Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article PORTA

PORTA. IIén-r,, 73 ,x;, Porte pratiquée dans un mur de clôture, un rempart de ville, un péribole, etc. IMCRi s, 'rttyo2i, par opposition à JANUA (fiépx), porte pratiquée dans un rnur enfermant un espace couvert [PARIES, Toi''/o,[ Dans une enceinte fortifiée, la porte représente un point doublement faible : 1° c'est une véritable brèche oit l'on substitue une barricade mobile de moindre résistance à l'obstacle fixe et puissant du rempart; 20 cette brèche devant assurer les communications entre l'intérieur et l'extérieur, doit être accessible du dehors pour répondre à sa destination. Dès l'origine de la fortification, les constructeurs se sont ingéniés à atténuer ces deux défauts nécessaires, faiblesse de résistance et facilité de l'approche. Contre le premier, le palliatif le plus usuel consistait à doubler l'obstacle de la porte'. En arrière de la porte extérieure, située dans la ligne du parement antérieur du rempart, on établissait une deuxième POFI 382 PJR porte, située sur la ligne du parement intérieur ; on obtenait ainsi un couloir entre ces deux portes, d'abord réduit à l'épaisseur même du rempart, puis bientôt prolongé et agrandi de façon à former une sorte de. cour, oh l'ennemi, s'il réussissait à forcer la première porte, se trouvait emprisonné sous les traits des défenseurs'. Tel est le dispositif dont le plus ancien spécimen se trouve dans l'enceinte de Troie (fig. 3760)2, et le modèle le plus complet, pour l'époque classique, dans la porte dite de Mégalopolis àMessène )fig. 3761)', avec sa cour ronde inscrite dans un puissant massif de maçonnerie J.es portes de Mantinée, reproduites à l'article eii'sJrio, fig. 3166, montrent aussi diverses applications ingénieuses du même principe : tantôt la cour se trouve située derrière le front, perpendiculairement à la porte, tantôt elle forme un couloir tangent inséré dans un flanc, entre les deux extrémités parallèles des courtines. Cette dernière disposition décèle aussi une autre préoccupation, celle de remédier aux facilités d'approche offertes à l'ennemi par les chaussées carrossables qui aboutissaient aux portes. Les villes ou acropoles primitives, isolées sur des hauteurs abruptes, n'étaient le plus souvent accessibles que d'un seul côté, où une pente naturelle, d'ordinaire complétée par une rampe artificielle avec remblai dallé et soutènements, servait de trait d'union entre la plaine et le plateau fortifié. A Troie, la rampe aborde encore perpendiculairement l'entrée de ia porte, sans autre gène pour l'assaillant que l'étroitesse de la chaussée surélevée. Mais déjà, à Tirynthe', à Mycènes 6, dans l'ancienne entrée de l'acropole d'Athènes a, apparaît le dispositif qui prévaudra définitivement. I1 consiste à appuyer la rampe ou la chaussée contre le rempart, suivant une direction tangentielle, qui oblige l'assaillant à présenter le côté droit, non couvert du bouclier, aux coups des défenseurs Diverses combinaisons furent imaginées pour obtenir ce résultat. Tantôt, le côté droit de la chaussée est flanqué par un fort bastion saillant qui le domine, comme à la porte des Lions à My=cènes', et à l'acropole d'Athènes, où les restes d'un bastion primitif ont été reconnus dans la maçonnerie du socle de la Victoire Aptère 6 ; tantôt., comme à Mantinée, le tracé à crémaillère donne à presque toutes les portes la direction tangentielle recherchée [muNmo,fig.5165 et 5166f. Le plan de la porte de Mélangeia-Argos, à Mantinée (fig. 5762) 10, montre clairement les avantages de ce dispositif, défavorable à l'ennemi, dont le flanc droit est commandé par la ligne intérieure du rempart, et favorable au défenseur, qui, posté sur cette ligne, est protégé contre les coups du dehors par la ligne extérieure. Ajoutons que la ligne intérieure est souvent renforcée, comme c'est ici le cas, par une rampe d'escalier; le sommet forme une large terrasse où pouvaient être installées des machines de guerre. L'entrée des portes était d'ordinaire défendue par deux tours, de préférence rondes, ou par une seule tour, de préférence placée sur la droite de l'assaillant. Parfois, la tour de droite était plus forte que celle de gauche 11 La largeur minima d'une porte devait suffire au passage d'une voiture. D'après les traces d'ornières relevées en maint endroit, l'écartement, moyen des roues de chars antiques était de 1 m. 45 à 1 m, 50. La porte des Lions de Mycènes 12 ,tig. 5765) avait 3 m. 07 de largeur au seuil, 2 m. 85 sans le linteau, et 3 m. 20 de liant. L'ouverture P(IR --58oPOI des portes de Mantinée et de Messène, entre montants, est de tA m. 60 à 5 mètres. La figure 5763 montre que des recoins étaient ménagés dans la cour pour permettre aux chars et aux piétons de se ranger en cas d'encombrement. On devait, logiquement, arriver à établir deux passages parallèles, l'un pour l'entrée, l'autre pour la sortie. Ainsi fut créé le type de la porte jumelle ou di»filon, dont la porte Dipyle à Athènes, construite au début du ive siècle, est le plus ancien modèle (fig. 5763)1. Un pilier central séparait les deux ouvertures, larges chacune de 3 m. 'f5. En Italie, ce dispositif fut complété par l'établissement de passages latéraux (7.xpu u)AE);l'= pour les piétons. Le type le plus complet, avec deux haies jumelles au milieu pour l'entrée et la sortie des voitures et deux guichets latéraux pour les piétons, est représenté par la belle porte gallo-romaine de Saint-André à Autun (fig. 5764)1. La couverture d'une porte cochère en matériaux non combustibles était une grosse difficulté pour les Grecs. Ils commencèrent, comme à Mycènes, par employer d'énormes linteaux monolithes 4. Pour éviter de surcharger un pareil bloc, on ménageait dans la maçonnerie supérieure un vide triangulaire qu'on bouchait soit avec une plaque ornée d'un relief héraldique (fig. 5765) soit avec des panneaux de bois, A ces matériaux dispendieux et fragiles, on substitua divers systèmes d'encorbellelement, plat', triangulaire', cintré'. Mais, chez les Grecs, le mur qui encadrait les grandes portes ne pouvait être très épais ; il se réduisait d'ordinaire à une paroi de façade (1 m. 60 à Messène, 1 m. 10 à Mantinée) dont la crête pouvait tout juste suffire à un chemin de ronde étroit, dominant l'ouverture de la porte extérieure ; le passage ou cour compris entre ce mur et celui de la porte intérieure, restait découvert (fig. 5766) '. Au contraire, l'emploi de la voûte permit aux Romains de prolonger, au-dessus du passage, le massif rhème du rempart sur toute son épaisseur ; la porte se transformaiten un couloir votif au-ch 'sus duquel pouvaient être installés un large chemin de ronde comme à Autun (fig. 5761)1", des casemates pour les défenseurs et les machines de guerre, comme aux portes Saint-Paul et Saint-Sébastien à Home", ou des logements à plusieurs étages, comme à Trèves. Tel est l'aspect monumental que présente notamment la Porta Niigra,àTrèves (fig 5767 13. L'ensemble des hatiments d'une porte, avec les tours, s'appelait 7ruduiv f 3 et servait de logement au corps de garde de la porte (7sudopol)1''. A Mycènes, le audtopeç se tenait dans une loge creusée dans le rocher, derrière la porte. Les portes elles-mêmes étaient d'ordinaire à deux vantaux (d'où le pluriel -'da•). Les systèmes d'attache et de fermeture, avec barres et verrous, ressemblaient à ceux des portes de maisons H5M'5, OCRA. Les vantaux étaient parfois revêtus de peaux ou d'un blindage en métal pour les préserver de l'incendie''. On ménageait POR ~8 •POR aussi dans un des vantaux un guichet (pior[ula, LVO7 Ui t, Erzou.75 7GUIAiÇ2) qui ne livrait passage qu'à une seule personne, sans qu'on fîft obligé d'ouvrir les deux battants : c'était une précaution contre les surpri1. Cer taines portes étaient pourvues de herses [CATARACTA]. Outre les grandes portes, l'enceinte était percée de poternes (ru),h, portula)3 à un seul battant. Elles étaient généralement percées dans le flanc des tours, et rapprochées dans une même section du périmètre, de façon à permettre les sorties contre l'assiégeant. On distinguait les poternes de sortie, par où la troupe pouvait défiler rapidement au pied du rempart, en ayant le côté droit protégé pa r le mur, et s'y former en ligne [ntuat s, fig. 51851. Les poternes de rentrée s'ouvraient dans le flanc opposé des tours, de façon que la troupe en rentrant ne présentàt à l'ennemi que le côté du bouclier La position et le nombre des portes dépendaient des conditions locales ou de certaines idées religieuses. Les sept portes de Thèbes répondent à un chiffre sacré ; les villes étrusques avaient trois portes dédiées aux trois principales divinités étrusques, d'où, peut-être, les trois portes de la Roma quadrata Dans l'enceinte carrée d'Aoste comme dans les camps romains [CASTRAI, les portes occupaient le milieu des côtés. Les portes décoratives des murs de clôture' ou de péribole seront décrites à l'article PROPI'LAEA. Les portes triomphales sont décrites à ARCLs. G. FODGERES.