Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

SICA

SICA (Eiax)1. Comme la capés des Scythes et des Perses', comme la harpe" que les gens de Lycie ainsi que ceux du Pont prétendaient tenir de leur héros Persée 3 comme les drépana desCariens'°, lasica thraco-illyrienne est un dérivé du couperet ou de la faucille. L'idée d'un instrument de cette l'orme e pu être fournie par certains éclats de pierre naturels, 103110 surtout par de grands os convexes et tranchants et par les màchoires d'animaux dont les dents font de si puissants couperets. Dans les grottes de Ligurie on trouve longtemps en usage des cubiti de cerf ou de boeuf apointés qu'on manie par l'olécrâne ou par l'apophyse supérieure". Un autre prototype de la sic", resté en usage au IV' millénaire en Chaldée, paraît avoir été une sorte de bâton de jet ou boumeranq, garni, sur sa courbure interne, d'éclats de silex ou d'obsidienne : le souvenir en aurait survécu dans la harpé aux dents aigués du Kronos hellénique 6. C'est seulement en Égypte et au sud de l'Algérie 8 que la taille du silex atteint une assez grande perfection pour qu'on puisse découper des coutelas en pierre qui atteignent jusqu'à e,40 de long. Imités plus tard en bronze, ces coutelas sont restés l'attribut du grand dieu libyen Amon et l'arme favorite des soldats des Pharaons, Libyens ou Nubiens la plupart10. Parmi leurs adversaires, les Ili Rites 11, puis les Assyriens 12 en Asie, les Tursha 13 au nombre des Peuples de la mer, portent également le glaive falciforme. Lorsque les Achéens, puis les Doriens s'établissent en Grèce, ils semblent avoir dé leurs succès à la supériorité de leurs rapières sur les glaives recourbés tels que ceux que portaient dès lors les Thraces If. Comme le gladius à double tranchant que les Romains auraient emprunté à l'Espagne contribua de mème â leur triomphe, le glaive recourbé a passé dans l'antiquité classique pour un caractère distinctif des civilisations moins avancées: Étrusques 1" SIC 1301 SIC et Ligures' en Italie, Germains 2, Daces et Sarmates' au delà du Rhin et du Danube, montagnards du Taurus, de l'Iran et du Pont en Asie-Mineure, surtout les peuplades thraces et illyriennes des Balkans qui passaient pour l'avoir inventé'. Les écrivains grecs qui avaient à en faire mention le désignaient sous les noms de mile/taira ou de colis qu'ils donnaient à toute lame plus ou moins recourbée. C'est seulement à l'époque hellénistique que, choisis à cause de leur férocité naturelle comme exécuteurs des hautes oeuvres royales 6, les Thraces commencèrent à être connus par la sica. Elle est mise entre les mains de fantassins illyriens par un vers d'Ennius qui se rapporte sans doute à la guerre istrique de 178 e : un des cavaliers thraces d'Aristonikos coupe, en 130, d'un coup de sien, la tête du consul Crassus'. Bien que Plaute emploie déjà un diminutif de sica, sieilirula 8, pour désigner un petit coutelas de cuisine, il semble que le terme de sica n'ait d'abord désigné à Rome que l'arme des Illyriens. Les pirates de cette nation infestaient les côtes de l'Adriatique; on comprend que sicarii ait fini par être pris au sens général de bandits, de coupe-jarrets. S'irar'ius signifiait déjà un assassin en 81, quand fut édictée la tex Cornelia de sicarii.'. A la même époque, Cicéron, pour désigner des meurtriers et des spadassins, parle de hommes sicarii et gladiatores1e ; il emploie même sica tout court dans le même sens". C'est seulement après lui que la signification (le sicarius acheva de se spécialiser. D'une part, ce terme s'appliqua aux meurtriers de profession ou à ceux qu'on voulut leur assimiler pour les discréditer ; d'autre part, il désigna la catégorie de gladiateurs plus ordinairement appelés Thraces. Ils avaient gardé l'armement des Thraces réduits à la condition de gladiateurs qui sont mentionnés comme tels, pour la première fois, lors de la révolte du Thrace Spartacus". Les nombreux monuments (lui montrent ces gladiateurs armés de leur sabre caractéristique ULADIATOR, fig. 3570, 3573, 3596] permettent de donner Cl' nom à l'arme que des illyriens tiennent à la main sur un bas-relief d'lspidamnet4 et que ceux d'entre eux qui formèrent des corps spéciaux dans l'armée romaine portent sur les stèles funéraires'°. Cette arme rentre dans une série de glaives, dont lacourburearrivepresgae à former un angle droit, qu'on trouve dans les nécropoles illyriennes dès le ve siècle avant notre ère: il suffit de coln parer les spécimens reproduits ci-contre (fig. 6395) le à celui que porte le gladiateur de la fig. 3583, pour constater qu'on se trouve en présence de la même arme. On peut rapprocher (le sica le vieux terme latin de sicilis que l'on ne connaît que par deux citations : l'une de Varron, qui aurait comparé la forme de la mer Caspienne à une sicilis"; l'autre d'Ennius dans restais : Siciles, ltastarum spicnla lita. Ennius : Incedit reles volejo sicilibuslatis13. Comme le verbe sicilire s'emploie dans le sens de faucher''', il s'agit sans doute d'une lame en forme de faux, d'une sorte de fauchard analogue à la r/loniphaea thrace. A. J.-RrINACu.