Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article SCEPTRUM

SCEPTRUM (Ex7j7rtpov). Sceptre, l'un des insignes de la royauté'. GRÈCE. L'usage et le nom même de cet emblème semblent originaires d'Égypte. Différentes nations de l'Asie antérieure 2 l'adoptèrent ensuite et le firent connaître aux Grecs de l'âge héroïque. Le fameux sceptre d'or d'Agamemnon était un don d'Hermès à l'Asiatique Pélops 3, bien que la croyance générale, celle de Diomède' et celle de Nestor', fût que ce 7taTpétov ex"g7tTpov avait été confié par Zeus aux Atrides pour élever les monarques de cette famille au-dessus des autres rois•. Cependant, tous les chefs achéens ont leur sceptre [REGNUM, p. 823] aussi bien que Priam et qu'Hector, qui lève le sien pour faire le serment' que Dolon lui défère. Le sceptre était alors, comme plus tard le itxav(xtov, ou sceptrutn judiciale des Byzantins9, un emblème de la justice souveraine; jamais il ne symbolise la puissance militaire des rois 10; c'est la marque du pouvoir juridique : Zeus le donne en même temps que les lois". On ne voit jamais le sceptre achéen pendant les combats; les rois le prennent en mains pour convoquer l'assemblée 12, parler dans les conseilsf3, rendre la justice" ou visiter les autres monarques15. Vulcain prend son sceptre pesant pour recevoir Thétis 's ; Chrysès a son sceptre d'or pour se présenter au camp des Grecs 17. Cet emblème conserve toute sa vertu quand il passe en d'autres mains : Agamemnon confie le sceptre d'or des Atrides à Ulysse pour rassembler les Grecs 18; chacun des membres d'un conseil 19 ou d'un tribunal" prend tour à tour le sceptre pour émettre un avis. C'est le héraut qui en est le dépositaire et doit le remettre à l'opinant21, Quand les hérauts portent un message 22, vont en ambassade ou s'élancent pour arrêter les combattants de leur nation 23, ils tiennent le sceptre On connaît la forme traditionnelle du sceptre de Tale thybios (fig. 171, 5779)2'; c'est celle du Icérykéion ou caducée d'Hermès; cet emblème du divin messager°-" n'est autre que le sceptre d'or d'Agamemnon, qui avait été fabriqué par Héphaistos spécialement pour Zeus20 L'Iliade donne fort peu de détails sur la forme et l'ornementation des sceptres ; celui sur lequel jure Achille est fait d'une tige d'arbre dégarnie de ses branches et ornée de clous d'or. "3 ; le sceptre de Chrysès est en or2S, comme celui des Atrides99. li se peut que la hampe fût en bois30 : c'était l'opinion des habitants de Chéronée qui rendaient un culte à une vieille hampe de bois, Sdpu, trouvée dans une tombe d'époque probablement mycénienne". Schliemann considérait comme les ornements de deux manches de sceptres homériques trois boules en cristal de roche, un clou et une fusaiole d'or ainsi que deux tiges de 30 centimètres en argent plaqué d'or qu'il découvrit dans le me tombeau de Mycènes b2. Ces objets, recueillis parmi les ossements de trois femmes, peuvent n'être que des restes de quenouille d'or33, de fuseaux (cf. fig. 3383 ou de bobines à dévider (cf. fig. 3391) 34. Dans l'Odyssée, les rois sont encore qualifiés de exr,7tToilot 35, mais ax-il7cTpov y a un sens plus général que dans l'Iliade : il désigne bien l'emblème tenu en mains par les rois rendant la justice 3s et par les orateurs parlant dans les conseils37; mais il désigne également le bâton noueux des voyageurs et des mendiants 3", le d7taaov [BACULUM, p. 639]. Hésiode, qui vivait à une époque où la justice était encore rendue par les rois, qualifie de sceptre le vert rameau de laurier qu'il reçut des Muses sur l'Hélicon 39. Hérodote 40 nomme sceptres les cannes dont se servaient les habitants de Babylone et qui, toutes, étaient ornées à leur extrémité supérieure a d'une pomme ou d'une rose, d'un lis ou d'une aigle, etc. ». Bien que beaucoup d'emblèmes royaux aient été conservés dans certaines familles, jusqu'à la conquête romaine ", nous ne connaissons aucun reste de sceptre royal qui puisse passer pour authentique, et c'est sur les monuments figurés, principalement sur les vases peints, que nous devons en chercher l'image. On pense en retrouver le type en comparant les sceptres qui y sont attribués à différents rois : ceux de l'un des Arcésilas de Cyrène (fig. 4465) 42 ; d'Inachus, sur un fragment conservéà SaintPétersbourg (fig. 6168)13. de Crésus (fig. 6169) sur un vase du Louvre", sur le vase dit de Darius les sceptres pareils que tiennent le Grand roi et l'Asie personnifiée (fig. 568 et 792) ", celui qui est dans la main d'Aétès SCE 116 --SCE sur une amphore de Canosa (fig. 4877)1, celui de Cécrops ( fig. 5051) sur une hydrie à reliefs de Kertch 2, etc. : l'ornement terminal est formé par deux volutes dont les enroulements , souvenir peut-être du kerykeion, supportent ou encadrent un fleuron, une palmette, une boule. Si l'on met à part ces sceptres à ornementation spéciale, tous les autres, sur les monurnents classiques, répondent à la description qu'Hérodote nous a laissée de la canne des Babyloniens, et il semble que jusqu'au me siècle les artistes grecs aient pris pour modèles ces bâtons exotiques en représentant les sceptres de leurs divinités ou de leurs héros mythiques : la pomme (ou un pommeau) décore sur des vases les sceptres de Zeus (fig. 504!) 3, d'Hadès (fig. 4196)', d'Héra, sur un bas-relief du Louvre'. On voit la rose, la fleur de lis ou celle de lotus, plus ou moins épanouie, mais toujours stylisée à l'orientale (fig. 61 70 et 6171), sur le sceptre de Kronos de Zeus (fig. 3956 et 3161) 7, d'Héra (fig. 37368, 3780e et 4093)10 d'Aphrodite ' 1, de Latone 12, de Déméter 13, de Koré (fig. 2145) 14, de l'un des Dioscures'', de Triptolème 16, de Jason 17, d'Oineus 78, de Polydectès t9, de Cécrops (fig. 1280) 25, de Phinée21, d'Aétès (fig. 506) 22, de Créon 23, de Paris 24 d'Anchise 25, et enfin sur le sceptre que tient la personnification du Collège des Trésoriers d'Athéna sur un basrelief de l'an 399 av. J,-C. E1. La palmette seule se trouve sur le sceptre d'Héra (fig. 6172)27. Le fruit, qui pouvait être quelquefois une capsule de pavot, une grenade ou le fruit du lotus blanc, se trouve sur le sceptre de Latone dans la plupart des ex-voto choragiques (fig. 2364), sur le sceptre de Ju piter 18, de Dionysos" (7967), de Turan, la Vénus êtrusgne(fig.3789), des trois Parques de l'autel des douze dieux au Louvre30; une figure ailée, sur le sceptre d'Atlas (fig. 611) ; une aigle, sur celui de Zeus (fig. 4093 et 6173) 31 , d'Hadès (fig. 4051 et 4052), d'Artémis (fig. 6174) 32 de Tantale (fig. 4052), de Créon (fig. 1477 et 4877) ; le coucou, sur le sceptre d'Héra 33 Quel que soit l'ornement placé au sommet du sceptre, les artistes ont toujours pris soin de bien marquer l'aplanissement de la hampe par deux droites parallèles qui en dessinent le contour et empêchent de confondre le symbole royal avec les bâtons dont tout le monde pouvait faire usage [BACULUM] ; le bâton du mendiant Ifig. 4898), ou la canne du citadin (fig. 727 et suiv.) ; celui qui servait d'insigne à quelques fonctions comme la baguette du pédagogue (fig. 2598 ou celle des agonothètes (fig. 4619, 4620 et 5861); l'arme des bergers et des chasseurs [PEDuM VENATIO] le gourdin, bé tceXov, d'Hercule (fig. 4650), d'OrionJ6 et des voleurs nocturnes37. Parfois, pour mieux accentuer la différence 38, les graveurs en médailles représentent la hampe par une ligne verticale de grenetis (fig. 1231, SCE 1117 -• SC E 2565-2567, 4203 et 6174)1 et les peintres de vases, par une suite de clous à large tête dont la couleur tranche avec celle de la hampe ou par une série de bagues régulièrement espacées3, ou bien encore par une feuille métallique s'enroulant dans toute la hauteur (fig. 6168), motif qu'on retrouve dans la sculpture 4, les miroirs gravés', et qui décore déjà la belle canne égyptienne en bois noir de la reine Ahhoptou 6 (xvite dynastie). Le seul objet, avec lequel les artistes semblent confondre le sceptre, est la baguette d'or homérique, ypucEtrl agôo;, d'Athéna 7 et de Circé 8, de même qu'ils confondent la baguette, le paôoo;s, d'Hermès avec son caducée [MERCORIVS]. Mais comme on l'a dit, le mot cxiF.cpov, dans le langage ordinaire, désigne un simple bâton c'est ainsi que Pausanias nomme axri7npov 1U, et la plupart des archéologues appellent sceptre à béquille, les longues cannes lisses et polies 11 terminées par une petite traverse horizontale, qui étaient d'un usage général chez les Grecs [BACULUM, p. 640]. Cependant, le sceptre avait conservé en Égypte toute sa signification symbolique. Pour le porter, nul besoin d'avoir des ancêtres plus anciens que la Terre, âpy, atdrEpot comme pharaon légitime : l'eunuque Bagoas, sur les quadruples sicles qu'il fit frapper en Égypte, de345à 343, pour solder les mercenaires dans sa campagne contre Nectanebo II 13, se fit représenter à l'égyptienne, vêtu du pagne royal, coiffé du bonnet osirien et portant le sceptre divin à tête de quadrupède " ; c'est le petit personnage qui suit à pied le char d'Artaxercès III". Bagoas, en cela, ne fit qu'imiter les rois de Cilicie 16 et que copier le monnayage des rois de Sidon 17. Il n'en résulte pas moins qu'en Égypte et dans les monarchies voisines, le sceptre était encore, au Ive siècle, le symbole de la royauté. Les Lagides ne pouvaient que l'adopter, lorsqu'en 305, ils prirent le titre de paatdoôç. Ne trouvant plus d'appui en Grèce, forcés de se concilier leurs sujets indigènes18, les Ptolémées cherchent à imiter les monarques des anciennes dynasties et admettent qu'on les considère comme des émanations divinesf9. Ils portent le sceptre divin dans les scènes religieuses où ils figurent en costume de pharaon avec tous les symboles de la royauté égyptienne 20, Ptolémée Ier avait 'pris le titre de e nT/lp, qui l'assimilait aux dieux21, et sa femme Bérénice s'était fait représenter, sur la monnaie", avec la coiffure emblématique d'Isis, « la plus ancienne déesse qui ait porté le sceptre dans l'Olympe" ». Ptolémée Il épouse sa soeur Arsinoé, it la façon des pharaons, et se fait représenter avec celle-ci sur des pièces d'or portant la légende Aecûv âàe),4wv 24. La même Arsinoé, après avoir fai t placer une fleur de lotus au-dessus de sa tête23, finit par prendre sur la monnaie G6 le sceptre à palmette, axïl7cTpov aaicupoetIEç. Son fils, ou beau-fils, Ptolémée III agit de même et nous le voyons avec un sceptre, en forme de trident, sur l'épaule27 ; pour les Grecs ce n'était qu'un symbole de la victoire d'Andros. L'égyptienne Cléopâtre, épouse de trois rois Séleucides, prend, sur les tétradrachmes syriens, l'épithète ®Ex EuET-r,pla2B et son fils Antiochos VIII (123-96 av. J.-C.), copiant les types monétaires égyptiens, place le sceptre sur ses bronzes ". De Syrie, la coutume se répand rapidement chez les dynastes de l'Asie ; elle se maintient chez les anciens tributaires des Arsacides30 et leurs arrière-vassaux, les chefs Sarmates, sont appelés sceptuchi par les Romains3l. Rose. On ignore si l'on doit attribuer quelque valeur symbolique aux cannes de certains personnages des peintures de Cervetri (fig. 5476) 32 et d'un bas-relief de Velletri 33, On a déjà vu (fig. 3789) la déesse Turan ou Vénus représentée sur un miroir gréco-étrusque avec un sceptre orné d'une fleur; sur un autre miroir 34 Jupiter, Tinia, tient un sceptre surmonté de l'aigle. En général, sur les monuments étrusques, le sceptre ne diffère pas de ce qu'il est dans les oeuvres grecques (voy. encore fig. 4234). Les chefs étrusques avaient, dit-on, pour insigne le sceptre portant une aigle, que Tarquin l'Ancien adoptais. Les premiers rois de Rome avaient-ils le sceptre ? Ces chefs latins des vile et vne siècles sont électifs ; on ne peut SCE 1118 SCE donc les considérer comme ltoynnniç, ni les comparer aux paat),Elç achéens du xule siècle ; même le dernier roi de Rome, Tarquin le Superbe, a moins souci d'imiter Agamemnon que de se modeler sur Aristodème, le puissant tyran de Cumes. Inutile de chercher si ce fut comme descendant d'un lucumon ou comme héritier des Bacchiades qu'il adopta le ax'r7CT90v EaEq, .nTtvov, car le sceptre était à la fois pour eux un emblème de la royauté et un symbole religieux'. Si, plus tard, les auteurs en ont surtout parlé comme d'un ancien symbole royal, ce fut parce que, oublieux des anciennes pratiques inhérentes au stolisme, ils ne songeaient qu'aux poèmes homériques dont l'étude avait été remise en honneur. En établissant le culte de Jupiter Optimus Maximus, Tarquin plaça au Capitole une statue de ce dieu, l'habilla de vêtements de pourpre et la décora d'un diadème, d'un foudre et d'un sceptre2; en même temps, il institua des jeux qui étaient précédés d'une procession dans laquelle on promenait, sur des chars, les vêtements de Jupiter et ses ornements. On promenait de même les exuviae de Junon et de Minerve [calas, p. 1193]. Ce n'était pas une coutume purement locale; elle existait dans l'ancienne Égypte' ; Fr. Lenormant l'a signalée dans le culte assyrochaldéen, disant fort justement que « le plus mémorable exemple qu'on en trouve chez les Grecs est celui qu'offre la fête des Grandes Panathénées 4 » . En Égypte, c'est le pharaon qui officie dans le stolisme; en Grèce, ce sont des magistrats, des prêtres ou des femmes; à Rome, dans le culte de Jupiter Capitolin, ce furent les Tarquin. La fête terminée, les rois n'avaient aucun motif de se parer d'ornements qui étaient purement religieux', et ce n'est même point en tant que chefs de l'État qu'ils portaient, dans la procession, le sceptre de Jupiter, comme vainqueurs célébrant un triomphes. Ce fut à la suite d'une victoire que Tarquin institua ce culte ainsi que la procession, qui dans le principe n'était pas annuelle; elle ne le devint que vers le milieu du Ive siècle [LUDI, p. 1378]. Devait-elle être périodique ou n'avoir lieu qu'après de nouvelles victoires et de nouvelles conquêtes? Quoi qu'il en soit, on la renouvelait à chaque triomphe, et c'est le triomphateur qui portait les vêtements de Jupiter ainsi que son sceptre [TRIuMPHUS]. Ce privilège est purement militaire ; il n'appartient ni au rex sacrorum ou à l'interroi, ni aux prêtres ou aux consuls, ni aux magistrats politiques ou judiciaires. Durant toute la République, on ne l'accorde qu'aux commandants d'armée (duces)'. Mommsen dit que le triomphateur ne pouvait jamais reprendre en mains le scipio eburneus a ni de son vivant, ni même après sa mort o, à la différence de ce qui avait lieu pour les autres insignes triomphaux 6. Il se peut qu'après la cérémonie, les ornements en métal et en ivoire fissent retour au trésor du temple et qu'on ne donnât au magistrat que les vêtements d'étoffe, comme cela a encore lieu dans certaines pratiques du stolisme. Cependant, Eumène' et Masinissa10 reçurent le sceptre et les insignes triomphaux, cuvt sella curuli atque eburneo scipione, pour en jouir leur vie durant. La plus ancienne représentation que nous ayons de ce sceptre capitolin se trouve sur les monnaies romaines, frappées à Capoue, pendant la guerre latine, vers 340-338 ( fig. 6175) 11. C'est une aigle éployéel2, posée sur une hampe d'une coudée environ à laquelle convient le nom de scipio i3 qu'on lui donnait, le mot hasta74, analogue au ôdpu de Pausanias 15, désignant ces longs sceptres, aussi grands que la taille humaine, qu'on voit ailleurs aux mains du Jupiter du Capitole (fig. 4237, 4238, 4242) ; de celui d'Anxur's (fig. 4235), de Diane de Vénus 18, de l'Italie et de Rome personnifiées (fig.4111)f9 et aussi des empereurs (fig. 392, 4110). Bien que Masinissa eût reçu le scipio eburneus, ce n'est point cet insigne qu'il place sur ses monnaies, mais le sceptre à fleur de lis 20, car, alors, ce sont les idées égyptiennes qui dominent dans toutes les cours orientales. Bientôt même, ces idées pénétreront en Italie avec la poésie des Alexandrins : Lycophron avait employé le mot axir ttpa, non comme synonyme de arg7vTOUy(a ou de ;latt)tE(oc, ainsi que l'avait fait Hérodote, mais dans un sens beaucoup plus étendu: y-11,ç xai Ox),txa a7tç axioc pa 21. Cette figure de la rhétorique alexandrine fut mise en image par Varron, le célèbre polygraphe qui, vers 49 av. J.-C., étant proquesteur de Farmée pompéienne en Espagne, fit graver sur les deniers un sceptre entre un aigle et un dauphin (fig. 6176), comme emblème de la domination sur terre et sur mer de Pompée 22. Celui-ci n'ambitionnait point le titre de roi, mais SCE 1149 SCH il avait adopté Neptune pour père'. César refuse le diadème 2, véritable insigne royal qu'aucun empereur ne prendra, au moins à Rome, jusqu'à Constantin mais, se considérant comme descendant de Vénus, il fait graver des médailles représentant cette déesse avec le sceptre'. Antoine se donne comme une incarnation de Bacchus et se fait représenter avec sa femme Cléopâtre portant le sceptre' et se qualifiant de eéa vedwrepa6. Après la chute de l'Égypte, tous les Césars divinisés tiennent le sceptre', qu'il ne faut nullement considérer comme un emblème de la royauté. Pour les Égyptiens d'alors, le sceptre était moins un insigne royal qu'un symbole divin, figurant toute une suite d'idées philosophiques que nous avons peine à saisir, qu'on révélait aux étrangers dans les mystères d'Isis' et que les Alexandrins exprimaient par le mot clIto8éwatç [APOTHEOSIS]. C'est pour cela qu'Homère, dans le bas-relief d'Archélaos de Priène, est représenté sceptre en mains (fig. 5209) et que les prètres égyptiens décernèrent un sceptre à fleur de lotus à la petite Bérénice qui mourut avant de régner'. C'est le scipio eburneus que les empereurs prennent encore pour célébrer un triomphe : on le rencontre fréquemment sur les médailles (fig. 6177) 10 et sur les monuments. Mais il va faire régulièrement partie du costume de cérémonie des consulaires (fig. 1906 et suiv.) " ; on le donnera même à des particuliers 12. Alors, il ne rehaussera plus la pompe triomphale, mais contribuera à l'éclat des jeux publics. A la fin de l'Em pire, la plupart des personnages repré1. sentés sur les diptyques 13 tiennent d'une Fig. 6178. Scep main le bâton d'ivoire surmonté d'une tre consulaire. aigle et de l'autre la mappa (fig. 6178) qui sert à donner le signal du départ aux cochers du cirque. Quand les premiers empereurs d'Orient décerneront les titres de patrice et de consul aux rois barbares, ils leur enverront le sceptre capitolin et ceux-ci en feront un insigne héréditaire de leur pouvoir monarchique. SORLIX DORIGNY.