Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article PROSODOI

PROSODOI (fIpmasot). Revenus publics. I. Recettes. Les principaux revenus (péoos , sa6os°) des États grecs ont été: A. Les 'ni)oa qui désignent les douanes, octrois, les impôts analogues, et aussi d'autres taxes, dont la dispense s'appelle ATELEIA. On distingue {u Les droits de douane-Nés peut-étreàl'époque homérique des présents faits aux rois par les marchands pour avoir le droit de trafiquer 3, ils se trouvent presque partout, dès les origines1, àl'importation et à l'exportation, au chargement des marchandises, y compris les esclaves [MERcATuRA] °. Ils sont attestés pour Cnide, Erythrées, Atarneus, Cymè, Samothrace , Téos et Lébédos, Abydos', Ctiios, Céos [MERCATURA p. 17621, Cos, Délos, Delphes, Rhodes° Érétrie, Thisbé, Oi'opos et en général laBéotie9 ; la Chalcidique, la Thrace,laThessalie, la Macédoine, Odessus'°, le Pont et le Bosphore tI ; Kyparissia de Messénie sa Gortyne, Lappa, Cnossos, Aptera, les Praesii, les Stalitae et d'autres villes deCrète t3 ; Sybaris, Syracuse,Termessos, plus tard Palmyre, Béryte tO• Quelques douanes sont terrestres la plupart naturellement maritimes, à l'entrée des ports, des alun; ° ; aussi l'impôt appelé ?toiretov à Athè PRO -703 PRO nes 1 et dans quelques villes 2 n'est point, comme on Ta conjecturé, un droit de port, mais la taxe douanière même. Elle a un caractère purement fiscal et non protecteur payée en argent, elle est sans doute uniforme pour tous les produits ; c'est le trentième à Béryte et pour l'exportation du blé du Pont le cinquantième à Athènes Atarneus, Cnide, Délos, Kyparissia. 2° Les droits de passage , ôix'm' 1 6 , ôixyt(iytov, °rxpxy éytov, par exemple pour aller de (Irisa à Delphes, traverser l'isthme de Corinthe suivre une nouvelle bouche du Rhône, créée par Marius au profit de Marseille 7 [DIAGOGION]. Pendant quelque temps, Athènes établit d'abord en 411 avec Alcibiade. puis en 390 avec Thrasybule, pour le passage du détroit de Byzance une dîme (ôexi'rl) très productive °, levée ensuite par Byzance pour son compte, et dans son empire, de 413 à 405, une taxe du vingtième [FOEDCS, p. 1202; EIKOSTÈ] 3° Les droits de marché, àyopàç TE)no;, qu'on trouve à Érétrie, en Thessalie, à Byzance, Corinthe, Andania, Hiérapytna et, Priansos 10, peut-être à Mesembria I1, et dans l'Asie Mineure à Cymé, Ilion, Lampsaque, Zeleia f 2. 4° L'impôt de vente, payé par l'acheteur, pour les objets vendus ailleurs qu'au marché, 7COVtoV, e7tMVtx. On le connaît pour Ilion, la Béotie, la Crète 13. Pour la vente des sacerdoces il est à Chalcédoine du cent trentième, à Erythrées de 2 drachmes de 5 à 100, de 5 de 100 à 200, de 10 de 200 à 1 000 et de 20 de 1 000 à 20001£;àCyzique il parait y avoir un impôt sur la vente des chevaux et des esclaves a3 ; à Cnide une sorte de droit d'enregistrement des ventes, le ypxi?Elov TtlV opxint (serments du vendeur) 16. Pour Athènes, le taux a varié [DEMIOPRATA, IIEKATOSTÈ]. 3° Les impôts spéciaux des métèques, le metoikion et le €vtsbv Ts),oç [METOIKOI, p. 1876]. 6° Les impôts sur différentes professions. Aristote ne cite le zEtpenv1;tov que dans le régime satrapique f 7. Cependant on connaît: dans plusieurs villes grecquesS8 et à Palmyre 11, la taxe sur les courtisanes [MERETRICES, p.1833]; à Byzance, une taxe extraordinaire sur les charlatans et les vendeurs de remèdes L0 ; des taxes sur les marchands de denrées alimentaires àCéos" ; sur certains ateliers à Pergame, Palmyre, Céos a2 ; sur les petits marchands àPalmyrc, peut-être sur certains artisans à Mesembria, Sybaris et Magnésie du Méandre 23 ; un /Eipo'E7vtov inconnu à Delphes 24e 7° Certains monopoles (,u.ovsités)sJV, VoVO7t(aI«,) 23, extraordinaires d'après Aristote 26, par exemple celui des pêcheries de thon, de pourpre à Trézène, Myconos, Halés, Délos, dans quelques villes crétoises 27, probablement à Patrae 28, à Cyzique et Byzance 29 ; des salines à Byzance"; un monopole du bac chez les Myrenses peut-être à Epidamne, (t l'époque primitive, le monopole du commerce avec l'Illyrie 32. Tous ces revenus sont en général affermés par adjudi quefois plus tard SeNou;àv«t 33. On connaît pour Athènes les 7rEVT7)x022TO)Adyot, sans doute les mêmes que les des impôts sur les métèques et les courtisanes. A l'époque d'Aristote les adjudications y sont faites par les polètes avec le trésorier de la caisse militaire et les chefs du théorique, en présence du Sénat ; les versements ont lieu soit tous les mois, soit trois fois paran, soit àla neuvième prytanie 36 ; dès le début du fermage il y a en outre un versement préliminaire. Les compagnies de fermiers comprennent les associés, TEX(3vxt, sous l'àoisévr)ç, les cautions, et les agents, €xÀ6y0VTEç 36 ; les fermiers sont dispensés du service militaire pendant l'année du fermage 37; leurs différends avec l'État sont jugés jusqu'à 10 drachmes par les apodektes, et au-dessus de ce chiffre par les héliastes. En général ils ont le droit de visite, probablement de confiscation 38, à Palmyre le droit de prendre des gages et d'infliger des amendes, et sans doute, à Athènes, d'intenter la phasis 39. Ils ont partout fort mauvaise réputation 'i0. Il n'y e pas d'autorité chargée spécialement de Ies contrôler. Les conditions générales des fermages forment les vdll.ot TEÂ(nvtxoi. B. Taxes et ressources spéciales. 1° La taxe sur les affranchissements, connue pour Athènes où c'est un triobole [METOIIOION, p. 18761, Mantinée 41, la Thessalie où elle est de quinze statères 42, 2° L'impôt pour payer les médecins publics, le iatrikon [MEDICCS, p. 16941. 3° Le produit de la frappe des monnaies [MONETA], de la banque publique qui a le monopole du change, et qui est affermée dans beaucoup de villes, surtout à l'époque romaine, à Byzance, Délos, Ilion, Abdère, Lampsaque, Pergame, Sinope, Temnos, Ténos, peut-être Athènes [TRAPEZI'rAi]. 4° A certaines époques la vente du droit de cité à Byzance , Cymé, Ilalicarnasse, Tarse 43, Athènes 44 ; la vente des PRO 704 PRO sacerdoces à Chalcédoine, Ilalicarnasse, Erythrées, Andros, Myconos [SACERDOTES] C. Les ressources qui proviennent indirectement des liturgies imposées aux citoyens, aux métèques, et, de plus en plus, surtout sous l'Empire, aux magistrats rentrer les contributions demandées, par exemple à Athènes, aux dèmes pour les sacrifices D. Les impôts directs, sur le capital, sur le revenu, soit ordinaires, soit extraordinaires. inconnue en Grèce à l'époque de l'indépendance 3, établie probablement dans presque toute l'Asie Mineure par les Séleucides et conservée ensuite par les Romains 4. 3° L'impôt foncier, généralement affermé. Soit sur les biens-fonds, soit sur le bétail et les esclaves, il paraît avoir existé dans la plupart des villes grecques 3, sous le nom générique de ixpdp ov, Xrpdpta 6. On a des impôts : à Téos et dans une autre ville sur les bœufs et les animaux de labour et de charroi ; à Cos sur les fruits de la terre 7; à Mendé en Thessalie, à Zeleia sur les terres et les maisons ; à Syracuse, à Priène, et sans doute à Pergame sous les Attalides sur le bétail; un impôt foncier à Amorgos 9. Le taux usuel paraît avoir été la dîme. On la trouve : sous Cypsélos à Corinthe 10, sous Pisistrate à Athènes ", dans la Chersonèse sous le roi Kersobleptès, en Thessalie à Krannon, avec adjudication, à Thespies, probablement à Mytilène 12, en Crète où le produit sert aux repas publicsdans les villes grecques de l'Asie Mineure sous les Séleucides qui gardent le régime financier des Perses 14, en Sicile où elle porte sur le blé, l'orge, le vin, l'huile, les légumes et où les Romains gardent les règlements et le système de fermage établis par Hiéron f5 [DECUMAE]. L'impôt sur les esclaves est attesté pour Priène, la Thessalie f6, probablement pour la Crète où chaque esclave privé fournit pour les syssities un statère par téte17, et pour Athènesf6. E. Le produit des frais de justice [EPOBELIA, PRYTANElA zî MlA], des confiscations à Athènes [DEMIOPRATA] et dans les autres villes : la confiscation est prononcée tantôt comme peine appréciable d'un délit, tantôt contre les débiteurs publics et contre ceux qui tentent de faire réviser certaines lois, certains jugements, contrats 20 tantôt comme peine régulière et accessoire des principaux crimes 2f, meurtre, incendie, sacrilège ; mais surtout, soit régulièrement, soit arbitrairement, contre les crimes politiques, trahison, conspiration, attentat à la démocratie, tyrannie, lèse-majesté, dans les luttes entre aristocrates et démocrates 22, contre les tyrans 23 ou par les tyrans 24. F. Le produit des propriétés publiques ".Pour les mines, carrières et salines nous renvoyons aux mots METALLA, SALINAE. Les villes vendent beaucoup d'immeubles, surtout ceux issus de confiscations 2b ; ces ventes sont partout irrévocables 27, comme à Athènes [DEMIOPRATA] ; à Chios l'État protège l'acquéreur contre tout procès ; il donne à lasos la garantie des mnémons [MNAMONES]; à Athènes le prix des fonds vendus par les polètes devant le tribunal est exigible pour les maisons par cinquièmes, pour les terres par sixièmes payables à la neuvième prytanie 26 Les villes font aussi des donations de terres pour récompenser des services, nourrir de nouveaux citoyens 29, honorer des proxènes [PROXENIA]. Il n'y apas de distinction nette entre le domaine public (rivières navigables, routes, ports, bâtiments publics) et le domaine privé de l'État. Les biens-fonds des villes proviennent rarement d'achats 30 quelquefois de conquêtes 31, souvent de donations, de legs généralement avec une affectation déterminée, mais habituellement d'un ancien domaine communal non partagé 32. L'existence de ces terres est attestée pour la Macédoine, l'Eubée, Thasos 33, Thisbé, Thèbes, Thespies, Pérée, Cyraetia, Stiris et Médéon, Orchomène, Byzance 34 Athènes 36, dans les villes crétoises qui paient avec les revenus une partie des repas publics 36, Arcésinè d'Amorgos, Poiessa de Céos, Nisyros 97, Zeleia, Stratonicée, Ephèse, Magnésie du Méandre, Laodicée, Apamée, Synnada38, dans la Bithynie 39, Héraclée du Siris, Léontini, Acrae, Halaesa, Centuripae et la plupart des villes en Sicile 40. Elles comprennent aussi des bois 44 et des pâturages publics [EPINOMIA]. Dans tout le monde grec elles PRO 705 PRO sont louées à des fermiers 1 EMPHYTEUSIS, L0CATI0J et la perception des redevances est souvent elle-même affermée Les terres publiques et leurs bornes sont soigneusement protégées , à Athènes sans doute par les démarques; il y a contre l'usurpateur la même procédure que contre le débiteur public ; on crée souvent des commissaires spéciaux pour la revendication des terres, à Athènes des 'Ttsé, à Pellène des niastroi, à Zeleia des forêts [uYLo16oI , et les agronomoi cités par Aristote il y n comme magistrats spéciaux les b'ro1 qui paraissent permanents à Athènes, Héraclée du Siris, Cbios, des otsé),vxuç à Chios 8, Les villes donnent souvent à bail certains immeubles, théâtres, halles, portiques, fabriques , exploitent le poids public 19, l'abattoir 11, Elles vendent aussi des objets publics, des matériaux ', et surtout les peaux des bêtes tuées pour les sacrifices G. Biens en déshérence. Il y en a peu à l'origine, car on cherche plutôt des successeurs pour continuer la famille ; mais dans la suite ce droit se modifie ; ainsi. sous l'Empire, Nicée bénie de ses habitants morts sans testament et sans héritiers ' et d'autres villes revendiquent le même droit 11, H. Revenus des donations et legs faits aux villes 19, soit, en terres, soit en argent, et des capitaux prêtés ou déposés dans les banques publiques ou privées 18, Les revenus des donations ont en général une affectation déterminée doivent être employés par exemple à des jeux, des sacrifices, à des édifices publics 3G, des distributions d'huile, de blé, d'argent, à l'entretien d'écoles Les placements ont lieu selon les règles usuelles, avec hypothèques et cautions suffisantes [MUTUUM , sous les sanctions et les menaces habituelles d'amendes FzÈMIA par les soins soit des magistrats ordinaires, surtout des trésoriers, soitd'épimélètes spéciaux, en nombre variable. 1. Tributs et redevances de sujets, de tributaires, d'alliés. Nous renvoyons aux articles AcuAlcuM, AETOL1CUM, vit. ici des tributs payés par des colonies à la métropole, par exemple par Trapezus, Cérasus et Cotyoris à Sinope, par des peuples voisins à la Thessalie J. Ressources extraordinaires. 1° Les contributions plus ou moins volontaires des citoyens, des métèques, des étrangers pour les guerres, les travaux publics, l'entretien de la population, etc. [E1'mosls VO 2° Les expédients financiers des époques de détresse ; ainsi à Athènes, à l'époque d'Ilippiaset plus tard d'lphicrate, Lin impôt sur les parties des maisons en saillie sur la rue 0G, SOlOS Hippias le remplacement de liturgies par un impôt Or; la frappe de monnaies conventionnelles 06; les emprunts forcés, les accaparements de marchandises par l'État 91. 3° Les subventions (le puissances étrangères, par exemple de la Perse à Sparte. 40 Le butin de guerre, le produit des représailles Les emprunts. l,;i misère grandissante des villes grecques, surtout depuis l'époque macédonienne jusqu'au début de l'Empire, les oblige à recourir de plus en plus fréquemment à l'emprunt Elles obtiennent souvent de leurs concitoyens, de leurs métèques, parfois d'étrangers, des prêts sans intérêt, vraies souscriptions volontaires, récompensées par des honneurs et des privilèges 20 Elles empruntent aussi à des conditions assez douces aux temples soit indigènes, soit étrangers qui, possesseurs de trésors importants, sont les principaux préteurs de cette époque des conditions beaucoup plus dures (le la part des étrangers, villes ou individus VO, et surtout des négociants et des capitalistes romains qui accaparent les emprunts et exigent des intérèts ehorbitants 3!. Elles engagent généralement leurs revenus, soit généraux, soit particuliers, fournissent des hypothèques quelquefois successives sur leurs domaines, leurs monuments VO ; ce sont des fonctionnaires, soit ordinaires, soit spéciaux, par exemple des 6xvo;cvl, des oiovoio-i.{qui empruntent PRO 706 a-PRO pour la ville et sont souvent responsables personnellement ; le contrat est généralement la cuyypx rl avec une obligation solidaire et en forme exécutive sur les biens et les personnes 2 [.KUTOt MI. IL Dispenses. Les principales dépenses ordinaires et extraordinaires sont 1° Les frais des cultes et des fêtes de l'État, très considérables, même avec l'appoint des revenus des temples 3 [EPISTATÈS, p. 703]. 2° Les dépenses des concours, non couvertes par des liturgies GYMNASIARCHIA], 3° Les indemnités (u(ciot) : judiciaire, sénatoriale, de l'assemblée du peuple, des députés, pour les spectacles [DIIIASTAT, p. 198, 199 ; ROULE, p. 741; traitements de quelques petits fonctionnaires : à Athènes des gardiens des arsenaux, de la ville et des prisons`, des synegoroi, de l'episcopos 3, des sophronistes et des éphèbes 6, des employés subalternes [ARCHAL, HYPERETAI, sCRIRA, TAMIAI] 7 ; des archontes à Pérée', des professeurs dans quelques villes ° [EDUCATIO]. 5° L'entretien des esclaves publics [DEMOSIOI], 6° A Athènes et dans d'autres villes l'entretien jusqu'à leur majorité des orphelins de pères morts à la guerre '0, des invalides (ôuvxrot), ayant à Athènes moins de trois mines de fortune et qui reçoivent une, puis deux oboles par jour" ; l'entretien des pauvres à Rhodes t2 ; la fourniture par les Athéniens de dots à des filles de citoyens ou de bienfaiteurs, de secours à différentes personnes 13. 7° Les distinctions honorifiques, cadeaux en or et en argent ", couronnes [CORONA], statues [IMAGO, STATUA], la nourriture au prytanée soit de magistrats, soit d'étrangers [Alsrroi, PRYTANEION], les frais de réception des ambassadeurs [LEGATIO, p. 1029-1030 ; PROXENIAI, des funérailles publiques [EPITAPHIAi 1°. -8° Les frais de gravure des décrets [INSCRIPTIONES, p. 523-536]. 9° Les dépenses militaires en paix et en guerre, l'entretien du matériel et 10° L'entretien des temples 18, des bâtiments publics, des routes pour la part dont l'État ne se décharge pas sur les temples, les dèmes et autres groupes; les dépenses des constructions nouvelles, soit exécutées en régie par les villes soit plus généralement données en adjudication (EPISTATÈS, p. 704-703; ERGOLAROS]. 11° Les distributions publiques, surtout de blé, d'huile, d'argent. Pour Athènes nous renvoyons à l'article DIADOSE[s. Pour les autres villes elles sont soit gratuites quand les denrées sont fournies par des concitoyens, des princes, des étrangers, ou payées sur les revenus des fondations spéciales qu'on a vues'", soit livrées àprix réduit par l'État sur une caisse spéciale 19, Ce service se développe partout p. 1011-1015 ; MUNCS, p. 2042'. III. Budget des temples. -Il peut être considéré comme un second budget, non seulement dans les villes sacerdotales comme Delphes et Délos, mais partout ailleurs. L'État a partout la haute main sur les trésors des temples. Ils sont alimentés : 1° Par les dons, les dîmes et les prémices [DONARIUM. DEKATÈ]. 2° Par les produits des pèlerinages, des mystères, des sacriri ces, des amendes, 3° Par les revenus des capitaux soit économisés, soit issus de fondations qui ont une affectation déterminée 20, Ces capitaux, quelquefois déposés dans des banques 21, sont plus généralement prêtés selon les modes ordinaires, comme on l'a vu, aux villes ou aux particuliers. 4° Par les revenus des propriétés foncières sacrées qui ont eu dans le monde grec une grande importance. Elles proviennent soit de concessions faites lors de la fondation d'une ville nouvelle 22 ou après une conquête 23, soit de confiscations 24, soit de donations de particuliers avec une affectation précise 25, soit de saisies sur des débiteurs insolvables2a, quelquefois d'achats n. Généralement inaliénables, imprescriptibles 2R, elles sont protégées contre les usurpations par les malédictions usuelles2°, revendiquées, le cas échéant, par des commissions spéciales 3e ; elles sont généralement exploitées et affermées comme les terres municipales J1. La propriété religieuse n'est en réalité qu'une annexe de la propriété publique"; à l'origine elle a probablement été administrée en toute indépendance par les prêtres ; mais de bonne heure, à Athènes au moins dès le vie siècle", elle a été soumise à un contrôle de l'État de plus en plus envahissant avec les progrès de la démocratie. A Ephèse, dans une crise financière, l'État fait remise de leurs dettes et rend leurs droits politiques aux débiteurs des temples 34 C'est partout le peuple qui fixe les conditions des baux ; ce sont soit les magistrats ordinaires, soit des commissaires spéciaux qui traitent avec les fermiers, à Athènes l'archonte et les polètes 33, à Héraclée les polianomes 36 à Thasos l'agoranome J7, à Olymos et bfylasa des XTv1U.x-wV«t n, à Délos les hiéropes, à Amorgos les neopoioi 3°. Partout ce sont des commissaires, soit permanents comme les trésoriers sacrés, les hiéropes episeopoi 42, les Sept d'Olbia 42; soit temporaires comme PRO 707 PRO certains épimélètes les cinq commissaires d' ndania, deux g'rvo; à Amoegos soit tantôt temporaires et tantôt permanents comme les ne'opoioi ° : électifs, responsables devant le peuple, ils gèrent les revenus des temples, font les actes d'administration, achats, ventes, placements, fermages adjudications de travaux, fonte d'objets sacrés, encaissements, transmission (les fonds sous le contrôle permanent des magistrats ordinaires et du Sénat ". Mais néanmoins, sauf de rares exceptions9, il y a deux trésors distincts, deux caisses à Éphèse il o' ales logistes du trésor sacré et ceux du trésor public à Pergame le directeur des revenus sacrés tit( i(é30 éo') opposés aux revenus publics (smmxu() ; ils sont expressément distingués à, Elaia, Délos, Thèbes, Tauromenium , indirectement à Orchomène, Smyrne i; et la mention des trésoriers sacrés. a)xi, psu.m, icpêo/x1, implique partout la même dis tinction [TAMIAI IV. Administration financière des villes en général. -Le budget s'appelle ordinairement xotvy ou " ° et xovsi/s n, Partout, après l'échéance de la dette, les débiteurs des trésors public et sacré sont frappés d'atimie, eux et leurs héritiers " ATI3uA ; la dette est doublée n, quelquefois portée à l'éc1é1ov une fois ett, demie le simple et il y a la procédure usuelle (le la saisie. A Aihènes les fermiers (les impôts et probablement tous les débiteurs du trésor non cautionnés peuvent même être emprisonnés dès l'échéance jusqu'au paiement ' ; le peuple peut accorder une remise partielle ou totale d'une dette ou un délai de paiement . On ne sait pas exactement si les créances publiques sont privilégiéess " . Partout, en général, ce sont les temples (lui gardent les fonds publics. Habituellement, sauf les trésors des temples et les fondations déterminees les villes n'ont pas de fonds de réserve ', sauf quelques exceptions; ainsi à Taui'omenium des excédents paraissent être confiés à des banquiers ou prêtés '. II n'y a pas ordinairement de budget unique, ni de caisse générale, mais plutôt des budgets particuliers mec des caisses spéciales, ainsi à Tauromeniuiu au nombre d'an moins quatre. Le peuple vote périodiquement une série de dépenses couvertes par certaines recettes , cette spécialisation s'appelle à Délos la è.xxx; 't les deux trésors s'y composent de jarres indiquant chacune l'origine et la destination de la somme ; à Corcyre 00, les èoployrsç votent les modifications au budget Les revenus sont, imniédia.. tenuentaprèslaréception, distribués mimx chefs de services on le voit polit' Delphes, Epidaureat, On affecte ainsi d sommes à des achats de blé, aux fi-ais des ambassades à la construction de monuments 29; à Thèbes il y aie fonds TL x'o'Cè 305751ciLOniTL 977G647 °". Certains revenus forment même des caisses spéciales . à Milet le produit d'un portique, à Trézène des pêcheries, à Téos des bois Chaque caisse a en général son ou ses trésoriers, sa comptabilité spéciale T 0511.01 , l,es magistrats financiers ont différents noms : des 7n'éx57bCo7, chargés de recueillir les amendes à Athènes, sans doute dix, tirés au sort, un par tribu 26; des ycuci/voyou les /oàs','eic 07 , des axio'i' ossu; des sixévo'.m.om à hplièse et Magnésie ; peut-être les Actif à. Olbmuo n' : lin ion r'tciç , des '/,7Td77T2. LuG15TAI , (les i771ni.07to1, des àva',axz, ut! e'n"'nxnç 30. Mais il semble y avoir eu, surtout à l'époque impériale, une concentration des pouvoirs financiers; ainsi on trouve à 'fhuatira nii m'eeevemmi', à Pergame un directeur (les revenus publics à Andania un épimélète chef des finances n', à Olbimo un directeur financier sous un nous inconnu 115 . Magnésie, Chersonésos, Priène, Laodicée ont également min ou plusieurs chefs de la u,s,xr,ci;ç '. Partout 1.a surveillance générale des finances appartient au sénat; il dresse lus budgets, veille ut la poursuite des débiteurs, a la rentrée des recettes, assiste aux versements, reçoit les dénonciations -' A Delphes il perçoit lui-mème les revenus religieux et fait les versements aux entrepreneurs avec les neopoioi Partout il a des redditions de comptes mensuelles et annuelles I,0Gm5TAI , qui n'empêchent point d'ailleurs les vols et les concussions [apopÈ; "1. Administration /inano'idib'e d'Athènes. 10 Cinquième siècle. Les revenus réguliers sont les x'nn'aèobx,, les autres probablement les 0go u[.m.rroe ', Au début de la guerre du Péloponnèse ml paraissent s'élever cri tout à environ 1 000 talents, dont 460 ilu tributs '', en 422 à 2000 talents dont 1200 de tributs' PRO 708 --PRO plus tard, e l'époque de Lycurgue ' et de Démétrius de Phalère 2, à 1200. Athènes a aussi le système de la multiplicité des caisses principales et de la répartition des crédits entre des caisses secondaires 3. On connait la caisse ancienne des Colacrctes [KOLACIIÈTAI, NAUCRARIA], celle deshellénotamesftlrLLE OT(MIAi~,lescaissesd'Athéna el, des autres dieux [TAMIAI] ; les autres revenus sont vraisemblablement répartis, depuis l'époque de Clisthène, par les apodektes. A-t-on constitué avec les excédents une réserve, un trésor d'État, gardé dans le temple d'Athéna, mais conservant son existence propre à côté du trésor sacré ? ou bien étaient-ils incorporés à ce dernier ?C'est une question très controversée "°. A l'époque primitive on répartit sans doute les excédents entre les citoyens s; mais après les guerres médiques Athènes jouit pendant quelque temps d'une grande prospérité financière et peut alors constituer une réserve, tout en consacrant aux grands travaux de 443 à 433 (Parthénon, Éleusis, Érechthéion, Propylées) une partie des tributs 6, du trésor sacré 7, les versements des colacrètes 8, des reliquats de différentes caisses Le décret dit de Callias t0, probablement vers 434, ordonne dans une première partie le dépôt sur l'Acropole au temple d'Athéna de 3000 talents, le remboursement des dettes aux autres dieux sur des fonds de provenance diverse " et sur le produit d'une dime 12. La deuxième partie de ce décret établit l'affectation annuelle d'une somme de 10 000 drachmes à l'entretien des objets sacrés, ordonne le dépôt par les hellénotames de l'excédent des tributs et subordonne à l'adeia toute proposition d'employer autrement le trésor del'Acropole13 En 431, au début de la guerre du Péloponnèse, déduction faite des 3 100 talents dépensés pour les Propylées et la guerre de Potidée 14, il y a encore sur l'Acropole 6000 talents qui ne peuvent guère provenir des seules économies du trésor sacré sur les revenus d'Athéna 13, amendes, dixième des confiscations, du butin et de l'eikostè, soixantième des tributs, fermages, offrandes, produits du culte 10. Ce sont, sans doute, aussi des fonds de l'État que les trésoriers d'Athéna versent pour la guerre de Corcyre 17. Nous admettons donc l'existence d'un trésor distinct. Mais elle n'a pas été longue. Athènes doit recourir presque immédiatement "à l'augmentation des tributs, à l'eisphora, et surtout aux emprunts aux trésors sacrés 'a qui dès 410 sont eux-mêmes épuisés 20 2° Quatrième siècle. Les colacrètes et les helléno 1 Pseudo-Plut. Vit. Lyc. 25. Les dépenses de Lycurgue, 18 900 talents en douze ans (Ibid. p. 1038), donneraient par an 1575 talents. 2 A lhen. 12, 542 C. 3 Stratèges, rc,7 onotoc (Corp. Biser. att. 1, 317, 319). . Pour l'identité des deux trésors: Boeckb, 1886, 103; Gilbert, Handbuch, 2' éd. 1, p. 375; contre l'identité Kirchhoff, Ath. der Berl. Mail. 1876. 21; Fi 5nkel dans [bock h, 2, 43, no 268 ; Busolt, Griech. Gesch. Aristot. Ath. pot. 22, 7. On ignore la provenance des luit drachmes données à chaque citoyen par l'Aréopage avant Salamine (Ibid. 23, 1). 6 C. ait. 1, a,/oeo'ni (Ibid. 1, 317, 319) ; de particuliers et de source inconnue (I, 310, rattacher à la première, tout en étant un peu postérieure. Voir Cavaignac, Le de b. 1. 53. 13 doit une douane sur le Bosphore, soit plutôt le fermage des biens publies. -13 Il y a la mention de Padeia pour les emprunts de la guerre d'Archidamos elle est sans doute sous-entendue dans les prêts de Corp. inscr. oit. 1, 180. It '1'hucyd. a, 13. 1'1 200 talents d'après Kirchhoff, 30 d'après Beloch, 50 d'après Meyer. 16 Ar,slid. Ath. pot. 8, 4; C. alt. i, 220, 260, 315; paraît provenir des Liens d'Ath:Ma ù Saines. 17 Corp. rase. ait. 1, 179. 18 On mitaine en 412 la ri,serve dernière de 1000 talents établie par Périclès (Thucvcl. lames ont disparu; les excédents des tributs restent dans la caisse fédérale de la deuxième ligue 21. Toutes les recettes sont versées aux apodektes, devenus receveurs généraux 22, qui les répartissent (N.EpREty) 23 entre les services en en rendant compte le lendemain au sénat 24 ; en outre, au moins pendant quelque temps, à chaque prytanie, l'âvTtypaesiç Trç ôtotx-rlacw;, élu sans doute par et parmi les sénateurs, expose au peuple l'état général des finances 25 [ANTIGBAPHEIS]. Les dépenses administratives sont probablement prises sur les douanes, celles des tribunaux sur les amendes et les prytanies 26; il y a en outre des sections spéciales du budget, pourvues de trésoriers spéciaux, le budget du peuple, 'rie (cl1 'rie) xa'à q.rltLtap.ara âva),iex6p.Evq tif; ies) im, affecté surtout aux couronnes, aux inscriptions, aux ambassades 27, le budget analogue du sénat, le budget militaire ('rie s-rpa'rto'r;t a) 28, le fonds des infirmes 20, le fonds inexpliqué des dix talents 30, la somme allouée aux dix commissaires électifs, chargés des réparations urgentes des objets sacrés (iep) v E7rtaxeuaar21) 31. Le titre et le montant de chaque fonds, fixés par la loi, ne peuvent être changés que par les nomothètes 32. L'argent de l'État est toujours gardé sur l'Acropole; aussi les trésoriers des dieux paient encore certaines dépenses, reçoivent en dépôt des recettes, des fonds non employés 33. Au milieu du ive siècle, de 364 à 339, le directeur des finances, Eubule 3b, affecte exclusivement au théorique, malgré les efforts du parti adverse et en particulier d'Apollodore, les excédents jusque-là consacrés à la guerre 35 ; aussi la caisse du théorique prend alors une grande importance [T11EOHIKON]. En 339, Démosthène fait attribuer les excédents à la guerre et la caisse militaire devient la caisse principale; elle paie en outre les inscriptions, les frais de réception des étrangers, certains travaux, les récompenses des Panathénées, le matériel des processions [TAMIAI] 3G. De 338 à 326 le successeur d'Eubule comme chef des finances est Lycurgue "7, qui parait avoir eu soit des pouvoirs extraordinaires, soit le titre de i, E7ri''0 0Ewptx6v, mais non le titre d 'b E7rl Tr(ôtotxr act 38. Le receveur général investi de ce dernier titre parait n'avoir été créé que sous Démétrius de Phalère ou après sa chute, à la place des apodektes 39 [DIOIKÈS1s]. A toutes les époques, le Sénat a la surveillance générale des finances, prépare le budget, assiste aux adjudications d'impôts, à la répartition des crédits, fait rentrer les 24 ; 8, 15; Schol. Arisloph. Lysis. 173). 19 Près de 5600 talents en onze ans (C. ait. 1,273). Les versements de 1, 180-183 sont plutôt des emprunts que l'emploi de dépôts de l'État. 20 A C. att. 1, 188, les trésoriers d'Athéna versent sur les revenus courants t. r n..-c,. 21 Ibid. 2, 17. "--3 Ils font déjà des recettes en 418/7 (C. ait. 4, 2, 53 a). 23 A Magnésie des payeurs s'appellent 8,8,erat (Kern, Dittenbcrger, 500. 2a Aesch. 3, 215 ; Lex. Sey. 410, 3. L'erreur probable d'Harpocration et de Sablas qui donnent deux antigrapheis, un du peuple, un du sénat, vient sans doute d'Aristot. Ath. pal. 54, 3. z° Dem. 21, 96; Lysias, (dl. 2, 17, 44, 84, 86 (emprunt annuel à Athéna, ou fonds de réserve plutôt que le produit de certaines eisphorai 2, `270). 31 Aristot. Ath. pal. 50, 1. 121. 38 Cette fonction n'est pas dans Aristot. Ath. polo 43, 1 ; le décret de pu titre retouché. Voir Beloch, Grieeh. Gesch. III, 1, p. 56. 39 Dernières PRO 709 PRO recettes, provoque les poursuites contre les débiteurs la création de commissaires spéciaux BO1:Là, EXLTASTAI, Au temps de l'Empire, on na pour Athènes que des renseignements épars; on trouve sous Auguste une caisse frumentaire avec un ti-ITO'lVltiç et des trésoriers , depuis Trajan un vc( oŒ.(u.ç qui est soit un curator calendarii, soit un curator pecuniae publicae A14GYROTAMIAI], et une banque d'état [TRAPEZITAJ]. II est impossible d'évaluer exactement pour aucune époque le budget total d'Athènes; au début de la guerre du Péloponnèse, ses revenus, y compris les tributs, étaient de 1 000 talents ; en 422, par suite de l'élévation des tributs de 460 à 1200 talents, ils arrivaient à 2000 talents s; plus tard, à l'époque de Lycurgue et de Deméirius de Phalère, ils paraissent n'avoir plus été en moyenne que de 1200 talents °. Cu. LÉcRIVAIN.