Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article SEPULCRUM

SEPULCRUM. Tâ oç, tiûv~oç, pvtlgxl. Tout ce qui regarde les rites des funérailles, l'inhumation et l'incinération, la situation des sépultures, le mobilier funéraire l'entretien des tombes a été exposé à l'article i cNC,. Pour ce qui concerne les réceptacles oit étaientdéposés les corps ou réunis les ossements et les cendres, cercueils, sarcophages, urnes ou simples vases, on se reportera aux articles coLUmBARium, sAnCOenAGOS, OLLA et URNA. Dans le présent article on traitera exclusivement de la forme intérieure des tombeaux, de leur apparence extérieure et de leur ornementation en Grèce, en Asie Mineure et dans les Iles, en Étrurie et à Rome. Les textes sur ce sujet sont très peu nombreux : les anciens n'ont guère décrit leurs sépultures; tous les renseignements doivent être tirés du témoignage des monuments révélés en grande quantité par les explorations et les fouilles. Le, constructions funéraires de l'antiquité varient, d'ailleurs, à l'infini dans leurs détails de construction et d'ornementation ; il ne peut s'agir ici que de marquer les types généraux et leur évolution, et de mentionner les monuments les plus caractéristiques. GRÈCE. Période préhellénique. La fosse creusée dans la terre d'une part, et d'autre part la chambre taillée dans le roc comme la grotte naturelle, ou bàtie en pierres à l'imitation de la maison des vivants, tels sont les deux types essentiels qu'on peut saisir dans l'histoire de l'architecture funéraire des anciens. On les trouve très développés dès l'époque mycénienne ou égéenne, en Crète et sur le continent grec. Mais on les saisit déjà, sous une forme simple, dans les tombeaux récemment explorés des Cyclades, qui forment tête de série pour les monuments que nous étudions. Le type primitif de la tombe-fosse est représenté à Amorgos, Paros, .Antiparos (explorations et fouilles de Dümmler 2, Bent3, Tsountas`) ; ce sont des tombeaux tantôt isolés, tantôt groupés par nécropoles comprenant jusqu'à VIII. cinquante ou soixante tombeaux, simples ou doubles. Ils sont creusés dans la. terre', à peu de distance de la surface du sol, de forme quelquefois rectangulaire, plus souvent trapézoïdale, avec un ou deux angles droits ; quatre plaques de pierre enserrent l'espace de la fosse, une autre plaque servant ordinairement de couverture ; une autre encore recouvre gé néralement le sol de la fosse, quelquefois sur sa moitié seulement, le long du plus grand côté, Ces tombes sont de petites dimensions, la plus grande de celles explorées par M. Tsountas n'ayant pas, en longueur, plus de 1 m. 13 pour les grands côtés, 1 m. 20 pour les petits ; la largeur ne dépasse guère 1 mètre, la profondeur variant autour d'une moyenne de I1 m. 60 : ii faut donc admettre que les corps étaient déposés dans ces fosses les membres repliés et tassés, le long du grand côté du trapèze qu'elles dessinentsouvent, sur la partie du sol rerouverte par la plaque inférieure. Les tombes doubles (fig. 6303)' ont une disposition analogue; mais, plus profondes, elles sont divisées en deux (A et B) par une plaque qui fait à la fois plancher et plafond, et repose de part et d'autre sur d'autres petites plaques disposées en piles, qui diminuent d'autant la largeur delafosseinférieure(B) ; quelquefois, sous celleci, s'ouvre encore une fosse de dimension plus restreinte. Nous ne nous occupons pas, nous l'avons dit, du mobilier funéraire que renferment ces tombes, ni des rites funéraires qu'elles supposent. Il ne semble pas qu'aucun signe extérieur en ait marqué l'emplacement. A Chalandriani, dans l'île de Syros, ont été dégagés par M. Tsountas des tombeaux de l'autre type '. Ils sont disposés à une faible profondeur et. faits de petites pierres non cimentées. Ils se composent d'une chambre tantôt rectangulaire ou trapézoïdale, tantôt arrondie (cercle, demi-cercle, ellipse) (fig. 630't), ces deux formes étant, à ce qu'il semble, réparties en groupes répondant peut-être à des divisions en xarnt, Les deux particularités essentielles de ces tombes sont : 1° la disposition en encorbellement des assises formant les murs, qui vont, ainsi diminuant de diamètre jusqu'à l'assise supérieure. 152 SEP -1210SEP formée d'une seule plaque ; l'ensemble réaliseun type primitif de tholos ;2e l'existence d'une porte, pourvue de deux antes el d'un linteau (hauteur Om.50 à0m.60), quelquefois, avec un rudiment de dromos d'accès. Ces entrées sont, généralement barrées par un mur de pierres brutes. De la disposition de ces entrées et de leur petitesse on peut conclure qu'elles ne servaient pas à un usage pratique, le corps étant introduit dans la tombe par en haut. Il faudrait donc voir là l'imitation de la maison primitive ; et le plan tétragonal ou circulaire répondrait à deux types d'habitation,le t ype arrondi étant le plus ancien, et le type rectangelai re s'étant introduit plus tard, peut-être sous une influence égéo-orientale'. Ce qui est sûr, c'est que ces tombeaux de Syros annoncent déjà le type de la grande tombe à chambre et à tholos de l'époque mycénienne, avec son dromos et sa couverture en encorbellement ". Les deux types de la tombe à fosse et de la tombe à chambre se retrouventen Crète, dès ledeuxièmemillénaire avant J.-C., à Cnossos" (nécropole de Zafer Papoura) et sur beaucoup d'autres points. AZafer Papoura, trente-trois tombes sur cent sont, du premier type la fosse, après 2 mètres ou 3 mètres de profondeur, se rétrécit en une cellule sépulcrale, contenant le corps et le mobilier funéraire li; la cellule est séparée de l'espace principal par des blocs de pierre reposant sur les degrés que forme Tombe en l m à fosse. le rétrécissement de la fosse ; souvent aussi un autre degré facilite la descente (fig. 6305). 11 y a à Cnossos une forme intermédiaire entre la tombe à fosse et la tombe à chambre: c'estla tombe à puits, étroite et, assez profonde 2 m. 50 à 4 m.50 pourvue de degrés s ; au fond et sur le côté s'ouvre une petite cavité sépulcrale, un locales protégé par une double rangée de pierres Le puits joue ici en quelque sorte le rôle d'un dromos d'accès à la chambre. Le type se retrouve à Chypre et en Sicile. Les tombes à chambre, sous leur forme la plus simple, sont creusées à même dans la roche, à l'imitation de la grotte naturelle, et se composent d'une chambre et d'un couloir d'accès ou dromos. A Cnossos 8, les chambres sont sur plan carré, quelquefois légèrement arrondies aux angles (fig. 6306) ; peut-être y a-t-il là un souvenir de la forme ronde plus ancienne ; même forme à Phaestos 9, à Milatos 10, à Artsa 11. Ailleurs, la forme ronde, ovale ou en fer-à-cheval est dominante ; à I'lraestos t2, une chambre est en ellipse tronquée du côté de l'entrée. Le haut de la chambre forme une coupole basse 12; à Phaestos la paroi du côté de l'entrée est droite, tandis que les autres forment voûte f4. La porte de la chambre était, quand le tombeau avait rempli son office, bloquée par une double ou triple assise de pierres brutes 1 a (ti g. 6306) . Le dromos est souvent construit en pente plus ou moins forte, avec des degrés,etvas'élargissant jusqu'à l'entrée du caveau 1f, plus étroite ellem'rne que le dromos ; quelquefois, la partie voisine de l'entrée de la tombe forme tunnel. A Cnossos, les corps sont déposés sur le sol de la chambre funéraire dans des larna/ees [sAacoiuncus) ; dans la principale des tombes de Phaestos ils sont placés sur des banquettes surélevées, de chaque côté de la chambre, ou dans des fosses creusées dans le sol même de la tombe 17. Il n'y a pas de différence essentielle entre ces tombes à chambre et le type plus complet qu'on désigne sous le nom de tombes à tholos ou à coupole ; seulement ces dernières sont bâties dans le sol au lieu d'être taillées à même la roche". On les trouve partout en Crète, depuis la forme rudimentaire jusqu'à la plus achevée. Les tombes découvertes à Kumasa semblent remonter à l'époque minoenne primitive f9 ; c'étaient, comme les monuments contemporains d'Orchomène dans la Grèce continentale 20, des ronds de pierre surmontés de coupoles basses en terre glaise. Une tombe de Muliana, près de Sitia21, présente le même type avec une forme plus avancée ; le plan est télragonal, et les assises inférieures de la chambre sont verticales ; plus haut les assises de pierre sont en encorbellement, une seule grande plaque formant le sommet. La porte d'entrée est très étroite, et le dromos manque. A Hagia Triada apparaît le type complet de la tombe à coupole parabolique22; mais les assises inférieures sont simplement posées sur la roche, sans fondation : le sol de la chambre est irrégulier. Deux tombes de Praesos offrent le type achevé de ce genre de construction : l'une est circulaire 29; elle présente, avant l'étranglement de la porte, une sorte de vestibule ; le diamètre de la chambre est de 't mètres environ ; l'antre est de forme carrée à la base 94, les assises supérieures, dont quelques-unes sont encore en place, étant très nette SEP 1211 SEP ment disposées en encorbellement. Enfin, la grande tombe royale » découverte à Isopata peut rivaliser avec les grands tombeaux à coupole de Mycènes : un dromos de 24 mètres de long sur `2 mètres de large se termine en une antichambre de 6m. 75 sur 5 n1.58 avec, sur les deux côtés, une niche funéraire votitée ; les parois de la chambre funéraire (7m. 85 sur 4m. 07) convergent pour former une coupole haute de 8 mètres. Cette tombe, prototype des monuments de Mycènes et d'Orchomène, remonterait, d'après M. Evans, jusqu'à `?000 av. J.-C. Les découvertes récentes tendent à faire considérer l'architecture et l'art a mycénien » de la Grèce continentale comme un dérivé provincial de l'art crétoégéen 2 ; mais pour les constructionsfunéraires, c'est sous une forme plus parfaite que nous retrouvons, à Mycènes et sur d'autres points du monde grec, les types que nous venons de décrire. Les fouilles de Schliemann ont dégagé à Mycènes des tombes à fosse et des tombes à chambre. Les six tombes de l'Acropole', toutes pareilles, sont des cuvettes de 3 mètres à 5 mètres de profondeur, formées par l'évidement du roc; les dimensions en longueur sont de 3 mètres à 7 mètres sur 3 mètres à 5 mètres (le largeur. Des murs en petits moellons étaient appliqués contre les parois et rétrécissaient le vide ; sur ces murs reposait, par ses extrémités, une poutre supportant elle-même des dalles de schiste ; par-dessus la fosse la terre était rabattue et foulée. Nous n'avons pas à nous occuper ici du mobilier funéraire qui remplissait ces tombes, pas plus que de l'histoire de l'enclos funéraire qu'elles formaient par leur réunion ; mentionnons seulement le double cercle de dalles posées de champ, réunies par d'autres dalles posées à plat, qui le limite, et oit il faut sans doute voir la clôture de cette espèce de ténaénos` (fig. 6307). La théorie de M. Tsountas, pour qui ce cercle de dalles serait la base du mur de soutènement, de la xp-r,ac(s d'un tumulus élevé au-dessus des tombes de l'Acropoles, semble avoir été victorieusement réfutée par M. Chr. Belger e ; c'est simplement un Opt'(xbç ),(Onty, pareil à celui que signale Pausanias au tombeau du héros Opheltès-. Aussi bien, il semble que le tumulus ne se rencontre pas à l'époque mycénienne I.e crei. (les tourbes de Mycènes, c'est la stèle ; on a retrouvé en fragments cinq de ces monuments, décorés du sculptures ou de moulures; le sujet le plus fréquent est la représentation du chef sur son char de guerre ou de chasse. Tout récemment, ont été découvertes, près d'un petit village de File de Céphallénie, plusieurs centaines de tombes à fosse de l'époque préhellénique 10. La nécropole se divise en plusieurs groupe.. de fosses qu'abritent des cavernes. Les fosses. de profondeur inégale, recevaient pour la plupart plusieurs corps. Vraisemblablement les lombes d'un même groupe apparlcnaie D t à la rrlème tribu, lus corps déposés dans une mémo 'os` e à la même famille. Parmi les lombes à chambre, les tombes rupes tres creusées dans le flanc d'une colline se retrouvent sur plusieurs points du monde grec, par exemple en Argolide à Mycènes Nauplie tl et Argos f3, en Attique à Spath ". La chambre est tantôt rectangulaire, tantôt en quadrilatère irrégulier, tantôt circulaire ; il semble qu'on retrouve encore là l'opposition de deux types primitifs d'habitation 's. La surface sépulcrale disponible est souvent agrandie par divers procédés ; par exemple des niches sont creusées dans la paroi de la chambre à Argos ; à Nauplie dans celle du dromos ; à Spata, de petites chambres sont creusées à la suite de la grande. On trouve enfin à Argos, à Nauplie, à Mycènes, des fosses creusées dans le sol de la chambre funéraire et recouvertes de dalles : il y a là comme une contamination des deux types primordiaux : tombe à fosse et tombe à chambre. Les portes sont généralement creusées à même le roc, l'embrasure se rétrécissant vers le haut, et se terminant tantôt en un triangle, tantôt en un linteau droit. Le mur de fermeture barre la porte jusqu'à peu de distance du sommet, laissant ainsi une ouverture bouchée par un amas de pierrests. Le dromos est souvent de 3 Cf. Ferrol et Chipiez, Hist. rte l'Art, t. VI, p.325 sq.; Tsountas et Manet, The hlyeenean are, p. 84 sq. Nous renvoyons une fois pour toutes à ecs deux ouvrages pour tout ce qui concerne les monuments funéraires de Mycènes. . Cf. Ferrol, Op. cit. p. 581 sq. ; notre fig. = Ibid. fig. 254. -6 Cf. Tsounlas, Op. cit. p. 100. 8 Cf. Relger, entre le a50,,,r, clôture d'un temenos, et le E èpa TSs, amas de terre, tumulus, se marque nettement dans ce passage,-8 Cf. Dragendorff, Ther. Grrïb. p. 102. -9 Cf. Ferrol., ibid. p. 702 sq.; Tsountas, ibid. p. 91 ; et Reiehel, Die myen. Grabstel. dans SEP 1212 SEP grandes dimensions : 19 mètres de longueur à Argos, à Spata mètres. Une fois mené jusqu'à son terme l'usage de la sépulture. il était rempli de terre et l'accès du caveau se trouvait interdit' Le plan est le même dans les grandes tombes à coupole ; seules difl'erent la dimension, la technique et l'ornementation de la facade et de l'intérieur de la coupole (tig. 6308). Il s'en trouve sur beaucoup de points du continent grec, à Mycènes et à l'IIéraion 2 en Argolide, à Vaphio en Laconie', à Kakovato sur l'emplacement supposé de la Pylos homérique', en Attique à Eleusis', à Thoricos ', à Ménidi 7, en Béotie à Orchomène', en Thessalie à Dimini et à Volo10, etc. Les quelques lignes qui suivent, empruntées à MM. Perrot et Chipiez ", résument clairement la technique de la tombe à coupole. « On commençait à choisir l'emplacement de la tombe future, soit en plaine, soit plus souvent dans un renflement de terrain, dans la masse d'une colline de médiocre hauteur. On y creusait une fosse circulaire dont le diamètre était un peu supérieur à celui que (levait avoir, augmenté de toute l'épaisseur du mur, la rotonde en projet; quant au fond de ce trou, on le tenait à un niveau tel que, la construction une fois terminée, la plus grande partie du dôme fût en contre-bas du sol et complètement enterrée. Sur un des points de la circonférence on pratiquait une coupure... Ce corridor à ciel ouvert servait à l'enlèvement des terres pendant l'exécution des travaux ; ceux-ci terminés, ce serait lui qui formerait l'entrée du caveau. Partout, dans l'intérieur du cercle, le sol était nivelé avec soin. Sur le champ ainsi dressé, on posait la première assise... au-dessus de ce premier lit, on en montait un autre, puis un autre encore, et ainsi de suite jusqu'au sommet ; les anneaux allaient toujours se rétrécissant et les assises diminuant de hauteur... On arrivait ainsi jusqu'à l'assise extrême, qui n'était plus faite que d'une dalle, posée à plat sur la dernière bague do maçonnerie. » Donnons ici quelques indications de dimensions. Le « trésor d'Atrée » a 13 mètres de diamètre, unehauteur égale (fig. 6309) ; le droinos a 35 mètres de long ; à Vaphio, le diamètre de la chambre est de 10 mètres et le dromos a 30 mètres de long. De même que dans les tombes rupestres, on agrandissait l'espace disponible pour les sépultures de deux manières : en adjoignant à la salle principale une chambre rectangulaire taillée dans le roc (Mycènes, Orchomène), ou en creusant des fosses recouvertes de dalles dans le sol de la chambre funéraire: il en est ainsi à Vaphio(oà on trouve en plus, creusée dans le sol du dromos, une fosse à offrandes), à THéraion, à Ménidi, à Dimini, à Kal:ovato. Peut-être un signe extérieur, image symbolique ou stèle, marquait-il le sommet de la coupole. Nous renvoyons à la description et à la reconstitution faite par MM. Perrot et Chipiez" de deux grandes tombes de Mycènes, pour l'étude de l'ornementation sculpturale ou métallique de la facade et, de la rotonde de ces monuments. Notons, d'ailleurs, que la technique achevée et la riche ornementation d'une tombe comme le « Trésor d'Atrée» apparaît, en somme, comme quelque chose d'exceptiounel; même dans des monuments de dimensions assez considh''rables, lemme celui de Ménidi, l'appareil est souvent grossier, la technique imparfaite 13, et la décoration manque. Nous devons aussi laisser de côté, dans cette étude toute descriptive, tout le détail de la question controversée de l'origine de la tombe à chambre et à coupole. Ce type est-il un emprunt à l'architecture funéraire de l'Asie Mineure, particulièrement de la Phrygie (Adler f4, Perrot f3) ou à celle de l'Égypte (Savignoni76) ? Est-il le développement d'un type né dans la Grèce égéenne, imité lui-même de l'architecture de la maison primitive (Tsountas", Dragendorfl18, Bulle19, Paribeni 70)? La seconde de ces théories tend à prévaloir. En tout cas, on ne saurait plus, après les récentes découvertes faites en Crète et à Orchomène, invoquer en faveur de la première ce fait que « parmi les nombreux édifices de ce genre, il n'en est point qui offrent le caractère d'essais et d'ébauches2" ». Tout au contraire, on suit à la trace le lent développement du type, depuis les tombes de Syros et les constructions très primitives d'Orchomène jusqu'aux a trésors » d'Atrée et de Minyas, en passant par les monuments de Crète et de Théra. La grande tombe à coupole sur plan arrondi est le terme d'une longue évolution, au début de laquelle on entrevoit l'habitation primitive de même forme; ce serait, d'un type civil primitif, la survivance funéraire et religieuse, qu'on surprend encore dans des monuments de mémo ordre de l'époque hellénistique et romaine. PI•entiel' tige hellénique. La solution de continuité entre la Grèce mycénienne et la Grèce archaïque est, au moins dans 1'état actuel de nos connaissances, plus apparente dans le domaine des rites et des constructions funéraires que dans tous les autres domaines de la SEP 9213 SEP vie et de l'art, où l'on tend maintenant à la réduire. L'affaibliss'etnent de l'animisme primitif, si tenace, d'ailleurs, qu'en reste la croyance, l'introduction de l'incinération à tété et à la place de l'inhumation [FUNUS[ modifient l'idée des conditions de l'existence posthume'. On ne conçoit plus aussi nettement le tombeau comme la demeure de l'homme après la mort, bâlie à l'image de la demeure terrestre et pourvue comme il le tant pour cette existence nouvelle Les grandes constructions funéraires souterraines disparaissent complètement, au moins dans la Grèce continentale; la rupture entre les deux époques ne parait pas là douteuse. Ce qui remplace la conception primitive, c'est, par un compromis entre l'animisme grossier et l'idée de survie purement spirituelle, celle de l'E%éo),ov du mort, vivant et vaguant sur la terre, en dehors du tombeau. Dès lors, il faut fixer ce fantôme du défunt. Comme la divinité se fixe dans l'image qu'on lui dédie, dans son ôcç, l'âme du mort se fixera dans le (n"tu.x qu'on lui aura élevé ' qui sera quelquefois sa statue même pour y recevoir les hommages et les sacrifices des vivants. En même temps, le c ux signalera pour ceux-ci la place du tombeau et perpétuera la mémoire du mort; il sera monument, p.v.ïeu. Cette seconde conception est la plus claire pour la raison, et les textes, depuis ceux de l'épopée, y font les plus fréquentes allusions; la première peut être l'idée primordiale. Il suit de là une révolution complète dans l'architecture funéraire. Tout l'intérêt et tout l'effort se portent de l'intérieur du tombeau à l'extérieur; l'histoire et la description des monuments funéraires seront surtout l'histoire et la description des ciiuxTx. Un de ces e-f,p.vii joue un rôle important à l'époque archaïque et classique : c'est le tumulus, TuN.et,, 7ttiNax, l'amas de terre élevé au-dessus de l'emplacement du tombeau. Il semble qu'il soit d'origine gréco-orientale 3. Nous avons vu qu'il n'avait pas sa place dans l'architecture funéraire du monde égéen et mycénien. Au contraire, il apparait dans tout le domaine ionien-asiatique, particulièrement dans tous les pays de culture phrygienne'; et il se montre dans la Grèce continentale, en Attique par exemple, à partir du vue siècle à l'époque même de la grande influence de la civilisation et de l'art ioniens sur les pays de la Méditerranée centrale et occidentale. TéN.6oç et e~,u.x, ou, plus précisément, le tumulus luimême étant un rsr ix à côté d'autres, 'rég oç et er'f,)et, tel est, d'abord, le tombeau homérique C'est là le droit du mort : 'r? yàp yépxç Fart 01vdvioty La construction en est retracée en quelques mots très précis, dans les derniers vers de l'Iliade : il s'agit des funérailles d'Hector 8. On réunit les ossements dans une urne, Àdovx,; on dépose Au-dessus de l'emplacement de la tombe on dispose une assise de grands blocs qui serviront de soutènement au ),otcty. Enfin on amoncelle la terre du tumulus, Fluvx Es crie' EzEUxv. Telle est la tombe homérique ; c'est déjà la tombe attique de Vélanidezza ou de Marathon ; il n'y manque que la eT~),f„ que signalent d'autres passages des poèmes homériques. Le tombeau proprement. dit n'est plus qu'une simple fosse: toute la piété des survivants se dépense à l'extérieur de la sépulture. Avant d'en venir aux détails de cette forme, tels qu'on les rencontre à l'époque archa-igue etclassique, il convient de signaler, à rage homérique et n géométrique », d'autres formes qui sont des variétés ou des survivances des types antérieurs. En Asie Mineure on constate l'union du tumulus asiatique avec la chambre funéraire de la Crète ou de Mycènes. Le caveau que les Mycéniens creusaient au flanc d'une colline, les Asiatiques le dissimulent sous l'amas de terres amoncelées'. Nous n'avons pas à étudier dans le détail un tel type, qui s'est développé dans les, pays non grecs de l'Asie Mineure : Phrygie, Lydie, Carie10. Nous en mentionnerons les étapes principales. La première est représentée par les tuutuli de la Phrygie du Sangarios, comme ceux fouillés à Gordion"; l'un d'eux, par exemple, masse de terre de 23 mètres de haut, contient, au-dessus du niveau du sol vrai, une chambre funéraire dont les parois sont faites de fortes poutres de bois, chambre sans ouverture, donc terminée après l'introduction du sarcophage et du mobilier funéraire'. La chambre est souvent, dans d'autres tuntuli, construite non pas sur l'axe médian de la butte, mais d'un côté ou de l'autre de cet axe, sans doute pour éviter une trop grande poussée des terres '3. Une seconde étape du type est marquée par les tombeaux lydiens à tumulus, dontl'exemple le plus complet est le tombeau d'Alyatte 1'5. Le caveau funéraire, bâti en blocs de marbre et précédé d'un couloir, est à 50 mètres au sud-ouest du centre. Le tertre lui-même se compose d'une xp-r,n!ç de soutènement en forme de tronc de cône et, au-dessus, d'un cône formé par l'entasse me n t des terres jetées à l'intérieur du cercle. Une terminaison phalloïde marquait le sommet du tumulus. En fin, dans le tombeau de Tantale, au Sipyle, le type mycéno asiatique est au ternie de son développement". Ici encore la forme est celle d'un tumulus avec xor,n(ç de pierre et caveau funéraire caché au centre du monument (fig. 6310) ; mais la nouveauté est que le tumulus de terre, au-dessus du socle vertical, est devenu lui-même un cône de pierre, surmonté d'une boule terminale. Cette forme se retrouvera beaucoup plus tard, en Italie, à l'époque classique et impériale 1G (v. plus loin). On remarquera, d'ailleurs, que dans les pays d'Orient SEP -1241i.SEP ou avoisinant l'Orient la forme du tumulus reste classique jusqu'à l'époque du plein développement hellénique. Dans les colonies grecques de la Chersonèse Taurique, en particulier, dans la Crimée actuelle, on connait une longue série de tumulus qui ont fourni de magnifiques objets grecs du v° et du fv° siècle avant noire ère. Un caveau, parfois précédé de couloris, se trouve à ('intérieur du tertre: il affecte souvent une forme de coupole, comme les tholoi de l'âge mycénien, ou bien la chambre est carrée, avec des murs verticaux, et le plafond formé par une série de dalles disposées en encorbellement, laissant au sommet une petite ouverture que peut boucher une simple pierre. Le sarcophage, à l'intérieur de la chambre, est posé sur un soc'e de pierre. Les murs couverts de stuc peuvent être décorés de peintures. A l'extérieur du tertre on trouve des stèles sculptées représentant le mort en guerrier, en cavalier, couché sur un lit de banquet, etc.' . Mais revenons aux tombes de l'époque primitive. Dans la mer Égée, la nécropole de Théra3, où l'incinération dorni ne, offre, à l'époque géométrique, à côté de formes tout à fait rudimentaires, comme le trou creusé irrégulièrement dans la terre pour recevoir le vase funéraire 3, la survivance exacte des chambres primitives de Syros, avec voûte en encorbellement. Postérieures aux tombes à chambre de l'époque mycénienne, ces sépultures de 19téra représentent logiquement un stade moins avancé de développement. « Ce qui dans les tombes à coupole de Mycènes a été exécuté à grande échelle, avec une façon artistique et une technique accomplie, se trouve là pratiqué de façon primitive'. » Laplupart des chambresfunéraires de Théra sont sur plan quadrangulaire; quelques-unes sont en fer à cheval; la forme ronde est exceptionnelle. Les portes, de petites dimensions, sont généralement placées à l'un quelconque des angles; elles sont faites, comme les murs eux-mêmes, de pierres brutes ou travaillées et égalisées; le sol est recouvert d'un pavage ou de plaques de pierre ; il n'y a pas de dromos, mais seulement une fosse d'accès. Quant aux rllt.ara, stèles ou tables d'offrande, qui marquaient l'emplacement des tombes, nous les retrouverons dans notre étude générale des crijo.aTa funéraires. Cette forme écourtée de la tombe à coupole se retrouve aussi en Crète, dans des nécropoles comme celles d'Erganos, de Panagia et de Kurtes 9, que leur mobilier funéraire rattache non à l'âge mycénien, mais à l'âge géométrique; il y a là comme une dégénérescence des types de l'époque précédente; la forme des chambres d'Erganos et de Kurtes est semblable à celle que nous avons rencontrée par exemple à Mouliana. Les tombes de la même époque en Attique, dites du Dipylon «on en a trouvé aussi au pied de l'Acropole' et à Éleusis », représentent une forme de transition entre la fosse de Mycènes et la tombe à cïµa de l'époque classique; le a-gµa y est, d'ailleurs, d'un type toutspécial. Les tombes du Dipylon sont des sépultures individuelles. La longueur de la fosse est, en moyenne, de 2 mètres, la largeur de 1 mètre à 1 m. 50, la profondeur de 1 mètre; le mode de sépulture à inhumation (c'est le cas de beau coup le plus fréquent) ou à incinération ne semble pas influer sur les dimensions de la tombe. Les dispositions intérieures de la fosse varient : à Éleusis les quatre parois ont un revêtement de pierre et un pavage de calcaire. D'autres fois la couverture et le sol sont revêtus de pierre, non les parois Au Dipylon, un plafond fait de poutres de bois divisait la tombe en une cavité sépulcrale contenant le squelette ou l'urne et une fosse supérieure : on voit encore les rainures où s'encastrait celte couverture (fig. 6311)9. ?fous ne nous occupons pas ici du mode de déposition des corps ou de conservation des cendres, ni du mobilier funéraire )ruNus]. Mais il faut mentionner à cette place les grands a(taTa céramiques. Le vase était placé dans la partie supérieure de la fosse, reposant sur les poutres qui la séparaient de la cavité sépulcrale, et dépassant la surface du sol. 'Foute cette partie de la sépulture était l'équivalent de la fosse à libations de l'époque mycénienne, et le vase lui-même, primitivement, jouait l'office d'un autel creux, par où le lait et le miel, l'huile et le vin, peut-être même le sang des victimes parvenaient jusqu'au défunt. Le fait, méconnu d'abord, apparaît hors de doute, après la découverte, en 1891, d'un exemplaire encore en place, dont le pied était creux et rempli de terre t0. Avant d'être des vases de luxe, des monuments servant essentiellement à la décoration extérieure de la tombe, les vases du type du Dipylon se sont dressés au-dessus des sépultures pour servir à un usage pratique : c'est pourquoi les grands vases richement ornés manquent dans les nécropoles attiques de l'Acropole et d'Éleusis, plus anciennes que celle du Dipylon proprement dit". D'autel le vase était devenu monument; il semble, avec le développement ultérieur des autres cid xTx funéraires, s'être changé en un pur symbole parmi d'autres. Pour cette raison il est peut-être plus exact de faire dériver les vases à protl,ésis et les « loutrophores o de l'époque classique des grands vases qui se dressaient sur les tombes duDipy SEP -121:xSEP Ion, que des hydries qu'on trouve renfermées dans ces mêmes tombes'. On trouve enfin, comme autres 6rl w s des tombes dipyliennes, soit des clôtures de petites pierres', soit des stèles, très simples et non sculptées3. Période archaïque et classique. -On a vu plus haut quel est le caractère général de la tombe grecque à l'époque archaïque et classique. II convient maintenant d'étudier séparément la tombe proprement dite, caveau souterrain et tumulus, et les a-,µxix architecturaux ou sculpturaux. La tombe. A l'époque classique, il y e beaucoup de variété dans le réceptacle funéraire proprement dit, qui reçoit les cendres ou le squelette, toutes les fois que celui-ci n'est pas simplement déposé au fond du caveau : vases de toute l'orme, sarcophages de pierre, d'argile, de tuiles, etc., se trouvent concurremment employés [FENDS, SARCOPHAGES]. Mais la tombe elle-même, plus ou moins spacieuse ou soigneusement construite, n'est plus que la fosse, xi7eti0ç, que nous avons trouvée chez Homère. Souvent même la fosse est absente ou très réduite. Le squelette est alors simplement inhumé dans la terre, à une certaine profondeur, sans que rien le recouvre : quelquefois une simple tuile, bombée en arc de cercle, le protège. De même, le vase cinéraire ou le cercueil de tuiles disposées en triangle sont enterrés dans le sol (fig. 6312), sans aucune construction creusée ou maçonnée 1; toutes ces sépultures se trouvent quelquefois en stratifications superposées. La nécropole de Géla en Sicile 6 offre de très nets exemples de cette disposition, que la fig. 6313 fera bien comprendre. A Théra, dans des sépultures analogues, qui sont d'une époque tardive, il y a bien une fosse, mais la construction en est très rudimentaire : quatre petits murs bas, faits de pierres disposées en couches surperposées ; le squelette repose sur la terre ou le sable nu 7. II y a un intermédiaire entre ces sépultures à même la terre et la fosse creusée ou maçonnée : c'est la fosse de la dimension même du réceptacle funéraire, creusée à la surface du sol, dans le roc vif. L'ensemble des tombes de ce genre trouvées dans File de Théra forme une véritable nécropole 6. En plusieurs quartiers de File, le versant des hauteurs rocheuses est tout entier taillé en sépultures qui se pressent en étage ; le roc estévidé soit, pour l'inhumation, en fosses offrant l'apparence d'un sarcophage, sou vent anthropoïde, soit, pour l'incinération, en réceptacles cinéraires, quadrangulaires ou arrondis (fig. 631 't) Des plaques do calcaire servaient de fermeture, posées sur l'ouverture de la fosse ou s'encastrant dans une rainure. Quelquefois enfin, encore à Théra, ces sépultures pratiquées dans le roc sont comprises elles-mêmes dans un ensemble architectural plus considérable, taillé lui aussi dans le roc : grandes niches quadrangulaires couronnées d'un fronton ou d'un arc de cercle ". La forme la plus commune de la tombe dans les pays grecs, à l'époque archaïque et aux époques qui suivent, est le simple caveau, creusé ou maçonné dans la terre ou dans le tuf, et surmonté très souvent, au-dessus de la surface du soi, d'un amas de terre, ~àgx yiïç. Nous retrouvons cette forme sur tous les points du monde hellénique, et d'abord en Attique. Nous connaissons assez bien, par quelques exemples très nets, la tombe attique de l'époque archaïque", fosse et tumulus. Les tumuli funéraires sont nombreux dans toute l'étendue de la plaine attique Mais tandis que le tumulus ionien, modèle du tumulus attique, apparaît, chez Homère, comme un arux individuel, il semble, au contraire, qu'il soit à Athènes, dans la réalité, une µs collectif, élevé au-dessus de tout un ensemble de tombes d'un seul et mêrne ydvoç. Un mur d'enceinte servait de clôture à ce cimetière familial". Peut-être y a-t-il, dans l'union du tumulus et du 'rt enoç, une contamination de l'usage ionien et d'antiques traditions de la Grèce continentale: qu'on se rappelle l'enclos funéraire de Mycènes (fig. 6307). Ainsi, à Vélanidezza" mème disposition à peu près à Vourva' et à Marathon le tertre, haut de 3 m.60 à son point central, construit sur une r.p7l7dç de pierre, et entouré d'une ceinture de dalles de tuf, abritait dix-neuf sépultures (fig. 6315)16. Les unes sont au centre de la butte, les autres à sa périphérie, celles-là sans doute les plus anciennes, antérieures à l'érection SEP 1216 SEP même du tumulus, qui fut le couronnement définitif de l'enclos funéraire. Les fosses creusées dans le tuf sont de profondeur assez différente : celles de la périphérie n'ont pas plus de 1 mètre à 1 m.50 dans cette dimension; celles du centre, pour lequel le travail avait été plus facile, le tumulus n'existant pas encore, se creusent jusqu'à plus de 3 mètres; deux d'entre elles se rétrécissent, à la partie inférieure, en une cuvette qui contenait le cercueil. II faut restituer à cet ensemble, pour compléter l'idée qu'on doit se faire de la grande tombe attique du vue et du vl° siècles, les c gara d'apparence diverse tables d'offrande, stèles, statues (v. plus loin) qui se dressaient au-dessus de certaines des tombes, quand, à l'origine, la butte de terre ne recouvrait pas le tout, ou qui s'étageaient sur les pentes gazonnées du tertre, racontant à tout venant l'histoire même du ' ssç. La disposition est analogue à Athènes même, au Dipylon, où, à côté des sépultures de l'époque géométrique, ont été dégagées beaucoup de tombes du v° et du siècle'. Les unes étaient destinées à l'incinération dans la tombe même; elles sont creusées dans le sol sur une longueur de 2 mètres environ, une largeur de 0 m. 80 à 1 mètre et une profondeur de 3 mètres; une rainure large de 0 m. 10 servait à activer l'incinération par l'apport d'air. Les autres contiennent seulement les restes du corps incinéré en dehors du tombeau ; souvent, dans ce cas, les vases ou coffrets cinéraires sont simplement posés dans la terre. Les fosses à inhumation ont une longueur de 2 na. 20 environ, une largeur de 1 m. 30, et une profondeur de plus de 2 mètres; le squelette reposait sur la terre nue, quelquefois sur un pavage; les parois sont aussi parfois recouvertes d'une couche de stuc. Les remaniements postérieurs qu'a subis le cimetière du Dipylon rendent, d'ailleurs, ces dispositions assez difficiles à discerner; dans presque tous les cas, les tuntuli qui surmontaient les tombes ont disparu aussi bien que les ei,p.vrx (lui les ornaient. En deux emplacements pourtant MM. Brueckner et Pernice ont pu dégager les restes d'un de ces tumulï 2 : l'un d'eux, sur un diamètre de 10 à 12 mètres, s'élevait jusqu'à 1 m. 30, appuyé sur une xovstç de briques. Au reste, si, d'une manière générale, les tombes grecques, aussi bien en Attique que dans le reste du monde hellénique 3, ne présentent plus de tulnuli visibles, c'est que ces élévations de terrain ont disparu très vile avec les déformations qu'ont subies les terrains des nécropoles. En fait, ces yo zTX étaient de pratique courante. Lucien, dans le Charon les cite sans distinction à côté des monuments funéraires les plus connus; d'un texte de Platon on peut également inférer qu'ils étaient fort communs. D'ailleurs, en Attique, les vases peints en offrent souvent l'image. Aux exemples connus depuis longtemps déjà 6 il faut ajouter quelques autres : un lécythe d'une collection privée d'Athènes', une amphore de la collection Bourguignon 8, une amphore du British Museum ces deux derniers représentant le sacrifice de Polyxène sur le Tt1,LLtoç d' Achille, et le curieux cratère Vagnonville, à figures rouges, dont les détails sont encore discutés 10 . Sur les vases, le tumulus figure soit seul, soit auprès de la stèle; quelquefois, lin ccrla,a, une Ioutrophoro, par exemple, le couronne (fig. 6316''). II est généralement représenté en blanc, ce qui a pu faire croire qu'il était de marbre ; maison ne s'expliquerait pas alors la disparition à peu près complète de ces monuments. La couleur blanche indique seulement la présence d'une couche de stuc qui couvrait tout l'extérieur du tertre, rempli de terre à l'intérieur; c'est l'apparence qu'offrait un monument de ce genre dont les débris ont été trouvés à Athènes en 189112. Cette couche de stuc est le aebxo,N.7 dont parle un texte de Cicéron13. Le même type de tombe creusée dans le tuf ou maçonnée en terre, sui van Ides dispositions locales du terrain, se retrouve partout, de l'Orient à l'Occident du monde grec et à toutes les époques de la période classique ; il serait fastidieux de l'y suivre en tous lieux. Nous prendrons quelques exemples, là où les nécropoles ont été fouillées avec le plus de soin. En Asie Mineure, à Myrina, les tombeaux de l'époque hellénistique sont généralement taillés à coup de pic dans une couche de tuf, à moins de SEP 1217 SEP 1 mètre de la surface du sol'; ce sont le plus souvent ries fosses quadrangulaires, rondes dans quelques cas, longues de mètres, larges de 0 m. 60, profondes de 0 m. 30 environ. Quelquefois, de larges caisses de tuf contiennent deux ou trois tombeaux juxtaposés ou superposés: dans ce dernier cas, la couverture du plus bas sert de fond à l'autre. La couverture est faite de plaques de tuf plates ou bombées, dont, les extrémités s'appuient sur un rebord qui court sur tes quatre parois; dans les sépultures oû elle manque, elle était sans doute remplacée, et le corps protégé par un tumulus analogue à ceux dont nous venons de parler". Les tombes construites dans la terre sont, plus rares; semblables au type ordinaire par les dimensions et les formes, elles sont faites de pierres calcaires ou de plaques de tuf posées de champ et, jointes sans ciment. Enfin, des caisses de tuf, également maronnées en terre, contiennent des sarcophages qui s'y emboîtent exactement. A la même époque, à Aegae, en Éolide, les tombeaux, construits en pierres, sont des caisses rectangulaires de 1 m. 90 pour la longueur, 0 m. 60 pour la largeur et 0 m. 60 pour la profondeur ; les parois sont formées d'une ou de deux plaques, ou de pierres juxtaposées sur deux rangées, la couverture d'une pierre ou de deux ; le fond est formé généralement d'une autre grande pierre'. A Samos` une fosse creusée dans la terre, profonde de 0 m.60 à 1 m. 60, redoit le sarcophage de pierre ou d'argile qui est le réceptacle funéraire le plus fréquent : il en était de même à. Clazomènes dès le vr° siècle (s sucorn AGIS]. 'Les mêmes formes sont en usage sur le continent grec, en dehors de l'Attique. La nécropole de Tanagre en Béotie a été bien étudiée à ce point de vue. Là encore les tombes sont creusées dans le tuf' ', ou elles sont façonnées dans la terre en plaques de tuf, formant. paroi et fond; les grands côtés sont souvent formés de deux plaques la couverture est d'une ou de plusieurs plaques de tuf. Les plaques de paroi sont quelquefois couvertes d'ornements coloriés. Mèmes types de sépultures dans les nécropoles des cités grecques de l'Occident, en Sicile c Syracuse', Mégara IIyblaea', GélaO, Camarinaf0. La nature des réceptacles funéraires, amphores, pithoi, sarcophages de pierre ou d'argile, y est très variée On a vu qu'ils sont souvent enfouis dans la terre sans protection aucune ; d'autres fois, les sarcophages sont simplefrtentposés sur la roche même, au-dessous de la couche de terre'". En tout cas, la disposition des emplacements destinés à les recevoir est presque toujours très simple. Ce sont de simples creux de la roche, presque non travaillée, oà les sarcophages et les Vases cinl.rairrs s'encastrent; un grand nombre de ces cavités, formant autant de tombes, se trouvent parfois juxtaposées`. Très souvent, aussi ce sont de vraies fosses quadrangulaires,closes ou non par des dalles; les parois peuvent recevoir lmn enduit,. Les fosses sont, çà el, là doubles, se rétrécissant à leur pallie inférieure en une seconde cavité. Elles sont tantôt de grandes dimensions, larges Vlll. et profondes'', tantôt étroites et présentant, l'aspect d'un puits ". Plus rarement, on trouve, construit dans la. terre, un caveau rectangulaire en pierre: il y en a tin exemple à M'égaralfyblaea 10, un autre à bêla.' `, où deux caveaux sons, contigus ; les parois sont formées de plusieurs assises de blocs de pierre, l'une de ces parois étant, commune aux deux caveaux; mèlne disposition dans des tombeaux de Camarina'°; dans l'un d'eux, la chambre mesure 2 tu. 37 de long sur I. m. 11 de large ; sur un des petits côtés s'ouvre une porte. L'ensemble d'une tombe de ce genre forme une véritable chambre funéraire. Aussi bien, si la chambre funéraire n'est plus de pratique courante àl'époque classique, il s'en trouve cependant des exemples isolés dans toutes les nécropoles grecques, surtout. celles de l'Orient. A Chypre 1°, la chambre est bétie en gros blocs à l'intérieur du vide créé par la taille du roc, ou construite dans une large fosse où l'on descendait par plusieurs marches; de même à Camiros, où l'on descend à la chambre funéraire par un couloir en pente À.Samos, la chambre funéraire, à laquelle on parvient par un escalier de cinq degrés et une porte précédée d'une plate-forme, est partagée en trois emplacements formant les lits funéraires, comme il s'en voit dans les caveaux étrusques 20. A Myrina21 une première fosse de tuf, remplie de terre, donnait accès dans un second tombeau en forme de chambre. En Macédoine, à PalaliLza2m, Pydna", Salonique" Amphipolis'', et en Eubée, à Érétrie 2°, ont été dégagés des tombeaux à voûte d'un type particulier. La chambre funéraire est cachée sous un tumulus, comme dans les tombeaux archaïques d'Asie Mineure et ceux de Crimée; à Érétrie, au sommet du tumulus, une construction en forme de tour joue le rôle de c px terminal. À la baie d'ouverture fait suite un rlrolno.s dallé ou stuqué qui donne accès à. la chambre. Cette chambre, de proportions à peu près carrées à Amphipolis et Érétrie (3 mètres environ de côté) est voûtée en berceau ; à Amphipolis treize voussoirs sont posés sans ciment. Elle est, toujours meublée de lits funéraires, généralement au nombre de deux ju,ECaus~. Celle du tombeau d'tri trie l'est plus richement., de trois trônes et deux Iclinai, et elle a conservé toute une ornementation peinte sur fond de stuc. La découverte d'Érétrie montre que ce type de construction funéraire a émigré assez loin du domaine thraco-macédonien. On vient de voir que la fosse funéraire est. tautôl, creusée dans le sol même, tantôt, ménagée dans le roc. Chaque fois que l'occasion s'en présentait, il est certain que les anciens ont recherché la matière dure et solide pour y cacher leurs morts. Aussi l'habitude de creuser des tombeaux dans le roc a été très répandue en Orient, chez les Phéniciens, les hébreux, les Iléthéens, les Phrygiens, Lydiens et Cariens". I,es populations grecques de l'Asie Mineure ne pouvaient, manquer de s'v conformer. L'idée primitive a été, comme en Égypte, d'assurer au mort, une demeure surcot inviolable, en le nleltantà l'abri derrièrel'épais rempart. d'une masse rocheuse 133 SEP 1218 SEP et en dissimulant soigneusement l'entrée. Au fond d'un puits, dont l'ouverture à la surface du sol était, facilement cachée, on creusait un caveau, ou même plusieurs chambres pour y réunir des sépull'Ires de famille'. C'est de cette manière que fut enseveli le roi phénicien l shmounazar', et c'est encore ainsi qu'à l'époque d'Alexandre et de ses successeurs on disposa 1a sépulture des hauts personnages, satrapes perses ou gouverneurs macédoniens, qui furent déposés dans les célèbres sarcophages de Sidon, aujourd'hi à Constantinople (sascoPHAGes, fig. 6106) 3. Bien que le mot de catacombe s'applique spécialement aux cimetières chrétiens et au prodigieux réseau creusé sous terre par les Tussores de l'Empire', on petit dire que la chose n'était pas nouvelle, surtout en Orient, et que les architectes chrétiens n'ont fait que développer et amplifier une méthode païenne. Les caveaux auxquels on accède par un escalier, les couloirs et corridors, les loculi et les niches pratiqués dans les parois où l'on dépose les morts, tout ce système existait antérieurement, sur un mode plus restreint, dans les nécropoles phéniciennes, et plus tard, soit dans les colonies grecques de Crimée', soit dans la Grèce alexandrine d'Égypte (voir plus loin, p. 227) G. Mais dans ces nécropoles invisibles aux regards, la vanité des morts, soucieux de leur renommée, ne trouvait pas toujours son compte et l'on chercha de bonne heure le moyen de désigner à l'attention la tombe princière sans compromettre la sécurité du défunt. Une façade somptueusement sculptée dans le rocher révélait la demeure funéraire, mais on cherchait à dépister les voleurs en laissant le rocher derrière cette fausse entrée et en plaçant ailleurs la véritable ouverture du caveau : tels sont, en Phrygie le fameux tombeau de Midas et celui de Delikli-'Pack Pourtant, cette disposition gênait inévitablement le rituel des funérailles et les visites des survivants ; peut-être aussi en avait-on reconnu l'inefficacité. Aussi plus nombreuses encore sont les tombes dont la chambre creusée dans le roc s'ouvre directement sur le dehors ; on se fiait alors à la solidité des lourds battants de porte, munis de gonds solides en métal et de serrures (fig. 44) a. Le Louvre possède des portes ainsi construites (JANUA, fig. 4132]". Autour de la porte on réunissait souvent tous les éléments reproduisant l'architecture complète d'un palais ou d'un temple, colonnes, architrave, fronton sculpté, portique 1' (fig. 6317). A mesure que l'influence hellénique devint plus forte en Asie, les formes architecturales tendirent de plus en plus à rappeler la structure classique des édifices grecs. On peut déterminer par ce moyen différents groupes de sépultures rupestres, s'espaçant depuis le vue ou le vie siècle av. J.-C. jusqu'à l'époque gréco-romaine et même jusqu'à l'Empire". La nécropole de Cyrène, presque toutentière taillée dans le roc, avec des perspectives de colonnades, de frontons et d'entablements, offre aux yeux un ensemble d'un remarquable pittoresque''. Les élégants monuments de titra, en Arabie, représentent le dernier stade de cette architecture funéraire dans les pays soumis à la domination romaine, et ils conservent encore un caractère nettement asiatique H. Dans le même groupe il convient de mettre à part es tombeaux lyciens dont la structure, calquée sur la maison indigène en bois, reproduit les poutres saillantes, les pièces courbées, les rondins, les combles en ogives. sculptés dans le roc avec une précision exacte et pilto resque qui donne à ces monuments un aspect très original (fig. 6318)'''. Ailleurs, le rocher, isolé et séparé du reste, a été entaillé et aplani de façon à former un monolithe auquel on prêtait la forme d'une maison, d'un pilier, etc.". Le plus célèbre monument de ce genre est la tombe des Ilarpyes, à Xanthos, ornée de bas-reliefs qui SEP 1219 SEP représentent des offrandes aux défunts héroïsés et les aines des morts emportées par les oiseaux funèbres : il date du vie siècle 1. Les monuments funéraires. La tombe grecque, depuis l'époque archaïque jusqu'à l'époque post-classique, est, en somme, d'un type simple qui n'a guère évolué. Au contraire, les monuments funéraires qui se dressaient au-dessus du sol et signalaient H !lut«) le tombeau, sont très variés et ont donné lieu à toute une évolution artistique. Il en est ainsi surtout pour Athènes ; nulle part les Attiques n'ont mieux montré, dès l'époque ancienne, la richesse de leur imagination et la fécondité de leur art. Partout ailleurs, le a i. funéraire semble avoir joué un rôle plus modeste; c'est ainsi que des fouilles très complètes faites dans deux grandes nécropoles, l'une d'Orient, Myrina2, l'autre d'Occident, Géla, ont donné, à ce point de vue particulier, très peu de résultats ; il n'a été rien trouvé à Géla', et Myrina n'a fourni qu'un petit nombre de stèles très ordinaires. Lucien, dans un de ses Dialogues, esquissant l'aspect d'ensemble d'une nécropole grecque, énumère quelques-uns des aruaTa qui frappaient 1'u'il du visiteur'` : « Vois-tu à l'entrée des villes ces amas de terre, ces colonnes, ces pyramides... » Il faut noter que de cette indication rapide est absente la forme du funéraire que les textes, les peintures de vases et surtout les monuments subsistants vont nous présenter commue la plus fréquente et presque exclusive de toutes les autres : la stèle. La stèle n'est donc qu'un type de monument parmi plusieurs autres; c'est à des raisons d'ordre pratique et technique qu'il doit d'avoir beaucoup mieux que les autres duré jusqu'à nous ; il y avait, dans toute nécropole grecque, autant de tables d'offrande, de piliers, de colonnes ou de statues tombales que de stèles. Tous ces monuments ne sont pas l'expression de croyances semblables. Les uns semblent se rapporter aux idées primitives sur la survie du mort dans le tombeau et la nécessité de satisfaire à ses besoins ;les autres sont nés de conceptions différentes : lieu de séjour pour f's~awnuv du mort (v. plus haut, p. 1213) rappel du défunt à la mémoire des survivants. Il convient, laissant de côté tout ce qui n'intéresse que l'archéologie figurée, de préciser d'après ces données la nature et la signification des principaux ari c s funéraires. Nous avons vu, à propos des vases du Dipylon, ce qui sera plus tard le « monument », Lv'i'1p.1, servir à un usage pratique, à l'entretien de l'existence posthume du défunt. Le mort a besoin d'offrandes et de libations. De telles idées n'ont nullement disparu avec le progrès des conceptions sur la vie de l'au-delà; les croyances animistes ont pu s'effacer, mais non pas les pratiques de l'animisme; un texte comme celui du traité de Lucien sur le Deuil montre combien elles étaient vivaces encore, bien après l'époque classique'. Le ai.)N.a funéraire qui a bien pu par la suite perdre son sens vrai, mais qui à l'origine correspond à ces idées et à ces pratiques, c'est la table d'offrande,'rpxns. On a longtemps mal interprété le mot, voulant y reconnaître la stèle architecturale à piliers, par opposition à la stèle simple'; cette explication ne s'accorde pas avec les textes et les monuments. LaTp. to a est la dalle de pierre quadrangulaire, primitivement portée par quatre ou trois pieds [mmNsnl, posée à plat audessus de l'emplacement du tombeau et faisant office de table d'of('rande8. C'est une TpzaE,:a de ce genre, ornée sur ses quatre faces de reliefs, qui se trouvait sur la tombe d'Isocrate", peut-être aussi sur celle de Thémistoclei0. De nombreux vases, surtout des lécythes blanc', la figurent à côté de la stèle" ; de même des vases de la GrandeGrèce12. 11 est naturel que les Tpcir.gat ne se soient pas conservées nombreuses : leur forme et leurs dimensions en faisaient des matériaux d'usage commode pour toutes sortes de constructions. 1)e celles trouvées à Théra13, faites de tuf volcanique (0 ln. 10 de long environ sur une largeur de 0 m. àb et une épaisseur de 0 m. 06) quelques-unes ont exactement l'aspect d'une table à trois pieds (fig. 6319); d'autres ne sont que des dalles plates, inscrites ou non ; l'exemplaire le plus complet porte sur sa face principale le nom de l'archégète Ithexanor, sur les autres côtés les noms des personnages de son clan R. En Attique, depuis l'époque archaïque, la TpX7rEa est une construction massive, en pierres ou en briques, sur plan quadrangulaire; ainsi, à Vourva1", sur l'une des tombes se dressait une espèce de coffre divisé en trois compartiments par deux cloisons intérieures, le tout en briques crues; le remplissage était fait de terre et de petits cailloux, le couvercle formé de couches d'argile superposées, le bord dessinant une corniche au-dessus des parois, servant à protéger tout le monument contre l'action .des eaux; dans les parois étaient encastrées des aivaxEç d'argile ornés de peintures. M. Delbrtick1U a pu restituer à Athènes même, à HaghiaTriada, des « tables» du même type ; niais tandis que dans les nécropoles archaïques ces monuments surmontaient des tombes d'un certain luxe, ce sont ici surtout les afl,,tarce des tombeaux du commun : un massif quadrangulaire de briques crues est recouvert à l'aide de tuiles de corniche, dont le larmier écarte, sur un côté tout au moins, les eaux de pluie; l'autre côté restait sans protection, ce qui devait, tôt ou tard, amener la ruine de l'ensemble. Une construction de ce genre ne réclamait que peu de temps et peu d'argent, et pouvait être l'ouvrage rapide des parents mêmes du défunt. Le corps du massif pouvait être en pierre au lieu de briques crues, et recouvert d'une couche de stuc, sur laquelle des ornements sont dessinés. Ceux de ces monuments qui sont d'époque tardive offrent ces caractères et sont d'une grande dimension ; quelquefois, sur un des côtés, une nielle sert de logement à un relief portant l'image du SEP 1220 SEP défunt'. Enfin, de même que la lrapesa était souvent marbre décoraient à Athènes les tombes des jeunes gens adjointe à la stèle (v. plus loin, p. 1'23), à la trapé:a non mariés, et uniquement celles-là 1e. M. Milchhoefer pouvait s'adjoindre le vase funéraire. Au Céramique, les met la règle en doute ". De fait, sur quelques loutro trois trapé:tai de Philoxénos de Messène et de ses fils phores sont figurés des personnages dont l'âge etl'ap Dion et Parthénios2, qui sont, d'ailleurs, les exemplaires parence s'accordent mal avec la condition qu'on leur s u p les plus parfaitement conservés de ce type de moralpose (fig.6328)12; dans un ou deux cas, il semble même ments, portaient chacune en leur milieu un lécythe de qu'on ait affaire à des couples '3. Ce serait donc l'usage marbre, dont l'attache du pied subsiste encore. La trale plus courant, non une règle de principe, qui aurait pé-u funéraire s'est conservée en Asie Mineure jusqu'à réservé ce a-t1ua aux jeunes gens morts avant mariage. l'époque hellénistique'. Aussi bien c'est M. Wolters lui-même''' qui a montré que L'autre aiipa qui, à côté de la trapéa, répond à la conle bain du mort, est une coutume très ancienne [PVir.os, ception animiste de la vie d'outre tombe est, en effet, le sARcoPUAGus], et on a retrouvé à Ménidi des ÎrOUTŸlpta de vase funéraire. S'il n'a plus guère, à l'époque classique, terre cuite qui ont dû servir à cette pratique du culte que le sens vague de « monument », il faut admettre qu'il funéraire. La loutrophore, vase de bain, serait donc un en a eu un plus précis à l'origine. De même les grands instrument de ce culte, comme le vase-autel du Dipylon vases en terre cuite de l'époque géométrique d'Athènes, ou la table-autel de Théra ou d'Athènes, et plus tard, d'abord instruments pratiques du culte, étaient, dès cette comme eux aussi, un monument purement symbolique. époque même, devenus monuments symboliques. Et Mais c'est un fait constaté que les traditions funéraires l'emploi funéraire de ces grands al/.aTa céramiques s'est se sont conservées plus religieusement à propos des perpétué en Attique au delà de l'âge du Dipylon; la desmorts enfants ou jeunes gens"; on sait quelle place tination était analogue, semble-t-il, (les vases « prolotiennent dans les monuments, dans les textes poétiques attiques» tels que le vase de Nessos ou l'amphore du Piou épigraphiques, cette idée et ce sentiment vif de la rée'. Par l'intermédiaire de ces vases et des vases « à mort prématurée. Or, dans le cas de la mort d'un jeune prothésis » on passe des a-i,N.a'r céramiques du Dipylon homme, il ne se pouvait pas que l'idée générale du bain aux ar*1.aTa en pierre et en marbre de l'époque chasdu mort n'entrainàt avec elle aussi l'idée particulière du sique, comme on passe des trapé:ai de briques crues de bain nuptial. La confusion entre les deux pratiques expli Vourva et de Vélanidezza aux trap'ai de marbre des querait bien que la loutrophore, originairement vase de trois Messéniens, au Dipylon d'Athènes. Certains vases bain pour tous les morts, fàt devenue y.vï)yx symbolique archàiques montrent encore un vase funéraire de terre pour les morts avant mariage. cuite dressé au sommet du T1 àoç (fig. 6316) '. Peut-être même y a-t-il eu des ar N.vTv funéraires ayant Les vases funéraires placés au-dessus de la tombe, la forme de la baignoire elle-même. Un texte de Cicé sur la trape a ou même sur la base de la stèle (v. plus ron " semble en témoigner, d'après lequel Démétrius loin) sont de deux types : le lécythe et la loutrophore. de Phalère, voulant arrêter l'excès du luxe dans les On trouvera aux articles LECV'rnUS et LoUrROPaomOS toutes constructions funéraires, autorisa seulement trois formes indications sur la nature, l'usage et l'histoire de ces vases. de ces monuments, les plus simples de toutes : la Le symbolisme du lécythe est clair: c'était le vase descolonnette, columella, la table, /pensa, la baignoire, tillé à contenu les parfums qu'on répandait sur la pierre labell//p. Nous avons vu ce qu'était la rne/sa ; nous tombale; on apasséé tout, naturellement à l'idée d'élever en trouverons plus loin la colonne ; qu'est-ce que le marbre le lécythe lui-même au milieu de la trapéCa 6 ; labelluin "? Précisément, M. Brueekner cite deux monu c'était perpétuer la pieuse offrande, comme la statue du muas 19 à peu près contemporains de l'époque de sacrifiant peut perpétueraussilavertu du sacrifice. Puis le Démétrius qui, autant qu'il en reste, semblent avoir sens primitif du monument s'est effacé, et il n'en a plus eu la forme d'une vasque avec son pied et sa coupe eu d'autre que celui de la stèle ordinaire ; aussi, le plus évasée [LARRON]. Ce seraient là des exemples nets de souvent, les lécythes de marbre sont décorés des mêmes labella et comme les traductions tardives en marbre des scènes que les stèles, avant tout celle de la réunion de î,ouTiptx de Ménidi. Si l'on n'admettait pas cette inter famille et de la poignée de mains. Souvent deux lécythes prétation, il n'y aurait qu'à reconnaitre dans les loutro appariés étaient placés soit sur deux trapéf-ai voisines, phores eux-mêmes les label/a de Démétrius, soit sur la même trapéda 7. Dans ce cas, les mêmes Nous formons une seconde classe de monuments funé personnages, désignés par les mêmes inscriptions, raires la stèle en est le type essentiel avec ceux dans des attitudes identiques, sont figurés sur le corps qui se rapportent, non plus à l'idée de l'entretien du mort du vase 8; morts et vivants sont ainsi rassemblés sur dans le tombeau, mais à celle du lieu 20 de séjour, du chaque relief, et seule l'inscription qui se trouvait à la point d'appui nécessaire pour son nYinlaov. Là encore le base de chaque trapésa renseignait sur celui des permonument est, en principe, un '(Epaç pour le mort ; il est sonnages pour qui chaque G11.« zavait été sculpté. On apu sa chose à lui, non un simple moyen matériel d'entre réunir un certain nombre de cos couples de lécythes'. tenir le souvenir que lui gardent les vivants. Mais avec La signification de la loutrophore est moins claire. On l'affaiblissement des vieilles croyances, avec le déve verra à l'article LOuTnom'noxos comment M. Wolters a cru loppement des sentiments de famille et d'humanité, pouvoir établir avec certitude que les loutrophores en le sens originel s'efface ; piliers et stèles aussi bien SEP 1221 -SEP que tables d'offrande ou vases de culte ne sont plus que des f.vr lama sans signification précise. Les monuments figurés forment la série la plus intéressante des c-iigatia que nous étudions. Mais avant eux il faut signaler les ati.aia an iconiques, qui n'étaient pas moins nombreux dans les nécropoles grecques : stèle primitive, pilier, colonne. De tels monuments sont aux stèles sculptées ou aux statues tombales ce que les symboles aniconiques de la divinité sont aux statues de culte. La stèle primitive est très éloignée de la forme achevée que l'ionisme propagera sur le continent grec et principalement à Athènes : c'est la borne, la pierre grossière et non taillée, allongée et sans épaisseur, enfoncée dans la terre à côté de la tombe ; c'est encore la ati ~Àhomérique, prise souvent comme image de la fixité et de la solidité t. Les monuments de ce genre ont très facilement disparu, ou n'ont point été reconnus: rien ne les signale à l'attention. On en a retrouvé pourtant à Néandria 2, à Amorgos 0, dans la Grèce continentale è Athènes', Éleusis'. Sur les stèles de Théra 6 le nom du défunt est gravé sur la partie qui s'élève au-dessus du sol. On constate aussi que l'idée de dresser sur le tumulus une pierre en forme de cône, peut-être à l'origine avec un sens phallique, est fort ancienne; dans la suite des temps, elle donne naissance àdes variantes, où l'omphalos[oml'HALOS],lecône, la pomme de pinmôme, se perpétuent pendant toute la période classique et se confondent jusque sous l'Empire romain 7. Le pilier ou cippe quadrangulaire, sans décoration figurée, constituant par lui seul ou par l'adjonction d'un épithèrne le monument funéraire, est un type gréco-oriental, qui semble venir lui-même d'une ancienne forme asiatique, et plus particulièrement du tombeau-pilier qu'on rencontre en Lycie'. De cette forme dérivent, d'une part, le simple pilier carré, sérna rudimentaire et approprié aux besoins du commun, et d'autre part les grands monuments élevés sur degrés de l'époque hellénistique, Mausolée ou tombeau des Néréides, l'as plus que les stèles brutes, et pour les mêmes raisons, les piliers funéraires ne se sont retrouvés en grand nombre. On en peut signaler pourtant plusieurs à Samos, de l'époque arctlaïque ; d'autres, d'une date postérieure, en plusieurs points de l'Orient grec". Dans la Grèce continentale, à Tanagre, le cippe en tuf ou en pierre noire est le monument funéraire le plus commun 10: tandis que les uns ont la forme d'un autel avec une marge sur trois côtés, et se rattachent plutôt au type de la tramré2a, et d'autres à la forme de 1'hérôon, d'autres enfin sont en forme de piliers quadrangulaires. A Athènes le pilier semble avoir été assez rare dans les nécropoles : il figure cependant, surmonté d'un vase, sur un fragment de relief funéraire t'. Mais à défaut d'exemplaires originaux de ces monuments, nous en trouvons la représentation très fréquente sur les bas-reliefs funéraires d'Asie Mineure : le pilier porte alors des épitllèmes variés : la sirène, le sphinx, le coffret, la corbeille, le lécythe, (tet. 8 Cf. Piuhl, Ibid. p. 72 sq. Sur le culte du pilier l'époque crétoise ut mycénienne, voir Evans dans Journal of hall. Stdien, 1901, p. 99-104. Pour la portée mythologique de ce culte, voir l'article de P. Girard sur Ajax dans Revue Des terres cuites de Myrina t" et d'autres terres cuites d'Asie Minet" re"représentent des monuments analogues, le mort étant ou non figuré à côté du ,tex funéraire. Enfin le pilier tombal est très fréquent sur les vases de la Grande-Grèce, de Tarente et d'Apulie : il est posé sur une base d'un ou de plusieurs degrés, qui prend souvent toute l'apparence de la trapéza t3. Au pilier se rattachent encore les fermes, les hermès [ tEIiMAC ; cf. plus loin fig. 6329] qu'on voit s'élever parfois auprès des tombeaux 'G. Une colonne dorique fait fonction de stèle dans la nécropole d'Assos ; elle était scellée au centre d'une base ronde taillée à même dans le roc 17. Cependant, la colonne n'apparaît guère sur les reliefs funéraires d'Asie Mineure. Mais elle est un des monuments les plus fréquents à Athènes, après Démétrios de Phalère ; c'est un de ceux que ses lois somptuaires autori saient 18, Une d( ces colonnes doriques, de grande dimension (2 m. 36 avec la base), est encore en place, près d'liaghia Triada ; elle porte les noms de 13ion et d'Archiclès ; un vase était scellé à la partie supérieure du chapiteau 10 (fig. 6320). La colonne ionique est souvent figurée sur les vases de la Grande-Grèce à côté du pilier et sur la tr'apc:a20, il faut signaler enfin les colonnettes ioniques et corinthiennes en terre cuite trouvées dans des tombeaux de Myrina21 Les criusara. figurés sont la statue et la stèle sculptée. La statue tombale est vraiment tin double, a.u sens de la statuaire égyptienne, et l'appui matériel le pl us immédiat pour l'a?Iwnov du mort ; il ne s'agit pas, au moins à l'origine, de rappeler aux survivants l'apparence et les traits du défunt ; c'est là une conception dérivée. La statuaire funéraire a eu en Grèce un long développement depuis le vie siècle jusqu'à l'époque classique et post-classique'"' [sTA'reA]. Son rôle s'est trouvé limité seulement par ce fait que la commande d'une statue de ce genre était affaire d'importance, et ne pouvait convenir à la moyenne du public ; la stèle était, dans la plupart des cas, d'un travail beaucoup plus médiocre et moins coûteux. Le nombre des statues funéraires connues est, cependant assez considérable. Certaines ail moins des statues désignées sous le nom d'Apollons archaïques rscclA'TuliAi Lie 71qm d lur,etlr. 2' poche p 267, n.:1, Cf. Wal,, Op. cd. p. 15 =q. 19 Corme. Att. Crabrel. p. 370, d'où est tirée uolre figm . 2i) W,rizi , Op. cit. p. l431 Cf. l'osier-ilriuacli, Marina, 1, p. 242-213. 22 l'.1 (n Aser, Sa -1222SE I' fig 6237 1 peuvent être en réalité des statues tombales' : il doit en être itinsi, de par les circonstances mêmes de sa décotiCerte, de l'Apollon de Théra ' ; funéraire aussi est, la statue de xoûooc trouvée en 1911, en Attique, à, Katyvia-Kourvara3. D'antres statues funéraires de l'archaïsme attique il ne subsiste que les bases et le scellement des pieds ; l'une de ces stalaes au moins était consacrée aune femme. I1 su1'tjra de citer, en fait de monuments du même type qui appartiennent à l'époque classique, la prétendue Pénélope » du Vatican (fig. 6321 4), les statues de femme de Ménidi au nausée de Berlin 3, et 1«, Hermès » d'Andros avec la statue féminine qui lui faisait pendant 6. La statuaire tombale s'écarte là de la conception qui lui avait donné naissance et devient comme une statuaire de : lire qui adm,'L le ,troupe et la « scène de !i mille » ; ainsi, sur un lécythe polychrome d'Érétrie un groupe funéraire (fig. 6322), composé d'une femme tendant une grappe de raisin à un enfant, est dressé au haut d'un large pilier, surélevé lui-même sur trois degrés. Ce qui prouve bien que la statue tombale est un y€paç pour le mortplutôt qu'un monument pour les survivants, c'est que l'image humaine est souvent remplacée par une image symbolique : le sphinx d'abord [sPiiux], dont plusieurs figures ou fragments de figures ont été retrouvés dans les nécropoles grecques"; la Sirène ensuite, qui est proprement l' »oiseau de Pilule » [51111154E] et comme un symbole de l'Ei$r»aov0. Beaucoup plus éloignées de ce symbolisme et plus proches due genre » sont les statues d'animaux. lions, taureaux, etc., dont nous connaissons par les monuments ou les textes la destination funéraire 10 6323). La statuaire funéraire n'était pas toujours réservée aux praticiens de second ordre ; nous savons que les grands sculpteurs sy étaient adonnés ; on voyait par exemple, près du Dipylorl, le groupe d'un cavalier et de son cheval, oeuvre de Praxitèle Il. Toutes les stèles n'étaient pas décorées. D'après certaines peintures de vases, on peut se représenter un bon nombre de ces c i.ata sous forme d'une dalle dressée tout unie, sans autre addition que celle du nom du défunt '2. Mais la stèle ornementée et figurée, création de l'ionise me popularisée par l'atticisme, tient le premier rang tant par le nombre que par l'intérêt artis plaires qui nous en sont parvenus. Aucun inventaire d'ensemble n'en a encore été dressé ' Mais nous connaissons bien la série attique, de beaucoup la plus importante'`. Dans ce sujet, qui est surtout du domaine de l'archéologie figurée, nous ne nous occuperons, après de rapides indications sur la forme et l'ornementation de la stèle, surtout de la stèle attique, que de la nature des sujets qui y sont figurés et de l'interprétation qu'il convient d'en donner. 1.a stèle figurée a deux formes nettement distinctes : celle de la stèle proprement dite et celle du naïslcos 17, La stèle proprement dite, qui a pris naissance en Ionie '6 et s'est développée en Attique, est une dalle de pierre calcaire ou de marbre, de faible épaisseur, plus haute que large, souvent plus étroite à son sommet qu'à sa base. Le type le plus ancien est celui de la haute stèle, le p, ya a~µa 17 d'llomère, couronnée d'une palmette dont les bords affleurent les deux côtés de la stèle. Plus tard, la palmette ne limite pas elle-même le champ de la stèle, mais elle est appliquée en relief ou en peinture sur une acrotère arrondie qui la déborde'". Les monuments les plus anciens n'ont pas de profil architectonique ; les plus SEP 1223 SEP récents en ont un soit sur la face antérieure seule, soit aussi sur les deux côtés'. Au-dessous de la palmette le champ de la stèle porte soit 1 simplement, au-dessus de deux rosettes, l'indication du nom du défunt, soit une représentation figurée peinte ou en faible relief (fig. 6324 2). Au ve siècle s'introduit une forme différente 3. La stèle d'oblongue devient à peu près carrée, et n'est plus surmontée d'une palmette, mais limitée en haut par une surface droite: un fronton est généralement figuré en relief dans la partie supérieure. Dans un très grand nombre d'exemplaires la terminaison supérieure même est un fronton : c'est un type très commun (fig. 6326 4). Cette forme, en se développant, a donné naissance, dès le vesiècle, à un second type essentiel, le naïskos : comme son nom l'indique, c'est un temple en miniature, avec fronton, épistyle et antes ; entre les antes se détachent, en très fort relief, les personnages figurés, quand la stèle est sculptée (fig. 6326). Quel est le sens et la raison d'être de cette forme? On a voulu y voir l'intention arrêtée de présenter le mort comme un héros dans le temple, l'i)p(pov où on lui rend un culte. L'interprétation ne saurait valoir, car les scènes représentées dans les naïskoi sont des scènes familières où les morts se mêlent aux vivants; de plus, il n'y a pas de naïs/roi, à l'époque archaïque, c'est-à-dire à l'époque précisément où le culte des héros à été le plus vivace. L'on pourrait y voir tout, aussi bien l'intention de re produire l'appa rence intérieure de la maison, où les scènes seraient alors censées se passer. En fait, de telles idées ont pu se faire jour à tel ou tel moment de l'évolution du type ; mais le naïskos est sorti tout naturellement de la stèle à fronton', à mesure que les figures se présentaient en plus haut relief et demandaient par làmême un cadre architectonique plus net. A mesure aussi que le fronton prenait un relief plus ressenti, la nécessité technique apparaissait de l'appuyer sur des antes ; et ainsi se complétait l'architecture du naïskos. On peut suivre tout ce développement ; le monument de Dexiléos (fig. 6326 °), malgré ses dimensions, est encore une simple stèle à fronton non soutenu; d'autres reliefs ont le fronton et les antes, mais sans épistyle', enfin l'épistyle, portant l'inscription funéraire, s'insère entre le chapiteau et le fronton f0. Nous n'avons pas à traiter ici du détail des formes et des profils architectoniques, et des comparaisons instructives qu'on en peut faire avec les formes parallèles de la grande architecture. La stèle est quelquefois sans base; la partie inférieure de la dalle est alors laissée rude et enfoncée dans la terre ", Le plus souvent elle se dresse sur une base de calcaire ou de pores f2 ou sur un soubassement à trois degrés, comme il apparaît presque toujours sur les peintures de vases (fig.6322). Quelquefois à la surface de la base sont creusés des trous qui étaient destinés à recevoir des lécythes ou autres vases funéraires. La base est alors vraiment une trapéfa unie à la stèle; deux monuments voisins entre autres, une stèle et un naïskos, appartenant à un même ensemble, offrent cette disposition 13. Les formes générales de la stèle et du naïslr'os ne sont pas différentes en Attique et en dehors de l'Attique; mais il y a des variantes importantes : ainsi les vases de la Grande-Grèce nous montrent des naïskoi à colonnes non pas doriques, comme en Grèce propre, mais ioniques''' (fig. 6327). Pour la décoration des stèles, il faut distinguer SEP 122'i. SEP d'abord es stèles sculptées et les stèles peintes. Celles-ci étaient fort nombreuses, sit stèles proprement dites, suit cultel"ni. Plusif tirs stèle., attiques peintes iFrcrl'BA, r . tittnli ont été conservées jusqu'à n ; sur d'autres monuments Ies peintures et sont, Ta' : il en est ainsi sur le naïskos de l'athénien Agathon 3. Sur beaucoup de stèles sculptées le relief était complété par la peintmte, soit. pour tes accessoires de l'ornementation 3, soit thème pour des personnages entiers. D'autre part, un grand nombre de t{ ales signalent des rouvres de peintres grecs qui ne peuvent étire que d,es peintures funéraires`. gratin, il a été découceri tout récemment. à. Pagasai, en Thessalie, tilt mmnbrs très considérable de stèles ou fragments de stèles peintes ; leur publication définitive pourra renouveler l'histoire du genre ". II .apparaît, dès à présent, que les sujets représentés n'y sont pas différents de ceux qu'on voit sur les stèles à reliefs : la peinture la mieux conservée de Pagasai montre la scène même de la mort de la femme, peut-être 8. son lit d'accouchée 11a décoration des stèles sculptées se répartit sur l'acrotère et slip le champ de la stèle. L'acrotère des hautes stèles est décoré de la palmette surmontant deux volutes (hg. 63211. Toute schématique à l'époque archaïque, cette décoration se rapproche de la nature, àpar!ir du 't su èele , par Lad,jonetion de la feuille d'acanthe (cf. ttsrearon, ig.àà8ij,empruntée peut-ètreàla, végétal.ionnaturelle des nécropoles'. Dans une première classe de monuments on peut, donc ranger, avec MM. Orueekner et Cori.'', les palmettes sans acanthes, en deux séries, suivant que la palmette est" ore non' divisée en deux masses : dans une seconde classe, les palmettes avec feuilles d'acanthe, en plusieurs séries : 1° la décoration se compose il l'acanthe, des volutes et, de la palmette 10; ° il y a en plus nnerosette de cttaquecôtédel'acanthe11; 30 des volutes retournées remplacent les rosettes"; 4° les volutes des entés sortent elles-mêmes de la palmette centrale et portent d'autres palmettes 16; 30 le motif central dis parait, et, tout l'espace il ico ri est rempli parles palinetles des entés". Les acrotères sont décorés quelgnel'ois de motifs non plus végétaux, mais figurés; c'est la sirène, se frappant, la poitrine,,; e'estle sphinx, " ; ce sont, deux boues affrontés au-dessus d'un canthare, (de. ". Le fronton des stèles oblongues ou carrées reste généralement sans décoration sculptée (fig. h:là3). Le corps de la stèle ne porte dans beaucoup de cas d'autre décoration que les deux rosettes qui garnissent le champ au-dessus do l'inscription funéraire. D'autres fois, la décoration est constituée non par des figures humaines, mais par les ar,N.a'ea mêmes den tombeau, sculptés en relief, loutrophores et lécythes, souvent décorés eux-mêmes de scènes familières ou d'offrande (4.6328 1R). Enfin, le plus fréquemment, ce sont des représentations humaines qui remplissent tantôt un champ réservé sur le plat de la stèle, tantôt la stèle tout entière, tantôt toute l'ouverture du nniskos (fig. 6324 à fii33t)). On peut ranger les sujets représentés sur les stèles attiques et le classement vaut, en somme, pour les monu ments non attiques plus sommairement qu'il n'est fait. dans le recueil de l'académie de Vienne, sous quatre chefs principaux : 4.° personnages représentés seuls. L'homme ou la femme sont (l'abord représentés assis, dans un siège à haut dossier droit13 ou sur une chaise à dossier et à pieds recourbés, dans une attitude hiératique20, ou familière21 pour les femmes, simple et grave pour les homrnes2". Ills sont aussi représentés debout. Les hommes sont souvent figurés dans une attitude ou avec des attributs qui rappellent leur profession"; les jeunes garçons et les jeunes filles avec leur oiseau ou leur animal fanrilier26 ; 2° groupe de deux personnages avec, quelquefois, un personnage accessoire. Les principaux types sont: groupe simple de l'homme et de la femme avec, ou non, le geste de la poignée de maint', femme à la toilette, homme ou servante présentant le coffret ou le miroir 3", groupe d'homme et de femme, ou de femme et servante, avec présentation de l'enfant", homme titi femme et jeunes enfants 2R, vieillard contemplant t.ristentent, son fils adulte [ustutu, fig. 39671"m; 30 groupes de famille à plusieurs personnages (fig. (f32fi a0) ; 4° représentations particulières: guerriers combattant 31, VIII. SEP 122; SEP naufragés ', femmes défaillantes (hg. 6325 2), hommes couchés devant une table de banquet'. Ici, à propos de ce dernier sujet, nous (levons faire une importante remarque. Nous n'avons pas à nous occuper des repésentations si nombreuses du « banquet funèbre » dont le sens exact a fait l'objet de tant de discussions' SnEnos]. La forme mente de ces reliefs plaques rectangulaires beaucoup plus larges que hautes suffit à montrer qu'ils ne sont point des monuments funéraires, faits pour trouver leur place au-dessus du tombeau, mais bien des monuments votifs destinés au culte, en dehors même de la nécropole, des morts héroïsés'; de meme les inscriptions qu'ils portent ont toujours un caractère de dédicace, et non, comme celles des reliefs funéraires, de simple indication de la personnalité du défunt. Seules doivent rentrer dans la catégorie des reliefs funéraires, au moins à l'époque classique, les représentations de ce type qui sont sculptées sur des stèles oblongues de la forme habituelle. Il y en a quelques exemples parmi les stèles attiques"; le « banquet » y est, d'ailleurs, très simplifié; on n'y voit pas les attributs et accessoires spéciaux qui figurent sur les banquets funèbres. Mais il figure sous sa forme complète et avec un grand luxe décoratif d'accessoires sur certains reliefs hellénistiques d'Nsie Mineure'. Pour les mêmes raisons, nous laissons en dehors de notre étude des c Jp.a'r-r funéraires, les reliefs laconiens représentant, soit des divinités, soit des morts héroïsés, et tous les reliefs ofi est figuré le type du trouvera la bibi iographietu l'article nrnos. -l' Ci, tirueekuer, op.cit., p. Si; Gardner, t st cous, lerable; citons seules e,l pour la première, Brucckucr, Silcwzgsb. Mea. ii ilchhocfer, Grdberluunot d. Heilenon. Nous signalerons ici seulemeul. la théorie paradoxale d'I lohverda, Die ait loch. G'rrïbcr d. Biniez, mi, Leyde, 1809, d'après qui il n'y aurait pas de rapport entre les inscriptions et les persou cavalier. Pour tous ces monuments, on .e reportera à l'article amies. Ou a beaucoup discuté sur le sens précis e attribues aux représentations que nous venons d'énumérer, particulièrement à la «poignee de main » et aux « groupes de faniillen (fig.632i).-La scènese passe t Pile,surla terre ou au séjour des morts:? Les personnages se disent-ils adieu dans ce monde, ou se retrouvent-ils dans l'autre? Les reliefs sont-ils un souvenir de la vie du défunt, ou une allusion à son existence d'au-delà la tombe? Il s a pour et coutre l'une et l'autre de ces opinions des rayons très spécieuses ". Il est d'une part certain que beaucoup de reliefs se rapportent à la vie passée du défunt. Il en est ainsi qui rappellent sa profession: nous avons le cordonnier Nantbippos ", le fondeur Sosi nos f", le marchand de vin ('?) 'Ibkkès1, le pancratiaste Agaèlès l'archer (tétas ". D'autres monuments rappellent, d'une manière générale, la bravoure guerrière du défunt(,Aristonaulès)"`, ou même, de façon plus précise, un de ses hauts faits Dexiléos, fig. (i3?6) ". Quelques reliefs mettent sous les yeux la scène mémo de la mort stèle de 'fliéophanté "stèle de Plangon " (fig. 6325), stèle de Malthaké l", stèle peinte trouvée à PotgaCai 1". On y voit une l'cm.me défaillant sur une chaise, ou, avec plus de réaiisure encore, sur un lit. Meule senne sur un relief mutilé du Louvrec', oh, très illogiquement, la scène de la présentation du colfret est associée à cette de la défaillance. Nous somines, on le voit, bien loin de l'existence héroïque d'outre-tombe. N'est-il pas naturel d'expliquer de même les scènes de toilette, qui elles aussi ne peuvent se rapporter qu'à la vie, et enfin la « poignée de nain » el, les groupes de famille? C'est le souvenir de la tendre union qui régnait entre le mort ou la morte et les survivants, non leur rencontre dans l'1ladi's, que l'artiste a voulu exprimer ; c'est dans l'intimité de la maison athénienne qu'il nous introduit; rien qui s'accorde mieux avec le caractère d'tuuna.nité et de familiarité de l'art grec. Les inscriptions et les épigrammes funéraires rappellent toujours la 'aie du défunt; c'est aussi ce que font les reliefs. 'Pelles sont les raisons qu'on peut. faire valoir en faveur de la première théorie. Mais on peut demander comment il se fait que dans ces scènes « d'adieu » ce soit précisément le mort, celui qui prend congé des survivants, qui soit représenté assis, tandis que les autres sont debout -1. Puis il xi a des stèles archaïques où le mort ou la morte sont représentés dans une attitude solennelle qui semble montrer qu'ils saut figurés en tant que morts2". Un relief montre mémo, comme les lécythes blancs, le mort à son tombeau". La représentation du banquet funèbre est rare sur les stèles attiques, parce qu'elle ne s'applique au juste qu'aux héros, et que, au moins â l'époque classique, les morts ne sont pas généralement considérés comme tels; mais, le l'ait qu'elle existe salit à prouver que c'est bien l'existence d'outre-tombe qui est visée. Des textes sur la vie nages figurés; ceux-e, seraient s ngdament des amis du mort ou des (assauts. SEP 1226 SEP des enfers parlent de la ôE,io iç `, de l' « accueil », qui pourrait bien être la scène figurée sur les stèles. Enfin et surtout, s'il est vrai, comme nous l'avons admis, que la stèle, comme tous les autres a;µara, est essentiellement un yÉÇa; pour le mort et qu'elle est faite à son usage, il faut bien en conclure que, en principe, les scènes qui y sont sculptées doivent intéresser le mort en tant que mort. Toutes ces raisons nous inclineraient donc vers la seconde théorie, moins attirante pour notre tour d'esprit moderne, moins en harmonie avec l'idée que nous nous faisons de l'art grec, et surtout. de l'art attique. Mais la vérité est qu'il ne faut pas vouloir exprimer en une l'ortuule une réalité très nuancée et très complexe. II faut d'abord tenir compte de l'évolution des idées et de l'art; elle permet d'autoriser des opinions contradictoires. 11 peut être vrai qu'à l'origine les reliefs funéraires aient présenté le mort dans son existence solennelle d'outretombe, et vrai en même temps qu'ils aient plus tard figuré de préférence sa vie passée; l'idée qu'au mort seraient un jour réunis les vivants permettait de passer sans heurt d'une conception à l'autre. Le fait que le mort est souvent représenté assis, avec les vivants debout autour de lui, ne s'expliquerait-il pas comme une survivance du temps où le mort, considéré comme un héros, trônait en face de ses adorateurs? Et il se peut bien aussi que les scènes sculptées sur les reliefs ne soient, strictement, ni des scènes d'adieu sur la terre, ni des scènes d'accueil dans les Champs Élysées; il se peut que le mort y soit représenté réellement comme mort, et les vivants qui sont à côté de lui réellement comme vivants. Il y a là un mélange très particulier de réalisme et d'idéalisme, qu'on retrouve dans les e banquets funèbres » et dans les scènes de tlréoxénie, et où l'esprit grec se mouvait avec facilité.ll en serait des reliefs funéraires exactement comme des reliefs votifs, où des personnages humains sont représentés à côté des dieux ; mais comme le mort n'est pas proprement une divinité, il n'est pas figuré avec une taille supérieure à celle des vivants. Dans cette conception, les reliefs funéraires seraient, suivant une ingénieuse comparaison de M. Mil(dhhrnfer', tout à fait analogues aux sanie conversazioni des peintres italiens. La majesté de la mort et la grâce de la vie s'y fondraient en une teinte unique. Stèles inscrites, peintes ou sculptées, édicules, statues funéraires, pierres tombales, piliers ou colonnes, l'assemblage de toutes ces formes monumentales devait donner aux nécropoles grecques un aspect pittoresque et varié ; les arbres et la verdure le complétaient heureusement'. Cette diversité se retrouve dans les ensembles formés par les monuments d'une même famille, ensembles dont la limite était marquée, semble-t-il, par des 4c,t'. Si quelquefois les rrl''Iµ.ara en sont identiques les trois trapézai des Messéniens d'autres fois ils diffèrent tous. Ainsi, à Athènes, la stèle portant les noms d'Agathon et de Sosicratès, haute de 4 mètres, se dressait entre les deux uniscoi moins élevés, l'un consacré à Agathon lui-même et décoré d'une peinture, l'autre à sa femme Iiorallion et portant en relief la scène de famille du type ordinaire. Il faut restituer beaucoup d'ensembles analogues pour avoir une idée complète de ce qu'était une nécropole comme le Céramique d'Athènes, avec les luxueux monuments que Cicéron désigne par l'expression arnplitudines sepulcroruln8. Les nécropoles des autres cités grecques devaient rester très au-dessous de celles d'Athènes pour la richesse et la variété des monuments funéraires. Pour la Grande Grèce, pour les villes comme Tarente, Nola, Capoue, nous sommes bien renseignés, à défaut de monuments encore existants, par les peintures de vases apuliens et campaniens. On y voit dominer, à côté de la stèle simple ou de pilier funéraire, la l'orme du naïshos qui contient, en général, l'image du mort, debout ou assis, parfois accompagné de son cheval ; c'est souvent un édicule élégant avec fronton supporté par deux ou quatre colonnes ioniques, autour duquel les suivants se groupent et apportent leurs offrandes «fig. 63.7). La primauté d'Athènes, en ce domaine, dure jusqu'à l'époque de Démétrios de Phalère, de qui la législation somptuaire porte un coup très grave à l'architecture et à la sculpture funéraires L0; la situation pécuniaire de la bourgeoisie athénienne ne devait plus, d'ailleurs, lui permettre ces coûteuses constructions. Les grands monuments de la période suivante ne sont plus attiques ni proprement grecs, mais gréco-orientaux. Il n'y a pas lieu de faire une étude d'ensemble spéciale de l'époque hellénistique. Pour la moyenne de la société grecque, ni la tombe ni les monuments qui lasurmontent n'ont dû changer de nature ; l'étude de l'extension dans le monde grec et aussi de la décadence de la sculpture funéraire attique n'intéressent que l'histoire de l'art. Mais il faut tenir compte de l'aspect pittoresque et compliqué que prennent les représentations funéraires dans les cités grecques d'Asie Mineure. Tout en s'inspirant des stèles attiques, elles introduisent dans la composition des accessoires de toutes sortes, piliers surmontés de statuettes, tables et meubles, ustensiles de travail, arbres et autels, indications de murs SEP 1227 SEP et, d'édifices, qui donnent une couleur particulière aux sujets rappelant la vie du défunt et prêtent un caractère gréco-asiatique au style de ces oeuvres (fig 6330) I. Si l'on pousse plus loin dans le monde grec oriental, on trouve naturellement des variantes qui s'éloignent davantage de la règle attique et qui montrent l'esprit grec en lutte avec l'élément étranger, tantôt s'imposant à lui, tantôt absorbé ou incorporé. Rien n'est plus instructif à cet égard que l'étude des nécropoles gréco-égyptiennes. Colle de Kômesch-Schukafa en particulier a fourni pour la période hellénistique et romaine les plus précieux renseignements". Dans la période ptolémaïque, les habitudes grecques résistent victorieusement; on distingue nettement les formes funéraires connues, le lit, la banquette, le sarcophage, l'urne cinéraire. Le Grec alexandrin aime à reproduire dans son tombeau la disposition de sa maison on de son palais, avec escaliers, couloirs, antichambres et chambres, piliers et colonnes. Quand un même tombeau réunit une famille grecque avec une domesticité indigène, la séparation se marque dans les modes d'ensevelissement, comme dans l'architecture ou le plan des caveaux 3. Mais peu à peu les formes décoratives tendent à se rapprocher et à se confondre. De petits naoi, où le buste du mort habillé à la grecque apparaît dans une sorte de niche, prennent l'aspect d'un temple grec, mais avec des détails égyptiens, des corniches ornées d'uraeus dressés, des colonnettes lotiformes Certaines grandes constructions offrent dans les chapiteaux de leurs colonnes un style étrange et composite, audacieux mélange de grec et d'égyptien e. Les autels à offrandes surtout permettent de suivre avec précision l'évolution chronologique ; d'abord rigoureusement grecs de structure, ils deviennent plus tard des pet ils édifices à pylones, décorés d'uraeus. L'élément hellénique a été peu à peu recouvert par la couche égyptienne e. Revenons aux pays grecs. Dans la grande architecture funéraire, une tendance nouvelle introduit un type nouveau. Cette tendance consiste à donner de plus en plus d'importance à l'idée de l'herotsation des morts, du culte et des honneurs presque divins que leur doivent ceux qui sont restés sur terre. C'est un renouveau d'un sentiment très antique7. De nombreuses inscriptions mentionnent des fondations pécuniaires destinées à assurer des honneurs permanents aux morts héroïsés. Un document célèbre, trouvé dans file de Théra, le testament d'Epictètae, est un témoignage très frappant de ces idées nouvelles, de ce regain du vieux culte des morts. L'herôon est le type de construction funéraire qui le traduit matériellement; c'est l'union en un seul monument de la sépulture et du temple où l'on rend un culte aux défunts. Les Nérée sont souvent des monuments considérables, tant par leur architecture compliquée que par leur riche ornementation sculpturale, et les détails varient beaucoup : ce sont des constructions où la part d'invention de l'architecture peut être considérable. Par là même, il est hors de notre sujet de les décrire; nous renvoyons, pour des monuments comme le tombeau des Néréides et le Mausolée, et à l'époque romaine, comme le monument de Plulopappos à Athènes, aux reconstitutions qui en ont été tentées et auy histoires générales de l'architecture et de la sculpture Nous n'avons ici qu'à définir un type général et à le montrer sous sa forme la plus simple et la plus claire. A remarquer que ces monuments ne se rencontrent guère sur le territoire de la Grèce propre, au moins à l'époque alexandrine; encore que des fragments d'une frise ornée de figures de pleureuses semblent provenir d'une grande construction funéraire attique en forme de temple10, qui même ne serait pas postérieure au tv" siècle. Distinguons deux types l'hérooll-temple et l'lléréun téménos. L'hérôon-temple est un édifice élevé sur un soubassement qui constitue comme un étage inférieur. La cella du temple est partagée en un certain nombre de chambres ; le même plan se retrouve à l'étage inférieur, les sépultures se placant dans les chambres du haut comme dans celles du bas. f'n exemple très net est le petit hérôon découvert à Milet au lieu dit-rxMxpa.apa. C'est une construction dorique carrée, de Id mètres de côté, en calcaire recouvert d'une couche de stuc peint. Trois côtés de l'édifice sont entourés chacun de six colonnes appuyées contre la paroi. Sur le quatrième côté est l'entrée, entre deux demi-colonnes. L'intérieur de l'édifice est partagé en deux chambres. A ces deux chambres correspondent, dans le soubassement, sur lequel s'ouvre une petite porte, deux chambres de même dimension, où ont été retrouvées six sépultures. Des édifices analogues f2, de dimensions modestes et d'architecture élégante, devaient se rencontrer aux abords de toutes les villes hellénistiques. Beaucoup de reliefs funéraires gréco-orientaux montrent, semblent.-il, très sommairement, l'intérieur même de ces hérOa, avec les statues, ici véritablement statues de culte, qui les ornaient, et les offrandes habituelles aux morts disposées sur une corniche régnant tout autour des chambres intérieures . Les grands monuments funéraires de l'Asie Mineure, tombeau des Néréides 'd°, tombeau de Cnide'', mausolée d'Halicarnasse f0, sont des Nérée du même type porté à un très haut degré de magnificence. Quelque incertitude qu'offre, en effet, leur restauration complète, il n'est pas douteux que c'étaient des temples à péristyle, dressés sur un soubassement très élevé renfermant la chambre funéraire. Il semble, d'ailleurs, qu'il y ait là un souvenir de l'antique architecture funéraire de l'Asie. Le caveau est dissimulé sous une masse épaisse de maçonnerie, comme il l'était dans les monuments archaïques sous la masse du tumulus, et le haut soubassement quadrangulaire qui porte le temple rappelle l'ancien tombeaupilier de la Syrie. L'hérôon-téménos, tel que monuments et textes nous permettent de l'imaginer, est constitué par une enceinte consacrée, un vaste péribole qui abrite le tombeau luimême, souvent en forme de temple funéraire, et avec lui un ensemble de constructions et d'emplacements nécessités par la pratique compliquée du culte des héros : abris pour les gardiens ou les prêtres, chambres de culte, espaces couverts pour les repas d'anniversaires, jar din, etc. Il figure d'abord, comme l'hérôon-temple, sur les reliefs funéraires gréco-asial.iques ' ; on y voit quelquefois un simple rideau qui protège les célébrants du culte funéraire, les convives du « banquet funèbre » contre l'ardeur du soleil, en même temps qu'il les isole dans une espèce de téménos artificiel; mais nn v voit souvent aussi un mur avec une porte, ou un mur audessus duquel apparu}issent, à. enté des symboles funéraires ordinaires, une colonnade, des arbres; la scène se passe évidemment, dans le premier cas, devant le mur du péribole et en dedans de lui dans le second cas à l'in térieur d'un portique enclos lui-même (bons le péribole. On Irouve un ensemble du même genre grossièrement tigtiré sur des tables iliaques Le tombeau d'fleelor y apparait comme une construction quadrangulaire élevée sur un soubassement tl degrés, au centre d'un péribole clos d'un mur (fig. 6331). L'hérôon-téménos le mieux conservé est celui de G,jülbaschi-Trvsa, en Lycie ; c'est un quadrilatère de 20 mètres sur les petits côtés, de 2i mètres sur les grands; les murs, intérieur et extérieur, portent une longue frise sculptée; on peut restituer avec sûreté, contre l'angle du mur sud, des chambres qui devaient servir non seulement à l'habitation des gardiens du sanctuaire, mais aussi aux cérémonies du culte. Des textes et des inscriptions, surtout d'Asie Mineure, font connaitre des monuments plus considérables encore et mieux pourvus que l'hérôon de Trvsa. A Théra, la fondation d'Epictéta comporte à la fois un IAauaeïov et un eilv.sto_ 'ct°ri n padiov comprenant lui-même les -pd,lx de chacun des défunts héron-tés ; de même une inscription de Smyrne «énumère un grand nombre de constructions formant un vaste ensemble funéraire. Enfin, le téménos d'Anligone Gonatas' contenait, à côté des constructions funéraires, de véritables installations publiques : stalle, portique et bains. Nous sommes très loin, avec ces immenses et fastueuses constructions, du goût et de la simplicité grecques. Aussi bien, c'est en Asie qu'on les rencontre el. elles se ressentent à coup sûr du voisinage barbare. Mais ce n'est pas à dire que dans leur principe même elles soient non grecques. Il y a eu en Grèce, bien avant l'époque hellénistique, de grands lénmaè funéraires. Nous en avons trouvé à Mycènes et aussi dans l'Attique archaïque. A l'époque classique, l'affaiblissement de la religion des aïeux fait le terrain peu favorable à ces grands aménagements. Au contraire, la renaissance, à l'âge qui suit, du sentiment religieux et mystique, marchant de pair avec un développement du luxe inconnu Iusrlue-là, explique qu'on les ait vus rl1apparailre, mais hors du continent grec appauvri. Les pieux fondaleurs des te'menè héroïques ne faisaient que remettre en oeuvre des traditions très anciennes. historique italien, très en faveur aujourd'hui', s'appuie avant tout sur la connaissance des sépultures de l'Italie la plus ancienne. Mais c'est, plus encore que le type même des tombes, les rites funéraires dont on y retrouve la trace et le mobilier qui les garnissait, qui attirent surtout l'attention des archéologues et paléthnologues. Or, rites funéraires et mobilier funéraire sont questions qui restent en dehors de notre étude ir_voir FENDS]. II ne conviendrait pas davantage d'entrer ici dans le détail des discussions sur l'attribution des divers types de sépultures aux divers peuples qui se sont succédé dans la péninsule, et sur les conclusions qu'il y a lieu d'en tirer pour son histoire primitive; nous renvoyons, d'ailleurs, à l'article ETÜ(:scl. On se bornera à quelques indications générales, rendues nécessaires par la publication des nombreux travaux postérieurs à l'article cité. Les plus anciennes tombes italiques sont des grottes naturelles ou des cavernes artificielles creusées dans le roc ou le sol monl.agneux s, rondes ou carrées, qui reproduisent peul-être deux types d'habitation prirnil ive [Dm si; un puits cylindrique donne accès à la chambre on quelquefois, en Sicile par exemple, c'est un dronnos ou une antichambre avec ouverture a fnrao11. La chambre elle-mène est de petites dimensions; les squeleltes y sont déposés sur le côté gauche, avec les jambes repliées". Dans une autre nécropole de la même époque '2, les tombes sont des fosses à ciel ouvert, sur deux rangs réguliers et parallèles ; le fond des Lombes est concave, et les sque lettes sont étendus, couchés sur le côté droit ou gauche, les jambes ramenées contre le ventre. La période suivante de la préhistoire italique est la période dite des terrarnares, du nom des amas de terre, restes d'an tin ii es halo tat ions sur pilot s, u'eti'ouvés sur les deux rives du Pô, dans les provinces de Parme, de Reggio, de Modène13. Elle est caractérisée par l'incinération, qui remplace l'inhumation des temps néolithiques; c'est une des fortes raisons de voir dans la civilisation des terramares non pas la suite de la civilisation de l'âge de pierre'', mais l'apport de populations nouvelles, venues du Nord". Le mode de sépulture qui s'accorde avec le rite de l'incinération, c'est le puits étroit contenant l'urne ou l'ossuaire ; c'est, en effet, le type dominent en Italie jusqu'au développement, de la civilisation étrusque. Dans les terramares il n'y a pas de puits creusé pour chaque ossuaire ou cinéraire, mais tous s'entre( (nichent, disposés en un même dépôt funéraire, sans cloisons intermédiaires. SEP 9229 SEP On remarque que les nécropoles sont quelquefois construites à part des centres d'habitation, sur le même modèle, comme des colonies isolées'. La tombe à puits proprement (lite et accessoirement la tombe àfosse sont caractéristiques en Italie de la période dite de Villanova 2, du nom de la nécropole de ce nom, à 8Idlmto'lres de Rolog'ne. Comme il arrivetonjours, la désignation primitive s'est montrée inexacte ; des lombes du même type, avec le même ossuaire très spécial en forme de deux cônes tronqués réunis par leur base [ETROSCI, fig. 2785], ont été trouvées sur tout le territoire entre le Pô, le Panaro, les Apennins et l'Adriatique, également sur celui de l'ancienne Étrurie, entre l'Arno et le Tibre, à Orvieto, Cervetri, Corneto, Vulei, Vetulonia, Volterra, Chiusi, etc., et même dans l'Italie Méridionale, jusqu'à Cumes et à Capoue'. La tombe villanovienne est un puits rond, de dimen sions varia bles, mais dont la pro fondeur est toujours peu consi dérable; les parois sont nuesou cou vertes d'un revêtement de pierre Quelquefois il y a deux pulls cylin driques su perposés, dont l'inférieur, de moins grand diamètre, fermé par une dalle de travertin, contient l'urne et le mobilier funéraire (fig. 6332 ; voy. fig. 2785) fi ; on a retrouvé quelquefois des pierres grossièrement taillées qui servaient de cippes. L'urne, en ferme de deux troncs de cône (fig. 2786), était déposée au fond du puits ou renfermée avec les autres vases, dans un tonneau de nen fro ou d'argile (dolio); par la suite le dolio devient le vase cinéraire lui-même 6. Les tombes à fosse (fig. 6333) qui se rattachent ((L la même civilisation se distinguent des tombes à puits par leurs dimensions plus considérables: elles ont jusqu'à 3 mètres de profondeur et leur forme est quadrangulaire. Les parois sont constituées par des dalles de tuf posées de champ. Le plus souvent, ces fosses ont un couvercle formé par des dalles de tuf ou de travertin reposant sur un rebord ; quelquefois même, au-dessus du couvercle, Modestov, Loc. cit. 6 Cf. Gsell, p. 250. La figure est tirée de Modes(ov, p. 320, Gsell, Op. cit. p. 345 sq.; Mantra, p. 98 sq. La figure est tirée de Modostov, d'autres dalles de travertin dressées verticalement font une enceinte quadrangulaire. Le rite observé est tantôt l'incinération, l'ossuaire étant d'un type dérivé de celui qu'on trouve dans les tombes à puits, tantôt l'inhumation. Tel est le type de sépulture qui domine dans toute l'Italie avant le, grand développement de la civilisation étrusque, el surtout dans la région circnnlpadane elapennine. Quelle en est la signification, au point de vue de la préhistoire italienne? La question se pose d'abord de ses rapports avec les nécropoles des terramares. Pour certains savants (MM. llelbig Pigorini el, la civilisation de Villanova, dans son ensemble, est originaire des terramares. Pour plusieurs raisons'° absence (le nécropoles villanoviennes dans le pays des terramares, différence absolue des deux céramiques, etc. l'hypothèse ne semble pas plausible. L'une de ces raisons, qui nous intéresse ici, est que la disposition des ossuaires villanoviens, dans une fosse profonde, creusée tout exprès, ne ressemble aucunernent à celle des ossuaires des terramares, placés à fleur de terre, sur une vaste étendue commune et très rapprochés l'un de l'autre. Seul le rite de l'incinération se retrouve ici et là; c'est assez pour penser que les t. Villanoviens » ne sont pas d'une race essentiellement différente de celle des habitants des terramares, mais non pas pour identifier les deux civilisations. La question est beaucoup plus considérable du rapport de la civilisation de Villanova à l'étrusque; sa solution implique celle de la question même (le l'origine des Étrusques [liTi( 51.1]. Pour n'en retenir que ce qui touche à notre élude, quel est le lien entre les tombes à puits et à fosse du type (le Villanova et les tombeaux à chambre (le l'Étrurie (fig. 6331, 6335)? Pour les tins, les tombes à chambre s'enchaînent aux tombes àfosse comme celles-ci aux Lombes à puits ; on passe graduellement d'un type à l'autre ; c'est la suite ininterrompue d'une même civilisation, et cette civilisation est celle des Étrusques. Telle est la théorie exposée par MM. Aelbig" et Undset12, en France par MM. Martha13 et Gsellf4. La grande objection qu'on peut tout de suite faire, c'est qu'il semble bien, d'après les textes anciens, que les Étrusques soient arrivés en Italie par mer; et cependant, dans l'hypothèse de l'identité de la civilisation villanovienne et (le la civilisation étrusque, la forme la plus récente (le cette civilisation, représentée par les tombes à chambre, se trouve dans l'Étrurie actuelle, c'est-à-dire au point même (le l'arrivée des Étrusques. Il n'y a que deux manières derél'uter cette objection: c'est, ou de prétendre, comme le fait M. Ilelbig 1", contrairement au témoignage des textes et des fouilles, que les Étrusques sont arrivés non point du tout par mer, mais parterre et parle nord; ou, suivant l'ingénieuse hypothèse de M. Pottier 16, d'admettre que les Étrusques sont bien arrivés par la mer, mais par la mer Adriatique et non par la mer Tyrrhénienne. Leur civilisation, établie aux xe et ix' siècles au nord de l'Apennin, se serait aux vin^ et vu" transplantée entre l'Arno et le Tibre, dans l'Etruria des Romains. Mais, à vrai dire, la théorie de l'identité entre les deux civilisations, villanovienne et étrusque, n'a pas SEP 1230 SEP gagné de terrain dans les travaux récents et parai trnoins en faveur aujourd'hui 1.11 semble bien que, tant pour le. rite funéraire que pour ln. forme des tombes et leurmobilier, il y ait entre les tombes villanoviennes et les tombes étrusques un hiatus qu'on ne peut combler que par l'affirmation, dénuée de preuves, qu'on passe graduellement des unes aux autres. Là, l'incinération est, le rite observé; ici, c'est l'inhumation ; les exceptions constatées s'expliquent très bien par des influences; et le désaccord des deux civilisations sur ce point essentiel ne saurait être nié. Ut, des puits ou des fosses; ici des caveaux à corridors d'accès, à chambres multiples, richement décorés, quelquefois surmontés de lantali de pierre. M. Pottier constate « dans les usages religieux et dans l'architecture funéraire une modification dont la cause nous échappe' ». Admettons donc que ces monuments et ces rites nouveaux sont l'expression d'une civilisation nouvelle, différente de celle qui l'a précédée ? C'est en vain qu'on a cherché la trace de nécropoles de transition entre les villanoviennes et les étrusques. Les recherches faites tt Bologne même, où on a retrouvé voisins, mais avec une séparation nette, cimetière villanovien et cimetière étrusque, n'ont pas donné de résultats dans ce sens". Nous conclurons qu'il faut sans doute rapporter les tombes à puits et à fosse du Bolonais et de l'Étrurie à une civilisation italique, que l'immigration étrusque, venue de l'Orient, aurait peu à peu réduite et supprimée 6. A quel peuple convient-il de rapporter cette première civilisation"? Probablement à celle des Ombriens, venus du Nord, qui, après avoir occupé toute la région bolonaise, auront passé les Apennins et peuplé la future Étrurie, d'où les auront chassés les immigrants orientaux'. L'architecture funéraireproprement étrusque nous est connue, par un grand nombre de monumentsa. Elle est représentée par la tombe à chambre ]ETnosu1]. Le plus simple est constitué par une chambre unique, à laquelle on accède par un couloir (fig. 6334)". Le long d'une ou de plusieurs parois de la chambre règne une banquette destinée à recevoir le squelette et le mobilier funéraire. Quelquefois les murs du caveau, au lieu d'être simplement creusés dans le tuf, sont en maçonnerie. Les plafonds sont en voûte plus ou moins cintrée ou en échine, avec une imitation des pièces de charpente dans la masse du tuf. 1.e plan est généralement quadrangulaire. Quelquel'ois, en face de la porte d'entrée, se détache de la paroi du fond un pilastre formant cloison j0 ; ou bien d'autres chambres ont leurs entrées sur les côtés du couloirjl. La fermeture se compose ou d'une grande dalle de tuf ou de travertin posée de champ devant la porte, ou de blocs quadrangulaires superposés entre les montants 1''. Ce type général peut être varié dans ses dispositions particulières. La formola plus achevée du tombeau étrusque est le tombeau à caveaux multiples. Un type particulier aux monuments de Vulci est le type a cassone':'. Le cassone est un vestibule carré ou rectangulaire, à ciel ouvert, dans lequel débouche le couloir, généralement vers le milieu d'un des longs côtés. En face du débouché du couloir s'ouvrent dans la paroi du cassone une ou plusieurs chambres (fg. 6337.) ". Quelquefois, il se trouve aussi des chambres sur les petits côtés du cassone, ou sur le côté même où débouche le couloir, ou enfin sur le couloir lui-même. Ce type a cassone, très ancien, disparaît à partir du ve siècle; il est difficile d'en indiquer l'origine; en tout, cas, l'explication qui y voit une survivance delafossel",devenue ainsi, dans la tombe à chambre, une pète de vestibule, ne et à chambres. paraît pas fondée. Le plus habituellement, les chambres funéraires sont groupées autour d'une chambre centrale: le nombre en est souvent considérablef6. On trouvera ailleurs des renseignements et des illustrations sur la disposition intérieure des chambres (e'muscr, p. 336, noMUS, fig. 2512), avec leurs banquettes à un ou deux degrés, les corps étant déposés soit sur ces banquettes, parallèlement ou perpendiculairement au mur, soit dans des nielles creusées dans la paroi tout autour de la chambre à la ressemblance d'un lit, soit, dans le même caveau, sur les banquettes et dans les niches. Les tombes de Cervetri, tombe des Tarquinit7, tombe dei Ililievi'x (fig. 2802), sont les exemples les plus complets de ces sépultures. Un grand nombre de caveaux, à Corneto'", Chiusi 20, Cervetri2l, Vulci22, Orvieto", etc., sont ornés de peintures, disposées sur les quatre parois de la chambre rectangulaire, et sur les deux tympans du plafond simulé; elles se déroulent tantôt sur une seule bande, tantôt sur deux, séparées par des bandes parallèles peintes. Les tympans sont décorés de figures d'animaux ou de monstres rnarins, les parois de grandes scènes réparties difié SEP -1239 SEP remment suivant, les cas (fig. 28023). Pour les sujets représentés, banquets de fêtes en plein air, danses, jeux, luttes, combats de cirque, exposition du mort, banquet funéraire, défilés de morts conduits par les génies funèbres, mythes grecs ou italiques (fig. 2821 et suiv.) L'aspect extérieur d'un certain nombre de tombeaux étrusques démontre la parenté de ces constructions avec les grandes tombes archaïques de l'Asie Mineure ; c'est lit, avec les textes des anciens, l'appui essentiel de la théorie qui fait venir les Étrusques del' Asie Mineure '. a vu plus haut comment l'union de la chambre funéraire el du tumulus parait élite le fait des populations grécoasiatiques de l'Asie Mineure archaïque. Or, ce type, tumulus dressé sur une xpm,7ttc avec, à l'intérieur, la chambre funéraire, se retrouve très exactement à 'l'arquinies (fig. 2803), Corneto 3, Cervetri t, Vulci', etc. La Cucumella de Vulci c est un cône de terre de 70 m. de diamètre, haut encore à présent de 20 m., reposant sur un soubassement en maçonnerie ; deux tours sont engagées dans l'épaisseur de la butte; elles servaient sans doute de support à un monument qui couronnait l'édifice. Et de même que nous avons vu en Asie Mineure le tumulus de terre se transformer en un cône de pierre (tombeau de Tantale), en Étrurie, à côté du mausolée de Corneto ou du tertre de la Cucumella, nous trouvons la tour conique de Castel d'Asso'', creusée dans le roc; le célèbre tombeau de Porsenna', le tombeau dit des Horaces, dont les restes subsistent encore', étaient des constructions du même genre10. Même ressemblance entre certaines façades de tombeaux étrusques taillées dans le roc ", avec des encadrements simulant des portes, des corniches, des temples '2, des arcades [EriiisCI. fig. 2801] et les façades des grands tombeaux phrygiens, lydiens, lydiens (v. p. 1318). Soit à l'entrée des Lombes, soit au sommet de la construction funéraire, des a monuments » analogues aux adlu.«Ta des Grecs marquaient l'emplacernent de la sépulture". Un type fréquent est celui de la pierre sphérique ou ovale, unie ou ornée de feuillages, quelquefois taillée en pomme de pin, couronnant une colonnette ou un socle carré (fig. 6336)' I. le socle est parfois orné de têtes de béliers et de guirlandes. Celui de Pérouse que l'on voit (fig. 6337) est orné de bas-reliefs représentant les funérailles'°. Les stèles plus ou moins analogues à la stèle grecque se trouvent également en Étrurie, portant des représentations, guerriers, scènes de banquet, sur des registres superposés 'G [cooA, fig. 1831; ETeuser, fig. 2813]. Des stèles découvertes à la Certosa de Bologne t7 ont la forme de dalles ovales rétrécies à leur base, hautes de 1 ni. à 3 mètres, cernées d'une bordure ornementale, et couvertes de représentations figurées, divisé en plusieurs zones horizontales séparées par des chevrons ETnuSCI, fig. 2814, 2815]. Les sujets, départ du mort sur le char funèbre, scènes de banquet, etc., sont semblables à ceux figurés sur les urnes et sarcophages étrusques [situa) III 41 os ; l'exéclltiun en est très médiocre. Il faut signaler enfin les sphinx et les lions qui étaient placés devant les tombes ou dressés sur leur sommet" ; c'est encore un trait de ressemblance avec les constructions funéraires archaïques de l'Asie Mineure. Les fouilles et les découvertes récentes sur le territoire du Latium ont permis d'étudier les sé pultures archaïques de Rome et leur rapport avec le plus ancien passé de l'italie 13.Ces sépultures sont, d'une part, celles des monts Albains, d'autre part, celles de l'Esquilin et du Forum. Dans les nécropoles des monts Albains 't' le rite de beaucoup le plus fréquent est l'incinération ; la fosse, peu profonde, ayant la forme d'un puits, est revetue ou non en pierres et recouverte d'une dalle; dans la fosse on trouve le dolio d'argile, contenant l'urne (très souvent de la forme de l'urne cabane ; voir nomes, fig. 2508 à 2510 et les autres vases du mobilier funéraire. Les nécropoles romaines proprement dites offrent concurremment les deux rites. Les puits à crémation et les fosses à inhumation s'avoisinent. Voici, par exemple, un de ces groupes, emprunté aux fouilles de l'Esquilin (fig. 6338) 7 , La fosse est à plan rectangulaire (1 m. 20 sur 2 m. 50) ; tout autour du fond court une banquette, sur laquelle prennent appui des pierres disposées en voûte, protégeant SEP 1232 SEP le dépôt funéraire contre le poids des terres; le cadavre repose sur le sol nu. A 1 m. 30 de cette fosse est un puits, profond de 1 mètre, dont la cavité est occupée par une urne ovoïde couchée sur le côté Mêmes groupements dans la nécropole archaïque du F'oruin découverte en 1902 près du temple de F'austi ne 1 ; une quarantaine de Lombes ont été dégagées, les unes à incinération, les autres à inhumation ; les premières sont souvent coupées par les secondes, par là méme plus récentes. Les tombes àinhu mation sont des fosses rectangulaires longues de 1 mètre à '2 mètres, larges de0m.75 à 1 mètre; quelquefois Fun des petits côtés est curviligne 3; des plaques de tuf forment une voûte protégeant le squelette,quelquefois renfermé dans un sarcophage taillé dans un tronc d'arbre, et les vases funérai res; dans d'autres fosses, le fond est creusé d'un côté du rectangle, pour recevoir le sarcophage (fig. 6339), et de l'autre, au-dessus de cet étage inférieur, une espèce de niche fermée par des plaques de tuf renferme le mobilier funèbre'. Nous laissons de côté la question relative au fameux « tombeau de Romulus ■t ou « de Faustulus », découvert en 1€399 dans le Forum et devenu l'objet (le tant de controverses savantes. Même si c'est un tombeau ancien, il est surtout un monument religieux, un sanctuaire consacré à des reliques nationales, et par là même il est en dehors de la série régulière 4. L'aspect d'ensemble de cette nécropole du Forum, qui remonte sans doute, au delà de l'influence étrusque, â l'époque même de la fondation légendaire de atome, avec ses fosses oblongues et ses puits cylindriques, associés et enchevêtrés, fait saisir sur le vif l'existence parallèle, dans la Rome des origines, de deux traditions funéraires différentes, appelant avec elles deux formes distinctes de sépultures. Nous laissons de côté la question de la source même de ces deux traditions ^ ; disons seulement qu'il n'est guère douteux qu'il n'y ait eu, sur le sol latin, juxtaposition d'une civilisation d'aborigènes, où le rite observé était l'inhumation, et d'une civilisation d'immigrants du Nord, qui pratiquaient l'incinération. D'après beaucoup de savants' ces immigrants seraient les habitants des terramares. En tout cas, leurs rites et leurs constructions funéraires auraient en partie supplanté ceux et celles des premiers habitants du Latium. En partie seulement; car les uns et les autres subsistent, nous venons de le voir, même à l'époque la plus ancienne, et n'ont pas cessé de se perpétuer dans la Rome historique. On y a toujours pratiqué l'inhumation à côté de l'incinération [ruNOS], beaucoup plus répandue d'ailleurs, au moins ,jusqu'au ne siècle ap. J. C. L'architecture funéraire de la Rome elassique, répuhlicaine et iniperiale, apparait très disparate. Chambres funéraires, constructions monumentales, tombeau xautels, simples dépôts en terre, tous les types y sont représentés. 11 faut, pour y mettre quelque ordre, faire la part des diverses influences qui les ont constitués et juxtaposés. C'est celle d'abord des traditions primitives, telles que nous venons de les voir pratiquées dans les nécropoles archaïques. Le simple caveau creusé dans la terre en forme de puits ou de fosse, pour contenir l'urne cinéraire ; un « monument « (tnonuntellturu) au-dessus du sol pour marquer la place de la sépulture, tel est le type de construction funéraire avec lequel ces traditions semblent s'accorder. Mais l'influence étrusque, considérable aux premiers siècles de la Rome historique, devait dominer son architecture funéraire comme, au moins au début, son architecture religieuse [TEMreum] et la mener dans une tout autre voie. Les vastes hypogées funéraires de l'Ltrurie, faits pour l'inhumation des corps sur des banquettes ou dans des sarcophages, furent adaptés au rite de la crémation qui semble, logiquement, n'avoir que faire d'espaces aussi considérables. Plus tard, enfin, l'influence grecque introduisit à !tome, en même temps que l'idée de Phéroïsation du mort, très répandue, on l'a vu, dans l'hellénisme de cette époque, des types nouveau x d'architecture funéraire, celui surtout du temple-hérôon, à la fois réceptacle des corps ou des cendres, et monument de la piété des survivants. De là résulte une grande diversité de l'ormes sépulcrales. Très différentes, d'ailleurs, par leur luxe et la dépense qu'elles entraînent, elles trouvent Leur emploi naturel chez les diverses classes de la population romaine, riches ou pauvres, aristocratiques ou populaires. D'un côté, les sépultures les plus humbles, à la mode archaïque, puits ou simples dépôts en terre; tout à l'opposé, pour les grandes familles, les constructions à l'étrusque, caveaux souterrains ou vastes monuments de type asiatique, mausolées; enfin la grande masse des monuments funéraires moyens, souvent décorés à l'hellénique, et dont une caractéristique est l'union en une seule construction de l'emplacement pour le dépôt funéraire et « du monument »; le type le plus répandu, et le plus vraiment romain, en est le tombeau-autel, le cippe. 11 nous reste, après ces indications générales, a décrire brièvement chacune de ces catégories de monuments. Les puits de l'époque primitive semblent s'être perpétués, à l'usage de la classe pauvre, dans les pulicoli de l'époque classique. On les a retrouvés à Rome, sur l'Esquilin', là où les témoignages antiques signalaient leur présence u, Les commentateurs rattachent le mot même de puticoli au nom des puits, putei. Ce sont en effet des fosses rectangulaires de 4 mètres sur 5; les parois sont en pierres taillées; chacune des fosses est indépendante de ses voisines. On y jetait les corps, brûlés ou non, comme dans une fosse commune. A côté de cette sépulture du bas peuple, la plus simple qu'on trouve à Rome et dans l'ltalie est le dépôt de l'urne en terre, la place du dépôt étant marquée à l'extérieur par une pierre tombale, en forme de stèle, sur laquelle est inscrit le nom du défunt. Cette disposition apparait très clairement à Pouipéi, à cillé des monuments beaucoup plus considérables que nous signalerons tout à l'heure. La pierre tombale y est très souvent travaillée SEP 1233 SEP d'une manière toute particulière (fig. 6310) : le haut de la partie postérieure est taillé en un buste humain, avec les tresses de cheveux retombant sur les épaules; l'inscription est gravée sur la partie antérieure. Un exemple Ires net de ce genre de sépulture est le tombeau des trois IibS IVLIAL' affranchis de la 'f1(1 VGNEU famille des lsta cidii 2 : un enclos ceint de murs, sans porte, avec trois de ces pierres tombales. La dis position est la même dans d'autres cimetières pompéiens". Dans la plupart des cas un ingénieux artifice supplée à la chambre funéraire et permet aux survivants de témoigner leur piété envers le mort. Le dépôt funéraire est en effet relié à la surface du sol par un conduit d'argile qui aboutit, en un orifice caché par une dalle, au pied de la pierre tombale, et par où les libations pouvaient parvenir jusqu'à l'urne elle-même ". A côté de ces pierres tombales simples, il faut placer ici celles, très nombreuses, qui portent des représentations figurées 3. Leur aspect est différent, de celui des stèles funéraires grecques ; par leur masse, leurs dimensions, leur forme carrée, la place qu'y occupe l'inscription, elles sont tout à fait analogues aux autels funéraires que nous étudierons plus loin; les sujets représentés sont les mêmes. La seule distinction à faire est que la pierre tombale n'est jamais que « monument n commémoratif, tandis que l'autel funéraire peut servir au culte et même contenir l'urne. On retrouvera donc les pierres tombales dans la suite de cette étude. De la grande architecture funéraire à forme étrusque il y a, à Rome surtout, des exemples nombreux. Ce n'est pas ici le lieu de décrire dans le détail les monuments de ce type; une telle description ne serait à sa place que dans une étude spéciale des monuments de Rome'. Marquons seulement les deux formes essentielles : le tombeau-hypogée, creusé dans le roc, et le mausolée ou tombeau-rotonde, sur le type des grands monuments archaïques de l'Asie Mineure (v. plus haut, p. 1213), transmis à la Rome classique par l'intermédiaire de l'I•llrurie. A la première forme se rattachent d'abord les grands tombeaux collectifs ou columbaria. Il en a été trouvé un très grand nombre, certains richement décorés, sur toutes les voies sortant de Rome; c'est une création toute romaine, heureuse adaptation du caveau étrusque à la sépulture par incinération. Nous renvoyons pour la description de ces monuments à l'article coe ;MSAnluM. En dehors des columbaria, un grand nombre de sépultures de famille sont du type de l'hypogée: une porte cintrée conduit au caveau funéraire voûté, souvent subdivisé en sq.-7 Cf. Couina. lia Appia, I, p. 46; II, pl. e. 3 lOti. e,,non. 1885, VIII. chambres et en couloirs. De ce type est le tombeau des Scipions7, sur la voie Appienne, retrouvé en 1780 ; il était, composé de deux parties superposées, dont seule la seconde subsiste; à l'intérieur du tombeau étaient placés un grand nombre de sarcophages, parmi lesquels celui de Cornelius Scipio Barbatus s91(COPa110's, fig. 61101. Le tombeau des C Ilpitrnü 8, près de la porle ,Sa/aria, est de même un caveau de 3 m. 60 de long sur 1111.50 de large, à 6 mètres au-dessous du niveau du sol; celui des 6'entpronü°, datant des dernierstemps de la République, est d'apparence semblable à celui des Scipions, avec une voûte d'entrée en arc de cercle, au-dessus de laquelle court une frise élégamment travaillée Comme les tombeaux étrusques, ces hypogées, coluntbaria, tombeaux de famille, étaient décorés de peintures ou de stucs. Ainsi, dans le tombeau de L. Arruntiusf0 sont figurés des génies, des sphinx, et la légende du rapt des Leucippides. La chambre funéraire des Pancratii" est décorée de paysages, de figures empruntées aux légendes troyennes, de centaures, de griffons, etc.; celle des Valerii'2, de sujets du même genre ; on y voit aussi une figure humaine voilée, emportée sur un griffon ailé. Dans un tombeau découvert à Cumes 'a, les parois présentent des reliefs en stuc qui figurent diverses scènes où revient le même personnage central, une danseuse. Des peintures murales provenant de deux tombeaux d'Ostie" représentent la légende d'Orphée et d'Eurydice'', celle du rapt de Proserpine et une scène de tragédie. Ces exemples suffiront pour donner une idée de la décoration des grands tombeaux romains. On voit assez que les sujets de cette décoration sont assez analogues, dans leur mélange de symbolisme, de mythologie, de représentations fami lières, aux sujets sculptés sur les sarcophages de l'époque impériale, et doivent sans (foute être expliqués de même sorte [sAncopunGl!s]. A la seconde forme, celle du tombeau-tumulus, dont on a vu la lointaine origine, se rattaclient des monuments funéraires très connus. C'est d'abord celui de Caecilia Mendia, le plus considérable des monuments de la voie Appienne, datant de l'époque républicaine (fig. 6341) ": un tumulus de pierre sur soubassement quadrangulaire; le diamètre de la rotonde est de 29 m. 110; au centre du tumulus est une chambre funéraire avec haut 173 SEP -1231.SEP plafond voû lé, à laquelle on accède par un couloir. La voie Appienne. ainsi bordée de constructions fastueuses dont los vestiges subsistent encore', constituait aux abords de la Ville une avenue de tombeaux dont l'aspect monumental caractérisait bien l'esprit romain, en opposition avec l'élégante petitesse et la finesse des sépultures grecques dans la voie du Céramique athénien. Les mausolées impériaux sont plus considérables encore, mais du même type. Le mausolée des Césars sur le Champ de Mars, élevé en 28 av. J.-C.', était une construction ronde de 38 mètres de diamètre, couronnée de terrasses de forme pyramidale"; l'entrée, du côte sud, conduisait dans la chambre sépulcrale. Le mausolée d'Hadrien', devenu le Château Saint-Ange, était de même un monument cylindrique de 64 mètres de diamètre, sur un soubassement carré, de 81 mètres de côté; une base portant une statue colossale couronnait l'édifice, à l'intérieur duquel s'ouvrait la chambre funéraire Toutes ces constructions imposantes, si variées soient-elles dans leurs détails, se réduisent à un plan architectural identique : le cône ou la tour de pierre sur soubassement, la chambre à l'intérieur; c'est la traduction étrusco-romaine de l'ancien type asiatique. [one variante exceptionnelle de la même forme est la pyramide de Cestius 6, sur la via Ostiensis, de l'époque d'Auguste; elle est large de 30 mètres à la base, haute de 37 mètres; la chambre funéraire voûtée, de petites dimensions, communiquant avec l'extérieur par un soupirail incliné, à mi-hauteur du côté nord, était décorée de peintures aujourd'hui effacées. En dehors même de l'Italie, dans toutes les provinces de l'Empire, l'influence des architectes romains a répandu fort loin le type du mausolée, sous forme de tour ronde ou carrée, de temple et de grande chambre funéraire. Rappelons dans cette catégorie les types les mieux connus, comme ceux du Tombeau des jules à SaintRémy ', celui des Secundinii, à lgel, près de Trèves d'autres encore en Allemagne, en Espagne et, jusqu'en Afrique". Il faut faire une place à la colonne qui devient exceptionnellement un monument funéraire, comme la colonne Trajane, ayant à sa base le tombeau de l'Empereur [COLCMNA, p. 1852]. N'oublions pas pourtant qu'en Orient et en Grèce le haut pilier et la colonne ont été des a'ggx'cx funéraires très usités. Dans ces grandes constructions c'est, on le voit, une tradition étrangère, venue de loin dans le temps ou dans l'espace, qui revit sur le sol romain. Mais la grande masse des monuments funéraires qui garnissaient les voies des tombeaux » des villes de l'Italie est d'invention et d'exécution plus proprement romaines. Ils sont à la fois dépôt funéraire et « monument », au sens étymologique du mot. Par là, cette tombe romaine moyenne se distingue de la tombe grecque, au moins de la tombe grecque classique car il y a dans l'liérôon hellénistique la même fusion des deux éléments où la sépulture et le cri ,» qui la surmonte sont nettement séparés et doivent être étudiés à part. Ici, ce n'est que par exception que l'urne funéraire est déposée en pleine terre auprès du monument. » ; elle a sa place habituelle dans une chambre étroite. ouverte à l'intérieur même de l'édicule. La forme la plus simple des monuments funéraires, qui ne comporte pas, à proprement parler, de « chambre », est l'autel funéraire. Les exemplaires de ce type, communément désignés sous le nom de cippes, sont très nombreux dans tous les musées et collections d'Europe. Rassemblés et étudiés comme monuments épigraphiques, ils ne l'ont pas été encore dans leur ensemble comme monuments d'art10; ils sont cependant très précieux au point de vue de l'histoire de l'art romain, constituant une série considérable de monuments, qui souvent peuvent se dater assez exactement. Nous n'avons à retenir ici que ce qui concerne leur forme et leur aspect extérieur, et les sujets qu'on y trouve figurés. Les autels funéraires romains reproduisent le type ordinaire de l'autel à coussinets et à volutes [ARA], de forme quadrangulaire; les exceptions sont très rares". La hauteur moyenne de ces monuments est de 1 mètre à 1 m. 20. Les pierres tombales, que nous étudions, en raison de l'analogie de leurs représentations figurées, en même temps que ces cippes, sont de même forme parallélipipédique et de dimensions semblables; mais ce sont uniquement des plaques carrées à terminaison droite. Les autels funéraires étaient destinés soit à être exposés en plein air, soit à être renfermés dans les columbaria ou les tombeaux de famille. Comme ils font ainsi très souvent partie d'un ensemble architectural plus considérable, leur face postérieure reste sans ornements et porte des appendices servant à fixer l'édicule à la muraille où il s'appuie. Ces cippes non seulement pouvaient servir d'autels à libations, mais aussi pouvaient effectivement contenir le dépôt funéraire; dans ce cas, sur la face supérieure une ouverture ronde conduit par un canal jusqu'à l'urne13; on a vu plus haut,, à Pompéi, des dispositions analogues pour des dépôts funéraires en pleine terre. Les cippes sont à la fois inscrits et décorés. L'inscription est gravée sur une plaque rectangulaire creusée dans la pierre, entre les guirlandes dans les autels à guirlandes, remplissant toute la face antérieure quand celle-ci est simplement bordée d'une frise, au-dessous des bustes dans les cippes à portraits, etc. Elle est généralement très soigneusement gravée, nettement encadrée, soignée, en un mot, dans son exécution matérielle comme dans sa rédaction précise et détaillée"'. C'est un des points par où le cippe romain, à la fois « monument » et édicule funéraire à destination pratique, se distingue de la stèle grecque, pur a=ig» à signification toute idéale. La décoration des cippes est double, ornementale et figuré;'. Il n'y a pas lieu d'établir deux séries absolument distinctes: les cippes ornementaux comportent en effet presque toujours quelque représentation figurée, le plus petit nombre seulement n'ayant que l'ornement et l'inscription. Mais il reste que dans une première classe de SEP 1.235 SEP ces monuments on doit ranger ceux où la composition ornementale est dominante, et dans une autre ceux où la composition figurée tient la plus grande place. Orneinents etreprésentations figurées scrépartissen sur la face antérieure et accessoirement sur les deux faces latérales. Le développement de l'architecture funéraire des cippes remplit les deux premiers siècles de l'Empire; dès le milieu du second siècle de l'ère chrétienne, en effet, les sarcophages fs4neminACUs] supplantent les cippes. D'une manière très générale, on peut dire que la décoration ornementale tient la première place surtout à l'époque u ii guet du ne, et la décoration figurée à l'époque flavienne et antonine '. Dans l'une comme dans l'autre, l'art romain s'est montré vraiment original. Le premier type des cippes ornementaux est l'autel décoré de bucranes aux angles, reliés par des guirlandes 2. La présence des bucranes, en marquant fortement pour le regard les coins du cippe et en attirant par là même l'attention sur les faces latérales, donnent à l'ensemble un caractère architectonique très net; on a souvent relevé ce caractère de Part romain impérial, à l'opposé de l'art grec classique, de compter effectivement avec les trois dimensions spatiales. Le procédé qui consiste à marquer ainsi par des figures humaines ou animales les angles d'une base ou d'un autel remonte, d'ailleurs, très haut; on le trouve déjà, en Grèce, sur un monument comme la base d'Iphicartidès à Délos `, et sur des monuments étrusques; mais il trouve son application la plus développée sur les cippes de l'époque d'Auguste et de Claude. L'inscription est généralement gravée au-dessus de la guirlande, dans le demi cercle qu'elle enserre. Quant aux guirlandes elles-mèmes, aussi bien dans le type d'autel que nous étudions en ce moment que dans ses variations que nous mentionnerons plus loin, leur représentation va du dessin sévère et de l'aspect presque schématique qu'elles ont sur certains monuments, comme sur le « tombeau des guirlandes » à Pompéi 1, jusqu'à l'aspect tout différent, très accentué comme relief', très « naturaliste », très a illusioniste » 5, qu'elles ont sur les plus beaux monuments de l'époque augustéenne. Dans d'autres monuments, fort nombreux, les bu(ranes sont remplacés par des têtes de bélier Là aussi c'est un type antérieur que l'art romain a développé, l'empruntant à la fois à l'art grec et à l'art étrusque; plusieurs des « pommes de pin » qui surmontaient les tombeaux étrusques reposaient sur un socle orné de têtes de bélier et de guirlandes 1. Les autels à têtes de bélier, postérieurs dans leur ensemble aux autels à bucranes, sont souvent d'une grande richesse d'ornementation; l'espace entre la plaque inscrite et la guirlande est rempli par une tête de Gorgone un aigle «fig. 634?), un hippocampe 10, etc. ; les angles inférieurs du cippe portent un aigle", un sphinx12, un grifl'on'3; enfin la partie inférieure de l'autel, au-dessous de la guirlande, a souvent, elle aussi, sa décoration figurée. l;n très bel exemplaire de cette série est le cippe de P. Fundanius Velinus, au Louvreil est de proportions plus élancées que la moyenne des monuments, et il n'y a pas de plaque inscrite; l'ensemble gagne ainsi beaucoup en légèreté; au-dessus de la guirlande de fruits, très riche et d'un fort relief, est une Gorgone; à la base, un aigle tenant la foudre et des sphinx ; sur les faces latérales, d, s oiseaux. Quelquefois, la décoration est plus conpliquée encore : sur un cippe du Vatican, on voit au-dessus de la guirlande une Gorgone entre deux cygnes ; au-dessous, une Néréide sur un hippocampe ; sur les faces latérales, audessus de la guirlande, deux oiseaux dévorant une sauterelle, une coupe, un nid ; au dessous, la louve et les jumeaux d'un côté (cf. notre fig. 63-ti2), et de l'autre la légende de Télèphe. Sur un autre monument" est figurée, entre l'inscription et la guirlande, la légende de Leto ; au-dessous de la guirlande un troupeau paissant. Ces quelques exemples suffiront à donner idée de la richesse presque exubérante de la décoration. Même système d'ornementation sur d'aures monuments où les tètes d'animaux sont remplacées par des têtes d'Ammon's. Un autel de ce type, au Louvre 17, sans inscription, est décoré, au-dessus de la guirlande de fruits et de fleurs, d'une tête de Gorgone entre deux cygnes, au-dessous, d'une Néréide chevauchant un hippocampe, entourée d'Amours; aux angles sont des aigles reposant par leurs pattes sur des supports ornés de masques. Les cygnes, qui sont dans certains des monuments que nous venons de passer en revue, un fréquent élément de la décoration, en forment l'essentiel dans un très bel autel d'Arles 18, oit ils occupent les angles du cippe, les ailes éployées, tenant dans leur bec l'extrémité de la guirlande, et débordant largement sur la face latérale. Dans un dernier type d'autel à guirlandes, les arêtes du monument sont marquées non plus par des bucranes ou des tètes d'animaux, mais par des éléments décoratifs en hauteur13, torches, candélabres, tiges de palmier, balustres, etc., peut-être empruntés à l'architecture temporaire du bûcher funèbre. Le cippe de l'affranchi Ameinptus, au Louvre, est un bel exemple de ce type 20, et en mémo temps une élégante création de l'art aitgustéen. Des torches enflammées marquent les arêtes du monument : entre la guirlande et l'inscription, un aigle aux ailes éployées ; au-dessous de la guirlande, une scène idyllique, centaure et centauresse jouant de la cithare et de la double flûte, et portant sur leur dos pi SEP 1236 SEP l'Amour et Psyché, à leurs pieds une corne d'abondance et un canthare ; sur la face postérieure est figurée une table à offrande, avec le vase et la patère; sur les petits côtés la guirlande est supportée par des têtes de cerf; au-dessus d'elle est un canthare où becquètent des oiseaux. L'autel à guirlandes est le type le plus important, par le nombre des monuments comme par leur beauté, parmi les autels de style décoratif. Mais il yen a d'autres : d'abord l'autel à décoration par la frise encadrante 1, inspirée des modèles de la grande décoration augustéenne, telle qu'on la trouve sur les reliefs de l'Ara Paeis 2. L'ornementation (le ces cippes ou de ces pierres tombales consiste simplement en une frise qui court sur les quatre côtés de la face antérieure du monument, encadrant l'inscription, en grands caractères, qui remplit tout le champ ; l'ornement qui apparaît le plus souvent est l'ornement végétal en vrille ondulée ; plus rarement, on rencontre la palmette ou le méandre Très fine sur les pierres tombales dos premiers temps de l'Empire, sur celle, par exemple, d'Atimetus Pamphilus, affranchi de Tibère 6, la décoration s'alourdit par la suite et devient biche, moins sobre en même temps ; ainsi sur un monument anonyme du Latran 7, la décoration en frise de tous les éléments de la base et de la corniche est d'une complication et d'un luxe excessifs, qui ne subordonne pas les parties les unes aux autres, mais les juxtapose sans marquer leur importance réciproque. Une autre série de cippes comprend les autels à colonnes Les colonnes sont cannelées, les cannelures étant souvent disposées en spirale ; les chapiteaux sont corinthiens ou composites. L'espace entre les colonnes est rempli, quelquefois complètement, par l'inscription funéraire ; quand il en estautrement, une scène figurée est sculptée au-dessous de l'inscription ; c'est, entre autres représentations, celle du mort surlelit de banquet', la dextrarum junc tio, etc. 111. Une représentation cu rieuse, qui se retrouve, d'ailleurs, sur des autels d'autre type, est celle d'une porte figurant la porte de l'lladès ou celle du caveau lui-même ; il y en a des exemples sur des reliefs grecs, où la porte est tout à fait analogue aux portes réelles des caveaux macédoniens' 1 ; il y en a aussi sur beaucoup de monuments étrusquesf2, cinéraires, cippes, etc. [AeNUA, fig. 41341. La porte est fermée ou entrouverte (fig. 4137), ou même ouverte; dans ce dernier cas, les époux sont quelquefois représentés sur le seuil, se donnant la main (fig. 6343) 1'. L'autel de C. Julius Hermès, trouvé dans le columbarium de la Vigna Codini, est un élégant exemple de ce type" : des pilastres ioniens, revêtus d'ornements en écailles, et dont les chapiteaux sont reliés par une guirlande, encadrent la face antérieure du monument, divisée en deux registres : en haut, l'inscription, eu bas, la façade du tombeau, àcolonnes cannelées, surmontée d'un fronton ; sur le seuil les deux époux, les mains unies. Les faces latérales sont ornées de rameaux de laurier. Dans l'autre grande classe des cippes funéraires et pierres tombales, la re présentation figurée domine la composition ornementale. L'originalité de l'esprit et de l'art romains s'y marque nettement. On a vu plus haut qu'à côté de quelques sujets empruntés à la vie réelle, ce qui apparaît avant tout sur les stèles grecques, ce sont des représentations tout idéales du défunt, ou des scènes où se marient le réel de la terre et l'irréel de l'au-delà. Les pierres romaines mettent avant tout sous nos yeux la figuration du défunt et des scènes précises de la vie terrestre. Les sujets symboliques eux-mêmes, que les marbriers romains ont empruntés aux Grecs, ont pris sous leur main un sens plus réaliste. Au premier rang des monuments de cette série sont les cippes ou les pierres tombales montrant le buste ou l'image complète du ou des défunts. La pratique des imagines, que les grandes familles exposaient dans l'atrium de leur demeure, a donné un grand développement à ce genre de représentations 1°. Le plus souvent, comme dans les niches du columbarium, les bustes se détachent dans une niche creusée à la partie supérieure de la face de l'autel ou de la pierre tombale (fig. 6344)'4 ; d'autres fois, c'est le registre supérieur tout entier, au-dessus de celui où est gravée l'inscription, qui est disposé pour recevoir les figures 17; quelquefois aussi, elles émergent d'une espèce de coquille fig. 6344 ; cf. comA, fig. 1273, IMAGO, fig. 3977] t8. Tels sont les types généraux, très variés dans le détail suivant les régions. Dans quelle mesure ces portraits sont-ils vraiment réalistes, et faits, au moins dans l'intention de l'ouvrier, à la ressemblance des défunts? Il ne peut y avoir à ce sujet de règle tout à fait précise. Les SEP 1237 -SEP cippes ou pierres tombales étant le plus souvent, comme les stèles grecques, des monuments de fabrication courante, qu'on devait trouver tout achevés chez les marbriers, il ne pouvait y avoir, dans la plupart des cas, de ressemblance véritable; aussi bien y a-t-il souvent incohérence évidente entre l'apparence de ces portraits sculptés et l'âge de ceux dont ils rappelaient le souvenir', tel que l'indique l'inscription funéraire. Mais dans d'autres cas la présence des imagines de cire CEIRA, fig. 1291], moulées sur le visage des défunts, pouvait permettre d'atteindre à la ressemblance réelle. En tout cas, au moins par ses plus beaux exemplaires, l'art des bustes funéraires est un chapitre important de l'histoire de l'art romain, et le témoignage le plus net de son caractère réaliste 2. Il faut mentionner à présent tous les cippes ou pierres funéraires où, à la représentation du défunt, s'ajoute celle des accessoires ou des scènes de sa vie terrestre. Tout d'abord, à la ressemblance des stèles grecques, les animaux familiers sont souvent figurés avec lui. L'enfant ou l'homme fait jouant avec son chien est représenté plusieurs fois sur des pierres tombales [BES'rIAE, fig. 813] 3; d'autres fois, le chien apparait comme le gardien du tombeau 4. Le singe, animal de luxe des riches Romains, est aussi figuré ' ; de même, le lièvre accompagne des ligures d'enfants', sans qu'il y ait lieu de faire intervenir Li aucun svmhol isme funéraire; d'autres fois l'enfant tient à la main son oiseau favori [BESrIAE, fig.849; DELICIAE, fig. 2'02j Une représentation exceptionnelle est celle de l'éléphant, qui décore les faces latérales d'une pierre tombale du Latran. La figure animale est parfois la traduction plastique d'un jeu de mots: sur la pierre de l'architecte Aper" on voit un sanglier mort. Les reliefs les plus intéressants montrent le défunt dans sa vie sociale et familiale, dans sa profession, dans sa dignité, dans sa place de chef de famille. On rencontre sur quelques stèles grecques la représentation du métier (v. p. 1225) ; mais elle est en somme exceptionnelle; sur les monuments romains, par voie plus ou moins nette d'allusion plastique, elle est beaucoup plus fréquente. Voici quelques exemples : sur la pierre déjà mentionnée de l'architecte Aper, figure un coffret à instruments; sur les faces latérales quelques-uns de ces instruments mêmes sont représentés ; on trouve des détails analogues sur les monuments deC. VedenniusModeratus, ingénieur militaire ', de M. Cosseius Cladius, charpentier 10, de C. Clodius Antiochus, marbrier ", de A. Antestius 12, fabricant d'objets de ménage, de l'orfèvre Hilarus(fig. 660), etc. '3. La pierre tombale du cordonnier C. Julius Ilelius porte sur sa face principale le buste, d'expression curieusement réaliste, du défunt ; dans le fronton sont sculptés deux pieds humains, l'un chaussé d'une sandale (fig. 3198). Quelquefois, c'est tout un trafic commercial qui est pittoresquement représenté sur la pierre: ainsi du monument du boucher Tiberius .lulius Vitae lis' (cf. fig. 4335), de celui de l'apiculteur T. l'aco nius Caledus10 ; de celui surtout du coutelier L. Cornelius Atimetusla face principale, encadrée de piliers corinthiens, est occupée tout entière par l'inscription: les faces latérales représentent l'une l'atelier même du coutelier, l'autre sa boutique de vente; personnages et instruments sont représentés avec un détail très vivant ;.BUTER, fig. 2112, 2113 ; cf. fig. 21171. Quelquefois, la représentation du métier est plus écourtée ou laite par voie de symbole : ainsi un vaisseau voguant (fig. 6293), avec ou sans ses rameurs'", marque la sépulture d'un commerçant ou d'un armateur t9; sur le fronton de la pierre tombale du marchand de vin C. Clodius Euphemus 20 on voit Dionysos versant du vin d'un canthare. La profession de la femme, maîtresse ou servante, consiste dans son rôle ménager: aussi la corbeille, le miroir, le peigne, l'aiguille figurent communément (fig. 992, 5428) sur ses monuments funéraires 21 ; sur celui d'une poétesse sont sculptées la lyre et la cithare22. Les reliefs funéraires font allusion, comme au métier du défunt, à sa situation sociale et aux dignités et charges dont il a été revêtu. Sur l'autel funéraire d'un adjoint à l'annone est figurée la déesse Annona2.1; un masque d'où sort une eau courante parait sur la pierre tombale d'un ingénieur des eaux de l'Aqua Claudia"; sur celle d'un orateur, 1.. Precilius, on voit une proue de vaisseau rappelant les rostres"; le bisellium, insigne de leur dignité, est sculpté sur les cippes des seviri aequstales ou des décurions [B1sE1.L1CM1. La représentation de la dextrarutn junctio (fig. 634'x) rappelle l'union qu'a contractée le défunt. On y voit bien comment un sujet grec est transformé par l'esprit romain. La scène est analogue à celle de la poignée de main des stèles grecques. Mais ce n'est plus l'idée sentimentale de la séparation ou de la réunion qui trouve là son expression; les deux personnages sont représentés en tant qu'unis par un lien solennel et légal, l'homme tenant à 1 a main le rouleau des tabalae nuptiales [coma, fig. 1847, 18731 " ; les époux sont souvent debout devant un autel; même quand ces détails manquent", leur attitude n'est pas simple et familière comme celle des personnages des stèles grecques [MATBIMONIUM, fig. 4871, 4872). Le citoyen romain, surtout celui qui aremipii de son vivant des fonctions sacrées, est enfin figuré souvent dans l'altitude du sacrifiant )SACBIF1CIUM, fig. 6009; ou dans celle du prêtre d'une divinité ; la représentation des prêtres 23 ou prêtresses 29 [FLAMEN, fig. 31061, des servants d'Isis [Isis, fig. 4104, 41051'0, avec les accessoires du culte, est fréquente. Notons enfin une dernière classe de représentations funéraires : celles qui sont empruntées au mythe et au symbolisme religieux. Le sujet du banquet funèbre01 est directement emprunté aux monuments grecs et conçu de manière analogue. Le défunt est assis sur un lit, devant lequel se trouve une table à trois pieds; un autre personnage est souvent debout à côté de lui a3 ; SEP 1238 SEP riuelquefois,la présence de figures accessoires transforme la scène de banquet en une scène de famille. Quant, aux représentations symboliques qu'on trouve sur les reliefs grecs du mémo type, consacrés, on l'a vu, au culte des héros plutôt que des morts, une seule, celle du cheval, apparaît sur les reliefs romains; litais elle y perd son caractère religieux ' ; le cheval sert de monture à un cavalier, le mort flta,nt efi'eclivehnent figuré comme tel, dans une scène de chasse " ou de guerre IL(urrES, fig. 3737, 3738, 2739, 3711, 37431 ''. Souvent, le champ du relief est partagé en deux parties: l'une représentant le repas funèbre, l'autre le cavalier. Ainsi scènes de famille, scènes de guerre, banquet funèbre, tous ces sujets nettement distingués dans la sculpture funéraire grecque sont confondus et rapprochés par le marbrier romain. Il en est ainsi, par exemple, sur les cippes ou pierres funéraires des cri/ailes singulares, corps de cavalerie créé au début du n' siècle par Trajan 4; ces cippes sont le plus souvent partagés, sur leur face principale, en trois registres : celui du milieu occupé par l'inscription, le registre supérieur par le banquet funèbre, l'inférieur par la scène du cheval mené à la bride, ou du cavalier chasseur [i Qi'ITES, fig. 3740 ; Luteras si_xctLA10ES, fig. 27461'. Les mythes religieux dont on retrouve la trace sur les monuments funéraires sont ceux naturellement qui se rapportent de plus près aux croyances populaires sur F'tu-delà, par exemple les mythes dionysiaques e : personnages portant le thyrse, la grappe, le vase à boire, génies du thiase de Dionysos, satyres et ménades sont des représentations très communes. Un mythe particulier, celui de l'union de Dionysos et d'Ariane, est figuré sur plusieurs cippes, par exemple sur celui de T. Claudius Philetus °, au Vatican, oit le couple apparaît en un encadrement de plant de vigne, dans l'attitude de la dextraruita,juuctio. Un autre culte, celui d'Apollon, marque sa trace sur les pierres tombales non par des scènes figurées, mais par l'emploi de symboles comme le laurier ou le trépied. Quant aux histoires mythiques proprement dites, répertoire habituel des fabricants de sarcophages [sARCOPuAGGs, elles sont beaucoup moins communes sur les édicules funéraires, qui ne donnaient pas assez d'espace pour les développer librement. Le rapt de Proserpine est le sujet le plus souvent représentés : on trouve aussi l'histoire d'Archémoros , celle de Ganymède 10, le groupe d'Amour et Psyché"; toutes figures, on le voit, en relahon avec les idées philosophiques et religieuses sur la vie et la mort. On sait enfin l'importance prise, â l'époque impériale, par l'idée de l'héroisation, empruntée à la Grèce alexandrine et. développée par le culte des empereurs [APOTIU oSIS[". De nombreuses inscriptions funéraires, oit le défunt ou la défunte sont assimilés à la divinité en général ou à des personnes divines particulières, montrent que cette conception, jusqu'à ses dernières limites, avait pénétré dans les masses populaires. II est naturel qu'elle ait trouvé aussi son expression plastique. Une inscription d'un columbarium de la voie Appienne, mentionne des effigies d'une certaine Claudia Semne in forrnana (leorum'3. Et de fait', des reliefs de cippes représentent la divinisation même ou des personnages divinisés; sur les faces latérales d'un autel funéraire du Vatican on voit les bustes de Q. Pornponilis Eudaemon et de sa femme Polnponia Hel pis "° enlevés vers les hauteurs, ici par un paon, la par un aigle. Sur d'autres monuments, les défunts et défuntes sont représentés en la forme de Vénus' de Diane"', de l'Espérance de la Fortune'", de Mercure", elc. Les monuments funéraires qui nous restent à signaler sont ceux qui, plus considérables par leurs dimensions que ceux qu'on vient d'étudier, et destinés à l'exposition en plein air, occupaient le bord des routes, au sortir des villes, constituant ainsi par leur rassemblement autant de « voies des tombeaux »; nous avons cité plus haut celle de la voie Appienne à Rome; l'une de celles de Pompéi est encore presque intacte"0. Mises à part toutes différences de dimensions, il n'y a pas entre les uns et les autres de distinction essentielle. Ils répondent, ceuxci comme ceux-là, au même principe : union en une seule construction, surélevée au-dessus du sol, de l'emplacement du dépôt funéraire et du « monument î); l'ensemble est aménagé de manière que la piété des survivants puisse effectivement s'exercer à portée des urnes même qui contiennent les cendres des défunts. Il arrive aussi que l'urne soit déposée en pleine terreau pied du mod. nu ment ou derrière lui, dans l'en ceinte funéraire ; il n'y a pas, dans ce cas, de chambre funéraire â l'intérieur du tombeau, dont l'apparence et la construction extérieures restent pourtant les mêmes ; il y a sépulture réelle en terre, et sépulture apparente, cénotaphe, au-dessus du sol. L'urne elle-même, renfermantles cendres, prend quelquefois l'aspect et la structure d'un véritable édifice; elle est le temple réduit, le sanctuaire où le mort réside (fig. 6345) Y1. Les deux formes les plus fréquentes, pour les grandes constructions funéraires, sont celles du tombeau-autel et du tombeau-édifice ou temple; il y en a d'autres, et le caprice individuel se donnait là carrière. Dans les nécropoles romaines comme dans nos cimetières, à côté des formes classiques, il y en avait de fantaisistes, expressions d'un goût arbitraire et mauvais. Nous avons d'un tel genre de construction au moins un exemple curieux : c'est le tombeau du boulanger Vergilius Eury SEP 1239 SEP sucés', à Rome, haut cube de maconnerie, de l'aspect exact d'un four de boulanger, oit sont encastrées trois rangées de bas-reliefs montrant la fabrication et la vente du pain [PISToi, fig. 'i6971. A côté d'un monument aussi exceptionnel, le tombeau de C. Publicius Ribulus, au pied du Capitole' est un exemple régulier du tombeauédifice avec ses pilastres el sa corniche, la chambre funéraire à l'intérieur. Mais c'est à Pompéi qu'on trouve le mieux conservés tous les types de tombes de la fin de la République et du début de l'Empire. Il y avait à Pompéi plusieurs voies des tombeaux; celle qui se trouve devant la porte d'I-Ierculanum a été complètement dégagée °. Les tombes sont disposées de part et d'autre de la route ; la bande du terrain sur laquelle ils sont construits était cédée par la ville à ceux qui édifiaient le monument, ou quelquefois donnée par elle en considération de services rendus'. Nous n'avons pas à décrire ici tous ces monuments funéraires; nous en signalerons quelques-uns seulement, comme exemple des types qu'on peut distinguer : tombeaux en forme d'autel, d'édifice-temple, de niche, de siège circulaire. Le monument de l'augustalis Calventius Quietus 5 reproduit fidèlement le type de l'autel funéraire étudié plus haut. Sur la face antérieure, encadrée d'une frise, est gravée l'inscription; au-dessous d'elle est sculpté un biselliuln, insigne de dignité décerné au défunt par le conseil des décurions. Les faces latérales sont décorées de la corona civica, qui se retrouve sur d'autres monuments °, et n'est là que comme un pur motif ornemental. L'autel est un cénotaphe ; il n'y a pas de chambre funéraire, l'urne étant sans doute enterrée au pied du monument. Le monument de Naevoleia Tyche' est du même type, plus orné et d'un goût moins sévère. Sur la face principale, qui porte l'inscription et le buste de la défunte, est représenté le sacrifice aux morts; les faces latérales sont décorées, d'un côté, du bisellium de Munatius Faustus, époux de Tyché, de l'autre d'un navire (fig. 59931 monté par son équipage et rentrant au port. La chambre funéraire, ouverte dans le soubassement de l'autel, est étroite et sombre ; une banquette court le long des parois ; une grande niche en face de l'entrée contient l'urne de Faustus et de Tyché; d'autres urnes sont dans des niches sur les côtés et sur la banquette. Des lampes d'argile servaient à éclairer la chambre pour les jours de fête des morts. Le tombeau d'Arria 8 avait la forme d'un édifice à pilastres, sur un soubassement élevé; une ouverture conduisait dans la chambre funéraire voûtée. Le « tombeau des guirlandes est en forme de temple, avec quatre pilastres de face, et trois de côté, réunis par des guirlandes. L'édifice est massif et sans chambre funéraire. Le monument des Istacidii'O était également en forme de temple, avec quatre demi-colonnes de chaque côté ; une porte au milieu d'un des côtés donne accès à la chambre funéraire, dont la voûte est soutenue par un pilier : des niches sont creusées dans la muraille ; en face de l'entrée, la plus grande contient l'urne du chef de la famille et de sa femme. Au-dessus de l'édifice s'élevait une construction ronde, ornée des statues des défunts Rappelons encore un des pots célèbres tombeaux de Pompéi, le monument de Scaurus avec sa vaste chambre, son entrée ornée de pilastres et ses bas-reliefs représentant les jeux des gladiateurs dans l'amphithéàtre (fig. G346)11. Le type du tombeau-niche est le suivant : une niche arrondie et voûtée, avec une banquette maçonnée courant tout autour du demi-cercle; les murs sont décorés de reliefs stuqués ou de peintures ; l'urne est en terre, reliée à la surface du sol par un conduit d'argile". Dans les constructions de ce genre se montre l'idée de faire de la sépulture un lieu de repos agréable pour les passants, et de mettre ainsi le mort en relation avec les survivants, idée qui s'exprime très souvent dans les inscriptions funéraires. Il en est de même du monument en forme de simple banc demi-circulaire, ouvert du côté de la route '° ; contre le dossier, au fond du demi-cercle, est gravée l'inscription ou appuyée une statue du défunt; l'urne est enterrée dans le sol derrière le monument. Il faut enfin signaler à Pompéi deux monuments de forme particulière: l'un est une tour ronde sur soubassement quadrangulaire, à l'intérieur d'une enceinte de quatre petites tours". [n tel type est la reproduction en miniature de celui des grands mausolées de Rome. L'autre est un enclos ceint de (ours décorés àl'intérieur de peintures dans le style pompéien' " ; trois lits de banquet encadrent la table et l'autel à libations [fig. 1'700, eucx, c'est le tombeau lieu de réunion pour ceux qui fêtent le mort dans les banquets d'anniversaire. (.'idée enfin qu'il convient de se faire d'une voie des tombeaux comme celle de Pompéi duit être complétée en restituant la végétation qui entourait ces monuments si variés de forme et d'aspect. Les guirlandes, plants de lauriers ou d'oli SEP 1240 SE() viens, qui ornent les cippes funéraires, ne sont. pas purs motifs de décoration, sans rapport à la réalité : les arbres de toute espèce croissaient autour des tombeaux sans parler des fleurs qu'à certaines époques de l'année des mains pieuses y déposaient [FUNUS, ROSAL1A]. 'Foules ces formes, pour la plupart empruntées à la. Grèce ou à l'Orient., mais reprises et, transformées par le génie latin, ont été répandue, par la domination impériale dans tontes les parties du monde antique. Il n'est guère de pays soumis à l'administration romaine où l'on ne trouve des spécimens de cette architecture funéraire. On peut prendre la province d'Afrique, sur laquelle nous possédons des renseignements assez détaillés', comme exemple de la diffusion des types venus d'Italie etcomme document sur la façon dont les formes imposées par l'in fluente romaine se combinaient avec les habitudes locales. Les fosses creusées dans le roc, à l'ancienne manière punique, se trouvent par centaines dans l'Afrique romaine, de même que les fosses construites en terre avec des dalles ou avec de grandes tuiles Un mode de sépulture bien local, peut-être d'origine phénicienne, est l'ernboutissement du corps non incinéré dans une jarre, ou, quand le corps est trop grand, dans deux jarres dont on brisait la pointe et qu'on réunissait en les emboîtant l'une danst autre Les sarcophages, les auges, les cercueils en baignoire servent aussi de récipients. Les ossements incinérés sont placés dans des trous en terre, ou dans des vases, des coffrets de pierre. Au dehors, le ctez se compose de cippes, en général à sommet pointu ou arrondi, quelquefois atteignant une hauteur de 3 mètres, avec une inscription accompagnée de l'image du défunt, parfois d'un croissant ou d'une étoile; de cippes en pyramide tronquée, de colonnes; d'autels à guirlandes de forme quadrangulaire ; de tables placées en avant de la stèle ou au-dessus de la tombe'. Dans quelques tombes à incinération, un tuyau en argile permet de faire parvenir la libation jusqu'au mort Les caveaux funéraires, à une ou plusieurs chambres, rappellent ceux de la Phénicie et de l'Etrurie Les grands mausolées en pierre de taille, élevés par de riches propriétaires, ne sont pas rares, les uns en forme de pyramide élevée sur un soubassement, d'autres en tour carrée ou en lanterne de forme hexagonale (fig. 6347), plusieurs avec un étage couvert en berceau ou en fronton, d'autres ronds à la façon du tombeau de Caecilia Metella de Rome On trouvera à l'article SARCOPHAGUS la description des monuments funéraires qui, à partir du u° siècle de l'ère chrétienne, supplantent, dans ]es nécropoles romaines, les types qu'on vient d'étudier au cours de cette revue sommaire. Il faut les ajouter pour parfaire l'histoire des types de l'architecture et de la sculpture funéraires à Rome. Cette histoire est de celles qui sont le mieux faites pour écarter certains préjugés et montrer, à travers toutes les influences et tous les emprunts, la force de création, l'originalité de l'esprit et de l'art romains.