Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

RATARIUS

RATARIUS, RATIÂ RIUS. I. Batelier manoeuvrant un radeau pour le transport des marchandises en eau calme. Les ratiarii étaient souvent organisés en corporations ; une inscription de Genève nous fait connaître le collège des ratiarii superiores',qui naviguaient sur le lac Léman et le cours supérieur du Rhône ; un texte de saint Jean de la Porte nous apprend l'existence, dans la vallée de l'Isère, des ratiarii Voludnienses'-. II. Passeur, faisant le service du n bac [uSTIS. Le tarif latin du bac de Carthage à Radès indique ce que doivent payer aux ratarii les passagers à pied ou à cheval, les mulets et les muletiers, les ànes et les liniers, les chameaux et les chameliers3. P. GAUCSLTR. primitivement les comptes, soit privés, soit publics', et par extension, sous l'Empire, une administration financière, un service avec son personnel, ses bureaux. La ratio a souvent comme subdivision, quelquefois comme synonyme, la statio, mot qui a passé du local aux employés'. La plupart des services impériaux ont probablement formé des rationes, sauf ceux qui concernent la levée des impôts provinciaux dus au fisc des impôts spéciaux, vingtième des héritages, vingtième des affranchissements, des vectigalia 6, et le recensement. Les principales rationes connues sont: 1. Le fisc, qui représente dans son ensemble les rationes imperii6, plus tard les summae rationes7, et dont le chef s'appelle jusqu'au me siècle l'a rationibus ou le procurator a rationibus 8 [FISCUS, p. 1144]. L'argent du fisc était gardé à Rome en différents endroits, dans des temples', en partie près de la statue loricata de César, dans le temple de Castor, plus tard au forum de Trajan '° : le titre de procurateur a loricata ex ratione peculiare 11 peut donc se rapporter à un e branche spéciale du fisc à Rorne, peut-être à une cassette particulière du prince. II. Le patrimoine impérial [PATRIMONIUM PRINCIPIS]. Ce service comprend de nombreuses rationes particulières; on en connaît une pour les domaines de Bétique 12 ; chaque villa impériale possède son budget, sa ratio [LATIFUNDIA, p. 960] ; les héritages laissés à l'empereur forment une ratio lïereditatium [PATRIMONIUM PRINCIPIS, p. 351]. En Égypte, le mot 'Aéyoç correspond à ratio et sert à désigner le domaine privé des empereurs, le )[6yoç o(atax6ç et il y a une ratio spéciale pour le domaine III, La res ou ratio privata, créée par SeptimeSévère et qui constitue jusqu'à Dioclétien un nouveau pa trimoine, transmissible cependant à tous les empereurs, comme les biens de la couronne" ; elle a comme dépendance le service des biens des impératrices, la ratio Augustcre [LATIFUNDIA, p. 153 ; PATRIMONIUM PRINCIPIS, p. 3521. IV. Desgroupesdemines,decarrières impériales, dépendant soit du fisc, soit du patrimoine ou de la res prie vota, constituent une ratio" Il en est de même d'un lot, cédé, pour l'exploitation, soit à des esclaves impériaux, soit à des entrepreneurs 13 [MARMORA, p. 1599; METALLA]. V. La ratio operum publicorum. Dès l'époque de Trajan, à côté des curateurs sénatoriaux, il y a eu pour les travaux publics de Rome un personnel impérial, une familia, entretenue pendant longtemps par le patrimoine 16. Il a donc dû y avoir de bonne heure pour ce service une ratio'', dirigée par le procurator operum publicorum 18, peut être identique ausubcurator operum publicorum19; celui-ci avait probablement sous ses ordres un exactor operum dominicorum, chargé de la surveillance du matériel20, des curateurs et des procurateurs spéciaux pour la construction de différents monuments21, distincts des procurateurs qui sont attachés aux monuments finis", et un ou plusieurs employés pré VI. La ratio aquariorum", probablement la caisse qui paie le personnel impérial des eaux et des aqueducs, dirigé par le procurator aquarum "5 [CURA AQUARUM]. VII. La ratio des bibliothèques impériales25. Elles sont dirigées depuis Claude par un procurator bybliotherarum ou a bybliothecis qui, à l'époque d'Antonin, n'a qu'un traitement de 60000 sesterces. Hirschfeld en conclut qu'il n'a plus alors que la direction administrative et financière et explique ainsi son titre de proc(urator) rat(ionum) summ(arum) privat(arum) bibliothecarum 27 ; ce service aurait donc été alimenté d'abord par le patrimoine, ensuite par lares privata [BIBLIOTHECA]. VIII. La ratio monetae [MONETA, p. 1383-1384]. IX. La ratio castrensis. On a cru pendant longtemps que l'intendance du palais impérial avec les nombreux et immenses services qui en dépendaient, avait été constituée par la ratio thesaurorum et que la ratio castrensis ne comprenait que les dépenses militaires de l'empereur et les résidences impériales des provinces 2". Quoiqu'il n'y ait pas encore de preuve décisive, on admet généralement aujourd'hui, d'après toutes les vraisemblances, que c'est la ratio castrensis qui a constitué l'intendance du palais 2°. Le mot castra ne peut désigner que la maison de l'empereur, considérée comme un RAT 813 RAT camp' ; l'épithète castrensis ne peut se rapporter qu'aux services du palais 2 ; au Bas-Empire, le chef du palais est le castrensis sacri Palatii, qui a sous lui les paedagogia, les ministeriales domini, les curae palatiorum'3. Une section de l'intendance du palais accompagne probablement l'empereur en voyage 1 et les palais impériaux des provinces ont peut-être chacun leur ratio castrensis 6. L'intendance du palais date probablement de Claude"; elle a pour caisse générale le /iscus castrensis, probablement alimenté par le patrimoine, puis par la ratio privata, mais surveillé par le chef du fisc, l'a rationibus. Son chef, un affranchi, est le procurator castrensis ou proc. rationis castrensis ou proc. /isci castrensis' ; ses tondions sont importantes et mènent à de grandes charges impériales ; il a sous lui des comptables (tabularii castrenses ou fisci castrensis ou rationis castrensis) dirigés par un praepositus tabulariorum rationis castrensis et des adjutores tabulariorum 8, des payeurs (dispensatores), des archivistes (commentarienses), des pedisequi °, des a copiis castrensibus70. Il faut peutêtre considérer comme ses subalternes immédiats, mais chargés seulement du palais impérial du Palatin un subprocurator et un contrascriptor domus Augustanae" qui aurait commandé une ratio domus Augustae ou Augustanae. Inversement, il faut plutôt rattacher directement au patrimoine ou à la ratio operum publicoruin une ratio urbica qui reçoit des marbres des carrières impériales 12, et qui ne diffère peut-être pas d'une statio urbana mentionnée sur des tuyaux de plomb 73. De l'intendance du palais dépendent les services suivants : 1° Table. Ce service comprend le personnel des cuisines, les cuisiniers (coq'ui) qui ont un praepositus cocorum ou archimagyrus et qui forment probablement un collège funéraire"; les boulangers (pistores) avec un praepositus, les sommeliers cellarii, des obsonatores 15 ; le personnel des servants, le tricliniarcha, personnage important", les diaetarii ou diaetarchae, les structores, les ministratores, les esclaves a cyatho, a potione, a laguna, divisés en décuries, les praegustatores commandés par un procurator praegustatorum, les contrascriptores, les a mappis ". 2° Toilette. L'empereur a différents costumes : comme chef de l'armée le paludamentum, pour les triomphes la vestis triumphalis18, pour les fonctions judiciaires la vestis forensis ou la vestis munda 1 °, pour les grands jeux du Capitole la vestis regia, graecula 10, pour le palais la vestis castrensis", et d'autres costumes, la v. privata, la v. venatoria, la v. matutina 22. A la toilette des impératrices et des princesses de la famille impériale se rattachent la plupart des esclaves dits ad vestem, a veste, supra vestent. Cet ensemble forme la ratio vestiaria 23, de laquelle relèvent en outre les ouvriers et ouvrières (vestitci, sarcinatrices), les foulons (fullones), les gardiens des armoires (capsarii, vestiptici ou vestispici), les baigneurs (balnearii), les masseurs, parfumeurs (unctores, unguentarii, ab unguentis, thurarii), les habilleurs (vestitores, vestiarii), les coiffeurs (tonsores, tonstrices, ornatores, ornatrices) 24. 3' Mobilier. Pour le gros mobilier, il y a probablement l'esclave a supellectile 2° ; on connaît trois sections: la supellex castrensis, la s. de domu Tiberiana, la s. domus aureae26. L'atriensis garde probablement les meubles de l'atrium 27. Aux musées et aux collections des palais se rapportent les atrien.ses, a tabulis, a pinacothecis, ad imagines, a statuis 98. Les matières précieuses, les bijoux, les objets d'or et d'argent, les perles constituent les thesauri 2°, administrés par le procurator thesaurorurn, personnage important30, qui a sous lui des tabularii et les chefs des différentes sections, le praepositus auri escarii pour la vaisselle de table, le pr. auri potori pour les vases d'or à boire, le pr. ab auro gemmato sans doute pour les objets d'or ornés de pierreries, le pr. argenti potori pour les vases d'argent à boire, l'ab argento scaenico, l'a Corinthis, sans doute pour les vases de Corinthe, l'ab ornamentis 31, et probablement aussi le chef des ouvriers (praepositus opi ficib'us domus Augustanae)32. On peut lui rattacher également la ratio purpuraria, le service de la pourpre impériale, [PURPURA], créé probablement par Sévère-Alexandre, qui paraît en avoir vendu le premier lesp..oduits et pour lequel on connaît un procurateur et un bafiis praepositus, prédécesseur des procuratores ba/iorum du Bas-Empire73 4° Écuries. La présence d'employés rend probable l'existence d'une ratio spéciale". 5° La ratio vinorum, sans doute pour la vente des vins des domaines, non consommés à la cour 59. 6° La ratio chartaria, peut-être alimentée par le papier de l'Égypte" 7° Service d'hygiène. Il y a pour le service personnel de l'empereur, pour chaque résidence, pour chaque bureau importante? un groupe de médecins, esclaves et affranchis, avec un chef, decurio medicorum, supra medicos, superpositus medicorum 3e, sans compter les médecins spéciaux que s'attache l'empereur à des prix considérables 3°. 8° Jeux publics". Il ne paraît pas y avoir eu de RAT SI RAT direction centrale pour ce service. Pour l'étude des jeux proprement dits et des jeux de gladiateurs, nous renvoyons aux articles LUDI et GLADIATOR; pour le service des décors, du matériel scénique, au mot CHORAGIUM; ajoutons seulement que la ratio summi choragii relève d'un procurator summi choragii, qui devient probablement au ni° siècle le logista thymelae, et qui est assisté d'adjutores, de tabularii, de dispensatores, de contrascriptores, de médecins'. Elle a probablement comme annexe la ratio ornamentorum, affectée sans doute aux costumes des acteurs et pourvue d'un procurateur et de son personnel'-. 9° Les fêtes de la cour qui paraissent constituer la ratio voluptatum ou voluptuaria, probablement créée par Tibère' et dont la ratio aedificiorum voluptariorum et la ratio scaenicorum sont peut-être des branches 10° Le service personnel de l'empereur auquel on peut rattacher : l'office chargé des réceptions [ADMISS1o] ; les valets de chambre [CUBICULARII] ; les e cura amicorum [AMICT) ; les ad libros et les librarii'; les a manu' ; les lecticarii avec un praepositus ; les tabernacularii, sans doute les préposés aux campements 8 ; les a sedibuss; les silentiarii [SILENTIARIUS] '0; les victimarii pour les sacrifices privés " ; les pueri avec leurs précepteurs les paedagogi [PAEDAGOGIUM]. B. De ratio est venu le mot rationalis, qui a remplacé dans beaucoup de cas le mot procuratorf2. Pour le fisc l'a rationibus est appelé rationalis dès l'époque des Flaviens 13, puis les deux mots coexistent jusqu'à l'époque de Dioclétien". Le second l'emporte alors, avec l'adjonction des mots summae rei vers la fin du règne de Constantin', jusqu'à ce qu'entre 340 et 345 le titre de rationalis soit remplacé par celui de cornes sacrarum largitionum" [Fasces]. Pour la res privata, le titre de magister privatae rei n'a été remplacé qu'après 325 par celui de rationalis privatae l7, qui vers 340 se transforme en celui de cornes rei privatae. Pour les procurateurs provinciaux, les jurisconsultes du elle siècle emploient les deux termes de procurator et rationalis ; le second est officiel à partir de Dioclétien 18. Au Bas-Empire, les rationales dirigent surtout les bureaux de comptabilité; tels sont : sous le cornes sacrarum largitionum, le cornes etrationalis summarum Aegypti et les rationales summarum en nombre inconnu pour l'Orient, onze pour l'Occident; sous le cornes rei privatae les rationales rerum privatarum, en nombre inconnu pour l'Orient, dix pour l'Occident 19 ; puis le rationalis vinorum, de Rome, qui surveille farta vinaria20. Cru ',ÉCRIVAIN. Radeau, assemblage de troncs ou de poutres', formant un plateau capable de flotter avec un chargement, et se manoeuvrant à la perche, à la rame' ou même à la voile suivant ses dimensions. Dans les pays où les arbres étaient rares, par exemple sur le Nil, on remplaçait les bois de charpente par des claies de roseaux, de papyrus, de joncs tressés par des peaux gonflées, par des jarres de terre cuite vides et soigneusement bouchées, moyens de navigation de tout temps usité en Orient'. En Bretagne aussi l'on se servait d'outres de cuir gonflées d'air 8. On voit sur le manche d'un miroir étrusques hercule voguant sur un radeau que soutiennent des am phores (fig. 5919). Le radeau d'Ulysse est figuré, sur un vase de fabrique béotienne 10, par des amphores couchées sur lesquelles marche le héros ". Le vaisseau d'Ulysse n'était qu'un radeau 1°. L'usage des rates a précédé celui des naves, aux quels les auteurs anciens les opposent souvent 13. Mais les radeaux, étant faciles à improviser, n'ont jamais cessé d'être employés, concurremment avec les navires proprement dits. On en voit un dirigé par des Eros transformés en pêcheurs sur un étang, dans la figure 5920, d'après la mosaïque de Sainte-Constance, à Rome, aujourd'hui détruite, qui datait du Ive sièclef4. En temps de guerre, ils suppléaient à l'insuffisance des moyens de transports habituels, chaque fois qu'il fallait faire passer rapidement un cours d'eau ou un bras de mer à des troupes nombreuses, à un matériel encombrant, ou à des éléphants"Ezci(a" et ratis désignent aussi un bateau d'un genre spécial: le bac. A en juger par le spécimen dont la mosaïque d'Athiburus" (Médeina, en Tunisie) nous a conservé l'image, c'était une sorte de chaland, large et plat, REC 815 REC qui se manoeuvrait à la rame (fig. 5921). Sur les grands fleuves, comme le Rhône' ou le Danube 2, sur les lacs 3, sur les canaux du delta d'Égypte' et de la Ligula de Carthage fonctionnaient des services de bacs réguliers, qui donnèrent parfois leur nom aux bourgades voisines ~QVD ) àgVE MsTtARVd éée ExEôfx sur le canal de Canope °, Ratiaria sur le Danube, dans la Mésie supérieure 7 ; en Gaule, Ratiatum dans le pays des Pictones, et peut-être aussi l'île de Rads; en Afrique, Maxula-Rates «aujourd'hui Rades), séparée de Carthage par le goulet qui faisait communiquer la mer avec le lac de Tunis. Les rates ou a-AEÔ(«t jouaient aussi, à l'occasion, le rôle de pontons. Juxtaposés côte à côte, et maintenus par un plancher transversal, ils servaient à réunir, par un pont volant, les rives opposées d'un fleuve, ou d'un détroit c'est sur des a-LEô(ut que les Perses de Xerxès franchirent l'Hellespontf0. Enfin, les poètes latins donnent au mot ratis une extension abusive et l'emploient à, tort pour désigner toute espèce de navire" ; de là, le nom de ratites donné sous la République à la monnaie de bronze [As] qui porte au revers l'image d'un ratis, ce terme devant être pris dans son acception la plus étendue, navire et non radeau ou