PRAESES (`IlyEµwv). Le sens du mot, en droit public. est donné par le jurisconsulte Mater : Praesidis nornen
Cette qualification tire son origine de l'administration de la justice, où l'on opposait le président aux assessores ou au consilium ; elle fut tardivement réservée aux gouverneurs de provinces. Praeses provinciae se rencontre parfois chez les auteurs du Ir'' et du ne siècle' dans un sens général; le terme,devenu officiel au début du mc'siècle, désigne d'abord les gouverneurs de petites provinces, n'ayant pas le rang sénatorial, tels que le procurator et praeses Alpiunt Cottiarurn ' ; puis, il se généralise, sans doute à partir des réformes inaugurées par Gallien, quand les legati sénatoriaux sont remplacés par des chevaliers
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dans les provinces et que le chef militaire ((lux) devient
distinct du gouverneur civil (praescs). hiCTo❑ CIRPO'r.
digitateur. Parmi.lesmoisgrecs que traduit lemotlatin, les trois premiers ont le sens le plus général; ils désignent tous les baladins qui émerveillent la foule et qui l'abusent par des tours de leur fanon, non sans exciter chez les spectateurs un certain sentiment de défiance, parfois même le soupçon de sorcellerie. Un montreur de marionnettes ria iioseas'roxj rentre dans la catégorie des 9xuu.2To roto(', comme les gens qui avalent des épées ou de l'étoupe enflammée'. Au contraire le cxicoaa(xxrlç et le ~Lvluo77n''c ç ont pour spécialité les tours de passe-passe, d'escamotage et de prestidigitation (ôzuysta) 3. Mais ce qui les rapproche les uns des autres, c'est qu'on admire en eux leur adresse plus que leur force physique, et par là ils se distinguent des saltimbanques et des hercules de foire[Ct:Bancs,PElAUniMlauxquelsilssontsouventmèlés
Ces escamoteurs, avec leurs petits cailloux (t'alcali.) et leurs gobelets [ACETABl'LUM, fig. 43], étaient aussi populaires chez les Romains qu'en Grèce'. Dans tout le monde ancien on les voyait courir de ville en ville, tramant derriere eux ou portant sur leur dos leurs tréteaux et leur mince bagage" ; les grands jeux publics, les solennités religieuses accompagnées d«exhibitions de toutes sortes leur offraient à chaque instant l'occasion de se produire ; ils s'installaient alors sur les places, dans les carrefours, et quand la foule. amassée autour d'eux, s'était amusée de leurs exercices, ils parcouraient les rangs des spectateurs en demandant des pièces de monnaie'. Certains d'entre eux, plus favorisés, avaient accès sur la scène des théâtres a et ii n'était pas rare qu'on fit appel à leurs talents pour divertir les convives dans les festins°. Lorsqu'en 324 av. J.-C. Alexandre le Grand épousa à Suse la fille de Darius, il donna en spectacle, dans les grandes fêtes célébrées à cette occasion, les 01uurT07rorot les plus habiles de son temps, Scymnus de Tarente, Philistide de Syracuse et lléraclite de Mi tylène10. D'autres encore avaient laissé un nom célèbre, tel Cralisthène de Phlionte, qui faisait jaillir du feu devant lui sans l'allumer ; ou Diopithe de Loues qui lançait par la bouche, à volonté, du lait ou du vin, gràce, disait-on, à des vessies cachées sous ses vêtements. Pour attirer et retenir la foule ou pour détourner son attention en temps utile, ces charlatans ne se faisaient pas faute de recourir aux lazzi et aux calembours ; par là ils se rapprochaient beaucoup des bouffons et des pitres de toute espèce (7rhâvot, -éc)co oiroto(, voir MntUS, sCCBRA); de même que les clowns de nos cirques, ils mariaient volontiers la farce et les tours d'adresse'1. Des femmes exerçaient quelquefois le métier d'escamoteuse ; la 'puy ri Oauv.xTOotdç (praesti
Oecon. 4. p1316 b, 21; Alheo, 1, p. 19 D; Plat. Soph. p. 235 B ; Galeon vol. V,
4 Voir chez Alciphr. L'pist. Ill, 20, le tableau des tours d'un escamoteur.
Lamber ad Orion. ed. Sturz, p. 225; Xenoph. Synp. 11. 1; Luciau. Asin. 37.
p. 538 E. it Alhen. 1, p. 19 D. Voir cr qu'il dit de Nymphodm'e; cf. Dem.
rgiatri.x) n'était pas un type exceptionnel dans le monde des esclaves et de la galanterie'"-. Les maitres de l'art formaient quelquefois des élèves dignes d'eux : Cratisthène de Philon te avait reçu les Unions d'un certain Xénophon, dont le nom passa avec le sien à la postérité 1;. Mais à cette école vinrent aussi se former des imposteurs qui lui dérobèrent ses secrets dans un intérêt politique ou religieux. Ainsi, en 135 av. J.-C., lorsqu'éclata en Sicile la révolte des esclaves, un Syrien nommé Eunous, se disant l'interprète de la Déesse Syrienne'sYBA DEal, contribua beaucoup au soulèvement par les miracles qu'il prétendait accomplir au nom de cette divinité; entre deux discours il cachait dans sa bouche une coquille de noix remplie de soufre enflammé et il faisait croire, comme un témoignage de sa mission surnaturelle, qu'un souffle igné s'exhalait de sa poitrine". Les supercheries de ce genre étaient communes surtout parmi les prêtres mendiants de toutes sectes qui pullulèrent sous l'Empire [AGvRTAE). On sait de reste par l'histoire d'Apollonius de Tyane et d'Alexandre d'Abonotique quel succès obtinrent alors les a thaumaturges»
il n'y eut point, de religion, surtout parmi celles qui venaient de l'Orient, qui ne prétendit faire des miracles il est délicat de déterminer quelle part eurent dans leurs
prestiges » l'escamotage et sa lointaine tradition, à côté de la magie [MAGIAm, de la divination, de la médecine et d'autres sciences, vraies ou fausses. GEOIIGES LAFAYE.