Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article SOPHRONISTES

SOPIIRONISTÊS (?,ovpoovta'tirlç). Tel était le nom, chez les Athéniens, d'un magistrat spécialement chargé de la surveillance des éphèbes [EPIiEllI, p. 69_6] ; pour une même promotion d'éphèbes il y avait plusieurs sophronistes. Il est difficile de dire à quelle époque exactement fut créée cette magistrature. .Ni Thucydide, dans les rares occasions où il emploie le mot mosthène, dans le passage souvent cité du Discours sur l'ambassade où ce erme figure', ne désignent par là une fonction publique'. D'aprèsWilamowitzMoellendorff, les sophronistes dateraient seulement de l'administration de l'orateur Lycurgue 4, et l'archontat de Ctésiclès (334/3), antérieur d'un an aux quatre décrets rendus en l'honneur des éphèbes de la Cécropis inscrits sous cet archonte, et de leur sophroniste, Adeistos d'Atltmonon ", marquerait l'année où l'institution prit naissance; elle se rattachait, selon toute apparence, à la réforme de l'éphébic proposée et menée à bien par cet Épicratès dont SOP -1/00 SOR parlait Lycurgue dans un discours aujourd'hui perdu, le 7;eo1 stxwewr„ comme ayant été honoré d'une statue de bronze pour sa loi sur les éphèbes (itx. Tw vopuov Tôv acpi rviv 4rjrvwv)'. Ce qui est certain, c'est, que les plus anciens témoignages qui nomment les sophronistes ne remonlent pas au delà de la seconde moitié du ive siècle. La liste en a été donnée ailleurs [EPnrar, 1. 4.12. Je renvoie à cet article pour le mode de recrutement des sophronistes et pour le rôle qu'ils jouaient auprès des jeunes gens. Dans une certaine mesure, ils dépendaient du Conseil, comme en dépendait à cette époque toute l'éphébie; ce qui le prouve, c'est qu'au nombre des décrets concernant les éphèbes de la Cécropis inscrits en 334/3, et Adeistos leur sophroniste, il en est un qui émane des Cinq-Cents. Nous voyons de plus par ce décret que le Conseil exerçait sur l'activité financière des sophronistes une sorte de contrôle. Ceux-ci, en effet, géraient les fonds destinés à l'entretien des éphèbes de leur tribu et rendaient, leurs comptes' : or il semble bien que le Conseil se faisait, tout au moins, renseigner sur leur gestion, puisque le décret en l'honneur d'Adeistos porte qu'il ne sera récompensé qu'après avoir reçu décharge (iTetôv Tâç E,9dvxç 'da?;)'. D'autres documents nous éclairent sur les rapports des sophronistes avec la tribu et le dème auxquels ils appartenaient. C'était, pour les dérnotes, un honneur que le sophroniste de la tribu eût été pris parmi eux; aussi décernaient-ils volontiers à leur concitoyen un éloge public et une couronne, ainsi qu'aux jeunes gens du dème qu'il avait eus sous sa direction, après avoir entendu de lui un rapport sur leur bonne conduite'. Un rapport sur la conduite du sophroniste parait de même avoir été nécessaire pour lui faire obtenir les félicitations de la tribu : c'étaient les pères des éphèbes qui le présentaient.'. ()n sait que c'étaient eux qui choisissaient dans la tribu les trois candidats dont un devait être élu sophroniste par le peuple', et qui les choisissaient parmi ceux des phylètes offrant le plus de garanties il était donc tout naturel qu'ils fussent appelés, quand ce personnage sortait de charge, à apprécier ses actes et à demander pour lui une récompense, s'il le méritait. Le décret de la l'andionis en l'honneur des sophronistes des éphèbes de 303/2. est la dernière inscription avant l'ère chrétienne qui mentmonnecette magistrature. A partir des vingt ou vingt-cinq premières années du i° siècle, les marbres éphébiques semblent ne la plus connaître Les sophronistes ne reparaissent que sous l'Empire romain, au nombre de six seulement; à côté d'eux, il y a six hyposophronistes. Nous ne savons pas comment étaient recrutés les uns et les autres. Les éphèbes étaient alors partagés en un certain nombre de sections appelées aucTD€p.µzTa : à chacune d'elles étaient attachés un ou plusieurs sophronistes]°. Il y eut dans cette organisation même des changements qui nous échappent, et toute cette partie tardive de l'histoire de l'éphéhie pour laquelle les documents sont nombreux, mais souvent incomplets ou peu clairs, serait à reprendre. Il semble, d'après un texte du me siècle de notre ère, qu'à un moment les éphèbes aient formé douze groupes attribués chacun à un sophroniste ou à un hyposophroniste, égaux entre eux par les fonctions, sinon par la dignité; les sophronistes auraient été les plus âgés". Il est quelquefois question sur les marbres des enfants des sophronistes (hi 7rz) uç Twv aw(p?cvtq'G,v), qui figurent parmi les gymnasiarques éphèbes '2. Les sophronistes eux-mêmes pouvaient être agonothètes ". Nous ne pouvons guère nous faire une idée de l'espèce d'autorité dont les sophronistes étaient investis àl'égard des éphèbes. Un relief mutilé, reproduit plus haut [EPDE;Bi, fig. 2679], figure trois d'entre eux (avn povta'«:, y déchiffre-t-on) qui s'avancent vers une divinité, enveloppés de leur manteau et tenant à la main la baguette flexible appelée nuvoç. S'en servaient-ils pour châtier les jeunes gens ? Est-ce un attribut symbolique ? On ne saurait préciser. P. GIasan.