SERPERASTRA. Attelles que l'on attachait aux genoux des enfants pour empêcher les jambes de tourner 1. E. S.
SERRA. Ilofwv. Scie. Les premiers hommes ont utilisé des pierres plus ou moins rugueuses pour couper le bois ou l'os'. A l'époque néolithique, on voit apparaître des silex dont les lames, finement dentelées, pouvaient scier l'os et la corne et qui ont été d'un usage très répandu, car on en a trouvé un peu partout' ; ces petites lames sont très abondantes à Hissarlik 3 (fig. 6371). En Suisse, on a recueilli, dans les palafittes, plusieurs scies en silex, fixées, à l'aide de résine, dans des montures en bois
encore bien conservées`. Une fois en possession du métal, l'homme a imité ces outils primitifs c ; il est certain que la scie en métal remonte à une haute antiquité'.
1. Pour le travail du bois, les mythographes [DAEDALes, fig. 2277] attribuent l'invention de la scie tantôt à Dédale 7, tantôt à son neveu Talos ou Perdix'. Les scies les plus anciennes étaient absolument semblables à celles qu'on emploie de nos jours : elles se composaient d'une lame de métal, plus ou moins longue, garnie de dents le plus souvent d'un seul côté, munie d'un manche ou tendue dans une armature en bois, avec deux prises de main disposées de façon différente suivant que la scie était destinée à des menuisiers, à des charpentiers, à des scieurs de long ou à des ouvriers d'art. Naturellement, les lames de métal se retrouvent seules aujourd'hui dépouillées de leur monture mais, d'après les mesures et la forme de ces lames,
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d'après la dimension des dents, il est facile de reconnaitre à peu près à quel genre de travail elles étaient primitivement destinées. On a déjà signalé à Tirynthe et à Mycènes, au milieu des débris de la plus ancienne civilisation grecque, des laines de scie en os'. A l'intérieur
d'une maison de Théra, on a trouvé une scie en cuivre pur, sans étain, recourbée en faucille et dont une extrémité avait été forgée de manière à pouvoir être munie d'un manche (fig. 6372) 2. Les fouilles des édifices crétois, en particulier à Gournia et à llagia Triada, ont livré de nombreux outils pour le travail du bois, notamment des scies à manche, à lame droite ou légèrement contournée.
Parmi tous ces outils on remarque une grande lame, avec de petites dents, mesurant dans son intégrité 1 In. 45 de longueur, ce qui est encore la mesure adoptée de nos jours pour la scie des charpentiers (fig. 6373) 3. On employait la scie pour tailler la corne et l'ivoire i : de toutes petites lames, dentelées sur deux côtés, trouvées en Crète, semblent avoir servi pour le travail de l'ivoire',
Pour débiter ou façonner la pierre et le iuarbre ou se servait du ciseau, du tour et de la scie°. L'emploi de la scie pour ce travail spécial' parait remonter à une très ancienne date. Dans les constructions de la période héroïque, à Mycènes et à Tirynthe, et sur les plus anciennes tombes d'Orchomène, on a observé de nombreuses traces (le sciage 8. Comme de nos jours, l'instruisent était différent suivant qu'on s'attaquait à la pierre tendre ou à la pierre dure et au marbre.
l'out. la pierre tendre, on employait comme pour le bois une scie à dents, serra dentale °, analogue sans doute au passe-partout moderne et probablement, quand le morceau à détacher était moins important, une scie à manche, dentée de même.
Pour la pierre dure et le marbre, on se servait d'une laine de métal coupante, sans dents, appelée par les
Grecs U,tfio7rc(atiz,ç ap/o1.' °; on introduisait du sable et de
l'eau dans la rainure où cette lame manoeuvrait. L'opération, décrite par Pline, ne réussit que par l'action du sable mouillé; les ouvriers modernes, qui emploient encore le même procédé, disent que c'est le sable qui tra
vaille. Aussi Pline donne-t-il des indications précises sur la qualité du sable dont on doit se servir". En faisant agir la grande scie appropriée à ce travail et dont la lame n'était pas très large, l'ouvrier ne pouvait opérer que lentement et péniblement. Mais il (levait y avoir d'autres scies sans dents, plus petites, avec une lame plus large et plus courte, munies sur le dos d'un emmanchement en bois et qu'un homme manoeuvrait plus vile. C'est vraisemblablement avec ces dernières scies qu'on fabriquait les tuiles de marbre dont on attribue l'invention au Naxien Byzès, contemporain d'Alyattes, roi de Lydie12. Le temple de Zeusà Olympie étaitcouvertavec des tuiles de marbre", et dans les dernières fouilles de l'Acropole on a retrouvé des spécimens de ces mêmes tuiles au milieu des ruines des monuments détruits par les Perses'''. Un fragment d'une lame de scie sans dents a été trouvé en Crète "i.
Les comptes d'Éleusis nous font connaître le salaire journalier des scieurs de pierre, 7cp:aaat, en 389: deux hommes recevaient trois drachmes par jour, soit une drachme et demie par homme; un 7cp!argç et sou aide touchaient deux drachmes et donne 'G.
Un vase grec à figures noires trouvé à Orvieto fournit 1'ilnage d'une scie à métaux accrochée au mur d'une forge avec d'autres outils; la lame est ajustée dans une monture en métal en forme d'arc" (fig. X971
Il. Dans les très anciennes nécropoles d'Etrurie qu'on fait remonter jusqu'au x° siècle av. J-C., on trouve des scies en bronze".
Sur une stèle découverte dans le jardin Margheri ta, à Bologne, on voit un génie ailé portant à la main une scie exactement semblable à celles dontles artisans et surtout les menuisiers se servent couramment de nos ,jours19, Plusieurs urnes funéraires étrus
ques sont ornées de reliefs représentant des hommes débitant une pièce de bois avec une scie qu'ils mettent ensemble en mouvement (fig. 637'1.)'-0,
III. A l'époque romaine, les textes et les monuments figurés deviennent plus nombreux. A diverses reprises, les écrivains parlent de la disposition des dents de la scie21, de son emploi", de son bruit strident et désagréable qui trouble le repos des voisins23, Les Vestales se servaient d'une serra ferrea pour broyer le sel sacré''". Une scie est toujours désignée par le mot serra; une petite scie s'appelle serrula, une serrula vzanubriata ou scie à manche, d'une longueur déterminée, porte le nom spécial de lupus": c'est celle qui servait aux jardiniers pour
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soigner les arbres fruitiers ou la vigne'. Philostrate
décrit d'une façon
R ro = humoristique les mouvements des Amours occupés à
scier le bois nécessaire à Dédale pour fabriquer la vache en bois utile aux desseins de Pasiphaé'.
Dans les ruines des maisons romaines, des larves de scies en fer et en bronze et des fragments de lames ont été retrouvés (fig. 6375) 3. Les tombeaux des artisans romains sont souvent ornés de scies et d'autres outils se rapportant à leurs professions`. Sur un bas-reliefs du musée du Capitole, deux scies d'un genre très difl'érentsont.représentées au milieu
d'instruments de sacrifice (fig. 6376) Un magnifique verre chrétien provenant des catacombes de Rome, offre l'image d'un menuisier représenté avec sa scie dans la vraie position du menuisier moderne'. Des peintures de Pompéi montrent, l'une l'intérieur d'un atelier de menuiserie dans lequel deux Amours sont en train de scier une planche placée sur un établi, l'autre deux enfants sciant une planche dans une position à peu près semblable à celle des scieurs de long 7. Sur un bas-relief trouvé à Deneuvre (Meurthe-et-Moselle) on reconnaît sans hésitation deux scieurs de long, sectores materiarum e, dans l'exercice de leur métier ; la pièce de bois est posée sur un chevalet formé de quatre pieds obliques; les deux ouvriers, l'un dessus, l'autre dessous, manoeuvrent la longue scie professionnelles (fig. 6377).
L'emploi de la scie par les Romains, pour découper la pierre et le marbre, est attesté par le passage de Pline cité plus haut10. Des observations intéressantes faites dans les anciennes carrières romaines prouvent qu'on se servait de la scie pour détacher les blocs. Dans les carrières du cap de Garde, près de Bône, les traces de
VIII.
sciage étaient encore tellement nettes, en 18/5, qu'on aurait pu en compter tous les traits t1. Des stries de même nature, qui
remontaient
peut-être z~'ll
'le, ;_
plus haut ~ll /
quel'éPo /'~~ que ro
maine, ont été constatées en Égypte, au sud
de Syènef2,
et aussi en Gaule aux environs de Trèves". Une scie mesurant
4 m. 50 de long et
/millimètres d'épaisseur a été trouvée dans les carrières du Felsberg 14. Ausone parle de scies employées pour débiter le marbre et qui étaient actionnées par la force de l'eau'
Les scieurs de pierres, sectores serrar'ii, étaient nombreux à (tome, où ils étaient organisés en collège": leur industrie se développa sous l'Empire; avant celle époque, les crustae marmoram arrivaient, d'Orient toutes préparéesL7. Une statio ser'rariorum Augustorunr existait à Italica,enEspagne 'x; les carrières du voisinage faisaient partie du domaine impérial. A. ll;nnh nE VILLCrosst..