Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article SIGILLUM

SIGILLU'M (Zmov, ~03g15,, aycéApartov, âvôplâvrwv, zipo;, xdçq, vduu' ). Ce mot ne désigne pas en latin une catégorie bien limitée d')bjets. Il peut s'appliquer à des statuettes', comme aussi à des reliefs, à des ornements rapportés, du genre des crustae et des emblentela '. II est difficile de dire si les 7'grr'hena sigilla d'Horace' désignent avec certitude les statuettes de bronze étrusques que nous avons conservées en si grand nombre, ou bien quelque autre série d'oeuvres d'art, ornements ou reliefs, sortis des ateliers d'Italie. Comme on a traité dans d'autres articles [cAELATURA, FICLISL'M, FORMA] ce qui concerne les reliefs, nous nous bornerons à étudier dans ce premier paragraphe ce qui se rapporte aux statuettes, aux petites images en ronde bosse, sigillum étant pris comme un diminutif de signant', statue [STATUA]. 1. En grec les statuettes sont désignées par des vocables très variés". Dans los inventaires de temples on trouve les mots s$ov ou eltov, ~oo:ltov, ;wtôzptov, àvôctzvrtov, rlvlstavs(ôtov, às tav7(exoç,lesuns s'appliquant à tout sujet humain ou animal, les autres plus spécialement aux statuettes de forme humaine'. Les lexicographes' emploient encore d'autres termes qui désignent la représentation féminine, XGor1, vJU.éy-rr, ou masculine, xcipoç et xouooç, et les jouets d'enfants, iXa'l7dv, correspondant au mot latin pupe [puna]. Le fabricant est le xopoa),z0oç ou xocoa isc',ç ' ; en latin sigillarius et sigillator' [FICLINUM, p. 1134. A Rome, le quartier ou la rue oit l'on s'approvisionnait. de ces petits ex-voto s'appelait Sigillaria 10. ['ne des journées de fête des Saturnalia portait le même nom, parce qu'on offrait des figurines en cadeaux à ses amis et aux enfants [SA'rDnNAI.IA] t1. Les matières dont on faisait ces statuettes ne sont pas moins variées que les mots pour les désigner. Comme métaux, l'or et l'argent sont souvent mentionnés pour dans les patères du trésor d'Hildesheine (Iig. 373, 974) et du trésor de Bosco Reale (fig. 3970). 3 Horat. Ep. Il, 3, Ion. -4 i.e., deux mois sont parfois pris l'un pour l'antre. Dans l'inscription citée du C. i. lat. III, 633, I, le rédacteur distingue des siyilla d'autres slalues de bronze qu'il appelle statua et signarn; mais ailleurs, ibid. II, 2103, des statuettes de la Fortune et de Mercure, en or, pesant cinq livres, par conséquent do petites dimensions, sont désignées par le, nlol si,gnlme. 1I, p. 133-124 et les notes; E. Pottier, Quani ob esusane Gracci sigilla in sepul 2. Le mot s'applique ordinairement aux modeleurs d'argile; cependant Harpoera Lion, 1. c, spécifie: ix 2 h 4.i3 s, v ur s,uoç xôpe; oç z nr,~ nn i l' Suc'. Chu./. 5; Sencc. Epist. XII, 3. SIG 1303 SIG les images que l'on déposait dans les temples 'Ensuite vient le bronze, qui est le mieux connu à cause des innombrables spécimens que nous avons conservés de cette catégorie et qui ornent les musées ou collections particulières (fig. 6399) '. Nous nommerons ensuite le fer beaucoup plus rare et d'ailleurs difficile à préserver de la rouille, et le plomb (fig. 6400)'• [PLUMHUM, p. 314,1, Parmi les pierres, les matériaux les plus employés sont le marbre" et le tuf ou calcaire" ; parfois sont mentionnées des pierres précieuses, ),i(ot c(p.rol, agate, calcédoine, obsidienne, cristal de roche, etc, 7. On peut citer aussi le verre', le jais °, l'ambre i° ; parmi les matières plus tendres, le bois", l'ivoire (fig. '2026, 6403,) et l'os "a, le gypse 13, la cire l8, et surtout la terre cuite (fig. 396, 1936, 3091, 2188, 2623, 6401, 6104, 6403)1"; on sait que cette dernière a donné naissance à une industrie très développée qui a véritablement inondé le mondeancien de sesproduits [FIGLINUM]. Le prix de tels objets était natu rellement tout it fait variable, suivant la valeur de la matière employée. Les statuettes d'usage courant se vendaient très bon marché: un Eros en cire pour 1 drachme 16, une figurine de Zeus pour la même somme'', une statuette de Bacchus en marbre pour 23 deniers'". La destination de ces petites images est indiquée par les emplacements oft on les recueille. Les textes, les inscriptions et les fouilles elles-mémes s'accordent à montrer que l'on s'en servait surtout comme offrandes religieuses [DONARIUMJ. Elles prenaient place en nombre considérable dans les sanctuaires, grands et petits. Au fur et à mesure que les pèlerins les apportaient, elles finissaient par encombrer à tel point le parvis et les abords des temples, que les prètres, à certains moments, après avoir mis de côté les ex-voto les plus précieux pour les disposer dans l'édifice, prenaient le parti de rassembler les autres et de les enterrer en masse dans de grandes fosses préparées à cet effet [FAvISSAE ). De cette SIG 9304 SIG manière on respectait l'intention pieuse des donateurs, les droits de propriété de la divinité, et on évitait les larcins qui auraient rendu à la circulation commerciale un objet devenu sacer et inviolable. Il est du reste probable que l'usage des /'avisssite a découlé d'un rite plus ancien, car il semble q ue dans la reli gio n préhellénique l'usage était d'aménager une fosse faisant partie du sanctuaire mème, un reposilorium, où l'on conservait les objets offerts à la divinité (fig. 6398)'. Soustraits ainsi aux regards et confiés à la terre, ils faisaient partie intégrante de la propriété sacrée. Les dépôts souterrains d'Olympie, de Tégée, du Kabirion de Thèbes, de Corfou, etc., ne sont que le développement de la même idée '. Mais, na turellement, on conservait les plus beaux de ces ex-voto pour parer la demeure du dieu ou pour les exposer à l'admiration des fidèles dans des petites chapelles spécialement construites à cet effet [TFMPLUM, THESAURUS]. Les inventaires des temples nous donnent une idée de la disposition de ces objets, que les hiéropes cataloguaient par rangées, les uns alignés sur des tablettes (pup.oO, d'autres placés dans des vases, dans des boites, dans des armoires éparpillés et disséminés au gré du personnel chargé de ce soin, partout où il y avait un emplacement disponible, égayant de leurs couleurs ou de leur éclat métallique la pénombre du lieu saint. C'était, comme le dit M. Homolle, une sorte de galerie de musée Les sigilla ainsi offerts sont souvent accompagnés d'inscriptions dédicatoires, indiquant le nom du donateur et celui de la divinité à qui l'offrande est faite (fig. 6399)3 [DONARIUM, fig. 25361. 11 est naturel que la statuette ainsi offerte représente la divinité elle-même et c'est évidemment le cas le plus fréquent. Sur l'Acropole d'Athènes, Athéné est représentée par de nombreuses idoles; à Éleusis on trouve surtout des figurines des grandes Déesses, Déméter et Coré; au temple d'Artémis de Corfou, des images d'Artémis ; à Tarente, Dionysos et les Dioscures, etc. 6. Mais il n'y a pas làde règle absolue et l'on introduisait aussi dans un temple d'autres divinités que celle qui y était honorée en particulier. On peul citer un bronze d'Apollon dédié à Esculape, un Hercule consacré à Apollon'. Le philosophe Asclépiade dépose aux pieds de la statue d'Apollon, dans le temple de Daphné, une figurine d'argent de la Dea Coele.stis 3, et l'on pourrait multiplier les exemples (fig. 6400) s. Mais ce ne sont pas seulement les images d'autres dieux qui variaient le mobilier religieux. Il faut compter que l'on consacrait aussi toutes sortes de statuettes représentant desimples mortels, des hommes, des femmes, des enfants, images réelles ou conventionnelles des donateurs eux-mêmes ou des personnes pour lesquelles ils venaient prier. Les fouilles de M. Paris dans le temple d'Athèna Cranaia, l'Élatée, ont fourni sur ce point un témoignage décisif (fig. 6401)10. Outre les images de la déesse, on y a recueilli toutes sortes de terres cuites figurant Aphrodite et Eros, Artémis, Léda, des danseuses, des femmes drapées ou nues, des jeunes filles, des enfants, des grotesques et des comiques, des animaux : nulle catégorie n'est exclue de la collection. Aucune peinture, aucun monument ne nous a gardé l'aspect de ces intérieurs de sanctuaires ainsi garnis d'offrandes. Mais on a souvent cité une peinture de vase où l'on voit l'image plus humble d'une fontaine consacrée aux Nymphes et décorée de petites tablettes peintes et de statuettes féminines déposées en ex-voto [AQUAE, fi g. 395]. Sur un relief grec du Péloponèse une femme est assise devant un arbre sacré, qui porte à la fourche de la Fig. 6403. Ex-voto d'ivoire. SIG 1305 SIG maîtresse branche une statuette de femme ; une autre figurine est debout sur un autel placé au pied de l'arbre [ARBORES SACRAS, fig. 448]. Dans le décor du vase en onyx, dit des Ptolémées, sur une table chargée du mobilier religieux on remarque une statuette de femme portant deux torches [ABACIIS, fig. 6J. Les nombreuses représentations du Palladium de Troie, ravi par Ulysse et Diomède, nous montrent l'aspect de l'antique idole sous forme d'un sigillum 3IINEHVA, p. 1924]. Les monuments romains nous fournissent aussi quelques exemples de ces ex-voto religieux. Dans la peinture d'Ilerculanum qui représente Oreste et Pylade amenés devant Iphigénie, la mensa du sacrifice porte avec quelques vases une statuette d'Arté mis enfermée sous un petit tabernacle [AFDICULA, fig. 133]. Sur un bas-relief du Vatican, de chaque côté d'un autel, dont le feu est allumé, un homme et une femme, la main étendue, présentent des statuettes de dieux Lares (fig. 0102)1. Un médaillon de l'empereur Commode est décoré d'une scène analogue2. Sur une pierre gravée du Cabinet des Médailles, Caracalla offre à Mars une statuette de la Victoire 3. On a vu plus haut [COMPITALIA, fig. 1886] une cérémonie dans laquelle un Camillus porte une statuette de dieu Lare, que l'on va déposer dans la chapelle du contpitum'. Tous ces exemples nous montrent en action l'offrande et la consécration religieuse des sigilla [CONSEC.HATIO, DT:DICA'rlo]. Dans les inscriptions latines on mentionne parfois l'autel sur lequel est placé la statuette (ara ((uni sigillo)3. Remarquons que les figurines ainsi consacrées ne représentent pas seulement des divinités, des hommes et des femmes, mais aussi des animaux. A Olympie, ce sont de véritables troupeaux de bêtes, chevaux, taureaux, béliers, qui remplissaient la favissa creusée près de aussi Corp. roser. lat. XIII, 2846, mulet do bronze dédié Deo Segomoni (Trouvé à l'IIéraion r . Au Kabirion de Thèbes' les petits taureaux de bronze sont sortis en grand nombre des fouilles. On a vu plus haut [DONAH1I'M, fig. 3741, p. 375] la variété de ces représentations d'animaux dont plusieurs portent des dédicaces inscrites sur leur corps (fig. 2537, 2538) 8. Le sens de ces offrandes est assez complexe. Le bétail fait partie de la richesse du dieu qui est propriétaire, qui possède des terres, des champs, que ses prêtres administrent et font valoir pour lui y. A. l'origine, les représentations d'animaux n'ont pas d'autre but que de symboliser cette richesse, de l'augmenter par des simulacres qui aideront à la multiplication réelle des troupeaux 10 Mais, de plus, le dévot y mêle naturellement une idée qui lui est personnelle ; en faisant plaisir au dieu, il attire sur lui sa bienveillance, et le dieu, à son tour, fera prospérer la maison et les biens du fidèle ; c'est un contrat de réciprocité. Enfin le simulacre de l'animal rappelle le sacrifice réellement fait ou remplace, pour les pauvres, le don de l'animal qu'ils n'ont pas pu apporter en réalité. On offre à la divinité tel animal qui lui est spécialement consacré, qui passe pour sort attribut personnel, le bouc à Dionysos, la colombe à Aphrodite, etc. On trouve aussi des ex-voto d'un caractère plus énigmatique, des lions, des sphinx, un lièvre ( fig.2537), une grenouille (fig. 2538), une tortue (fig. 6403), etc. 1f. Toutes les idées se superposent et se mêlent dans les offrandes de cette nature. Les précédentes observations feront comprendre aisément le rôle qu'ont joué les sigilla dans la religion funéraire. Le sens de ces offrandes a été obscurci par toutes sortes d'exégèses, parce que l'on a voulu considérer la déposition des figurines dans les tombeaux des morts comme un fait isolé et. particulier'. Au contraire, ce fait se rattache aux conditions générales et ordinaires du culte religieux chez les anciens. Le mort est considéré comme un dieu ; le défunt est héroïsé. S'il est favorable aux survivants, ceux-ci bénéficieront de sa puissance protectrice ; s'il est irrité contre eux, ils pàtiront de son ressentiment; de là vient la nécessité de lui apporter des offrandes. C'est l'idée fondamentale qui a réglementé la religion funéraire, si compliquée et si méticuleuse, des Égyptiens. C'est aussi celle qui domine dans les pratiques moins précises et moins détaillées des Grecs. Le dieu dans son temple, le mort dans son tombeau sont deux termes assimilables. Tous deux, avec des différences d'importance attachée à leur rôle, de richesse dans le choix des cadeaux, sont honorés de la même façon. Il n'est pas besoin d'imaginer ni des formes spéciales d'offrandes, ni un sens différent pour les images apportées aux morts comme aux dieux. [1 faut seulement comprendre que tout objet devient sacel% du moment qu'il leur est offert et qu'il fait partie intégrante de leur mobilier. Les volo d'ivoire provenant de l'Artémiséon de Sparte (Aotsual Rrit. Sel,. XII, p. 328, fig. 5 a). 12 Pour la discussion sur ce point et l'exposé des anei, ns s -dénies relatifs à l'interprétation des figurines trouvées dans les tombeaux. voy. E. Pottier, p. 263 sq. L'ensemble de la méme théorie a été adopté par M. Haussoullier, Quo/i gurines de la Gaule, 1891, p. 86; l'arts. Etatée, 1892, p 161. 164 SIG 1306 SIG sigilla ne peuvent pas se séparer, ni dans les temples, ni dans les tombeaux, du reste du matériel religieux. lls ont même destination: enrichir la propriété de celui ou (le celle que l'on veut se rendre favorable, lui procurer une vie plus confortable et, par réciprocité, attirer sur le donateur la protection d'un nuinen tout puissant. Le mobilier funéraire, ainsi interprété dans son ensemble, s'explique sans difficultés [FUNUS, p. 1379(. Les sigilla funéraires correspondent aux statues et aux statuettes placées dans les sanctuaires. Ils se divisent en deux catégories : images religieuses, images familières. Les images religieuses comprennent les représentations des divinités spécialement affectées au culte des morts, surtout Déméter et Coré à l'époque archaïque, puis d'autres qui, dans la suite des temps ont pris un rôle de plus en plus important et se substituent peu à peu aux grandes Déesses, comme Dionysos et Aphrodite t. Les images familières ont au début un rôle pratique et bien défini, qui est de nourrir le mort, de le laver, de l'entourer de servantes et de femmes qui lui permettront de continuer confortablement sa vie matérielle' ; le cortège funéraire s'accroit aussi de compagnons, de cavaliers et aussi de soldats qui perpétueront dans la seconde existence la joie des exploits guerriers 2; au vi' siècle on voit encore se multiplier les maquettes représentant les cuisiniers, les coiffeurs, les boulangers et pétrisseuses de pain (fig. 6404)'•. Puis un changement se fait; l'évolution des idées et des moeurs purifie, au ve siècle, ces supers ti tions grossières et, sans renoncer à l'idée de compagnie donnée aux morts, on abandonne ou on adoucit l'expression des jouissances purenient matérielles. Ce sont des scènes de banquets a, ou plus simplement encore, des statuettes de jeunes hommes et de jeunes femmes qui, mêlées aux images des divinités, montrent, comme dans les stèles sculptées funéraires, la famille et les amis accompagnant le défunt jusque dans la mort et lui rendant hommage". On arrive, de proche en proche, et sous la poussée d'influences artistiques qui de plus en plus développent le caractère familier et réaliste de la plastique, aux gracieuses et pimpantes figurines du 1iet du ut" siècle, dont la fabrique de Tanagre e produit les types les plus célèbres (fig. 6405)1, et qui, au ne et au 3er siècle avant notre ère, prennent avec les modeleurs de Smyrne, de Tarse et de Myrina une allure encore plus variée, plus libre et un peu sensuelle'. Depuis les origines jusqu'à l'Empire romain, les formes et les sujets, le style et la technique ont changé, mais les idées directrices et fondamentales, le sens et la destination des sigilla n'ont pas variée. Il est naturel que le culte des morts, comme le culte des dieux, ait donné naissance à certaines caté gories d'ex-voto plus spéciaux. De même qu'aux abords d'Eleusis, les pèlerins rencontraient des boutiques remplies des images des grandes Déesses, de même aussi les abords des nécropoles devaient se garnir de dépôts d'offrandes oà l'on trouvait des sujets particulièrement funéraires : les déesses assises, les grands masques de Déméter, les Sphinx, les Sirènes pleureuses, les Eros aux mines funèbres, y formaientsans doute une partie essentielle des étalages t0 Mais il est évident aussi que telle statuette de femme drapée, telle figurine d'enfant, telle Victoire aux ailes déployées n'a nullement été fabriquée dans une intention funéraire, puisque les mêmes types se retrouvent dans le temple d'Élatée, dans les maisons de Priène ou de Pompéi 1f, comme dans les tombes de M yrina. Remarquons seulement que parmi les ex-voto déposés dans les tombeaux on ne trouve jamais, du moins à notre connaissance, des statuettes de bronze ni de métal. Est-ce une simple raison d'économie? Y avait-il quelque rite ou quelque superstition qui interdisait l'offrande d'images de métal? Nous ne saurions le dire avec précision. Rappelons seulement qu'à Rome la Loi des XII 'fables interdisait de déposer de l'or dans les sépultures, sans doute pour une raison économique et peut-être aussi pour les préserver de violations sacrilèges [l'UNES, p. 13941. Nous tiendrons compte, dans la fabrication des sigilla, des jouets que l'on faisait pour les enfants, 7s'Azy °)é 12• Dans les tombes mêmes on recueille des terres cuites qui ont sans aucun doute ce caractère 13. La poupée de bois, de terre cuite ou de cire, chez les Grecs comme chez les Romains, aux bras articulés ou non, a le plus souvent l'aspect qu'elle a encore de nos jours, celui d'une femme nue que l'enfant peut habiller de chiffons [PUPA, sA'l'UxNALTAJ. Quelques stèles funéraires attiques, d'un beau style, nous offrent l'image d'enfants ou de jeunes filles tenant dans leurs mains une petite idole, une poupée, qui est à la fois le symbole de leurs amusements passés et le rappel de l'ex-voto usuellement offert aux défunts [PupA, lige 5881?] ". La consécration des sigilla dans les chapelles domestiques, dans les laraires, dans l'intérieur même des maisons, prête à certaines observations. Bien que la religion des LARES, des PENATES, des MÂNES, ait pris chez les Romains un caractère encore plus intime et plus SIG 1307 SIG individuel, créant dans chaque demeure une chapelle de culte et jusque dans la cuisine un emplacement consacré aux dieux protecteurs du foyer [et0NA, fig. 20961, on sait que les Grecs n'ont pas été moins attentifs à observer le culte des ancêtres, mais en lui donnant une physionomie plus générale et plus civique, conformément aux idées de leur race : ce sont les ' onp.ovcç xaTazOdvtot, les d'abord représentant l'héro'isation des morts illustres, s'appliquent plus tard aux défunts de tout rang ~In.ROS, p. 145, 147, 1551 et jouent le rôle de véritables Gares. Il y a aussi chez les Grecs des dieux, comme Hermès, qui s'instituent les gardiens du foyer t. Que l'intérieur des maisons grecques aitcontenu tout autant de sigilla que les maisons de Pompéi, c'est ce que nous savons maintenant avec précision par les fouilles de Priène'. Même si ces statuettes n'ont pas été réunies dans une petite chapelle spéciale, semblable au lai urinai latin, même si elles ont été placées aux carrefours des chemins ou auprès des portes des habitations ou bien disséminées dans des niches, à l'intérieur de la maison ou placées dans des armoria '', on ne peut pas douter de la valeur religieuse qu'il convient de leur attribuer. Il en est de même, d'ailleurs, pour les maisons romaines. Non seulement les sigilla du culte familial trouvaient place dans la chapelle domestique, mais on sait qu'à Pompéi des loculi aménagés dans les murs pouvaient recevoir des statuettes 6. L'idée de décoration s'ajoutait alors naturellement à l'idée de protection de la maison. De même, les peintures mythologiques si nombreuses qui ornaient les villas n'étaient pas seulement faites pour récréer les regards: elles attestaient aussi la dévotion du propriétaire envers telle ou telle divinité dont ces peintures retraçaient l'image et les aventures. 11 ne faudrait donc pas s'imaginer que le souci d'art et le désir d'embellir la demeure suffisent seuls à expliquer la présence des sigilla dans les habitations antiques. Sans doute il faut tenir compte de la manie qui s'empara des riches Romains à la tin de la République et sous l'Empire pour collectionner des oeuvres d'art; les folies criminelles de Verrès en Sicile sont bien connues et Horace ou Martial ne manquent pas de décocher leurs railleries à l'adresse des « aviateurs » de leur temps Mais ce sont là des modes et des goûts de luxe, permis seulement à un petit nombre, qui ne rendraient pas compte du sentiment général doit sont issus les sigilla. En ce qui concerne les ]araires romains, on a vu plus haut qu'ils étaient abondamment garnis de figurines, généralement en bronze FLAREs, fig. 434îj 8. On ne se contentait pas d'y placer les images des dieux protecteurs du foyer ; on y rassemblait toutes les divinités que le chef de la famille vénérait en particulier. L'empereur Alexandre Sévère avait, dit-on, réuni dans sa chapelle privée l'image du Christ à celle d'Orphée, d'.lbrahamn et d'Apollonios de Tyane ; il honorait aussi d'un colle Achille, Alexandre le Grand, Cicéron et Virgile'. Les sigilla sont, en général, des (enivres anonymes. Cependant, dans certaines régions en particulier en AsieMineure (Myrina, Cymé, Priène) 10 et en Gaule ", les fabricants ont pris l'habitude d'apposer leur nom ou leur marque particulière sur les terres (mites, sans doute pour des raisons commerciales, plus que par considération pour la valeur artistique de leurre `su;NLM). Les petits bronzes ne sont pas signés. Pourtant, c'est dans cette série, comme dans celles des petits marbres, qu'on a pu réaliser des morceaux de prix. Dans l'antiquité même on citait un petit bronze de Lysippe, Hercule Epitrapézios qui ornait la table d'Alexandre le Grand et qui aurait appartenu ensuite à Hannibal, à Sylla, avant d'arriver aux mains de l'amateur Nonius Vindex ". On vantait aussi à Rome la statuette d'un jeune favori de Brutus, exécutée par Apollodore f3. De très belles figures comme la Minerve de Chantilly t4, comme l'Hercule du Louvre'', comme le cavalier combattant de Naples [HETAmGI, fig. 3833j", peuvent donner une idée de la perfection qui fut atteinte en ce genre. II. Les mots sigillurn, siyillatus, s'appliquent à des reliefs de métal ou d'argile qui décoraient des vases ou des margelles de puits ou tout autre objet". Sigilla désigne aussi des ornements de stuc posés sur les parois des habitations18, Pour cette catégorie des bas-reliefs TECTOR1CM. Le même terme est employé au sujet d'étoffes ornées de broderies" tSEGMENTCM, p. 11711]. 111. Sigillurn désigne encore le sceau avec lequel on marquait dans une frontière molle l'empreinte de son cachet, bague ou pierre gravéeat'. Nous renvoyons à