Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article SALTUS

SALTUS. "Aaux. Le saut. I. 11 a été parlé déjà de cet exercice; nous compléterons ici ce qui en a été dit aux articles MALTER et QUINQUEBTIUM. Durant la période classique, le saut ne donnait plus lieu chez les Grecs à des concours spéciaux ; il faisait partie du pentathle [QUiNQUEBTIOM]. Voici comment on le pratiquait. C'était un saut en longueur'. Les sauteurs s'élançaient du Oxr,p 2, que nous trouvons défini comme il suit : -, TxiO)uwv cxzpp.xsoç 4. Le rapprochement de ces deux définitions prouve bien que le (1xTtp n'était pas, comme on 55 pieds 21 ; auparavant 23, le Laconien Chionis en aurait sauté 52 29. Il est inadmissible que de pareilles distances aient été franchies d'un seul bond ". Nous de vons donc admettre, ou bien que ce qu'on a raconté sur Chionis et Phayllos est inexact, ou bien que les sauteurs de l'ancienne Grèce s'y reprenaient à plusieurs fois. La première opinion est celle de M. Gardiner23. D'après lui, ré fin, les deux athlètes de la fig.608519 viennent, semble-t-il, pigramme célèbre oit il est question da saut de Phayllos, de retomber à terre, et leur élan les emporte en avant". épigramme qui, peut-être, est antérieure de peu à l'a souvent prétendu', une estrade surélevée2; -rô xxpov, dans la seconde, équivaut à «p-À dans la première; le far(? était tout simplement le point de départ, le seuil, pour ainsi dire', de la carrière des sauteurs. En arrière de lui, ceux-ci prenaient leur élan, non pas sans doute en courant, mais en exécutant quelques bonds4.Ils sautaient les mains chargées d'haltères °, masses de matière et de forme diverse 6 qui, habilement maniées, accroissaient leur force de propulsion et les aidaient à retomber d'aplomb sur le sol '. Leurs exercices s'accomplissaient au son de la flûte 8. La fig. 6080 ' représente un flûtiste et un athlète qui attend le signal. La fig. 6081 f0, un athlète qui prend son élan. Sur la ig. 608? ", l'athlète est au moment de commencer le saut : arrivé près du pz-r-ii il s'est arrêté brusquement, le corps rejeté en arrière, les bras lancés d'abord en avant et en haut (personnage de gauche), puis ramenés en bas(personnage de droite). La fig. 608312 nous le montre sautant, jambes et bras en avant, presque horizontaux et parallèles entre eux. Sur la fig. 6084" il va reprendre pied; de nouveau, les haltères sont reportés en arrière. On observera que, sur ces deux figures, le sauteur a les jambes rapprochées, ce qui était de règle ". En Pour amortir le choc, le sol, dans la région où le saut devait se terminer, était ameubli à la pioche; d'où le nom de . sxup.N.EVv'7. Plusieurs textes nous apprennent que l'extrémité de cette région ameublie était ordinaire ment à 50 pieds du 18. Phayllos de Crotone 19, à ce qu'on raconte, aurait dépassé cette mesure sautant de ces marques qui sont représentées sur la figure 6083, au-dessous du sauteur. On mesurait aussi, au moyen d'un xxvwv, les distances franchiesi0 ; la fig. 6086 " SA L 1056 SAL l'époque de Zénobius, serait le texte le plus ancien où on lui ait attribué cette prouesse; or, dans ce texte, il y a une recherche évidente de symétrie : Phayllos, dit l'épigrammatiste, a franchi 50 pieds plus 5, il a jeté son disque à une distance de 100 pieds moins 5 ; M. Gardiner conclut de là que les chiffres sont de pure fantaisie. Pour ce qui est de Chionis, il observe que, dans la traduction arménienne d'Eusèbe, la longueur du saut est fixée à 22 coudées ; le texte original, pense M. Gardiner, devait porter 22 pieds. M. Fedde est moins sceptique. A ses yeux, les mots Tb 7toùrov, qui figurent dans une des définitions du (3aT7ip, citées plus haut, prouvent que les pentathlètes sautaient plusieurs fois de suite. Et la même hypothèse est suggérée, dit-il, par ce qu'ajoute l'anonyme de Bekker: p.ovot 7tznty EçdÀÀnvTxt); Symmachos se trompait certaine ment en plaçant le (ixT (p au milieu de la carrière de saut; mais cet Alexandrin, qui tire souvent sa science des ouvrages de Didyme, n'a sans doute pas employé au hasard l'expression 7ttz),ty E,xhaovTat. Le saut des pentathlètes aurait donc été un saut multiple', le triple saut (deux enjambées et un saut à pieds joints) qui est encore pratiqué dans certains pays de la Grèce z, le « hop, slip and jump » des Anglais et des Américains. On peut se demander si l'espace entier de 50 pieds que comprenait la carrière était ameubli à la pioche. Les termes en lesquels Pollux parle des écxap µe!va, b ô à é p o ç TX Ecxap. u va, semblent signifier qu'il ne s'agit que d'une zone extrême: et, sans doute, si nous admettons la théorie du triple saut, nous ne saurions méconnaître qu'un sauteur rebondit mieux sur un sol ferme que sur un sol défoncé 3. Mais, d'autre part, l'ensemble de la carrière est souvent appelé cx4.p.a ou exap.p.xTa 4; ces mots, dans les textes relatifs à Phayllos, alternent, sans distinction de sens apparente, avec Tâ êaxapp.EVx ; et plusieurs de ces textes contiennent des expressions telles Le saut devait laisser dans la terre remuée des éaxap.p.EVa une empreinte manifeste Par les points qu'indiquaient les différentes empreintes, des raies parallèles étaient tracées sur le sol à l'aide d'un bâton, et servaient à classer les concurrents 9; peut-être sont-ce trois nous montre un paidotribe occupé à cette opération. II. Tel était le saut pratiqué régulièrement dans les gymnases et dans les concours publics. Nous n'avons pas à parler ici d'autres genres de saut, dont on rencontre l'image sur les monuments, ou qui sont nommés par les auteurs: mouvements de danse [SALTATIO] ; jeux d'enfants, comme celui que nous appelons saute-mouton, comme le saut à la corde ou du cerceau [LUDI, TROCnus]; quelquefois d'hommes faits, comme l'AssoLIAsMos; tours de force et d'adresse auxquels s'amusaient parfois les convives dans les banquets, le plus souvent abandonnés à des saltimbanques ou baladins qui se donnaient en spectacle ces catégories appartientle saut, exécuté, à ce qu'il semble, à l'aide d'un trem plin, d'un homme par-dessus un autre homme debout (fig. 6087), représenté sur une pierre gravée 12, à l'explication de laquelle on ne peut rapporter aucun texte. Le saut d'obstacle ou de rivière à l'aide d'une perche, servant de point d'appui, était pratiqué chez les Grecs dans les gymnases f3, comme il le fut chez les Romains dans l'amphithéâtre [CONTOMONOBOLON] ; mais il n'est pas sûr que l'on doive reconnaître cette perche dans le bâton tenu par des éphèbes sur les vases (fig. 6082) où sont peints des sujets de ce genre"; il est certain que sur la plupart, c'est un javelot qui est figuré [JACULUM]. Pn.-E. LEGAAND.