Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

PRUDENTIUM RESPONSA

PRUDENTIUM RESPONSA. On donne ce nom, dans un sens large, aux réponses faites par les jurisconsultes de Rome aux consultations qui leur étaient demandées sur un point de droit. C'est en ce sens qu'on s'en est occupé àl'article JURISCONSULTI [t. III, p. 717]. Dans un sens plus étroit, les réponses des Prudents sont présentées par Gains' et par Justinien a comme une des sources du droit promulgué (jus scriptum) [Jus, p. 735]. C'est à ce point de vue qu'on va les envisager ici. Les prudentium responsa sont les réponses données sur une question de droit par les jurisconsultes à qui l'empereur a accordé le jus publice respondendi. C'est Auguste qui, le premier, a conféré à certains jurisconsultes le pouvoir de répondre ex auctoritate principis Ce privilège, d'abord réservé aux membres de l'ordre sénatorial, fut étendu par Tibère à ceux de l'ordre équestre [t. III, p. 720]. Les réponses, données par les jurisconsultes gratifiés du jus publice respondendi, avaient un grand crédit auprès des juges ; elles étaient implicitement approuvées par l'empereur. Pour prévenir toute fraude, la réponse devait être revêtue du sceau de celui qui l'avait rédigée PRU ® 7!41 PRY Les réponses des Prudents avaient-elles, au premier siècle, force obligatoire? D'après Gaius, il n'en fut ainsi que depuis Hadrien Ce témoignage, dont la valeur a été contestéesemble confirmé parce fait que les empereurs ne sont guère intervenus dans la solution des questions de droit privé avant Hadrien 3. Le rescrit de cet empereur a déterminé la condition requise pour que les réponses des Prudents aient force de loi dans une affaire déterminée : il faut qu'elles soient unanimes. Il n'est pas nécessaire qu'elles soient motivées'. Dans le cas contraire, si l'on produit des réponses divergentes, le juge reste libre de statuer à son gré. Le rescrit d'IIadrien n'a pas eu pour effet de retirer aux jurisconsultes qui n'ont pas le jus publice respondendi ]a faculté de donner des consultations mais leurs réponses ne sont pas obligatoires pour le juge. Les plaideurs, qui voulaient obtenir une réponse d'un jurisconsulte autorisé, devaient avoir soin de lui exposer les faits avec précision, sans quoi ils s'exposaient à ne pas recevoir une réponse catégoriques, ou à être forcés de demander une nouvelle consultation 7. C'est une question de savoir si Hadrien a donné force de loi aux opinions émises dans leurs ouvrages par les jurisconsultes autorisés. On a interprété en ce sens un passage de Gains qui présente les Prudents comme ceux quibus permissum est jura condere 8. Cette opinion est peu vraisemblable : il aurait été bien difficile au juge de savoir dans quel cas il conservait sa liberté d'appréciation ; il lui aurait fallu consulter les livres de tous les Prudents autorisés, pour constater s'ils étaient unanimes. Ce régime n'aurait pas tardé à devenir impraticable. C'est seulement à l'époque ultérieure que les opinions des Prudents ont été considérées comme ayant force de loi, lorsqu'elles étaient acceptées par les autres jurisconsultes. Papinien signale 1'auctoritas prudentium comme une source du droit civil. Les constitutions impériales du m° siècle attribuent force de loi aux sententioe receptao des Prudents; un rescrit de Gordien présente une réponse de Papinien comme une. ,jouis forma'. Les jurisconsultes, gratifiés du jus publice respondendi, sont dès lors juurs conditores [t. III, 1, 723]. Leurs avis forment le jus par opposition aux leges [Jus, t. III, 1, 745]. Justinien prescrivit à la commission chargée de composer les Pandectes de n'admettre que les écrits des Prudents auxquels ses prédécesseurs avaient concédé le jus respondendi 10. Mais, de son temps, le jus respondendi avait disparu 1t ; on n'en trouve pas la trace au Bas-Empire. Le dernier jurisconsulte qui, à notre connaissance, obtint ce privilège est Innocentius qui vécut vers le règne de Dioclétienf2. EOOUAIID CE4. fonctions des prytanes, les 35 et 36 jours d'un mois [Boulé, p. 740]. On comptait à Athènes par prytanies'. II. Frais de justice. L'institution des prytanies (tià ourxvEix) nous fait remonter à une époque très ancienne oit le tribunal siégeant au PRYTANEION devait être le principal tribunal d'Athènes. Elles sont donc antérieures à Solon. A l'époque historique, ce sont les frais de justice qui, à la différence de la paralratabolè et de la parastasis, doivent être déposés non par le seul demandeur, mais par les deux parties'-. Le dépôt a lieu en règle générale au début de d'instance s; peut-être est-il quelquefois retardé jusqu'après l'inscription au rôle' ; si le demandeur ne l'effectue pas, le procès n'a évidemment pas lieu; nous ne savons pas ce qui se passe quand le défendeur ne fait pas le dépôt. Les procès au-dessous de cent drachmes ne paraissent pas comporter les prytaneia ; de cent à mille drachmes, le taux est de trois drachmes ; au-dessus de ce chiffre, il est de trente drachmes' ; il ne semble pas y avoir eu de taux plus élevé Quels procès exigent le dépôt des prytaneia ? Pour les actions publiques, il n'est attesté que dans l'action intentée à celui qui arrache un nombre d'oliviers supérieur au nombre autorisé ; le dénonciateur doit déposer les prytaneia pour sa part, c'est-à-dire sans doute pour les cent drachmes qui lui reviennent par pied arrachée ; on a conjecturé que le dénonciateur dépose aussi les prytaneia dans la pllasis, mais ce n'est pas certain [PHASIS]. Ce sont surtout les actions privées qui comportent les prytaneia'. D'après Xénophon, les sommes ainsi déposées par les sujets d'Athènes suffisent alors à la solde des héliastes 10. Nous trouvons les prytaneia dans une affaire de dette, dans une ; pour la 8(x'q xix(xç il y a doute ; car si une affaire de ce genre comporte les prytaneia dans Démosthène12, c'est peut-être parce que le défendeur avait riposté par une action reconventionnelle''. On ne sait si dans une affaire de minesl' le mot rxpxxxTxêo),a.( désigne improprement les prytaneia. En somme, nous ne pouvons dresser la liste des actions privées soumises au dépôt des prytaneia ; peut-être, d'après la mention des eisagôgeis dans Pollux'', faut-il y faire entrer une grande partie des i(xxt c;xv yvot, des procès jugés dans le mois? Les prytaneia vont au trésor qui les affecte à la solde des juges; le perdant rembourse le gagnant et perd ainsi deux fois son dépôt. Il n'y en a pas devant les arbitres. CH. LÉCRIVAIS. PRY -_ 7 12 --PRY PRYTANEUM (11pm.xveïov). Édifice où siégeait le établi primitivement sur l'Acropole, on l'avait transporté premier magistrat [PRYTANIS7 des cités grecques, où au sud de celle-ci, dans ce qu'il appelait l'Ancienne Agora, d'ordinaire se trouvait aussi le foyer commun de l'État entre le sanctuaire de Dionysos et celui d'Athéna Pan : VESTA] et où certains hôtes de distinction recevaient la démos. De son côté, M. Dôrpfeld 20, ayant découvert à nourriture aux frais du trésor public [s1Ti sls]. l'ouest de l'Acropole, entre la Pnyx et l'Aréopage, un 1. En Attique, Thucydide' nous apprend qu'à l'origine ensemble de constructions où il a voulu reconnaître le « les habitants étaient disséminés dans des bourgades sanctuaire de Dionysos iv A(p.vatç, soutient que l'ancien dont chacune avait son prytanée et ses magistrats... Prytanée doit se trouver dans ces mêmes parages, parce mais Thésée... abolit les conseils et les magistratures que, d'après un texte d'Aristote 21, il était situé près du des bourgades et réunit tous les citoyens dans la ville Boucolion et que celui-ci se rattachait directement au actuelle où il institua un seul conseil et un seul culte de Dionysos. Ces suppositions sont bien peu prytanée ». Sous la République, le Prytanée était le vraisemblables; elles ne s'appuient sur aucun témoignage siège de l'archonte éponyme2 et c'est là que se trouvait ancien, et Ies fouilles n'ont, jusqu'à présent, révélé l'autel d'Hestia 3, le foyer commun de l'État 4. Les ( aucune trace de l'édifice en question-'. Bien plus, comme inscriptions'. qui nous l'apprennent formellement, ne l'a fait remarquer M. Busolt76, si le Prytanée s'était font que confirmer les renseignements des scoliastes et trouvé, à l'époque de Thucydide, au sud ou à l'ouest de des lexicographes. C'est là aussi qu'étaient nourris aux l'Acropole, dans l'enceinte de l'ancienne ville, 1'his frais de l'État ceux auxquels Athènes accordait cet torien athénien n'aurait pas manqué de le citer parmi honneur', Enfin c'est là qu'un tribunal, formé de les vieux monuments qu'il énumère 24 pour prouver l'archonte-roi et des wvl,oxetl,cT; °, jugeait les meurtres que c'était de ce côté que s'étendait l'Athènes pris commis par des animaux ou des objets inanimés 8. mitive. S'il n'en fait rien, c'est que sans doute, de son Pausanias qui a visité le Prytanée d'Athènes au temps déjà, le Prytanée était avec le foyer public au Il' siècle de notre ère, nous dit qu'on y voyait, outre le nord de l'Acropole, où, plus tard, l'ont vu, entre autres, texte des lois de Solon 10, des statues de la Paix et Plutarque" et Pausanias. d'Hestia,celles de divers athlètes, entre autres II. En dehors d'Athènes, il est bien certain que chaque Autolycos '°, puis lesstatues de Miltiade et de Thémistocle ville grecque autonome26 avait un foyerpublic27, mais dont les noms avaient été changés en ceux d'un Rornain l'édifice dans lequel il était placé ne portait pas toujours et d'un Thrace '3, Nous savons par le pseudo-Plutarque 'u le nom de Prytanée. C'est ainsi que, chez les Achéens 28, qu'il y avait aussi, à droite en entrant dans la salle où cet édifice s'appelait A7,i'tov; à Cnide20, il était nommé était le foyer public, une statue de Démocharès, neveu de 4xv.toupy)ov, tandis qu'à Lindos 30 et à Carpatllos 31, on le Démosthène, et Élien "mentionne tout près du Prytanée désignait d'un autre nom encore [RléROTHYTEION]. une effigie de la Bonne Fortune. Nous donnons ici la liste, aussi complète que possible, L'itinéraire de Pausanias, assez clair en cet endroit, des cités grecques chez lesquelles les textes littéraires ou permet de situer le Prytanée, décrit par lui, au nord de les inscriptions mentionnent formellement un prytanée 32. l'Acropole 16, et Bôtticher t7 a cru en avoir retrouvé des Ce sont : Dans le Péloponnèse : Sicyone 33, Argos 34, vestiges. Mais E. Curtius d'abord, puis M. Dôrpfeld ont Andanie u, Olympie96. Dans la Grèce septentrionale : soutenu tous deux que c'était là le Prytanée de l'époque Mégare 37 Tanagra 38, Acraephiae 30, Orchomène 40 romaine " 8 et qu'il fallait chercher ailleurs celui de Thisbé ", Delphes42, Halos u, Épidamne 44, Apollonia", l'époque classique. E. Curtius10 supposait qu'après l'avoir (Illyrie), Corcyre, "6 Pharos 47, Samé 48 (Céphalonie). PRY Psy Dans l'Archipel : Égine 2 Érétrie Péparéthos1, Tha soc 6, Imbros', Ténédos 1, Mytilène', résos , Méthy mna9, Nésos °, Samos Délos u, Syros 23. Coressos Paros 16, Naxos Siphnos 27, Astypalée 18, Cos ", Rhodes o. En Crète : Gortyne u, Dréros u, 1-liérapytna 23, Lato et Olonte 26, Biannos u En Asie Mineure : Halicarnasse 2, Bargylia °, lasos 28, Milet", Priène Magnésie du Méandre u, rythrées 32Nacrasa u, Smyrne", lée u, Pergame °, Adramyttion u, Ilion 30, Sigée u, Laodicée °, Cyzique 61, Thémisonion T1os43. En Égypte: Ptolémais46 et Naucratis45. En Sicile et dans la Grande-Orèce Svracuse °°, Rhegidum67. Tarente La plupart des textes qui signalent ces prytanées font, en même temps, mention soit des repas publics qui y étaient offerts par l'État ô des hôtes déterminés u, soit du foyer commun qu'ils abritaient On a supposé que ces édifices étaient ordinairement situés près de l'agora51 et que leur disposition général rappelait celle des maisons particulières u• Les fouilles d'Olympie et de Priène 56 semblent confirmer ces hypothèses.