Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article RUDIS

RUDIS (`PnIIo;), baguette. 1° Agitateur (réxrl9pov), baguette dont on se servait dans la cuisine et dans l'industrie pour mélanger les. divers éléments d'une préparation liquide ou pour retourner des corps solides sans y mettre les doigts'. Cet instrument fort simple remplissait à peu près l'office d'une cuiller à pot. Mais il était tout droit et ne se terminait pas par un cuilleron 2; par là, il se distinguait de la SPATHA, très employée aussi pour des usages analogues. Ce n'était rien de plus qu'une tige de bois léger, telle que pouvait en fournir, par exemple, la férule (ferula, v-p1ri;'). Cependant, on en faisait aussi en fer, notamment pour mélanger le soufre et le plomb en fusion4. A la rudis on substituait, suivant le besoin, la rudicula, plus petite '. 2° Baguette , bâton , canne , qui jouait dans l'escrime des anciens le rôle d'un fleuret. On dut l'employer d'abord dans les armées pour exercer les soldats au maniement de l'épée 6. Delà, la rudis passa dans les troupes de gladiateurs ; elle y devint l'outil indispensable à leur instruction ; c'est avec la rudis en main qu'ils faisaient chaque jour au ludus l'apprentissage de leur art difficile et périlleux [CLAnIATOR] 7. Mais comme ils ne devaient avoir aucune arme offensive à leur disposition avant le jour du combat, il est probable que ce bâton même ne leur était confié que 113 RUN 898 RUN pendant la durée de leurs exercices. Au contraire, leur chef, le laniste, en était toujours muni' ; ce n'était pas seulement pour lui un insigne, un bâton de commandement, mais encore une arme véritable, qui devait lui être souvent utile pour réduire à l'obéissance des hommes violents, brutaux par profession et toujours prêts à la révolte. Plusieurs monuments représentent le laniste tenant la rudis à la main ( fig. 5962 ; GLADIATOR, fig. 3573, 3577, 3581). Le jour où le gladiateur lui-même obtient son congé, on lui donne la rudis en toute propriété (rude donatur), parce qu'en général, il n'habite plus au ludus et qu'il ne peut plus y semer le désordre ; on n'a plus rien à craindre de lui; il est rudiarius2. Ou bien encore il revient au indus, mais alors en qualité d'instructeur, il est gradé ; et le bâton, qui ne le quitte plus, est entre ses mains le signe de sa dignité; il commence par le titre de secunda radis et peut s'élever ensuite jusqu'au grade de prima ou summa rudis [GLADIATOR(3. D'après quelques textes, il semble bien que le bâton pouvait affecter la forme de l'épée dont il tenait lieu, et la mise en scène de la gladiature était, en général, trop luxueuse pour qu'on n'ait pas cherché à orner aussi cet objet si important. Mais il nous est impossible d'en juger par les monuments qui nous sont parvenus; la rudis n'y est pas autre chose qu'un bâton plus ou moins épais. GEORGES LAF.AYE.