Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article SISTRUM

SISTRUM (Eesrtpov, de trE(E1v, secouer). On appelle sistre une sorte de crécelle métallique qui, à l'époque romaine, est l'attribut caractéristique de la déesse Isis, de ses prêtresses, de ses prêtres et de ses adorateurs. C'est, dit Apulée « une crécelle d'airain, lame étroite recourbée en forme de baudrier et traversée par plusieurs bâtonnets qui la heurtaient avec un son aigu quand on secouait vivement le bras ». L'origine de cet instrument remonte à l'époque pharaonique2, et la figure d'une femme tenant un sistre est un signe hiéroglyphique que l'on rencontre souvent dans les inscriptions de l'époque saïte : nous ne connaissons point de travail sur le sistre égyptien; mais nous ne devons nous occuper ici que du sistre grécoromain et nous observerons seulement que le sistre à manche cylindrique en terre émaillée, si fréquent en l gypte, ne se rencontre pas, semble-t-il, en dehors de ce pays 3 lin assez grand nombre d'exemples figurent dans divers musées. Dès la fin du xvue siècle, Fabretti en a fait connaître plusieurs, dont le plus beau se trouvait chez le grand duc de Toscane`. Il se composait d'un manche en forme de colonnette et d'une plaque recourbée en fer à cheval allongé, traversée par quatre bâtonnets mobiles, et portant à la partie supérieure, figurée en ronde bosse, une chatte avec ses deux petits; une autre chatte était figurée à la base. Le chapiteau de la colonnette servant de manche était formé par une de ces têtes de Hathor si fréquentes dans les temples ptolémaïques, le fût par une figurine d'enfant debout sur une fleur de lotus. La gravure ancienne ne permet pas de reconnaître si cet enfant est un Harpocrate ou un de ces Plata patèque dont nos musées renferment tant de figurines. C'est bien là le sistre que décrit Plutarque 3, surmonté « d'un chat à tête humaine » et présentant à sa partie inférieure « la tête d'Isis ou de Neph SIS 1356 SIS 'lys » 1. Plusieurs autres sistres sont figurés dans d'anciens recueils : ceux de Gualdi, jadis à Rimini' ; de J.-P.Bellori; celui qui figurait autrefois dans le cabinet de Sainte-Geneviève; celui de Leone Strozzi découvert à la fin du XVtle siècle, dans la villa Corsini sur la via Aurelia'; ceux enfin qu'a reproduits Montfaucon d'après Beger et La Chausse. Le Musée Guimet en possède deux curieux spécimens trouvés à Nîmes dans la tombe d'un prêtre d'Isis (fig. 6173). Le sistre n'était pas toujours en bronze: un sistrum aryenteum inauratum figure à Nemi dans un inventaire du trésor des temples d'Isis et de Bubastis 3. Apulée nous en décrit en bronze, en argent et même en or'. Le sistre figure souvent isolé sur des cippes funéraires ou votifs. Deux autels anépigraphes sur lesquels il est représenté, ainsi que d'autres attributs isiaques, ont été dessinés vers 1550 à Rome par Smetius e. Signalons, entre bien d'autres monuments, l'épitaphe de L. Clodius Stacus où sont représentés deux sistres 9; une épitaphe de l'Aventin oit l'on n'en voit qu'un seul10; la célèbre table isiaque où figure, à gauche en haut, un sistre posé sur un vase ; un certain nombre de marques figulines sur tuiles ou briques ; enfin toute une série de monnaies romaines du Ive siècle (de Licinius à Valens) et plusieurs médailles impériales grecques, dont M. Lafaye a dressé un catalogue sommairef2. Si nous passons aux monuments figurés sur lesquels on observe des personnages tenant des sistres, les listes s'allongent indéfiniment. En tête viennent les innombrables statues d'Isis (fig. 4095, 4099) ou de prêtresses d'Isis, voire d'Anubis'"; mais en bien des occasions, le sistre n'a-t-il pas été ajouté par un restaurateur ? Plus dignes de foi sont les bas-reliefs, tels que la stèle funéraire de Babullia Varilla au musée de Naples" (prêtresse d'Isis debout tenant un sistre et une situle), un autel du Louvre L, (Isis tenant un sistre), un bas-relief de Cervetri 16 (Isis tenant un sistre) et toute une série de stèles funéraires d'Athènes" (prêtresses d'Isis tenant un sistre et une situle). Plus important encore est le bas-relief isiaque de la villa Mattei, aujourd'hui au Belvédère 1P (fig. A103) : on y voit une procession de deux hommes et de deux femmes, dont la dernière tient un sistre dans la main droite. Une miniature du calendrier Philocalien de Vienne" représente un prêtre tenant un sistre. Les peintures antiques de Pompéi et d'Herculanum nous offrent en grand nombre des représentations analogues : tantôt l'instrument est entre les mains de la déesse ellemême, souvent assimilée à Tychè 20, tantôt il est tenu par une prêtresse : tantôt enfin, comme dans deux peintures célèbres, nous assistons à de véritables cérémonies isiaques : dans l'une22, c'est un prêtre qui, debout à droite de l'autel de la déesse, tient un sistre dans la main gauche et dans la droite un instrument formé d'anneaux de métal engagés les uns dans les autres ; dans la deuxième peinture 23, le sistre figure non seulement dans la main du prêtre, mais encore dans celle de plusieurs des assistants. N'y a-t-il pas là un commentaire de deux passages d'Apulée où nous voyons le prêtre, qui va rendre à Lucius sa forme première a exhibant (pro/'erens) dans sa main droite le sistre de la déesse n et où on nous dépeint la foule des initiés, agitant des sistres de toute espèce (aereis et argenteis, immo vero aureis etiam sistris, argutum tinnitum constrepentes) ; ne sont-ce pas encore ces linigeri calvi, sistrataque turba que nous décrit Martial 2t, ce personnage agitant le sistre de Pharos, dont parle Ovide 26; et parmi ces adoratrices ne croirait-on pas reconnaître la Délie de Tibulle 27? Pour les poètes latins, le sistre est l'instrument égyptien par excellence : c'est un symbole de l'Égypte 28 ; il la caractérise sur les monuments (fig. 149 et 4086). Certains auteurs ont appelé sistrum une simple crécelle d'enfant : Pollux 20, et même Martial 30, dans une épigramme portant le titre bien explicite de crepitacillum. Pourquoi les Isiaques employaient-ils cet instrument singulier'? C'était, comme nous l'apprend Plutarque"dans un but prophylactique: ils croyaient ainsi écarter Typhon. Le bruit du sistre passait pour effrayer les êtres mauvais dont on avait quelque chose à craindre et c'est à la suite d'une évolution qui serait longue à suivre dans ses détails, que ce bruit c./frayant s'est transformé, pour l'agrément des fidèles, en un son harmonieux ou qu'ils trouvaient tel. On peut aussi se rappeler le caractère funéraire d'Isis pleurant et enterrant son frère Osiris, et se demander si le sistre ne venait pas à l'occasion soutenir la voix grêle des pleureuses. Cet attribut d'Isis, comme bien d'autres attributs divins, passa bientôt de la main de la déesse dans celles de ses adoratrices ; elles croyaient ainsi s'assimiler à Isis dont elles adoptaient également le costume. En Égypte nous ne trouvons le sistre qu'aux mains des femmes. Sur le vase déjà cité des moissonneurs, découvert en Crète, il figure entre les mains du chef d'une procession. A Itome, les prêtres et les adorateurs d'Isis s'en sont, eux SIT 1357 SIT aussi, emparés et l'agitent sans trêve, tantôt de la main droite et tantôt de la main gauche. SEYMOUR DE R1ccI. et vêtement' fait d'une peau, généralement de chèvre, garnie de ses poils, ou de plusieurs peaux cousues. L'usage emparait être d'origine barbare 4. Les Grecs ont connu la sisura avant les Romains comme un vêtement grossier que portaient les paysans et les esclaves ° ; peutêtre y en eut-il de plus fines quand le luxe des fourrures se répandit comme une mode étrangère, au Ras-Empire G.