Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

SEPTERION

SEPTERION, 1 La seconde orthographe est donnée par les meilleurs textes, mais l'étymologie reste obscure. Roselier y voit une allusion aux guirlandes de laurier que l'on tressait dans la vallée de Tempé (Neue Jahrbücher fur class. Philolog. 1879, p. 734 sq.; cf. le texte d'Aelian. Car. hist. Ill, 1). Miss J. Harrison combat cette explication (Jour, hell. stud. XIX, 1899, p. 223; Proleyomena to the study of gr. Religion, p. 113) ; c'est la purification, la xOlece,; qui est l'élément essentiel de la cérémonie, et il faut rapprocher a,,on-5ç,o4 de orioq et aaum,•. qui ont le sens de purification (Aeschyl. Choeph. 94 ; S'ophoel. Antig. 431 ; Eieetr. 52, 458 ; cf. aussi Il esych. giexi,p,a, xa0appO, Mea,). Voy. encore sur la forme du mot note 1. 2 Plutarch. Quaest. ()race. p. 293 C. 3 De defect. srac.2, p. 418 A. Voy. sur ces deux textes, P. Poueart, Mémoire sur Delphes, p. 180 ; A. Mommsen, Op. 1. p. 206; J. Harrison, Op. 1. p. 113; Nileson, Op. 1. p. 150 ; 'I'ürk, article Python dans le Lexikoa der Mythologie de Roscher, p. 3406; Ilüfer, article SEP 1207 SEP rameaux de laurier à Tempé et les rapportant à Delphes en grande pompe [DAPUNÉPIIORIA]. Là Se placent, d'après Plutarque, les a),zvat, c'est-à-dire les circuits assez longs que faisait la procession, et la Zarpsla -rob' la fonction religieuse confiée au jeune garçon qui conduisait la troupe et qui avait à remplir certains devoirs rituels '. L'importance qu'on attribue à Tempé dans la fête delphique donne à penser que cette localité fut le vrai point de départ du culte d'Apollon, plus tard installé à Delphes'. Le drame sacré, appelé Septerion, passait donc pour mettre sous les yeux des spectateurs les péripéties de la lutte d'Apollon et de Python. Mais dans cette sorte de pantomime que de détails étranges, sans relation apparente avec l'histoire classique du serpent tué par le dieu ! C'est évidemment ce qui incline Plutarque vers la recherche d'une autre explication et c'est pourquoi, dans ce passage, il discute contre les théologiens et les poètes qui parlent d'un combat avec un dragon; car il lui semble résulter des rites eux-mêmes qu'il y avait là autre chose. Et cette explication nous est fournie par Strabon, citant l'historien Ephoros, qui soutient la thèse évhémériste de l'existence d'un certain Python, bandit installé dans la gorge montagneuse de Delphes, analogue aux Sinis et aux Kerkyon vaincus par Thésée. On l'avait surnommé àpixmv à cause de ses excès redoutables, et c'est lui dont Apollon délivra le pays à la grande joie des habitants qui entonnèrent le is aatav et mirent le feu à l'habitation de leur tyran. Du surnom 4ixlov naquit la légende du serpent tué à coups de flèches par le dieu enfant'. Mais les détails du rituel rétablissent la vraie signification du mythe. Ainsi raisonnait-on aux temps de Plutarque et de Strabon. Aujourd'hui, les mythologues sont entrés dans une voie nouvelle et ils ont posé en principe que les rites religieux n'ont pas été créés d'après les mythes, mais qu'au contraire on a souvent créé les légendes pour expliquer des rites très anciens que l'on ne comprenait plus'. Le Septerion en serait un exemple. Il représentait la partie la plus ancienne de la religion delphique, antérieure même au culte d'Apollon, car il offre beaucoup de détails qu'on retrouve dans les religions primitives de régions différentes. Le silence observé sur la route, la hutte incendiée, la table renversée, la fuite précipitée à travers les portes, la défense de se retourner et de regarder derrière soi, tous ces actes, incompréhensibles quand il s'agit de les mettre en rapport avec l'histoire d'Apollon, deviennent clairs, si on les rapproche de superstitions et de fêtes populaires dont quelques-unes se sont conservées jusqu'à nos jours 6. L'incendie des objets, la fuite précipitée sont des rites que nous retrouvons aussi dans d'autres fêles de l'antiquité grecque ou romaine, et à qu'à Delphes l'établissement du culte d'Apollon paraît être de date relativement récente; il est importé de. Crète, et les découvertes de l'École francaise ont sur ce point confirmé pleinement la tradition homérique'. Le dieu de Delphes a dépossédé de plus anciennes divinités, comme Gê et Poseidon 7, et l'ornphalos lui-même, devenu le centre du culte apollinien, considéré comme le T[îu.ôoç du dragon Python 8, est un bétyle, un fétiche de pierre, vestige de la religion aniconique la plus ancienne RAETVLIA, oMruALOS]. Le Septerion, comme d'autres fèces delphiques qui revenaient aussi tous les huit ans seulement 7CHARILA, REDOIS], appartient à la religion qui avait précédé l'établissement du culte d'Apollon. Si cette vue est juste, on comprend que les anciens aient cherché en vain à mettre en harmonie la légende sacrée de Delphes, le combat contre Python, la fuite vers Tempé, etc., avec les détails étranges du Septerion. C'est pourquoi, Plutarque ajoute prudemment : le Septerion est la reproduction de ces faits a ou de quelques autres de Les historiens modernes sont eux-mêmes tombés dans l'erreur quand ils ont voulu identifier les rites du Septerion avec la légende d'Apollon ou même suppléer au texte de Plutarque par d'autres détails qui rappelleraient la lutte du dieu contre le serpent 1e. Il n'y a pas à se demander si l'enfant que conduit la procession lance une flèche contre la maison de bois, ni si un serpent véritable était placé dans l'intérieur et consumé par l'incendie. Des détails aussi importants pouvaient-ils être passés sous silence par Plutarque, qui cherche précisément la relation à établir enjr' le rituel et la légende? S'il n'en parle pas, c'est qu'ils n'existaient point. Parmi les éléments de ce rituel très ancien, il y en a, d'ailleurs, qui résistent encore aux explications, comme le nom de Aoawvta appliqué au chemin qui conduisait à la maison de bois. On en a proposé des interprétations qui sont peu satisfaisantes et qui fondent arbitrairement sur ce nom un rapprochement avec la Ce qui dans la fête du Septerion consacrait spécialement le souvenir d'Apollon, c'était le nome citharédique, la cantate musicale que déclamait en s'accompagnant de la cithare un chanteur revêtu d'un costume d'apparat [CrrHAROEDUS]. Ce chant, composé d'après un plan obligatoire et invariable, devait retracer les péripéties de la lutte contre le serpent Python. Nous en trouvons une représentation très transparente, quoique sous une forme mythique, dans une belle peinture de la maison des Vetlii à Pompéi, où l'on voit Apollon lui-même, célébrant sa victoire en s'accompagnant de la cithare, en présence d'Artémis, tandis que le serpent Python expirant à ses pieds s'enroule autour de l'oinphalos et qu'un prêtre assisté d'une femme s'apprête à 1208 SEP sacrifier un lanreau en l'honneur du dieu (fig. 6302) Î. C _tiil l'agt' L pur excellence dela(("h' d'Apollon, celui qui, à l'origine, avait composé àlui seul le programme du concours rt'I] LLLA, p. 790C'est. évidemment, celui qui, dis le début, se lia et Si' su perposa LI la ni L' locale plus ancienne Mais, comme il commémorait spécialement la légende d'Apollon, on ne mations pas, quand la fête devint pentaélérique et an'c'he revint lotis les quatre ans, de le placer au début de chaque célébration, tandis que le drame primitif et mystérieux du Septerion n'avait lieu que tous les huit ans. On doubla même, au vl" siècle, le concours de cithare d'un concours de flûte qui reproduisait, lui aussi, les phases de la lutte entre le dieu et le serpent )PVTiLIA, p. 791j. Ainsi, de plus en plus, la légende apollinienne tendait à recouvrir et à cacher les couches plus anciennes de la, fête locale, si bien que peu à peu les spectateurs s'habituèrent à chercher dans le mime du Septerion une image 'lu dieu enfant combattant Python. LL' Septerion avait certainement lieu dans les premiers jours de la fête, A. Mommsen le pence dans la soirée du vu Rouh ados, avant, la grande procession et les jeux; mais cette date n'est pas certaine'. E. l'hymen. SEPT1MONTIU . Fête romaine qui se célébrait le 11 décembre, d'après le calendrier Philocalien3. Festus' semble la confondre avec les Agonia du même mois, et Mommsen, acceptant la correction de Scaliger à Festus, adopte cette manière de voir Cette fête était particulière aux habitants des sept collines et plus exactement des sept régions qui constituaient la ville de home au temps de Numa : Palatin, Velia, Fa.gutal, Subura, Germains, Oppius, Cispius'n On croyait que cette fête avait été instituée pour célébrer la clôture des sept collines dans les murs de la cités. Très ancienne, comme on le voit, elle était encore célébrée sous l'Empire" et même au ve siècle', C'était une fête fixe, A l'origine, elle se rangeait parmi 1-es sacra popularia ou publica, parce que les sept collines énumérées par Festus représentaient toute la ville; plus tard, elle fut considérée comme une des feriae prie ratons parce que, I?ome s'élan! étendue, elle n'iideressail pas tonte la population, mais seulement les habitants des monts, qui formaient autant de confréries de mon/uni", tandis que les plagmli"' occupaient les parties basses de la ville, C'est probablement le même jour que le l'amen pa latualis offrait sur le Palatin un sacrifice appelé palatuar ".