Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article POSTLIMINIUM

POSTLIMINIUM. Ce mot, [formé probablement des deux mots post et limen (seuil, limite) I, désigne une institution d'origine très ancienne qui consistait à éluder en faveur du Romain, prisonnier de guerre, au moyen d'une fiction juridique, les conséquences natu relies de la captivité 2]. Il aurait dû subir la maxima capitis deminutio avec toutes ses conséquences, par exemple perdre la puissance paternelle s'il était père de famille, en sortir s'il était fils de famille; son testament aurait dû devenir nul (irritum). [Au contraire, dès qu'il avait remis le pied sur le sol de la patrie ou sur un sol ami la fiction du postliminium lui restituait sa nationalité, son ingénuité, ses droits de propriété, de famille, de puissance paternelle; son testament, antérieur à la captivité, recouvrait sa validité ; tuteur, il recouvrait la tutelle. Il avait les acquisitions faites par ses enfants et ses esclaves pendant sa captivité. Il était censé avoir conservé la possession des choses détenues par ses esclaves avant sa captivité. Mais il perdait irrévocablement la possessio qu'il avait exercée lui-même, parce qu'il y avait en ce cas interruption de l'usucapion 5.] Pour le mariage, quand les deux époux n'avaient pas été prisonniers ensemble, il était dissous et ne se reformait que par leur consentement; cependant plus tard une disposition législative, qu'on peut rapporter aux lois Julia et Papia Poppaea, punit comme si elle avait déserté le domicile conjugal, la femme qui, non mariée au retour du mari, refusait sans raison valable de rentrer avec lui 6. [Dans le droit de Justinien, la femme ne put se remarier que dans le cas où on ignorait si le mari était vivant ou mort, et après un délai de cinq ans 7.] Le postliminium s'appliquait aux choses prises par l'ennemi, quand elles rentraient dans le territoire romain ; mais il ne s'appliquait qu'aux immeubles et à certains meubles tels que les esclaves, les chevaux dressés, le mulets de bât, les vaisseaux de transport, mais non les barques de pêche et de plaisances ; [tout le reste faisait partie du butin 91. Le bénéfice du postliminium était refusé aux transfuges, à ceux qui s'étaient rendus par lâcheté, à ceux que Rome avait livrés à l'ennemi par la deditio et qu'elle refusait ensuite de reprendre f0, à ceux qui revenaient sans esprit de retour définitif11 [ou qui, admis par traité à rentrer, avaient préféré une fois rester chez l'ennemi, à ceux qui anciennement avaient été livrés comme esclaves à l'étranger par des modes du droit civil12. Les jurisconsultes désignent improprement par l'expression postliminium in pave l'application du postliminium entre Rome et des pays qui ne sont pas avec elle en état de guerre ouverte13. Il s'applique aussi entre Rome et les villes, états, royaumes liés à Rome par un traité, mais gardant encore leur liberté 1 ` ; à l'origine un Romain, devenu citoyen athénien, pouvait ainsi redevenir Romain ; inversement, un Athénien, affranchi à Rome après y avoir été esclave et devenu par suite citoyen romain, pouvait recouvrer à Athènes son ancien POS 605 POT