Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article SEMBELLA

SEMBELLA. Nom par lequel on désignait à Rome, entre l'an 269 et l'an 217 av. J.-C., une petite monnaie de compte d'argent évaluée au vingtième du poids du sesterce. Elle équivalait à un semis de bronze ou demi-as libral et on l'exprimait dans les comptes par la sigle Sembella est une contraction pour sentilibella. On disait aussi singula, par une corruption plus forte SEMENTIVAE ou SEMENTINAE' FERIAE. Fêle romaine, annuelle 2 et mobile' que l'on célébrait après les semailles pour obtenir une bonne récolte'. Les semailles ne se terminant qu'en décembres, les Sementinae avaient lieu dans le courant de janvier 6, mais pas à date fixe, parce que, comme le remarque Lydus, la fin des semailles pouvait dépendre des circonstances climatériques'. Elles appartenaient donc à la catégorie des feriae eonceplivae, dont les pontifes fixaient eux-mêmes la date chaque année. C'est pourquoi, comme le fait observer Ovide, on les chercherait vainement dans les Fastes °. Elles ne duraient qu'un seul jour', ou, s'il faut en croire Lydus 70, deux jours de Nundines tt, séparés par un intervalle de sept jours. On sacrifiait une truie pleine" à Cérès et à Tellus 15, à la première parce qu'elle fait croître la moisson, à la seconde parce qu'elle en abrite la semence t`. On purifiait le pagus par des lustrations et l'on répandait des libations sur l'autel commun16. On couronnait les boeufs de fleurs''. Essentiellement rustiques, on les a souvent, et volontairement, assimilées aux paganieae feriae ou paganalia 18, qui, elles-mêmes, sont quelque chose comme les dies is qui a ponti/ieibus dictas. 10 Lydus, de Mens. 3, 6, 3s5r, Si tel 02e zlx 4a^' 0t "Tissât, • 11 Huscbke, Bas rbm. Jahr, p. 358. SEM 1183 SEM fêtes patronales des pagi. Il est incontestable en effet, en raison des cérémonies qu'elles comportent, que les Sementivae dont Ovide certainement et Tibulle peutêtre, nous ont laissé la description, présentent les caractères d'une fête des pagi. Néanmoins, nous ne pensons pas qu'elles doivent être confondues. En effet, Varron 2 et Macrobe les distinguent nettement l'une de l'autre. Le texte du premier, en particulier, nous semble ne laisser subsister aucun doute à cet égard: « Sementinae feriae dies is qui a ponti/icibus dictas; appellatus a senlente, quod sationis causa susceptae. Paganicae ejusdem agriculturae causa susceptae, etc ». Ainsi donc les Sementivae et les Paganicae, étant également consacrées à l'agriculture, comportent des lustrations analogues, mais ne se confondent pas. Peut-ètre serait-ilpossible de concilier les deux opi-nions. Nous avons remarqué que Varron semble n'attribuer qu'un, jour aux Sementivae, tandis que Lydus en mentionne deux. La contradiction ne serait qu'apparente si Sementivae et Paganicae n'avaient formé qu'un seul groupe de fêtes dont une partie aurait été plus particulièrement la fête des semailles, et la seconde celle des pagi, une journée distincte étant consacrée à chacune. Ce n'est là qu'une hypothèse, mais elle a l'avantage de laisser subsister la distinction nécessaire entre les Sementivae et les Paganicae, tout en expliquant l'extrême analogie qui existe entre ces deux fêtes. ANDRÉ BAUOOILLART.