Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article STIGMA

STIGMA. Marque imprimée avec un fer chaud sur une partie du corps. Il en a été parlé ailleurs d'une manière générale [NOTA]. On a vu aussi [sEnvi, p. 1262, 1278] que la peine de la marque était fréquemment appliquée aux esclaves fugitifs ou coupables de quelque méfait ; on les appelait à Home, noms comprincti ou inscripti, li/cruti, stigmatiae,stigmosi; aux termes de la loi Aelia Sentia, quand ils étaient ensuite affranchis, ils n'obtenaient que la condition de DEDITICH2. La marque est également infligée aux individus condamnés pour calumnia (c'était la lettre K sur le front) 3, et aux criminels envoyés aux mines4; pour ces derniers, Constantin remplaça la marque sur le front par la marque au mollet ou à la main'. Au Bas-Empire on marqua aussi, aux bras ou aux mains pour empêcher leur fuite, les recrues, les ouvriers des fabriques d'armes impériales, à Constantinople les aquarii, chargés du soin des aqueducs'. La marque des prisonniers de guerre, quelquefois pratiquée chez les Grecs 7, ne l'a été que fort rarement à STILLATURA. De tout temps il fut d'usage, sinon de droit, dans l'armée romaine que les soldats fissent à leurs chefs des cadeaux, soit en échange d'exemptions de service, soit dans certaines circonstances [LEGlo]. Lastillatura est une contribution de cette sorte, prélevée en nature sur les fournitures Louchées par les soldats et s'ajoutant à celles qui revenaient aux chefs, particulièrement aux tribuns, ou une somme d'argent équivalente en principe. Pendant les premiers siècles, les empereurs, observateurs de la discipline, tentèrent de s'opposer à. cet abus' ; il allaient pour le combattre jusqu'à condamner à mort les commandants coupables' ; au v°siècle ils jugèrent plus simple de reconnaître la coutume en la réglementant'. Une loi de 4064 décida que la stillatura, payée en argent, ne pourrait pas être supérieure au prix de la stiltatura en nature, calculée au cours du marché, et qu'elle devait représenter au maximum sept jours de l'annone annuelle d'un soldat. Ailleurs ° le prix de la stillatura est fixé conformément au tarif officiel réglant les fournitures en nature accordées aux troupes. R. CAGNAT. STILLICIDIUM [sEHVITUS, p. 1293]. STILUS'. Style, tige droite, rigide et pointue2. 1a(Ppx.pi, 3, ypxtpoiov 4, graphium'), poinçon à écrire'. C'était une tige de la longueur de nos porte-plumes, en os 7, en ivoire ou en métal, très finement aiguisée en pointe à son extrémité inférieure, dont on se servait pour écrire sur du plomb ou sur des tablettes enduites de cire (lDor, TABOLAE). L'extrémité supérieure , ordinairement droite, quelquefois coudée (fig. 6634) 8, était arrondie ou conique, plus souvent aplatie en forme de palette ou de racloir, afin que l'on pût étaler la cire, lorsqu'on voulait effacer l'écriture, d'où l'expression « vertere stilum », retourner le style, pour dire corriger'. L'usage du poinçon et des tablettes était aussi commun que celui du calame et du papyrus, et même certaines personnes le préféraient, notamment dans les écoles, parce qu'il dispensait de recourir à l'encrier10. Le stilus était donc un objet très répandu, qu'on portait, volontiers sur soi avec les tablettes (pugillares). Plusieurs monuments nous en offrent l'image, par exemple la peinture des catacombes reproduite fig. 623, une autre (fig./r64) au Musée Kircher, etc. " ; on remarquera la forme évasée et plate de la partie supérieure. La fig. 6635 représente une jeune femme, dans l'attitude de la méditation, qui se prépare à écrire sur ses tablettes, en portant à ses lèvres la pointe du style f2. On conçoit qu'un instrument si acéré, facilement transportable dans un pli du le STI 1514 STI graplliariurn ou graphiaria theca un étui, une longue gaule droite et rigide (fig. 430, 432, 1943) ; une coupe du Louvre représente un 13oéxEV7Grv dont l'extrémité est recourbée à angle droit (fig. 433). Le stimulus «lu bouvier italien est une longue gaule rigide, droite et de même forme que l'agolum ou la pertica, avec lesquels on le confondrait s'il n'était armé à son extrémité d'un petit aiguillon pointu. Stimulus cuspidatus ralio2 rJALLUM, fig 436 et 5916]. Les laboureurs y mettaient un racloir servant à nettoyer le soc de la charrue. III. Stimula', xi' pa. Instruments de torture employés par les Perses 4 et les Grecs 3 ; ceux-ci donnaient à l'esclave méritant ce supplice le nom de xmnruov que Plaute traduit par les périphrases stimulorum seges', stimulorum loculuse, stimulorum tritor 0. STI 1512 STI deux mots et les employèrent indifféremmentdans le sens de (3oéxEVT00V, D'après les peintures de vases, on voit qu'il y avait plusieurs formes d'aiguillades : d'ordinaire, c'est IV. Clou, i(eoç, ou croc de fer, hamus, implanté dans de larges planches ou des piquets que l'on dissimulait en terre à de petites distances les uns des autres pour protéger les retranchements. Ces chausse-trapes, simple modification d'un vieil engin asiatique employé contre les éléphants de guerre 70, Fig. 6639. furent inventées par Damis au siège de Méga Chausselopolis't (318 av. J.-C.); Jules César s'en ser trape. vit devant Alesia 12. On a retrouvé à AliseSainte-Reine six de ces stimuli" (fig. 6639). STIPENDIU111. Le mot slipendiam se rencontre dans deux sens différents. Il sert à désigner: 1° la solde attribuée aux troupes ; 2° une sorte d'impôt direct. 1. -Solde. L'établissement d'une solde pour l'armée romaine ne date, dit-on, que du siège de Véies '. Auparavant on payait seulement aux cavaliers l'AES EQUESTRE etl'AES RORDEARIUM, destinés à l'achat et à la nourriture de leurs chevaux de guerre; pour l'infanterie, on s'en Boni. 1881, III, p. 213. qui donne une vue de la restitution que M. Al. Bertrand avait placée au musée de St-Germain. 13 Napoléon III (Hist. de J. César, 1866, II, p. 304 et fig. 7, pl. xxvn) en décrit cinq; un sixième exemplaire a été découvert l'an dernier par M. Espérandieu. remettait aux tribus qui devaient trouver l'argent nécessaire à son entretient. Les choses changèrent en 348406. Le trésor public dut désormais fournir aux militaires une indemnité, semestrielle, si le service auquel on était appelé durait moins de six mois ; annuelle, s'il dépassait cette mesure'. De cette indemnité on déduisait les fournitures faites par l'État pour l'habillement, les armes et les vivres 4. Le taux ne nous en a été conservé par aucun auteur avant l'époque des guerres puniques. Il faut arriver à Polybe pour obtenir un renseignement précis sur la question 5. De son temps, le légionnaire touchait par jour deux oboles, le centurion quatre oboles, le cavalier une drachme. La valeur de ces « deux oboles » a donné lieu à plus d'une interprétation qu'il n'est pas possible de rappeler ici L'opinion reçue généralement, qui est celle de Le Beau', de IIultseh 7, de Marquardt°, est que ces deux oboles équivalaient à 3 as 1/3. « Les deux oboles, dit Le Beau, équivalent le 1/3 de la drachme et par conséquent du denier romain, toujours regardé comme équivalent de la drachme. Je puis donc supposer avec vraisemblance que la paye du soldat fait toujours le 1/3 du denier. Avant la deuxième guerre punique, le denier contenait 10 as ; la paye journalière était donc alors de 3 as 1/3 o. Ce qui porte la solde annuelle, pour 360 jours, à 120 as ou 120 deniers. Le centurion, par suite, aurait touché 210 deniers, et le cavalier 360 deniers. M. Babelon s'est élevé contre cette évaluation, beaucoup trop faible, à son gré. « Polybe, a-t-il écrits, se sert, comme tout le monde, de l'as libral comme monnaie de compte, et le terme d'obole signifie dans ce passage as libral de 327 grammes. Dès lors, nous aurons le tableau suivant pour la solde des soldats romains. Fantassin : 2 oboles ou 2 as libraux, soit 654 grammes ou 24 as onciaux. Centurion : 4 oboles ou 4as libraux, soit 1308 grammes ou 48 as onciaux. Cavalier : une drachme valant 6 as libraux (puisque la drachme a 6 oboles), soit 1962 grammes ou 73 as onciaux environ. Ces sommes, traduites en argent romain du temps de Polybe 10, c'està-dire dans le système oncial, nous donnent : Fantassin : 2 deniers et 4 as onciaux par jour. Centurion: 4 deniers et 8 as onciaux. Cavalier: 7 deniers et 3 as onciaux ». Mais, ainsi qu'il a été dit, cette indemnité, quelle que fût la valeur des 2 oboles de Polybe, n'était pas versée intégralement aux hommes, puisque le soldat devait payer là-dessus sa nourriture, son entretien et son équipement. Aussi la solde effective était-elle très inférieure à la somme énoncée par Polybe. M. von Domaszevvski, dans un article important 11, sur lequel nous nous appuierons dans la suite, l'évalue à 75 deniers seulement par an 12. César, le premier, apporta à cet état de choses des modifications. Suétone nous apprend qu'il doubla la solde des légionnaires 13 ; c'est-à-dire, qu'il ajouta un second stipendium à celui qui existait déjà; la solde entière d'un légionnaire se composa donc désormais de man. I, 45. 2 Mommsen, Die rdrn. Tribus, p. 31. 3 Varr. d'après Nonius, 9; Polyb. VI, 19. Cf. Langea, Ueber die Heeresuerpflegung der Mimer, p. 9. p. 218 sq. 41 La proportion du triple pour la solde entre la cavalerie et l'infanterie subsista, tant que la cavalerie lit partie de la légion. Cf. Le Beau, in perpetuum daplicarit. VIII. 190 STI -1513 STI deux stipendia de l'époque républicaine, soit 75X2 ou 150 deniers par an'. Auguste, à la suite des guerres malheureuses qui marquèrent la dernière partie de son règne, crut devoir améliorer le sort des troupes; il ajouta un troisième slipendiunz aux deux qui étaient payés depuis César2 : la solde annuelle fut de 225 deniers ou 3600 as, soit dix as par jour ; somme nettement indiquée par Tacite comme établie à l'avènement de Tibère 3. Les choses restèrent en cet état pendant plus d'un demi-siècle. Les légionnaires continuèrent à toucher trois fois par an 75 deniers, tous les quatre mois ; c'est la pratique qui était appliquée pour l'armée d'Égypte en 81 ap. J.-C., d'après un papyrus latin 4 : il y est dit qu'un légionnaire reçoit, en l'année troisième du règne de Domitien, « stipendium I, stipendium II, stipendium III ». Deux ans après, un nouveau changement se produisait. En 83, à la suite de l'expédition heureuse qu'il fit contre les Chattes, voulant s'assurer la fidélité des troupes, l'Empereur augmentait encore d'un slipnediunz la solde des légionnaires « addidit et quartunz stipendium mina»), si bien que, désormais, chacun d'eux toucha 100 deniers tous les quatre mois, soit 300 deniers par an. L'accord constant qui se remarque entre la somme des stipendia et les taux des différentes gratifications accordées par les empereurs aux troupes dans les circonstances solennelles [DONAHHVA] a permis à M. von Domaszewski de suivre jusqu'au règne de Caracalla l'histoire des variations de la solde. D'après lui, larèglementation de Domitien demeura en vigueur pendant un siècle environ. Au bout de ce temps, l'empereur Commode, poussé par les circonstances, surtout par la nécessité de satisfaire aux appétits toujours croissants des prétoriens, dut. élever la solde de ces soldats d'élite. La solde des légionnaires s'accrut dans les mêmes proportions ; un cinquième stipendium vint s'ajouter aux autres, et le total annuel fut porté de 300 à 375 deniers 6. Nouvelle au gmentation sous Septime Sévère. A l'exemple de ce qu'avait fait Domitien, ce prince ajouta à chaque stipendium établi avant lui un aureus, c'est-àdire 25 deniers, ce qui donne pour les cinq stipendia 125 deniers de plus ; en tout 500 deniers ou 2000 sesterces'. Ce sont les « largissima stipendia », dont font mention les inscriptions légionnaires de l'époque'. Enfin Caracalla, voulant faire oublier aux troupes le meurtre de Géta, leur accorda un supplément de solde égal à la moitié de ce qu'elle était antérieurement. Dès lors, les légionnaires reçurent annuellement 750 deniers, ce qui est précisément, comme on le verra et comme l'a fait remarquer M. von Domaszewski, le taux de la solde des prétoriens sous Auguste 9. Pour les auxiliaires on ne peut pas arriver à un résultat sérieux. A l'époque républicaine, on sait que les socii n'avaient droit à aucun .stipendiant, mais ils recevaient gratuitement, durant toute la campagne, les fournitures de toute sorte qui étaient, pour les légionnaires, déduites de leur solde théorique 'o A l'époque impériale il n'est question de solde qu'une seule fois dans les auteurs, à propos de troupes auxiliaires, les cohortes Bataves. Tacite nous apprend qu'elles réclamaient un duplex stipendium De ce passage M. von Domaszewski conclut que les hommes étaient payés comme tous les soldats de l'époque républicaine, 75 deniers par an ; ce qui est loin d'être évident. On peut, au contraire, établir avec quelque probabilité le taux du stipendium ou plutôt des stipendia successifs attribués aux troupes de Rome, prétoriens ou soldats des cohortes urbaines. D'un passage de Tacite on peut déduire que les prétoriens recevaient, au début du règne de Tibère, deux deniers par tête et par jour 12 ; c'est-à-dire 2 X 365 = 730 deniers par an, s'il faut prendre le chiffre de Tacite à la lettre, ou si, comme le veut M. Domaszewski, l'historien n'a mentionné qu'un chiffre rond, 750 deniers" S'appuyant sur cette donnée, confirmée à ses yeux par d'autres témoignages annexes, ce savant est arrivé aux conclusions suivantes : Époque républicaine, solde annuelle de 125 deniers, pour la colzors praetoria du général''. César double la solde des légions ; la même mesure doit s'étendre à la coltons praetoria ; le stipendium est porté à 250 deniers par tête16. Sous Auguste, cette somme est élevée successivement à 500 deniers16 et, à la fin du règne, à 750 deniers (3 stipendia). Le quatrième stipendium, ajouté par Domitien, nous conduit, pour son époque, au total de 1000 deniers ". Pour le ne et le me siècle, la progression de la solde des prétoriens ayant été constamment parallèle à celle des légionnaires, comme le prouvent tous les textes relatifs aux libéralités impériales envers l'armée, nous admettrons que Commode ajouta aux 1000 deniers un nouveaustipendiam, soit 1251) deniersJu; Septime Sévère 18 aurei ou 450 deniers, soit 1700 deniers10; et enfin Caracalla un dernier supplément qui porta la solde annuelle des prétoriens à 2 500 deniers 20. Le sort des soldats des cohortes urbaines, toujours d'après M. von Domaszewski, se serait pareillement amélioré peu à peu. Au temps d'Auguste elles aùraient reçu, par tête d'homme, d'abord 250, puis 375 deniers 21 ; 500 deniers après Domitien " ; 625 après Commode; 850 sous Septime Sévère, et 1250 sous Caracalla 23. Les différentes soldes successives des simples soldats jusqu'à Dioclétien pourraient donc se résumer dans le tableau suivant, qui reproduit à peu près celui qu'a STI 151 fb STI dressé M. von Domaszewski à la suite de son article : La solde des centurions légionnaires était naturellement beaucoup plus élevée que celle de leurs hommes. Au temps de Polybe, ils recevaient une somme d'argent double des simples légionnaires'; mais l'importance de ces officiers ne tarda pas à augmenter dans des proportions considérables, si bien qu'au temps de la guerre civile, d'après Appien', ils touchaient non plus deux fois, mais cinq fois plus que les simples soldats. Plus tard, la solde s'accrut encore. M. von Domaszewski se basant sur le texte d'Appien d'une part, de l'autre sur une inscription du début du m° siècle', admet que le stipendium (quartier de solde) pour les centurions, au début de l'Empire, est de 1250 deniers, c'est-à-dire cinq fois la rémunération d'un prétorien. Dès lors, il suffit de se reporter aux différentes variations de la solde des prétoriens sous l'Empire pour avoir celle des centurions. Au temps d'Auguste, ils auraient reçu 5 X 500 deniers = 2500 deniers, s'ils n'appartenaient pas aux priori ordines, 5000 deniers dans le cas contraire ; 5000 deniers ou 10000 après Domitien; 6250 ou 12500 après Commode. Septime Sévère n'aurait point amélioré ces derniers traitements, puisque ce sont précisément là les deux sommes qui figurent sur l'inscription à laquelle il a été fait allusion quelques lignes plus haut et qui date de Caracalla La solde des primipili paraît avoir été, ainsi qu'il est logique, du double de celle des primi ordines, c'est-à-dire de 10000 deniers G. Quant aux sous-officiers et aux officiers supérieurs (principales), leur solde peut se calculer d'après la hiérarchie qui existait entre eux : c'est encore M. von Domaszewski qui a posé à cet égard les règles essentielles. Il a montré que, dans les collèges militaires, la somme payée sous le nom d'anularium aux vétérans qui les quittaient était en corrélation étroite avec la solde qui leur était attribuée lorsqu'ils en faisaient partie et pouvait servir à. la déterminer'. Ainsi les immunes de rang subalterne ( cornicen, tubicen) recevaientla même somme que les simples soldats (500 deniers au temps de Septime Sévère). Les sous-officiers et les immunes qui leur étaient assimilés (librarii, exacti, immunes attachés à l'offcium du général en chef, du légat légionnaire, du préfet de la ville), étaient payés une fois et demie plus cher (soit 750 ou 800 deniers). Les bénéficiaires avaient double solde (1000 deniers) ; et les officiers en passe d'arriver au centurionat (cornicularius, optio, aquilifer), triple solde (1500 deniers). C'est aussi le taux de la solde attribuée au décurion d'une aile de cavalerie, au centurion et au décurion d'une cohorte auxiliaire qui, eux aussi, peuvent arriver de là au grade de centurion, tandis que le duplicarius cohortis était payé deux fois comme un légionnaire et le sesquiplicarius alae une fois et demie 8. Même gradation entre les différentes charges des principales parmi les prétoriens, en tenant compte de la situation privilégiée faite à la garde impériale : au temps d'Auguste, les sous-officiers recevaient 1125 deniers, les bénéficiaires, 1500 deniers, et les officiers voisins en dignité des centurions, 2250 deniers 0. Pour les officiers supérieurs au grade de centurion, et dont les fonctions rentrent dans la catégorie des milices équestres, il suffira de transcrire avec quelques petites modifications le tableau récapitulatif que M. von Domaszewski a dressé de leurs émoluments". Il l'a établi en considérant d'une part la hiérarchie de ces différents grades et, de l'autre, leur place dans la carrière équestre avant ou après des procuratèles dont les appointements sont connus (sexagenariae, centenariae, duceltariae). Nous n'avons que peu de renseignements sur la solde de l'armée après les réformes de Dioclétien. Les auteurs n'en parlent presque pas; et dans le Code Théodosien 13 qui a consacré un livre entier à l'organisation militaire, il n'est point question de stipendium, mais seulement de commoda, c'est-à-dire des fournitures en nature faites aux troupes, pain, vin, viande, huile, vêtefnents, armes ; il n'y est fait mention d'argent que dans les cas où cet argent est destiné à remplacer des fournitures en nature, de même valeur f4. C'est que, à cette époque, en dehors desdites fournitures et de cadeaux extraordinaires, il n'existait plus de solde pour les troupes 15. Le mot stipendiant, lorsqu'il se rencontre au tv° siècle, désigne ce qu'on appelaitantérieurementun donativum 16. Tant que les tribus durent verser elles-mêmes l'argent nécessaire à l'entretien des légionnaires, c'est STI 1515 ST1 naturellement aux tribuni aerarii qu'il appartenait de payer la solde. Quand l'État eut pris la dépense à sa charge, ce soin revint aux questeurs'. Plus tard, sous l'Empire, où l'armée dépendait directement et uniquement du prince, les questeurs furent remplacés par les procurateurs provinciaux 2. Il n'y eut point, au commencement, de terme fixe pour l'opération. On payait aux légionnaires l'argent qui leur était dû, soit tout à fait à la fin de la campagne, soit seulement lorsqu'on avait récupéré sur l'ennemi l'argent suffisant pour couvrir les frais de l'expédition 3. Aux derniers temps de la République, probablement sous César', on établit que les militaires toucheraient leur solde trois fois par an, tous les quatre mois : le ter jan_ vier, le Ter mai et le ter septembre. La règle subsista même après que Domitien eut augmenté d'un quart le taux de la solde : les dates de paiement ne furent point modifiées ; la quotité de la somme touchée chaque fois fut seulement élevée d'un douzième'. II. Impôt. Le premier soin d'un vainqueur, à la suite d'une guerre heureuse, est de prélever sur le vaincu une contribution pécuniaire, qui le couvre amplement des frais de l'expédition. Les Romains ont naturellement appliqué ce principe 6 : ils condamnaient les peuples soumis à supporter les dépenses qu'ils avaient faites pour les soumettre : ceux-ci devaient même, pendant la trêve qui précédait la paix, payer la solde des troupes victorieuses '. D'où le nom de stipendium donné à la contribution de guerre, puisque cette prestation est véritablement victoriae praemium ac paena belli'. Le terme, une fois passé dans l'usage, servit à désigner les taxes imposées aux provinciaux, dont le pays était réuni au domaine du peuple romain, comme signe de sa propriété sur ce nouveau territoire, même lorsqu'elles étaient employées à un tout autre usage que l'entretien des troupes. Il devint synonyme d'impôt provincial. La différence entre les deux mots qui caractérisent l'impôt direct, stipendium et tributum, n'étant pas toujours nettement observée par les auteurs, surtout à l'époque impériale où ils arrivèrent à se confondre presque complètement', il est très difficile de séparer l'étude du stipendium de celle du tributum. Nous reviendrons donc, à propos de ce dernier terme, sur cette matière délicate et nous donnerons alors sur le stipendium, impôt, les détails que comporte le sujet. R. CAGNAT.