Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article SOLIDUS

SOLIDUS. Nom de l'unité monétaire de l'or sous l'empire romain à partir de Constantin le Grand. Avant Constantin, le nom de l'unité monétaire pour l'or, chez les Romains, était nummus aureus, denarius aureus, et plus ordinairement aureus [AGREUS). Vers l'an 312 de notre ère, Constantin fixa la taille del'aureus à 1/72" de la livre romaine de :327 gr. 45, c'est-à-dire au poids normal de 4 scrupules', soit 4 gr. 55, et cette pièce nouvelle, plus régulièrement étalonnée, au point de vue pondéral, que ne l'avait été l'ancienne et désignée officiellement pour être désormais la base de tous les comptes en or, fut, pour ce motif, qualifiée aureus solidus, et bientôt on l'appela par abréviation, solidus. Longtemps auparavant le terme de solidus avait déjà été occasionnellement appliqué à l'unité monétaire ou pondérale. C'est ainsi que dès 146 de notre ère, Volusius Maecianius dit: prima divisio swaps, id est librae, quod as cocatur2. Apulée, à la fin du ne siècle, parle de centum aurei solidi ". Lampride qui vivait, il est vrai, sous Constantin, donne le nom de solidi aux monnaies d'or de Sévère Alexandre Mais ce sont là des cas isolés ; le terme de solidus ne se substitua couramment et universellement au mot aureus, pour désigner la pièce d'or étalon, qu'après la réforme de Constantin. Les premières pièces de cette réforme, c'est-à-dire les premiers aurei solidi ou solidi portent dans le champ du revers le chiffre Lxxn, qui indique leur valeur par l'apport à la livre (fig. 6713) °. On trouve aussi par occasion le chiffre Lxxn sur des solidi de Constant 1°"" et de Constance 113. L'abondance des émissions du solides, son excellent aloi et la régularité relative de son poidsle rendirent vile populaire. Les divisions du solides furent le semis ou semissis (demi-solides) rarement frappé, du poids théorique de 2 gr. 27, elle trien,s ou Iremissis (tiers de solidus), du poids de 1 gr. 52, pièce qui devait être très abondamment, frappée à l'époque mérovingienne en Occident'. Dès l'époque de Constantin, on frappe exceptionnellement, à titre de médailles commémoratives, des multiples du solides : ce sont des pièces d'or de 1 solidus 1/2, de 2 solidi, de 3 solidi, de 4 solidi, de 8 solidi, etc. 3. Ces grandes pièces étaient offertes comme la sjlortula par l'Empereur à de hauts dignitaires, consuls entrant. en charge, généraux victorieux, ambassadeurs ; souvent on les envoyait à des rois barbares'. L'usage s'en perpétua jusque sous les Byzantins, et les auteurs du temps citent des médaillons d'or qui pèsent jusqu'à I livre 1/4 ou 90 solidi ; d'autres pèsent 1 livre (72 solidi) ; puis, 56, 48, 40, 36, 15 solidi". Grégoire de Tours parle de médaillons du poids de 72 solidi (une livre) que le roi Chilpéric avait reçus de l'Empereur ". Le plus lourd de tous ceux qui, jusqu'à ce jour, nous sont parvenus, est un médaillon à l'effigie de Valens, conservé dans la collection impériale de Vienne, qui pèse 90 solidi, soit 409 grammes (1 livre 1/4) 12. La plupart des exemplaires de ces pièces de luxe qui sont dans nos musées, ont été ornés dans l'antiquité même, après leur fabrication, d'encadrements ouvragés en or et munis de bélières de suspension : on les portait suspendus à des colliers comme des breloques ou des décorations. Chez les Byzantins, la taille constantinienne du solidus d'or resta toujours le 1/72' de la livre (4 gr. 55) "; on lui donne souvent le nom grec de nomisma ; au moyen tige, on l'appelle besant (besantius) ; les Arabes frappent à son imitation leur dinar d'or (denarius). Le métal s'altère SOL 1391 SOL dès le Vile siècle et devient de l'or pile ou electrum ; le flan s'élargit, s'amincit; puis, il prend la forme concave, d'où les expressions solidi sellphati, nunmzi scgphati, qui les désignent par fois au moyen ôge fig. 6514). Les solidi frappés en Gaule, à la fin de l'Empire romain, après avoir été taillés comme partout à I /72° de la livre, subirent, de bonne heure, une réduction pondérale. 11s furent taillés à raison de 84 à la livre, c'est-à-dire au poids normal et théorique de 3 gr. 89. Un édit d'un empereur postérieur à Constantin compte effectivement 7 solidi dans une once d'or '. Une loi de Valentinien Ip1' en 367 admet aussi implicitement la taille du sou d'or à 842. Ce sou est désigné sous le nom de solides gal/Ems dans un édit de Majorien de 4582, et c'est lui qui sert d'étalon dans la Loi Salique4. Le pape Grégoire le Grand (590-604) signale les solidi gallicani ou gallici comme ne pouvant avoir cours en Italie'. En fait, les sous et tiers de sou frappés dans le sud-est de la Gaule au nom de Justin II (565-578) et de Maurice Tibère (582(102), fournissent des poids qui se groupent autour du poids normal de 3 gr. 89 et de l gr. 29 : ce sont des pièces qui se rattachent à la taille de 84 à la livre. D'ailleurs, l'irrégularité du poids et de l'aloi des solidi, surtout àl'é poque barbare, fit développer l'usage de la balance et de la pierre de touche dans les paiements de quelque importance, et les contrats stipu lent fréquemment que le débiteur s'acquittera en solidos probos et bene pensantes G. E. BABELON.