Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

ANNONA MILITARIS

ANNONA MILITARIS. On nomma ainsi sous l'empire la portion de l'impôt direct en nature, destinée à l'entretien de l'armée et des fonctionnaires'Ces fournitures formaient une partie de la solde de l'armée ' [AES MILITARE] et des appointements des employés, qui recevaient des denrées en quantité proportionnée à leur dignité (annonas suae congrues dignitati) 3 Plus tard, ces prestations furent remplacées par une certaine somme d'argent, à titre d'indemnité pour fourrage (pro capita) 4 ; on en trouve des exemples curieux dans plusieurs constitutions (le Justinien où l'on voit le tarif des salaires de différents fonctionnaires s. Mais les livraisons en nature continuèrent (l'être exigées et fournies pour l'armée ; elles se composaient d'abord des cellaria c'est-à-dire de denrées alimentaires, comme le pain, la viande, l'huile, le vinaigre, le vin, le lard; des capita, fourrage, bois, et aussi de vêtements. La Thrace fournissait un habit par 20 capita, la Scythie et la Mysie par 20 capita, l'Égypte et l'Orient par 33 jugal, mais l'Orient avec faculté de payer en argent. Cette conversion en argent [ADAERATIO], d'abord proscrite en principe, fut ensuite assez souvent autorisée au moins pour certaines fournitures. Quand il y avait lieu à réquisition extraordinaire [coMPARATIo ruBLICA], l'aurum comparatitium venait en déduction du TRIBUTUM EX CENSu. Mais, en règle générale, les annonariae functiones devaient être placées dans les magasins publics de la province àl'époque du recouvrement de l'impôt, qui se faisait en trois termes par les soins des susceptores dépendant du préfet du prétoire [PRAEFECTUS PRAETORIO] Les praepositi pagorum ou pagarchi et les praepositi horreorum 9 veillaient à l'emmagasinement et à la garde des denrées. Dans chaque magasin public se trouvait un dépôt de poids et mesures, destiné à prévenir les fraudes ; les possesseurs devaient d'ailleurs livrer un excédant de mesure, (epimetron), à raison du déchet 10. Les recteurs des provinces, qui avaient dû veiller à la rentrée des annonariae functiones, les faisaient parvenir dans les mansiones de l'armée par l'intermédiaire des primipilari. En cas de retard des recteurs, les opinatores étaient envoyés pour procéder à une exécution sommaire. Les employés de l'administration militaire (actuarii et subscribendarii), chargés du contrôle des troupes, délivraient des mandats aux optiones des légions à l'effet de se faire remettre les denrées nécessaires par les gardiens des magasins; ensuite les options procédaient à la distribution entre les soldats. Des constitutions impériales avaient déterminé la nature et la quotité de ces fournitures" pour les temps ordinaires et pour ceux d'expédition. Les corps en marche pouvaient obtenir des denrées sur réquisition, sauf dédommagement en argent pour les propriétaires, ou imputation des bons de réquisitions sur les impôts En outre, les provinciaux devaient le logement militaire 13 [METATUM] ; on les obligeait aussi à préparer la farine, le pain et le biscuit; enfin ils fournissaient le matériel de l'armée, comme chevaux, bêtes de somme, et le bois, le cuir, les métaux 14 destinés aux fabriques impériales chargées de l'équipement et de l'armement. Ces fabriques, d'abord placées sous la direction du préfet du prétoire, furent ensuite confiées au ministère du magister officiorum G. HUMBERT.