Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article SARCINA

SARCINA ou SARCINAE, au pluriel (ExnCoç, axtOx). 1. Le bagage, les paquets que l'on porte soi-même, particulièrement en voyage et à la guerre', ou que porte un serviteur dont on se fait suivre ou un valet d'armée un fragment de terre cuite du Musée du Louvre, ois l'on voit le axEUOtpdooç, coiffé d'un 7r6%,oç de cuir, à côté de son maître, que distingue le casque dit corinthien [GALEA, PILEOs]. Les suivants étaient en grand nornbre, surtout à partir du ive siècle, indépendamment des chariots et des bêtes de somme, dans les armées grecques [EXERCITUS, p. 902 ; MERCENARII, p. 1792], dont les soldats traînaient avec eux toutes sortes de meubles, d'ustensiles, de cou vertures et de vêtements. Fig. 6095 Ces derniers (aro un'ru, stra gulae vestes) étaient enfermés dans un sac [sACCUS, de cuir ou de toute autre étoffe, liée en ballots, que l'on chargeait sur son épaule ou que l'on plaçait, pour plus de facilité, au bout d'un bâton (xvâxopov, cxeuo(pdptov) s. Dans la fig. 6096 le porteur qui accompagne un voyageur est monté sur un âne, comme Xanthias dans les Grenouilles d'Aristophane e. I1 ne paraît pas qu'en Grèce, ou au moins à Athènes, on trouvât convenable d'avoir plus d'une personne pour cet office Le fardeau était lourd quelquefois pour celui qui en était chargé'''. La fig. 6097 est tirée d'une fresque, d'art et de sujet purement grecs, retrouvée dans une maison du Transtévère, à Rome 't. Le personnage qui y est représenté n'a pas recours à la perche ou au bâton fourchu (furcilla, aerutnnulae) dont il sera question plus bas à propos des soldats romains ; il tient suspendu, au moyen d'une courroie, un coffret devant lui et un lourd paquet der rière son dos. E. SAGLIO. II. On a dit ailleurs [IMPEDIMENTUM] que les bagages, particulièrement les bagages militaires, chargés sur des SAIT 106 SAR chariots ou à dos d'animaux, se nommaient impedimenta; ceux qui étaient portés par les voyageurs euxmêmes ou les soldats étaient appelés sarcinae. Les légionnaires romains en avaient beaucoup; car ils devaient garder avec eux tout ce qui leur était nécessaire pour les marches et les expéditions '. Outre leur équipement et leurs armes, une provision de vivres 2, blé ou, plus tard, biscuit3,pour quinze jours au moins ', parfois pour dix-sept' et même pour vingt-deux jours"; de la boisson, des outils, des ustensiles de cuisine, des pieux'. Tout cela était fort lourd ; pour habituer les recrues à semblable fati gue, on les dressait à marcher au pas militaire, chargés d'un poids de soixante livres ". Une autre difficulté était d'arranger commodément ces différents objets. Les voyageurs avaient appris de bonne heure, par expérience, à se tirer d'affaire : il les fixaient à des bâtons fourchus nommés aerumnulae qu'ils appuyaient sur leur épaules. Mais cet usage ne fut introduit dans l'armée qu'à l'époque de Marius, ce qui fit plaisamment donner à ses soldats le sobriquet de muli Mariani t0. Depuis lors, les fantassins composaient des choses qu'ils avaient à transporter une série de paquets qu'ils attachaient ensemble au sommet d'un long pieu ". Nous en avons un exemple bien connu dans les représentations de la colonne Trajane. On y voit (fig. 6098) des légionnaires en marche : ils tiennent de la main gauche, reposant sur leur épaule, une perche que termine, à sa partie supérieure, une traverse; à cette Ira verse pendent différents objets que des liens retiennent les uns aux autres : une outre pleine d'eau, en haut; un havre-sac suspendu au moyen de cordes croisées, un filet contenant de la viande, une marmite et une cuiller (trulla) '2; sub quibus, dit Frontin, et habile opus et facilis requies esset 13. R. CAGSAT.