Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article PORTICUS

POili'ICUS (F2(A), portique, galerie couverte caractérisée par une façade en colonnade s'ouvrant sur un espace découvert. Les plus anciens portiques n'étaient que des appentis adossés aux murs de Paule mycénienne, qui précède le mégaron, comme à Tirynthe'. Ils forment un péristyle extérieur [DOMCSI dont les galeries( YOouem) et les chambres qu'elles desservent servaient de logis aux jeunes gens, aux serviteurs, aux gardiens, aux hôtes 2. Les temples primitifs paraissent aussi avoir été d'abord flanqués de portiques latéraux en auvents, pour abriter les sacrifiants : ce dispositif, dont on trouve des spécimens à Loussoi3 et au Sounion', complété par les colonnades du pronaos et de l'opisthodome, donna naissance à la péristasis des temples périptères, Le portique public devint de très bonne heure le complément et l'ornement nécessaire de tous les lieux où affluaient les foules. La nature et les moeurs contribuèrent à la prodigieuse multiplication de ce genre d'édifices dans les cités grecques. Dans un pays de soleil, oit il était plus aisé de construire que de faire pousser des arbres, le portique constituait l'abri le plus pratique pendant les heures chaudes de la journée ou contre les averses'. Les panégyries des sanctuaires, les concours gymniques, les théâtres, les gymnases, les agoras politiques ou marchandes firent de ces promenoirs accessibles à tous un luxe approprié aux instincts et aux besoins d'une race démocratique, très éprise de la vie en plein air. Ce type d'édifice ne comporte que des variantes de détail, suivant la destination spéciale et la situation du monument, ou la nature des matériaux. L'élément essentiel est une galerie dallée ou de sol battu, soit isolée, soit adossée à une autre construction : le mur de fond s'identifie le plus souvent avec un péribole de sanctuaire, un soutènement, un mur de scène, etc. La colonnade de façade repose sur un stylobate simple ou à degrés. L'architrave est surmontée d'une frise à triglyphes, dans l'ordre dorique, ou d'une frise à bandeaux saillants dans l'ordre ionique'. Parfois, une colonnade médiane coupe l'intérieur en deux longues galeries : dans ce cas (fig. 5768), les colonnes ou piliers intérieurs, qui portaient l'architrave en bois du plafond, ont un espacement double de celui des colonnes extérieures, qui portaient une architrave en pierre. Une variante de ce type consistait dans le portique à deux colonnades extérieures adossées à un mur médian, comme dans le Portique de Philippe à Délos'. Le toit était à un seul versant, en appentis, dans les petits portiques des péristyles de cours, ou dans les portiques adossés à un soutènement, comme le Portique des Athéniens à Delphes 8. Dans les portiques plus monumentaux, le toit était à deux versants, avec petits frontons sur les parois latérales et antes en retour aux deux extrémités de la colonnade. 11 pouvait y avoir aussi deux étages à ordres superposés, avec balustrade ornementée entre les colonnes du premier étage, comme au Portique d'Attale à Athènes !fi g. à769)9 et aux portiques du téménos d'Athéna à Pergame. Dans les constructions économiques, les murs pouvaient être en briques crues sur socle de moellons [su Res( et les colonnes en simples poteaux de bois sur bases de pierres 1'. L'architecture romaine a créé le type du portique à arcades. sur colonnes ou sur piliers carrés, avec emploi des ordres grecs en appliques Les nombreux portiques que les textes et les fouilles nous font connaître peuvent être répartis dans les catégories suivantes : 12 Portiques de façades. Nombre d'habitations ou d'édifices avaient un portique de façade sait ses disciples, d'où le nom de Stoïciens donné à son école Il était pourvu de banquettes. Dans les agoras de type romain, les portiques formaient autour d'une cour un péristyle continu, avec des niches pour statues, des exèdres, des boutiques 12. rues. De grandes rues étaient souvent bordées de portiques, soit des deux côtés, comme le long du ,Dromos, entre la porte Dipyle et l'agora du Céramique, à Athènes 13, soit d'un seul côté, comme à Priène n. 7° Portiques des ports. Ils bordaient les quais et servaient de docks, d'entrepôts, Pirée 5i '1' J I~~ i l -1- POR dont la galerie desservait les salles du corps de logis 1. Ce genre de vestibule ouvert dérive de l'appentis ou auvent qui précédait les maisons rustiques. Développé sur tous les côtés de l'édifice, il l'entourait d'un péristyle extérieur à la façon des temples périptères, comme d' 01 y mp je formant le péristyle de la opales ;GYMNASrr;Ml, généralement longs d'un stade. à Olympie 2, à Délos 3, à Pergame ''. etc., les côtés des places sacrées et s'adossaient au péribole. Leurs galeries desservaient parfois, comme celles des cloitres modernes, des lignes (le cellules pour le logement des pèlerins, des tlléores ou du personnel du temple ; tel est le disposif du Portique des Cornes dans le téménos d'Apollon à Délos °. Une catégorie spéciale des sanctuaires des dieux guérisseurs, Asklépios Amphiaraos Les malades s'y couchaient dans des couvertures, sur des lits ou des banquettes, et y attendaient en dormant le songe révélateur ou l'apparition du (lieu. A l'Amphiareion d'Oropos, la galerie extérieure de l'enhsoimetérion était affectée aux femmes ; celle du fond, garnie de banquettes de marbre, aux hommes. 5° Pop igues d'agoras. Dans les agoras anciennes [.AGORA] ils entouraient la place publique, sans former une bordure régulière et continue, mais avec des solutions de continuité pour le passage des rues ou aux endroits occupés par d'autres édifices religieux ou civils. Le Portique d'Attale (fig. 5768, 5769) 8, situé sur le côté Est de l'agora du Céramique à Athènes, est l'un des plus complets en ce genre : il se compose de deux longues galeries à deux étages : dans le fond règne une ligne de vingt et une petites boutiques carrées, percées d'une lucarne. Dans la journée, les marchands étalaient leurs marchandises sur des tréteaux, dans la galerie du fond, ils les renfermaient la nuit dans les boutiques. D'autres portiques, comme la Stoa Basileios , servaient à des usages administratifs ; l'archonte-roi y donnait Peisianax, du nom de son fondateur, était célèbre par les fresques de Polygnote, de Micon et de Panainos, qui décoraient ses parois ; les mendiants se tenaient sur ses degrés; au IVr siècle, le philosophe Zénon y réunis VII. PoR de bazars, comme la ligne des portiques du des ports militai considérés comme des portiques d'un caractère spécial etc.'`. Les uns étaient adossés au mur extérieur de la scène ou situés en bordure des voies d'accès, comme authéâtre deDionysos à Athènes ; les autres couronnaient le promenoir ou diazôma supé rieur de la cavea, dans les théâtres 19, les odéons20, les cirques'', les stades 22. Sur les faux portiques qui décoraient le front de la scène ou proseenion, voir THEATRDM. La décoration intérieure des portiques consistait en FOR --586 -FOR revêtements de marbre', en peintures 2, en statues , en exèdres ', etc. A Rome, la mode des portiques à la manière grecque s Introduisit au He siècle av. J.-G, après la conquête de la Grèce ; le plus ancien que l'on connaisse en ce genre est le Porticus .dfinucia, élevé en 109 av, J.-C. 6. ils se développèrent surtout dans la vue et la Ixe région, et, constamment multipliés sous les empereurs jusqu'à Valentinien, ils présentaient comme une suite ininterrompue de vastes promenoirs depuis les rives du Tibre jusqu'au coeur de la ville. Les uns formaient (Porticus margaritaria 6) de longues galeries à plusieurs colonnades bordant des boutiques [SEPTAï, d'autres des péri styles entourant de vastes cours, comme le Portique de Pompée attenant 'au théàtre, ou celui de Livie construit vers l'an 15 av. J.-C. (fig. 5770) 7. Nous renvoyons pour leur énumération et leur histoire aux ouvrages spéciaux sur la topographie romaine et pour leur plan et leur situation aux atlas de Jordan et de Lanciani. Les uns étaient désignés d'après leur destination, leur décoration ou leur forme (Porticus margaritaria, fabaria, Peorunl Consentiunt, ad Nationes, Argonautarunt, Absidata, etc.), la plupart d'après le nom de leur fondateur (Portions 'tlinucia, Yleteili, Pompeia, hipsania, Octavia, Octaviae, Nlarcelli, etc.). Dans ces constructions, les architectes romains apportèrent à leurs modèles hellénistiques toutes les variantes que l'emploi de matériaux nouveaux et l'usage de l'arc pouvaient leur suggérer. 'Vitruve insiste particulièrement sur les proportions qui conviennent à ce genre d'édifices, en citant les plus notables d'entre eux en Grèce et à Rome 9. Les cons tructions privées en firent aussi un très large emploi )nosfus]. Sur les portiques de sous-sol, voir CRYPTOPOR