Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article RICA

RICA, RICINIUM. Pièce de vêtement. On discute sur le sens précis du mot. Les uns y voient un manteau, d'autres un voile ou même un simple mouchoir posé sur la tête'. Il est probable que Ies définitions différentes des auteurs correspondent aux étapes successives qui, à travers les âges, ont peu à peu conduit la rica ou ricinium, manteau, à n'être plus qu'un simple voile couvrant le haut des épaules ou la tête. Une description fort claire en est donnée par Festus : vêtement de forme carrée, muni de franges, de couleur pourpre ; c'est celui que portait la/laminica, femme du flamine [FLAMEN, p. 1170]22. D'autres la disent de laine blanche ou teinte de couleur bleuâtre 3. C'était donc un très ancien costume, une véritable palla, qui avait précédé la toge ronde [PALLIUM, p. 292], et qui pouvait être même attribuée aux hommes; les mimes au théâtre la portaient encore et étaient riciniati' [MrMUS, p. 1906, fig. 5036]. On l'assimile aussi à la toge prétexte [TOGA] avec le clavus de pourpre'. Une très ancienne statue de Jupiter le représentait riciniatus6. Les quatre jeunes garçons patrimi [PATmM1], qui assistaient les frères Arvales dans leurs cérémonies, étaient riciniati'. Les femmes romaines mettaient ce vêtement dans les funérailles ou dans les deuils publics pour exprimer leurs sentiments graves et douloureux On ne peut donc pas douter que nous ayons affaire à un manteau d'origine fort ancienne, à un pallium porté en forme de châle, analogue, comme nous l'avons déjà noté, au mafors ou mavortiutn [MAFORS, p. 1494] '. D'autres textes, parlant du ricinium, que l'on porte double et que l'on rejette en arrière, confirment le fait10 Mais tout le monde sait que dans les temps anciens, à Rome comme en Grèce, les femmes, pour s'abriter contre le soleil ou les intempéries, avaient l'habitude de ramener leur manteau en voile sur leur tête (fig. 2822, 3684, 4862, etc.)11. Par conséquent, on pouvait être insensiblement amené, une fois la palla et lastola adoptées pour le costume féminin, à ne donner à l'ancienne rira ou ricinium que l'aspect d'un voile, d'une sorte de mantille, comme le xoiiôauvov et la xaX117t'rp des Grecs [VELUM], ou même d'un mouchoir de tête. De là, les textes qui représentent les ricae, riculae et ricinia comme des palliola, abritant seulement la tête 12, ou comme un simple sudariunt'3. C'est une transformation et une réduction de l'antique vêtement. E. PO'TTIER. et de Constantin, l'armée romaine est définitivement partagée en deux groupes principaux : d'un côté, l'armée de campagne qui comprend la nouvelle garde (scholae), les palatini et les comitatenses, répartis dans les alentours des capitales et les villes de l'intérieur ; de l'autre, l'armée sédentaire des frontières, des confins militaires, les ripenses ou riparienses, appelés aussi limitanei, castellani, castricianil, auxquels on peut joindre les pseudocomitatenses2. Cette seconde armée, considérablement augmentée par Dioclétien, paraît avoir été diminuée par Constantin au profit de l'autre3; à celle-là elle est inférieure pour la solde qui comporte un tiers en moins d'annonce et de capitus, pour la retraite, obte RI P 869 R1T nue seulement au bout de vingt-quatre ans de service, au lieu de vingt, et pour les conditions de taille et de force. C'est l'ancienne armée romaine des castra stativa, pourvue, dès l'époque d'Auguste et surtout depuis Alexandre-Sévère, de terres qu'elle est chargée de défendre et de cultiver [LIMPrANEI MILITES]. On a généralisé cette institution des terrae limitaneae, fundi limitrophi. Ces territoires, répartis entre des garnisons et les soldats, comprennent les numeri ou fossata, résidences de l'état-major du corps et les castra, résidences des détachements annexes, lesquels constituent de petites cités en dehors des cités, passent aux enfants des vétérans, s'ils sont, au service, reviennent au corps à défaut d'héritiers mâles, peuvent être frappés d'amendes, ne doivent être ni aliénés, ni acquis par des étrangers' ; mais ils ne suffisent point à nourrir les garnisons, à l'entretien desquelles doivent subvenir en outre les fournitures des villes de l'intérieur et surtout de la frontière'. A la défense et à l'entretien des petits postes, tours (burgi, turres, clausurae) que renferme le limes en Gaule, en Espagne et en Afrique, sont en outre attachés des burgarii, sortes d'esclaves publics'. Comme dans l'autre armée, la cavalerie et l'infanterie des ripenses sont absolument séparées. L'infanterie comprend, pour les pays dont l'effectif est connu 4, environ 40 légions réparties en détachements, 44 auxilia et 105 cohortes de 500 hommes ; l'ancienne légion de 6000 hommes, dépouillée de ses alae et de ses cohortes, a pour chef nominal le praefectus legionis qui figure encore dans la Notitia dignitatum', mais les chefs véritables sont les six tribuns ; ils commandent les détachements et la nouvelle légion, probablement 1.000 hommes, qui, dès le Iv' siècle, remplace généralement l'ancienne légion °. Les auxilia se trouvent exclusivement dans les duchés du Danube, en Orient et en Occident, et sont supérieurs aux légions; issus probablement des levées locales antérieures à Dioclétien 7, ils paraissent être entièrement barbares. Il en est probablement de même des cohortes qui viennent après les légions, sauf pour les duchés orientaux du Danube, et dont les noms sont empruntés soit à la garnison, soit à la province ', quelques-uns à une fonction spéciale °. La cavalerie comprend trois groupes : avant les légions ,46 cunei equitum, probablement de formation barbare, surtout dans la Thébaïde et les duchés du Danube, et 121 corps d'equites, probablement de 500 hommes; après les légions 65 alae, probablement de 600 et pour les archers à cheval de 500 hommes10. On a estimé ", sauf les lacunes de la Noiitia, le chiffre total des soldats des frontières à 250000 pour l'infanterie et 110000 pour la cavalerie contre 150000 d'infanterie et 46000 cavaliers pour la garde et l'autre armée. Mais dans la réalité ces chiffres ont dû être beaucoup moins élevés, car c'est avec des effectifs très restreints que se font les campagnes". A la tête des ripenses se trouvent pour l'Occident les deux maîtres de la milice en résidence à la cour ; pour l'Orient depuis Théodose I°e, les cinq magistri equitum et peditum, dont les deux praesentales ont un droit général de surveillance et les trois provinciaux un commandement direct ". Sous eux le limes de chaque province a un dux limitis, d'abord perfectissime, puis, sous Théodose, clarissime et plus tard respectable ; quand il est comte de première classe, il s'appelle cornes et dux; il n'a que les pouvoirs militaires, sauf quand il est dux et praeses'". Il a sous ses ordres les chefs des détachements (numeri) dont le nom générique est tribunus, et qui s'appellent aussi praefecti surtout pour les alae et les flottes, praepositi, tribuni et praepositi, praepositi limitis 1'. Pour les flotilles des lacs et des fleuves et des mers, pour le recrutement, nous renvoyons aux articles CLASSIS, DILECTUS. t.e. LECRIPAIN.