Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article SOLEA

SOLDA, .srundaliant, a v8a),ov, cavôx),lov (éO1. c3a,txnov), ,Téô'nov, sandale. Chaussure réduite essentiellement à une semelle (sedum, sole) et laissant le pied plus ou moins découvert. La semelle ne peut tenir sans quelque lien, dont la complication, le luxe, varient considérablement; de là une foule d'espèces de sandales, la plupart mal connues; elles s'opposent toutes à la chaussure montante et fermée [CALcEu s, EMI1AS] et à la demi-botte enveloppant une partie de la ,jambe [ENIIHOMIS]. Ainsi, il s'agit d'une désignation très vague, englobant de multiples variétés, aux transitions insensibles, el, qu'il est généralement impossible d'identifier dans les textes littéraires ou les monuments. Pollux ' énumère une longue série de types de chaussures, dont la description, prise à la lettre, contredirait nettement bien d'autres textes. Ailleurs 2 il rapporte que, d'après Théopompe le comique, la sandale était élu yuvalxdç; mais les hymnes homériques ne confirment point cette limitation' ; par contre, xp-r, t'ç `dRE1iDA1 est donnée comme chaussure d'homme 4 ; or Lucien s indique la xp-gido ùr7lxi, comme chaussure de femme. Athénée paraît opposer" crépide à i,7t6 -e oa : simple redondance. Horace(supiens ri'epidas sibi nuniquain necsoleas /'ecit)7 en commet une autre, à moins qu'il n'ait voulu rappeler les noms grec et latin du meme objet. Nouvel embarras: beaucoup de chaussures, dans la nomenclature de Pollux, portent des noms géographiques, qui caractérisent peutétre simplement la nature du cuir employé dans la région, ou quelque menu détail ", et qui peuvent désigner aussi des sandales. Nous devons renvoyer à l'article eil;t'nla, en ajoutant aux figures quelques variétés que cette rubrique ❑'impliquait pas. Il n'est pas sîlr que le nom de la sandale soit proprement grec car il u'apparait pas dans les plus vieux ouvrages en cette langue '6. 1(n Égypte, l'usage constant est d'aller nu-pieds ; niais, au temps du nouvel Empire, les grands personnages de l'État ou les piètres ont. des semelles, parfois de cuir, plus souvent en feuilles de palmier, ou en bandes de papyrus tressées, relevées sur le devant '', avec un lien sur le cou de pied, auquel se rattache nue liutière passant entre les deux premiers doigts ; quelquefois, sur tout le pourtour de la semelle, un contrefort de très faible hauteur ('f. ItnxAE,'). On ne garde jamais ses sandales à l'intérieur des temples ou des habitations 12. Chez les Assyriens également, la chaussure est dans le principe réservée aux gens de cour; elle se vulgarise plus Lard. C'est encore une semelle, mais avec un appendice de cuir elnboitant le talon; le rebord est muni d'anneaux où passent les attaches qu'on noue sur le cou de pied ; c'est avec ce modèle que la sandale grecque classique e le plus de parenté. Sur les monuments les plus anciens de la Crète, les gens sont figurés pieds nus, ou bien les hommes, soldats ou gymnastes, ont des souliers enfermant tout le pied, avec des liens serrant étroitement la cheville'. Mais dans les poèmes homériques, le mot néôJ,a, fréquemment employé 15, indique probablement des sandales, car on représente comme liés sous le pied " s ces '.noôrp.aza i9; si à la longue ce mot en vient à désigner un soulier enveloppant'',à l'origine, d'après l'étymologie (ù'oé, ôéea), une autre interprétation paraît la meilleure. Les textes cités sont relatifs aux hommes ; pour les femmes est ce un hasard? il n'est l'ait mention que des déesses': Héra porte des 7r€ôt),z", Athéna également 21. Tous se chaussent pour sortir de leurs demeures 22. Les épithètes xi,-j. 2s, -Apucsia 24, 4.~pdcla 2s n'indiquent point la forme ni la matière de la chaussure ; mais nlaxpoi, appliqué aux pieds', fait supposer que ceux-ci étaient en grande partie visibles, donc dépourvus de chaussures fermées. Seuls sans doute, les gens de la campagne vont nu-pieds, ou cherchent à mieux protéger leurs extrémités 27. La sandale est plutôt chaussure de luxe que de fatigue'3 ; Fig. 6509. Sandale articulée. SOL 1389 SOL à Érétrie d'épaisses semelles (du ri siècle avant notre ère) articulées, garnies par dessous de minces plaques de bronze ; d'autres t ni= = T l-I sont munies de crampons dispo----h sés comme sur un fer à cheval (fig. 6508) ' ; pour faci liter la marche, on les avait faites en deux parties, reliées par une charnière également en bronze'. De Grèce, cet usage est passé en Ltrurie : plusieurs exemplaires (fig. 6509) ont été exhumés à Vulci, à Marzabotto ; tous sont petits et ont dû être portés par des femmes. Comme elles, les hommes arboraient parfois des courroies de grand prix ; le peintre l'arrllasios usait de cordons en or'. Le réseau des attaches était souvent assez serré pour que les sandales eussent l'apparence de véritables souliers, et couvrait les chevilles'. On ne saurait distinguer les diverses sortes de sandales grecques ; on croit voir que la plupart étaient chaussures de luxe fBLACTAI, ilAEEIDES], en petit nombre pour les pauvres gens, et alors faites de feuilles ou d'écorce "BAXAE], ou d'un morceau de cuir dépassant la plante du pied et relevé de toutes parts [CAR/IATiNA' les , eçctxe , portées par des Athéniennes paraissent avoir eu une empeigne qui recouvrait seulement le dessus du pied '. Quoique les (haussures sans clous fussent jugées plus élégantes des femmes eurent la fantaisie d'en faire un ornement: les clous sous la semelle, par leur disposition, formaient parfois un mot ou un symbole t0, ainsi l'exclamation IlA'I«)1 (va!), ou cette invitation: AKOAOX'OEI (suismoi) 11 (fig. 'f968) qui s'imprimait sur le sol. t,'Gtrurie, à cet égard aussi, parait un prolongement de la Grèce . toutes sortes de chaussures y sont en usage. Les statues grecques d'hommes sont bien plus souvent dépourvues de sandales que les statues de femmes; même opposition star les miroirs étrusques 12. La statuaire en terre cuite nous montre divers spécimens de sandales f3, aux lanières peintes', ou incisées'. lies euvôxiua 2upp-ilvixz ou -upartvtoup•(-71 ts à haute semelle 17, avec courroies doréesont été renommés pendant toute l'antiquité 10. A Home, dans les premiers temps, au rebours de la coutume grecque. tous les ingénus prenaient pour sortir Ch. Ravaisson-Mollien, .Ment. de le Soc. des c.niiq. de h'r. 6= sér. il (1891!02;, ined. 1844, pl. ove, 4. 4 E. Brizie, lilonuna. mit. 1, p. 108, 275; Monteli us, Civilis. promit. en Balle, Taxie, p. 518. -5 Atbmu. XII, 62, 543f. Empédocle fixait à ses sandales des ornements de bronze (Suid. 'E#saé'obrç). 6 Cf. les e/6,e de Pollux (VU, 04) 597.o€tu os hadh5av. -3 Aristoph. Thesna, 734; Red. 319. S Id. D'ab. 151. 9 V. note 30, p. 1388. 10 Rapprocher les souliers des rois d'Égypte; sur la semelle ils fais lirai peindre l'effigie d'mt ennemi vaincu (Wilkinson, loc. culée. ii Add. chez ce chrétiens, l'alpha e1 l'onaega, avec ie svastika Brut. Mus. Gilde Io the iiclub. p. 134. D'où l'idée de donner à des timbres tsioocn la forme d'une sandale (Babelon-Blanchet, Bromes antuq. de la Bibi. Nat. Paris, 1895, p, 726 sq.). i2Gcrhard, Etrusre. Siegel, cec,.xxxvi Pélée pieds nus et Thétis avec des sandales embouerai, le talon. 1.1 W. Deonna, Les statues de terre cuite des souliers ou des bottes; les sandales légères se conservaient à l'intérieur ; les grécisants (graeculi) qui s'on paraient au dehors (on cite Scipion l'ancien20, Verrès 21 Antoine 22, Germanicus "3, Caligula. entre autres», scandalisaient les partisans des anciennes ino'urs, et celte prévention est encore attestée à l'époque d'Hadrien par le passage d'Aulu-Gelle [cHEIIDA( qui témoigne qu'il cette date solea désignait toutes les variétés laissant le dessus du pied nu, avec lacis de _ cordelettes, et %v' i\ qu'il y avait fort peu de différence entre elle et, d'autre part, la crepida et la GALLiCA (fig. 6510)'25 ; cette dernière nous achemine au cAM€'ACES du lIas-Empire. On fit aussi des soleae doublées de laine26, En Égypte, jusqu'à la fin de l'antiquité, on retrouve des exemples de la pantoufle très légère, en 'mir gravé et gaufré, dont la semelle est simplement rattachée sur le cou de pied par un large lien de même matière". Dans l'Édit de Dioclétien sur le maximum , crepida ne se rencontre plus, mais on trouve un tarif de soleis et gal/ieis, 72236 vavôceaûov xa) -co7aèscov 2d: les gallicae (-po,ééta) y sont chaussures d'hommes 20 ; pour les femmes, savôâ?,ta correspond à-xupc vxl(taurinaeBtaliebres), pantoufles en peau de taureau"? La sandale de luxe est faite alors de cuir de Babylone, sa/eu Liabylonica31. II n'est pas fait mention dans l'Édit delasandaie la plus simple, consistant en une semelle retenue par deux liens en demi-cercle, l'un au cou de pied, l'autre à la naissance des doigts ; c'est celle qu'Isidore appelle obstrigillus a2; la figure 6311 donne le dessin d'une sandale semblable retrouvée à la Saalburg S3. On voit enfin (fig. 651`?) un bronze du Cabinet de Vienne 34, où les seFig. 6512. -Socques. meules sont munies de deux pièces qui les rehaussent, sous le talon et le devant, du pied; le porteur de ces socques, analogues à celles de 144 (fig. S), 179; Mus. Grey. 1, pl. i., L -1; Dcmana, p. i 15, 125 ;Nol. de gli servi, 1888,p. 8, e' 4. 19 Deonna, p. 124. l'a V. note :33, p. 1388 Pollux, Vil, 22, 66 liesych. et [hot. s. v. 17 Pol!. VIi. 22, 92; licsych. -5,5. iiigiz5zà s. 15 pole. L, e. ; cf. Ovid. Antar. Ill, 13, 26, parlantdes jeunes filles falisques au't`os perles; Virg. sien. Plie, aa58: Tyrr/mua imito,u viurcln.19 Clem. Al. Pa ela,q. ll, 11. p. 205 Syllb. 20 Liv. XXlX, 1 9 , 1 2 . 21 Cic. lo Ferré I i, 5, 33, Sc. 22 41. ph, . fl, 30, 7, 6. 23 Tac. An,,, lI, 59. 24 Sun. C'alip. 52. 23 Notre fig. d'après Zaho, Ornain. u. Genr_,ilde, li, pl, 78. 25 Martial. XIV, 05; Iidict. lPoclet., IX, 25. 27 Forcer, Ifealle.ci4 on, fig. 552. (ex. d'Achmin) ; cl'. Frauherger, = luiib-e und 25 IX, 12 sq. 23 ibid. 12a à 14. 30 Ibid. 15.16. Le nom pourrait venir, d'après Waddington (ad h, l.), du nom des 7'aurini (Turin) qui los auraient fabriquées. ai IX, 17, 22. 32 Isid. Ori,q. XIX, 34, S. 33 Jacobi, Saalburg, pl. ,.x , fig. 496. -39 Von Saokeu, Ant. Bruno. des. Anl. Kabinets in Mien, xeiv, 2. SOL 1390 SOL l'Extrême-Orient, semble être Un AQUAR1US ; elles seraient à rapprocher de la solea balnearis''. Certains textes ° sont relatifs à des personnages qui ne chaussaient qu'un pied, et il existe des statues au type du p.ovoazvôx)o;. Généralement, c'est le gauche (sinister) qui reste nu, celui qui a parfois une importance rituelle; peut-être gardait-on ainsi, par l'intermédiaire du sol, le contact ininterrompu avec les divinités souterraines, et au contraire le chaussait-on, au lieu du droit, pour échapper à ces puissances, si on les redoutait 3. On a signalé [EDuecrio, p. 471] le rôle de la sandale comme moyen de correction (fig. 2604). Sur une coupe attique Éros menace un jeune garçon de sa sandale'. Dans un joli groupe de terre cuite c'est contre Éros lui-même qu'Aphrodite lève sa semelle t`. Frapper ainsi s'appelait (i«uroûv 7 ; selon la légende, Omphale en usait envers Héraclès'. Une hydrie de Vulci nous fait voir, au dos d'un petit personnage, quatre marques de celte « sandalocratie n s. Mentionnons ici le fabricant de chaussures non cousues, des sabots, soleae ligneae [SCULInoNEAE]. Les noms grecs et latins du sabotier ne sont pas connus l'. Poursandaliarius, solearius, cf. suritt. Pour les sandales destinées à préserver les pieds des chevaux et bêtes de somme, muLOMEDICus, p. 2012 sq. Autres sens de solea. En dehors de la sole ((ioéy),lnacos), poisson « plat comme une sandale » ", le mot désignait encore une sorte d'entraves en bois ligneae soleae) aux pieds des criminels 12, et Columelle nomme ainsi une pièce de pressoir à huile 13 ; c'est une espèce de plancher 14