, qui sont conservés au British Museum et qui portent des marques formant série depuis 1 jusqu'à 1023. Les matières dominantes, à Pompéi même, sont la pierre, marbre ou néfrite, et le bronze, qui se partagent la presque totalité des poids romains. Les plus lourds de ceux-ci, qui atteignent 100 livres et peut-être même plus", pourront parfois être des masses oblongues munies d'une anse"; mais pourtant, plus encore que la matière, on peut dire que la forme est consacrée : elle consiste, dans la très grande majorité des cas, en une sphère décalottée sur deux faces opposées de manière à présenter deux sections planes26 (voir plus loin fig. 5740) et se retrouve depuis les poids les plus petits jusqu'aux plus gros : ni la pierre, d'ailleurs, ni le bronze ne sont réservés l'une aux poids lourds, l'autre aux petites divisions 2î Un type très particulier, qui doit être signalé, mais tout exceptionnel, est fourni par deux jeux de poids de bronze, les uns au nombre de huit, au Musée de Milan, en forme de récipients circulaires décroissants (10, 5, 3, 2 livres, 1 livre, lut 1 -55 7 -l'ON serrais, triens et r 'or/eane)', les autres au nombre dt. 5ixx (livre, semis, (pieuse gsf-OPt aos, se.x)tans, sertiuriedi,), constitués par autant de capsules s'emboîtant les unes dans les autres et dont, la plus grande était fermée par un couvercle, découverts à 13riineu.r près de Boulognesur-Mer «fig. 57391 :' Il s'agit ici des poids qui servaient dans l'emploi de la balance proprement dite ou balance à plateaux : { l'adoption d'une balance nouvelle, la statère ou balance dite romaine, exigeait d'autres poids, des contrepoids, aequipondia, qui faisaient pour ainsi dire partie intégrante de la balance avec laquelle. ils devaient servir et sur lesquels nous n'avons pas à nous étendre ici (List a;. Il suffira de rappeler que, pour ceux-ci, qui sont presque exclusivement en bronze, nais souvent en bronze fourré de plomb, l'emploi de coupes géométriques est, à l'inverse de ce qui a lieu pour les poids proprement dits, l'excep1 taon et que les fabricants ont presque toujours adopté des formes artistiques (LIBRA, p. I229, fig. '1480, un peson en forme de colimaçon soit quelquefois de véritables statuettes, soit dans le plus grand nombre de cas des bustes LIBRA, p. 1229, fig. 'i'iSl l'°. L'époque du Bas-Empire amène dans l'ensemble des contrées dépendant de l'empire, Orient et Occident, à côté des poids en forme de sphère aplatie de l'époque classique dont l'usage persiste : tels, par exemple, la livre de Gennadius au Cabinet des médailles «fig. 5740) 1 ou celle de Phocas au Louvre (voir t. II, p. 876, fig. 2850) l'emploi de poids uniformes, retrouvés en très grand nombre et représentés dans presque toutes les collections', qui consistent en plaquettes de bronze carrées ou rondes 10. Ils comprennent surtout deux séries, dont M. Kubitschek a eu le mérite d'expliquer logiquement les marques jusque-là interprétées de manière fantaisiste". Les uns 1 sont calculés toujours d'après le système de l'once, -mais indiquée, non plus par le signe y des poids sphéroïdaux, mais par le signe l` ou r, -ou e-u oeptio[uiellement. d'après la livre" (voir 1. Il, p. 877, fi g. à851) t:l : entre ce signe et la lettre marquant le nombre des unités, une croixqui nous avenir qu'il s'agit bien de poids de l'époque chrétienne, poids de 1 2, 3 ou fi onces. rA fig. 17,11) rB, EE, Es 17, fir,n autr^ série, marquée de la lettre N oit N, a. pour unité le véuurux Ou sr,li.dlls, équivalant à. 1'6 de l'once, conformément il l'indication donnée par un auteur métrologiste ancien, N latin 518/5 signï/icat 81011'b lu fi graecacrn, id est soudons 1", poids de 110 à 1120 et même 'i0 volo(epuiTI4f et la preuve en est fournie par un certain nombre d'exemplaires, des tinés spécialementà I'Orcident, nie fi cet N est substituée la légende soi, poids de 1 i Q3 et 36 scull22. étalons d'Athènes étaient conservés sur l'Acropole, dans le. trésor d'Atl,ena, où nous savons qu'il y avait douze poids de bronze, a°a9µ:x ,ix7.xx Ailz' indication qui, jointe à. l'observation faite au sujet des poids d'Olympie consacrés à. Zeus qui sont tous en bronze, permet de considérer ceux des poids grecs qui, au lieu d'être en plomb matière (fresque universellement employée, sont en bronze, comme des poids étalons'. Des doubles existaient à la Seiade, au Pirée, à Eleusis 2". fia confection et. la surveillance de ces étalons au point de vue métrologique devait appartenir aux métro nomes, dont le titre se lit sur un certain nombre de poids une quadruple mine de la Bibliothèque nationale déjà. mentionnée, avec un timbre où l'inscription METPONOMÇIN entoure une tète d'Athéna 28 (voir plus haut, fig. 5729), un 1/8 de mine avec un timbre semblable 2p, deux mines au dauphin où. le mot MN\ est accompagné des lettres METPO une demi-mine à l'amphore HMI METPO (fig. 577d, de bla. fiiblicthioiue PON -558 PON nationale ', un 1./8 de ruine au croissant"(voir plus haut, fig. 5727', Il ne semble pas, en tout cas, qu'aucun poids attique porte d'une manière certaine la mention des agoranomes 4. M. Dumont le constatait. en 1869 alors que huit ou neuf poids seulement a mentions agoranomiques étaient connus Du nombre une seule demi-mine avec une amphore 7 pouvait, lui être opposée, publiée par Schillbach comme portant HMI AfOPANO' (voir t. 1I1, p. 1909, lig. 5037) ; ruais primitivement l'inscription avait été lue AfOP ADEN ° et M. Pernice assure que les lettres médianes AO NO, séparées les unes des autres, ne peuvent. appartenir au mot âycçxvovie( el, sont plutôt. des initiales de magistrats": il s'agirait. d'une 1/2 uvo à-.oox(x et, de nrérne, ce sont des exemplaires de la [ev8". âyccxlx qu'il faut. reconnaître dans deux poids au dauphin du British Museum avec la légende MNA AfOP". D'autre part, le poids du Louvre avec le nom de l'agoranome dulies Celsus et le monogramme de ce nom", quoique trouvé au Pirée, n'est sans doute pas un poids attique: il offre une grande similitude avec plusieurs poids du Musée de l'École évangélique de Smyrne et le nom de Celsus se retrouve parmi une série de poids a mentions agoranomiques, autrefois conservés au Musée de la. Société archéologique d'Athènes, qui pour la plupart viennent d'Asie Mineure 1'`. Il en est. de même encore d'un poids avec le nom de M. Aetius Telesphoros publié par M. Pernice comme trouvé au Piréei" et du poids de la Bibliothèque nationale avec le nom de Dionvsios acquis en 1872 comme provenant d'Athènes]". Les nombreuses découvertes de poids agoranomiques n'ont donc pas renversé sur ce point la théorie de M. Dumont1''. Il n'est pas Piste, au contraire., comme il pensait pouvoir l'établir par le rapprochement des timbres d'amphores, que les ment ions agoranomiques doivent être fréquentes sur les poids des côtes du Pont-Euxin " : le poids d'Héraclée du Pont du British Museum 1° reste le seul exemplaire, le nom de Claudius Paulinus qui se lit sur un poids donné comme trouvé à Abdère 2° étant celui d'un agoranome connu de Smyrne, Les deux régions où dominent les !t'entions d'agoranomes sont la Syrie, qu'indiquait aussi M. Dumont ", et la région de Smyrne'. De Syrie, aux trois exemplaires par lui cités s'ajoutent pour le moins le poids d'Antiochus v du Louvre n, une demi-ruine de la collection Waddington"° et sans doute un autre poids, récemment acquis, àla Bibliothèque nationale.2f,le poids de Laodicée aussi a la Bibliothèque nationale'' et celui de la collection Rouvier23,le poids de Beyrouth de cette même collection 2°, deux des poids de Gaza que nous avons signalés plus haut90, etc.'''. Les poids de Smyrne avec des noms d'agoranomes sont peu Lê hie encore plus nombreux. M. Papadopoulos-Kérameus en indiquait huit en 187832.11 y faut joindre, outre le prétendu poids d'Abdère, et sans parler des poids agoranomiques conservés (t Athènes ruais provenant d'Asie Mineure 3', un poids ayant fait partie de la collection Hoffmann 21, deux poids, l'un au Louvre l'autre au Musée de l'École évangélique de Smyrne', avec l'inscription AfOPAN BHMOI IMYPNY, un autre poids du Louvre avec le nom de l'agoranome Krispos Didymos n et deux poids récemment entrés a la Bibliothèque nationale, l'un au nom de Nicomachos ", l'autre, en forme de demi-circonférence avec deux encoches à la base, au nom d'Aurélius Onésiphoros"3 (fig. 5743)60. D'autres poids, qui semblent provenir également d'Asie Mineure et de Syrie aussi bien que d'ailleurs, portent, la mention del'hipparque it, de l'asiarque'12, du chiliarque 48, du panégyriarque 14, de l'andociarque 15, du gymnasiarque4r', du 'cxu(açdu gouverneur ('ilyèp.cuv) 4s. D'autres encore, et dans les mêmes régions, indiquent seulement PON ):i9 le nom d'un magistrat indéterminé, au génitif précédé d'E7.(t ou seul'. Un autre signe de contrôle, enfin, réside dans l'estampille impériale. On avait depuis longtemps signalé sur des poids de Smyrne des timbres portant, des têtes qui paraissaient être des tètes d'empereurs'. Un poids du Louvre lève toute espèce de doute: il porte, en effet, l'inscription KAICAPCA)N avoisinant un timbre circulaire avec lesbustesdeMarcAurèle et de L. Vérus `(fig. 5714) °. 11 n'est pas rare non plus de trouver des mentions de contrôle sur les poids romains °. La preuve du contrôle résulte soit de la dédicace à une divinité, qui assure évidemment la sincérité de l'exem vres trouvé à Fours et conservé au Louvre, DEAE SEG(etae) F(ori) ', ou encore poids de Pompéi consacré par un affranchi L(aribus) farn(iliaribus) soit de la mention de la vérification faite : poids EXACTA AD CAST(cris templam); poids avec l'inscription TEMPL• OPIS AN/Ge 10 ou T(emplum) M(artis) V(ltoris) " ou AD AVGVST• TEMP• ou AD TRAIANI AVG• TEM•10, poids exact« ad Articuleiana pondera13, c'est-à-dire poids vérifiés sur les poids d'Articuleius, édile en 47 ap. J.-C. (par exemple un poids de 100 livres du Musée de Naples avec la légende complète Ti. Claudio Caesare Auqusto 1111 L. Vilellio III consulibus pondera exacta NI. Articuleio Cn. Turranio aedilibus)14, parfois avec l'indication supplémentaire cura ou jussu aedilium1' ou in Capitolin 1 ° ; -soit de l'inscription ou du seul nom d'un édile (poids avec l'inscription C. Helvius C, T. Valens aedilis)'', ou, après les réformes de Trajan et d'Hadrien, du nom du préfet de la ville (nombreux poids PON avec l'inscription ex aucloritate Q. Junii Rustiei, préfet de la ville en 1(i7) 13, ou encore du nom d'un empereur 16 ; soit enfin de la mention pondus publicuin 20. Les poids du-lias-Empire, enfin, semblent avoir été contrôlés'', soit par le comte des largesses sacrées 22, de qui, d'après les historiens, relevaient l'administration des poids et mesures et l'établissement des exagiaZ1 et qui avait particulièrement le contrôle des exa,gia des monnaies"; soit, à l'occasion, par le préfet du prétoire, comme la belle livre de Justinien conservée au Louvre, exagium factum sui) viro inlustri Phoca praefecto prof,torio 2 ou un poids du Musée de Venise avec le nom du préfet du prétoire Basilius31 ; soit par le préfet de la ville 17, quadrantes incrustés d'argent conservés au Louvre et à la Bibliothèque nationale et poids de 3 solidi au British Museum aux noms de l'empereur Théodoric et du préfet de la ville Catulinus 26, poids en marbre d'une livre au nom du préfet Audax"' soit peut-être par des proconsuls". ETIENNE Mu:xoN. PONS. FiYvcu. L'art de bâtir les ponts suivit dans l'antiquité la même évolution que l'art de construire les routes 'vus]. Le peuple qui a élevé les ponts les plus nombreux et les mieux faits est aussi celui à qui l'on doit le réseau routier le plus vaste et le mieux compris. A l'origine on franchissait à pied le lit des fleuves aux endroits guéables ou l'on passait en bateau d'une rive à l'autre ; encore à l'époque romaine, plusieurs localités devaient leur nom à des gués, comme Pula sur le Rhin 1, on à des bacs qui assuraient la régularité des communications, comme Trajeclum Ratavorum (Utrecht) 2; les noms de lieux dans la composition desquels entrait, le mot pons, par exemple Pons ,leni en Vindélicie', étaient très répandus. Les premiers ponts furent construits en bois. On aretrouvé dans la vallée du Pôles restes de ponts de bois sur pilotis qui donnaient accès aux villages des terramares par-dessus les fossés dont ils étaient entourés`. A ]-tome, au pied du Palatin, le pons Sublicius, m'Ivre peut-être d'architectes étrusques -, présentait primitivement le même caractère; il tirait son nom des sublicae ou piles de bois sur lesquelles il reposait °; les auteurs PON 560 --PON yé pupa comme synonymes de pots Subbicius . En Grèce, où les vestiges de ponts de pierre sont rares, les ponts de bois devaient être nombreux ; deux d'entre eux rattachaient à l'Eubée et à la Béotie les extrémités de la chaussée de pierre édifiée à la fin de la guerre du Péloponnèse au milieu du canal de 1'Euripe 2 ; c'est sans doute en souvenir d'un pont de bois sur l'Asopos que les habitants de Tanagra s'appelaient jadis I'ey.upalot'. Les ponts que César signale en Gaule, au moment de la conquête, à Genève', sur l'Aisne à Genabuin e sur l'Allier 7, à Melun et à Lutèce8, étaient certainement des pontes lignei. Les peuples barbares restaient fidèles à l'usage exclusif du bois, tandis que les peuples de culture romaine n'y avaient plus recours qu'exceptionnellement, en temps de guerre, pour l'établissement de ponts temporaires destinés au passage des troupes. Ces ponts temporaires étaient le plus souvent des ponts de bateaux, formés d'embarcations juxtaposées que reliaient des poutres transversales supportant une chaussée artificielle 9. Les Barbares et les Grecs en avaient donné l'exemple aux Romains. On les appelait syeôial i0, pontes tuinultuarii 11. Les plus célèbres sont ceux que jetèrent Darius sur le Bosphore 12, Xerxès sur l'Hellespont " et sur le fleuve Strytnon 1 t, les Dix-Mille sur le Tigre Alexandre sur l'Oxus u, Annibal surie Pô 17, Pompée sur l'Euphrate 13, Labienus sur la Seine à Melun 12, les partisans de Vitellius sur le Pô 20, Trajan sur le Tigre 2i et sur le Danube à plusieurs reprises 22, Marc-Aurèle sur le Danube également", Julien sur l'Euphrate 24, Valens sur le Danube" ; les bas-reliefs des colonnes Trajane 70 (fig. 4418) et Antonine27 nous montrent comment étaient faits les ponts de bateaux des Romains. Celui que Caligula, par un caprice de despote et pour imiter Xerxès, fit établir à travers la mer, entre Puteoli et Bauli, sur 3600 pas de longueur, n'avait aucune utilité pratique et fut détruit dès que l'empereur l'eut traversé pompeusement à cheval et en char 2B. Des équipages de ponts accompagnaient les armées romaines en marche ; ils consistaient en petites embarcations légères (monoxyli), qu'on transportait sur des chariots avec des planches, des cordages et tous les instruments de métal nécessaires pour les attacher les unes aux autres 29 ; un bas-relief de la colonne Antonine représente (fig, 3983) des chariots avec leur chargement de barques 30. Quelquefois, à défaut de bateaux, on se servait de grands tonneaux de bois [CUPA] qu'on mettait à l'eau et sur lesquels on disposait pareillement des troncs d'arbres et des poutres 31 ; c'est ainsi que procéda Maximin sur l'Isonzo devant. Aquilée39. Quelquefois aussi les généraux romains préféraient aux ponts de bateaux les ponts de chevalets, que soutenaient des pieux de bois profondément enfoncés dans le lit des fleuves. César nous a laissé la description, qui reste pour nous assez obscure, de celui qu'il éleva en dix jours sur le Rhin pendant sa campagne de l'année 55 contre les Usipètes et les Teuctères et qu'il rompit dix-huit jours plus tard 33 ; en 53 il en construisit un second, identique au précédent 't ; d'autres, au nr siècle de l'ère chrétienne, sont figurés sur les colonnes Trajane 3o et Antonine38. Un bas-relief de la colonne Trajane et des monnaies (voir plus loin fig. 5 754), mettent sous nos yeux les arches et le parapet de bois du pont de pierre de Trajan sur le Danube. Un médaillon de Septime-Sévère, à la date de 208, porte au revers l'image d'un pont monumental en bois, dont la balustrade, au-dessus de l'arche unique en plein cintre, est ornée de cinq statues et auquel donne accès de chaque côté une sorte d'arc de triomphe à trois portes surmonté de groupes ; on ne sait où était situé cet édifice 3' (fig, 5745). De bonne heure l'emploi de la pierre, limité d'abord aux seules piles, étendu ensuite au tablier même, avait permis de donner aux ponts plus de solidité et de durée. Le premier pont de pierre que mentionnent les auteurs est celui de Babylone, attribué à la reine Nitocris; le cours de l'Euphrate avait été détourné pour mettre le lit à sec et faciliter les travaux; les piles, que reliait un tablier de bois, étaient formées de gros blocs maintenus par des crampons de fer scellés au plomb 36, En Grèce, des vestiges très reconnaissables de trois ponts en appareil cyclopéen ont été découverts aux abords de PON M ecènes ' ; un quatrième pont analogue existe encore devant l'acropole de Kasarrni, ^'après de la route qui va de Nauplie au Hiéron d'Epidaure 2 : long de 1`2 mètres sur 5 de largeur, il n'a qu'une seule arche, haute de 3 m, 80 et large de 1 m. 40 à la base ; chacun des étages superposés de pierres qui encadrent l'ouverture dépasse légèrement l'étage inférieur jusqu'à ce qu'au sommet les deux côtés se rejoignent (fig. 5746) ; peut-être ce pont est-il plus récent qu'on ne serait tenté de le croire tout d'abord : les monuments en ruines de l'acropole de Kasarmi ne sont pas antérieurs au ve siècle; il doit dater du même temps 'fi Il n'est pas surprenant que les procédés -des âges primitifs se soient perpétués. Les Grecs ne paraissentpas avoir poussé très loin l'art de bâtir les ponts; «ils ne jouent qu'un rôle bien effacé dans l'histoire des constructions proprement utiles » Les fleuves et les rivières de leur pays ont peu d'importance ; on les passait aisément à pied; là oit ce n'était pas possible, des ponts de .bois suffisaient. Lin a retrouvé quelques traces de ponts de pierre aux environs d'Athènes, sur l''ilissos, sur. 1'Eridanos, le Céphisos °, et dans le bassin du lac Copain, sur le Céphisos de Béotie Les assises inférieures des deux ponts de Metaxidi, entre Pylos et, Méthone ', et du Pamisos en Messénie $ remontent à l'antiquité; celui du Pamisos (fig. 5747) présente cette particularité qu'il est situé au confluent du fleuve et d'un de ses tributaires et qu'il desservait trois routes à la fois, une au delà de chaque rivière et une troisième en amont de Ieur point de jonction; du côté de Messène on voit une petite porte couverte par une plate-bande et la naissance d'une arche dont les pierres posées en encorbellement indiquent un commencement de cintre. Le pon,o et ,'e üi.c sur l'Achéron, dont parle Pline l'Ancien 9, était certai PON nement une oeuvre romaine. En Asie Mineure, outre les substructions d'un des ponts romains de Pergame, il faut attribuer aux Grecs le pont d'A.ssos sur le Satnoeis, non loin de Troie ; il en reste deux piliers massifs de chaque côté du fleuve et, dans le lit, la base des piles, en forme de deux triangles reliés par la base ; les joints des blocs (, pierre avaient la forme de haches ; la direction du pont n'était pas perpendiculaire au courant, mais oblique 10 Au contraire des Grecs, les Étrusques, tout particulièrement experts en matière de travaux publies, ne pouvaient manquer de développer la construction des ponts Plusieurs ponts d'l:trurie sont taillés dans le roc : au pied du plateau de AJeies, le Ponte b'odo, sur lequel passait une route, n'est autre qu'un immense bloc de rocher traversé par un tunnel de 80 mètres de longueur sur 5 de largeur et 10 de hauteur, off s'engouffrent les eaux du Formelle; les ingénieurs avaient it grandi artificiellement une ouver ture naturelle"; des ouvrages analoguesse voient à élutci sur le Timone Y3, près de Soranoà Musarna 1". D'autre part, les Étrusques, qui employaient couramment la voûte appareillée pour couvrir leurs conduits de canalisation et leurscharnbres funéraires, avaient élevé en maints endroits des arches de maçonnerie au-dessus des rivières; presque partout ces ponts C ont été détruits depuis l'antiquité ou transformés par les Romains et à l'époque moderne; du moins les piles de tuf ou de neofro encore existantes près de Falleri sur le Fosse de' tue czI s0011 '°, près de Vsllci -.ur la Fiera l', et surtout les deux ponts de Biéda, Fun à une arche, l'autre à trois arches '8, PON 562 PON sont antérieurs à la conquête romaine. La plus grande des deux arches conservées du principal pont de Biéda, en forme de demi-cercle, a 6 mètres d'ouverture; la plus petite, en forme d'arc surélevé, 3 mètres (fig. 5748). Les Romains attachaient une très grande importance à l'art de bâtir les ponts ; ceux qu'ils élevèrent en grand nombre, à Rome, dans toute l'Italie et dans les provinces, comptent parmi leurs monuments les plus remarquables; un certain nombre d'entre eux se sont conservés presque intacts; beaucoup d'autres, maintenant hors d'usage, ont laissé des ruines imposantes '. A Rome même on connaît au total neuf ponts antiques jetés sur le Tibre 2. Deux d'entre eux, le pons Agrippae et le pons Neronianus, sont omis sur la liste de huit noms (y compris le ports Mulvius situé dans la banlieue, au nord de la ville) que donnent au ive siècle la Notifia regionum et le Curiosum urbis 3; la liste de Polemius Silvius est encore plus fautive : elle annonce, elle aussi, huit ponts, avec le pons Mulvius, mais elle en indique neuf; le gons Cestius ou pores Gratiani est dédoublé Ercius, Gratiani; il en est de même pour le pons Aelius ou pores Hadrianus, deux fois nommé ; le pons Sublicius est omis 1. Voici quels étaient ces neuf ponts, par ordre chronologique : 1° pons Sublicius, le plus ancien de tous, construit d'abord entièrement en bois; on se servit ensuite de la pierre pour refaire les piles, mais il n'eut jamais qu'un tablier de bois et l'emploi du fer y demeura interdit, par scrupule religieux et en souvenir de l'époque primitive; il se trouvait à la hauteur du Forum Boarium s ; on l'attribuait au roi Ancus Martius ; Horatius Coclès le défendit contre Porsenna e; il fut plusieurs fois emporté par les crues du Tibre et réparé ; il n'en reste rien ; 2° pons Aemilius ou lapideus 7, le premier pont en pierre commencé en 179 av. J.-C. par M. Aemilius Lepidus 2 et M. Fulvius Nobilior, censeurs, entre le pons Sublicius et Pile tibérine; il est schématiquement figuré, semble-t-il, sur un médaillon d'Antonin le Pieux représentant l'arrivée du serpent d'Esculape à Rome s LAESCULAPIOS, fig. 164) ; on a retrouvé en 1886 quelques vestiges de ses fondations ; l'arche du Ponte Rotto actuel ne remonte qu'au moyen âge 3° ports Fabricius, maintenant Ponte Quattro Gapi 10, parfaitement conservé (fig. 5749), reliant l'île tibérine à la rive gauche du Tibre, sur l'emplacement sans doute d'un ancien pont de bois 71 ; il date du dernier siècle avant l'ère chrétienne : élevé par le curator viarurn L. Fabricius, il fut restauré en 21 av. J.-C. sous le consulat de M. Lollius et de Q. Lepidus, comme nous l'apprennent les grandes inscriptions gravées au-dessus des arches 12; sa longueur est de 62 mètres, sa largeur de 5 m. 50 ; il est construit en blocs de tuf et de pépérin, revêtus de travertin; les parties extérieures entre les arcades de travertin ont été refaites en briques au moyen âge ; il comprend deux arches, de 24 m. 25 et 24 m. 50 d'ouver PON -563 --PON fuite, supportées par deux culées et une pile médiane; les têtes de voûte des arches sont légèrement surbaissées on a ici le premier exemple connu d'un arc de cercle moindre qu'une demi-circonférence pris pour courbe d'intrados ; la pile centrale, en forme de coin vers l'amont pour briser le courant, arrondie vers l'aval, a 20 mètres de longueur sur 12 m. 50 d'épaisseur; une petite arche de 6 mètres d'ouverture pratiquée dans la maçonnerie servait de décharge au moment des crues deux ouvertures analogues, de 3 m. 50 chacune, maintenant cachées sous les constructions attenant au pont, étaient ménagées dans les culées des deux extrémités 4° pons Cestius ou pons Gratiani, aujourd'hui Ponte San Bartolomeo «fig. 5749), reliant l'île tibérine à la rive droite, sur l'emplacement lui aussi d'un ancien pont de bois; il date du dernier siècle avant Père chrétienne et fut élevé probablement par L. Cestius en 46 av. J.-C.; restauré au Ive siècle et inauguré par Gratien en 3703, on l'a démoli de 1888 à 1892, et reconstruit sous laforme d'un grand pont de 76 mètres de longueur, à trois arches égales; il ne comptait auparavant que 48 mètres de longueur sur 8 m. 20 de largeur et comprenait une arche centrale de 23 m. 65 d'ouverture entre deux petites arches latérales de 5 m. 80; sa structure était identique à celle du pont Fabricius; on a recueilli au cours des récents travaux de réfection plusieurs blocs de pierre sur lesquels apparaît très nettement la disposition des crampons de fer qui les unissaient «fig. 5750); 5° pons Agrippae, connu seulement par une inscription e et par quelques restes de fondations découvertes en 1887 au-dessus du Ponte Sisto ; 6°pons Neronianus, commencé par Caligula, terminé par Néron, allant du Champ de Mars au Vatican ; ses fondations sont visibles quelquefois en été, en aval du pont Aelius; 7° pons Aelius, construit par Hadrien pour faire communiquer le Champ de Mars avec son mausolée; inauguré en 1345 ; le Ponte Sant'Angelo utilise quelques-unes de ses piles et de ses arches; àl'origine, il comprenait huit arches, en pépérin revêtu de travertin, trois sur le fleuve, avec 18 mètres d'ouverture pour celle du centre et lm. 50 pour chacune de celles des côtés, et cinq autres de 3 m. 50 sur les rives, deux à droite, trois à gauche, servant de décharge dans les crues, comme celles du pont Fabricius (fig. 5751) 7 ; sa largeur était de f0 m. 50; on a déblayé momentanément en 1892 les rampes d'accès du pont ; 8° pons Aurelius ou pons Valentiniani, au-dessus de l'île tibérine, remplacé dans les temps modernes par le Ponte Sisto; bâti sous Caracalla, restauré en 365; 9° pons Probi, auquel est identique peut-être le pons Tfieodosii fait ou refait par Théodose; le pons Probi, du 1u° siècle, était en aval du pont Subli dus et reliait l'Aventin au Janicule; on en a retrouvé des vestiges en 1878. Plusieurs ponts avaient été construits, dès l'époque républicaine, danslacampagnedeRome.Le ponsMulvius, aujourd'hui Ponte Molle, en amont de la ville, servait au passage de la via Plaminia; son existence est signalée pour la première fois en 207 av. J.-C. ; le censeur M. Aemilius Scaurus le restaura en 110 et Auguste l'orna d'un arc de triomphe ; on l'a reconstruit au début du xixe siècle, en utilisant pour les quatre arches du milieu une partie des blocs antiques de pépérin et de travertin Le pons Salarius, sur la via Salaria, non loin du pons .Jlulvius, et le pons Lucanus, sur la ria Tiburtina, à l'ouest de Tibur, traversaient l'Anio ; ils furent plusieurs fois réparés et presque entièrement refaits depuis l'antiquité ; le premier comprend une grande arche centrale et deux petites arches latérales ; le second quatre arches, dont trois demi-circulaires, et la quatrième, plus récente, en forme d'arc aigu 10. On sait que les aqueducs des Romains, dont les environs de Rome présentent de si beaux exemples, sont construits d'après les mêmes principes que leurs ponts et reposent comme eux sur des arcades voûtées [AQUAEDDCTUS. La plupart des fleuves d'Italie possèdent quelques vestiges des ponts qui les traversaient dans l'antiquité 11. Le grand viaduc de Narni, sur la Néra, avait quatre arches, de 22 à 34 mètres d'ouverture chacune, et une longueur totale d'environ 190 mètres 12. Le pont de Rimini, élevé sur la Mareediia par Auguste et terminé par Tibère, est très bien conservé ; il a cinq arches; les trois du milieu comptent 8 m. 77 d'ouverture et les deux autres 7 m. 14 73. L'Espagne l'emportait peut-être sur tous les autres pays par la hardiesse et la grandeur de ses ponts romains, qu'elle devait aux Antonins. Le plus remarquable est celui d'Alcantara, sur le Tage, construit de 98 à 106 ap. J.-C., aux frais des municipes de Lusitanie, par l'architecte C. Julius Lacer (fig. 5752, 5753) ; la chaussée, au milieu de laquelle se dresse un arc de triomphe, passe diéludée. I, Routes et posats, par F. Lucas et V , oarrné, Paris, 3853, chap. 1, !v, ss, 0p. t. Vii, p. ,,, Monnaie de Constantin.u lierckel, G. Zangemeister, dans C. . XC1, p. 301 303 (19051, avec la biblio graphie antérieure. 1. de la Par ssayc, dans la Fem numis,n. 1802, p 4265431; ['ON _ 56i PO N à )y4 mètres ru-dessus du fleuve; elle est soutenue par autres arches ne servent à l'écoulement des eau qu'en six ,iléites inégales en plein cintre, dont les deux princitemps de crues ; l'édifice a subi plusieurs restaurations pales, au milieu, ont 34 et 36 mètres d'ouverture et partielles o l'époque moderne 1. Le pont d'Albaregas., s'appuient sur des piles de 9 mètres d'épaisseur; les près de Mérida, garde mieux encore son aspect antique; long de t'té urètres et large de 8, il est, supporté par arches, le pont de Sommières sur la Vidourle également quatre grandes arches et deux petites; le revëtement, en et celui de Boisseron (Gard;, d'un type très particulier'„ bossages comme a Alcantara, ]c parapet, le trottoir, le avec des arches multiples (dix-sept a Sommières) allant pavé mette iruhsi,c nt tels qu'ils étaient air nr siècle de en décroissant du milieu aux rives, pourvus de rampes notre ère il d'accès continues et de piles évidées par des arceaux faut citer aussi le supplémentaires. Du pont de tintes, sur la Charente, pont en ruines il are reste qu'un arc de triomphe, en I'itonneur de d'alcunita 3, les c"manicus anal mue ir celui d'Alcantara, °alti au ponts d'origine rt dieu de la chan_ , Is piles et les voûtes ont été romaine mais reédifiées -lu m : est re. Dans les Germanies Tacite parle construits di' Sadéjà 'u 70 ai;. .-C. du pont sur la Nase (Natte), près de tarnanque sur le nln,;en et di; pont sur le M.oseile a Trèves 50; ils Tonnes, de Mea-raient et acun huit arches, dort il ne subsiste plut; que rida sur le. Dorales fondations 1 1. On a découvert i Coblence en 1001 les dian r Ire l'u ède, restes d'un pont su . pilotis traversant la Moselle, proba de i?artorel h etc. t.l,'oient du ve ,si' le ", et près de Heidelberg t .rites En Gaule, la d'un pont sur le ,rnci u 1'. Deux ponts, m „rnt principale consdétruits, frao -. Rhin celui de Mo.. truction antique dt's pr °toi rs 1nps ode l'Empire et probable eut 'ltr sur arcades voir règne d'Auguste, plusieurs fois coupé et cet O, , par èes est an aque lequel les armées romaines pc r„Lralent a.uinarrrment duc, impropresur la rive dr opte i` et, que représente un modele en iii en t ikupc'lé pu u, t plomb d'un médaillon d'or ir l'effigie de Dioclétien et de duGard(fig. 031. Maximien t' ,,,ii, 5713`,; celui de Coi_ogne. création de Parmi les vtIriConstantin vers l'an 3118 1'. taules ponts roSur le Danube le pont de Trajan, construit en 104405, nains' on doit dans l'intervalle de la première et de la seconde guerre 0 i n , titre de spécimens e-, retct intiques, le pont daciquc au-dessous d'Or soya et du défilé des Portes de Flapi en pris ' Saint-Chamas, sur la 1 rt,loubre6, et le pont Fer, près de Turnu Sevcrin (Drobela), est l'un des monu , e vaiscrn sur I'(luvère, l'un et l'autre ii une seule arche et cents les plus célèbres de l'époque impériale ' Une très _'C'gan ts, le pont de l'Argens près de Fréjus, à trois ar ~ armée entière y travailla perdant près d'une. année, Ses Mies, le pont en ruines d'Ambrois sur la Vidourle, h cinq plans étaient dus â, Apollodore de Damas, l'aiet.itecte du PON -;iii; --PON Forum de Trajan et de la colonne Trajane, qui le décrivit dans un traité que cite Procope 1 On le connaît, en outre, par un texte assez détaillé de Dion Cassius 2, par un basrelief de la colonne Trajane «fig. 5541 et par plusieurs revers de monnaies Les Romains avaient eu beaucoup de peine à jeter les fondations dans le lit du fleuve, qu'ils ne pouvaient détourner ; les piles, très puissantes, étaient au nombre de vingt, ce qui donnait pour l'ensemble une longueur de plus de 1100 mètres, sur une largeur probable de 13 à 19 mètres; les extrémités de la chaussée étaient fortifiées; les voûtes devaient avoir de 35 à 38 mètres d'ouverture. Les arches et le parapet figurés sur la colonne Trajane sont en bois; les fermes consistaient en trois segments de cercle concentriques reliés par des poutres pendantes et appuyés sur des doubles chevalets au sommet des piles Peut-être le bas-relief nous montre-t-il le pont avant son entier achèvement : 3Aschbaeti suppose qu'on dut le terminer tout entier en pierre; les parties de charpente auraient été remplacées par des blocs de maçonnerie de nrèrne disposition fla.drien fit enlever le tablier du pont t pécher les Barbares de l'utiliser Constantin momentanément en 328 Les routes des provinces romaines d'Asie et d'Afrique n'étaient pas moins bien pourvues que celles des provinces d'Europe. ll a en Mysie jusqu'à cinq ponts romains r Pergame et aux environs 2 ; le plus remarquable, dont les fondations remontent peut-être au. temps des rois, a deux arches de là rr. G et de 9 m. I0; .a chaussé=e est ornée de deux colonnes de marbre à ,on extrémité méridionale; tout auprès, un tunnelvoûté r uivre le Seliri us sur 191 ni •. longueur. Le pont de r,. ,vibre blanc d'àczani en Phrygie, àr cinq ai-chies estaujourd'lrui fort abimé; Le Bas l'a vu en meilleur état"; un second pont dans la meure, vile était fait sur le modèle du premier; un troisième se trouve non loin de l£6 en amont, aux sources du Rhyndacus ". Sur le cours inferieur de ce fleuve, à Lopadium, existent encore les ruines d'un autre pont antique 12. Les ponts d'Antioche dit Méandre en Carie, à six arches, avec un arc de triomphe à son débouché sur l'une des rives 13 (fig. 5755), et de Mopsus en Cilicie sur le Pyramus construit par Constance sont reproduits sur des monnaies impériales. MM, Ilumaun et Puchstein ont décrit récemment celui de Kialdrta en Syrie Commagène, entre Samosate et \lélitène ; il n'a qu'une seule arche, de 34 m. 20 d'ouverture, faite en gros blocs reposant sur le fond rocheux du fleuve ; la chaussée, à laquelle remploi d'une voûte demi-circulaire Imposait une pente assez forte, passait entre deux colonnes àchacune de ses extrén itc s'". Tunisie possède plusieurs ponts en viiines, comme celui de Silm tt h u 'Chemtou) le pont de Medjec-el-Bah sur la Medjerda, reconstruit au xvirir siècle avec des matériaux antiques, et deux ponts romains très bien conservés, l'un sur l'Oued Djief, près de ûoum-cl-.:frit, ['autre sur l'Oued Béjc, àcinq cents mètres de la ville du mérnenom: edernier,ee clos diane, long de 7000r essur rn, 3f) de las'ge a trois arches égales ; des ll 'us en ailés p, rni.èt;ent ses culées t3. En _Algérie on doit mentionner, outre plusieurs pontes eni ulnes,-, m it intérêt, aux environs de Tébessa celui lie (rital à une arche, très bien conservé, et un pont de quatre arches entièrement enseveli sous des alluvions, celui de l'oued Méboudja au sud de Ifène, à cinq arches, refait en 1882, celui d'flippone, à onze arches, très réparé, et surtout celui d'El 1Aantara, à une arche, sur la route de La .l au d "t, au nord de, Bisltrai maladroitement 1 aux ` en 4' et les deux pi :ris d'1 Iturnmel s't Cons( ttir~e : le pi hier, dont il ne ci culées, devait avoir trois étiages, 1-un à arche, les deux autres, au-dessus, à plusieurs arcades; le second, à deux étages, sur remplacement du pont de fer qui donne maintenant accès à la ville, se trouvait à 63 mètres au-dessus du torrent et mesurait GO mètres de longueur sur rn. 30 de largeur ; ilisait. l'une des vnfdes naturelles qui recouvrent le Rummel ; I eta.go intérieur comprenait deux arches médianes et deux arches latérales plus petites ; il en reste les piles et PON 566 PON deux arcades ; l'étage supérieur se composait d'une arche centrale et de trois arches sur les côtés, deux à droite, une à gauche ; on ignore la date de l'établissement de ce hardi monument et celle de sa disparition 1. L'examen des ponts conservés, les fouilles faites sur l'emplacement de ceux qui sont tombés en ruines, les détails techniques que donnent les auteurs latins et grecs permettent de se faire une idée assez nette du système de construction adopté par les Romains 2. Ils avaient renoncé, pour bâtir leurs ponts, à détourner le cours des fleuves pendant la durée du travail, comme le fit Nitocris à Babylone : procédé coûteux, qui exigeait beaucoup de temps et de peines, et qu'il n'était pas toujours possible demployer. Iis jetaient donc les fondations dans le lit, au milieu de l'eau. Quand il s'agissait d'un pont de bois sur pilotis, tel que ceux de César en 55 et en 53, on enfonçait les pieux à l'aide de machines puissantes (machinationes, tistucae) Quand il s'agissait de ponts de pierre, l'opération était plus compliquée ; Vitruve décrit à propos des ports les différentes sortes de fondations maritimes en usage de son temps )PORTUS] ; on devait avoir recours aux mêmes systèmes en rivière pour les ponts. La partie immergée de la maçonnerie du pont de Trajan sur le Danube, en béton avec revêtement de pierres de taille, reposait, comme les fouilles ont permis de le constater au milieu duxrxe siècle, sur des pilotis de chêne'. Au pont Cestius à Rome, démoli de 1888 à 1892, les assises inférieures des piles, en travertin, étaient supportées par un massif de béton entouré d'une double ligne de pieux Malgré les efforts des Romains, couronnés quelquefois de succès, il faut attribuer le plus souvent la destruction de ceux de leurs ponts qui ont disparu à l'insuffisance des fondations; les piles ne s'enracinaient pas assez profondément; les pieux des pilotis étaient trop faibles; les affouillements devaient amener peu à peu l'écroulementdes premières etla rupture des seconds. L'élément essentiel et le plus original des ponts romains, c'étaient les voûtes, ix.l.tte; forazices [eoRxlx , très hardies et très solides tout ensemble. Leur nombre variait ; il n'y avait parfois qu'une seule arche (Saint-Chamas, Kiakhta, El Kantara, etc.) ; en général elles étaient multiples, souvent inégales, avec leurs naissances placées à des niveaux différents (Alcantara), et de nombre impair de préférence, celle du centre plus grande que les autres (types : le pont Fabricins à deux arches égales, le pont de Béja à trois arches égales, le pont Cestius à trois arches inégales, une grande et deux petites, le pont de Sommières à dix-sept arches allant en décroissant depuis le milieu jusqu'aux rives;° Les ponts du Rummel, à plusieurs étages superposés, présentent une application exceptionnelle à la traversée des fleuves d'un principe courant de la construction des aqueducs. La largeur d'ouverture des arches dépendait des circonstances ; elle n'était jamais inférieure à 5 mètres et s'élevait jusqu'à 34 et 38 au viaduc de Narni, au pont d'Alcantara, au pont de Trajan sur le Danube. Les voûtes étaient en plein cintre, légèrement surbaissé dans certains cas (pont Fabricius) 0; elles consistaient en gros blocs de pierre de taille disposés en voussoir avec joints convergents, sansmortier, maintenue au besoin par des crampons de fer scellés au plomb (pont Cestius, fig. 57119) 10 Chaque arche se composait d'anneaux juxtaposés indépendants. Les constructeurs laissaient quelquefois en saillie à l'extérieur plusieurs pierres qui leur avaient servi à placer les échafaudages pendant les travaux et que l'on pouvait utiliser ultérieurement pour les réparations (par exemple, au pont Cestius). Les culées sur les deux rives et les piles intermédiaires dans le lit du fleuve, faites en grand appareil, avaient une importance considérable. Les piles, xcyl7[(èsç 11, pilae 12, atteignaient jusqu'à 9 mètres d'épaisseur au pont d'Alcantara et 12 m. 50 au pont Fabricius; il fallait en effet qu'elles fussent en état de supporter la retombée des voûtes pesantes et de résister à la poussée du courant; elles se terminaient fréquemment par des avant-becs demi-circulaires en aval, triangulaires en amont pour briser le flot; les murs en aile qui existent à Béja sur les rives jouaient le même rôle de protection à l'égard des culées. Le développement des piles diminuait très notablement la surface laissée libre au passage des eaux ; on y remédiait dans une certaine mesure en ménageant des ouvertures supplémentaires dans la partie supérieure des piles elles-mêmes (pont Fabricius, pont de Sommières) ; ces petits arceaux émergeaient en temps normal ; lors des crues ils servaient de décharge, facilitaient l'écoulement du trop-plein et diminuaient d'autant la poussée que le pont avait à subir. La largeur de la chaussée, à la partie supérieure du pont, était en rapport avec la longueur du monument 5 m. 50 de large pour 62 de long au pont Fabricius, 5,50 pour 70 au pont de Béja, de 13 à 19 pour 1100 au pont de Trajan sur le Danube. Cette chaussée avait une pente très accentuée, par suite de la nature des voûtes, en plein cintre parfait ou faiblement surbaissé, et formait un dos d'âne. La partie centrale, iter, était destinée, comme sur toutes les routes romaines, au passage des chevaux et des véhicules; [es trottoirs des côtés,decursoria, au passage des piétons; des parapets pleins ou à jour, plutei, couraient sur les bords pour prévenir les chutes ". PON 567 Les architectes se préoccupaient de donner à leurs créations un caractère artistique. Des revêtements en pierre plus soignée recouvraient extérieurement la masse de la maçonnerie en matériaux communs à Rome des dalles de travertin étaient plaquées par-dessus les blocs de tuf et de pépérin. Des inscriptions gravées sur ces revêtements (ponts Eabricius et Cestius) ou sur des plaques de marbre encastrées dans le parapet (pont Cestius, etc.), rappelaient les noms et les titres des fondateurs de l'édifice. Des colonnes (pont Aetius sur un médaillon d'Hadrien), des statues (pont figuré sur un médaillon de Septime Sévère),des hermès (pont Fabricius) enjolivaient les balustrades à claire-voie de la chaussée. Deux colonnes se dressaient à Kiakhta aux deux extrémités du pont, à Pergame du côté du sud seulement. Ailleurs, des portes fortifiées (pont du Danube sur des monnaies de Trajan) ou des arcs de triomphe (médaillon de Septime-Sévère et pont d'Antioche du Méandre) occupaient la même place ; à Alcantara et à Saintes l'arc était situé au milieu du pont. En somme, les Romains ont excellé dans la construction des ponts de pierre, et il en reste assez pour qu'on soit en état d'apprécier le mérite des ingénieurs et des architectes anciens et les qualités de force, de grandeur, d'élégance sévère de leurs COuvres. M. RESNlER.