Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

PUGIO

PUGLO ('E'(etp étas) '. Nous comprenons sous ce nom l'étude d'une arme d'estoc2, à axe rectiligne et à double tranchant, de dimensions inférieures à celles de la plus petite épée (0 us. 50) et qui, après avoir donné naissance à cette arme, a subsisté à côté d'elle dans l'équipement militaire antique. Nous laisserons de côté toutes les formes courbes ou sinueuses [ACINACES, CONS, CULTER, MAdHARRA, sicA], et ne ferons mention des types de l'Orient ou du Nord que dans la mesure oh ils sont en rapport avec l'évolution des types grecs et romains. La civilisation néolithique était parvenue dans la taille du poignard, son arme principale, à une rare perfection : dans les meilleurs spécimens de la période de la pierre polie, le manche à quatre faces, avec ses côtés vu. évidés, est nettement distingué de la lame dont les bords; découpés en dents de scie, ont acquis un tranchant remarqua ble. La métallurgie se contenta d'abord d'imiter ce modèle. A Chypre, qui parait en avoir été le premier foyer méditerranéen (dès 3500)4, on trouve d'ahordle poignard large et plat qui doit à sa forme isocèle le nom de triangulaire qu'on lui applique particulièrement': c'est cette arme que les conducteurs de chai' des stèles de Mycènes paraissent porter au côté droit, suspendue à un baudrier h; c'est elle que la tradition religieuse conserve à la ceinture des idoles filles de Crète (fig. 586) ou des héros achéo-doriens . Le défaut essentiel de ce premier type était la fragilité de la jonction de la lame et du manche en bois, corne ou os. Pour y remédier, on commença par allonger vers le haut, en ovale, en carré ou en losange, la lame dont une plus grande partie pouvait ainsi s'engager dans le manche, oit des clous la fixaient en même temps, à l'or;gifle de cette partie engagée, on marqua dis part et d'autre comme deux crans d'arrêt contre lesquels devait porter solidement la hase du manche (fig. 5863)9. En développant ce système d'emmanchure et en donnant à la lame plus de longueur et plus de pointe sans en diminuer la solidité, le poignard de cuivre atteignit à Chypre, dans la première moitié du 111e millénaire, cette forme caractéristique qui a reçu 96 P P L G 703 PIJG mycénienne. Les modèles ont pu venir d'Lgypte et l'oeuvre même est peut-être due à la Crète (fig. è867 Le fer n'appariait, que tout o la lin de l'époque meenienne, d'abord comme objet de luxe on trouve des anneaux (le fer nselês à des anneaux (lOi' Pendant longtemps encore, alors qu'il servai déjà aux besoins de la vie quotidienne (couteaux, haches), on prefêra, pourles usages de la guerre, lu bronze â ce fer doux qu'on rie savait aciérer de mauiere è donner (le la pointe ou du tranchant. C'est pendant cette période (iPOO-800 que se sont formés nos poèmes homériques ou il n'est fait allusion qu'exeeptionnel1ement è des armes de fer le poignard n'échappe pas è cette loi commune. Dans ]es tombes de Knos SOt, ou ne Mycènes nu rencontre, à côté de la grande rapière, un glaive plus petit (0m. 40 è 0m. 60) qu'il est légitime de quali fier de poignard , de même on trouve dans l'Iliade, è côté du oç, rifle J.07ot2O 8, pareillement de bronze, dont on parait se servir pour te coup de grâce, comme, au moyen âge, de la dague qui recul de cet usage le nom de u ,nisérleolv/e » Elle "tait probablement passec è la ceinture. tout près de l'épie, par un anneau de suspension dont on o retrouvé un speeilucu '° et dont les traces subsistent sur certains n'anches Ce sont les mercenaires Ioniens et Cariens, à la fin de la période homérique 800-600, qui ont propagé les armes do fer. L'Fgpte, qu'ils ne cessèrent d'attaquer ou de défendre, avec ses riches mines de fer, produie sait, depuis 000 ans, des armet, d'estoc de o'e ntotuol dIstinguées sur les monuments, par 0fr' coloration bleuâtre, des a.rines de cuivre peintes en rouge. C'est pourquoi l'on ne peut s étonner de trouver dans rétablissement ionien de Daphné un poignard en fer de forme égyptienne 13, Mais les progrès mêmes que les Ioniens et les Carions firent réai oCr' è l'art de iC guerre paraissent avoir amené la suppression du poignard, remnplcnte, en même temps que la rapière mycénienne, par aile épée moyenne qui pouvait servir à ta fois d'estoc et de taille Ce n'est qu'eu dehors de la Grèce propre, on Macédoine et en Thrace que parait s'être conservé l'usage d'une dague dérivée, de ce poignard mycénien dont le manette a ailerons produisait alors même, dans le Centre et le Nord de l'Europe, les deux types de ta poignée en fer à cheval. et. d I10 poigne à antennes 11. Le poignard de Pella fig. 5868)1". ne dith't'e en rien de "env dus terranuarea Cependant rien ne permet d'affirmer que ce fût là celui des 1z,cou6cot thraces Bien que la ceé',s,tos, soit en générai, plutôt un coutelas qu'un poignard, Hérodote parle de l'iycotpiitu's des Thraces u et Thucydide du PUG 764 PUG upHtov des psiloi ; c'est encore d'un poignard droit que paraissent s'être munis les voyageurs (fig. 5869) a. Quoi qu'il en soit, le port (l'un poignard distinct de l'épée était à ce point tombé en désuétude qu'un écrivain militaire du ive siècle, Aineias de Stymphale, emploie oç et b7yar7diOv comme synonymes et, ce n'est que dans l'armée macédonienne qu'il paraît être redevenu d'ordonnance, tant pour l'infanterie que pour la cavalerie . C'est peut-être à son exemple que l'armée romaine l'adopta. Home pouvait déjà s'inspirer, à cet égard, des trois nations qui semblent avoir influé le plus sur le développement de son armement. Les tombes samnites ont fourni des poignards à côté des épées 6; il en est de même de celles des Celtes cisalpins et il est probable que l'un des duo qladii que portait l'adversaire de Manlius Torquatust était un poignard. Ce sont surtout les Étrusques qui paraissent avoir fait un usage longtemps exclusif de cette arme. Qu'il soit en bronze ou en fer, qu'il soit plus allongé et effilé, ou plus court et large à la base, c'est toujours un poignard du type mycénien, à poignée àailerons (fig. 5870) ou en fer à cheval (fig. 5871)2 qu'ont livré les tombes u accu de Tarquinies ou de Vetulonia, comme celles de Home méme té; tels étaient sans doute les iyyoa(3;v cr'api que portaient les Saliens, chez qui parait avoir subsisté l'armement du patriciat primitif. Il est probable que, jusqu'à l'adoption du gladius, tant que les Romains n'eurent que de longues épées de taille, un poignard leur tint lieu d'estoc dans la mêlée. Pourtant nous ne sommes en droit de rien affirmer à ce sujet jusqu'à l'époque impériale. C'est alors que l'armée romaine tout entière13 parait avoir adopté le poignard; passé dans la ceinture, le soldat ne devait le quitter sous aucun prétexte, pas plus que le cinguluin lui-même , Aussi était-il généralenient attaché à un ceinturon distinct de celui qui portait l'épée 14 Comme celle-ci pendait sur le flanc droit, pour que le bouclier, passé ail bras gauche, n'empêchât pas de s'en servir, le poignard, dont on n'avait occasion de faire usage que dans la mêlée, après avoir perdu ou brisé son épée, était porté au côté gauche, parfois fort en arrière, ce qui lui valutle nom de clunaculuni II Telle parait avoir été la règle générale10. Seuls les gradés17, y compris les aquilifei'i18 et les signiferi5, ne portant pas de bouclier, avaient l'épée àgauche et le poignard à droite; c'est ainsi que le seul Josèphe, décrivant l'armée de Titus en 68, dispose les armes d'estoc du gros des légion PUG PUL naires1. Il faut en conclure on bien à une innovation qui ne dura pas dans l'ordonnance des troupes, ou à une méprise de l'historien peut-être pensait-il, dans cette description, aux troupes de la garde du général qu'il venait de distinguer du reste de l'armée et quiparaissent,en effet, avoir porté le glaive à gauche et la dague à droite, ainsi que les autres militaires privilégiésou gradés. Ces poignards, longs en moyenne de 0m. 302, toujours en fer, appointés pour frapper (l'estoc et pourvus (l'une forte nervure médiane, appartiennent pour la forme de la lame et celle de la poignée, capuius, à plusieurs variétés (fig. 379, 587 4). Le type le plus répandu comporte un pommeau sphérique ou aplati, sous lequel peuvent s'évaser de part et d'autre deux volutes fig. 5874); le pouce étant posé sur le pommeau ou sur la face interne du montant, lai-nain serrait l'arme dans la position la plus favorable au coup plongeant', protégée en haut par les volutes, en bas par l'espèce de garde que formait la large barre de métal oh la lame s'emmanchait, fixée par deux ou plusieurs rivets. Le fourreau, généralement en bois tendu de cuir, avec des ornements en métal parfois très riches (fig. 5873) , comprenait, sous la garde même, deux anneaux oh venait se boucler le ceinturon (fig. 5874); fréquemment, deux autres anneaux disposés de part et d'autre, un peu plus bas, étaient sans doute destinés à empêcher par quelque système de lien le ballottement du poignard sur la cuisse du légionnaire, ou à remplacer les anneaux supérieurs s'ils venaient à se briser (fig. 5875)0. Les deux paires d'anneaux étaient généralemen treliées par une plaque de bronze ouvragée qui fortifiaitle fourreau: la pièce métallique qui le terminait jouait le même rôle (fig. 5875)9. On rencontre aussi un type tout différent, qui se rapproche plutôt du coutelas; c'est peutêtre celui que désigne \Tégèce sous le nom de seénisjatlia 10; comme dans la spatiici, en effet, sabre plutôt qu'épée, le manche n'est pas dans l'axe de l'arme, mais du côté intérieur; le côté opposé seul est courbe et tranchant (fig. 5875)H. En accentuant la courbure, on obtient le poignard du type oriental et barbare qui, à partir du ii' siècle, par les gladiateurs et par les auxiliaires53, envahit les armées de l'Empire. A.-J. Roi,'.cu. PULLARI!. Auxiliaires salariés I des augures romains. Ils avaient, comme l'indique leur non, le soin des poulets sacrés': ils les apportaient dans leur cage aux augures, aux magistrats, aux généraux en campagne ceux-ci les chargeaient de regarder les oiseaux manger et d'annoncer les présages [AUGUREs, p. 336) . Les pullarii devinrent les suppléants ordinaires des augures. En toutes circonstances, à Rome même, on les voit observer le ciel: à la création des magistrats, pour déclarer qu'ils ont aperçu le signe favorable, l'éclair à gauche°. Les péollarii étaient des hommes libres, formant une P TL -°766 corporation, decuria, présidée par un premier puis taire'. E.S. PU1 LENTUili, PUES [Cr13ARi', p. 1143_, PURPITUM.Plate-forme élevée ((frlo_x, suggestus) où l'on peut se mettre en vue et se faire entendre d'un auditoire; tels le Txmi;x1r oit siège un magistrat, un chef militaire, où l'empereur préside une cérémonie (fig. 6876)' ; --des tréteaux dressés pour permettre d'assister à un spectacle2;l'éehafaudsur lequel un condarnné est exposé et subit son supplice [coux, p.. 16 74] ; -la scène où jouent des acteurs tTIIEATRUMj : c'est dans ce dernier sens qu'on trouve ce nom le plus souvent employé; il s'applique également à l'estrade sur laquelle quelqu'un se produit pour une lecture ou une 'récitation IFL' LTOR, p. 2013[ 3. Chez les auteurs ecclésiastiques' pulpituln désigne l'ambon, chaire élevée à laquelle on accède par des degrés de deux_ côté. Au-dessus des chah ''s destinées à la lecture, il pouvait être commode de placer des tablettes hlclinées où l'on posait les livres [PLL'rc~ s', comme il v en avait au-dessus des armoires où on les serrait ARMArtlum, fi g. 5076] . On ne saurait s'étonner que pulpituln soit devenu le nom d'un appui semblable et n'ayant pour support qu'un pied facile à mouvoir, comme celui qui est placé devant Virgile dans une miniature d'un manuscrit du -Vatican (fig. 6877), qui reproduit cer-1.ainement aine peinture plus ancienne °. Le pupitre pouvait même être sans pied et tout à. fait portatif. E. SAGLIO. PULVER.TICEM. Ce mot désignait au Bas-Empire à Rome: 1° les honoraires dus aux arpenteurs (agrirnensores)«lui n'avaient pas une action ordinaire pour obtenir la rétribution de leurs services2; d° les prestations faites irrégulièrement à titre de don gratuit par les curiales au gouverneur; ces exactions furent interdites en 448 par Majorien' 3° la prime de deux sous d'or (aurei) promise aux esclaves qui voulurent s'enrôler comme soldats en 406 au moment de l'invasion de Bada lequel on plaçait l'image d'une divinité pour lui faire prendre part au banquet ou aux jeux qui lui étaient offerts, et, par extension, le lieu consacré où des lits pareils étaient installés. Le même nom a été donné quelquefois par les poètes à la couche impériale et à la loge d'où l'empereur et les personnes qui l'entouraient assistaient aux jeux [LECTISTERNIUM]. PULMTNUS (dim. pulrillus) (TtiÀrr, Tn),Eiov, 7t oaxE' vXvtov, xvi'«),aov), coussin, matelas, oreiller'. -I. Le nom latin ne fait pas, comme les noms grecs, de distinction entre les coussins selon que ceux-ci sont employés pour se coucher, s'asseoir, s'appuyer sur le coude ou reposer sa tête; les termes grecs eux-mêmes étaient souvent pris l'un pour l'autre [CERVICAL, LECTUS]. Tous conviennent à un sac d'étoffe quelconque, culcita, tonus 2, rembourré d'une matière résistante et élastique, n~pw; a, tontentum3, pouvant fournir un soutien moelleux. C'était, suivant qu'on y mettait plus de simplicité ou de luxe, de la paille, des algues, du foin, des feuillages séchés, ou bien de la bourre, de la laine 4, et enfin de la plume, dont on arriva à ne plus pouvoir se passer. Il se faisait un commerce actif du duvet des oies du Nord, des cygnes et autres oiseaux °. Même diversité dans les enveloppes : quand on ne se contenta plus, pour se reposer, d'étendre ou d'enrouler les peaux de bêtes'PELLESl ou les pièces d'étoffe qui servaient à la fois de vêtements et de P 767 PUNI couvertures, on remplit, avec les matières qui viennent d'être indiquées, des coussins de cuir', de laine, de toile plus ou moins grosse ou légère, qui tirent place par la suite, chez les riches, au lin le plus fin, au byssus, à la soie 2, teints de couleurs brillantes et de toutes les variétés de la pourpre, mêlés d'or ou brodés de personnages et d'animaux, de fleurs, de feuillages, de palmettes, d'étoiles, de losanges, etc. Les anciens connurent aussi les coussins faits d'une peau remplie d'air, que l'on gonflait et dégonflait àvolonté3. De nombreuses figures qui accompagnent des articles du Dictionnaire et dont deux sont ici reproduites (fig. 5878, à879)' donnent une idée de la décoration, en même temps que des formes et des dimensions des coussins et matelas qui garnissaient les lits et les sièges, On remarquera qu'ils ne sont pas fixés au meuble et incorporés avec lui, mais mobiles et facilement défila()ables (fig. 3879)'On les faisait porter avec soi, à la promenade, pour s'asseoir en plein air, en voi ture6 au théâtre', àl'école8, quelquefois au repas où l'on était invité' ; on les présentait à l'hôte que l'on voulait honoreri . I1 y en avait de toutes les grandeurs et de toutes les formes. Ceux. que l'on trouve figurés sur les monuments, carrés ou arrondis, sont ordinairement semblables aux matelas et aux oreillers de nos lits et de nos divans, quelquefois allongés comme nos traversins. Les coussins sont tantôt fermes et résistants, tantôt assez peu serrés, pour se plier en deux, sous le coude des personnes couchées (fig. 5880) ". Les plus petits ne sont pas représentés. La description faite par Apuléei2 d'un lit formé de nombreux pulvilli amoncelés, montre à quel point on les variait en les muftis pliant, de manière à les rendre commodes dans toutes les positions. La forme d'un long rouleau se rencontre surtout à l'époque où on prit l'habitude de se coucher pendant le repas sur un lit demi-circulaire; le côté de la table libre était bordé par un coussin formant an bourrelet ininter rompu [coe5a, p. 1278 à. 1280,. Elle n'est pas moins fréquente dans i a représentation de trônes et de sièges d'apparat, particulièrement à la fin de l'antiquité; dans les mosaïques et les manuscrits, le trône du Christ, des saints et d'autres personnages, est constamment garni de cette manière 116slvIbl p. 5256, rilliovesl. IL Par analogie les architectes ont appelé pulvinus le coussin qui remplit les parties latérales des volutes du chapiteau ionique (fig. 5881)", de certains autels ou de sarcophages dont la tablette supérieure se termine par des enroulements [aux, fig. /424; 13ALSECS, fig. 780, 781]. Vitruve appelle encore pulvinus l'oreiller, partie saillante de la catapulte" 1TORMENTA]; le rebord formant dossier derrière le gradin où s'appuient les baigneurs dans le bassin du culdariure' [BafiNrium, p. 656j; un massif incliné de pierre, servant à la construction d'un port L PORTES p. 595p D'une manière générale le même nom, "minimes, désigne une élévation de terre quelconque, par exemple une plate-bande haussée en corbeille i1 013TC5, p. 285] ; l'amas formée entre deux tranchées ou sillons"; un banc de sable épaissi par le flux et le reflux de la mer18. Pulvinus' est encore le nom d'un appareil de bois, à coulisses, en pente, sur lequel glissait un navire pour être ramené sur le rivage E. Soeuo.