Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article SPECIFICATIO

SPECII=ICATIO. Titre donné par les commentateurs modernes à l'acte qui donne à un objet une forme et une manière d'être nouvelles. A qui devait appartenir l'objet modifié lorsque l'ouvrier n'était pas propriétaire de la matière première? Aux yeux des anciens jurisconsultes l'objet était probablement resté le même; plus tard se formèrent deux opinions opposées ; les Proculiens soutenaient que c'était un objet nouveau et l'attribuaient oaaln0inaeopo.9o,~„ (gardes porte-glaive).-21 Schlnmherger, Sigillogr. bye. s~ v. et Rein Ét. gr. 1900, 497. 22 Grégoire le Grand parle d'un spalharius de Totila (Honn. 37, 9; Dial. III, 6; IV. 5(i); le Moine de Saint-Gall donne la spatha SPE 1421 SPE au spécificateur; les Sabiniens, sans nier qu'il y eût un objet nouveau, refusaient d'admettre l'acquisition de l'oeuvre par l'ouvrier Une doctrine intermédiaire, fondée sur le principe que les choses éteintes ne peuvent être revendiquées, admit la première opinion, à la condition que l'objet, par exemple du vin fait avec des raisins, ne pût plus revenir à son ancienne forme 2, et peut-être aussi à cette seconde condition que le spécificateur fût de bonne foi 3. Ce système a été sanctionné par Justinien, qui admit en outre que l'objet appartiendrait dans tous les cas au spécificateur s'il avait réuni à l'objet étranger une matière lui appartenant déjà'. On admet ordinairement que le propriétaire peut intenter, outre l'action de vol, le cas échéant, une action, une condictio 6, pour réclamer la valeur de sa chose, et inversement que le spécificateur de bonne foi peut demander au propriétaire, resté maître de la chose, une indemnité pour son travail. S'il y a eu simplement juxtaposition à une matière première d'un objet appartenant à autrui, par exemple d'une bande de pourpre à une étoffe, le propriétaire revendique sa chose par l'action ad exltibenduna0. Cu. Lecstvalx. SPECTABILES.14c Oioi rrt-Titre honorifique attaché à certaines dignités, qu'on doit rapprocher d'illustris _ILLUSTRES, rnais qui n'eut pas, à beaucoup près, la même durée ni les mêmes effets. Il est sans doute postérieur : un proconsul A fricae est dit illustris dans une inscription du temps de Julien 2 ; plus tard, ce fonctionnaire sera spectabilis. Mais illustris n'était alors qu'un prédicat sans lien strict avec telle ou telle dignité. Spectabilis, fréquent dans Symmaque, remonte sans doute à l'édit de Valentinien 3 sur les fonctions ; néanmoins, il se rencontre pour la première fois trois ans après la mort de cet empereur, en 378`. Il ne s'emploie pas seul, s'ajoute à vir clarissimus', auquel il se relie par et. Au ve siècle seulement, illustris et spectabilis ont leurs domaines nettement délimités; auparavant, Symmaque dans le même rapport officiel' donne les deux épithètes au même personnage. Des textes juridiques trahissent aussi ce flottement: le contes rei privatae est dit spectabilitas tua en 390' ; pourtant on le voit illustris dès 386 a, et il le restera. Le magister officiorum est encore sp. en 378e ; peu après, vers 385, Symmaque le traite d'inlustris1°. Cela s'explique par une tendance manifeste à accroître la dignité de chacun au cours des temps et se confirme par d'autres exemples : les dunes, à la tin du ive siècle, sont faits clarissimes et sp. ; ils ont déjà ce dernier titre dans la Notitia dignitatum et dans des Constitutions du même temps". Au vie siècle, on le voit par Cassiodore 12, les correctores et consulares, simples clarissimes dans la Notitia 13 et en 479 encore 14, sont devenus sp. ; mêrne progrès pour les advocati fisci, les tribuni et notarii; les curae palatiorum, sub dispositione viri spect. castrensis dans la Notitia, reçoivent personnellement la spectabilité. La Notitia la donnait aux chefs de ces bureaux : primicerii notariorum et sacri cubiculi, magistri scriniorum ; sous Justinien, elle appartient aussi aux simples chartularii sacri cubiculi18. Le praefectus annonae, clarissime tout uniment au temps de Symmaque 17, est sp. dans une inscription de 5`32'3. La Notitia permet d'ajouter à cette nomenclature les comite.s19, vicarii, proeonsules20, le praefeclus Augustalis. Des évêques reçoivent cette dignité'', et peut-être fut-elle conférée aux patriarches juifs locaux '2. Pour les emplois de premier rang, qu'occupaient les plus hauts dignitaires de chaque ordre, la qualité d'illustre demeura la règle ; la spectabilité ne s'étendit que de haut en bas, et non en sens inverse ; on conféra parfois la qualité honoraire d'illustre (vacans) à ceux qui prenaient leur retraite après des fonctions de deuxième rang23. La spectabilité ne paraît pas s'être transmise régulièrement aux enfants; les épouses des sp. étaient peut-être qualifiées de même24, de plein droit ou non ; il est possible encore qu'une femme quelconque ait reçu ce titre, de façon purement honorifique 25 ; mais la plupart des exemples nous sont transmis par l'épigraphie chrétienne26. et le mot peut très bien n'y avoir pris qu'une signification morale R7. La qualité de sp. ne resta pas toujours attachée régulièrement à certaines fonctions ; il arriva qu'on pût l'acquérir par faveur personnelle du prince ou par un véritable achat; on était alors spectabilis lumorarius Elle entraînait en effet certains avantages : sous le nom de comites consistoriani, les spectabiles siégeaient comme conseillers au cossisTORIUM Px1NCIPIS; ils n'étaient justiciables que du PRAECECTUS URBI ". Plaidants ou inculpés, ils jouissaient de diverses prérogativesJ0; enfin et surtout il y avait des immunités S1. Néanmoins, ces avantages appartenaient aussi pour la plupart aux simples clarissimes et restaient assez inférieurs à ceux SPE 1422 SPE