SIGNATOR. Nom du contre-maître qui, chez les Romains, dirigeait les opérations de la frappe des espèces [MONETAR11]. F. LENORMANT•
SIGNUA1 (Erl eo(ov). Signe, signai et, en général, tout ce qui sert à annoncer ou à faire reconnaitre. Nous devons nous arrêter sur quelques sens de ce mot.
1. Signum, sigillum, afpa'i(;, o'rgnfov, sceau, cachet, timbre. Il n'y a pas de différence essentielle entre sceaux et pierres gravées : les fouilles ont fait apparaître,
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par centaines, des estampilles sur argile faites avec des pierres trouvées dans le même gisement 1 ; la gemme simple ou grossière n'avait sans doute pas d'autre destination ; perfectionnée et faite de riche matière, elle devint en outre un ornement. Négligeant ici ce dernier point de vue GEMMAE] et la fabrication de ces objets [sco LPTURA], nous insisterons sur leur emploi comme sceaux, et sur les exemplaires de dates très lointaines découverts dans les toutes dernières années.
GRÈCE. Les Orientaux, dès la plus haute antiquité, avaient des pierres gravées servant de cachets' ; on admet généralement [ANELOs] qu'ils en transmirent l'usage aux Grecs. Cette hypothèse n'est point indispensable, vu l'époque très reculée à laquelle remontent certains sceaux de la Grèce propre : en Thessalie, on a mis au jour des cachets de terre cuite, qu'il y aurait peut-être imprudence à dater, avec celui qui les a publiés3, des débuts de l'àge de pierre, mais qui sont vraiment des cachets de sauvages, dont l'empreinte consiste en simples rayures parallèles', ou en marques profondes, dyssymétriques ou vaguement rayonnantes 6; une sorte d'oreillette permet de les saisir ; elle est percée d'un trou où passait le fil de suspension 7. Ces objets n'ont aucun caractère décoratif; il en est déjà autrement des sceaux trouvés en Crète 6, dont plusieurs remontent jusqu'au IIIe millénaire avant notre ère. Les tombeaux de la première époque minoenne, fouillés à Ilaghia Triada, à l3llaestos, ont livré des exemplaires généralement en ivoire ou en os, plus rarement en pierre (stéatite); les formes sont très variées: cônes, pyramides, prismes, cylindres 9 ; les représentations, où se marque déjà une certaine habileté technique, ne se bornent pas aux signes géométriques ou simples lettres ; on y remarque des êtres vivants (oiseaux, animaux, idoles), même parfois des hommes ; il y faut ajouter une curieuse représentation (fig.6437) en spirale, peut-être du labyrinthe f0. Pendant la deuxième époque minoenne, ce qui domine, ce sont les formes prismatiques, à trois ou (plus rarement) quatre faces, offrant chacune un type différent gravé dans la stéatite, matière que le pays fournissait 11. Entre beaucoup d'exemples i2, on en peut relever un où apparaît un nouveau témoignage du culte de l'arbre 13 Les points de contact sont plus sensibles alors avec les autres civilisations ; par contre, chose singulière, la technique devient plus grossière. A la fin du minoen, qui coïncide avec la période mycénienne, se vulgarise l'usage
des pierres dures et précieuses, taillées en forme de lentille ou d'amande t4 ; on y voit parfois des signes symboliques, en général des scènes de la vie quotidienne. Aux nombreux exemplaires mycéniens déjà connus antérieurement (fig. 3490 à 3500)' on en joindra d'autres caractéristiques: un prêtre ou sacrificateur tenant la hache 1', une lionne mordant un taureau 17, et surtout un char traîné par deux chèvres sauvages, animaux indigènes de file i8.
Il n'est donc plus soutenable que la civilisation mycénienne « n'était pas mûre pour l'usage du sceau f9 ; l'évidence ressort nettement de la grande trouvaille de Gakro, oit 144 empreintes différentes ont été reconnues dans des noyaux d'argile. Les types sont très divers; il n'y faut point chercher une pensée artistique, mais le dessein tout pratique de donner à chaque sceau une individualité marquée ; la plus incroyable fantaisie a multiplié les types de monstres ; multiplicité voulue, afin de varier les cachets, d'aider à les distinguer et de dépister les contrefaçons 20. Ajoutons que certains noyaux d'argile d'Haghia Triada présentent un trou, où devaient passer la ficelle ou les fibres végétales rattachant le sceau à l'objet dont il assurait la conservation ou le secret". Ce noyau d'argile était peut-être fixé sur un ballot de marchandises, et conservé ensuite, en témoignage de quelque opération commerciale22.
Les poèmes homériques ne contiennent aucune mention expresse d'un usage semblable; il est seulement question de lots ayant reçu une marque distinctive, non précisée 23. Les héros d'alors ne portent pas d'anneaux, comme Pline le fait observer "4 ; or, l'anneau servit à protéger le cachet avant d'être considéré comme un ornement". Il Importe peu que, dans des oeuvres de fiction, oit entrent des idées plus récentes, les anciens personnages mythiques soient décrits avec des anneaux aux mains 26 ; ce sont anachronismes
littéraires. Le cachet fut-il d'abord au doigt, en bague? Hérodote27, a-ton dit26, n'indique point comme une particularité l'usage babylonien de le porter au cou ou au poignet. N'en concluons pas trop vite qu'il en était de même dans la Grèce d'alors ; des sceaux archaïques (fig. 6438),
d'autres du plus beau temps de à monture métallique. l'art29, ont comme moyen de préhen
sion un arc métallique comparable à un anneau, riais qui n'est, pas toujours arrondi. Est-ce donc le système le plus commode ? Nullement, on préfère aujourd'hui un manche droit sur lequel appuie la paume de la main, et on en a trouvé de semblables en Crète
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(fig 0139), qui sont contemporains de Page mycénien' ; nous pourrions donc conjecturer qu'on imitait un anneau parce que, d'habitude, le cachet était attaché à une bagne'.
Néanmoins, les résultats des fouilles, rapprochés de ce que nous montre l'épopée homérique,indiquent que le sceau est antérieur à l'anneau. Il
y avoir, aux
premiers temps, des cachets portés ailleurs qu'à la main. Les inventaires du Parthénon mentionnent plus d'une fois des sceaux pourvus d'anneaux, d'or ou d'ar
on a mis en doute' que ces Saxré),toi fussent réellement des anneaux de doigts, munis d'une pierre enchâssée; ils pouvaient être de simples anses arrondies, mobiles, dont on enfonçait les extrémités, au moment de cacheter, dans deux trous pratiqués dans la pierre. Le trésor, en effet, comprenait aussi des apoayiseç âvau ôxxtiu),Coov4 et des atpoayilsç a(8tvat'i),x(, c'est-à-dire des pierres dépourvues de leurs appendices de préhension, dont le dépôt était inutile, en raison de leur valeur insignifiante'. Dans des inventaires analogues, de date plus récente, comme les archives (hellénistiques) de Délos, on constate un singulier renversement des formules : ce n'est plus la pierre qui a un anneau, c'est l'anneau qui a une pierre,
à partir du ive siècle, le port du iexTunto:, s'est beaucoup répandu' ; pourtant, pendant la guerre du Péloponnèse, c'est encore une parure qui distingue les notables et les raffinés': Eupolis, voulant accuser, et exagérant le luxe des Cyrénéens, dit que chez eux le moindre bourgeois porte des cachets de dix mines', et pour les sophistes, qui cherchent à éblouir, Aristophane 10 trouve ce sobriquet: atppayiSovuzapyoxogrveç. Dans les inventaires déliens les plus anciens, on voit mentionnés des cachets sans anneaux"; il est difficile de juger de leur valeur: presque toujours on jugeait superflu de les peser'".
Avant Alexandre, c'est le plus souvent de la même matière que sont faits et l'anneau et le cachet; on n'a guère conservé intacts que des spécimens d'anneaux des riches, en or " ou en électrum14; ceux d'argent ont été
pour la plupart détruits par l'oxydation 15, qui, sans anéantir les exemplaires en bronze, les a endommagés au point que les types sont rarement reconnaissables 16. Ces derniers sont les plus nombreux, ce sont ceux de la classe moyenne; de bronze étaient probablement les sceaux dont on a retrouvé tant d'empreintes dans les ruines d'un des temples de Sélinonte; elles sont marquées dans de l'argile et s'espacent chronologiquement de 350 environ à 249 av. J.-C. ; les types courants sont assez simples : têtes humaines, masques, animaux, des symboles, comme la foudre, le caducée ailé, la corne d'abondance, des épis ou pavots, etc. i7. Quelques spécimens très curieux de ces cretule ont reçu plusieurs timbres (fig. 6140)18: au milieu
une marque aux types du dau
phin et de la massue (d'hercule), qui doit provenir d'un sceau public, de la ville ou des prêtres du temple ; tout autour, des cachets de particuliers t3. Quant aux gens de peu, ils se contentaient de pâtes de verre 20, encliâssées ou non dans une feuille d'or'', peut-être aussi de vieux
morceaux de bois, oit la morsure des vers avait dessiné comme des figures 22.
A Athènes, de pratique courante, tout propriétaire ou intendant cachète ce qu'il veut mettre en sûreté ; les choses du ménage sont ainsi tenues a l'abri des esclaves pillards23; la précaution est de règle surtout en cas d'absence 24. Dans la coutume de l'échange des fortunes, en vue d'échapper à la triérarchie [ANTIDOSIS], les deux parties apposent leurs timbres sur leurs biens mobiliers, pour la sincérité de l'opération". Les documents20, notamment les lettres u, sont reliés par un fil (a(vov), sur lequel s'applique une pincée de terre, à un endroit 'choisi de telle façon qu'on ne puisse ouvrir sans rompre l'estampille qu'elle a reçue [EPJSTOLAE] ; on employait à cet effet une argile asiatique très adhérente, yin art vev-cp(ç 28,
Pour que les sceaux offrissent une garantie sérieuse, l'idéal était qu'il n'y en eût pas deux semblables : on connaît la loi de Solon interdisant au fabricant de garder une empreinte du sceau qu'il avait vendu"' ; loi Inefficace, enfreinte pour un triobole et facile à tourner même sans complicité du marchand : on coupait la cire au-dessous de l'empreinte, à l'aide d'une aiguille rougie,
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puis on rapprochait les deux fragments en chauffant à nouveau'. Une empreinte de sceau pouvait encore servir de pièce d'identité. On en remettait aux messagers politiques, privés' ou galants"; un anneau, ou sa marque, tenait lieu aussi de mot de passe en temps de guerre". Ce sont des sortes de cachets que les tessères d'hospitalité [HOSpiTIEM, p. 2981, que les tablettes ou jetons qui servaient de moyen de reconnaissance dans les assemblées, aux jeux, aux théâtres, etc., et les tessères de plomb que l'on possède en si grand nombre [TESSERAE]. Voulant honorer Straton, roi de Sidon, la boule athénienne lui offre, entre autres dons, un certain nombre de Qup.'ona, devant servir à identifier ses envoyés à venir 5 et qui reçurent apparemment l'estampille de l'État
N , c 1
(xTTlxw a-r îov). Celle-ci se retrouve, par exemple, dans plusieurs timbres sur les tablettes d'héliastes [IELIAEA] (fig.6441) oh I'on voit une chouette de face, une double
chouette à tête unique, accompagnée des initiales du nom d'Athènes et un masque de Gorgone, toutes
marques de contrôle de l'État; de même sur une tessère d'héliaste en plomb (fig. 6442) estimprimée uneehouette ; c'est un jeton de présence aussi bien que le plomb (fig.67t43) timbré de deux chouettes et du mot i7PYTANEA, que le prytane échangeait contre son salaire (utrs0dç [3ou),ouTlxds)
Le garde des sceaux, à Athènes, était l'épistate des prytanes'. On voit un plaideur demander que les prytanes interrogent les esclaves publics et transmettent au tribunal leurs réponses cachetées Un décret de 435/4, relatif à l'élection des trésoriers publics [rAMIAS], spécifie que les trésoriers d'Athèna se joindront à eux pour fermer et sceller les portes du trésor 70. En matière de justice surtout, le sceau public a un grand rôle : on l'appose sur les pièces de procédure 1, sur les biens confisqués 12; les magistrats d'ordre judiciaire, au surplus, usaient de leurs cachets personnels'", quelquefois aussi les juges''".
Dans bien des circonstances même, à côté du sceau public, chaque citoyen était libre d'apposer le sien ; la multiplicité des cachets était une garantie qui se rencontre dans divers décrets ath éniens'0. Dans une affaire d'oracle intéressant la confédération des Magne tes, les dix stratèges, les dix nomophylaques et un prêtre encore mettent leurs cachets '0. Dans une inscription de Smyrne 1', stratèges et exétastes cachètent avec le sceau de la ville et. leurs cachets particuliers. Le timbre de la cité est souvent aux mains du trésorier ('cn (nç 19
Le sceau public, rougi au feu, marquait les esclaves publics d'Athènes L0, peut-être aussi les victimes sacrées ; nous ne savons dans quelle mesure on s'inspirait en Grèce de la pratique égyptienne, suivant laquelle le prêtre marquait les boeufs à sacrifier avec une bande de papyrus cachetée autour d'une des cornes". La garde des troupeaux sacrés et, pour les particuliers, la nécessité, de bonne heure sentie en Grèce, d'envoyer paître au loin les animaux [RUS'rICA nESI, devait amener la pratique de la marque, comme on l'a vu pour les chevaux [EQuus, p. 800, NOTA].
Bien que la loi n'imposât pas cette formalité, les contrats étaient d'ordinaire revêtus des sceaux des parties qui y intervenaient, en présence de témoins; les testateurs cachetaient de même leurs actes de dernière volonté [TESTAMENTUM] '2 , et par mesure de précaution on enveloppait le cachet d'une coquille (xdy/rt) protectrice ; ouvrir le testament se disait par suite âv«xtyyu:Elv'3, Les témoins aussi, peut-être, ajoutaient leurs sceaux personnels24, mais nous n'en avons aucun indice probant". L'intérêt de cette formalité n'était point tant dans la garantie du secret qu'elle semblait donner, car les Grecs étaient habiles à déjouer ces précautions20, que dans les avantages accessoires qui en découlaient: une personne, dont le nom ne figurait pas à l'acte, était pourtant tenue comme caution, si un témoin affirmait qu'elle avait accepté cette qualité et si elle avait apposé son sceau 27. Il a pu et il a dû arriver que l'empreinte figurât au bas du texte même; mais en général les sceaux, en Grèce, s'appliquaient sur les documents pliés et enveloppés, pour en empêcher l'ouverture frauduleuse''.
ROME. Que ce soient ou non les usages orientaux21 et grecs qui aient influencé à cet égard les habitants de l'Italie, il reste indubitable que, de très bonne heure, ils s'habituèrent àporter un anneau, non ornatus, sed signandi causa 30. En effet, dans la Rome ancienne, si les femmes ont des bijoux d'or, les hommes n'en ont pas ; l'anneau-cachet que porte chaque citoyen estenfer 31
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On sait que les Romains de qualité dédaignaient d'écrire eux-mêmes et préféraient dicter à un secrétaire; à cette écriture impersonnelle il fallait la garantie d'un sceau. Ensuite l'anneau fut, en outre, un ornement, ou peut-être y eut-il bientôt deux sortes d'anneaux' ; du moins des textes de basse époque donnent à penser qu'on distinguait celui qui servait à signer par des qualificatifs : anulus signatorius "on sigillaricius 3.
Cet anneau imprimait le caractère d'authenticité aux actes les plus graves de la vie 4: fiançailles, tabulae nuptiales 3, testaments; il ne suffisait pas pour faire une institution d'héritier, mais il ajoutait une force considérable à tout acte écrit dans ce sens. L'anneau sigillaire, vu son importance spéciale, n'était pas confondu avec les autres bijoux ; et en cas de legs des ORNEMENTA, il n'était pas compris sous cette formule globale 8. Au temps des moeurs simples', le cachet n'était apposé que sur les actes importants et exceptionnels, ou sur les choses très précieuses; plus tard, comme en Grèce, on prit l'habitude de tout mettre sous scellés dans la maison 8 ; aussi l'anneau des fiançailles n'était-il pas donné comme bijou, mais comme symbole de la surveillance à exercer dans tous les recoins de la demeure conjugale'. Ce n'est pas, juridiquement, le signaculum particulier de la femme ; c'est celui du maître qui l'a confié en garde à son épouse; parfois, avant de mourir, il le lègue à sa fille ai née 10, ou en même temps à sa femme et à sa fille' 1. On a au Musée britannique, provenant d'Égypte, une serrure en bois qui présentait, à l'extrémité d'un couvercle mobile, une cavité où devait être insérée l'argile ou la cire cachetée servant à garantir que la gâche n'avait pas été tirée '2. On possède également quelques boites de bronze à charnière, percées, sur les côtés, de deux trous pour le passage d'un fil (?), et que plusieurs tiennent pour des boîtes à sceller (une porte de coffre ou d'appartement) 13 ; mais d'autres y voient plutôt des boites à parfums, sans pouvoir expliquer tous les détails
Étant donné ce qu'on sait du faste et de la complication que les riches Romains mettaient dans leur existence, il est fort probable que chacun d'eux gardait sur lui un sceau de grand prix pour ses lettres et les actes publics1c, laissant à quelque intendant, pour fermer les coffres10, un cachet vulgaire auquel la clef était souvent attachée (fig. 349). Le premier pouvait avoir quelque type en rapport avec les fonctions exercées par son détenteur: on a retrouvé deux pierres gravées (fig. 6043-6046) qui devaient appartenir à des Saliens; elles représentent le transport des boucliers sacrés. Les figures et légendes de ces sceaux offrent la variété qu'on a déjà
VIII.
rencontrée à l'époque grecque [GEMMAE] ; ce pouvaient être simplement les noms du propriétaire ou des portraits d'ancêtres, d'amis, des objets religieux, des allusions à l'histoire, réelle ou mythique, de la famille 1
Sous la République, le cachet en or des magistrats faisait partie des objets d'équipement nécessaires, compris dans le vasarium, et qui leur étaient fournis avant leur départ, par voie d'adjudication publique [SALARICM]. On tonnait par les auteurs les sceaux de la plupart des césars [ANULUS, p. 293 ; GEMMAE, p. 1484] f 8. L'Empereur permettait quelquefois l'usage de son anneau officiel à ceux qu'il voulait qu'on regardât comme ses représentants"; on a même pensé qu'une magistrature, la cura anuli, était affectée à la garde du sceau du prince ; mais ce titre n'apparait qu'une fois, du temps de César20, et semble une redondance, car la cura epistularum y est ajoutée ; et pratiquement, cette Magistrature n'était point nécessaire 2l
Après la conversion de Constantin, les anneaux de luxe deviennent plus rares. Clément d'Alexandrie 22 recommande aux chrétiens de ne point choisit' pour leurs cachets le signe de la croix ou la représentation de quelque mystère religieux, qui pourraient les trahir13, ni des images idolâtres, car il y aurait péché; mais des figures allégoriques ou des emblèmes convenus, comme l'ancre et le poisson (fig. 322)2Y.
De même qu'en Grèce les sceaux furent d'usage courant dans tous les actes de la vie juridique25 ou commerciale. Du sol de Pompéi on a exhumé bon nombre de ces tabulae ceratae2t constatant
l'acquittement d'une dette, et réunies le plus souvent en triptyques : deux des tablettes se rabattaient l'une sur l'autre, de façon à recouvrir le texte ; des cordonnets les liaient ensemble et s'engageaient dans une rainure pratiquée au dos de l'une d'elles ; on appliquait sur eux les sceaux des témoins 27 et en face de chaque cachet étaient inscrits, sur la troisième tablette, les noms
du témoin correspondant (fig. 6444)23. La loi d'un collège funéraire29 prévoit le décès d'un membre habitant à plus de vingt milles de Rome; celui qui aura pris soin des funérailles pourra obtenir le funeraticium, moyennant précaution semblable : testa [ter rem tabu]lis signatis sigillis civium Ilomanor. VII.
167
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Il est souvent fait mention des cachets apposés par les sept témoins sur un testament' [TESTAMENTFM, cf. IIPLOMA, p. 268j. En droit prétorien, leurs cachets et signatures sont la seule formalité requise2, et le préteur considère le testament comme révoqué si le testateur a rompu les cachets. Le testament tripartite, introduit sous Théodose le Jeune, impose, outre cette adscriptio ou superseriptio, la subscriptio, à l'intérieur, du testateur et des témoins 3. Un papyrus de Ravenne 4 nous donne un procès-verbal d'ouverture de testament (en 474 apr. J.-C.) 3. Il constate la demande d'ouverture adressée par la veuve du testateur aux magistrats municipaux, la reconnaissance par les témoins présents de leurs cachets 6 et l'explication fournie par eux de l'absence des autres. Une curieuse représentation figurée d'une telle
par la justice''. Ces exemples suffisent à montrer le rôle des sceaux dans la vie publique 16 ; ajoutons que les falsifications ou destructions de sceaux étaient durement réprimées Le sceau romain peut avoir une double utilité : garantie d'origine, garantie du secret, et un seul assure les deux quand il couvre un document destiné à n'être ouvert qu'une fois, une lettre particulière, par exemple, ou un testament. Mais pour un diplôme appelé à être souvent présenté, ainsi une lettre du prince conférant le droit d'user de la poste impériale, la force probatoire ne résultera plus du sceau extérieur ou de clôture, mais du cachet au bas de l'acte, qui certifie la provenance. C'est ce dernier qu'appose un domines ou un curator approuvant un acte, et les responsa prudentium recevaient sans doute aussi ce cachet de signature,
opération nous est fournie (fig. 6143) par un bas-relief de 'tome 7: au milieu le magistrat assis, ayant auprès de lui ses licteurs et, derrière, des curieux ; à droite les sept témoins qui viennent reconnaître leurs sceaux, et à la suite le jeune héritier. Il pouvait arriver, d'ailleurs, que les sceaux fussent endommagés et impossibles à, reconnaître; on en vint sans doute à admettre, en raison des autres formalités de garantie, que le consensus signantium 3 était néanmoins acquis 0. Lorsque, dans toute autre affaire, les documents originaux ne pouvaient être présentés au tribunal, comme il arrivait si souvent avec les tabulae lzonestae missionis, les signatores attestaient que la copie était bien conforme 10
Quand des particuliers obtenaient des autorités compétentes des copies de rescrits impériaux" ou de sénatusconsultes, l'authenticité du texte était certifiée par sept signatores privés qui mettaient leurs sceaux 12.
Dans un procès criminel, le tribunal ordonnait souvent la saisie des papiers de l'inculpé même dans les archives des autorités municipales 13. Dans la mesure où il le jugeait nécessaire, le demandeur faisait mettre ces pièces sous scellés et les envoyait à Rome. Le magistrat dirigeant le procès les recevait, et, assisté de jurés, les faisait placer à nouveau sous scellés 1' `. Le demandeur avait vraisemblablement ensuite la faculté d'en prendre connaissance, en les faisant ouvrir et replacer sous scellés
et non de clôture, contrairement à l'opinion cou
Plus d'une maison de Pompéi a été dénommée d'après les signacula qu'on y a découverts ; ce sont des cachets en pierres précieuses, ou en or, argent, verre, quelquefois des lamelles de bronze attachées à l'anneauf0 ; tel le cachet que l'on voit (fig. 6446), qui a fait changer le nom de la maison appelée d'abord maison des Princes russes en celui de maison de Siricus. Les empreintes portent, souvent, comme ici, en écriture rétrograde, le nom, au génitif, du possesseur, qui les apposait sur les denrées alimentaires. S'il était commerçant, il appliquait son cachet sur ses produits. La pratique de l'estampille, à l'époque romaine, prend un développement extraordinaire20. En cérarnique, la plupart des ornements sont estarnpés, c'est-à-dire obtenus par une série de moules minuscules, fort analogues à des cachets, doit l'expression terra sigillata. Bien entendu, le procédé servait notamment à timbrer l'objet au nom de l'officina [DOUANE OPUS, FIGLINCM opus, fig. 3042'_. Cette habitude de marquer les poteries est fort ancienne : on la trouve chez les Pharaons d'Égypte 21, les Babyloniens et les Assyriens ; les Étrusques et les Italiotes usaient aussi d'instruments à estampiller". Sur les vases grecs, les signatures sont plutôt
peintes ou gravées à la pointe; pourtant. déjà alors, on timbre parfois avec un moule; il a même été soutenus que les Grecs se servaient, pour marquer les amphores, de lettres mobiles réunies dans une sorte de composteur. La chose reste assez douteuse [InscRIPTIONES, p. 534-535] ; au dos des figurines trouvées à Myrina 2, on lit quelques inscriptions visiblement produites par le moule, puisqu'elles se rencontrent, exactement pareilles, sur plusieurs exemplaires (fig. 6447)3; mais cet usage parait propre à l'art gréco-romain. D'autre part, sur les faieres romains, au moins sur ceux qui présentent les lettres en relief, ces dernières se coupent quelquefois, et on voit, des corrections, des surcharges, toutes choses qu'expliquerait mal l'emploi d'un composteur`.
La plupart de ces .signacula commerciaux étaient en bois dur (peut-être en buis'), car des fentes y apparaissent; au reste, les timbres en bois sont très anciens 6 ; ce type a pu venir dans le Latium' ou la Campanie, d'Égypte, off l'on en a trouvé surtout dans le Fayoum; ils servaient à marquer le pain ou les cruches 8. Les formes sont très variées principalement carrées, rondes, en demi-cercle, ou en croissant de lune, avec un petit orbiculus, tangent au grand cercle, et qui se fait de plus en plus petit dans la suite chronologique. Ces estampilles s'imprimaient, en relief ou en creux, sur toutes sortes de matières et d'articles : sur l'argile principalement, par suite sur les vases, les tuiles, les briques 1D [FIGLINUM opus], le plomb (fig. 5710), notamment sur les tuyaux [rISTULA], sur les lingots d'or (fig. 5020) ou d'argent (fig. 5018), même sur le verre vrrif:M] t t, pour lequel
on devait employer des cachets en métal. Une
'\ variété considérable, étudiée ailleurs [MEDICOS, p. 1678] est celle des cachets d'oculistes11; ils étaient faits de matière tendre, schiste ou stéatite.
Des timbres en bois, comme bien l'on pense, il ne s'est guère retrouvé que des empreintes; en revanche, les collections renferment un certain nombre de timbres de bronze, en particulier le Cabinet des médailles 13: la plupart sont rectangulaires et ont les lettres en relief 14, quelques-uns ont l'aspect de croissants" ; on notera des formes plus singulières : une amphoret6, un dauphin11; beaucoup sont découpés en semelle" ; un exemplaire du Musée de Naples 19 représente même un pied complet avec les cinq doigts, jusqu'à la cheville que surmonte une anse. Voici enfin (fig. 6448) un fer à marquer dont les
caractères, portés par des tiges séparées, devaient être chauffés avant d'être imprimés. Ce fer a été trouvé avec d'autres objets romains en Suisse20.
BVZANCE. L'immense majorité des sceaux byzantins est d'époque très basse, mais quelques-uns remontent assez haut ; du reste, avec le temps, leurs représentations changèrent, mais non les façons d'estampiller.
Les Byzantins paraissent avoir très peu pratiqué l'usage de sceller avec de la cire31 : « Les conditions climatériques, a-t-on-dit Y2, les chaleurs prolongées de l'été, s'opposaient à l'emploi d'une matière aussi molle et fusible n. Médiocre raison ; les chaleurs ne sont pas moins fortes dans l'Italie méridionale qu'à Constantinople, et on y scellait à la cire dès la République ; le vrai motif de cette préférence est inconnu23. D'ailleurs, les chrysobulles, réservées aux basileis, se composaient d'ordinaire de deux feuilles très minces enveloppant de la cire24. C'étaient Ies sceaux de solennité; l'Empereur n'usait, pour correspondre avec les bureaux, ou dans ses relations personnelles, que de plomb et quelquefois de cire2S. Ces bulles diverses étaient toujours circulaires.
Comment les fabriquait-on? Il y eut certainement deux procédés, successivement ou simultanément en usage. Dans le premier26, on appliquait l'une contre l'autre deux minces lamelles de métal, creusées dans le milieu d'une rainure formant canal ; on y passait les lacs du document à sceller; puis on plaçait le sceau entre les deux coins du ouaaai-,1Ptov, sorte de pince rappelant nos fers à gaufrer; les mors gravaient les types et immobilisaient les fils par la seule compression. Deuxième méthode : on perçait d'un trou, dans le sens du diamètre, un plomb d'une seule pièce déjà façonné ; la preuve en a été fournie par deux bulles de Carthage, prêtes pour des empreintes qu'elles n'ont jamais reçues Le fil était sans doute introduit dans ce canal à l'aide d'une longue aiguille ; la frappe s'opérait comme dans le premier cas.
Ces petits monuments, qui nous font passer en revue la société byzantine, avec ses coutumes, son administration, ses cultes et son art, ont des dimensions variables : les plus grands sont les sceaux officiels ; les autres atteignent rarement moins de 8 millimètres de diamètre. Ils avaient mêmes destinations que les cachets grecs ou romains ; nouveauté à signaler : quelques-uns étaient suspendus aux cous des pauvres désignés pour prendre part à des distributions pieuses". Tous les Byzantins d'un certain rang avaient à leur disposition, pour la correspondance privée, un ou plusieurs sceaux anonymes ; beaucoup portent le nom du titulaire ; néanmoins, neuf fois sur dix, on ne trouve qu'une invocation religieuse, accompagnée ou non d'une image
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de dévotion ' ; les documents de quelque prix sont l'intime minorité.
Bien peu de ces sceaux sont antérieurs à Justinien (fig. 61119) 2 ; quelques-uns ont une légende de transition, latine d'un côté, grecque de l'autre 3. C'est que, bien qu'on les qualifie de byzantins, les sceaux de plomb n'ont pas été inconnus de l'Em
pire d'Occident. C'est même en Italie que les plus anciens ont été frappés ; l'expression est de mise, car ils ressemblent à des monnaies ; ce sont de vraies effigies moné
taires qui permettent de dater les premiers que l'on connaisse du milieu du ne siècle Aig.6450)t. D'autres ont été émis en Occident à l'effigie des princes de Constantinople: tel est le plomb, à légende latine, qui donne au droit le portrait de Galla Placidia, tille de Théodose, déclarée Augusta en 424'. Les
formules, très brèves, ne comprennent habituellement que le nom du titulaire, parfois accompagné du titre de sa fonction ; les dimensions sont moyennes, mais le flan très épais 6. Les papes ont imité ces modèles ; nous avons un spécimen d'Adéodat l"«615-619)'.
On trouve fréquemment dans les textes byzantins cette expression : a(ppayiç Eo)noy svoç ; elle désigne sans doute ces talismans. d'origine judéo-chrétienne, au type de Salomon transperçant le génie du mal figuré sous les traits d'une diablesse 8.
II. Signum, insigne, enseigne commerciale 9.
Quelle que fût l'étroitesse des rues antiques, malgré les faibles dimensions des places publiques servant de marchés [AGORA, FORUM], l'utilité d'une enseigne, en façade d'une boutique de vente, ne pouvait faire doute : il fallait attirer l'attention distraite, même l'arrêter sur un genre de réclame ingénieux. Pourtant nous n'avons pas un seul exemple à citer antérieur â l'époque romaine te. Comment expliquer cette pénurie?
A l'origine, tout le commerce se fait sur une place, en plein air [MERCATOR, pp. 1733, 1735] ; au Ive siècle encore, le magasin s'appelle axrly-" (tente-abri mobile)
vite dressé ; dans l'économie agricole, il n'y a même marché qu'à certains jours; une boutique de planches suffi tau détaillant; en latin, taberna'2(detabulae) rappelle ces modestes débuts de la vie commerciale. Plus tard, on mit la boutique de planches en avant de la maison, enfin le magasin fit partie de la maison 73. I1 est probable aussi que le colportage, l'étalage improvisé des ambulants (fig. 4923) ne furent point exceptionnels comme chez nous : et enfin la réclame à plein gosier paraissait peut-être meilleure qu'un écriteau 1l, Ces raisons ne suffisent que pour l'époque ancienne ; mais nous connaissons mal la maison grecque. Beaucoup d'enseignes pouvaient être en terre cuite, ou autre matière, mais très sujettes à. destruction. Sur la maison romaine, au contraire, les ruines de Pompéi nous ont renseignés. Les magasins sont presque complètement ouverts du côté de la rue, et l'entrée est délimitée de droite et de gauche par deux piliers où doivent, d'habitude, avoir été placés les signa 15. Souvent ils sont peints, et plus d'un a permis de reconnaître la destination de l'immeuble ; les aubergistes et hôteliers [cAt:no] particulièrement ont recouru à ce procédé. Parfois néanmoins on lit une mention très simple Ho.spitiunl Jiggini I+irlni 1e. Mais voici plus d'invention : un marchand de vin a fait peindre Bacchus pressant un raisin''. Certaine auberge t8 était ornée sur le devant de la peinture d'un éléphant, enserré dans les noeuds d'un reptile et défendu par un pygmée; au-dessous: Aospitiuni hic locatur, tricliniums cent tribus lectis, et à côté de la grossière image : Sittius restiluit elephantu[mn], nom du propriétaire qui l'avait fait restaurer sans doute. On désignait familièrement la taverne par l'animal représenté à la porte t9.
Mais les représentations ne sont pas toujours claires pour nous : un combat
de gladiateurs indique peut-être que des gens de cette classe se donnaient là rendez-vous ; une sorte de damier ou d'échiquier, figuré au seuil d'un cabaret, laisse à penser que c'étaitaussi un tripotn0 Cabaret encore, sans doute, la boutique que signalaient (fig. 6451) deux hommes portant
sur leurs épaules une grande perche d'où pend une
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amphore'. L'ospitalis a gallo gallinacio de Narbonne 2 est sans mystère. Voici une autre annonce qui devait surmonter une porte d'hôtellerie à Lyon : hlercurius hie lucrum promittit, Apollo salutetn. Septuma nus ho.spitium cura prandio. Qui venerit, meli usutetur; post hospes, ubi n'aimas, pros pire . Autres métiers : une chèvre indique un commerce de lait" ; sur un relief, apposé par un boulanger, on voit un moulin que fait tourner un mulet". Un tailleur de pierre [MAHMORAHIDS) étale une annonce sans image (fig. 4835) ; un lapicide de Palerme, en latin et en grec, cherche une clientèle cosmopolite ". Au mur extérieur d'une maison de Pompéi, où travaillait un menuisier, on voyait, d'un côté de la porte, Dédale (patron de
la corporation) devant Pasiphaé, de l'autre deux artisans sciant une planche '. Un bas-relief' signale un chaudronnier; un autre, montrant cinq jambons alignés(fig.6452), a chi pendre au-dessus de l'étal d'un charcutier".
D'autres cas restent douteux 10 : ainsi deux bas-reliefs de Florence f 1 représentent chacun, semble-t-il, un grand magasin d'étoffes, où des acheteurs font leur choix, à la pièce ou à l'échantillon (l'un d'eux est notre fig. 4920) ; on estime, en général, qu'ils rentrent dans la même catégorie. On a reproduit ailleurs (fig. 4924) un autre monument52: une femme, armée d'un couteau, est assise dans un local que garnissent aux murs des oies, des porcs, un lièvre, et semble débattre un marché. Au-dessus des têtes, sont gravés, sans doute à l'éloge de la marchande, des vers de l'I;néide13 qu'on s'étonne de rencontrer dans un marché de comestiblesS4. De son vivant, un cordonnier de Trêves fit sculpter la représentation des formes qu'il employait (fig. 3198) sur une stèle qui devint sa pierre tombale, mais auparavant avait peut-être signalé sa boutique '". Après la victoire de P. Decius Mus, les boucliers dorés provenant du butin passèrent aux mains des argentarii, qui les placèrent au-dessus de leurs boutiques ad forum milan
duna'" ; l'un d'eux devint très célèbre à Rome ; plusieurs auteurs, en effet, se rencontrent pour en fixer le souvenir i7. Il dominait l'une des tabernae nome " ; sur ce' bouclier (in seule cinzbrir.~j était peint un Gaulois tirant la langue f9. Peut-être l'avait-on placé, ainsi que les autres boucliers, entre les deux étages des magasins, au-dessous des balcons 1PEBGLLA, MAENIANCM), 011 à la hauteur même des maeniana ; ceux-ci, aux tabernae reteres, avaient été peints par Sérapion, selon le témoignage de Varron 20 ; il s'agit peut-être des réclames de commerçants qui s'y adossaient. Un bas-relief en marbre 21 représente (ffg.6453) trois femmes nues, debout devant une autre assise et d'aspect matronal qui semble faire un signe engageant; il n'est pas défendu de penser avec Jordan" que c'est là l'enseigne de quelque salai taberna 23 ; au-dessous du sujet, l'inscription bizarre: ad sorores IIII, en caractères qui indiquent l'époque des Flaviens. On a imaginé un lien de parenté entre les nteretrices enlacées dans l'attitude des trois Grâces et leur patronne (lena ou conciliatri,r)2'; ou bien il faut rap
procher ce monument de quelque autre, de nous inconnu, situé dans un carrefour et donnant son nom à une maison voisine. Tel était l'usage antique ; une maison n'avait généralement pas de numéro comme aujourd'hui ; même un domicile particulier, sans magasin ni trafic, était souvent nommé d'après une particularité de la rue ou une enseigne choisie par le propriétaire. Auguste naquit ad capita bubula20 (dans la maison aux têtes de boeuf ), Domitien ad maltent panicum "(à la gre
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ncule). Ces expressions désignent peul-être à la fois la maison mhfne et le vicias avoisinant,. l'un avant emprunté son nom à l'autre. Le marchand ab Hercol(e) Priniî7 enio) 2 avait un hercule à sa porte ou dans son voisinage ; on ne saurait, rien affirmer de plus. Visconti a cité nombre d'exemples analogues. On peut rapprocher des noms de stations qui figurent dans les notices géographiques et les itinéraires ad aquitain majorent (ou minorera), ad Jiereurios, ad yallum pallinaceum, etc.', sans doute des lieux-dits, qualifiés d'après l'enseigne de l'auberge et relai, qui y était le principal (ou le seul) vestige de vie humaine.
IIL Siynum, cqu.etov, signal transmis à distance.
Végèce" distingue, dans la vie militaire, les signes vocaux (vocalia), donnés par la voix humaine, comme les ordres des chefs ou les mots de passe [TESSERA]', les serai-vocaux (serai-vocalie), tirés des instruments sonores [eccisA, CORNU, TUBA, et les signes muets (muta), parmi Iesquels il compte les emblèmes, eruaTa, figurés sur les boucliers [t.Lipcas, p. 1252, 1254; LEGIO, p. 1069, 1093], les enseignes et notamment les étendards ; ceuxci font l'objet d'un article spécial [SIGNA :RILITARIA].
Les drapeaux avaient aussi leur emploi dans la vie civile. A Athènes, un drapeau haussé ou baissé appelait les citoyens aux assemblées [BOULE, p. 521; EIISLÈSIA, p. 761] ; à home un étendard était hissé sur le Capitole pour la réunion des comices par centuries 'colnTIA, p. 1394, 1399].
Il y faut ajouter les transmissions de nouvelles à grande distance', Faute de moyens optiques comme nos verres grossissants, les anciens ne pouvaient recourir qu'à des signaux visibles de très loin. De bonne heure, ils avaient employé les feux de rivage pour rappeler aux navigateurs les passes dangereuses et, les écueils [ruanns] ; mais la flamme n'attire l'attention que dans l'obscurité ; pour Ies communications de jour, on y dut substituer la fumée Encore celle-ci reste-t-elle peu visible dans les lointains, dès qu'il s'élève un vent violent ou une brume légère; avec elle, ni apparitions, ni disparitions soudaines ; aussi, dans nos sources, les signaux de feu surtout sont mentionnés (aupeEÎa, 7tupetjç,
des feux [PVRSON I EORTF:], à Argos, consacrait la tradition très ancienne des signaux de feu au moyen desquels une des Danaïdes, IIypermnestre, avait guidé la fuite de son époux Lyncée. Curtius y voyait le souvenir d'un usage introduit dans l'Argolide par les Phéniciens.
Le premier exemple qu'en fournisse l'histoire grecque remonte au siège de Paros par Miltiade 10 ; de nombreuses allusions y sont faites au temps des guerres persiques, notamment dans les tragiques'' ; elles ne font d'abord
supposer aucun langage convenu, ou du moins les feux ne semblent donner la nouvelle que d'une seule solution prévue; un immense amas de feuilles sèches incendié produit une clarté forte et soutenue °. Les Perses usaient, dès le commencement du ve siècle, de ce procédé 13
Mardonios, en Béotie, espérait faire connaître au Grand Roi, demeuré à Sardes, la prise d'Athènes, au moyen de torches allumées dans les îles". Les Grecs paraissent, dès la seconde guerre persique, l'avoir perfectionné'°. En tout cas, lors de la guerre du Péloponèse, on distingue déjà les nomes (ou ypuxTo)) Malot et les r.. (ou p.) 7 oaiutot f6 : les premiers, qui annoncent la venue des amis ou alliés, s'élèvent avec calme; les seconds, signalant l'approche des adversaires, sont donnés par des torches vivement agitées ". Deux siècles plus tard, ce système est encore en usage1e, malgré les erreurs auxquelles il prêtait 10 ; les Lacédémoniens l'éprouvèrent, lorsque, attaqués dans leurs retranchements par les Platéens assiégés, ils demandèrent du secours aux Thébains ; ceux-ci furent complètement désorientés par la ruse des Platéens, qui allumèrent les mêmes feux que leurs ennemis".
Vers la même date, le tacticien Énée, dans un ouvrage perdu, écrivait sur la question : il s'y arrête peu dans sa Poliorcetigue 21, où il traite du choix des postes de transmission (ppuoTéptov) 22 et des signaux de rassemblement du soir pour les citadins dispersés dans la campagne 23. Il avait lui-même développé cette « télégraphie n, et son système nous est exposé par Polybe 24, à propos des signaux de feu que Philippe de Macédoine se fit adresser en Thessalie, au mont Tisaion. Les vieux systèmes si élémentaires ne convenaient qu'aux signaux convenus (cuv(rgara); or l'Imprévu surtout est à connaître; Énée a voulu au moins élargir les prévisions. Les deux partis appelés à correspondre fabriquent et pourvoient des mêmes accessoires deux vases de terre identiques ; ils adaptent au col un bouchon de liège de mémo diamètre, et y fichent verticalement dans le milieu un bâton, où sont marquées des divisions, dont chacune revoit une inscription bien nette, indiquant un des nombreux événements possibles au cours d'une guerre; les deux vases sont percés d'un trou inférieur tout pareil. On les remplit d'eau et on les débouche simultanément; les deux lièges s'abaissent, pendant que le liquide s'écoule ; les hâtons s'enfoncent et sur chacun, de même vitesse, les mêmes inscriptions descendent tour à tour au niveau supérieur du vase. L'identité parfaite ainsi constatée, chaque parti emporte un appareil. Le moment venu, une flamme annonce l'émission d'une dépêche; une autre répond: envoyez. Des deux parts, on laisse béantes les ouvertures, rebouchées à un nouveau signal de feu ; la
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communication faite est celle qui se lit au rebord du vase. Système insuffisant, dit Polybe, qui employa lui-même le suivant, inventé par Cléoxénos et Démoclitos'. Divisant l'alphabet en 5 séries de 5 lettres (la dernière de 4), chaque parti prépare 5 tableaux et écrit sur chacun la série des lettres dans l'ordre naturel ; puis il dispose deux groupes de 5 feux chacun, qu'on observe avec une dioptre [ASTRONOMIA, p. 489) et dont un dispositif permet de laisser voir ou de cacher le nombre voulu. Les dix feux simultanés annoncent une dépêche ; dix en réponse signifient: quand vous voudrez. La formule est réduite au minimum; ex.: âaétava eTpv vYGç. Un feu à gauche, tin à droite, veulent dire : tablette 1, lettre 1 (A) ; 4 feux à gauche, 1 à droite : tablette 4, lettre 1 (Il); ainsi de suite. Toute communication devient permise et, ajoute Polybe, s'opère plus vite qu'on ne supposerait. A cette méthode, les Romains, d'après une source grecque 3, eurent le faible mérite d'apporter des modifications : 3 tableaux au lieu de 5 (a-8, t-a, p-m), avec 3 postes d'émission ; pour (3, 2 signaux à gauche ; pour ,t, 3 à gauche ; pour t, 1 au milieu, etc. Les agents de réception 4 transcrivent les lettres au fur et à mesure et aussitôt après les transmettent à d'autres postes.
Tels semblent être les derniers progrès réalisés en matière de fanaux de guerre. L'Anonyme de Byzance', sous Justinien, n'y ajoute à peu près rien': tenir prêtes des broussailles, des branches, du fourrage sec, avoir toujours de la pierre à feu; en jetant sur la flamme de l'étoupe, on obtient une épaisse fumée. Les agents de ce service doivent être solides au poste comme des senti
nelles'. Ce tacticien se
préoccupe moins de la
grande guerre que de la
garde des confins: l'en
nemi se montre parfois
de jour, recule la nuit,
reparaît au matin ; si on
le signale chaque fois,
les populations finissent
I par ne plus s'en rap
porter aux agents du
guet et tombent victimes
d'une attaque effective.
II ne faut de signal qu'à
la première alerte.
on ne se bornait pas à
choisir des positions favorables ; il y avait des tours de guet (specula)3 établies de distance en distance sur les points dominants, où l'on montait par un escalier
intérieur, ou au dehors par une échelle'; elles étaient en contact étroit avec les fortins du voisinage, et même la population civile en tirait parti pour donner l'éveilf0. Ces tours sont représentées (fig. 61154) sur la colonne Trajane ", entourées de palissades, munies à l'étage supérieur d'une galerie où brûle une torche de très grande taille. On en a retrouvé les traces sur les frontières du nord de l'Empire 12 ; elles étaient nombreuses en Mauritanie" et sur la frontière d'Orient ". Chose curieuse, dont Végèce17 seul nous avise, on envoyait encore des dépêches au moyen de poutres tom' à tour dressées ou abaissées suivant un formulaire secret, ébauche primitive du télégraphe Chappe.
En mer, les signaux étaient encore plus nécessaires que sur la terre ferme, les communications par quelque autre voie étant plus lentes et moins sûres; les divers peuples y avaient recours, en particulier aux signaux lumineux. Dès le début du ve siècle, le moyen consistant à faire miroiter un rayon de soleil sur tin bouclier nous est présenté comme une invention des Alcméonides ". D'autres nations l'empruntèrent aux Athéniens, qui continuèrent à s'en servir". En dehors de ce détail précis, les auteurs mentionnent des a-tlµeïa ou signa ordonnant telle ou telle manoeuvre 13, sans autre indication. Parfois tous les bâtiments d'une escadre ont leurs fanaux; dans la flotte romaine de 204 av. J.-C., l'insigne noclurnum comprend : trois lumières sur le vaisseau amiral, deux sur chaque transport, une sur tout. vaisseau de ligne14. Mais, en général, la galère du commandant en chef a seule20 un signe distinctif très visible : de jour un pavillon, de nuit une lanterne 21 ; dressé, ce pavillon invite au combat"; il est rouge d'ordinaire,
d'où l'expression Ë7taipaty T%Iv potvtx(ôa2 ; mais le fanal
n'est guère qu'un signe de ralliement 2'', au moins s'il demeure immobile. Le vaisseau amiral allant en tête, sa lanterne brille à, la poupe 25, pour être mieux vue de ceux qui suivent ; c'est là qu'on la voit fixée, sur un bas-relief de la colonne Trajane (fig. 5281). Pour les pavillons et autres signaux, voy. NAVIS (fig. 5271-5274, 5293, 5291) et STYLIS.
Pour le signal de commencer les jeux, v. MAPPA.
IV. Signum désigne fréquemment2° une variété de nom complémentaire, qui fut d'abord un sobriquet relié au nom par et, qui et, b xai, idem, sive [aosimtN, p. 96j, et devint sous l'Empire comme une distinction, la marque d'un homme de qualité. Ces derniers signa sont des collectifs (originairement des noms de groupes) tirés le plus souvent de noms abstraits latins (ainsi Abundantius, Constantius) ou grecs (Athanasius, Eusebius), ou encore de noms propres (Kammonius, Cerberiu.s, Dardanius). Ils ne remontent guère au delà de la fin du I r siècle21 ; ils
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ont, en général, la terminaison en ius, qui n'est pas celle des surnoms (cognomina), mais on ne les trouve pas au nominatif ; ils sont presque toujours au génitif, singulier ou pluriel, plus rarement au datif, et, chose remarquable, le même génitif en i, sauf exceptions négligeables, sert pour le masculin et le féminin'. Le signum, dans les inscriptions, est placé en t.ète2 ou à la fin 3. On le distinguera donc et du cognomen et des sobriquets. L'origine en paraît être dans les cercles qui se formèrent en Grèce et portèrent le nom de leur fondateur '
'A9,QTE(GEmot, $th oxTOâTEtot, etc. ; aussi ne se rencontre-t-il
que chez les gens de naissance; il est interdit complètement aux esclaves, et presque aux affranchis'; dans l'aristocratie seule, en effet, s'étaient développés les cercles et les sociétés. Les chrétiens profitèrent de cet usage pour prendre des noms qui rappelaient l'idée de communauté : Syn.ergius, Syneshius, Synodius, etc. Ces signa se retrouvent en acrostiche dans les épitaphes'; ils sont fréquemment employés dans les dédicaces, les formules de voeux, les acclamations "; les verbes mêmes qui servaient à ces dernières, transcrits avec iotacisme, donnèrent naissance à de nouveaux signa : ainsi Gregori représente 7,,;v(opst 9. A la longue, le signum tendit à devenir un sobriquet, même un coynomen °. En somme, il est latin par sa formation, mais dérive d'une institution grecque.
Nous renvoyons à ce qui est dit ailleurs pour d'autres emplois du mot signant. Signes célestes, prodiges,
Signes divinatoires [AuspictA]. Figures, statues, reliefs, contre-marques monétaires [MONETA, INCUSA SIGNA]. Signes d'abréviation [NOTA, SCBLPTLHA, p. 1133 sq.]. Objets servant de moyens de reconnaissance [CHEPONDIA].