Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

RUNCINA

RUNCINA (`Puxzvrl), rabot. Cet outil, indispensable aux travaux du menuisier, de l'ébéniste, du charron et, en général, de tous les ouvriers du bois, semble, si l'on s'en rapporte à l'étymologie, avoir été emprunté aux Grecs par les Romains'. La construction du rabot antique ne différait pas sensiblement de celle du rabot moderne; le couteau (probable ment plana, SfîF7))0 y était inséré obliquement, au milieu d'une monture rectangulaire, dans une ouverture par où s'échappaient les copeaux (rameuta) 3. On a cru, d'après certaines représentations figurées, que le rabot devait être percé de deux ou plusieurs ouvertures 1. Mais, outre qu'il serait difficile d'expliquer le maniement d'un outil ainsi construit, les spécimens authentiques qui ont été retrouvés ne justifient pas cette hypothèse. Deux rabots en fer, de l'époque romaine, ont été exhumés à Cologne'. L'un (fig. 5963), de 0 m. 363 de longueur, était certainement entouré d'une monture en bois, comme en témoignent les quatre clous verticaux qui ont servi à la fixer. On peut douter qu'il en fût de mème du second (0 m.325 de longueur). On conserve au musée de Naples plusieurs rabots prove nant de Pompéi (fig. 5964)9, dont le devant a la forme d'une boîte carrée, avec une ouverture au-dessus, par où sortent les copeaux ; le derrière, celle d'une anse servant à pousser et tirer l'outil La figure 5965 représente un menuisier occupé à rabo ter (runcinare, puiszs(cty) une planche sur un établi'. La stèle funéraire d'un ébéniste grec, fabricant de lits (x)■Elvo7Frly6;, lectarius; voir LECTLS)', nous montre, au dessus des autres insignes de sa profession, un outil dans lequel on a cru reconnaître un rabot, quoique la construction en soit assez différente de celle qu'on a vue plus haut. Il semble se composer d'un manche recourbé, qu'une large bande de cuir ou de métal fixe à une lame horizontale; pour s'en expliquer le maniement, il faut supposer qu'il était destiné non pas à polir le bois, mais à y creuser des moulures (fig. 5966) 9. Quelques textes mentionnent, en effet, une sorte de rabot dont se servaient les sculpteurs sur bois pour fabriquer les statues des dieux 1p; on ne peut guère voir là autre chose que le « bouvet n, dont la lame, sillonnée d'une ou de plusieurs gorges, est propre à l'exécution des