Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article SCURRA

SCURRA. I. L'étymologie du mot est incertaine C'est chez Plaute que nous apparaît sa signification la plus ancienne. Il y désigne, d'une façon générale, les beaux messieurs de la ville, les citadins. En un endroit le poète qualifie ainsi un citadin, habitué à ses aises et à la mollesse, par opposition à un homo militarise ; ailleurs, un homme de manières élégantes et distinguées, par opposition à un paysan mal appris' ; ailleurs encore, un oisif qui est au courant de toutes les nouvelles et de tous les bruits de la ville, un « nouvelliste » '`. Mais ce sens s'était déjà, semble-t-il, complètement éteint dès le temps de Cicéron. Par une dérivation toute naturelle, ce terme désigne, à cette époque, un homme d'esprit (urbanus), un facétieux ou même un bouffon'. C'est en ce sens que Cicéron, traduisant un mot de Zénon, appelle Socrate scurra atticus, par allusion sans doute à l'ironie perpétuelle dont usait ce philosophe'. Puis, comma c'était l'habitude des grands dans la Rome de la décadence, d'avoir à leur table un bouffon, chargé de divertir les convives, le mot scurra finit par désigner un bouffon de métier, un parasite 7. C'est, ainsi également qu'en Mais, l'esprit n'étant pas à la portée de tous, les parasites y suppléaient souvent par la flatterie; d'où le sens nouveau de flatteur, flagorneur. Vorace nous montre un de ces scurrae, qui, relégué au bas bout de la table, paie son écot, en relevant les paroles les plus insignifiantes du maitre pour les faire admirera. Enfin, d'autres scurrae remplaçaient l'esprit par des grimaces et des tours de charlatan'. Scurra devint un synonyme de inaus. II. Dans les derniers temps de l'Empire, nous trouvons le mot scurra avec une toute autre signification: il désigne les gardes du corps de l'Empereur, les soldats de