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SAGMINA. Ce mot, dans les livres rituels des Fétiaux [FETIALIS, p. 1095 et 1097], désignait une herbe sacrée, d'ordinaire la verveine ' , qu'ils emportaient comme symbole de leur mission et garantie de leur inviolabilité, lorsqu'ils allaient ou déclarer la guerre, ou faire la paix, ou conclure un accord en pays étranger Elle leur était remise, à l'origine, par le roi; plus tard, par l'un des consuls ou préteurs; la cérémonie est décrite par Tite-Live qui en a dû emprunter les détails à l'annaliste Cincius, à l'occasion du traité qui devait mettre fin aux rivalités de Rome et d'Albe par le combat singulier entre les Horaces et les Curiaces 2. L'un des Fétiaux prend les ordres du roi Tullus à qui il demande les sagmina ; et il les cueille sur le sol sacré de la citadelle 3. La dernière mention de cette pratique est de l'an 201 av. J.-C. pour la conclusion de la paix entre Rome et Carthage, à la fin de la seconde guerre punique. Le cérémonial est le même, mais avec l'herbe sacrée les Fétiaux reçoivent encore des cailloux. La verveine est, d'ailleurs, arrachée avec ses racines, en touffe, de manière à conserver la terre où elle a poussé. Ces pierres et cette terre sont l'emblème du sol de la patrie que les magistrats emportent ainsi avec eux pour ne pas la quitter; et l'ensemble de ce bagage symbolique est désigné par Tite-Live sous le nom de vasa, évidemment archaïque avec ce sens. Celui des Fétiaux qui portait les sagmina était appelé verbenarius ou verbe
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natus'. Quant aux herbes, elles sont assimilées, par le ]digeste, aux u' s xa;x des ambassadeurs grecs, et par Varron au caducée, emblème de paix 2. Le texte le plus ancien qui en fasse mention, dans la littérature pure, est un vers de Naevius parlant du droit sacré dont Jupiter a la garde et que confirme le serment sous la garantie du sagmen. En dehors des historiens, des juristes et des antiquaires, on ne peut citer d'autre allusion aux sagmina que dans le passage de l'Énéide où Virgile décrit les préparatifs de l'accord entre Rutules et Troyens : il y a là des personnages analogues aux Fétiaux 3, couronnés de bandelettes et de verveine'. La pratique des sagmina suit la destinée de l'institution des Fétiaux ; elle est tombée en desué
tude bien avant la fin de la République 6. J.-A. IIILD.
SAGUM (Eyoç). Le sagum était un vêtement gaulois, de nom et d'origine'. On fabriquait des sagum à Arras2, à Tournai', à Langres', chez les Bituriges'. C'était le vêtement des Germains 9 et des Ligures'. De la Gaule, ce vêtement s'était répandu dans les autres parties de l'Empire, en Espagne en Afrique 9, en Égypte
Les inscriptions nous révèlent l'existence, dans des régions diverses, de sagarii ou de negotiatores sagarii en Gaule, à Vienne", à Narbonne ", à Lyon où ils formaient une corporation13; en Italie, à Milan1', à Rome 15, à Terracine 16, à Pouzzoles", à Pompéi 13, etc.
Le sagum était une pièce d'étoffe carrée". C'est ce qu'attestent les textes cités, et ce que confirment certains usages exceptionnels que l'on fit du sagum : on
s'en servit, en effet, pour berner 2f, pour remplacer des voiles de vaisseaux en en cousant plusieurs ensemble 21 ; pour enlever les terres, à défaut de panier 22. Il se jetait sur les épaules et s'attachait par une fibule 23. C'est ainsi qu'il est porté par le Dispater ou dieu au marteau des Gaulois 24. Une statuette , de Besancon2o, en offre un bel exemple (fig. 6040). Les pauvres, dans les campagnes, remplaçaient la fibule par une épine ou un
noeud26. Les riches avaient quelquefois des fibules en or 2'; il en existait, en effet, de bien ornées, de pourpre ou de couleurs variées 28, même chez les peuples barbares 29.
Un sagum grossier était le costume habituel du peuple 3e. Il était généralement d'une étoffe de laine rude.", à longs poils 32, quelquefois rayée 33. Columelle recommande aux agriculteurs de défendre leurs employés contre le froid et la pluie, en leur faisant porter un sagum à capuchon (saga cucullata)34 [cucuLLus].
On portait le sagum noir en signe de deuil33. Il y avait des saga épais et lourds pour l'hiver, plus légers pour l'été 36.
Chez les Romains, le sagum fut l'habit militaire par excellence, de telle sorte que les expressions : saga sumere 37, ire ad
saga 33, ad saga converti 39, sont synonymes de partir en guerre; esse in sagisS°, être en état de guerre ; saga ponere ou deponere, ou rejicerebl, fairelapaix. Dans des textes nombreux, les mots sagum et toga sont opposés comme symboles, le premier de la
guerre, le second de la paix Le sagum était un habit militaire très pratique, laissant à celui qui s'en couvrait toute la li
berté de ses mouvements. On voit dans la figure 6041 un frondeur vêtu du sagum, prêt à lancer une pierre de son bras droit dégagé, l'autre tient le bouclier. Dans la figure 604`2, un soldat romain, les bras étendus, pousse devant lui un prison
nier barbare : le premier porte le sagum attaché comme une chlamyde; le second un manteau analogue, qui peut être ce qu'on appelait sagocltlantys. Il n'a pas été possible jusqu'à présent de déterminer avec précision ce
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qui distinguait pour les anciens des vêtements à peu près semblables, tels que l'ABOLLA, la LACERNA, la chlamyde [cnLAMrs], qui s'attachaient sur l'épaule ou devant le cou ; il en est de même de la sagochlamys. Comme on ne connaît pas bien la différence du sagum et de la chlamys, on ne saurait non plus dire ce que tenait de l'un et de l'autre le vêtement qui réunissait les deux noms. Nos dessins sont empruntés à la colonne Trajane' ; on trouve de nombreux exemples du sagum, aussi bien que sur la colonne Antonine, sur les arcs de triomphe et sur les monuments funèbres (fig. 1493, 3729, 4459, 4483, 3684).
Le sagum du soldat était le sagum gregale 2. Le sagum des officiers s'appelait aussi sagum °, mais plus souvent sagulum ; il différait de celui du soldat par une couleur plus éclatante4. Celui du général en chef était rouge et aussi celui de ses licteurs pendant la guerre °.
Il y avait, pour la troupe, des sagum d'hiver et des sagum d'été'. Le sagum du général en chef ne devait pas différer du PALUDAMENTUM.
On appelait également sagum des couvertures de cheval S, couvertures parfois luxueuses °. On donnait aussi ce nom au morceau d'étoffe que l'on place sous la selle pour que le bois ne blesse pas le cheval f0 [SELLA