Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article SCHOLA

SCHOLA. Il a été expliqué au mot LUDUS que le terme schola, transcription latine du grec azdk9 « repos, délassement », avait été usité à Rome, à partir du milieu de l'époque républicaine, alors que les choses helléniques devenaient à la mode, pour désigner les hautes études littéraires et, par suite, l'endroit où l'on s'y livrait'. Nous n'avons pas à revenir ici sur ce sujet. Le mot prit bientôt plus d'extension et servit à désigner des endroits où l'on se réunissait, comme dans les schola littéraires, pour causer et discuter. Ainsi l'on donnait ce nom à des constructions isolées, mises sur des places publiques, à la disposition des promeneurs désireux de converser des choses du jour : on en a trouvé de 'telles sur le forum triangulaire de Pompéi 2 et sur celui de Simittus Chemtou) en Afrique'. D'après Pline, on appliquait la même dénomination à une grande salle construite dans l'enceinte des portiques d'Octavie, assez vaste pour avoir pu servir plus d'une fois aux séances du sénat ' et sur laquelle on n'a, d'ailleurs, aucun renseignement précis'. Dans les thermes, au dire de Vitruve', le mot schola caractérisait des parties du caldarium et du laconicum, espaces laissés libres autour des bassins, où les baigneurs attendaient leur tour avant d'entrer dans les baignoires ou de s'approcher des cuves d'eau bouillante [cf. BALNEUM, p. 656J. Dans le langage des camps on qualifiait ainsi' une petite enceinte sise en face l'endroit où étaient déposés l'aigle et les enseignes, près du lieu de campement du légat; on venait y chercher les ordres de service. Mais le terme était surtout en usage dans les collèges : il caractérisait le lieu de réunion de la compagnie, la salle réservée aux assemblées profanes et religieuses, aux fètes, aux sacrifices, au repas de corps'. On a découvert dans différentes parties de l'Empire romain un certain nombre de schola nettement identifiées par des inscriptions, et l'on peut se rendre compte des formes qu'elles affectaient et des détails qui les distinguaient des autres constructions. Leur comparaison permet de faire une distinction très nette entre les schola, sièges de collèges, qui, elles, étaient de véritables pièces, plus ou moins spacieuses, et les autres simples édicules, disposées en plein air ou à l'abri, dans des lieux publics pour faciliter la conversation : celles ci nous sont surtout connues par deux spécimens déjà cités plus haut et découverts l'un à Pompéi, l'autre à Chemtou. La schola du forum triangulaire de Pompéi est demicirculaire. C'est proprement un banc disposé à l'extrémité ouest du tem ple, faisant face à la campagne ; on y jouissait autrefois, comme on y jouit encore aujourd'hui, d'une vue merveilleuse sur la vallée du Sarno et sur la mer (fg. 6179)9. M. Toutain a décrit ainsi la schola qu'il a découverte sur le forum de Sirittus 10, « La face sud-ouest du forum est occupée par une sorte d'exèdre monumental. La forme générale est celle d'un demi-cercle dont le diamètre se prolongerait à droite et à gauche au delà de la circonférence.... ; au sommet du demi-cercle, le mur est comme interrompu; une niche profonde d'environ 3 mètres a été ménagée en cet endroit ; elle s'ouvre du côté opposé au forum; le mur du fond est courbe. Le mur de façade a une hauteur de 1 m. 50 au-dessus des dalles du forum, et il ne reste aucune trace d'un escalier en pierre en avant de ce mur ; devant l'exèdre se trouve un trottoir large de 2 m. 80. La décoration architecturale du monument peut être reconstituée sans trop de difficulté. Les substructions en pierres de taille étaient décorées d'un revêtement en marbre, comme le prouvent les trous creusés dans les blocs, dans lesquels s'engageaient des crampons en fer. Au-dessus de ces substructions existait un mur formé de briques plates et de petits matériaux en marbre; il était, lui aussi, demi-circulaire : la face interne en était ornée d'une colonnade (fig. 6180) ». La largeur de cette schola à la partie antérieure est environ de 20 mètres. Là encore nous retrouvons donc la forme demi-circulaire adoptée pour la schola de Pompéi. Les schola de cette sorte auraient aussi bien pu recevoir et SCH 1121 SCH ont sans doute reçu plus d'une fois le nom d'exèdre; l'un a pu être pris pour l'autre'. C'est aussi la forme demi--circulaire qui parait avoir été usitée pour les schola militaires dont il a été question plus haut. Du moins est-ce celle que nous constatons dans les deux seuls exemples que nous en connaissions 2 et dans une édicule du camp de Lambèse qui pourrait être rapproché des précédents'. ll n'en est pas de même des schola, salles de réunion de collèges. On y remarque une grande variété de plans. Il faut malheureusement laisser de côté la schola Xantha des scribes attachés aux édiles curules, qui a été découverte au xvte siècle sur la voie Sacrée, près des rostres'. On ne possède pas de détails sur la disposition du monument; un des auteurs qui en ont parlé semble dire qu'elle se composait de trois pièces disposées sous un portique'. La seule chose certaine c'est que l'édifice était construit tout en marbre et décoré somptueusement. Mais il est d'autres spécimens, en assez grand nombre, dont l'étude a été faite avec soin. La schola des sodales Serrenses, collège funéraire, était située à Rome près de la Voie Nomentane ". C'était une salle carrée de 5 mètres de côté à laquelle on accédait par une marche ; tout autour régnait un banc peint en rouge; au milieu était un autel également revêtu de couleur rouge; une plaque de marbre, fixée contre l'autel, indiquait le nom du donateur; à la partie supérieure reposaient deux vases de bronze, mesures de liquides, offerts à ses collègues par un membre nommé C. Cirrius Zosimus7. Les dendrophores d'Ostie se réunissaient dans une salle trapézoïdale attenante au temple de Cybèle et d'Attis, mais à un niveau inférieur. Le tour en était garni d'un banc, qui n'était interrompu qu'à l'endroit de la porte. Au centre existaient deux autels. Mur, banc et autels étaient là encore peints en rouge (fig. 6181). Une inscription recueillie dans la salle indique que la pièce était la schola du collège. Par contre, la schola d'une association funéraire de Rome, siégeant sur la voie Appienne et consacrée à Silvain, était circulaire (fig. 6182). Fea en a conservé le plan 8. Au centre s'élevait un autel au milieu d'un espace carré dallé ; autour régnait un terre-plein. Le long du mur, intérieurement et à distances régulières vin. étaient disposés des sièges dont on a noté des vestiges. On a retrouvé, à Lambèse, toutes les salles de réunion des collèges militaires de la légion fne Auguste groupéesauprae torium (fig. 6183) autour de la chapelle des enseignes 9. Toutes sont rectangulaires; quel ques-unes seulement se terminent par de petites absides. Dans l'intérieur, appuyées contre le mur du fond, étaient disposées des pierres afleclant une forme circulaire ou simplement incurvée où se lisait la dédicace de l'édifice suivie du règlement de l'association. On n'a pas trouvé trace de bancs le long des murs; mais le droit d'entrée dans ces associations portant le nom de scanlnariuna 10, il est probable que les pièces étaient garnies de sièges en bois. La forme rectangulaire est aussi celle que présentaient les salles de réunion des corporations marchandes établies sur le forum d'Os tic (fig. 6184)";elles avaient, d'ailleurs été établies après coup sous le portique oriental; on avait relié les colonnes au mur d'enceinte par des cloisons, et obtenu ainsi une série de compartiments rectangulaires : devant l'entrée de chacun d'eux, un cartel de mosaïque contenait le nom d'une des corporations de la ville. De la comparaison de ces différents plans, il résulte évidemment que les schola n'avaient point de forme propre et qu'on suivait, pour les établir, celle du terrain dont on disposait. On voit aussi que ce qui les caractérise, en général, c'est un banc ou des sièges pourles confrères 12 et un ou plusieurs autels à sacrifices 13 ; cela marque très nettement la destination à la fois pratique et religieuse de ces sortes de salles de réunion. Les inscriptions signalent les embellissements de toute sorte que la générosité des membres du collège ou des bienfaiteurs y apportaient. Les murs étaient revêtus de peintures'', on y élevait des statues aux dieux 15 ou aux 141 SCI -1122 SCO patrons' protecteurs de la corporation; on y plaçait des meubles et des ustensiles nécessaires aux festins, des tables 2, des buffets des cratères £, des vases pour mesurer les rations ', des balances pour les peser des cadrans solaires 7, des candélabres de bronze 8, etc. Abusivement, le mot schola a été employé parfois, surtout lorsqu'il est question de collèges militaires ou assimilés, comme synonyme de collegium. C'est ainsi que dans un texte trouvé près de Drobeta °, un personnage porte le titre de dec(urio) scol(ae)fab(rom) i(tem) imag(inifer), son fils d'immag(inifer) scol(ae fab(ruin), un troisième de vexil(larius) scol(ae) fab(rum), alors que dans des textes analogues70 on trouve les expressions vexillarius collegi fabrum; qu'à Misène nous rencontrons parmi les marins de la flotte la mention d'une schola armatur(arum)"; ailleurs une schola tubicinum", une schola decurionuln", une schola a vexillariorum'`, etc. Il est aisé, dès lors, de comprendre pourquoi, à l'époque post-constantinienne on donna le nom de schola à certains groupements de militaires ou de fonctionnaires militarisés, ainsi que cela avait lieu à cette époque 1' . Ces corps étaient ceux qui, n'ayant pas de garnison fixe dans les différentes provinces de l'Empire, étaient plus spécialement attachés à la personne du souverain. La Notice des Dignités et le Code Théodosien nous les font connaître, : ils citent les scutarii1f, les gentiles17, les armaturae f e, les notarii 19, les domestici et protectores20, les agentes in rebus 21, II se pourrait aussi que le terme sabota leur ait été plus particulièrement appliqué parce qu'ils avaient, comme salle de garde, une pièce spéciale du palais impérial 22. L'institution remonte à Constantin 97 et dura jusqu'à l'époque byzantine. Chaque corps était composé de cinq cents hommes. R. CAGNAT. xo«6ar9ç et âaxâv'r g, signifiant un lit étroit et de pauvre apparence', ou une civière2,ou un simple bancMais il y avait aussi des meubles de ce nom à l'usage des gens riches, servant de chaise-longue et de lit de repos pour une seule personne; et c'est ainsi qu'ils furent connus à Rome, comme une invention grecque E, SAGuo.