Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

SERRATI NUMMI

SERRATI NUMMI. Tacite' donne ce nom à certains deniers d'argent de la République romaine, qu'il dit avoir été particulièrement recherchés des Germains de son temps encore. Les pièces qu'un tel nom désignait sont celles qui ont les bords régulièrement et intentionnellement découpés tout autour en dents de scie 2. Mais ces deniers de la République ne sont pas les plus anciennes monnaies ainsi fabriquées, que l'antiquité ait connues. Les premières pièces à bords dentelés sont des bronzes d'Antiochus III le Grand, roi de Syrie (222 à 187 av. puis, dans la suite monétaire des Séleucides, on trouve des bronzes dentelés en abondance jusque durant le premier règne de Démétrius Il Nicator 3. En Macédoine, quelques monnaies en bronze et en potin, frappées dès le règne de Philippe V (220-179) ont aussi leurs bords en dents de scie Un petit nombre de pièces d'argent et d'or de Carthage, émises nécessairement avant la ruine de cette ville en 146, sont également dentelées Les Romains paraissent avoir imité les usages que SER 1258 SER nous venons de signaler, et il ne semble pas que les plus anciens denarii serrati soient antérieurs à l'an l0(s qui précède notre ère'. Les premiers de ces deniers sont des pièces de bon argent, aux types ordinaires do la tête de Rome casquée et des Dioscures à cheval (fig. 6378), mais sans nom de magistrat, ou plutôt avec l'emblème de la roue, qui désigne un magistrat anonyme, peut-être un Denter ou un Dentatas 2. Après ces deniers dentelés anonymes, viennent, dans la série romaine, ceux qui portent les noms de L. Licinius Crassus et Cn. Domitius Ahenobarbus, qui sont de l'an 92 av. J.-C. environ Puis, l'usage de denteler la tranche de la monnaie d'argent persiste sporadiquement à Rome jusque vers la fin de la République, concurremment avec l'autre mode plus répandue. Les numismates se sont souvent demandé quelle fut la cause de l'adoption de cette pratique étrange et incommode qui parait simultanément en Syrie et en Macédoine 4. Ce ne fut certainement pas, comme on l'a prétendu, pour empêcher d'altérer ou de rogner les monnaies, car le moyen eût été inefficace et n'eût pas été appliqué seulement à certaines pièces ; en outre, les bronzes dentelés de Syrie et de Macédoine sont sans valeur intrinsèque, et quant aux deniers romains d'argent dentelés, un bon nombre sont fourrés''. On ne saurait non plus voir dans la dentelure des bords quelque allusion astronomique ou sidérale, ou bien une allusion au surnom Denter ou Dentales de quelque monétaire. Peut-être faut-il mettre cette bizarrerie au compte d'une mode ou d'un caprice, ou bien croire qu'on a imaginé de denteler les coins et, par suite, les flans, pour faciliter le découpage mécanique des monnaies dans la feuille métallique sur laquelle on les frappait. Les dépôts de monnaies romaines découverts au delà du Rhin ont confirmé l'assertion de Tacite sur la préférence des Germains pour les deniers .serrati du temps de la République`'. E. R41IELO6.