Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article SCRIPTURA

SCRIPTURA. Fpxp-il. Écri ture, art d'écrire. L'écriture en Grèce remonte vraisemblablement à une très haute antiquité et l'on peut conjecturer, avec une probabilité bien voisine de la certitude que, dès que les Grecs eurent adopté un alphabet, ils se servirent de l'écriture non seulement pour les actes officiels et les inscriptions destinées à les conserver, mais aussi pour les relations journalières, et cela bien antérieurement au vie siècle avant notre ère. On écrivit sur toutes sortes de matières, feuilles d'arbres, écorce, bois nu ou enduit de cire [TABULAE CERATAE] ; sur les métaux, notamment sur le plomb, sur des fragments de poteries, puis sur le papyrus qui fut, pendant plusieurs siècles, la matière à écrire la plus répandue dans le monde grec et dans le monde romain, enfin sur le parchemin qui, vers le ne siècle de notre ère, commença à se substituer au papyrus [LIBER]. Dans l'état actuel de nos connaissances, pour ne parler que d'après les documents existants, en dehors des inscriptions, pour le paléographe l'histoire de l'écriture grecque ne commence qu'à la fin du Ive siècle avant J.-C., où nous trouvons, en 310, un contrat de mariage', en double expédition sur papyrus, fort bien écrit. On peut suivre l'évolution de l'écriture sur cette matière, depuis cette date jusqu'au vine siècle de notre ère, et on la voit prendre différents caractères, non seulement selon les époques, mais encore selon les ouvrages ou les documents qu'elle sert à transmettre ; car l'écriture en usage pour la transmission des oeuvres littéraires n'est pas la même que celle qui est employée pour la correspondance et les besoins journaliers2. Il y a donc, dès le principe, deux grandes divisions qui subsistent jusqu'aux environs du lx' siècle : les écritures des oeuvres littéraires et des actes importants et celles des documents journaliers et familiers. Mais dans le cours du temps, l'idéal et les règles se modifient sous l'influence de causes qu'il n'est pas toujours possible de déterminer et, à ce point de vue, on reconnaît dans l'histoire de l'écriture grecque trois périodes: la première s'étend de la fin du ive siècle aux environs de l'ère chrétienne, c'est la période ptolémaïque; la seconde, appelée période romaine, comprend les trois premiers siècles de notre ère ; la troisième est la période byzantine qui va jusqu'au ix` siècle. Chacune de ces périodes a son type ou ses types d'écritures préférés. Écriture onciale. On appelle ainsi une écriture dont les lettres, d'après l'étymologie (uncia), devaient avoir un pouce de hauteur. En réalité, ce terme désigne un ensemble de caractères dont la forme et l'aspect, sur les plus anciens documents, rappellent beaucoup ceux des inscriptions 3Les lettres sont tracées indépendamment les unes des autres et maintenues séparées. Leur tracé est extrêmement morcelé et laborieux; à l'exception de I toutes sont faites en deux, trois et même quatre traits'. On comprend facilement qu'un pareil système 01-e-41 e o t.tA T01A,à►EOOiP014rKo IKAT liaT-t`Kf EAALNAN d'écriture ne pouvait convenir à ce qui demandait une expédition rapide. Aussi fut-il réservé à la transcription 4c}cc Na.xf j -e+A.A-ot-s j e.Awes P-,eï1c1.tm([sme-c SCR 4126 SCR des ouvrages de l'esprit et des documents auxquels on attachait de l'importance. Les plus anciennes écritures nneiales connues ont ceci de commun qu'elles reproduisent d'assez près les types épigraphiques, comme on peut l'observer sur le papyrus de Timothée (fig. 6191)1 et, sauf en quelques passages du contrat de 310 (fig. 6192), on ç EJ fr oC Àl 07 n'y remarque, en général, ni pleins ni déliés, tous les traits sont sensiblement d'égale force. Mais de bonne heure, la loi du moindre effort fit modifier et simplifier le tracé de certaines lettres, le M se traça en trois traits au lieu de quatre et l'es, prit une forme de transition (,) faite d'un trait. Dans le cours du me siècle, les lettres perdent de leur hauteur et gagnent un peu de largeur; l'A prend la forme , 1'E est réduit à trois éléments et reste d'abord anguleux (t), puis il s'arrondit'. Un document peut nous donner une idée approximative de ce que fut, à la fin du me siècle et au commencement du l'écriture des papyrus littéraires. C'estun traité de dialectique où sont conservées des citations de poètes (fig. 6193) 3. Aucune lettre, ici, n'attire le regard par un développement excessif ou par une petitesse exagérée. C'est ce qui se remarque aussi sur les papyrus d'Herculanum ° qui, sans remonter aussi haut que celui-ci, ont conservé assez fidèlement le type de l'écriture ptolémaïque et peuvent être regardés comme datant du siècle qui précède l'ère chrétienne'. A l'époque romaine, les calligraphes changent d'idéal. Ils tracent avec un calame très fin des traits grêles, sans pleins ni déliés, et arrondissent les lettres le plus possible. Un document daté approximativement de l'an 10 `r'rxcJNk`.1 wrJ)CI-ÀpxUcoTtlCWI;, 01Cf0J c~NCrcrvOrrJCCk' r2Sco-ru) 1G)-i )cri ~rric avant J.-C., nullement littéraire, mais dû à la plume d'un calligraphe nous montre ce qu'était l'onciale dans les premières années de notre ère (fig. 6194). Vers la fin du .ter siècle, un nouveau changement se manifeste. C'est encore sur un papyrus non littéraire que nous le surprenons en 88; un bail? d'une apparence fort soignée, bien que le calligraphe, qui s'essaie à cette nouvelle écriture, ait laissé échapper quelques formes cursives d'€ et d'y, nous offre une assez grosse onciale très m-o,Net-tara) EYcr re a r ToYTn7r-c Nl-(12) régulière d'environ 3 millimètres de hauteur (fig. 6196), qui fait songer à l'écriture en usage sur les parchemins aux ve et vie siècles, écriture à laquelle ressemble encore davantage celle d'un fragment du second chant de l'Iliade trouvé à Hawara et qui peut, avec une grande probabilité, être regardée comme du Lle siècle8. Je rapprocherai encore volontiers de ces documents l'Iliade dite de Bankes9. Il y a des différences de détail entre ces écritures, mais toutes trois ont un caractère commun, c'est le contraste entre les traits verticaux, qui sont assez forts, et les traits horizontaux, qui sont très fins; le même contraste se remarque dans les lettres rondes comme E O C . Nous ignorons si l'usage de cette grosse onciale prit une grande extension au m° siècle; en tout cas, nous n'avons de ce temps que des monuments en écriture plus petite, comme celle du papyrus de Julius Africanus, où l'opposition des pleins et des déliés est très sensiblet0. Nous nous bornerons à signaler, en passant, un genre d'écriture plus basse, mêlé d'onciale et de cursive, qui roïc1 Ne.-'TON7I-H K I A.TI N)OUNTI N»TU)N CÏN HMINe fl l TO MI W H 3-lI O N! SCR 1127 SCR se voit sur des papyrus et des parchemins et qui servit pour transcrire des scholies et faire des éditions d'un prix modeste', ou encore de petits livres qu'on donnait en D-(AMÀ-xe «CliC-d'x-OnONNKC't u.M4t-roYcw~i{Bé~l0Yc--0'`tc -1.es-Y tine-j.eet présent aux convives [APOPHORETA[. La figure 6196 est tirée d'un commentaire de Didyme à Démosthène, écrit sur papyrus 2. L'écriture calligraphique était d'abord bien verticale; on évitait mêrne avec tant de soin de l'incliner à droite que certains scribes, comme celui de l'Iliade de Ha.rris3 allaient jusqu'à la renverser légèrement à gauche. Une plus grande rapidité dans l'exécution de leur travail amena les copistes à produire une onciale penchée dont on voit des exemples notamment sur un papyrus d'Homère, à Londres 4, et sur un autre, à Genève, d'après lequel ont été publiés les fragments du Laboureur de Ménandre. Ce dernier est opistographe, et son écriture a fortement subi l'influence de la cursives (fig. 6197). Aux environs du Ive siècle, c'est le parchemin qui devient la matière préférée pour copier les écrits sacrés et les ouvrages littéraires. On sait que Constantin fit exécuter sur parchemin des copies des Évangiles à l'usage des églises de Constantinople et que, vers la fin du Ive siècle, on remplaçait par des copies sur cette matière les livres endommagés de la bibliothèque de Pamphile, évêque de Césarée 6. L'onciale usitée sur quelques-uns des plus anciens manuscrits de parchemin descend de celle que nous avons vue en 88 (fig.6195)comme on peut s'en assurer en comparant avec celle-ci l'écriture d'un manuscrit de la Bible, le Codex Sinaiticus (fig. 6198), qui paraît être du commencement du v° siècle'. La matière étant plus résistante, on fit les traits beaucoup plus gros pour marquer davantage le contraste des pleins et des déliés. Ces écritures, d'abord simples comme celle du Sinaiticus, furent ensuite agrémentées de points aux extrémités des traits horizontaux et d'un petit renflement aux courbes extrêmes des lettres e et 8. Ensuite on porta ces grandes et fortes écritures sur le papyrus, matière moins coûteuse, où nous les trouvons aux tu' et vne siècles, mais avec un contraste, en général, beaucoup moindre entre les pleins et les déliés. La figure 6199, tirée d'une lettre festale d'un patriarche !'d a. J2f CIL d'Alexandrie 9, nous en montre un exemple. Un autre du même genre se voit sur un papyrus opistographe des oeuvres de saint Cyrille, dont une partie est à Dublinf0 et l'autre à Paris, au Louvre us Il y eut des écritures encore plus fortes que celles-ci, mais sans contraste de pleins et de déliés, dont on connaît des exemples sur parchemin et sur papyrus. L'un des plus remarquables fut le manuscrit, sur parchemin, aujourd'hui bien mutilé des Épîtres de saint Paul 12 /" d .04 H 1 AC (fig. 6200) auquel ressemble beaucoup le papyrus de la Bible des septante, à Heidelberg, pour lequel on hésite entre le vre et le vire siècle". Par une modification semblable à celle qu'avait subie l'écriture sur papyrus au lue siècle, l'onciale des parchemins, à son tour, se rétrécit et s'inclina à droite, les lettres rondes devinrent ovales et même pointues ; telle est l'onciale penchée du fragment mathématique de Bobbio 1r (vne s.). Cette onciale penchée, une fois adoptée comme écriture calligraphique, fut ornée de points aux extrémités de ses traits horizontaux, comme on peut le voir dans un manuscrit de l'Ancien Testament, à Venise'', et surtout dans le psautier d'Uspensky10, évêque de Kiev. Cursive. Parallèlement à cette onciale dont nous venons de passer rapidement en revue les principaux SCR 1128 SCR types, se développa une écriture plus appropriée aux besoins de la vie courante, qui, par des modifications successives, aboutit au lx° siècle à la minuscule des parchemins Au in° siècle avant J.-C. pour la correspondance et les actes tels que testaments, contrats, etc., nous voyons des écritures plus ou moins soignées qui toutes offrent des formes onciales assez altérées, au tracé toujours morcelé, mais ferme et sans gaucherie, souvent unies entre elles parce que le dernier élément d'une lettre est fait d'un trait avec le premier de la lettre suivante, et aussi parce que des traits adventifs ont été introduits pour opérer cette liaison. La plupart des lettres prennent une plus grande largeur. Sous la plume de certains scribes, les angles ont tendance à s'arrondir, chez d'autres ils se resserrent ou ils disparaissent, témoin l'A, qui prend les formes d A ; le M qui devient n ; des traits sont supprimés (T devient -7) ou simplement diminués (H devient h et avec trait de liaison Fr); d'autres se déplacent (N devient c-S ) ou repassent l'un sur l'autre de façon à se confondre et à n'en former qu'un seul, comme on vient de le voir pour l'A, qui offre aussi les formes r f; certaines portions des lettres se développent, tandis que d'autres perdent de leur importance, c'est ainsi que l'n, épigraphique devient successivement w t' uyv. Ces déformations que nous offrent des écritures officielles du nie siècle, par exemple en 237 (fig. 6201) 2, s'étaient certainement produites longtemps auparavant, étant donné l'état dans lequel nous voyons la cursive sur certains documents'. Cependant, parmi L-i r Tl°f~ 1 rc t-rt'Tv7Ct-( C° rr les écritures de ce temps il y en a qui ne manquent ni de régularité, ni d'une certaine élégance' (fig. 6202). Au ne siècle avant J.-C., si quelques-unes des plus mauvaises formes de la cursive se voient même dans des écritures qui paraissent soignées, si l'A ressemble trop souvent au À, on remarque cependant une amélioration pour certaines lettres, le M est mieux fait, la forme (N) se fait plus rare et vers la fin du siècle l'w (w, (Ar) avec ou sans trait de liaison est presque seul employé comme on peut le constater dès 157 (6g: 6203)'. A la fin de ce siècle et au suivant il n'y a pas de changement con ~/`~1T 1ti`1~tr~`~rs~tcc ki'rY--rw-rfr(.e kit+c~o,:Yr3°ellicEic-1c-ji-6t rrec' sidérable; l'écriture reste verticale ou peu s'en faut, le tracé est généralement très morcelé et les traits souvent ed.~ e-2soz-one -E }tut et Yr N e'i M (Y D j'Il bien appuyés" (fig.6204). Mais au le"siècle de notre ère, il en va tout autrement, on écrit rapidement et on appuie N QI/ c.-yu côYCfto~rte-«( f-P I r7N f4 /L/ :,hQY-roc--yo`t Cy C peu, les traits deviennent grêles et, dès l'an 15 (fig. 6205)7 à côté de formes arrondies, on en trace d'anguleuses qui débordent dans les marges, cependant ce sont les premières qui dominent; on voit presque partout Le lunaire, le (= T), l' `C (=Y) et vers le milieu du siècle, la partie supérieure du sigma (C) s'arrondit et s'infléchit vers le bas de la lettre( c o ). Dans la deuxième moitié du siècle, ~wY -a'Y"1-ï à-Ppt07 y,ilets (,y-t-, e. v7 .V-1 eZ( Z,V n :-({ Nt 1'co t u:q J v c;l,d..Lc t %' 1w f vers 72-78, on trouve des cursives très élégantes, dont la liaison des lettres rend la lecture assez difficile (fig. 6206)8; le sigma est devenu 9 et une nouvelle forme de N ((te) fait son apparition. C'est vers la fin de ce siècle ou au commencement du suivant que Çu.1,1 oi/4 ■4h \'\ SCR -1429SCR l'on a transcrit en cursive, au verso d'anciens comptes, un document littéraire d'une haute importance : la Constitution d'Athènes d'Aristote (fig. 6207). Ceci est un exemple assez remarquable d'une copie littéraire exécutée pour l'usage privé Nous trouvons, d'ailleurs, à la fin du 1°T siècle et au IIe une grande variété de cursives : les unes, où les formes onciales sont en grand nombre, grossières et informes, comme sur les ostraka2, d'autres assez lisibles, mais sans élégance, d'autres enfin qui sont fines et légères. Ces dernières sont penchées et offrent quelquefois des a à. panse allongée (et-) issus de ceux que l'on a vus plus haut (fig. 6205) et des lettres un peu développées au commencement des lignes 3. Au ut° siècle, en 238 et 246, à côté de types d'écritures penchées qui sont issues directement des précédentes nous trouvons en 261 un acte 6 dont les types rappellent J on o?'ef 1 r1'`M trTt,Y';Iê ° 1-° C-ro) c'cf o~ o ~.oll I)xce ceux des années 15 et 45 (fig. 6208). Ce genre d'écriture continuait donc d'être enseigné. Du reste, un document de 221, qu'on peut, malgré ses défauts, qualifier de calli î C %-j c rero 1-t-riziu) C graphique (fig. 6209), montre une prédilection marquée pour certaines formes de l'onciale Pour trouver un nouvel idéal, il faut arriver au milieu du Ive siècle où un groupe de papyrus qui contient toute la correspondance d'un fonctionnaire de ce temps, nous offre des écritures très hautes, les unes verticales les autres penchées, où les lettres, généralement étroites et constituées par des déliés, sont, chaque fois que leur forme s'y prête, prolongées au-dessus et au-dessous des lignes en traits verticaux ou obliques d'une longueur exagérée°. C'est là le début de l'écriture officielle byzantine qui atteint son point de perfection auxve et vie siècles (fig. 6210) 3. Sa durée se prolonge avec des altérations et des déformations jusqu'au vue siècle. Après avoir été verticale, elle s'incline à droite, puis les traits projetés dans les interlignes prennent une longueur tout à fait démesurée qui atteint jusqu'à six, sept et même huit fois la hauteur de 1'0 normal'. Cependant, la chancellerie impériale conserva l'écriture droite que l'on peut voir dans la lettre sur papyrus adressée à un roi de France, qui est conservée aux Archives Nationales 10. Les formes des lettres y sont à peu de chose près celles qu'a empruntées la minuscule des parchemins pour la transcription aussi bien des oeuvres sacrées que des oeuvres profanes. Mais assez longtemps encore après l'apparition du style byzantin, jusqu'à la fin du vie siècle et peut-être plus tard, dans l'usage privé, persistèrent des cursives où dominaient les formes onciales ACKANC ; ces lettres, à première vue, les feraient attribuer à une époque antérieure, si la présence de quelques formes plus modernes ne trahissait leur âge récent". Écriture latine. L'histoire de l'écriture latine ne commence pour nous qu'au siècle qui précède l'ère chrétienne. Là aussi nous trouvons consacrées aux oeuvres littéraires et plus tard aux livres sacrés des écritures d'un tracé compliqué, qui ne pouvaient pratiquement servir aux usages journaliers ; pour ceux-ci on employait une cursive. Si du premier genre d'écriture, nous avons un assez grand nombre d'exemples, nous n'en possédons, au contraire, qu'un nombre restreint de la cursive latine antique. Capitale. Les types de l'écriture la plus ancienne se rapprochent beaucoup de ceux des inscriptions. Toutes les lettres y sont d'égale hauteur, sauf F et L qui dépassent un peu le niveau supérieur des autres; les traits horizontaux de ces lettres et ceux d'E, sont munis quelquefois d'appendices terminaux, comme les majuscules romaines de nos impressions; les hastes sont P1NC\TL oLy TOR1LSINVLtUL Fig. 6211. fortes et épaisses et l'on peut remarquer une assez grande opposition entre les pleins et les déliés12. Les feuillets SCR 1130 SCR de deux manuscrits de Virgile, les uns au Vatican (Dionysiallus)'(fig.6211); les autres à Saint-Gall° (Schedae FEMPOP.MMNV CLIVAS E ® ETE S. Galli) (fig. 6212) sont ce que nous possédons de plus ancien dans ce genre d'écriture. A côté de cette capitale on en trouve une autre, qui a reçu le nom de capitale rustique, dont les lettres sont un peu plus étroites et les traits verticaux, hastes et jambages, parfois plus grêles. Celle-ci se voit sur des inscriptions du 1"r et du Ille siècle de notre ère 3, sur un papyrus d'Herculanum, qui contient des fragments d'un poème sur la bataille d'Actium 4, et sur un papyrus militaire de 136 après J.-C., trouvé en Égypte 'e. C'est en cette variété de la capitale qui, lorsqu'elle est soignée, est élégante et de bel aspect que sont écrits plusieurs manuscrits célèbres de Virgile, le Vaticanus 6, le Romanus 7, le 1~SI1111t.ul f pe.SX y p ml.noRA Ili Îuc 1yN1'S11yNSQ-Il31 CU31CO1-C, Palatinus e le Mediceuss (fig. 6213) qui est probablement antérieur à 494, puis le Bembinus'b de Térence. L'usage de cette écriture se prolongea jusqu'au ix" siècle'`. Mais dès le vie on avait cessé de l'employer seule pour transcrire les textes littéraires ou religieux. Écriture onciale. Parallèlement à la capitale se développa une autre écriture, l'onciale, qui n'en est qu'une modification" : des angles se sont arrondis, des traits verticaux se sont courbés ; les lettres A, D, E, H, M, V, sont devenues ab a E. m U et F, P, Q, R, désormais r r q rse prolongent au-dessous du niveau inférieur des autres lettres. Des inscriptions du iv" siècle en offrent des exemples 13. C'est en onciale qu'avait été copié, en ce siècle, le de Pxepublica de Cicéron retrouvé par A. Mai sous un texte de saint Augustin14. Du même temps, date peut-être un évangile de Vercelli qui, d'après une tradition, serait dû à la main de saint Eusèbe, mort en 371" Parmi les plus célèbres monuments de l'écriture onciale, on cite le Tite-Live de Paris, du v" siècle16 auquel est empruntée la figure 6214. eNe) fil U?.Nt t l 6. b eltt. )N ç. N ils ÇIo)Z1)E1' pa.e L'onciale se modifia dans le cours du temps. Les plus anciens manuscrits montrent des lettres très simples; les panses du D du P et de l'R sont petites, celle du P mal fermée par le bas ; les traits transversaux de F et de T sonts courts; L n'est souvent qu'une simple hampe à peine recourbée à sa partie inférieure (1). Au vie siècle, auquel on doit de fort beaux manuscrits", les traits transversaux de ces lettres se sont allongés et souvent ont été pourvus d'un petit point terminal, d'autre part, les FunernbeiNbepenbrn se9N1sJ c..u uLcus-reb. panses de P et de R ont pris de l'ampleur (fig. 6215) et celle de P est assez souvent fermée. Tout ceci s'exagère aux deux siècles suivants tt. Après le vine siècle, l'onciale ne se voit plus guère que dans les en-tête et les titres 1e. Senti-onciale. Le besoin de faire vite et la négligence firent introduire d'abord dans les copies que l'on ne faisait pas pour la vente, dans les notes que les lecteurs inscrivaient sur les marges de leurs livres, des formes de lettres plus commodes à tracer. Ces types nouveaux se glissent peu à peu dans l'écriture calligraphique et finirent par y prendre pied. On peut surprendre sur un papyrus 20, attribué au nie siècle, qui contient un abrégé de quelques livres de Tite-Live, mêlées aux lettres onciales, des formes minuscules, le b, le d à haste droite, l'm dont le premier jambage cesse d'être arrondi et 1' (r). Au v" siècle apparaissent l'a., le g ($ ), l'n (N) et l'r (s). C'est ainsi que du 141 Y? 01 ig SCR 1131 SCR Ine siècle au vte siècle se forme un genre d'écriture qui n tient le milieu entre l'onciale et la minuscule p a ~ctd 9 -o.9 u L►--1 d o co i mérovingienne » 1 ; c'est la semi-onciale, dont un spécimen des plus purs nous est offert par un manuscrit d'Orléans (fig. 6216), du ve siècle, qui contient deux lettres de saint Augustin 2. C'est en semi-onciale qu'ont été écrites les deux séries de fastes consulaires du palimpseste de Vérone 3, l'une allant de 439 à 486 et la seconde, d'une autre main, de 487 à 494. Parmi les spécimens les plus remarquables de cette écriture, il faut citer un manuscrit des Évangiles de saint Gall dont deux feuillets sont au monastère des Bénédictins de Saint-Paul, en Carinthie, et qui semble être le plus ancien des manuscrits auxquels on doit la version de saint Jérôme 4; le manuscrit du de Trinitate de saint Hilaire, à Rome, corrigé en 509 ou 5105 ; un papyrus de Vienne où se trouve le même traité fi. On peut suivre cette écriture jusqu'au 1x' siècle. Mais pas plus que l'onciale, elle n'est restée sans changement. Au vie siècle, elle reprend à côté de g et n minuscules les formes G et N de l'onciale; à la fin des lignes, les lettres m et n sont remplacées par un petit trait au-dessus de la voyelle qui les précède. Ceci devient plus fréquent aux siècles suivants où l'on se metà munir d'appendices les hampes de b, d, h, 1, et les queues de p et q Cursive. -De la cursive romaine primitive on ne connaît rien. Les documents les plus anciens sont ceux qui proviennent de Pompéi et d'Herculanum et qui datent du le" siècle de notre ère. Ils consistent en inscriptions murales (graffiti) tracées au pinceau, au charbon, ou grossièrement gravées au moyen de quelque objet pointus ; en tablettes de cire où quelquefois on a écrit à l'encre sur les parties du bois qui n'étaient pas enduites 9. L'écriture des tablettes, tracée au poinçon, est naturellement plus fine et plus délicate que celle des graffiti. D'autres inscriptions ont été trouvées dans les catacombes romaines k0 ; d'autres tablettes aussi dans ~•T a C a~ E FI c h h 1. 1 l 1 AA m. N h oa CT (.\A\ J' ff tf v tt, X Y des mines en Transylvanie" ; celles-ci datent du rfe siècle de l'ère chrétienne; des tuiles même portent des carac tères cursifs gravés avant la cuissonY2. Les lettres de ce genre d'écriture sont composées de traits extrêmement menus, notamment sur les tablettes , on y reconnaît des formes très altérées de la capitale, comme on peut s'en rendre compte d'après l'alphabet ci-contre (fig. 6217) où nous donnons les principales formes quiontété recueillies sur les tablettes de Pompéi i3. Quelques lignes de cursive se lisent aussi sur le papyrus militaire de 456, où nous avons signalé l'emploi de la capitale rustique''; et un acte de vente d'esclave, de 166, est entièrement écrit de cette manière; mais, ici, les caractères sont gros et parfaitement lisibles' (fig. 6218). On ne possède plus rien en écriture cursive jusqu'au ve siècle, époque où l'on voit une grande écriture de chancellerie (fig. 6219) sur un papyrus trouvé en Égypte et partagé entre les bibliothèques de Leyde et de Paris 16. Ce document (c'est un rescrit impérial adressé à un fonctionnaire), demeuré longtemps indéchiffrable, est attribué à l'an 413'7. Les lettres y sont d'une grande régularité et entièrement liées les unes aux autres ; celles qui sont basses comme E M ont de 12 à 15 millimètres de hauteur, tandis que les lettres à hastes atteignent jusqu à 34 millimètres. C'est le seul exemple connu de cette écriture. Mais du ve siècle et des suivants il nous reste un grand nombre d'actes sur papyrus en grande et belle cursive dont les lettres à longue haste bouclée ont jusqu'à 2 centimètres de haut, et les lettres basses de 3 à 4 millimètres. L'un des plus connus est un acte de vente rédigé à Ravenne 18, en 572 (fig. 6220), SCR 1132 SCR Il y a de nombreux exemples de l'emploi de la cursive pour les annotations marginales dans les manuscrits en capitale et en onciale. Il y a même quelques textes entièrement transcrits en cette écriture, par exemple les homélies de saint Avit à Paris', celles de saint Maxime à p)(M--feet z-rr-'u -rer)-)M ru, am Vs C{uevm t^L io» t l ur Turin et à Milan «fig. 6221), dans cette dernière ville encore le papyrus de la traduction latine de Josèphe3. Disposition de l'écriture. La disposition la plus fréquente sur les papyrus littéraires est la disposition en colonnes perpendiculaires aux côtés longs du rouleau, l'écriture courant dans le sens des fibres horizontales [LIBER] Ces colonnes sont souvent étroites; mais, à cet égard, il semble qu'il n'y eut pas de règle générale ; un des plus anciens monuments littéraires, le papyrus de Timothée', est écrit en longues lignes irrégulières de 16 à 23 centimètres. La longueur des lignes peut varier avec celle des vers dans les oeuvres poétiques, lorsque toutefois la division a été observée, ce qui ne se fait pas toujours. Certains papyrus de prosateurs ont des colonnes assez étroites, comme celui d'Ilypéride, au British Museum a, dont les lignes n'ont guère que 5 centimètres ; au contraire dans celui du Louvre 6 elles eu ont 9, et dans l'Isocrate de Marseille elles vont jusqu'à 157. Les plus anciens manuscrits de parchemin montrent des colonnes étroites, il y en avait trois et même quatre à la page, comme dans le codex Sinaiticus 8. Mais après le vie siècle, ce nombre fut réduit à deux. Séparation des mots. Çà et là dans les papyrus non littéraires, actes, lettres, etc., on peut remarquer un petit intervalle entre deux mots, mais ceci est tellement irrégulier qu'il faut y voir un effet du hasard et non une intention. Il n'en est pas de même dans le papyrus du Louvre, connu sous le vocable d'Eûld;ou -ré-v-n, qui semble être antérieur à 154 avant J.-C. 9 ; dans l'écriture onciale assez grossière de cet extrait les mots sont bien séparés les uns des autres. Mais tel n'était pas l'usage des calligraphes. L'idéal de ceux-ci, qu'ils fussent grecs ou latins, était d'écrire les lettres à égale distance les unes des autres, qu'elles appartinssent au même mot ou à des mots différents. C'est la méthode constante dans ous les manuscrits soignés, qu'ils soient en papyrus ou en parchemin. On a bien remarqué que, dans certains manuscrits, comme le papyrus Massiliensis d'lsocrate, il y a quelquefois un petit point au-dessus de la ligne pour indiquer la division des mots ; une virgule ou hypodiastole, joue le même rôle dans le papyrus de Bacchylide f0; mais ces signes sont-ils toujours de première main? Nous savons par un passage d'Aristote" que des lecteurs ajoutaient des points dans les textes pour leur commodité personnelle. D'autre part, on a constaté que ceux qui séparent les mots, dans les manuscritsen capitale de Virgile, sont des additions posté rieures Ponctuation. Les signes de ponctuation manquent totalement dans les papyrus non littéraires ; les autres n'offrent aucun système régulieri3. Les Perses de Timothée sont divisés en longs paragraphes à la suite desquels le copiste laisse le reste de la ligne en blanc, puis il trace au-dessous du commencement de cette ligne le petit tiret appelé nap4patpoc(fig.6191). D'autres laissent un petit intervalle libre entre le dernier mot de la phrase qui finit et le premier de celle qui commence et ajoutent la aapàypapos au-dessous du premier mot de la ligne ; c'est ainsi que dans le fragment de l'Antiope d'Euripide " on marque la fin de la réplique de chaque personnage. En outre de la napciypaxo;, le copiste des fragments du Phédon 16 trace un tiret dans la ligne pour indiquer le changement d'interlocuteur; quand un des personnages du dialogue n'a qu'un mot à dire, il met deux forts points (:) avant et après ce mot. Ces deux points, dans le papyrus d'Artemisia, servent aussi à marquer la fin d'une phrase. Dans le Bacchylide la naoalyeapos se met à la fin de chaque strophe, antistrophe ou épode. Plus tard, on fit d'abord légèrement saillir, puis on mit tout à fait en vedette dans la marge la première lettre de la ligne qui suivait celle où le sens s'était interrompu en la faisant un peu plus grande que les autres, ceci se voit, dès le ve siècle, dans le codex Alexandrinus. Quant au système dont on attribue l'invention à Aristophane de Byzance, qui consistait à marquer la ponctuation au moyen d'un seul point dont la valeur variait avec la place qu'on lui faisait occuper, il ne paraît guère avoir été mis en pratique18. On trouve cependant le point en haut et le point au milieu dans le codex Alexandrinus; on les voit même dans le papyrus d'Isocrate, mais sans qu'on puisse se rendre compte de la méthode suivie par le copistef7. Le simple point un peu au-dessus de la ligne est assez fréquent dans celui de Bacchylide et, sert à marquer la ponctuation forte aussi bien que la faible. Bien que les grammairiens affirment l'existence, en Occident, du système d'Aristophane de Byzance, la ponctuation de première main fait défaut dans les plus anciens manuscrits latins en capitale, où la division du discours est seulement marquée par un petit intervalle. On voit aussi quelquefois, dans des manuscrits des premiers siècles de notre ère, une sorte de P devant le premier mot d'une ligne qui commence un paragraphe f8. Mais le point au milieu est le plus communément employé dans les manuscrits en onciale, où les lettres en vedettes à la marge sont d'un usage constant. Accents, esprits et autres signes. On ne voit que très rarement des esprits sur les papyrus non littéraires : quant aux accents, ils n'en portent jamais. Parmi les SCR 1133 SCR autres, les plus anciens n'offrent en général ni esprits, ni accents. Mais dans des manuscrits de poètes, comme le fragment d'Alcman et le papyrus de Bacchylide, on trouve des accents principalement sur les mots un peu longs'. Les premiers manuscrits de parchemin ne sont pas accentués, non plus que les manuscrits latins Les esprits aussi sont en petit nombre et leur usage très intermittent. Parmi les autres signes, il faut citer l'apostrophe assez fréquente dans le Bacchylide pour marquer l'élision 3 ; on peut la voir dans des manuscrits anciens placée en avant et en arrière de certains noms étrangers, comme les noms de patriarches et les noms de villes 4. L'emploi du signe de diérèse, simple point ou tréma, n'est pas raredans les papyrus sur ï et ü initiaux. Signalons encore çà et là l'hyphen, petit trait courbe (.), au-dessous des mots composés et, dans les manuscrits homériques, la présence des signes d'Aristarque la diple (») et l'astérisque. Sur les papyrus anciens les citations ne sont pas indiquées ; ce n'est que postérieurement à l'ère chrétienne, vers le vie siècle, que l'on trouve dans les manuscrits des guillemets (e, e, », »), placés dans les marges; un autre procédé en usage dans les manuscrits grecs et latins fut celui de l'indentation, qui consiste à mettre le texte cité un peu en retraits. Les corrections sont exécutées de diverses manières : tantôt la lettre écrite par erreur est biffée d'un petit trait oblique, tantôt elle est surmontée d'un point; quand il s'agit d'un mot entier à corriger, celui qui doit lui être substitué est écrit au-dessus dans l'interligne Les parties omises un peu considérables sont inscrites dans les marges supérieure ou inférieure, et un signe de renvoi indique où elles doivent prendre places. Lorsqu'il s'agissait de réparer une erreur un peu importante commise sur un papyrus, on collait, à l'occasion, sur la partie à remplacer, en ayant soin d'en placer les fibres exactement dans le même sens, une petite bande de papyrus sur laquelle on écrivait le texte à substituer Procédés et signes abréviatifs. Un passage mal interprété de Diogène Laerce avait fait attribuer à Xénophon l'invention d'un système de sténographie' ; mais cette idée est aujourd'hui abandonnée, et il parait certain que les anciens Grecs n'ont employé que quelques signes et un certain nombre de procédés abréviatifs. Ce n'est pas qu'on ne se soit préoccupé d'abréger l'écriture et de substituer à l'alphabet ordinaire des signes plus faciles à tracer. Nous savons assurément qu'on l'a fait dès la fin du ve siècle. Une inscription trouvée sur l'acropole d'Athènes nous a conservé des vestiges d'une tenta tive de ce genre °. Une autre eut lieu un siècle et demi plus tard, dont l'auteur, inconnu tout comme le premier, proposait une sorte de système sténographique, car il réunissait en un seul signe deux et même quelquefois trois lettres 10. Mais ce ne sont là que des souvenirs, car l'état des inscriptions ne permet pas de reconstituer ces systèmes avec sûreté, et nous ne savons pas si l'un d'eux a jamais été en usage. Nous n'avons rien d'écrit au moyen de ces signes; car les papyrus littéraires calligraphiques n'offrent que très peu d'abréviations. On a trouvé dans l'Hypéride du Louvre le v final remplacé par un trait horizontal suscrit. Dans les papyrus d'Herculanum, qui renferment les écrits de Philodème, les conjonctions mi et ydp et l'article Tti)V sont représentés par leur consonne initiale surmontée d'un accent grave (K f Tl), la préposition 7rpdç s'écrit parfois; les sigles .Ç et f signifient zpdvoç et Tpdiros à tous les cas, il y a aussi les deux signes / et ® pour Lrri et Eivat. On signale encore quelques abréviations dans les scholies du papyrus d'Alcman et dans une collection d'exercices de rhétorique ". Postérieurement à l'ère chrétienne, le Commentaire au Théétète de Platon n'offre que le v final représenté par un petit trait suscrit AOrO(Àdyov)12.Un peu plus tard, au vine siècle, le copiste du fragment mathématique de Bobbio emploie un certain nombre de signes abréviatifs dont il parait quelquefois ignorer la signification exacte 13. Dans les papyrus non littéraires ou dans ceux qui, comme celui de la Constitution d'Athènes, ont été écrits pour l'usage privé, on peut, au contraire, constater l'emploi fréquent de signes conventionnels pour représenter les termes les plus usuels et de procédés abréviatifs, qui consistent à supprimer certaines portions des mots, comme les finales sur lesquelles il n'est guère possible de se tromper. Ainsi dans les reçus, les baux, les comptes, les lettres, les signes L et signifient respectivement gros et l x p.7, à tous les cas ; AvE.. et AL représentent (A.ETp1IT7iq, on écrit7rpô pour signi fier 6x€tîx, et aussi pcour ndalc, 'r pour Toazp;tta, etc. f4. Le papyrus de la Constitution d'Athènes (fig. 6207) nous prouve que les procédés abréviatifs étaient très usités dans l'écriture courante, lorsque la copie exécutée n'était pas destinée à la vente. On y trouve couramment deux procédés: l'un consiste à écrire seulement la première lettre du mot que l'on veut abréger, en distinguant les uns des autres, au moyen d'une sorte d'accent ou d'un autre signe, ceux qui commencent par la même lettre ; ce procédé s'emploie pour SCR 113 SC R les prépositions (sauf rd et ini qui ne s'abrègent pas), les particules et les conjonctions. Ainsi p.EV et SÉ s'écrivent p.' et A', p.eroi. et Sut, p.' et Q ; l'article s'abrège aussi, on trouve r' pour r7lç, rs v, rtvv. Dans les finales en rat, xt se représente par une sorte de trait sinueux (S) attaché à l'extrémité du trait horizontal du T. A côté de ceci on voit nombre de mots dont la terminaison n'est pas écrite en entier ; on en a seulement inscrit la dernière ou l'avant-dernière voyelle, par exemple ao),wv pour E6Àwvoç, innapX pour inno.pyouç, xaeta9EV pour KXEtaOivviç. Quelquefois on a négligé d'écrire cette voyelle et pour rrtxrv on s'est contenté de mettre arrc, pour E.),ée0at, ElEâ, pour c.zyv, 8, pdt, etc. On rencontre un système analogue avec de petites différences dans le papyrus qui contient le commentaire de Didyme sur les Philippiques de Démosthène 2. (fig. 6196). Dans ce que nous venons de voir, la suscription d'une lettre prévenait le lecteur que le mot était abrégé; ce procédé est usité çà et là dans d'autres papyrus ; mais la lettre suscrite n'est pas toujours distincte; elle est même souvent remplacée par un trait semblable à une sorte d'S renversée ( ') Parfois, c'est une assez grande portion de mot que le lecteur doit suppléer lorsque, par exemple, Epuono3,(rr,ç est écritEpp.ono ou Eop.o7i $. Les noms propres se traitent de la même manière, Aip-ilÀtoç s'écrit aup:l ou au) Au Ive siècle, l'abréviation est indiquée par un trait horizontal suscrit : EpuTalH signifie ipwrriOEvrEç e. On trouve aussi, et cela dès le tue siècle de notre ère, un trait oblique apposé à la dernière lettre écrite de façon à couper son extrémité inférieure, 1/ représente Stxaic?'. D'autres fois, un simple point suffit à signaler l'abréviation, par exemple Entrp• pour in(reonoç 3. A ces procédés il faut joindre celui de l'abréviation par contraction, qui se rencontre fréquemment dans les manuscrits de contenu ecclésiastique. Il consiste à supprimer la portion moyenne du mot et à n'écrire que la première et la dernière lettre, ou bien une ou deux lettres du commencement et deux, trois ou quatre de la fin, selon le cas; ces lettres se surmontent d'un trait horizontal, par exemple ûC signifie Oaéç, (N BE6v, KY xup(ou, HHP 7ca'7ilp, IIPOC inarpdç, 1AHM 'Iepouaa).ip.; OYNOIC oûpavo(ç 9. Ce procédé est employé dans un papyrus du me ou plutôt du Ive siècle, qui contient l'Épître aux Hébreux Les manuscrits latins de la période qui nous occupe ne connaissent que peu d'abréviations; elles sont rares jusqu'au vine siècle ", mais elles se multiplient considérablement après le xe. Un des plus anciens papyrus latins, écrit en semi-onciale, offre cos pour consu c'est celui qui contient une épitomé de Tite-Live, cf. p. 1130, n. 20. 13 Reusens, de notes tironiennes, cf. Ment., L. 1. cf. Wessely, L'in System altgriech. Ta libus, en pour praetorem, LIE pour liber, TRIE. PI. pour tribunus plebis, B. pour bus. Le prénom y est indiqué par une lettre unique (sigle), l'initiale suivie d'un point; L. P. signifient Lucius et Publius, etc. '2. Outre ces abréviations-ci on voit ailleurs Q pour que, pM Ou QNM pdur quoniam et le remplacement de m et N à la fin des lignes par un petit trait horizontal suscrit. Dans les manuscrits de contenu religieux se montre le système de l'abréviation par contraction : DMS ou DNS pour dominus, DNO pour domino, Ds pour deus, ses pour spirites, Res pour episcopus. Dans le palimpseste de Gaies, à Vérone, une finale supprimée se représente par un trait vertical traversant la dernière lettre écrite, fil signifie nisi, E PfJ eninz Tachygraphie. Dans cet ensemble de procédés, on ne saurait voir un système de tachygraphie, ni rien qui ressemble à notre sténographie moderne. Cependant, à partir du 15e siècle de notre ère, il y eut dans le monde grec des tachygraphes ou sténographes (arip.etcypcipot, rayuypxtpot)14. Mais il semble bien qu'ils se servaient d'une invention romaine que les Grecs n'avaient fait qu'imiter'^ La plus ancienne mention de la tachygraphie se lit sur un papyrus égyptien de l'an 1à5 après J.-C; c'est une convention avec un professeur, dans laquelle le recueil de signes que doit apprendre l'élève est désigné par le mot xop.Evrâptov ; ce terme paraît un indice assez sûr que l'invention n'était pas grecque". Nous savons que la tachygraphie a été très en usage du ni' au Ive siècle, qu'elle se répandit en Orient17 puis en Sicile 18 et en Illyrie où a été trouvée une inscription en caractères tachygraphiques dont la signification n'a pas encore été découverte 19. Beaucoup de papyrus, répartis entre les diverses collections d'Europe, sont ou entièrement ou partiellement écrits en tachygraphie ; un petit nombre seulement a pu être déchiffré, car nous n'avons qu'une connaissance incomplète de leur système d'écriture20. Celui des notes (notae) tironiennes, qui servit peutêtre de modèle à la tachygraphie égyptienne, est mieux connu. Ce système d'écriture abrégée dont on fait remonter l'invention à Tullius Tiran, affranchi de Cicéron, qui s'était occupé seulement des prépositions 21, se compose non pas de signes conventionnels, mais de lettres réduites à leur plus simple élément, c'est-à-dire quelquefois à un trait droit, courbe, ondulé ou formant une ligne brisée. Une note pouvait être employée seule pour figurer soit un mot indéclinable, comme une préposition, soit un substantif ou un adjectif très usuels, ou un verbe à la 3e personne du singulier de l'indicatif présent; elle faisait alors fonction de sigle. Mais, 3 et 4. Dewiseheit, Grieeh. Tachygraphie in aegyptisch. Papyrusnrkunden, dans sammtuny d. Kdnigl. Mus. zu Berlin dans Archiv. f. Sien. (1902). Un autre système est mieux connu, c'est celui qui se trouve dans quelques manuscrits du moyen tige; schrift dans Archiv. f. Sien. (1903) ; Morgenstern, Cicer. u. die Stenographie, SCR 1..135 SCR ordinairement, pour représenter un mot on se servait de deux signes dont l'un exprimait le radical, l'autre la terminaison ; ce dernier était un peu plus petit que l'autre. Le radical s'exprimait soit par sa seule lettre initiale, soit par sa première syllabe, soit par plusieurs lettres faisant partie du mot, dont la portion moyenne était supprimée comme dans le procédé d'abréviation par contraction. Presque toutes les lettres de l'alphabet tironien avaient deux formes : l'une, tirée de l'écriture capitale, était employée pour représenter les radicaux; l'autre, empruntée à l'écriture courante, servait à la fois pour les terminaisons et les radicaux. On usait aussi du point diacritique qui, selon la place qu'il occupait auprès d'une note, lui donnait des significations différentes'. Ces notes furent d'un usage assez fréquent jusqu'au xl° siècle 2, les notarii devaient les connaître, aussi en enseignait-on la pratique dans les écoles, et, àcet effet, on avait composé des espèces de lexiques où elles étaient disposées en colonnes verticales avec leur signification en face d'elles'. Elles servirent, comme les signes de la tachygraphie grecque à recueillir des discours, des sermons, des déclarations dont on tenait à posséder la forme authentique Les annotateurs de manuscrits en usèrent dans leurs scholies marginales. Elles furent aussi employées, mais exceptionnellement, à transcrire des ouvrages entiers G. Les manuscrits où se lisent des notes de ce genre appartiennent tous au moyen âge. ALE. JACOB.