Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

SECTOR

SECTOR. Celui qui coupe. C'est le nom donné, à raison de leur emploi, aux ouvriers de divers métiers. Columelle 1 appelle un faucheur sector foeni. Materiarius est l'ouvrier qui débite le bois soit pour ceux qui doivent le travailler [SERRA], soit pour le marchand qui le met en vente [MATERIARIUS]. Les scieurs de pierre (sectores serrarii)2 étaient, à Rome, organisés en collège. Une inscription 3, où le mot sector n'est suivi d'aucune autre détermination, paraît se rapporter à l'oeuvre de l'opus sectile, c'est-à-dire au découpage des marbres ou pierres destinées à ce genre de mosaïque [MusIvea opus]. Le même nom, sector, désigne, dans la langue du droit romain, l'acquéreur de biens vendus publiquement au SECURIS (it))Exuç, Les formes les plus spécialisées de la hache ayant été étudiées dads les articles montrer comment ces types divers se sont successivement différenciés. Après avoir retracé ainsi l'évolution de la hache d'après les exemples fournis par la Grèce et par l'Italie, on en indiquera les principaux usages, religieux, militaires et industriels. Les types. A. la fin de l'époque néolithique, au moment où l'apparition du cuivre va activer si puissamment l'évolution de la civilisation dans le bassin oriental de la Méditerranée, la hache, premier instrument du travail humain, s'y présente déjà sous plusieurs formes. Ces formes peuvent se répartir, selon l'emmanchure, en deux catégories : 1° Les haches qui s'emmanchent par leur base (le côté opposé à celui qui doit frapper) dans un morceau de bois ou de corne de cerf évidé, emboîté lui-même dans une tige droite coudée. Pour mieux s'encastrer, la base tend à s'amincir, tandis que, pour mieux frapper, le taillant se développe (fig. 6255 et 6256) ° ; 2° Les haches qui ne s'en castrent pas dans le manche, mais qui sont forées en leur centre de façon que le manche puisse y pénétrer. Pour que ce trou central ne diminuàt pas la solidité de l'arme, il fallut l'élargir dans la partie mé diane. Du milieu, où la ~~ -; plus grande épaisseur, les par la base. faces opposées allaient en se rapprochant vers les extrémités. Au lieu de la forme plus ou moins triangulaire de la hache simple, qui frappe par un seul tranchant légèrement convexe, on se trouve donc en présence d'une hache double, de plan losangique, qui peut frapper alternativement par les deux extrémités, généralement moins larges que le centre et plutôt affutées qu'arrondies (fig. 6°257 à 6259)' Tels sont les deux types principaux qu'ont imités les premiers fondeurs. Le cuivre fut, pendant longtemps, assez rare pour que les haches aient continué, bien après la découverte de ce métal, à être taillées en pierre. Quand la transformation du cuivre en bronze eut permis de perfectionner les armes de métal, ce sont les haches du sud de l'Europe qui paraissent avoir bénéficié les pre SEC 1166 SEC mières de ce progrès; de la région qui s'étend des péninsules grecque, italienne et ibérique aux vallées du Rhône et du Danube, les haches de bronze allèrent servir de modèle aux haches de pierre dans les pays septentrionaux'Aussi, tandis que ces modèles permettent aux haches de pierre d'atteindre dans le Nord la plus grande perfection, le développement de la métallurgie arrêta de bonne heure, dans le Sud, celui du travail de la pierre. C'est au milieu de pièces néolithiques qu'on y rencontre les premières haches de cuivre. Ces haches plates (flat cents, flachcelte)2 peuvent se distinguer suivant que leurs côtés longs sont presque parallèles «fig. 6260) ou qu'ils se rapprochent d'un côté, tandis que le côté opposé s'évase en demi-cercle Ce dernier type est celui que la Babylonie avait adopté, le côté du tranchant étant largement développé, le côté de l'emmanchement étant réduit à une courte saillie 5. Parfois, le côté destiné à s'emmancher s'évase à son tour ; les côtés longs prennent alors une forme légèrement concave, et la hache est directement introduite dans le manche fendu à cet effet. La hache votive de Thoutmès III (xvle siècle av. J.-C.) peut donner une idée du lacis de lanières nécessaires en ce cas pour maintenir la lame dans le manche (fig. 6261)a. Ce type de hache et celui où, supprimant les côtés longs, la lame s'arrondit au sortir même du manche, se dégagent en Égypte, dès les premières dynasties, du lingot de cuivre primitif. Ces premiers lingots de cuivre sont souvent si petits ou si informes qu'on a pu croire qu'on ne se trouvait pas en présence d'armes ou d'instruments, surtout quand ces lingots sont pourvus de trous de suspension. Les haches seraient alors, ou bien des amulettes' dont l'usage s'expliquerait par ce culte de la hache qui remonte aux origines de l'humanité, ou bien de véritables lingots dont la rareté du bronze aurait fait la valeur monétaire, et dont les monnaies dites pélékeis et hémipélekka, en Chypre et en Crète, conserveraient le souvenir8. Sur l'emploi comme haches de ces lingots, toute hésitation disparaît quand le rehaussement des côtés longs donne naissance au type dit des haches à bords rehaussés (Jlanged ceps, kragencelte). Les deux bords commencent par subir, dans toute leur longueur, un léger relèvement uniforme 9; puis le relèvement s'accentue dans la partie centrale où il tend à se limiter ; plus les ailettes que forment les bords ainsi repliés se rapprochent du manche qu'elles finissent par enserrer, plus se dégage la lame dont le rebord s'évase en demi-cercle. Dès lors, on peut distinguer dans la hache une face inférieure et une face supérieure, un tranchant arrondi terminant une lame aux côtés légèrement concaves et une base qui sert à l'emmanchure avec ailettes maintenant la hampe. A l'extrémité opposée au tranchant se développe un évidement plus ou moins prononcé recevant le coude même de la hampe 10Bientôt, pour empêcher la hampe de se déboîter, on ménage, à la naissance des ailettes, une sorte de cran d'arrêt ". Mais cette hache à talon (stop-ridge tell, leistencelt), avec ou sans un ou deux anneaux destinés apparemment, à recevoir des lanières, ne paraît pas s'être développée en Grèce et en Italie comme dans les pays plus septentrionaux où elle a reçu le nom de palstab 12, O SEC 1167 SEC A la fin de l'âge du bronze, dans le domaine de l'antiquité classique, on voit les ailettes, en se limitant au tiers postérieur de la lame, donner naissance au type dit de la hache à ailerons (winged celt, lappencelt), qui parait avoir été en usage vers le vnl-vlle siècle, tant en Grèce 1 qu'en Italie, où il est un produit caractéristique de la civilisation dite de Villanova. Dans les tombes et les dépôts des environs de Bologne 2 (fig 6262), à Este 3 et en Étrurie 4, on retrouve cette même arme longue de 15 à 20 centimètres, comprenant une lame massive de 7 à 10 centimètres et un talon plus mince séparé de la lame par une sorte de ressaut; contre ce ressaut, la tète fendue d'une hampe de bois coudée venait buter, maintenue par les ailerons; au-dessus de l'aileron supérieur, un anneau servait à faire passer les liens qui consolidaient l'assemblage. Pour le rendre plus solide encore, on fut amené à faire joindre les ailettes. qu'on finit par souder ensemble. Ainsi se constitua la hache à douille (sochetedcelt, hohlcelt), hache pourvue latéralement d'un ou deux anneaux ou crochets et où des aile- ~ cons simulés ornent par fois les côtés de la douille (fig. 6263) Avec la lame très développée aux dé pens du talon et ornée d'une décoration linéaire ", on atteint le dernier terme, en Italie du moins, de l'évolution du type des haches de bronze où c'est le manche qui s'engage dans la tête de l'arme. Pour éviter les inconvénients du manche coudé et pour alléger le poids de la hache, on parait avoir, en )Égypte, dès le début du Moyen-Empire (vers `3000) 7, pratiqué un double évidement dans la partie de la lame qui s'encastrait dans le manche (fig. 6264). Quand ces évidements se prolongeaient jusqu'à la face opposée au tranchant, la hache prenait ainsi une forme semblable à celle de la pelle' amazonienne, forme si ordinaire dans les haches de bronze égyptiennes que c'est d'elle que dérive le signe déterminatif du métal. La triple languette de bronze, qui subsistait seule ainsi sur la face opposée au tranchant, était ou bien fixée par des rivets dans les fentes du manche, ou bien repliée de façon à former une douille oit s'engageait le manche. La hache de ce type, répandue àl'époque mycénienne, en Syrie 3, en Lydie", à Vaphio 10 (fig. 6265), à Mycènes parait ne s'être maintenue, à l'époque classique, qu'à Carthage12 où elle est l'attribut d'un dieu. Tous les types que l'on vient de passer en revue présentent le même système d'emmanchure : c'est la hampe coudée qui vient s'engager dans la partie métallique. Pourtant, l'époque néolithique avait légué aux âges suivants un autre type de hache, qui devait puissamment contribuer au progrès de l'arme. Lorsqu'on sut, en coulant le bronze, réserver au centre un évidement circulaire, on put produire des haches à deux tranchants. Par réduction de la largeur de la partie centrale et par développement des tranchants en demi-cercle, ces haches donnèrent, de bonne heure, le type classique de la bipenne. Parmi les exemplaires de bronze qui présentent encore la forme losangique des haches de pierre, le plus beau, qui provient de Phaestos en Crète, mesure 22 centimètres de long et 6 de large ; l'épaisseur au centre est de 24 milli la partie centrale, un papillon (ou une abeille) se détache en si fin relief qu'il faut supposer que la lame a été fondue à la cire perdue (fig. 6266)'3 SEC 1168 SEC Ce type de hache aboutit, d'une part, à la bipenne amazonienne [AMAZONES] qui parait avoir servi de hache de guerre aux peuples scytho-perses ; d'autre part, il suffit de ne donner à l'une des ailes ou branches de la hache que la moitié de l'épaisseur de l'autre et d'en aplatir l'extrémité pour obtenir un instrument dans le genre du pic, avec un tranchant parallèle et une pointe perpendiculaire à la direction du manche; comme arme, on trouve cette hache-pic également en usage chez les peuples italiques et scythiques (cf. fig. 11275) oit le tranchant est parfois droit, parfois convexe (fig. 6267) 2. Si, de l'extrémité parallèle à l'extrémité perpendiculaire, on ménage une courbe continue, si la largeur de la hache va donc en décroissant à mesure qu'augmente la hauteur. on obtient un instrument tres pratique, puisque les deux tranchants sont dirigés en sens epp1i6és fiant les dispositions respectives des ailes, on donne naissance à toutes les variétés de la hache double : une massue, en adaptant une sorte de chapeau de bronze plein au-dessus du trou d'emmanchement (fig. 6269) 4 ; une hache-marteau en aplatissant l'une des extrémités en une surface parfois circulaire'; une hache-pic en recourbant vers le manche la pointe qui lui est per pendiculaire', ou en la ramenant contre le manche en demi-cercle (fig. 6270), etc. En supprimant l'une ou l'autre des ailes, on obtient une nouvelle série de hachettes s. Ce sont ces formes diverses qu'il a suffi de reproduire en fer (ce qui se faisait sans doute en Grèce dès la fin de la période mycénienne et dans l'Italie des terramares, xue-x1e siècle) ' pour obtenir les variétés qu'on a étudiées sous les rubriques ASCIA, RLPENN1S, Les Usages. Usages religieux. Instrument des premiers progrès de l'homme, la hache n'a pas tardé à recevoir un caractère divin. Les pierres qui présentent naturelFig.6270.-11uche-pic. lement une forme de hache ont été, de tout temps, regardées comme des pierres à foudre, des lréraunies, et vénérées comme les éclats de l'arme dont les coups sur l'enclume du ciel produisaient le tonnerre (fig. 6271)1. Dans la région de la Mésopotamie, le culte de la hache, dressée sur une base ou sur un autel comme emblème religieux, nous est connu par des représentations gravées sur des cylindres 12. Dans le bassin méditerranéen c'est surtout la hache double qui, en Grèce et en Asie-Mineure, paraît avoir été considérée d'abord comme celle des dieux. Sur nombre d'objets religieux qui remontent à la civilisation égéenne, la hache présente même, de part et d'autre du manche, deux tranchants convexes parallèles. II semble que deux haches, semblables mais de dimensions différentes, aient été associées, sans qu'on puisse préciser le sens de ce symbole. Quand quatre haches de ce type sont groupées autour d'une rosace, on doit SEC 1169 SEC sans doute les considérer comme des symboles du tonnerre associés à celui du soleil', Des ornements linéaires ou de petits cercles 2 sont souvent gravés sur les ailes de l'arme sacrée. Sur le fragment de vase de style géométrique reproduit fig.6,272 on voit la bipenne suspendue par un anneau, comme un objet votif'. Tel étaitprobablementle rôle des minuscules bipennes de bronze ou d'or trouvées à Knossos et à Mycènes, à Sparte et à Delphes '. Bipenne ou quadripenne la présence de cette arme auprès d'une tête de bœuf «fig. 6273), au-dessus d'une chèvre d'une colombes ou d'un poisson 9, sur une urne funéraire 10 ou sur une lame d'épée ", suffit à donner à. ces objets un caractère religieux. Comme le labyrinthe peut s'expliquer par le nom carien de la Double Hache, labrys12, et que des rapports nombreux paraissent exister entre la tée en or. Crète primitive et la Carie, on a proposé de voir, dans les bipennes gravées sur les murs de Knossos et dans celles qui faisaient partie de son sacrerions, la preuve que ce palais était celui du (lieu de la Double Hache et des rois-prêtres issus de lui 13, Le taureau était l'animal sacré de ces rois. Ses cornes présentant une certaine analogie avec la forme des haches doubles, on peut expliquer ainsi l'association fréquente de la bipenne et du bucrâne et imaginer le grand VIII. dieu de la Crête minoenne 14 sur le modèle du Zeus Labrandeus de Carie ou du Jupiter Dolichenus de Comagène, monté sur un taureau et brandissant une bipenne (fig. 21(89, 2490)'°. On rapproche également la grande déesse guerrière de la Cappadoce Mâ, Cybèle ou Bellone10, dont la hache est un des attributs (fig. 815), de la divinité crétoise que la tablette de Siteia montre exaltant, une bipenne dans chaque main 17, Si ce n'est pas là une déesse, c'est du moins la prêtresse portant la hache divine, et l'on a supposé que les Amazones, dont la bipenne est l'attribut caractéristique, n'étaient que des suivantes ou des fidèles de la déesse asiatique à la double hache]%. De la Scythie, leur patrie, jusqu'au Norique où Latobios il est armé de la hache comme ses frères du Nord-Ouest Sucellus, Tarann et Odin, des divinités à la bipenne sont disséminées chez les Thraces, les Illyriens et les Celtes. Sans qu'on puisse faire encore la part des influences de Thrace, de Crète ou d'Asie, et bien que, en raison de son antiquité même, la hache se soit effacée dans le culte devant des attributs plus nouveaux, la religion de la Grèce classique en conserve encore le souvenir. Dionysos reste le dieu de la bipenne comme du taureau, et il est adoré à Pagases sous le vocable de Pélékus 21'. Arès, venu de Thrace comme Dionysos, aurait tué Halirrhotios d'un coup de hache 2' ; Héphaistos, qui possède à Lemnos un des premiers sièges de son culte (fig. 860), est armé de la hache à titre de forgeron divin. Non loin de Lemnos, Ténédos (fig. 861) grave la bipenne sur ses monnaies et associe cette arme au souvenir de son héros éponyme Tennès22. Parmi les divinités déchues au rang de héros dont la bipenne est l'attribut, il faut rappeler Hercule SEC 1.170 -SEC qui l'aurait conquise sur les Amazones' et qui l'aurait laissée, comme insigne de leur pouvoir, aux Héraklides de Lydie; Thésée qui, suivant un autre récit, t'aurait reçue d'l[circule ; les Lapithes, alliés de Thésée 3 ; Lycurgue. une des hypostases du Dionysos [Rnecuus, p. 607 sq.] ou de l'Arès thrace, dont la bouplêx reste légendaire 4. Cette bouplêx est la hache qui sert à assommer les boeufs5; à ce titre, la hache est restée en usage en Grèce parmi les ustensiles de sacrifice [sACRIFICruM, p. 968, n. 4 ; DJPOLEIA, fig. 24:13]. Les exemplaires retrouvés dans les temples de Dodone', de Delphes 7 on d'Olympien sont en bronze; il y a lieu de croire qu'il en était (le même des haches qui servaient au sacrifice. L'Italie primitive, aussi bien que la Grèce, ne paraît pas avoir ignoré le culte de la pierre à foudre, divinisée à Itoine sous le nom de ,Jupiler Lapis, tandis que des kéraunies figurent dans le diadème de la Junon du Capitole'. La hache de pierre de la forme la plus ancienne se trouve imitée en bronze dans ces pendants qu'on nomme tintinnabula, sans doute amulettes destinées à protéger de la foudre ". Cette hache simple (fig. 6274) ; ou la hache à double tranchant (bipennis)12 apparaît tour à tour sur les monnaies des villes étrusques hg. 6274. Hache et couteau une sorte de maillet à double face est l'attribut du dieu chthonien que les Étrusques ont assimilé à Dispater ou à Charon (fig. 1358-1360). La sacena A3 des pontifes, la .securis des licteurs avaient été sans doute à l'origine la marque du caractère sacré de leur office. Cette hache ne fut par la suite, entre les mains des licteurs, qu'un instrument de justice militaire [LICTOR], entre celles des prêtres, qu'un ustensile du sacrifice. Les popae en sont pourvus dans toutes les scènes où l'on sacrifie des taureaux ou des fig. 4495] 14. Une hache de forme particulière est représentée à l'époque impériale sur les tombes, souvent accompagnée de la formule sub ascia [ ASCIA] ; On a proposé récemment d'y reconnaître la dernière survivance du culte de la hache ls. Usages militaires. La hache était une des armes ordinaires du soldat égyptien : le plus souvent sa lame s'allonge jusqu'à un tranchant arrondi avec les deux côtés longs droits ou légèrement concaves; parfois, elle est formée d'une lame qui, dès sa sortie du manche, se recourbe en demi-cercle ; parfois, au lieu d'être pleine, cette lame est évidée, à la jonction avec le manche, de deux ouvertures en croissant 1G. Jamais on ne voit la bipenne entre les mains de troupes égyptiennes; c'est donc par erreur qu'Hérodote la leur attribue", à moins qu'elle n'ait été adoptée à l'imitation des mercenaires carions des Psammétique. En Asie-Mineure, en effet, s'il n'est pas certain que les Hittites aient, porté à la guerre la double hache qu'ils donnaient à l'un de leurs dieux, les Cariens et les Phrygiens 13 en étaient armés. C'est à eux que paraissent empruntés les noms d e pélékus et de labre s, sans qu'on puisse décider s'ils doivent cette arme à l'influence des populations égéennes, des Chaldéo-assyriens ou des tribus scytho-perses. Parmi celles-ci, cette arme des Amazones parait avoir porté le nom de sagaris chez les Massagètes 1', les Scythes", les Saces t l les Hyrcaniens22, les Perses23. Peut-être est-ce sous l'influence de ces peuples que les Thraces ont donné la double hache à leurs dieux; les Thraces ont pu en répandre l'usage dans la Grèce primitive. Les deux mentions qui en subsistent seules dans l'Iliade suffisent à indiquer que le guerrier homérique portait fixée à l'intérieur de son bouclier une hache qui, depuis le triomphe de la javeline et de la rapière, ne lui servait plus comme arme qu'à la dernière extrémité. Auprès des vaisseaux, le combat se pour SEC 1171 SEC suit « avec les haches doubles et les hachettes acérées » et, Ménélas ayant bondi le glaive en main sur Peisandros, « celui-ci, sous son bouclier, saisit sa bonne hache (âç(vrt) d'un beau bronze, empoignant le long manche (id cxxov) d'olivier bien taillé » 2. C'est aussi avec « une grande hache (7tr Àszuç) de bronze à double tranchant, à manche d'olivier » qu'Ulysse travaille à son navire. A cette exception près, c'est en fer que sont les haches que l'Épopée mentionne entre les mains des charrons', forgerons bûcherons ou charpentiers e. Bien qu'on sût tremper le fer 7, la description des douze haches qui servent à l'épreuve à l'arc dans l'Odyssée ne permet guère de reconnaître ni le métal dont elles étaient faites, ni le type auquel elles appartenaient. On a pensé tour à tour à une bipenne amazonienne du type classique (la flèche passant par l'écrancrure supérieure), à la bipenne que porte une Amazone sur un relief archaïque de Sélinonte (fig. 6270; la flèche traverserait l'ouverture formée par la courbure d'une des ailes), à une bipenne de forme primitive suspendue par un anneau(fig. 6272; c'est par cet anneau que passerait la flèche) ; on peut enfin imaginer Ulysse visant par le trou d'emmanchure d'une bipenne de plan losangique. En tout cas, le nom de pelékits, donné aux armes qui ont servi à son exploit, s'applique proprement à la bipenne. L'Iliade nous la montre emportée par les pionniers pour aller couper du bois C'est, de même, à abattre des arbres aux abords d'une place assiégée que des haches doubles sont employées sur la patère d'Amathonte (fig. 927) et, dans les campagnes d'Alexandre, on voit des doloires servir à briser la glace ou à renverser des murs ". Pour l'emploi de la hache simple ou double dans la chasse aux fauves, contre les sangliers et les éléphants notamment, voy. VENATIO, Si l'on ne peut affirmer que la hache ait servi en Grèce d'arme de guerre depuis l'invasion dorienne, il n'en est pas de même dans l'Italie antérieure à la prépondérance romaine On tonnait des cavaliers" et des fantassins 12 étrusques portantla hache simple ou double perforée pour recevoir la hampe (fig. 6275) 13; d'autres guerriers Étrusques [4, Picentins", Lucaniens ", Sardes f7, sont armés de la hache à ailerons ou à douille. Ce dernier type a pu être perfectionné, sinon importé en Italie, par les cavaliers et les fantassins qui portent une arme semblable sur la situle de la Certosa'8 ou sur le ceinturon de Watsch19 (fig. 6276). C'est sans doute la cateia, qui servait de jet comme d'estoc, et qui semble avoir été l'arme caractéristique des Celtes de Rhétique et de Norique [cATEIA]. La Liguris securis 21 dont parle Catulle était-elle semblable à cette arme, ou était-ce une bipenne comme celle qui figure sur des trophées du sud de la Gaule "1 :' Tou jours est-il que les Germains paraissent avoir employé une hachette de jet analogue2L, et c'est une arme toute semblable à la cateia qu'on retrouve, à l'époque des invasions, sous les noms de feutona et de francisca23 Si Virgile mentionne des secures parmi les armes avec lesquelles les Latins combat Lent les Troyens 24, la hache ne parait jamais avoir été une arme régulière des Romains, et les pelé/:optlores qu'Arrien nomme parmi les corps de cavalerie de l'expédition contre les Alains u à la fin du règne d'Hadrien ont sans doute été constitués à l'imitation de cavaliers barbares, probablement Partites ou Perses 2". C'est seulement dans des cas exceptionnels que les légionnaires se servent de haches dans la bataille : contre les SEI) 1172 SEG crupellarii hardés de fer de Sacrovir, ils s'ouvrent un passage correptis securibus et dolabris' ; à Bédriac, la fureur des Othoniens est telle que omisse pilorum jacta, gladiis et securibus galeas et loricas perrumpere 2. Ces haches qui font partie de la charge du soldat romain, sont employées d'ordinaire, sur Ies colonnes Trajane et Antonine, à forcer les portes des villes 3, à abattre les arbres nécessaires au retranchement (fig. 6`277, cf. U0LABRA) aux travaux de pionniers et de sapeurs ou à tous autres usages de la vie de campagne ou de garnison ; c'est ce qui explique leur abondance dans les établissements militaires de la région rhénane Usages industriels. -Pour ces usages, nous ne pouvons que renvoyer aux noms des métiers dont la hache est l'instrument, ou aux noms spéciaux que lui font donner une forme ou un emploi déterminés, securis étant le terme général sous lequel, quels que soient cette forme ou cet emploi, toutes les variétés de la hache peuvent pelons seulement que la hache servait aux ouvriers de la ville ou de la campagne non seulement pour la coupe ou le travail du bois', mais encore pour la fabrication des objets de métal 3 ; qu'elle était employée pour les terrassements, les travaux de sape ", la taille des pierres" ; qu'elle figurait dans l'outillage des pompiers de Rome [VIGILES]. Toutes les formes connues aujourd'hui, hache proprement dite, cognée, herminette, doloire, bisaigué, pic, marteau, se trouvent représentées sur les monuments de l'antiquité grecque et