Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article SEDITIO

SEDITIO [MAJESTAS, p. 1558, vis]. SEG. IENTUM.On peut désigner, sous ce terme général, des ornements rapportés sur une étoffe, cousus par dessus, ou, par extension, insérés après coup dans la trame. Saumaise en donne une définition incomplète' ; en réalité, il y a deux sortes de segments : les bandes, en nombre variable, fixées au bord du vêtement, et des ornements, de petites dimensions d'ordinaire et de forme géométrique, qui y sont apposés presque toujours aux mêmes endroits, en haut aux épaules et en bas plus ou moins à la hauteur des genoux. L'explication d'Isidore' donne place aux deux catégories : segmentala Bonis quibusdam et quasi praecisanlentis ornala riant et particulas cuicumque lnaleriae abscissas praesagmina votant. La racine du mot (sec()) indique, de prime abord, la différence entre le segmentant, pris strictement, et le CLAVUS, dont on ne l'a pas toujours distingué 3 : c'est un morceau coupé dans une étoffe et appliqué sur une autre. Rien de commun donc avec le laticlave [CLAvos] ; quant à l'angusticlave, qui n'était réservé à aucune classe, il a pu se confondre pratiquement avec le segment-bordure, pour lequel la couleur rouge n'était pas plus interdite qu'une autre; en effet, formé de fils de pourpre tissés avec l'étoffe, le clavus pouvait être exceptionnellement cousu. Ce ne sont naturellement pas les monuments figurés qui font remarquer cette différence; certains tissus de basse époque, exhumés dans les fouilles, la facilitent au contraire; mais les éditeurs ont souvent omis de la signaler Nous aurons du moins des exemples pour la seconde des variétés de segments indiquées plus haut. La décoration par segments ne resta peut-être pas ignorée de la Grèce classique'; à Rome, elle n'apparait dans les textes que vers le commencement de l'Empire s. Le premier témoignage certain est celui d'Ovide', et il semble indiquer, par une opposition aux vêtements de pourpre, des segments d'or. Vu la somptuosité de cette ornementation, qui la fit apprécier aux derniers siècles de l'antiquité, on serait tenté d'en chercher l'origine du côté de l'Orient. C'est bien un usage oriental que celui des bractées en or [BRATTEA], qui ne diffèrent des segmenta que par la matière et étaient comme eux fixées après coup sur le vêtement, ainsi que des médailles. Les découvertes d'Acllmim-Panopolis, d'Antinoé, qui ont renouvelé la question, et les nombreux exemplaires des collections provenant des fouilles montrent que dans l'Égypte romaine on a, sinon imaginé, du moins employé à profusion le segtrtenlum. Au 1°f siècle de l'Empire, à SEG 1173 S I:(Y Sakkarah, on enveloppe des molnics dans de grandes étoffes à bandes età disques de pourpre'; il s'est aussi retrouvé à part des fragments d'étoffes, carrés ourecl.angulaires ou lancéolés, de couleurs variées, dont la surface moyenne est de 10 à 30 centimètres carrés'. Dans le nombre, beaucoup sont encore fixés aux vêlements, et les répertoires négligent à tort d'indiquer, pour la plupart, si ces ornements sont cousus sur le fond, tissés avec lui ou posés en broderie ['iiii o;. D'Égypte nous n'avons du reste aucun spécimen antérieur à Auguste, sous le règne duquel celte mode s'implanta en Italie. Dans une peinture de Pompéi, aujourd'hui au Musée du Louvre on voit (fig. 6278) la Muse Thalie vêtue d'un manteau sur lequel est fixé, audessus du genou, un segment de la forme d'un carré long. Dans le principe, les femmes seules portaient des segments`; une parure très en faveur consistait en bandes dorées disposées autour de la gorge et faisant comme 6 un collier [PATACIGyr, fig.5519, 55'20]. Le luxe progressant, cette mode s'étendit auxvét.ements d'hommes ; il y eut des tuniques dorées (aul•a.taO 0, c'est-à-dire pourvues de bandes brodées à fils d'or, ou de soie et or cousues sur les pans. Et cette élégance fut démocratisée dès le nie siècle, s'il en faut croire Vopiscus, au point qu'Aurélien ne la jugea pas excessive pour ceux de ses soldats qu'il voulait récompenser : il leur donna des tuniques â deux, trois, même cinq segments '. Lorunl n'est d'abord qu'une des très nombreuses désignations employées pour ces bandes décoratives, dont Saumaise a laborieusement relevé la virgae, institue, ntar,qula ou margellu, lünbi, parmi; termes peut-être équivalents, dont ]es différences du moins nous échappent 3. A vrai dire, cette multiplicité des rayures, au bord du costume, parait une exception, à en juger par les monuments. Une seule suffit d'habitude, surtout dans les j semiers temps; une seconde s'y ajoute tout au plus '. Plus Lard, on en orne même les vêtements de dessous f', dont celui de dessus, relevé par un bout, laisse apercevoir la garniture. On variait les couleurs d'une bande à l'autre, or, pourpre, etc. Mais, d'autre part, nous limais dit, on donnait le nom de segments à de petite, pièces décoratives fixées dans le vêtement aux ()pailles et il la. hauteur des genoux Il n'en faut, pas chercher de representation dans les monuments (le la sculpture, car les artistes ont omis ale, les indiquer, en raison du défaut de relief; vrais les peintures, murales ou sur parcheuiins, les mosaïques et verres dorés y suppléent largement. Pourtant, en général, ces représentations ne donnent qu'une idée imparfaite des segmenta; elles en indiquent les dimensions et la forme, vrais rarement le détail du dé cor. Souvent, du reste, ils ne consistent qu'en pièces découpées dans une étoffe unie; tel est le cas pour une tunique de lin du British Museum", qui présente les divers éléments indiqués par Isidore : le ruban du pourtour (sonar) et les petits fragments (particulae), deux à la naissance des bras, un sur chaque épaule', une paire aux angles inférieurs des pans de devant 'r ; parfois encore on trouve une autre paire par derrière, au-dessus des talons Par exception, ou voi1. une femme avec deux segments sur la poï I.rini''", un homme avec deux bandes au-dessus du corde 1". Sur l'exemplaire du Musée Britannique les segments sont circulaires et appartiennent à la variété des orbiculi comme ceux qui ornent les vêtements de jeunes esclaves dans des fresques déjàcitéesailleurs(fig.6279, 2300,2301 ; cf. 1084. 3077), découvertes à Rome au xvule siècle'". Les recueils d'art chrétien (Perret, Carrucci, etc.) désignent d'Habitude ces pièces de décor du nom de calliculue, se fondant sans doutesur deux passages, uniques, je crois, de la Passion de Perpétue et Félicité, oie il est question d'un costume habens lnullihlices cullicalas ou calliculas multiformes ex a(tro et argent() Peules'". Mais ce mot barbare, corruption degallicula )Tcoyx;), ne pouvait convenir qu'à des pièces d'ornementation mobiles, faisant comme un bruit o de galoches », et non à des fragments d'étoffes". Elne fresque du cimetière de Sainte-Agnès montre (fig. 6280) un ornement avec deux orbiculibleus et blancs aux épaules, sur une tunique jaune''; une ligure du cimetière de Sainte-Priscille a quatre segments bleus, SEG -9974SEG également sur tunique jaune Mais les reproductions au trait simple des principaux répertoires ne laissent pas voir cette polychromie. Au Ras-Empire, une autre dénomination qui semble prévaloir pour les segments ronds, plummia ou 7),ovµp.(« 2, parait se rapporter à leur exécution 'II " Ill / en broderie hutny ILbr OPUS, p. 1149. Les scutulae sont probablement des segments en /forme de carré long, analogues aux carreaux qu'on obtenait par le croisement des rayures dans le dessin des étoffes tissées 3 [TEXTBINA'. Les tabulae Ta.inia x, aTUyix 6 sont les pan orbiculi, veaux carrés largement étalés sur le bord du manteau dont les exemples abondent surtout dans les chlamydes byzantines" (fig. 681 ; cf. fig. 11120). D'autres, bien plus rares, sont en forme de feuilles' ou triangulaires 3. Les femmes, [es premières, portèrent des segments; elles ont continué à pratiquer cette mode, comme le montrent, outre les fresques, les miniatures de la Genèse de Vienne'; puis les hommes de toute condition (fig. 680'0, les enfants aussi", et indifféremment sur des vêtements longs ou courts12. Il arriva également que, parmi les chrétiens, on choisit pour segment un découpage d'étoffe formant une lettre de l'alphabet, L, g, X, I, T, Mantea" à r, H, N, A, G), R, C, O, etc.13, pra abala. tique pour laquelle on a cherché diverses interprétations. Il n'y a pas lieu de s'arrêter au passage où Jean le Lydien '° fait remonter au temps d'Auguste ce qu'il voyait au vle siècle. Le segment d'or (7.puada-rlµov), alors réservé à l'empereur et à sa cour (rrlç aé?, ç), est la fabula ou Tzéa,ç, unique par personnage, très grande, d'une coudée carrée environ, prenant invariablement du côté droit, et un peu inclinée du milieu du corps vers les jambes ; c'est celui que montre la fig. 6281 et qui apparait en plusieurs exemplaires sur la mosaïque de SaintVital, à Ravenne", porté par les ministeriales du basi leur; il se détache en rouge avec file d'or sur des chlamydes blanches. Le roi de Lazique avait reçu de Justin la couronne; il prit la chlamyde de soie blanche et échangea le Tât tç de pourpre contre le Té),tç d'or impérial, encadrant le portrait de son suzerain ; sa paragaude blanche était encore couverte de rr),oxN.c.(a d'or, portant de même des portraits de l'empereur 16. Par là, il se déclarait roi, mais vassal. L'habitude s'était prise depuislongtemps de multiplier les portraits sur les vêtements d'apparat [IMAGO, p. 406]; mais auparavant, la décoration des segments avait subi toute une évolution que l'on peut suivre dans les collections. Les échantillons égyptiens les moins récents présentent d'abord des ornements linéaires, géométriques, méandres et entrelacs 17 ; passé le début de l'Empire apparaissent de grandes feuilles à demi stylisées ; les représentations mythologiques" sont fréquentes encore, la chasse et les exercices du cirque; on imagine les rehauts de blanc, pour obtenir des fonds sur lesquels se détachent les ligures. La polychromie se généralise vers le temps de Constantin; la pourpre se combine avec le vert, le jaune, de nuances variées; après les cavaliers et les figures bachiques prédominantes", les symboles chrétiens se répandent, le monogramme du Christ avec A ,Q 20; la baleine, la colombe , aux rve-ve siècles, la mythologie cède la place aux représentations purement chrétiennes : Annonciation21, figures de saints, scènes de la vie du Christ22. Iln des plus curieux spécimens, du nie siècle, a pour sujet un guerrier et une danseuse nue" ; tout autour, en bordure, une rangée de médaillons enfermant des animaux, lions, lièvres, ou des corbeilles de fruits 24. Ces figures de personnes ou d'animaux étaient appelées SEG 1175 SEI sigilla, et sigillata vestimenta les costumes où elles étaient tissées, brodées ou cousues. C'étaient comme des tableaux ambulants t ; de là encore les noms de Ei!,ainro; Un dernier ternie, auquel il faut nous arrêter, est celui de trusta. On a pensé qu'il désignait un ornement en relief, obtenu par des segments épais, en bandes ou en petites pièces rondes ou carrées ; telles les bractées en somme, telle une plaque d'or circulaire, provenant encore d'Égypte et destinée à être cousue, comme l'indiquent les trous de la périphérie3. On ornait ainsi les murs d'appartements et les fonds de coupes (emblemata, crustac). Malheureusement, cette explication, qui est celle de Du Cange 4 et de Godefroy 5, est déduite d'une constitution ° de Théodose, Arcadius et Ilonorius (393), où il est dit des acteurs de théàtre Luis quo que vestibus noverint abstinendunl, quasGraeco nomine a Latino trustas mirant, in quibus alio admixtus colori puri robur muricis inardescit. Or l'ancienne lecture : a Latino crustas paraît écartée définitivement par la dernière variante admise: alethinocruslas , plus conciliable avec l'ensemble du texte. Celui-ci interdit aux mimes l'usage des pierres précieuses et des vêtements d'or ou de soie à figures (sigillatis) ; il défendrait en même temps celui de la pourpre, permettant sous cette réserve les couleurs variées, et même l'or sans gemmes, collo, brachiis, cingulo, et tout ceci parait comprendre, à la fois, les ornements tissés et ceux d'applique 9. Parmi ces derniers nous pouvons précisément compter les calliculae, sortes de boutons d'or ou dorés, que définirait très bien l'expression, un peu postérieure, crepitantia segmenta II, Les segments n'auraient donc pas été maintenus toujours aux mêmes places exclusivement" ; les ceinturons étaient fréquemments garnis de plaques d'or ou d'argent; cet usage est attesté dès le p siècle 1', et l'inventaire des objets précieux donnés à un temple de Nemi mentionne une zona cum segmentis argenteis f 3 ; au me siècle s'ajoutent les perles et pierreries interdites aux acteurs'''. Au vle, Ennodius" emploie les mots in segmentis ponere à propos de la nomination d'un consul; or la toge consulaire de ce temps est représentée sur les diptyques décorée de cercles et de carrés, sansintervalles et, en général, tous pareils (fig. 1906 à 1913). Segmenta ne doit pas désigner ces ornements, sans doute tissés ou appliqués en broderies16 ; ou bien il faudrait croire à un abus de langage, compréhensible vu la portée très large et très vague de ce mot. On reconnaîtra, d'ailleurs, si peu qu'on creuse le sujet, combien il présente encore d'obscurités. Ajoutons enfin que les costumes ne recevaient pas seuls des segments; on avait recours an même procédé pour les pièces d'ameublement : lits et couvertures' coussins liturgiques (toralio) 13 rideaux" les portières servant de fond de tableau sur la Inosai~que citée de SaintVital, à Ravenne, sont embellies de tabulae, comme les riches habits des personnages 20. VICTOR CnAPOT. SEISACIITIIE1A. Avant les réformes sociales intro duites par Solon, il existait à Athènes une classe d'indi ou fi rEç, au profit de qui le grand réformateur accomplit ce que ses contemporains ont nommé la oclca/BE!«, expression signifiant qu'il les a débarrassés du lourd fardeau qui pesait sur eux. Mais quel était ce fardeau et en quoi a consisté précisément la seisachthie :' C'est là une question très délicate et très discutée et sur laquelle les auteurs anciens eux-mêmes n'étaient pas d'accord. Dans une première opinion, qui a rencontré des partisans surtout en Allemagne', les ÉxT71(Ln OI sont des propriétaires libres, mais endettés, qui n'ont pu remplir leurs engagements le jour de l'échéance, soit de la dette, soit même des intérêts, et qui, en vertu de la loi rigoureuse sur les dettes, sont obligés, comme les lots étaient inaliénables, d'abandonner les cinq sixièmes de leur récolte à leurs créanciers. La réforme de Solon aurait, alors consisté à abolir les dettes de ces ExTVluôpot et aussi la redevance dont ils étaient tenus, ainsi qu'à ôter aux créanciers le droit d'asservir leurs débiteurs. Un certain nombre de textes semblent bien, en effet, borner la réforme de Solon à une abolition de dettes. Telle est la signification que lui donne Plutarque'. C'est également en ce sens que s'exprime Aristote dans sa Constitution des Athéniens, où il dit que «devenu maître des affaires, Solon délivra le peuple dans le présent et dans l'avenir, en défendant d'engager son corps pour dettes, et il abolit les dettes privées et publiques, ce que l'on nomme cE16ayeEfa t' 3. Tel est aussi l'avis de Denys d'Ilalicarnasse, IIéraclide, Dion Chrysostome et Diogène Laérce Prétendre, comme on le fait dans une autre opinion, que la réforme de Solon aurait consisté dans l'abolition de la clientèle, c'est perdre de vue que la clientèle n'est guère qu'une conséquence de la conquête et que les clients ne sont que les anciens habitants réduits en servage par des étrangers victorieux. Or, dans l'Attique. ainsi que l'attestent tous les témoignages qui nous sont parvenus, les Ioniens qui y sont établis ne s'y sont point présentés en conquérants ; un accord s'est établi entre eux et les indigènes, qui a rendu possible la fusion entre l'ancienne et la nouvelle SEI 1176 SIK population. L'institution de la clientèle ou du servage n'y aurait donc aucun fondement historique. Voici alors quelle aurait été, dans ce prenne r système, la cause de la réfr,r•ure opérée par Solon. Les Cupatrides. les nobles, possédant, des I' 'li'sses mobilières considérahlts, ainsi que les rneillenres terres situées autour d'Athènes, avaient refoulé vers le nord, dans la partie la moins fertile, nommée Diacrie, les petits propriétaires. La situation de ces derniers était. devenue de plus en plus misérable. Peu à peu, appauvris et. ruinés, ils out dir emprunter aux miches, aux nobles, et comme la. terre est inaliénable et insaisissable, le créancier a le droit, s'il n'est pas payé à 1'echéance, de saisir tous les ans les cinq sixièmes de la récolte, ce qui entraîne, à brève échéance, la ruine complète el., en outre, l'esclavage de la dette. Mais les opprimés devenant tous les jours plus nombreux et plus redoutables, la guerre sociale menaçant àl'intér'ieur, alors qu'à l'extérieur Athènes était impuissante et humiliée, on se décida à confier à Solon la mission de résoudre ce grave problème social, et la solution qu'il. y donna en 5911 consista dans l'abolition des dettes et. de la. redevance des cinq sixièmes. Ce fut la seisachthie. La terre est délivrée et cette délivrance se manifeste par l`enlèvement des bornes hypothécaires, des t . Cette délivrance est, d'ailleurs, accompagnée de celte des citoyens vendus comme esclaves. Dans une autre théorie, proposée par Fustel de Coulanges', les E Y.Tr,u.o, o' delivr-és par Solon étaient les clients qui cultivaient les terres des Eupatrides ; ils finirent. par obtenir, non pas la propriété, mais la possession de leurs lots, moyennant le paiement d'une redevance fixée, à l'époque de Solon, au sixième de la récolte. La réforme de Solon aurait alors consisté dans l'abolition de la clientèle et de la redevance et dans la reconnaissance du droit de propriété personnelle conféré à ceux qui n'étaient auparavant que les clients ou, en quelque sorte, des serfs. D'après Fustel de Coulanges, l'institution de la clientèle ou du servage, si elle ne peut, à Athènes, comme dans d'autres cités grecques, être le résultat de la conquête, y est la conséquence naturelle de la constitution du ,Isvsç. La famille attique aurait compris, en effet, sous l'autorité d'un chef unique, deux classes de rang inégal : d'une part, les individus naturellement libres; d'autre part, les serviteurs ou clients, inférieurs par la naissance mais rapprochés du chef par leur culte domestique. A l'origine, quand les familles vivaient, isolées, les clients demeuraient avec la famille. Mais quand la cité fut fombte, ils cherchèrent à sortir de la famille. Le maître leur assigna un lot de terre qu'ils finirent par cultiver non plus pour lui, mais poru• leur propre compte, moyennant paiement d'une certaine redevance. Les Diacriens, qui labouraient, péniblement tes flancs de la montagne ou On les avait relégués, finirent par devenir si menaçants, que l'on dut, par l'intermédiaire de Solon, leur donner satisfaction en abolissant la clientèle et en donnant en pleine propriété aux clients la terre dont, ils n'avaient que la détention prt"caire. Quant à la redevance du sixième, 'Solon la supprima ou peut-litre la réduisit à un taux tel que le rachat en devint facile. La conséquence de la rt"forlne fut aussi l'enlèvement ales Soit, mais considérés comme des bornes saintes et. attestant que le champ, uni 2l. la famille de l'Fupalride par un lien sacré, ne pourrait jamais être aliéné. Ce système de la clientèle a pour lui de nombreuses analogies. Il se concilie parfaitement, d'autre part, avec ce que raconte Plutarque' de la situation des diètes libérés par Solon, qui, labouraient pour les riches en leur payant une redevance de la sixième partie du produit. Sans doute, certains auteurs anciens font. consister la seisachthie dans l'abolition des dettes. Mais la raison en est que, faute de documents, qui ne pouvaient, d'ailleurs, exister, ils n'ont pu comprendre quelle était la servitude dont Solon a libéré une partie de la population, surtout (lue le régime de la gens avait disparu après Solon, au point qu'on en avait perdu même la notion. Une dernière explication de laseisacht.hie a été donnée par certains auteurs anciens, au nombre desquels se trouve Androtion3. Cette réforme, d'après eux, aurait simplement consisté dans un changement apporté au titre des monnaies, par suite duquel 100 drachmes nouvelles équivalaient à 72 drachmes et demie. Solon aurait, en même temps, réduit le tailx des intérêts pour alléger le fardeau des débiteurs. Mais cette explication est généralement rejetée par les partisans du système de la redevance, comme par ceux de la théorie de la clientèle. On ne comprend pas, en effet, comment la seisachthie, réduite à cette simple signification, aurait été un soulagement suffisant, soit pour de malheureux propriétaires à qui on n'aurait continué de laisser que le sixième de leur récolte, soit pour des clients endettés à qui on aurait toujours refusé le droit d'être propriétaires du sol qu'ils cultivaient. .La réforme attribuée à Solon, en ce qui concerne le changement dans le titre des monnaies, est vraie, sans doute, Mais Aristote l'atteste forrnelleurent, elle est bien distincte de la seisachtbie. Elle l'a suivie et complétée dans un sens favorable aux débiteurs'. L. L'u,sucurr.