Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article SCRIPTURA

SCRIPTURA. Taxe perçue à Rome sur les trou peaux qui allaient paître dans les paturages' publics (publica pascua) ou dans les aestivi vel hiberni saltus de l'Italie. De là vient le nom de scriptuarius ager donné aux terres du domaine public [AGER PUBLLCUS] soumises à ce mode d'exploitation'. Cet impôt sur les pascua fut le seul perçu dès l'origine par les agents du trésor ; aussi cette dénomination, d'après Pline', demeura longtemps appliquée à tous revenus publics. Plus tard, la ferme de cet impôt fut adjugée, sous la République, aux enchères à des compagnies de publicains [PUBLICANI], d'après un cahier des charges [CENSORIA LocATIO] dressé par les censeurs. Au moment où les troupeaux quittaient les vallées pour aller passer l'été sur les monts, ils devaient être soumis à l'inspection des agents des publicains, qui en prenaient note (scriptura) et percevaient le droit de pâturage ou de transit', en raison du nombre et de l'espèce des bestiaux. Cet impôt était d'autant plus facile à recouvrer que le climat de l'Italie rendait alors, comme aujourd'hui dans la Capitanate, la transhumance nécessaires, Le trésor public affermait même des pacages en province, et jusqu'en Cyrénaïque où ce système fit disparaître certaines plantes tels que le laser ousilphium7. On consacrait au pâturage non seulement des collines ou vallées, mais des saussaies et des boisé, et lors de la formation des LATIFUNDIA, ce système contribua beaucoup à déboiser l'Italie. Il y avait des étendues considérables d'alter scriptuarius, non seulement en Apulie et en Campanie, mais encore en Sicile °, en Afrique 10, en Asie", SCR 1136 SCU en Cilicie', et vraisemblablement dans toutes les provinces 2. Le directeur placé sur les lieux pour surveiller la perception de l'impôt au profit de la société vertigalis des publicains, se nommait pro magister 3. Sous l'Empire, les pâturages du domaine public et des biens de l'Empereur 4 (pascua publica vel rei privatae), ne furent pas exploités de la même manière. On en loua l'exploitation à des particuliers moyennant une redevance, pensio, perçue par les procuratores Caesaris; il n'est plus question de publicanus de scriptura et de scriptuarii. Souvent aussi l'Empereur a des troupeaux que ses agents font paître sur ses domaines [PATRIMONIUM PRINCIPIS]. Le Code Justinien consacre un titre aux fundi rei privatae etsallus divinae domus Mais la transhumance était toujours réglée comme elle le demeura depuis ; une inscription que Mommsen ' rapporte au temps des rois Goths, rappelle la règle sur le mode de déclaration des troupeaux, professa pecuaria et les lieux de station, en punissant les fraudes pratiquées contre le trésor. Depuis le vie siècle de Rome, le pâturage et le jardinage tendaientà devenir le mode unique d'exploitation des terres en Italie, et malgré les limitations portées par les lois Liciniennes [AGRARIAE LEGES], la grande propriété envahissait tout, et la classe moyenne des laboureurs disparaissait. En revanche, les troupeaux conduits par des esclaves occupaient d'immenses espaces de terrain [LATIFUNDIA]. Les édiles, qui avaient la surveillance des pâturages publics et le droit d'infliger des amendes aux contrevenants 8 [AEDILIS], ne purent empêcher la violation des lois Liciniennes sur l'étendue des terres du domaine que pouvait affermer un particulier, ni l'usurpation de ces terres par les fermiers ou tenanciers. Les tentatives de réforme des Gracques et de Livius Drusus n'aboutirent pas. Une loi du tribun Sporius Thorius restreignit l'usage de la pâture sur le domaine public 9; on possède des fragments d'une autre loi rendue en 643 de Rome, qui permit sur les restes de l'agerpublicusle pacage gratuit pour un certain nombre de têtes de bétail '0, sans doute afin de favoriser les petits agriculteurs, ce qui dut réduire à peu de chose la scriptura et préparer sa disparition sous l'Empire. Les employés se nommaient pecua rti ou scriptuanii. G. HUMBERT.