Entrées proches
PRAEFECTI S AEGYPTI.--En latin, chez les auteurs comme dans les inscriptions, le personnage porte le titre de praefeclus Aegypti. En grec, les inscriptions le
Sur les papyrus on lit aussi i x yo;', Gysscda G ou le participe ~rEUav=Jsas7, Les auteurs nous offrent encore d'autres variantes, non officielles, du titre : x.pwv 8 ou
On sait qu'Auguste établit pour l'Égypte un régime différent de celui des autres provinces de l'Empire. Craignant les difficultés qui pouvaient se produire dans cette province « d'un accès difficile, féconde en blés, portée par des superstitions et le relâchement des moeurs à la discorde et à la mobilité, ignorante des lois, sans expérience des magistrats »11,redoutant qu'elle ne devînt, aux mains d'un gouverneur ambitieux, un danger pour l'empereur régnant et pour l'État romain 12, il ne prit possession du pays ni pour le Sénat, ni pour le fisc; il en fit une propriété privée de sa maison 1E. Il en donna, par suite, la gestion à un procurateur, qui était chargé de le représenter et de défendre ses intérêts.
Celui-ci, bien que créé adsintilitudinem proconsulis n, c'est-à-dire, d'après M. Hirschfeld 15, par une décision du peuple, et ayant, par suite, une situation intermédiaire entre les magistrats de rang sénatorial et les procurateurs ordinaires, appartenait à l'ordre équestre les sénateurs et les ermites illustres n'avaient même pas le droit de venir en Égypte 16 mais il était choisi parmi les plus élevés dans la carrière. Au début de l'Empire, on appelait à ce poste d'anciens préfets du prétoire ; c'est le cas de Seins Strabo, père de Séjan, d'abord préfet du prétoire sous Auguste, puis préfet d'Égypte au début du règne de Tibèref7; de Naevius Sertorius Macro, préfet du prétoire en 37, préfet d'Égypte la même année93; de Lusius Geta, préfet du prétoire en 51, préfet d'Égypte en 5419. A partir des Flaviens, lapréfecture d'Égypte précède régulièrement la préfecture du prétoire dans la liste des fonctions équestres. Les exemples abondent ; on peut citer : Petronius Secundus 20, Sulpicius Similis n, Marcius Fronto22, Bassaeus Rufus23, Maecius Laetus2f, etc. Elle est immédiatement supérieure à la préfecture de l'armorie ou à celle des vigiles' .
Au second siècle, le préfet d'Égypte porte le titre de perfectissimus qui est traduit en grec par l'épithète ôea
5TaiT1370; ou même par )L«u7rpoTa:o;, épithète réservée d'habitude aux hommes d'ordre sénatorial 260
Le traitement du préfet d'Égypte devait, à cause de l'importance de la situation, être très élevé; mais on ne
possède pas de renseignements précis à cet égard".
La durée de la fonction était, comme toujours en pareil cas, indéterminée et sans règle fixe. Caius Petronius gouverna le pays de 29 à26 av. J.-C. (soit trois ans); Aelius Gallus en 25 (un an) ; C. Petronius de nouveau de 24 à 22 (deux ans) ; Vitrasius Pollio, seize ans 28 ; Avillius F'laccus, de 32 à 37 àp. J.-C. (cinq ans) ; Vergilius Capito, de 47 à 52 (cinq ans) ; ll.utilius Lupus, de 115 à117 (deux ans) ; Marcius Turbo, de 117 à 118 (un an) ; Flavius Titianus, de 126 à 131 (cinq ans) ; Avidius Heliodorus, de 138 à 143 (cinq ans) ; Sempronius Liberalis, de 154 à' 59 (cinq ans) ; Volusius Maecianus, de 159 à 161 (deux ans)", etc.
Ce qui est à noter aussi, c'est que les pouvoirs du préfet d'Égypte, chose exceptionnelle, ne prenaient pas fin à l'instant où son successeur posait le pied sur le sol de la province. Il ne devait déposer le commandement dont il était investi que du jour où celui qui était désigné pour le remplacer était entré à Alexandrie, même si, par ailleurs, il était déjà dans la province30. Exception, d'ailleurs, plus apparente que réelle ; car Alexandrie étant le seul port d'Égypte, toutes les fois que le remplaçant arrivait par mer, il devait faire son entrée à la fois à Alexandrie et dans la province.
La liste des préfets d'Égypte prouve que ces personnages étaient, pour la plupart, des gens originaires des parties occidentales de l'Empire, qui, leur carrière équestre presque achevée, étaient délégués dans cette situation; on ne rencontre guère qu'un Égyptien dans le nombre, Ti. Julius Alexander, fils del'alabarche juif d'Alexandrie, ultérieurement chef d'état-major de Titus au siège de Jérusalem3'. On comprend aisément la raison de cette politique, qui écartait du pouvoir suprême, en Égypte, des indigènes et même des Orientaux52.
Ce pouvoir, en effet, était considérable et en dignité et en fait. Le préfet était, en tant que représentant de l'empereur, le successeur des anciens souverains du pays. Strabon le remarque et Tacite le confirme33. Pline nous apprend qu'il ne pouvait pas naviguer sur le Nil, comme les rois", pendant que le fleuve grossissait 36 et, suivant Sénèque36, lors de la pleine crue, il devait jeter dans les eaux des présents en or, prérogative réservée au roi dans le système politico-religieux des Égyptiens 37.
A cet apparat, à ce rôle décoratif il joignait, aux yeux des indigènes, la puissance illimitée, de source divine, qui appartenait aux Pharaons et aux Ptolémées, aux yeux des Romains celle qui résultait de la volonté impériale33 Car, dit Tacite, Di'vus Augustes apud equestres qui Aegypto praesidereni lege agi decretaque eorum provnde haberi jusseratac si magistratus romani constituissent. Il ne lui manquait que les insignes extérieurs du gon
PilA 611 PLIA
verdeur et spécialement les faisceaux; on croyait à l'existence d'un oracle qui les excluait du pays t.
Ses attributions sont les suivantes :
Il tient dans sa main toute l'administration de la province. Le choix, la nomination et la rétribution des fonctionnaires sont à sa discrétion 2. Il n'y a d'exception que pour les plus élevés en dignité de ses auxiliaires, lesquels, étant d'ordre équestre, sont nommés par l'empereur; on cite spécialement comme soumis à la désignation impériale le directeur du musée d'Alexandrie 3 ; niais il en est certainement de même de tous les autres.
Il est chef de l'armée d'occupation du pays. C'est à ce titre qu'il figure sur les inscriptions militaires : diplômes décernés à des vétérans 4, dédicaces à des empereurs par des troupes légionnaires ou auxiliaires monuments élevés par la main-d'oeuvre légionnaire . Comme tel il commandait les expéditions dirigées contre les peuples voisins'. Philon d'Alexandrie nous le montre, aidé de ses lieutenants, occupé à organiser età exercer les troupes, à veiller au paiement de la solde, au maintien de la disciipline3, et les papyrus font plusieurs fois mention de lui à propos des opérations de recensement'.
On sait, d'ailleurs, que par suite du rang équestre du gouverneur, l'armée était sournise en Égypte à un régime tout à fait spécial. Dès le début de l'Empire, les légions y étaient composées pour la plus grande partie d'Orientaux ou même d'Égyptiens, qui recevaient le droit de cité en arrivant au service et qui étaient, par suite, d'un rang inférieur aux autres légionnaires 10. Les commandants de ces légions étaient non des sénateurs portant le titre de légat, mais des praefeeti cosirorutn chevaliers, de dignité très inférieure à celle du préfet d'Égypte''.
Financièrement il a la haute direction de l'administration. Ce n'est pas lui, c'est l'empereur qui fixe la quotité du tribut12 ceci est, pour toute l'étendue de l'Empire, le privilège du prince, mais il fournit des données qui permettent d'en élever ou d'en abaisser le taux 13. Il s'occupe de la ferme des impôts ". II emploie les revenus et examine Ies comptes des recettes et des dépenses qui lui sont transmis de toutes les parties de la province par ses subordonnés' ; son rôle est aussi de prendre les mesures et arrêtés nécessaires pour réprimer l'avidité des fonctionnaires et des agents inférieurs, pour modérer leur zèle, empêcher les exactions, régler les privilèges du fisc, maintenir l'intégrité des immunités, etc. 16. La gestion des domaines impériaux est une de ses occupations principales". On doit mentionner encore tout
spécialement, parmi ses attributions, celle de surveiller la rentrée du blé destiné à l'alimentation de Rornei3 ; les troupes même étaient employées à cette opération".
Une autre prérogatise du préfet était de rendre la justice tant au civil qu'au criminel. C'est sur cette partie de ses pouvoirs que les papyrus nous renseignent le plus abondamment. Ainsi nous voyons sur l'un d'entre eux un préfet d'Égypte prononcer une sentence de mort 20 ; ailleurs c'est un procès d'héritage, venu, il est vrai, à la suite d'un assassinat, que l'on porte devant son tribunal '1; ailleurs un différend survenu entre un père et sa fille à propos de leurs intérêts 2".
Les jurisconsultes nous le montrent même se prêtant à la juridiction gracieuse, Modestin dans les cas d'affranchissement23, t'lpien pour la nomination d'un tuteure'°. Il va sans dire que, dans la plupart des cas, il déléguait son autorité à quelqu'un de ses subordonnés; le juridicus Alexandriae),tueinlcusl n'avait pas d'autre raison d'être'-6.
M. Dirschfeld ne doute pas qu'il ait possédé, comme tous les hauts gouverneurs de province, le jus gladii21.
Il avait, pour 1 aider et l'éclairer dans les questions juridiques, un consilium (in.y.eouatov) 27.
Le préfet d'Égypte résidait à Alexandrie93, capitale du pays ; mais il était nécessaire qu'il pût se déplacer afin d'aller inspecter les différentes parties de la province, et y rendre la justice". On sait par Strabon qu'il avait à sa disposition, pour descendre le fleuve, des bateaux couverts 30 dont le port d'attache se trouvait à Schedia, sur le canal du Ail à Alexandrie. Les inscriptions ou les auteurs font mention de plusieurs de ces tournées préfectorales Si, et nous en avons gardé un souvenir piquant dans les signatures qui se lisent encore sur la statue dite de de Memnon". Les gouverneurs partaient accompagnés de leurs amis, de leurs subordonnés, même de leurs femmes33, et aussi de guides et d'interprètes chargés d'expliquer les curiosités du pays"
Les préfets d'Égypte étaient responsables devant l'empereur. Leur gouvernement achevé, ils retournaient à Rome rendre compte de leur gestion"; et l'on ne manque pas d'exemples de gouverneurs blamés ou chatiés par le souverain, même au cours de leur préfecture. Tibère, au lieu de féliciter Aemilius Reclus qui lui avait envoyé plus que le tribut exigé, le révoqua, disant qu'il voulait bien qu'on tondit ses brebis, mais non gn'on les écorchât 30 ; Septime-Sévère condamna un de ses préfets pour avoir, durant son administration, falsifié ses propres actes''. Le cas le plus célèbre est peut-être celui d'Àviliius Flaccus,
PII_î 616 PB À
révoqué par Caligula à la suite des plaintes qui lui étaient parvenues et exilé à Andros t.
Au Iv siècle le préfet d'Égypte porte le nom de praefectus Augustalis, nom qui apparait pour la première fois dans le Code Théodosien en 38t).'. D'autre part, on lit dans la chronique connue sous le nom de Barbaries Scaligeri, à l'année 368, la mention suivante : eo anno introivit Tatianus in Alexandrie primas Augustalis VI Kl. I%ebruarias. Mais le Code Théodosien donnant encore en 380 au gouverneur d'Égypte le titre de praefectus Aegypti °, on admet que le chronographe a appliqué abusivement à une époque antérieure une appellation qui ne fut en usage que plus tard °. Ce serait entre 380 et 38d qu'elle aurait pris naissance.
La Notice des Dignités attribue au praefectus Augusétais la qualité de vir spectabilis et place sous ses ordres six provinces: Lybia Superior, Lybialnferior, Thebais, Aegyptus, Arclladia et Augustamnica °. Naturellement il n'avait plus alors de commandement militaire; celui-ci est entre les mains du nomes rei militaris Aegypti et des dunes Lybiarum et Tiiebaidos 7. Il ne lui restait qu'un pouvoir financier et judiciaire
La liste des préfets d'Égypte a été dressée par un certain nombre d'érudits ; les découvertes de papyrus y apportent chaque jour des modifications et des additions°. R. GAGNAI' •
nage est appelé praefectus praetorio dans les textes littéraires aussi bien que dans les inscriptions; en grec,
épigraphiques ; les auteurs se servent de différentes
iopuyipwv 4, Tillv ttpaTo Ansv 5 ou même lraofoç tout court.
Quand Auguste eut créé une garde impériale [PRAETORIUM, PRAETORIAx1, il mit à sa tête, pour l'y représenter, des commandants spéciaux, les préfets du prétoire. C'étaient des officiers, choisis par lui à son gré, et sans qu'il eût à prendre sur leur désignation l'avis de personne
Ces préfets furent d'abord au nombre de deux : Q. Ostorius Scapula et P. Salvius Aper 7 ; et ceci resta la règle suivie jusqu'aux réformes du me siècle'. On trouve ainsi deux collègues associés sous Auguste
Tibère 1U, Caligula", Claude 12, Néron". Othon n, Vitellius", Domitien i6, Trajan", Hadrien 1', Antonin le Pieuxf9, Marc-Aurèle20, Commode'', Septime-Sévère", Caracalla'', Elagabal2°, Sévère Alexandre 25, Gordien'a.
Il arriva même parfois que l'empereur en créa trois à la fois : le cas se présenta sous Commode27, sous Didius ,lulianus 23, sous Sévère Alexandre 29. La raison de cette multiplicité avait frappé les anciens eux-mêmes. Dion explique très bien30 qu'il eût été imprudent de confier des fonctions aussi importantes à un seul personnage et qu'on avait au contraire quelque chance de ruiner, en opposant deux titulaires à pouvoirs égaux, les ambitions qui auraient pu naître dans l'esprit de l'un des deux.
Néanmoins, pour diverses causes, les empereurs confièrent assez souvent le poste de préfet du prétoire à un seul titulaire. Il y en a des exemples fameux, ceux de Séjan sous Tibère et de Plautien sous Septime-Sévère ; mais on pourrait en citer bien d'autres encore : Seins Strabo, à la mort d'Auguste 31, Macro n sous Tibère, Burrus 33 sous Néron, Cornelius Laco n sous Galba, Arrius Varus30 et Arrecinus Clemens36 sous Vespasien, Gavius Maximus37 et l'attius Maximus 38 sous Antonin, Tigidius Perennis n sous Commode, Ulpien°U sous Sévère Alexandre, etc.
Nous ne constatons pas à cet égard de tradition constante. Certains princes, comme Domitien, Trajan, Hadrien, Marc-Aurèle, se soumirent pleinement à la règle. D'autres semblent avoir hésité. Ainsi Tibère, au début de son règne, confia la préfecture à Seins Strabo, puis il lui associa son fils Séjan ; à la retraite du père, celui-ci demeura seul titulaire et il en fut pareillement de Macro, son successeur 41. De même Antonin le Pieux, durant la première partie de son règne, donna le commandement de la garde successivement à deux titulaires associés, Sex. Petronius Mamertinus et Gavius Maximus, à celui-ci seul pendant une quinzaine d'années et à Tattius Maximus ensuite 4', pour revenir après vingt ans au principe de la collégialité avec Fabius Victorinus et Cornelius Repentinus i3. Par contre, d'autres empereurs n'ont jamais partagé la fonction ; ce sont Galba, pendant les quelques mois de son règne, et Vespasien.
C'est également pour donner à l'empereur quelque sécurité contre des menées ambitieuses que les préfets du prétoire étaient choisis dans l'ordre équestre : il eût été assez difficile à Auguste et même à ses successeurs de confier le soin de leur sécurité aux membres d'une aristocratie dont ils avaient bien quelque raison de se défier. Mais de ce côté encore on constate des exceptions, très rares, il est vrai, et qui se limitent au règne de Vespasien. Celui-ci nomma successivement préfets du prétoire Arrecinus Clemens et Titus, peut-être avec l'inten
PRA 61'7' PRA
fion d'opérer dans la règle de recrutement de ces officiers une modification que ses successeurs abandonnèrent.
La loi était donc et demeura pendant les deux premiers siècles de n'appeler à ce poste que des chevaliers '. Sévère Alexandre est le premier après Vespasien qui ait fait choix de nouveau de sénateurs pour cette fonction 2. Bien plus, depuis lors, les personnages quiy parviennent étant chevaliers entrent de plein droit dans l'ordre sénatorial'. Depuis lors aussi, au titre de vir eminenlissimus (iIoy és roç), que portait précédemment le préfet du prétoire seul des dignitaires d'ordre équestre, et que certains d'entre eux continuèrent à porter dans la suite', se substitue celui de vin clarissimus °, propre aux magistrats d'ordre sénatorial. A la vérité, on avait déjà vu antérieurement des préfets promus au rang de sénateur et honorés du laticlave, des insignes de la prétureourle l'allectiointer: consulares ; mais il n'y avait là encore que des exceptions destinées à récompenser des hommes éminents. Elles devinrent la règle au me siècle.
Le préfet du prétoire étant appelé à commander la garde impériale et à accompagner l'empereur à la guerre, il était naturel qu'il eut un passé de soldat à son actif; et il semble bien que le prince ait fait attention pour ce choix aux services rendus antérieurement à l'armée. Catonius Justus avait été simple primipile sous Tibère' ; Sulpicius Similis était un ancien centurion °; Marcius Turbo avait, sous Hadrien, une réputation militaire solidement acquise10; Bassaeus Bufus, sous Marc-Aurèle, avait débuté par un double primipilat" ; sous Commode, L. Julius Vehilius Gratus avait passé la plus grande partie de sa vie dans les camps ou en campagne''-; 'l'arrutenius Paternus avait écrit un traité de Re militari''. Au me siècle même, alors que les pouvoirs civils du préfet du prétoire étaient augmentés au détriment de ses pouvoirs militaires, et que l'empereur faisait appel pour cette charge à des jurisconsultes éminents, on continua à suivre les mêmes errements; les inscriptions nous montrent comme praefecti praetorio, à côté d'érudits, des officiers éprouvés, en tout semblables à ceux dont il vient d'être question 14.
On sait que la charge de préfet du prétoire était la plus haute de la carrière des chevaliers, le couronnement de cette carrière '5. La durée en était, comme pour tous les commandements concédés par l'empereur, sans limite précise. Mécène, d'après Dion, aurait conseillé à Auguste de nommer les préfets du prétoire à vie16 ; mais ceci ne répond pas à la réalité. Il suffit de consulter les
Vil.
Fastes de Borghesi pour s'en convaincre" : les uns demeurent en place un an; les autres, deux ", trois" ou quatre ans20. d'autres, six21, sept", huit' , onze", seize"fi et vingt'6 ans. Tout dépend des circonstances et de la volonté du souverain°', qui, souvent, ne relève le titulaire de sa fonction que sur sa demande même "3.
du prétoire commande les cohortes prétoriennes !fPRAETOR1AI: COHORTES], àla tête desquelles il n'est que le lieutenant du prince ; son nom ne figure même pas, comme celui des légats, sur les diplômes militaires concédés à ses subordonnés20. A ce titre, il possédait le droit de nommer les sous-officiers et les officiers jusqu'au rang de centurion exclusivement 30, comme tous les chefs de troupes importantes, et avait la juridiction sur eux". Il va sans dire, d'ailleurs, que pour les officiers supérieurs son autorité officieuse devait être d'habitude considérable 62.
Comme tel aussi, il suivait l'empereur dans les expéditions ou même le remplaçait dans la direction des opérations. Cornelius Euscus, préfet de Domitien, prit place à la guerre contre les Daces" ; il y trouva la mort". Quand Décébale voulut traiter avec Trajan, celui-ci lui envoya le préfet Claudius Livianus qui l'accompagnait'°. Macrinius Vindex, au temps de MarcAurèle, fut tué dans une bataille contre les Marcomans'6 ; et l'on sait que Macrin était préfet du prétoire de Caracalla et commandait à ses côtés en Orient quand il le fit assassiner pour prendre sa place".
C'est aussi ce commandement militaire de la garde qui permit à plusieurs préfets de renverser des empereurs ou de les élever sur le trône. Pendant le premier siècle de l'Empire, notamment, et à la lin du deuxième, les conjurations dirigées contre le prince régnant sont l'o=uvre des préfets du prétoire
Leur état-major se composait des officiers et sous-offi
ciarii43 et, à une époque plus basse, e.xceptore.s '
Le commandement militaire du préfet du prétoire s'étendit ultérieurement, en dehors des prétoriens, à toutes les troupes qui se trouvaient à Home et dans l'Italie, à l'exception des cohortes urbaines soumises au préfet de la ville". Mommsen admet que le fait est prouvé pour les ermites singulares, qui n'avaient pas de chef indépendant, par les inscriptions 48 ; pour les vigiles et les flottes, par le témoignage de Dion, ti qui est probablement emprunté au régime de son temps o.
78
PIPA 618 ® PRA
M. llirschfeld l'admet pareillement pour la légion Parthique d'Albano, dont les commandants auraient été non des légats sénatoriaux, comme le veut Mommsen, mais des préfets d'ordre équestre 1.
Les auteurs lui attribuent aussi la direction centrale de l'administration militaire 2 et des subsistances qu'il l'ail exercée en vertu d'un mandat spécial ou comme partie intégrante de ses pouvoirs réguliers t.
Pouvoirs civils du préfet du prétoire. Les préfets du prétoire étaient les mandataires de l'empereur, ceux qui, vivant toujours auprès de lui, étaient désignés pour le représenter dans toutes les circonstances. Il en fut au civil comme au militaire, mais on s'en aperçut plus tardivement.
Il est possible que, d'assez bonne heure, ils aient été appelés au conseil du prince ; on n'en a pas la preuve formelle 5 ; mais dès la fin du lie siècle ils y siégeaient et paraissent y avoir pris un rôle important 5. On a même voulu leur y attribuer une sorte de vice-présidence, que mus les auteurs n'admettent pas'. La collation de la dignité sénatoriale par Sévère Alexandre leur en ouvrit complètement l'accès en leur permettant d'assister aux séances, même lorsqu'il y avait à juger une affaire intéressant un sénateur 8.
De bonne heure également, ils reçurent de l'empereur délégation polir juger à sa place. Dès l'époque de Trajan on voit le préfet Suburanus chargé d'intervenir ainsi dans un procès criminel Nous avons deux autres exemples du temps des Sévères où un préfet du prétoire est appelé à s'occuper d'une affaire de prêt10 et d'une question de fidéicommis". Mais ce fut seulement depuis le milieu du IIle siècle que leur compétence judiciaire fut définitivement reconnue et reçut une grande extension. A ce moment le nombre des appels à l'empereur augmenta à tel point que celui-ci dut se décharger sur son entourage d'une partie de ses fonctions. Le préfet du prétoire était tout désigné pour le remplacer. Dès lors il a à connaître à la place du prince (vice sacra) de tous les appels des sentences criminelles rendues par les gouverneurs", en dehors du domaine réservé au préfet de la ville 'mRai,FECTi;s URBIj, comme de toutes les causes relatives aux accusés privilégiés, envoyés des provinces à Nome pour y être jugés u. Leurs nouvelles occupations furent même si chargées qu'ils durent, eux aussi, transporter une partie des affaires à trancher à des représentants qui recevaient mandat de l'empereur à leur place
et qui sont l'annonce des vicarii praefectorurn praetorio de l'âge suivant 15. Ces modifications expliquent pourquoi parmi les préfets postérieurs à Marc-Aurèle, on trouve tant de jurisconsultes cèlèbres ; les trois grands noms à cet égard de l'époque des Sévères, Papinien, Ulpien et Paul, sont ceux de préfets du prétoire.
En principe, il était permis d'en appeler des sentences du préfet du prétoire mais il ne dut pas en être ainsi souvent en pratique. Une constitution de l'an 331 régla
la question définitivement, en déclarant sans appel Ies jugements de ce fonctionnaire ".
Comme conséquence de ses pouvoirs ,judiciaires, le préfet du prétoire avait le droit de rendre des ordonnances générales, pourvu qu'elles ne fussent pas legibus vel constitutionibus contraria 1 a
Les préfets du prétoire n'en restaient pas moins, par essence, des officiers, non des magistrats. Aussi leur costume n'a-t-il jamais été que le costume militaire avec l'épée [ciames)12. C'est ainsi qu'ils étaient représentés quand on leur élevait des statues sur les places publiques en souvenir de leurs exploits 20.
l'époque de Dioclétien, chacun des Augustes et des Césars eut son préfet du prétoire, qui réunissait l'intendance générale des vivres et des finances à la juridiction supérieure sur les provinces et sur les troupes, au commandement de la garde prétorienne, quelquefois même à celui des armées'. C'est la continuation de ce qui existait antérieurement et la préparation de ce qui va suivre.
Constantin, en effet, du moins au dire de Zosime, créa quatre préfets ; mais au lieu de les attacher à des hommes, aux souverains, il les attacha à des provinces fixes. C'est de cette époque que dateraient les quatre préfectures d'Orient, d'Illyrie, d'Italie et de Gaule32.Cette assertion a été généralement admise sans conteste; certains pourtant ont remarqué que si la pluralité des préfets du prétoire dès le début du règne de Constantin est hors de doute 2S, dans les textes de la première moitié du Ive siècle, le titre n'est suivi d'aucune indication géographique. Le plus ancien exemple que l'on connaisse d'un usage contraire est relatif à Mamertinus, préfet d'Illyrie en 363 2'P C'est vers la même époque que cet usage commence à apparaître dans l'adresse des constitutions du Code Théodosien i. On ne saurait même affirmer que les préfets aient été, dans les premières années du règne de Constantin, affectés à une région déterminée. Un rescrit des préfets Petronius Annianus et Julius Julianus au vicaire d'Afrique Donatius Celsus est daté de Trèves ; une inscription de Tropaea en Illyrie est dédiée par les mêmes préfets. Il semble donc qu'ils avaient autorité sur les Gaules, sur l'Italie et sur l'Illyrie. C'est dans une inscription d'Ancyre 26 dédiée à Constantin par FI. Constantius (324-327) qu'on voit pour la première fois un préfet du prétoire agir isolément, et sans doute comme préfet d'Orient27.
Quelle que soit la date exacte de la réforme, le fait demeure le même. A partir du nt' siècle il existe quatre préfets du prétoire attachés aux quatre divisions de l'Empire ' c'est l'état que constate la Notice des Dignités..
Chaque préfecture est administrée par un préfet distinct; elle est, elle-même, divisée en diocèses [DIOECESIS_ gouvernés chacun par un vicaire [vICARIUS].
En même temps se produit un autre changement dont les conséquences furent considérables pour les préfets du
PRA 61 9 PR A
prétoire: la création des magistri rnilifurn. Ces ministres de la guerre, attachés à la cour impériale, deviennentles
grands maîtres de l'armée ImACls'('Eli ~IILrrPVr)'. Comme,
de plus, le corps des prétoriens disparut à la rnéme époque, aboli par le nouveau régime 9 hAr.ruibIA:vr_, il ne resta plus aux anciens commandants de la garde aucun pouvoir militaire. Ils devinrent des fonctionnaires de l'ordre purement civil, chargés de la haute administration des provinces, avec des attributions financières et judiciaires. Les constitutions impériales à eux adressées et insérées dans les Codes Théodosien et Justinien nous montrent quelles étaient leurs attributions et jusqu'où elles s'étendaient. Leurs pouvoirs s'appliquaient à la justice, aux finances, à l'administration. S'ils ne nomment pas euxrhèmes les fonctionnaires, ils proposent des candidats aux places de gouverneurs des provinces qui sont de leur ressort 2. Ils paient les traitements de ces gouverneurs 3, répondent à leurs communications surveillent leur gestion et peuvent les punir, leur donner même des verne plaçants provisoires ".Ils ont aussi à régler la répartition des impôts dans l'étendue de leur domaine ', à exercer la haute direction sur les fabriques d'armes et l'intendance 7, à approvisionner de blé la capitale '. Le service des postes était également soumis à leur surveillance".
Vers la fin du n°` siècle ces attributions subirent de nouvelles modifications. A cette époque il y avait en Orient un préfet, du nom de Rufinus '', qui parait avoir abusé de son pouvoir; dont, en tout cas, on prit ombrage et ensuite prétexte, pour diminuerleitpouvoirs des préfets 396 ap. J. C.) : ils perdirent la direction des fabriques d'armes" ; celle des postes passa au maitre des offices nouvellement créé 12. Dans chaque gouvernement., les préfets du prétoire avaient encore l'apparence de rois, mais ce n'était qu'une apparence. «ils n'étaient plis pour les années, dit M. Nraudet", que les intendants généraux des approvisionnements, dans le gouvernement que les chefs de l'administration civile, dans le palais que le premier des courtisans. n
A cette époque le préfet du prétoire portait le titre de vit' illustris, que lui donne la IVotice des Dignités. Sur les inscriptions on rencontre ce titre accompagné de clarissiurus v. c. et inlustr is) en 355 avec Ceionius Rufius Volusianus i", en 383 avec Vettius Agorius Praetex tutus ", seul en 415 pour Cl. Postumius Dardanus 16.
La Notice des Dignités nous fait aussi connaître la composition des bureaux des préfets du prétoire au v` siècle. Chacun d'eux a un princeps, un cormicularius, un adjutor, un comrneratariensis, des ab (-Mis, des nunierarii, des subadjuvae, des a cura epistolarunr, un regerendarius, des exceptores, des adjutor'e.s, des sin
g'ularii ''. Ses insignia, représentés en vignettes aux mêmes paragraphes, n'ont rien de licaractéristique. il porte toujours le costume militaire, son manteau, sa tunique, son rv«ainu.M sont teints en pourpre l'.
Quand Justinien eut chassé les Vandales de l'Afrique, il établit un cinquième préfet du prétoire pour cette province" Le siège de ce préfet était à Carthage". R. COGNAT. PR_%E['ECTUS URBI. En latin, chez les auteurs et
dans les inscriptions, on trouve habituellement le titre praefectu.s urbi, au datif. La forme urbis au -génitif est
permanent de la police à home, sous l'Empire.
Se conformant au principe rappelé plus haut [rBAI,r•ECrLS, t', B , qui voulait qu'en l'absence des magistrats suprèmes un intérimaire fût nominé à Rome pour les remplacer, et que cet intérimaire portal, le titre de préfet, Auguste avait par deux fois créé des praefecti urbi : le premier pendant. son absence des années 727730, Messalla Corvinus7; le second, au moment oit il partit pour les Gaules, en 738, T. Statilius Taurus'. Mais ce n'était encore là que l'annonce et l'essai d'un état de choses réservé pour l'avenir. L'institution ne fut établie d'une façon permanente que sous Tibère, pendant les onze années oie il quitta la capitale pour la dernière fois (26-37 ap. J.-C.). A ce moulent la préfecture urbaine reçut, la forme définitive qu'elle devait garder jusqu'à Dioclétien, Calpurnius Piso Erugi fut le premier préfet véritable 2, Dès le règne 511ilant, il c eut un praefe;tus urbi en fonctions, alors mime que («empereur séjournait dans la capitale le ; et ces préfets se succédèrent dès lors sans interruption comme les autres magistrats et fonctionnaires réguliers de l'Empire.
Le praefectus urbi était nominé par l'empereur". Il faut descendre jusqu'au temps de Sévère. Alexandre pour voir le Sénat exercer à propos de ce personnage, culante à propos du préfet du prétoire, le droit de présentation''.
L'histoire de la préfecture urbaine doit ètre divisée en deux périodes distinctes : l'époque antérieure aux réformes constantiniennes et celle qui les suivit.
1' Époque antérieure d Gonstant/1i., Contrairement à ce qui avait lieu pour les préfets du prétoire, les préfets de la ville étaient toujours d'ordre sénatorial, et. de rang consulaire. Bien plus, cette dignité était le crn1ronnement de la carrière sénatoriale' ; il fallait rnèrne que le titulaire cuit passé par le consulat. C'est sous Macrin, que pour la première fois'on signale un homme ayant reçu la préfecture avant d'être consul'". il n'était pas rare, non plus, surtout au second siècle, que le praefeetus urbi fit promu au cours de sa magistrature
i'IIA -620 P RA
à un second consulat. Plautius Silvanus, préfet de la ville sous Vespasien, fut nommé, durant sa gestion, ronsolJll; Aufidius Victorinus reçut en mime temps la dignité de praefectus urbi et un second consulat"; Marius Maximus fut préfet de la ville en `?Ili et consul pour la seconde fois en 2333, etc.
On a plusieurs exemples de personnages qui ont été deux et même trois fois appelés à la préfecture urbaine'`.
Le préfet de la ville était, comme tous les délégués impériaux, nommé pour un temps indéterminé. Il gardait sa fonction jusqu'à la mort ou jusqu'à ce qu'il plût à l'empereur de l'en relever, par disgrâce ou par avancement. Les listes de Borghesi nous prouvent qu'il y avait à cet égard la plus grande variété. Calpurnius Piso. au début de l'Empire', et Marius Perpetuus au me siècle, conservèrent leur situation deux ans; Sanquinius Maximus 7 et Virias Lupus', trois ans; Rutilius Gallicus, quatre ans 9; Flavius Sabinus 10, sept ans ; Fabius Cilo 1J, huit ans; Volusius Saturninus n, quatorze ans. Le premier de tous Ies préfets de Rome, Piso Frugi, était resté en charge quinze ans i3
Les insignes du préfet étaient ceux des plus hauts dignitaires civils : la toge prétexte lb, les faisceaux, et le siège curule, apanage de la magistrature républicaine 19. Il n'avait droit à aucun insigne militaire.
La iVotice des Dignités16 lui donne comme attributs, en tête du chapitre qui le concerne : le liber mandatorum recueil des instructions impériales), sur un pupitre ; la pila, avec l'image impériale, et le carrosse qui lui servait pour ses courses en villet1, avec un quadruple attelage. Cette vignette ne diffère pas, d'ailleurs, beaucoup de celle qui précède d'autres chapitres, par exemple, celui où il est question du préfet du prétoire.
Le siège de la préfecture urbaine était établi dans le voisinage du temple de Tellus, entre les thermes de Trajan et l'église de S. Pietro in Vincoli. On a recueilli à cet endroit un certain nombre de bases de statues élevées à des préfets de la ville du Ive sièclei6, un édit de Turcius Apronianus19, et les fragments d'un second édit rendu par Tarracius tiassus 20 ; enfin une inscription qui mentionne un porticurn scrinüs Tellurensis secreta-rii fribunalie adhaerentean2l. Il existait donc là tout un ensemble d'édifices qui constituaient le palais administratif du préfet; ce palais contenait les archives (scrinia), les bureaux et les chambres d'audience (serre/aplani) et les salles où le préfet rendait la justice (tribunotiez) Quant à celui-ci, il n'était pas logé par l'État, mais résidait dans sa demeure privée 2a.
L'attribution spéciale du personnage étant de maintenir l'ordre, d'assurer le repos public et de veiller à la sécurité politique de la ville, il était naturel qu'il disposai d'une force armée pour appuyer son autorité, Aussi
reçut-il dès son origine le commandement des cohortes urbaines 2" LuRB11NAE ConoRTtS. Le quartier général en était dans le voisinage du Forum. Suariuin . « Cette autorité, militaire en réalité, du maitre de la police de la Rome impériale, dit M. Mommsen", est une des innovations les plus profondes et les plus péniblement ressenties qu'ait entrainées le principat. »
Il était naturel, par la même raison, qu'il exerçât une surveillance continuelle sur les lieux publics où la foule était particulièrement dense :
A. Les cirques et autres lieux de spectacle. (oies popularium et disciplina spectaculorum ad praefecti urbi curant pertinere ridetur, dit le Digeste 27.
B. Les marchés 2B. C'est par suite de cette compétence qu'il avait la direction du service des poids et mesures. On a trouvé un certain nombre de poids contresignés du nom d'un préfet de la ville. Il en existe toute une série, recueillie à Rome et ailleurs, où est mentionné Q. Junius Rusticus, contemporain de Marc-Aurèle" )rONDERA, p. fi91.
C. Les boutiques de changeurs, dont il surveillait les opérations et contrôlait la probité dans leur commerce 30.
Cette surveillance était d'autant plus efficace qu'il était revêtu d'une juridiction criminelle lui permettant d'atteindre et de châtier plus rapidement que la justice ordinaire les fauteurs de troubles de toute sorte. On avait créé, en sa faveur, un tribunal d'exception, fonctionnant à côté et en dehors des autres, qui ignorait les jurés, et où le magistrat fonctionnait librement, probablement sans publicité 31. De ce tribunal ressortissaient :
A. Toutes les classes dangereuses ou suspectes. On sait qu'à Rome, comme dans toutes les grandes villes, affluaient et pullulaient des gens de toute sorte, nés dans la ville ou venus de l'étranger, esclaves ou affranchis, vagabonds et mendiants, criminels échappés de prison ou prêts à y entrer; tous ces éléments de désordre étaient les premiers justiciables du préfet 32 C'est comme suspects qu'il pouvait appeler à son tribunal les membres des associations illicites33, ou les fervents des religions étrangères prohibées, comme les Juifs". C'est comme suspects et fauteurs de troubles qu'il pouvait condamner les chrétiens poursuivis ; sainte Félicité comparut (levant le préfet Publius Salvius Julianus 3S ; saint Justin fut décapité par ordre de Q. Junius Rusticus 30 ; sainte Cécile avec son mari Valérien et son beau-frère Tiburce auraient été poursuivis, disent ses actes, par le préfet Turcius Almalchius77 ; Calliste aurait été accusé devant le préfet Fuscianus 38, etc,
B. Les esclaves. Pion seulement le préfet de la ville eut à juger dès le début les esclaves coupables, qui formaient la plus grande partie de cette populace suspecte commise à sa surveillance 39, mais il fut amené à interposer sa juridiction entre les maîtres et les esclaves. Les
PRA 621 PRA
premiers, pour le châtiment des grands crimes, devaient recourir, depuis la lex Petronia, à la préfecture' ; les seconds pouvaient porter plainte contre les cruautés ou les abus de pouvoir dont ils étaient victimes et obtenir justice 2. Le préfet de la ville devint ainsi peu à peu le protecteur des classes serviles. Il défendait les femmes contre la prostitution ; il surveillait l'exécution des clauses protectrices insérées dans les titres d'acquisition' ; il contraignait le maître de mauvaise foi à affranchir l'esclave racheté sais nummis 5, etc,
C. Les affranchis. La juridiction du préfet sur les esclaves se prolongea naturellement sur les affranchis. Les maîtres y recouraient pour punir les méfaits de leurs affranchis 6, les manquements au respect qui leur était dû, les outrages qu'ils en recevaient
D. Les usurpations d'héritages et les abus de confiance des dépositaires de titres °.
Cette juridiction s'augmenta encore au m' siècle, à la suite d'un édit rendu en 205 par Septime-Sévère et qui supprima les quaestiones perpetuae. Dès lors, le préfet omnia omnino crimina sibi vindicavit10. Tous les délits commis à Rome devinrent de sa compétence. Les accusations de toute sorte et les accusés de toute qualité lui furent désormais légalement déférés.
Une autre mission du praefectus urbi était la surveillance des distributions de blé et d'autres denrées faites à la plèbe urbaine. Jusqu'au milieu du ne siècle, le soin de ces opérations était confié au préfet de l'annone et à ses subordonnés 'ANNONA] ; mais depuis le règne d'Antonin la praefectura annonae fut subordonnée à la praefectura urbis : Mommsen en voit la preuve dans une inscription mentionnant un personnage qui cont(meatum) per(cepit) sub Lollio Urbino". La mesure mettait sous la dépendance du préfet de la ville non seulement le chef même du service, mais tous les employés et tous les collèges qui concouraient à l'alimentation de la capitale et soumettait à sa juridiction ce nombreux personnel. Mommsen pense même72 que les affaires criminelles graves relatives à l'annone devaient être dorénavant déférées intactes au préfet de la ville.
La juridiction criminelle du préfet de la ville se doublait d'une certaine juridiction civile, qui découla primitivement de sa juridiction criminelle. Il commença par connaître des contestations qui auraient pu troubler l'ordre public, par exemple celles qui avaient trait aux demandes alimentaires des patrons contre leurs affranchis, ou aux réclamations des esclaves contre leur patron 13 I., partir du début du ine siècle, leur compétence civile s'étendit sans que, cependant, la préfecture arrivât à s'immiscer sérieusement dans la juridiction civile 14.
Le préfet de la ville ne jugeait pas seulement en première instance, mais encore en appel. Aux deux premiers siècles, il se borna à prendre connaissance par délégation spéciale de l'empereur des appels faits au prince. Mais au troisième cette situation se généralisa et devint permanente : il fut, dès lors, le juge ordinaire des appels
criminels is, comme aussi des appels civilsf6. Le premier exemple épigraphique du titre de vice jtulicans dans les inscriptions date du règne de l'empereur Gordien' s
Pour l'exercice de sa juridiction, le préfet s'entourait de conseillers, gens particulièrement experts en matière de droit, et pris souvent parmi les plus illustres. C'est ainsi que Pline le Jeune fut appelé à siéger dans ce conseil avec des hommes considérables": et le préfet 1 ollius Urbicus parait chez Apulée, entouré d'un cercle de personnages consulaires". L'institution est citée dans une inscription du in° siècle L0.
On sait qu'Alexandre Sévère adjoignit au préfet de la ville un conseil municipal de quatorze membres (ccratores urbis) 21. Rien ne prouve qu'il se soit confondu avec celui dont il est question dans les lignes précédentes 2E.
L'autorité du préfet de la ville ne se bornait pas à Rome même et à sa banlieue. Dans les premiers temps il semble qu'elle se soit étendue à l'Italie tout entière. Mécène, dont la régence avait été le premier modèle de la préfecture urbaine, fut, suivant Tacite, préposé cunctis apud boutant atque Italiam23 ; Stace nous montre le préfet Rutilius Gallicus recevant les plaintes de I'Italie
Marc-Aurèle, quand il chargea les curatores I•egiontlnt et viarum de châtier certaines exactions, réserva spécialement quelques causes au praefectus urbi". Tontes les affaires de la péninsule affluaient donc à son tribunal 1". Mais le domaine était trop vaste pour qu'il pût veiller utilementàtoutes ses parties ; il fut amené, parla nécessité, à intervenir plus directement dans le voisinage de Rome que dans les parties reculées de l'Italie. De là le règlement intervenu à la fin du ne siècle ou au début du u1
qui partagea la juridiction pénale italienne entre le préfet du prétoire et le préfet de la ville. Celui-ci retint pour province le territoire compris dans un rayon de cent milles autour de la capitale 2i, et le conserva jusqu'à la tin,
20 Époque postérieure à Constantin. On sait mal les transformations de la préfecture de la ville dans la seconde partie du m° siècle et au début du fve ; mais il est aisé de constater après Constantin les modifications qu'elle a subies. Les prétoriens n'existent plus, le préfet du prétoire réside non plus à Rome, mais à Milan ; des lors il ne reste plus dans la capitale, outre les magistral,ordinaires, dontle rôle est bien diminué, que le chef de la police, qui réunit alors entre ses mains toute l'au toi'; fi. civile, militaire et judiciaire tant au civil qu'au criminel. La Notitia Dignitaturn 28 nous fait connaître la série des fonctionnaires placés sous ses ordres et par suite des diverses administrations auxquelles il préside, Ce sont : le praefectus annonce (service des distributions publiques de Rome) ; le praefectus vigilum (service de sûreté pendant la nuit contre le vol et l'incendie) ; le Gomes forznarum (service des aqueducs et des réservoirs qui alimentaient la capitale) ; le contes riparum et alvei Tiberis et cloacarum (service de voirie qui assurait la propreté de Rome) ; le contes poilus (service du port d'Ostie); le magister census (service des contributions directes) ; le
PRA 622 PRA
rationolis vin orient (service chargé d'approvisionner la ville de vin) ; le tribun ii /é,'i suarii (service de surveillance sur les charcutiers) ; le consularis aquaruln (service de concession des eaux) ; le curaloi' operum maxinioi'uni et le curetor operuni publicorum (service des travaux publics) ' ; le curetor statuarum (service de protection des statues) ; le e'uratoi horreorum Galbanorum (service des greniers de [tome); le centenarius poilus, relevant du roules poilus cité plus haut; le tribunus rerunz nitenlilml dont la charge est mal définie 2,
Étant le plus haut magistrat résidant à Rome, il n'avait à côté de lui que le représentant du préfet du prétoire (vicarius urbis), il était naturellement le chef et le premier des membres du Sénat; il possédait le privilège d'émettre un avis avant tons les consulaires; depuis Justinien il obtint celui de le présider'. En outre, il devait chaque mois renseigner l'empereur sur les délibérations de ce corps et, au début de l'année, lui transmettre les présents et les voeux qu'on y votait au prince 4. Cela n'empêchait pas qu'il continuât à exercer à cette époque son rôle principal, celui de préfet de police; il resta toujours avant tout pclcis custos °, soit contre les ennemis du dehors, contre lesquels il peut prendre au besoin le commandement des citoyens armés soit contre ceux du dedans.
Une de ses fonctions les plus importantes était alors la surveillance qu'il exerçait sur les corporations 7, dont on connait l'importance au Bas-Empire ; il avait à contrôler le service imposé à celles d'entre elles qui devaient approvisionner le marché et assurer la possibilité des distributions de vivres '. Il réprimait les fraudes 9, et pouvait priver les délinquants de leurs privilèges; en pareil cas il faisait afficher leurs noms pour les porter à la connaissance de tous". Par contre, il défendait les co7porati contre ceux qui les attaquaient" et veillait au maintien de leurs privilèges '2. De l'une comme de l'autre façon il contribuait à assurer l'alimentation de la ville de Rome, qui faisait alors plus que jamais l'objet des préoccupations du pouvoir. Aussi, l'administration d'un préfet avait-elle été heureuse à cet égard, on lui élevait des statues'et on le comblait d'éloges'''; le peuple croyait-il avoir à se plaindre de lui, l'émeute éclatait', on renversait ses images ou on le mettait à mort.
Toutes les attributions que nous lui avons reconnues à rage précédent lui restent après Constantin, mais généralement amplifiées. Comme précédemment il a la surveillance des jeux publics", celle de la ville et de
1 C'est à ce titre que le nom du préfet de la ville figure à la fin des dédicaces
gavées sur les bases des statues (Corp. insm•, lat. VI, 1141, H58,1170-1174,
ses monuments: c'est à ce Litre que son nom figure sur tant d'inscriptions relatives à des constructions et à des reconstructions de basse époque"; il contremarque les poids et mesures dont il continue à avoir le contrôle", ainsi que des différents marchés de Rome 20. Il est chargé de diriger le service de santé créé par Cons
De même sa juridiction criminelle et civile s'était étendue 21. En première instance il était, à cette époque, le seul juge compétent pour les membres de l'ordre sénatorial domiciliés à Rome" ; de lui relevaient également toutes les affaires concernant les habitants de la ville et de la région environnante dans un rayon de cent milles 23.
En outre, c'est à lui qu'il fallait faire appel (vice sacra cognoscens, judicans, judex sacrarum cogn itionum) 24 de tous les procès jugés par les judices minores et par le vicaire du préfet du prétoire à Rome 20.
Le praefectus urbi postérieur à Constantin portait le titre de vii inlustris 26. Il était, comme par le passé, nommé directement par l'empereur, parmi les consulaires [coNSCLARESI 77 ; son rang l'égalait au préfet du prétoire 26.
La Notice des Dignités nous fait connaitre les différents employés qui constituaient ses bureaux au v' siècle 29 : le princeps, ou directeur général ; un cornicularius ou greffier; un adjutor; un comntenlariensis; des ab actis ou notaires ; un numerarius ou trésorier; des subadjuvae ; un curator epislolarum ou secrétaire; un regerendarius qui enregistrait sur un journal les faits du jour ; des exceptores ou sténographes, avec leurs adjutores ; des censuales qui tiennent les registres du cens; des nomenclatores ou huissiers et des singularii, porteurs de dépêches. Nous avons déjà signalé à peu près toutes ces sortes de fonctionnaires dans les bureaux du préfet du prétoire, à la même époque [PRAEFElTLS rRAETURIOI• R. CAGNAT.
PRAEFECTUS VEIIICULORUM `VEn1CULA1.
PRAEFECTUS VIGILUM vnttLEC],