Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article PUMEX

PUIIEA, pierre ponce. Sous le nom de x%c-rct; ou xiaarlpts en grec', de punies' en latin', les anciens désignaient la pierre ponce, roche d'origine volcanique rLAPIDES, p. 932 et 933], légère, poreuse et friable 3. D'après Théophraste et Pline, les variétés les plus estimées venaient de 'Mélos, deyisyros et des îles Éoliennes'. La porosité était le caractère le plus remarquable de cette roche : aussi les mots x.Osariçoéô-r1ç', pumicosuse, avaient-ils le sens général de poreux. D'autre part, son peu de consistance nous explique que l'adjectif puaniceus' désigne des objets en pierre tendre, sans que celleci ait nécessairement une origine volcanique. La pierre ponce servait à différents usages. Aux environs des volcans, où il était facile de se la procurer àpeu de frais, on l'employait comme pierre à bâtir; c'est ce qui avait lieu notamment en Campanie, ainsi que l'ont PUP -768PUP prouvé les fouilles de Pompéi; l'extrême légèreté du pumex le faisait apprécier surtout. pour la construction des voûtes ; Pline prétend qu'on façonnait avec lui des grottes artificielles A Home, sous l'Empire, les élégants se frottaient le corps à la pierre ponce pour nettoyer la peau et la rendre plus lisse' : d'où l'épithète pumicalus appliquée à des personnages raffinés dans leur toilette et de manières efféminées '. Les libraires polissaient pareillement au purnex les feuilles de parchemin qui devaient recevoir des caractères d'écriture : toutes les rugosités de la surface disparaissaient et le travail des scribes était grandement facilité Les glossateurs donnent le nom de ,'xtAç, pumicator, à l'ouvrier qui préparait de la sorte les parchemins , Polir à la pierre ponce se disait pumicare . Les auteurs anciens s'étendent complaisamment sur les propriétés médicales problématiques de la pierre ponce'. La pierre de Samos (lapis salnius et la pierre arabe lapis arabicus), que Pline cite eu même temps que le purnex, n'étaient, semble-tu, que des espèces particuhères de pierre ponce. Avec la première on polissait l'or; on faisait des lotions et potions calmantes ". Avec la seconde, qui avait la teinte et l'éclat de l'ivoire, ruais non sa dureté, on composait des poudres pour les dents et des cataplasmes contre les hémorroïdes M. Bpssirit. poupée. Nous savons par plusieurs textes anciens que les mouleurs grecs fabriquaient des figurines en terre cuite coloriée, qu'ils mettaient en vente sur la place publique on appelait ces figurines jeunes filles, d'où le nom de coroplastes (X Àê.coTAÇ, xopéir).'i!Jot) donné aux modestes artistes qui en tiraient lent' gagne-pain, quoique ils traitassent bien d'autres sujets que la figure féminine ; mais cette extension de sens suffirait à prouver qu'elle tenait la première place dans leur industrie . Que ces statuettes fussent en grande partie destinées à amuser les enfants, c'est ce que nous apprennent aussi des témoignages remontant à l'antiquité même Ep'IGLINUM opus, p. 11341 . Les petites filles, en effet, comme on pourrait aisément l'imaginer, même sans le secours des textes, jouaient h la poupée. Plutarque, ayant perdu sa fille âgée de deux ans, rappelle à sa femme en termes émus les preuves que cette enfant leur donnait déjà de son intelligence et de son bon coeur: elle voulait que sa nourrice présentât le sein, non seulementà d'autres nourrissons, mais encore à ses poupées4. Les jeunes mariées, qui souvent chez les Grecs n'avaient pas plus de quinze ans, quelquefois moins, consacraient leurs poupées, avant la cérémonie nuptiale, dans le temple d'une divinité protectrice de leur sexe, telle qu'Artémis ou Aphrodite [XFATRIM0NIUXI1. Chez les Romains c'était d'abord aux Lares et aux Pénates que s'adressait, semble-t cet hommage; mais ils finirent par suivre aussila coutume grecque. Quelques monuments antiques nous montrent des enfants tenant des poupées entre leurs mains tel est le bas-relief reproduit dans la figure trouvé au Pirée, aujourd'hui au Musée Calvet, à Avignon ; on y voit un enfant qui porte jeune fille tenant une poupée'. Il est bien probable qu'une bonne partie des figurines en terre cuite recueillies dans les fouilles, et qui font aujourd'hui l'ornement de nos musées, ont été fabriquées pour servir à l'amusement des enfants; ce sont là les oeuvres de ces o; coroplastes o dont il est question dans les textes', seulement il n'est pas toujours aisé de décider quelles sont celles qui ont eu spécialement cette destination. Mais on ne saurait voir autre chose que des poupées dans toute une série de ces figurines, dont les membres sont rattachés au tronc, par des articulations; elles représentent en général une jeune femme debout, tantôt nue, tantôt vêtue ; quelquefois elle tient de cloaque main des crotales7, Ce type se retrouve VII. 97 PUP 769 PUR dans la Grèce propre, dans le Bosphore, en Asie Mineure, dans la Cyrénaïque, en Italie, en Gaule, partout enfin où a fleuri l'art des coroplastes. La figurine est ordinaire ment pourvue de quatre articulations; il y en a deux aux épaules et deux aux hanches; des trous percés dans l'argile encore fraîche livraient passage à une pointe de métal, qui restait fixée clans le tronc et servait d'axe à la partie supérieure de chaque membre. Ces terres cuites nous sont parvenues parce qu'elles sont inaltérables; mais elles avaient un grave défaut pour des jouets: c'est qu'elles étaient très fragiles. Celles qu'on faisait en cire coloriée n'étaient guère plus solides'. Mais il s'en est conservé d'autres en os et en bois; par exemple une poupée en chêne, haute de 30 centimètres, qui a été trouvée à Rome il y a quelques années (fig. 5883); elle est articulée non seulement aux épaules et aux hanches, mais encore aux coudes et aux genoux ; l'articulation est formée par un tenon engagé dans une mortaise et se mouvant autour d'une cheville; la coiffure ondulée est disposée en étages comme celle qui était à la mode au temps des Antonins. La plupart des poupées antiques que nous connaissons ont comme celle-ci fait partie d'un mobilier funéraire ; l'usage de les déposer dans les sépultures a persisté longtemps même au déclin du paganisme ; quelques-unes (fig. 5884) proviennent des catacombes de Rome ''. Les poupées de l'antiquité avaient, comme les nôtres, leur mobilier et leur ménage; Pausanias dit avoir vu dans le trésor du temple de Junon, à Olympie, un petit lit orné Fig. 5884. d'ivoire, jouet qui passait pour avoir ap partenu à Hippodamie; cette relique attribuée à une héroïne de la fable devait être en réalité un ex-voto de quelque jeune Grecque dont on avait perdu la souvenance 5. Il faut sans aucun doute assigner la même origine à une foule de petits pots (ix7 a p.aia, pocula) en terre cuite ou en métal conservés dans les vitrines de nos musées (LODl.i6, Les poupées avaient aussi leur trousseau (i vôétxxTx) ; la poupée de Rome portait encore, quand on l'a ramenée à la lumière, de minuscules bagues en or enfilées à ses doigts, et deux petits peignes en huis, qui ne pouvaient servir qu'à son usage, ont été ramassés à ses côtés s. Les anciens n'ont pas non plus ignoré le pantin. Les auteurs font souvent allusion à ces poupées qu'un fil (veïloov, nerrus) met en mouvement ; on en a un spécimen dans la figure 5885, d'après une terre cuite de la Russie méridionale' ; c'est un Hercule fait pour amuser les petits enfants; il tient d'un côté une massue et de l'autre un canthare ; la peau de lion couvre sa tête ; il est vêtu d'une tunique serrée à la taille par une large ceinture. Les jambes sont formées de deux pièces mobiles. De chaque côté du corps, à la hauteur de la taille, est percé un trou ; par là on faisait passer à l'intérieur du tronc, qui est creux, un fil de métal, sur lequel les jambes venaient s'enfiler. Un autre trou s'ouvre au sommet de la tête ; il devait livrer passage à une ficelle qui permettait de tenir le pantin suspendu; la moindre secousse suffisait à agiter les jambes. Ce grossier jouet peut nous donner une idée approximative des marionnettes très perfectionnées que l'on offrait en spectacle sur