Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article ROSARIA

ROSARIA ou ROSALIA. Fête des roses, d'un caractère généralement funèbre et qui rentrait, chez les Romains, dans la catégorie des sacra privata célébrés en famille pour honorer les morts'. Grecs et Latins associaient dans une même croyance dont la gravité était tempérée par la grâce, l'éclat des fleurs qui ne durent qu'un jour et le mystère de la mort qui est le principe du renouvellement des existences [cf. PARENTALIA et FERALIA] 2. Des textes fort explicites démontrent que les fleurs qui poussaient sur les tombes rendaient aux survivants la personnalité même de ceux qui y étaient enfermés De là aussi la coutume d'y apporter des fleurs, d'organiser des cepotaphia4, de sculpter des guirlandes ou des bouquets au faite des stèles. « Le sang enfante les roses et des larmes sortent les anémones », dit un élégiaque grec' ; idée qui est développée ainsi par un autre poète gréco-romain' : « Des fleurs en grand nombre ont poussé sur le tombeau récent, non pas la ronce sauvage, ni la triste ivraie, mais des violettes, de la marjolaine, o Vibius, et du narcisse délicat : tout à l'entour de toi la terre s'est couverte de roses! » Ces témoignages et d'autres épigraphiques assez nombreux nous expliquent la popularité de la fête des roses en l'honneur des morts. Elle n'était pas à date fixe, mais variait d'une famille, d'une association à l'autre, sous cette réserve qu'elle était toujours célébrée dans la saison des roses, en mai et en juin Elle donnait lieu à un repas, comme le NOVEMDIALE et les PARENTALIA; et durant ce festin on distribuait aux convives des roses, après en avoir déposé sur les tombes s. Les inscriptions mentionnent des fondations de rosaria soit par des associations soit par des particuliers : il en est qui nous mènent à la dernière période du paganisme romain'. Le calendrier de Constantin mentionne pour Rome une fête générale des roses pour le 23 mai i0; et il est à peine besoin de faire remarquer que la pratique d'honorer les morts par des fleurs a survécu au paganisme, par la force des mêmes croyances. Une de ces inscriptions parle, pour une même famille, de quatre fêtes annuelles en l'honneur des défunts, l'une au jour anniversaire de leur naissance, la seconde dans la période des roses (rosationis), la troisième dans celle des violettes (violae), la quatrième aux Parentalia". Une fête des roses qui paraît avoir eu un caractère joyeux, puisqu'elle était en rapport avec le culte de Flora, était célébrée à Capoue le 13 maif2. Philostrate nous en explique le sens et les rapports avec l'idée de la mort, lorsqu'il dit qu'il a vu à Rome des coureurs portant des fleurs et qui, par la rapidité de leur course, proclamaient que la jeunesse passe ROSTRUl1'I (`K »oç).-Ce nom qui signifiebec,museau, groin, a été appliqué à différents objets à cause de leur forme, par exemple à des serpes ou faux' servant à tailler et à élaguer au soc de la charrue 2 la pince d'un TIS], à la tête d'un mar d'une lampe 5 [LUCERNA], et particulièrement à l'éperon (ip.o)oç) d'un vaisseau. On a parlé ailleurs de cet éperon ROT 896 ROT et de ses divers types [NAVis]. La tête de sanglier est un des plus anciens et se conserva par la suite ; on en voit ici un exemple (fig. 5958). Cet éperon est en bronze ; il aété recueilli au fond du port de Gênes'. Après que la tribune aux harangues à Rome eut été décorée des proues des vaisseaux pris aux Antiates (368 av. J.-C.), on l'appela les Rostres [FORUM, p. 29]. Il y eut aussi des colonnes qui furent appelées rostrales parce qu'elles étaient ornées de la même manière [COLUMNA, p. 1351]. Des rostres décoraient encore d'autres monu ments 2. Pour la couronne rostrale ou ornée de proues, voir