Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article PYTHIA

PYTHIA (Bêles. Ilu6eéç). Jeux pythiques, les seconds en importance et en renommée des quatre grands jeux nationaux de la Grèce ; ils se célébraient tous les quatre ans au pied du mont Parnasse, en l'honneur d'Apollon. Ils étaient nommés IléOia d'après le nom ancien (Huln) du sanctuaire auprès duquel ils avaient lieu', le nom de Delphes étant, comme on le sait, de date relativement récente . Origines légendaires et historiques. La personnalité du dieu de Delphes n'ayant pris d'unité relative qu'à partir des invasions doriennes, on a, pendant longtemps, assigné à la religion apollinienne une origine purement dorienne . L'étude des aspects multiples de la divinité d'Apollon ne permet plus aujourd'hui d'accepter cette théorie simpliste0 : tout en reconnaissant le rôle important joué par les Doriens dans la diffusion du culte d'Apollon, on admet actuellement que ce culte u des racines plus lointaines et qu'il a existé sous les formes les plus diverses et dans toutes les parties de l'Hellade, longtemps avant que se fût formé le type du dieu dorien . A Delphes, l'établissement du culte d'Apollon semble être de date relativement récente Apollon apparaît dans la théogonie deiphique comme un jeune dieu qui ravit aux divinités plus anciennes leurs droits et leurs privilèges G. C'est peut-être de Crète que son culte fut introduit à Krisa d'abord, puis à Pythô , où le dieu delphinien ayant dépossédé Gaia de son antique sanctuaire, prit le caractère d'une divinité chthonienne . Sa victoire sur le serpent Python, ir dogme fondamental es de la religion pythique3 qui symbolise en quelque sorte la prise de PYT 785 PYT possession de l'oracle par le dieu nouveau, fut, d'après la légende, l'occasion directe de la fondation des jeux pythiques. Il n'y a pas lieu d'étudier ici les multiples transformations qu'a subies cette fable du dieu vainqueur du dragonqui, sous sa forme la plus ancienne ', n'est pas, il faut bien le remarquer, antérieure à. la fin du vue siècle avant notre ère °. Il nous suffit de savoir que la croyance générale des anciens était que les jeux pythiques avaient leur origine dans un ys)v t'rétoç célébré en l'honneur du dragon et institué, suivant les uns, par le dieu lui-même . Cet agôn ne comportait qu'un seul concours musical, un hymne chanté en l'honneur d'Apollon avec accompagnement de cithare °. Le premier vainqueur fut, d'après la légende, Chrysothémis de Crête . On cite après lui Pliilammon de Delphes, puis son fils Thamyris'. Orphée et Musée dédaignèrent de prendre pari au concours ; Hésiode en fut exclu parce qu'il était incapable de s'accompagner lui-même sur la cithare. Quant fi Homère, qui serait venu à Delphes pour consulter l'oracle, sa cécité l'aurait empêché de concourir'. A une époque plus récente, Terpandre aurait été vainqueur quatre fois de suite O. Ce qu'il faut retenir de toutes ces légendes qui tendent à donner à l'origine des Pythies un caractère religieux profondément marqué, c'est qu'il a dû exister de temps immémorial à Pythô un agôn musical en l'honneur d'Apollon". La nationalité attribuée par la légende au premier vainqueur de cet agôn permet, en effet, de supposer que le nome qui formait l'objet du concours était d'origine crétoise et qu'il fut introduit à Delphes par les prêtres qui y organisèrent le culte d'Apollon On conçoit aisément que cet hymne, destiné à célébrer les exploits du dieu, ait, dès une époque très reculée, provoqué une sorte d'émulation et donné lieu par la suite à un véritable concours. Ce concours se renouvelait tous les huit ans, où, suivant la façon de compter des anciens, chaque neuvième année ,, périodicité qui est en l'apport direct avec la partie de la légende apollinienne qui veut qu'Apollon ait expié par un exil de huit années le VI' meurtre de Python °. Lorsque, par l'initiative des Amphictyons, les Pythies furent devenues une fête pentaétérique, les cérémonies et les représentations mimiques du Septerion, qui commémoraient ce meurtre et l'exil du dieu et qui formaient comme le prélude local de la panégyrie, n'en continuèrent pas moins à se célébrer tous les huit ails seulement [sEPTEutoN] '«. Le retour périodique du concours musical primitif se produisait la troisième année de chaque Olympiade impaire tO, le second mois du calendrier de Delphes, Boukatios , qui correspond au mois attique de Metageitnion (août-septembre). Le prix décerné au vainqueur consistait en objets de valeur l'agôn était frrç ' Nous ne possédons guère de renseignements sur le cérémonial primitif des Pythies et ce n'est que par analogie avec celui de l'époque historique qu'on a pu essayer d'en retrouver le caractère 10 Placée sous la direction des Delphienst0, la fête, d'abord purement locale, ne tarda pas sans doute à prendre une importance plus grande. L'autorité croissante de l'oracle, en attirant à Pytbô un nombre de plus en plus considérable de fidèles ,, ne pouvait manquer d'avoir une influence prépondérante sur le développement du concours et l'on peut affirmer que celui-ci avait déjà le caractère d'une panégyrie nationale lorsque, par suite d'événements extérieurs, l'agonothésie passa aux mains de l'Amphictyonie pyléenne Ce changement se produisit au commencement du vie siècle avant notre ère. La ville de Delphes, placée sous la domination de la puissante cité phocidienne de Krisa avait toujours supporté avec peine cette lourde suzeraineté '. De leur côté les Kriséens, jaloux de l'importance et de la prospérité croissantes du sanctuaire deiphique, ne se faisaient pas faute de rançonner et de piller, voire même de massacrer, les pèlerins qui se rendaient à Pythô en traversant leur territoire '25, Las de ces déprédations qui avaient fini par entraver la libre consultation de l'oracle et par former un obstacle à la célébration régulière de l'agôn du dieu, les Delphiens 99 PY,l' 786 P YT Topographie de Delphes. L'ancienne ville de Del ~G` = Gradins du Sud- Pythiques VIII 6, X7 et X13, La translation du stade de Kirrha à Delphes doit avoir eu lieu dans la seconde moitié du ve siècle avant notre ère : elle a coïncidé sans doute avec un changement dans l'administration du sanctuaire °. C'est également dans la plaine de Kirrha que devait se trouver l'hippodrome ", probablement dans le voisinage du stade ; on n'en a, jusqu'à présent, retrouvé aucun vestige ". Le gymnase de Delphes, l'un des plus complets et des plus intéressants que l'on ait découverts, était situé au sud-est du sanctuaire, entre le temple d'Athéna Pronaia et la fontaine Castalie. Bien que ses diverses constructions soient rasées en grande partie, on a pu en rétablir le plan de la façon la plus exacte. L'établissement comprenait un gymnase proprement dit avec un portique de 180 mètres de long et une palestre contenant des installations de bain très complètes. Ces constructions datent, pour la plupart, du Ive siècle avant notre ère (fig. 5905)12. Organisation et direction des jeux; la trêve sacrée. -Nous avons dit qu'au lendemain de la première guerre sacrée, après la destruction de Krisa et de Kirrha, et la consécration à Apollon de tout le pays environnant, les Amphictyons avaient pris en mains l'administration du territoire de Delphes en même temps que l'organisation et la direction des jeux13. Les DeIphiens dépossédés de l'agonothésie ne conservaient pour eux que les fonctions PYT '787 PYT la scène, le dallage de l'orchestre et les gradins destinés aux spectateurs ; il paraît dater du milieu du ne siècle avant notre ère'. En sortant du téménos par la porte qui était placée au bas duthéâtre, on atteignait en quelques minutes le stade situé dans la région la plus haute de Delphes'. Les fouilles de l'École française d'Athènes en ont mis au jour les restes extrêmement bien conservés ; c'est le stade le plus beau et le plus complet qu'on ait jusqu'à présent découvert en terre grecque (fig. 5904)', L'arène proprement dite formait un rectangle très de 5000. Parmi les gradins du côté nord des sièges d'honneur étaient réservés aux agonothètes, à peu près vers le milieu de la piste. Le stade tel qu'il nous a été conservé est l'cuuvre d'Hérode Atticus ; mais une inscription découverte dans les substructions des gradins du côté sud a permis d'établir que dès le "t' siècle avant notre ère l'arène occupait déjà le même emplacement'. Avant cette époque il est probable qu'il était situé dans la plaine de Kirrha. Cela ressort des expressions employées par Pindare pour désigner les victoires athlétiques qu'il a chantées dans les allongé, limité sur les longs côtés par les gradins, sur les petits par deux lignes de pierre marquant le point de départ et le point d'arrivée. La longueur d'un bout à l'autre était de 178m.35; la largeur aux extrémités est et ouest, de 25 m.25 et de 25 m.65, au milieu de 28 m.50 : les longs côtés formaient donc des lignes courbes, particularité qui s'observe également dans le plan du stade d'Athènes. Les dalles qui marquaient les deux extrémités du champ de course de l'arène portaient, comme à Olympie, deux sillons taillés en biseau que le pied devait toucher au départ et dépasser à l'arrivée, ainsi que des cavités carrées destinées à recevoir les poteaux de bois entre lesquels se plaçaient les concurrents : il y avait à l'extrémité est 17 ou 18 places. L'arène était complétée à chaque bout par un are de cercle : dans l'hémicycle est était disposée une sorte de porte monumentale par laquelle les athlètes et les juges des concours pénétraient sans doute en procession solennelle. L'arène tout entière était entourée de gradins de pierre qui ne descendaient toutefois pas jusqu'au sol, mais reposaient sur un mur assez élevé. Il y avait 12 gradins du côté nord, 6 du côté sud et autant dans l'hémicycle ouest; à l'extrémité est les bancs taillés dans ïa montagne même étaient au nombre de cinq seulement : placés en arrière de la porte monumentale, ils devaient être peu confortables. En tout, les gradins pouvaient donner place à environ 7 000 spectateurs t ; le théâtre ne devait pas pouvoir en contenir plus Mais les Amphictyons n'avaient pas seulement à maintenir l'intégrité du domaine sacré; ils avaient aussi à le mettre en valeur t6 et à veiller d'une manière générale à la conservation des revenus du dieut2 [AMPHICTY0NE5]; ils dirigeaient toute l'administration financière du sanctuaire Ils étaient chargés aussi de l'entretien et de la police des lieux sacrés. C'étaient eux qui décidaient des travaux à faire au temple d'Apollon", qui devaient, à. l'approche des Pythia, mettre en état le gymnase, le stade, l'hippodrome, le théâtre , Bien plus, chaque hiéromnémon avait à veiller dans son pays à l'entretien des routes et des ponts que suivaient, pour se rendre au sanctuaire, les théories ou députations sacrées C'étaient eux encore qui présidaient aux travaux d'embellissement20, à l'érection des statues et des monuments de tout genre qui faisaient de l'enceinte sacrée de Delphes l'un des plus merveilleux centres d'art de la Grèce entière Si Ces monuments, ces statues et, en général, toutes les offrandes qui remplissaient le sanctuaire, ils PYT 788 PYT sacerdotales, auxquelles les Amphictyons ne paraissent jamais avoir eu pari'. Delphes était devenu une cité autonome de la ligne phocidienne 2, et plus tard même son indépendance complète fut reconnue par tous mais cette indépendance était, en réalité, limitée par l'autorité toute puissante qu'exerçaient, les Amphietyons sur l'administration du sanctuaire'. En fait, Delphes se trouva, après la guerre (le Krisa, placée sous la suzeraineté des Thessaliens qui jouissaient, au sein de l'arnphictyonie, d'une influence prépondérante, influence qu'ils conservèrent jusqu'à l'usurpation des Étoliens ". avant notre ère précise les conditions dans lesquelles les délégués de l'Amhictyonie, les hiéromnémons, devaient exercer cette surveillance". Le maintien ou la revendication des limites du territoire sacré contre les empiétements des voisins occupa à plusieurs reprises les Amphictyons. Les deux guerres sacrées qui éclatèrent du temps de Démosthène furent motivées l'une et l'autre par des empiétements de ce genre 13. A l'époque romaine encore, les limites de l'enceinte de Delphes furent régularisées plusieurs fois conformément aux décrets des hiéromnérnons 13 En dépit des tentatives que tirent, à plusieurs reprises, les Phocidiens, pour recouvrer leurs anciens droits soir l'enceinte sacrée', l'autorité de l'Amphictvonie y resta toujours souveraine. A l'époque même de la toute puissance de la ligue étolienne, entre les années :too et 190 avant notre ère, les formes extérieures tout au moins de cette autorité furent respectées . Les Romains, qui rendirent à Delphes son autonomie, rétablirent en même temps l'amphictyonie dans tous ses droits5. Il n'y a pas lieu de rapporter ici avec plus de détails les multiples événements auxquels Delphes et l'amphictyonie se trouvèrent mêlés au cours des siècles-', ces événements n'ont pas eu d'influence directe sur l'histoire particulière des jeux . Une des charges les plus importantes de 1'Amphictyonie était de veiller à ce que les limites du territoire sacré fussent respectées, et à ce que personne n'en culti vât le sol ou n'y élevât des constructions r.ASEPIIICTY0NE5] ". Une loi amphict\onique du commencement du jv° siècle PYT -789---PYT avaient naturellement à les protéger contre les déprédations et le volt. Ils édictaient des peines sévères contre les sacrilèges qui se rendaient coupables de pareils actes, comme contre tous ceux qui contrevenaient à leurs règlements 2, tandis qu'ils comblaient d'honneurs et de privilèges ceux qui rendaient au dieu des services signalés . La compétence des hiéromnémons n'était pas moins grande en ce qui concerne l'organisation et la direction des jeux et des cérémonies religieuses qui accompagnaient ceux-ci. Leur activité en pareille matière devait être double. En assemblée du conseil amphictyonique4, ils décidaient des mesures à prendre en vue de la célébration prochaine des jeux : mise en état des locaux où devaient avoir lieu les concours, préparatifs des sacrifices, dépenses de la pompe sacrée, modifications à apporter au programme des jeux, proclamation de la trêve sacrée, envoi de théores chargés d'annoncer la panégyrie et d'inviter les différentes cités à y assister, etc. . Des peines sévères étaient édictées contre ceux des hiéromnémons qui ne se conformaient pas aux décisions prises ou qui ne veillaient pas à leur stricte exécution B. D'autre part, à l'époque même des jeux, ils avaient à jouer le rôle actif d'agonothètes . La présidence des jeux leur appartenait de droit et elle resta l'apanage particulier des Thessaliens aussi longtemps qu'ils conservèrent une influence prépondérante au sein du conseil amphictyonique . Ceux des hiéromnémons qui étaient plus spécialement chargés de la direction pratique des concours portaient le nom d'épimélètes (c)-() 9; leurs fonctions correspondaient à peu près à celles des hellanodikes d'Olympie '° et leur nombre, comme celui de ces derniers, a dû varier suivant les époques, au fur et à mesure qu'augmentaient le nombre et l'importance des concours". Ils avaient pour mission de recevoir et d'inscrire les concurrents, de régler les détails de chaque concours et de veiller à ce que tous les participants se conformassent aux règles établies". Comme les hellanodik'es, ils avaient sans doute à côté d'eux des sxo-r1yo6st, chargés de maintenir l'ordre et de leur prêter main-forte à l'occasion 11. Les hiéromnémons remplissaient le rôle de juges des concours°0 et distribuaient les prix aux vainqueurs °. Ils avaient le droit d'accorder un siège au premier rang (l7potlp(x) à tous ceux qu'ils voulaient récompenser d'un service important 10; ils octroyaient de même des privilèges à ceux qui contribuaient d'une manière quelconque à rehausser l'éclat des jeux1. C'étaient eux, enfin, qui étaient chargés de faire respecter la trève sacrée et d'assurer à chaque cité le libre accès du sanctuaire 18 Les serviteurs (tu;) et le héraut sacré ()epo)cps), qui étaient placés sous les ordres des hiéromnémons 19, coopéraient sans doute aussi à la police des jeux 29, Les Amphictyons ne se départirent en aucune circonstance de leurs droits à l'agonothésie et il n'y a pas d'exemple que ceux-ci leur aient jamais été enlevés de force. Les personnages puissants ou riches, qui tenaient à honneur d'organiser les jeux avec une pompe et un luxe exceptionels, n'en devaient pas moins accepter la collaboration des Amphictyons et se conformer à toutes les règles établies par ceux-ci". Jason de Phères qui, en sa qualité de généralissime thessalien, voulut en l'année 370 av. J-C., présider les Pythia et qui fil faire, dans ce but, des préparatifs grandioses, fut assassiné avant d'avoir pu mettre son projet à exécution 22. Quelques années plus tard, en 346, Philippe de Macédoine, qui venait de mettre lin à la guerre phocidienne et de rétablir dans ses droits le conseil amphictyonique réformé, voulut à son tour présider la solennité des jeux, mais il ne put le faire qu'avec le concours des Béotiens et des Thessaliens23. Quant au riche Thessalien, Hippodromos, qui, sous l'empereur Sévère, contribua par deux fois à donner aux Pythia un éclat tout particulier, il faisait partie lui-même du conseil amphictyonique2t. La seule célébration « extra-légale e des Pythia que la tradition ait eu à enregistrer est celle de l'année 90 av. J-C. Les jeux furent, cette année, célébrés àAthènes sur l'ordre de Démétrius Poliorcète qui voulut, par cette dérogation à la règle, protester contre l'influence trop grande que les Etoliens avaient prise à Delphes 2. Le conseil amphictyonique siégeait deux fois chaque année : à l'automne et au printemps, et à chaque session semestrielle, les hiéromnémons se réunissaient successivement aux Pyles et à Delphes2t. Tous les quatre ans, la date de la réunion d'automne devait coïncider avec celle des Pythia, puisque c'était l'Amphictyonie réunie à. Delphes qui organisait et présidait la fête pentétérique 27 : c'est ce qui ressort expressément de plusieurs inscriptions 38. Deux de ces inscriptions, qui remontent au ii" siècle avant notre ère, portent comme date de la C'est donc au mois delphique de Boukatios, lequel correspond au mois attique de Metageitnion (août-septembre) que se célébraient les Pythia36. Le décret PaIT 790 -PYT amphirtyonique de 380 fixe également au mois de Beuh'ptios l'époque des jeux' Celte date est encore continuée par l'histoire du roi (le Sparte. Agésilas, qui, après avoir été victorieux à Coronée dans la seconde moitié du mois d'août de l'année 391 av. J-C., se rendit à Delphes pour consacrer à Apollon la d'Une du butin qu'il avait lait en Asie et y parvint à temps pour assister aux jeux2, ce qui donne à supposer, en outre, que c'est, non pas à la fin, mais au commencement du moin, entre le 15 août et le 5 septembre environ, que se célébraient les jeux , Les incertitudes et les fluctuations des différents calendriers grecs ne permettent pas de préciser davantage. Encore n'est-il pas prouvé que cette date soit restée la même à toutes les époques. Certaines inscriptions de la seconde moitié du Iv' siècle avant notre ère placent, en effet, la ooci)xix êoowtt'u èt, de Delphes au mois de 'Ii vnç (septembre-octobre) , D'autre part, il parait bien résulter, ruais ce peut n'être là qu'un fait d'exception d'un passage de la Allie Olympique de Pindare", que l'année où le Corinthien ThessaIos fut vainqueur aux jeux pythiques (vers l'année 504 avant notre ère), ceux-ci avaient été célébrés au mois d'Apellaios, (lui, dans le calendrier delphique, précède le mois de Boukutios G. Quoiqu'il en soit, on ne saurait admettre que la date d'une fête qui, comme celui des Pvtliia, marquait le point de départ d'une ère chronologique, ait subi des variations brusques et fréquentes. Elle a dû rester sensiblement la même pendant de longues périodes de temps et ne se déplacer que lentement sous l'influence d'événements extérieurs que nous ignorons. Quant à la durée des jeux, il en a été de même à Delphes qu'à Olympie. Si, au début, une journée a pu suffire pour le concours musical qui composait à lui seul le programme, l'extension progressive de ce programme et des cérémonies religieuses qui l'encadraient a nécessité, par la suite, jusqu'à six et sept journées Plusieurs semaines avant l'ouverture des solennités pythiques et plusieurs semaines après leur clôture, la trêve sacrée, ixn/oopv, protégeait contre toute attaque les pèlerins qui se rendaient au sanctuaire ou qui s'en retournaient dans leur patrie. Elle suspendait les hostilités dans la Grèce entière '. Il est difficile d'en préciser la durée, mais si l'on songe aux distances parfois très considérables qu'avaient à parcourir les speclmmcteurs et les théories sacrées, aux multiples préparatifs que nécessitaient l'organisation des jeux et la mise en état du sanctuaire, aux fêtes et réunions de toute espèce qui précédaient et suivaient la célébration de ceux-ci, il ne paraîtra pas exagéré de fixer cette durée à trois mois Les Àmptuclyoni veillaient sévèrement à l'observance de la trêve sacrée ils excluaient du sanctuaire ou frappaient d'amende ceux qui ne l'observaient pas" et ils allèrent parfois jusqu'à prendre les armes contre ceux qui l'avaient volontairement rompue". Le programme et la ràqienentation des concours ; les i'al'nrjueuo'é. Ce qui différenciait surtout les jeux pythiques des autres grands jeux de la Grèce, c'était l'importance considérable den concours musicaux Nous avons vu qu'à l'origine, un concours musical, celui de la citharédie, constituait à lui seul le programme de l'agôn delphique ". Le nome citharédique (lui formait l'objet de ce concours, était une sorte de cantate lyrico épique, dune allure grave et sévère, qui avait son plan et ses divisions obligatoires et dont le thème principal était sans doute la lutte du dieu avec le serpent Python". Il était chanté par un ténor en costume d'apparat qui devait s'accompagner lui-même sur la cithare ou sur la lyre". Le nome ('itharédique était le genre apolnien par excellence et il conserva jusqu'à la fin la première place parmi les concours pythiques ', Chr\'sotllémis de Crète et Philammon de Delphes passaient pour en avoir les premiers établis les règles V , mais le genre fut perfectionné surtout par Terpandre auquel la tradition attribuait quatre victoires successives à Delphes ". A cet (inique concours primitif vinrent s'ajouter, lors de la première restauration des jeux par les Amphictyons (01. 47,3 = 590 av. J.-C.), en même temps quo des concours gymniques et hippiques, deux concours musicaux nouveaux : un concours de solo de flûte (aulétique), et un autre de chant avec accompagnement de flûte (aulodm) t0, Le premier seul resta jusqu'à la fin au programme des jeux ; l'aulodie qui exigeait le concours de deux artistes : le chanteur (aulode) et l'instrumentiste (amzlète), n'eut qu'une faveur éphémère. Dès l'année 58e, lorsque les Amphictyons transformèrent l'ancien agôn pythique en agôn ovoavér'rà, ils supprimèrent du programme cette musique o qui paraissait terne et peu convenable aux solennités d'apparat o uO Ecliembi'otos d'Arcadie, qui avait remporté le prix huit ans auparavant, resta l'unique vainqueur de ce concours". En même temps qu'Echensbi otcls triomphait comme aulode, l'Argien S5icadas remportait le prix d'aulétique ii fut également proclamé vainqueur aux concours de l'année 58 et de l'année 578 av. J-C. (première et deuxième pythiades régulières) '2. L'œure qui lui valut ces triomphes répétés et qui assura à jamais sa réputation, est appelé pal' les anciens nome pythique mégot izultxé; ou simplement pythiron. Comme le nome cittlarédique, c'était une composition musicale dont le plan et les divisions étaient obligatoires et sur le canevas inva PYT 791 P\T riable de laquelle avaient à s'exercer le talent et l'habileté des virtuoses. La musique en était essentiellement descriptive et imitative ; elle s'efforçait de dépeindre les diverses phases de la lutte d'Apollon et du serpent Python. Pollux nous a transmis le plan détaillé du nome pythique. I! comprenait cinq parties : dans la première (naipx), le dieu se préparait au combat ; dans la seconde (XXT txo)uucyéç), il lançait son défi; la troisième (%dy,é:x*ilv) dépeignait le combat et l'agonie du monstre ; la quatrième (G rovâsïov) célébrait la victoire d'Apollon ; la cinquième (xxTxydpeuQtç) était le chant de triomphe du dieu. Ce plan imaginé par Sacadas ne subit, au cours des siècles, que des modifications de détail sans importance'. L'instrument employé par les aulète.s aux concours de Delphes était la flûte à anche; vers l'époque de la conquête macédonienne, toutefois, l'usage s'établit de combiner l'emploi de cet instrument avec celui de la syringe 2. Après Sacadas, le pythaule !c'est ainsi qu'on appelait l'aulète soliste) le plus illustre fut Pythokritos de Sicyone; il remporte six fois de suite le prix à Delphes'. A la VII° Pythiade (558 av. J.-C.), le programme musical de l'agôn delphique fut complété par un concours de solo de cithare, dont le plan fut calqué sur celui du nome pythique ; il ne comportait pas en général l'emploi du plectre. Le premier vainqueur fut Agélaos de Tégée Quant aux concours poétiques et dramatiques dont parlent Plutarque et Philostrate", il est impossible de préciser la date à laquelle ils furent introduits à Delphes1; toutefois l'existence de concours de ce genre, célébrés à Delphes même par la Pythaïde athénienne au ue siècle av. J.-C. (voir 792 et suiv.), indique bien que cette partie des jeux existait déjà à l'époque grecque. Le seul vainqueur connu du concours de tragédie est le Byzantin Clemens, qui remporta le prix en l'année 195 de notre ère'. Pline 9 mentionne également un concours de peinture, dans lequel Timogoras de Chalcis fut vainqueur ; on ne sait pas non plus à quelle époque en remonte l'institution, mais s'il est vrai que Timagoras eut pour concurrent le frère de Phidias, Panainos, c'est donc que le concours existait au ve siècle av. J.-C. Les luttes gymniques et hippiques n'avaient pas à Delphes la haute antiquité des concours musicaux ; il ne faisaient pas, comme ceux-ci, partie intégrante du culte d'Apollon. Nulle légende n'entourait leur origine; ils étaient une création des hommes en même temps qu'une importation du dehors. Lorsqu'après avoir abattu prisa, les Amphictyons voulurent restaurer avec éclat l'ancien agôn du dieu, ils ne purent faire mieux que de prendre exemple sur ce qui se faisait à Olympie. C'est ainsi qu'ils introduisirent en une fois à Delphes tous les concours gymniques qui se pratiquaient à cette époque dans la vallée de l'Alphée ; ils y ajoutèrent deux concours pour les nxïoeç : la course longue (odk fo;) et la course double S!au2c,;, qui n'existaient pas ii, Olympie tle En 498 av. J.-C. (01. 70,3 = Pyth. 22), ils y ajoutèrent encore la course année" et en 346 (01. 108,3 = Pyt17. 60), le pancrace des erxièeçi2, lequel ne fut institué à Olympie que 146 ans plus tard ". Nous n'avons pas de renseignements positifs en ce qui concerne les concours hippiques. Pausanias nous dit qu'à la première restauration des ,jeux, les Amphictyons adoptèrent le programme complet d'Olympie, à l'exception de la course des chars'". On peut donc admettre que dès cette époque, le concours du zi )t-qç (cheval monté), tout au moins, avait été introduit à Delphes". Ce concours exigeait moins de préparatifs et de frais que celui des quadriges et l'on comprend que les Amphictyons aient dû s'en contenter, lors de la fête presque improvisée de l'année 590. Mais des la célébration suivante (382 av. J.-C.), la course des chars prit place au programme delphique, en même temps que les jeux étaient élevés au rang d'-o' cre ixe"v'rç, deux faits qui consacraient définitivement l'importance de la panégyrie pythienne. Le premier vainqueur à la course des quadriges fut Clisthène, tyran de Sicyone13 Au Ive siècle, quatre concours hippiques nouveaux furent successivement introduits à Delphes. Les deux premiers, la course des chars attelés de deux chevaux adultes (cuvwçé;) et celle des chars attelés de quatre poulains vrtOcnnov ,rw),trév), qui furent institués l'un en 398 (01. 95,3 Pyth. 47), l'autre en 378 (O11. 100,3 Pyth. 52) 17, étaient empruntés au programme olympique; les deux autres, la course des poulains montés (xË).7Iç nwÀll'o7 et celle des chars attelés de deux poulains (ariw~lç nw),tx 1, institués en 338 (01. 110,3 =P', th. 62) et en 311 (01. 116,3 = Pyth. 68) 13, étaient des créations nouvelles qui ne firent leur apparition à Olympie qu'au siècle suivantes. Le peu de renseignements que nous possédons sur l'organisation et la réglementation des concours que nous venons d'énumérer, doit nous faire supposer qu'en empruntant le programme gymnique et hippique d'Olympie, les Amphictyons avaient adopté en même temps les règles établies pour en assurer l'exécution normale". C'est ainsi qu'à Delphes comme à. Olympie la loi défendait d'entrer en lice à tout concurrent qui était arrivé en retard". C'était le sort qui désignait les concurrents et la victoire èx_,v:n'était admise que lorsque l'athlète avait épuisé toutes les chances de rencontrer un adversaire qui voulût bien se mesurer avec lui 2"•. Une inscription trouvée en contre-bas du stade nous apprend qu'il était interdit aux athlètes qui se préparaient à concourir à Delphes de boire du vin 23 ; avant d'entrer en lice, ils offraient un sacrifice au héros Eudromos, dont le sanctuaire se trouvait sans doute à proximité du stade 24. Tous les concours gymniques avaient lieu dans le stade. Une inscription qui donne le compte des sommes dépensées sous l'archontat de Dion (258 av. J.-C.) pour PYT 792 PYT la préparation des Pythia, nous montre comment on appropriait l'arène aux différents exercices qui devaient s'y succéder'. Avant la construction du théâtre dont nous avons parlé plus haut, c'est également dans le stade qu'avaient lieu les concours musicaux. L'inscription précitée nous dit qu'on y élevait à cet effet un proskénion, sans doute en bois, sur lequel prenaient place les exécutants'. Nous sommes assez mal renseignés sur l'ordre exact dans lequel se suivaient les nombreux concours qui formaient le programme agonistique des Pythia. Plutarque rapporte que les concours musicaux précédaient les luttes gymniques 3. Il parle, il est vrai, d'une époque relativement récente ; mais l'on peut admettre, sans craindre de se tromper, qu'il en fut toujours ainsi. Sans parler de l'esprit conservateur des Grecs en pareille matière, il est vraisemblable que la haute antiquité des concours musicaux et leur relation intime avec le culte d'Apollon leur aient, de tout temps, assuré la première place Sophocle nous rapporte de son côté que les concours hippiques avaient lieu au lendemain des concours gymniques De ces quelques indications mises en rapport avec ce que nous savons des usages olympiques", nous pouvons conclure que, dès le ve siècle, la partie agonistique des Pythia devait s'étendre sur quatre à cinq journées, la première étant consacrée aux concours musicaux, la deuxième, la troisième et probablement aussi la quatrième aux luttes gymniques, la cinquième enfin aux hippodromies. Il faut remarquer toutefois que, contrairement à ce qui se pratiquait à Olympie, les concours pour axGo; n'étaient pas groupés en une seule journée ; ils alternaient avec ceux des hommes faits, ceux-ci venant toujours en second lieu'. Cette disposition donnait aux athlètes qui prenaient part à plusieurs concours la faculté de reprendre haleine et de se reposer, et c'est ce qui avait permis sans doute de donner à Delphes aux concours des 7rxiôsç une importance qu'ils n'avaient pas à Olympie a. Le prix décerné aux vainqueurs était une couronne de laurier 9. De même qu'à Olympie, c'était un enfant dont le père et la mère étaient encore en vie (ûµytOzÀ,iç) qui était chargé d'aller couper dans la vallée de Tempé les rameaux du laurier sacré 1°. En même temps qu'il le couronnait, le chef des épimélètes plaçait une palme dans la main droite du vainqueur tt Il était permis à tout pythionike de faire ériger à Delphes une statue commémorant son triomphe'3. Un grand nombre d'inscriptions ont été retrouvées qui font mention de ces statues 73. Celles-ci se trouvaient, pour la plupart sans doute, placées en dehors de l'enceinte sacrée, car c'est seulement après en avoir parlé, fort brièvement d'ailleurs, que Pausanias pénètre dans le sanctuaire et en commence la description. C'était parfois la patrie des vainqueurs qui faisait les frais du monument 14. Les pythionikes célébraient quelquefois leurs victoires Delphes même par des fêtes de grand apparat. Une inscription nous apprend qu'au ne siècle avant notre ère, le joueur de flûte Satyros de Samos, vainqueur sans combat, avait fait exécuter dans le stade, après les concours gymniques, un choeur et un morceau de cithare, tirés des Bacchantes d'Euripide ''. Nous savons par plusieurs textes anciens qu'Aristote avait composé un catalogue des vainqueurs pythiques (HuOrovtr.tvv âvxtpxprl) 1". Une inscription de Delphes parle d'une copie de ce document conservée dans le temple d'Apollon : elle comprenait, outre la liste des vainqueurs, l'histoire de la fondation des jeux. Ce travail avait pour auteur, en même temps qu'Aristote, le neveu et disciple de celui-ci, Callisthénès; il paraît avoir été rédigé entre les années 340 et 334 avant notre ère". Cérémonies religieuses et théories sacrées; la Pythaïde athénienne. De même qu'à Olympie, la célébration des jeux était entourée à Delphes d'un cérémonial religieux fort important. Nous n'avons pas, toutefois, de renseignements bien précis sur l'ordre dans lequel se succédaient ces cérémonies. Les déductions que M. Aug. Mommsen a tirées à ce sujet du texte de la loi amphictyonique de 380 n'ont que la valeur d'hypothèsest6. En arrivant à Delphes et avant d'entrer virtuellement en fonctions, les hiéromnémons offraient, semble-t-il, un triple sacrifice (rptrruç) à Apollon". Nous savons également qu'au cours des exercices, les concurrents offraient en commun des sacrifices au dieu et au héros Eudromos 20. Mais la cérémonie la plus imposante, celle qui devait exciter au plus au point l'enthousiasme des fidèles accourus en foule de tous les pays de l'Hellade, c'était, sans aucun doute, la pompe solennelle qui se rendait processionnellement au temple d'Apollon et à laquelle prenaient part les théories sacrées envoyées par les peuples de l'amphictyonie. Ceux-ci tenaient à rivaliser entre eux de magnificence et de générosité ; les auteurs anciens parlent avec admiration des présents splendides qu'ils apportaient au dieu de Delphes, des longues files de victimes destinées au sacrifice qu'escortait au milieu des chants et des danses le cortège des députés en costume d'apparat'-'. Cette pompe solennelle se déroulant pala voie sacrée, entre la double rangée des ex-voto et des monuments qui emplissaient le sanctuaire delphique, devait être un spectacle d'une beauté incomparable. [Athènes prenait souvent une part importante à ces fêtes de la panégyrie: c'est ce qu'on appelait la HuOaiç ou IIuetxç''-. Cette solennité n'avait pas lieu à des intervalles réguliers ; tantôt elle coïncidait avec la grande fête PYT 793 PYT de Delphes du mois d'août, tantôt elle se plaçait à un autre moment, soit en juillet, soit en septembre. En effet, d'une part, l'envoi de la théorie dépendait des dispositions de la cité, de son désir de rendre hommage au dieu Pythien, de ses ressources pécuniaires ou des événements politiques; d'autre part, une fois l'ambassade résolue, on devait observer pendant trois mois, à raison de trois nuits et de trois jours consécutifs pendant chacun de ces mois, le ciel au-dessus de l'Harma, près de Phylé, et voir jaillir des éclairs de ce côté: l'observation se faisait de l'autel de Zeus Astrapaios, entre le Pythion et l'Olympieion1.11 en résulte que la Pythaïde n'avait ni année ni mois fixe. Le départ pouvait avoir lieu soit dans le trimestre juillet-août-septembre, soit dans le trimestre août-septembre-octobre'. Au Ive siècle av. J.-C. nous voyons dix hiéropes conduire à Delphes la théorie composée des citoyens les plus notables et les plus riches, car les frais étaient assez considérables Mais c'est surtout au ne siècle que la cérémonie prend un développement magnifique. Les neuf archontes ayant à leur tête l'archonte éponyme, accompagnés du héraut de l'Aréopage, du héraut de l'archonte et d'un joueur de trompette, conduisent la députation dont le chef prend le titre d'archithéore4. A ce groupe s'adjoint le premier stratège de la cité, commandant en chef des forces militaires, le prêtre d'Apollon Pythien à Athènes, deux exégètes, membres de la famille des Eupatrides, un hiéromnémon, représentant d'Athènes dans le conseil de l'Amphictyonie, un devin, le flûtiste et le héraut d'Apollon à Athènes, enfin deux personnages chargés des revenus à payer au dieu 5. Le corps même de la procession se divisait en théores et en pythaïstes, dont la distinction n'apparait pas très claire, car on trouve dans l'un et l'autre groupe des gens désignés par le peuple, d'autres représentant leur tribu ou députés par une famille noble ou par un collège. Il y a des pythaïstes nommés à vie, d'autres tirés au sort ; on trouve aussi des enfants parmi eux. Ce qui paraît plus certain, c'est que les théores jouaient un rôle passif, représentant le peuple ou le groupe qui les envoyait, tandis que les pythaïstes prenaient une part plus active aux cérémonies'. Des éphèbes en armes et des cavaliers servaient d'escorte à la procession qui, partie d'Athènes et traversant la Béotie et la Phocide, devait mettre de longs jours à parvenir au sanctuaire delphique 7. Dans les inscriptions conservées, le nombre des éphèbes varie de soixante à quatre-vingt-dix environ ; celui des cavaliers de soixante à quatre-vingts ". On trouve mentionné une fois à côté d'eux un peloton de trente cucrpz'uolzat, peut-être des hoplites Enfin des femmes sont adjointes au cortège : huit à treize canéphores, une pyrphoros qui devait rapporter à Athènes sur un char le feu sacré pris à l'autel de Delphes 10 [PYRYROROS], et une prêtresse d'Athéna 11.] [On comprend que l'arrivée au sanctuaire d'une députation aussi considérable devait prendre les proportions d'un véritable événement et revêtir le caractère d'une fête nouvelle, qui se greffait sur la solennité officielle. Les théores étaient reçus et logés à Delphes par des VII. proxènes 12. Les jours suivants, après les sacrifices, la pythaïde célébrait des jeux auxquels prenaient part surtout les Athéniens, mais auxquels, dans certains cas, étaient peut-être admis les Delphiens et autres étrangers 1U. Les documents conservés ne mentionnent pas d'àytùv y9µvtxdç, mais ce n'est pas une preuve qu'il n'y en ait point eu 1=. Nous avons des listes de cavaliers vainqueurs dans l'à-(tùv E777ctxç (course simple et course double pour le cheval de course; course double sans armes et course double en armes pour le cheval de guerre ; course de chars avec apobate 15). Le programme comprenait aussi, comme dans les jeux officiels, des auditions musicales, des représentations dramatiques, des récitations de poésies, faites par le collège des artistes dionysiaques d'Athènes et par une autre association dont le nom nous est ici conservé, le collège des poètes chantaient des péans en l'honneur d'Apollon, groupés en choeur de trente-neuf à quarante-deux ou quarante-trois personnes (yyaç yopéç), accompagnés par huit citharistes et, six flûtistes 11. Ce sont des péans de ce genre dont on a retrouvé des spécimens, gravés sur marbre, dans les fouilles de l'École française et qui constituent actuellement les plus importants documents que nous ayons conservés sur la musique grecque "1. [Les auditions musicales n'étaient pas toujours accompagnées de chant; on écoutait des joueurs de flûte ou des citharistes. Enfin on dansait des choeurs autour de la thymélé et on jouait des pièces sur le théâtre. Parmi les auteurs nommés nous trouvons deux poètes tragiques, cinq auteurs de drame satyrique; parmi les acteurs, deux tragédiens avec sept acteurs secondaires, quatre comédiens avec six cuvaywtaza(; les accompagnements sont exécutés par trois a)arlca(, un 'poétiques sont mentionnés trois poètes épiques et trois rhapsodes 191 [On voit l'éclat de ces fêtes, en échange desquelles les Delphiens ne ménageaient pas aux pythaïstes et aux artistes les honneurs et les récompenses, même les statues 20. Dans l'enthousiasme de cette renaissance du culte delphique, on décréta en l'an 97 av. J.-C. de rendre les Pythaïdes régulières et de les organiser tous les neuf ans ; t'eût été une fête ennéétéride ; un Athénien proposa même de rendre la fête annuelle 21. Mais les malheurs publics rendirent ces beaux projets inutiles et le siège d'Athènes par Sylla en 87 dut mettre fin de bonne heure à l'ennéétéride 22. Sous les empereurs romains, Athènes essaie encore de revenir à la coutume ancienne; elle envoie à Delphes, pour y accomplir une dodécade, c'està-dire le sacrifice de douze animaux, une députation où l'on retrouve quelques personnages des Pythaïdes, le hiéromnémon, le prêtre d'Apollon avec deux exégètes, deux devins et un joueur de flûte. Mais c'en est fait de la splendeur passée; il n'y a plus ni théores, ni pythaïstes, ni concours, ni jeux 23 ] Les jeux pythiques eux-mêmes, qui, sous l'empereur Julien, jouissaient encore d'une grande renommée' 100 [Les ,feu,r Pythiques en dehors de Delphes. Comme PYx 795 PYx de pyxis aux boîtes rondes de métal ou d'argile, clans lesquelles les femmes mettaient leurs ustensiles de toilette et leurs parures. On a déjà vu à l'article CAPSA (fig. 1178) un beau récipient de ce genre, en argent ciselé, trouvé dans le Bosphore Cimmérien. La céramique grecque en a produit de nombreux spécimens qui s'échelonnent depuis le style géométrique du vine siècle jusqu'à l'époque des successeurs d'Alexandre'. Des pyxis de ce genre figurent dans les cérémonies du mariage à Athènes [MATRIMONIUM, p. 1654, fig. 4870]; on a pensé qu'elles prenaient place dans la cérémonie des irruéàtx, quand, au lendemain de la noce, les parents et les compagnes de la mariée lui apportaient leurs cadeaux 2. Les formes en sont très variées; la plus fréquente est celle d'une botte cylindrique, haute de 15 à 20 centimètres, munie d'un couvercle à bouton et sans anses', portant un décor peint sur la panse qui représente ordinairement des scènes de gynécée (fig. 3685 à 3687), des femmes à leur toilette, les cérémonies ou les préparatifs d'un mariage (fig. 4862, 4868), des Eros voletant au milieu du cortège nuptial (fig. 4870), etc. Parmi les variantes intéressantes, citons une pyxis d'Érétrie dont le couvercle est surmonté d'une autre pyxis plus petite: c'était une boite à deux compartiments; dans le plus petit on pouvait mettre du fard ou des pommades, dans le plus grand les colliers, bagues et autres bijoux (fig. 5906)4, De l'époque chrétienne on a conservé aussi plusieurs spécimens de pyxis en ivoire' E. POTTIES. QUA QUA -796 Q